La magicienne d’Endor.

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 Le récit de la magicienne d’Endor (1 Sam. 28:7-20), nous fait comprendre, sous quel point de vue la parole de Dieu considérait le spiritisme et quelle explication elle est à même de nous donner à l’endroit des expériences spiritistes. La loi pénale, basée sur un commandement contenu dans la loi donnée du Sinaï, punissait de mort ceux qui seraient convaincus de s’être livrés au spiritisme. Néanmoins il se trouvait toujours des gens prêts à risquer leur vie pour le gain qu’ils réalisaient en faisant croire à leurs clients qu’ils pouvaient leur procurer par l’intermédiaire des morts des renseignements d’une façon miraculeuse, l’erreur et la supercherie ayant été de tout temps une marchandise à grand profit. Aussi Saül savait-il parfaitement qu’il n’était point tenu compte de son édit et ses serviteurs eurent vite fait de trouver le médium à Endor. Pour sauver les apparences, il se déguisa, mais sa haute taille le trahit ; c’est pourquoi la magicienne s’assura d’abord de rester impunie. Puis elle procéda de la même façon que nos spirites contemporains et bientôt une apparence de Samuel se présenta à son esprit. Sur la demande du roi, elle décrivit sa vision et Saül comprit qu’elle voyait une image du prophète. Sans s’arrêter à l’air vieux et courbé qu’avait ce soi-disant survivant et qui, certes, aurait fait tache dans la demeure des bienheureux telle que se la représentent les disciples de la doctrine platonienne de la survivance, Saül, abandonné de Dieu, devint une proie facile des esprits menteurs dont un s’était fait voir à la magicienne sous l’image terrestre de Samuel. Ah ces spirites qu’il avait persécutés, n’étaient pourtant pas de vils trompeurs, puisque voici l’une d’elles avait bien réussi d’évoquer Samuel. Et l’esprit, se rendant compte de ce qui se passait dans le cœur de Saül, résolut de continuer le jeu et de convaincre plus amplement encore le malheureux qu’il se plaisait à narguer. Il assuma donc jusqu’à la manière de parler dont le vieux Samuel aurait dû parler si réellement il était revenu d’outre-tombe à la façon dont les Juifs se représentaient la chose. “Pourquoi as-tu troublé mon sommeil et m’as-tu fait monter?” Pour les Juifs les morts attendaient dans la tombe le jour de la résurrection (Job 14:12, 15, 21; Ps. 90 :3; Eccl. 9:5-6) et n’allaient point au ciel ainsi que Platon l’enseigna plus tard. Voulait-on faire croire à un Juif, qu’il avait réellement à faire à un mort, il fallait donc demander, ainsi que le fit l’esprit: ..Pourquoi m’as-tu fait monter?” De nos jours ou la doctrine platonienne de la survivance a supplanté la vérité divine, l’esprit dirait : Pourquoi m’as-tu fait descendre du ciel? Convaincu plus que jamais, qu’il avait à faire à Samuel, Saül ne s’étonna pas que le prophète qui de son vivant avait refusé d’avoir des relations avec lui, ait consenti à se déranger maintenant. Il ne sentit plus même l’inconvenance qu’il y avait à dire à ce fidèle serviteur de l’Eternel : “ Dieu s’est retiré de moi et ne m’a pas répondu ni par les prophètes ni par des songes”, et d’attendre dans ces conditions des informations que Dieu lui avait refusées. Faut-il être dépourvu de bon sens, d’ailleurs pour croire qu’un médium, condamné par la loi divine et banni du pays d’Israël par la loi humaine, disposerait, sur l’ordre d’un roi pervers que Dieu avait abandonné, du pouvoir de troubler le repos de Samuel, de le faire monter de la tombe où il dormait (suivant la manière de voir correcte des Juifs) ou descendre du ciel (ou Platon et ses innombrables disciples assignent une demeure aux morts pieux) ?

 Examinons maintenant l’oracle délivré par l’esprit trompeur. A vrai dire, il n’apprit rien de nouveau au malheureux roi. Saül savait déjà que le royaume n’irait pas à ses fils. Il ne s’attendait pas à ce que cette sentence de Dieu fût changée ; bien au contraire, se trouvant à la veille d’une bataille dont les chances lui paraissaient plus que douteuses, il appréhendait que les prédictions divines n’aillent s’accomplir dans cette bataille même. La phrase finale dans l’oracle : “Demain toi et tes fils vous serez avec moi, et l’Eternel livrera le camp d’Israël entre les mains des Philistins” — se rapportait à un avenir si rapproché que toute personne aussi bien informée qu’un esprit vivant dans l’atmosphère terrestre pouvait l’être, aurait hardiment pu en prédire autant. Car en ces temps-là une bataille décisive mettait fin à la guerre et il n’était pas rare que les souverains et les leurs se trouvassent eux-mêmes parmi les morts.

 Néanmoins l’oracle délivré ne s’accomplit pas absolument. Deux fils de Saül survécurent encore longtemps à la défaite de leur père. L’esprit trompeur s’était trompé lui-même.

 Loin de nous cependant de conclure de cette erreur de l’esprit, que les mauvais esprits et en particulier Satan n’en savent pas beaucoup plus long que nous autres hommes. De nature ils sont supérieurs aux hommes, car l’Ecriture dit: ,,Tu as fait l’homme un peu moindre que les anges (PS. 8:5). En outre ils ont à leur disposition l’expérience d’une vie très longue alors que l’homme meurt après un nombre d’années assez restreint. Nous ne pouvons donc nous mesurer avec ces mauvais esprits et l’unique garantie que Dieu nous offre à leur endroit c’est qu’ils ne peuvent avoir des rapports avec ceux parmi les hommes qui n’en veulent pas. ,,Résistez au diable et il fuira loin de vous.” Dieu nous le dit par la parole de son serviteur Jacques (IV, 7) et il ajoute, parlant par Pierre (I Pierre 5:9) : ,,Résistez-lui avec une foi ferme ! ” Les esprits malins parlent donc en pleine connaissance de cause, s’il s’agit de choses présentes ou passées. Mais quant à l’avenir, ils sont réduits à le deviner. Ils savent cependant si habilement formuler leurs oracles, qu’ils paraissent avoir dit la vérité même si l’expérience faite par celui qui les a consultés,

100 Janvier 1905

est le juste contraire de ce qu’il se croyait en droit d’attendre. Le plus connu de ces oracles est celui qui causa la perte du roi Grésus de Lydie. “ Si tu passes le Halys (fleuve séparant son royaume de l’empire perse) tu détruiras un grand royaume.” En réalité il fut défait et l’une des grandes puissances de son siècle sombra. Aussi Dieu connaît parfaitement les limites de leur pouvoir. „ Plaidez votre cause”, leur dit-il par son prophète (Es. 41:21—23) ; ,,produisez vos moyens de défense. Qu’elles sont les prédictions que vous avez jamais faites? Dites-le pour que nous y prenions garde et que nous en reconnaissions l’accomplissement. Ou bien annoncez-nous l’avenir; dites ce qui arrivera plus tard pour que nous sachions si vous êtes des dieux.”

 Mais pour en revenir au récit de Saül et de la magicienne : où était donc Samuel, si Saül devait aller le rejoindre le lendemain ? Ce n’était certainement pas au ciel”, car comment Saül, cet homme pervers y serait-il entré (Jean 3:5). Ce n’était certainement pas non plus l’enfer avec ses tourments, car Samuel le juste n’aurait pu y être relégué. Et cependant les disciples de Platon qui forment la majorité de la soi-disant chrétienté de nos jours, n’ont que le choix entre ces deux alternatives également déraisonnables, aussi bien qu’antiscripturaires. Charles Wesley sans trouver d’issue dans l’idée méthodiste où l’avaient conduit les traditions des pères, a bien réalisé l’inconvenance de l’une et de l’autre de ces alternatives.

Quant à Saül qui lui, Juif, croyait à la Parole de Dieu telle que l’enseignaient les patriarches, aussi bien que Samuel et ses contemporains parmi les prophètes, la réponse fut bien claire. Samuel était dans la tombe et c’est là que Saül devait aller le rejoindre. En cela l’esprit malin avait dit vrai, si bien que Saül en fut consterné (voir la fin du chapitre).

 Et ce grain de vérité qui se trouve mélangé souvent avec les supercheries des démons, est capable de fasciner les hommes au point que, même d’entre ceux qui pour l’ordinaire jouissent du bon sens, il y en à qui acceptent les messages délivrés par les agents invisibles des spirites avec une confiance qu’ils n’accorderaient jamais à des messages délivrés p. ex. par les serviteurs de leurs connaissances parmi les vivants !

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