Fils et filles de consolation.

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“ Joses, qui par les Apôtres lut surnommé Barnabas (ce qui, est, fils de consolation”). – Actes 4 35.

Réconfort ! Consolation! Que de repos, que de soulagement, que de paix et que de joie ces mots n’impliquent-ils pas ! C’est raconter tout un volume du caractère général de chacun auquel on peut donner ce nom de “ fils de consolation”. Nous ne savons que très peu de choses concernant Barnabas, mais si nous comprenons toute la portée de cette sentence de l’Ecriture sacrée, nous ne pouvons nous empêcher de l’aimer et de l’estimer.

Dans un certain sens il est parlé de l’Eglise comme d’une mère: Sion et tous les véritables enfants de Dieu sont de cette sorte représentés comme étant ses enfants – fils et filles. Quelques-uns de ceux-ci sont des fils et filles de réconfort, consolation, pendant que d’autres sont des fils et filles de peine, causant continuellement plus ou moins de soucis et de chagrins à d’autres et à eux-mêmes. Nous voulons examiner ce sujet en sa véritable lumière, afin que chacun de nous agisse conformément – pour qu’un nombre toujours plus grand d’enfants de Sion soient des fils et filles de consolation pour tous ceux avec lesquels ils se trouvent en contact, et même, d’une façon générale, des consolateurs pour l’Eglise entière. D’aucuns sont peut-être enclins à demander: “ La véritable Eglise a-t-elle besoin de réconfort? ” ,,La majorité de ses membres n’est-elle pas trop réconfortée déjà ? N’ont-ils pas plutôt besoin d’être secoués, de leur faire ressouvenir leurs péchés, d’être blâmés, en un mot, n’ont-il pas plutôt besoin d’êtres rendus aussi malheureux que possible; ceci dans l’intention qu’il leur serait ainsi aidé a s’avancer et à s’élever.

Nous ne voulons pas ignorer le fait, qu’il est des cas où des reproches et des corrections dans la justice sont appropriés, ainsi que l’apôtre nous en avise. Mais nous ne pouvons pas du tout sympathiser avec la pensée assez commune de bien des gens; c. à d. qu’on devrait toujours se sentir misérables et rendre malheureux d’autres personnes en les reprenant, on les accablant de reproches, en les trouvant toujours en faute et en les terrorisant continuellement.

Nous croyons que de tels excès de zèle, en croyant à tort bien faire, ont causé bien du mal, ont éloigné de l’Eglise – du cercle de la famille de Sion -beaucoup qui ne pouvaient pas, sans être hypocrites, se prétendre les plus grands des pécheurs, ni apprécier convenablement les prières dans lesquelles ils sont représentés comme disant: ,,O Dieu sois apaisé envers nous misérables pécheurs ! ” pendant qu’ils goûtaient les faveurs divines, reconnaissaient le pardon de leurs péchés et qu’ils se savaient justifiés de toutes choses.

Ceux qui ont besoin d’être réprimandés et blâmés, etc., sont ceux, qui en marchant selon la chair et non selon l’esprit, sont en violation de leur alliance. Ceux qui devraient être avertis de fuir la colère à venir, sont ceux qui n’ont pas encore cherché le “ refuge à saisir, l’espérance qui est devant eux ” (Héb. 6: 18), dans l’Evangile, – ceux qui sont sans espérance et sans Dieu dans le monde, qui n’ont aucune parenté avec Jésus-Christ par la foi et l’obéissance. Mais le véritable ,,blé, les vrais membres du corps de Christ, les consacrés, cherchent, très imparfaitement d’ailleurs, à marcher continuellement selon l’Esprit, quoiqu’ils sachent fort bien, qu’à cause des imperfections de la chair, ils ne marchent et ne peuvent pas marcher tout à fait selon l’esprit. Ce sont ceux-ci qui ont besoin de compassion, d’assistance et de réconfort, plutôt que d’être accablés de reproches et de blâmes pour leurs fautes, qu’ils reconnaissent et déplorent et contre lesquelles ils luttent.

Peu de personnes ont probablement remarqué jusqu’à quel point les Ecritures administrent ce vrai

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“ baume de Galaad ” aux véritables enfants de Sion. L’Ecriture est pleine de réconfort et il est de toute nécessité, que tous ceux qui réellement font partie du peuple de Dieu cherchent à devenir de plus en plus des fils et des filles de réconfort dans l’Eglise, en s’administrant l’un à l’autre le secours, l’encouragement et le rafraîchissement selon l’intention du Seigneur. Notre Seigneur parla du St. Esprit comme étant le Consolateur, et il se désigne lui-même aussi comme un Consolateur en disant: ,,Je prierai le Père et il vous donnera un autre Consolateur” (Jean 14:16). Il nous est donné de pouvoir apprécier l’étendue de la mission de notre Seigneur Jésus comme consolateur si nous envisageons les 3 années et 1/2 de son ministère et quand nous l’entendons dire, à la fin de celui-ci, à ses fidèles: Je ne vous laisserai pas orphelins [Ou abandonnés. D.] “, sans quelqu’un qui ne prenne soin de vous; Quant à ce qui concerne le soin qu’il prenait des apôtres, pendant qu’il était avec eux, nous en avons une idée en lisant sa prière au Père: ” … J’ai gardé ceux que tu m’as donnés et aucun d’entre eux n’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.” – Jean 14: 18; 17: 12.

Il a été prédit par les prophètes que notre Seigneur serait un consolateur, comme nous lisons: “L’Esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, parce que l’Eternel ma oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires; Il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le coeur brisé; . . . pour consoler tous ceux qui mènent deuil, pour mettre et donner à ceux de Sion qui mènent deuil, l’ornement au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu.” – Esaïe 61: 1, 3.

Tout ceci veut dire que notre Seigneur Jésus fut un consolateur en Sion bien au-dessus de tous les autres consolateurs. Il était plein de compassion pour les débonnaires, les humbles et pour ceux qui étaient remplis de bonnes intentions, concernant toutes leurs faiblesses, épreuves et difficultés, et aujourd’hui c’est cette même puissance du caractère et des paroles de Jésus qui relève nos coeurs et ceux de beaucoup qui ne font pas parti de son peuple, dans le sens consacré du mot. Ce n’était pas en blâmant et en les censurant continuellement que les apôtres devinrent les fidèles imitateurs du Seigneur, fidèles même jusqu’à la mort; mais bien parce que, au lieu de cela, Jésus compatissait avec eux, qu’il les assistait et qu’il interprétait leurs vues dans un esprit large et généreux.

Prenez le cas de la femme adultère, nous n’y trouvons aucune tirade pharisaïque de la part de notre Seigneur à l’adresse, de celle-ci, mais remarquez par contre sa réprimande à ceux qui furent présents: “Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle ! “ Voyez comment notre Seigneur parla à la femme, après avoir ainsi convaincu de leur propre imperfection les accusateurs de celle-ci : “Moi non plus je ne te condamne pas; va et ne pèche plus!” (Jean 8: 3-11). Notez la conduite de notre Seigneur à l’égard de Pierre, après que celui-ci l’eut renié en faisant des imprécations et en jurant. Bien des imitateurs de notre Seigneur, à sa place, se seraient crus obligés d’avoir à réprimander Pierre publiquement devant tous les apôtres et auraient exigé de lui une confession publique et quelque pénitence d’un genre quelconque; et plus tard, à toute occasion, lui auraient jeté en face sa faiblesse et sa déloyauté. Ceux qui agissent de la sorte n’ont pas imité et ne savent pas interpréter justement l’esprit du Seigneur; ils ne sont donc pas des fils et des filles de consolation (réconfort) pour l’Eglise. Ce sont au contraire des frères querelleurs, qui d’une manière fâcheuse empêchent l’oeuvre qu’ils désirent pourtant faire progresser. Ils devraient écouter la voix du Maître, qui dit: “Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi!” A mesure que nous apprenons du Seigneur, nous devenons des interprètes non seulement de la loi, mais aussi spécialement ceux de l’amour, de la grâce, de l’assistance et de la consolation.

Pour autant que l’Ecriture laisse paraître, notre Seigneur n’adressa aucun reproche à Pierre, au sujet de sa conduite lâche et déloyale. Pierre le reconnaissait sans qu’il fût nécessaire de le lui dire, il avait déjà pleuré et le regrettait amèrement, un mot du Seigneur, ressemblant à un reproche ou à un blâme, l’eût probablement découragé – l’eût peut-être poussé au désespoir. ,,M’aimes-tu?” Question que notre Seigneur adressa à Pierre, sont les seuls mots qui pourraient ressembler à un reproche. Que tous ceux qui voudraient être de véritables fils et filles de consolation en Sion se pénètrent de cette leçon du grand Maître, qu’ils ne s’efforcent pas tant à vouloir punir, corriger, reprimander et blâmer, qu’ils évitent cela autant que faire se peut, qu’ils ne s’enquièrent pas autant du passé que du présent. – ,,Quelle est l’attitude présente de l’offenseur envers le Seigneur et envers son troupeau?” Voilà ce qu’ils devraient voir avant tout.

Le réconfort et la consolation indispensables.

Notre Seigneur Jésus savait parfaitement que l’Eglise aurait bien plus besoin de réconfort que de blâmes et de réprimandes, quand il disait: “Si je ne m’en vais, le Consolateur (l’Esprit saint) ne viendra pas à vous!” Il fallait que la rançon fût payée, qu’elle fût présentée au Père céleste dans le “Très-saint”, avant que sa bénédiction puisse être distribuée. Cette bénédiction apporterait le réconfort de la procréation de l’Esprit et la consolation des plus grandes et des plus précieuses promesses pour tous ceux qui ont accepté Jésus – ainsi que pour tous ceux qui croiraient en lui par leur parole. Il est vrai, notre Seigneur parla du saint Esprit comme Esprit réprouvant – mais non pas comme réprouvant l’Eglise – en disant (Jean 16:18) : “Il convaincra le monde (il sera la démonstration) de péché, de justice et de jugement” (Darby). Les seules paroles qui pourraient suggérer l’idée d’une réprimande de la part du saint Esprit à l’adresse de l’Eglise sont ceux de Paul, lorsqu’il dit: ,, . . . Et n’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.” Ou encore: “N’éteignez pas l’Esprit.” – Eph. 4: 30; 1 Thess. 5 : 19.

La grande provision de réconfort qui a été faite en vue du peuple de Dieu indique clairement la nécessité d’un tel réconfort et il n’est pas difficile de découvrir cette nécessité. Le peuple de Dieu est obsédé

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de tous côtés par des conditions adverses – le monde, la chair, l’adversaire – qui sefforcent d’intimider, de décourager ou de surprendre la nouvelle créature, pour empêcher ainsi son développement en grace, en connaissance et en amour, et finalement l’empêcher d’atteindre la perfection et la gloire qui doit suivre, promises par le bon Dieu aux fidèles seulement. Pour faire de nous des fils et des filles de consolation dans l’Eglise nous avons besoin de beaucoup d’amour et de compassion dans notre coeur. Au f ur et à mesure que l’amour et la compassion y entrent, l’esprit querelleur, de contestation, de critique, etc., en sortira, comme ils en ont eu chassé l’esprit charnel – colère, malice, haine, dispute et vanité.

Dans la règle (il y a probablement des exceptions comme de toute règle) ceux qui possèdent l’Esprit d’assistance, de réconfort et de consolation et qui sont capables de verser généreusement ce baume dans les coeurs blessés des autres, sont ceux qui ont passé eux-mêmes par des épreuves, des difficultés et des châtiments rigoureux, qui peuvent compatir (Héb. 4:15) aux infirmités de la race humaine; même plus que cela, ce sont ceux qui ont été touchés de compassion pour les faiblesses et les adversités qui assaillent les “frères” dans leurs efforts de marcher selon l’esprit -et non selon la chair. Cependant ceux qui n’ont pas des “entrailles de miséricorde”, qui n’ont que peu de sympathie, qui sont peu enclins à tendre une main secourable aux faibles, à ceux qui tombent, ou à ceux qui ne sont plus sur la bonne voie, ont encore beaucoup à apprendre, concernant la vraie signification du mot “amour” dans son sens le plus élevé – amour parfait, amour pour les frères, voir même amour s’étendant si l’occasion se présente à toute l’humanité, même aux ennemis, mais ,,surtout envers ceux de la maison de la foi”.

L’Eglise est réconfortée de différentes manières par l’Esprit saint:

(1)    Il nous réconforte en nous rendant capables d’entrer dans une telle union avec la vérité et avec le Seigneur que non seulement nous pouvons voir les choses, dans une très grande mesure, au point de vue de Dieu, mais aussi les apprécier et les comprendre à ce même point de vue. Car quoique l’Esprit de la vérité soit contenu dans la parole de la vérité, il est cependant d’une grande nécessité que les yeux de notre entendement soient ouverts; afin que nous puissions comprendre la parole de la vérité, et ce double réconfort nous – est assuré par la possession de l’Esprit saint, – pour autant qu’il abonde en nous et est répandu dans nos coeurs. Il est vrai que, la Parole en est remplie mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi qu’il soit dans nos coeurs une puissance vivante. Aussi nous lisons, concernant l’Eglise primitive: “Elles marchaient dans la crainte [révérencielle] du Seigneur et elles croissaient par la consolation (l’assistance) du St. Esprit.” – Actes 9 : 31.

(2)    Il nous réconforte par les Ecritures et par les promesses de Dieu – par la vérité – car n’est-ce pas là l’Esprit de vérité? La Parole de Dieu, étant le canal de la vérité, est là pour nous réconforter à mesure que l’Esprit saint nous conduit à une compréhension de celle-ci, comme nous lisons: “Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Ecritures nous ayons espérance.” – Rom. 15 : 4.

(3)    Les frères, à mesure que le Saint-Esprit et la connaissance de la vérité – appréciée et comprise à sa juste valeur – les remplissent deviennent dans l’Eglise les représentants de l’Esprit, des consolateurs. C’est là la pensée de l’apôtre, lorsqu’il dit: ,,Or que le Dieu de patience et de consolation vous donne d’avoir entre vous un même sentiment selon le Christ Jésus.” – Rom. 15 : 5.

Consolés et être des Consolateurs.

En considérant, dans un ordre inverse du précédent, de quelle manière les frères consolent (réconfortent) l’Eglise, nous remarquons que c’est en étant les canaux de l’Esprit saint et les interprètes de la parole de Dieu. Nul n’est capable d’être un consolateur, s’il n’a été auparavant lui-même réconforté de Dieu. La consolation de l’enfant de Dieu ne commença, pour ainsi dire, qu’au temps où il accepta la certitude de la parole de Dieu, quant à son amour et à sa grace exhibés en Christ Jésus mourant pour nos péchés. En s’appropriant, par la foi, cette faveur divine, ils goûtèrent leurs premières consolations – en paix, en Joie et en bénédiction. Ensuite, lorsqu’ils progressèrent et apprirent à mieux connaître les voies du Seigneur, la porte donnant accès à une grâce encore plus grande leur fut ouverte – la grâce d’une invitation a être cohéritiers du royaume avec Christ et à participer avec lui à l’oeuvre glorieuse de réconforter et de relever l’humanité en général (Rom. 5: 2). Et lorsqu’ils profitèrent de cette porte de faveur, et en y entrant, encore plus de réconfort, encore plus de joie, encore plus de paix et de bonheur furent ajoutés, compris et appréciés. Puis, dans la même proportion que les favorisés progressaient sous le ministère de la vérité, de l’Esprit saint et devenaient de plus en plus capables de ,,dispenser droitement la parole de la vérité” (2. Tim. 2: 15) et d’en apprécier les différents traits, dans une même proportion leur foi s’accrût et leur consolation et leur joie furent multipliés par un accroissement plus grand et une connaissance plus approfondie du Seigneur et de son plan.

De plus, s’ils contemplent la gloire du Seigneur dans le miroir de la parole divine, le reflet de la lumière de son glorieux caractère – qui illumine leur coeur et les rend capables de comprendre, avec tous les saints, la longueur et la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour divin – leur donne une confiance et une consolation grandissant toujours. Et chaque pas en avant, et chaque nouveau élément de caractère, dûment développé, prépare le favorisé à l’exercice de son privilège: celui, d’être un consolateur pour les autres. Car c’est son privilège, c’est même un devoir pour lui de réconforter d’autres, sitôt qu’il a reçu lui-même les premiers éléments de la consolation, et de continuer à consoler d’autres dans la mesure qu’il reçoit lui-même de la consolation. Nous savons, en effet, aussi bien par l’expérience que par

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la Parole, que si nous ne voulons pas voir notre lumière s’obscurcir, diminuer, même éventuellement la voir s’éteindre tout à fait, nous devons faire un usage abondant des faveurs et des bénédictions reçues et faire voir notre appréciation de la grâce de Dieu en la faisant briller avec éclat devant les autres. Mais le point sur lequel nous appuyons principalement, est, que la capacité d’être un consolateur dépend surtout de notre croissance en grâce et en connaissance, car il n’y a que ceux qui ont été réconfortés qui peuvent dispenser cette grâce aux autres.

A ce sujet, notons l’exhortation de l’apôtre dans ce même ordre d’idée. Dans sa seconde épître aux Corinthiens (1 : 3-7) il dit: ,,Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, pour que nous puissions consoler ceux qui sont en quelque tribulation que ce soit, au moyen de la consolation par laquelle nous sommes nous-mêmes consolés (réconfortés) de Dieu; parce que, comme les souffrances du Christ abondent sur [en] nous, de même notre consolation abonde aussi par le moyen du Christ! Or, soit que nous soyons dans la tribulation, c’est pour votre consolation et votre salut, lequel déploie son efficace dans votre patience à supporter les mêmes souffrances que nous aussi nous souffrons; soit que nous soyons consolés, c’est pour votre consolatwn et votre salut; et notre espérance à votre égard est ferme, sachant que, comme vous avez communication des [ou part aux] souffrances, vous l’avez aussi de la consolation.”

Dix fois l’apôtre fait usage du mot ,,consolation” dans ces versets. Evidemment il avait une juste appréciation de ce que l’Eglise avait besoin en fait de consolation, combien le Dieu de toute consolation désirait voir ses fidèles consolés et combien, même les plus zélés dans l’Eglise, – les apôtres – avaient besoin de consolation. Quel meilleur témoignage pourrions-nous demander pour nous convaincre, de ce que l’esprit de consolation que manifesta le Père céleste, le Seigneur Jésus et les apôtres et que tous les fidèles en Christ sont appelés à pratiquer, est réellement le véritable Esprit de la vérité, le Saint-Esprit! Par conséquent, ceux qui font les plus grands progrès dans cette direction, comme consolateurs en Sion, croissent aussi le plus en grâce, et nous pouvons être certains qu’ils croîtront aussi le plus en connaissance; ils pourront le mieux aider l’Eglise, dans toute l’acception du mot et être employés par le Seigneur comme porte-paroles dans le ministère de sa vérité.

Un peu plus loin, dans la même épître (2 Cor. 7:4-13), l’apôtre emploit sept fois le mot ,, consolation”, il dit: ,,Je suis rempli de consolation; j’ai surabondance de joie dans toute notre tribulation. Car, après que nous sommes arrivés en Macédoine, notre chair n’a eu aucun soulagement, mais nous avons été de toute manière pressés par la tribulation: au dehors, les combats, au dedans, des craintes. Mais celui qui console les humbles, Dieu, nous a consolés par l’arrivée de Tite; et non seulement par son arrivée, mais aussi par la consolation dont il a été consolé à votre sujet, nous apprenant votre ardent désir, vos larmes, votre zèle pour moi, en sorte que j’ai eu plus de joie. C’est pourquoi nous avons été consolés par votre consolation.”

Ici nous voyons, illustré par les paroles de l’apôtre, l’aide mutuelle de l’Eglise en fait de consolation. Tite y participa, Paul y participa, l’Eglise de Corinthe c. à d. chaque membre qui possédait l’Esprit saint et qui était dirigé par lui – y participa; et l’apôtre déclare que toute cette consolation était de Dieu. Et quand il parle de Dieu, comme étant ,,le Dieu de toute consolation”, et “ le Dieu qui console ceux qui sont abattus”, il s’exprime comme si la consolation faisait partie d’une disposition générale de la part de Dieu envers son peuple, applicable en toute circonstance semblable. C’est pourquoi, partout où nous trouverons un des fidèles du Seigneur, quelque faible et abattu qu’il puisse être, nous pouvons être certains que c’est là une occasion qui nous est offerte pour nous employer utilement au service du Seigneur, en étant les canaux de sa grâce et en procurant un peu de réconfort, un peu de consolation et un peu de secours aux abattus.

Parlant de sa propre conduite, l’apôtre (dans 1 Thess.. 2: 11) nous donne un léger aperçu de sa méthode, et nous fait voir qu’il ne cherchait ni à tyranniser l’Eglise, ni à la dominer, ni à la harceler, à la menacer et à la censurer continuellement. Au contraire, il dit: Vous savez comment nous avons exhorté, consolé et sommé chacun de vous, comme un père ses enfants.” Cet esprit de famille, propre aux apôtres, et qui les mettait à même de consoler et d’assister comme des pères et comme des frères en l’Eglise, devrait être un guide pour tous ceux qui désirent être des serviteurs du Seigneur, des enfants utiles, des fils de consolation.

Ce sont ceux qui entrent dans ce véritable Esprit de Dieu, le véritable esprit de sa vérité qui, par ce moyen, sont préparés proportionnellement à comprendre la vraie signification des prophéties et des révélations du Seigneur, signification qui reste cachée aux sages de ce monde, ainsi qu’à tous ceux qui ne possèdent point l’esprit de Christ – l’esprit de consolation, de secours, de compassion et d’amour. Il est possible que c’est là une des causes pourquoi si peu, de savants exégètes de la parole de Dieu parviennent à l’interpréter comme il faut, et il est fort probable que c’est aussi pour cette même raison que beaucoup restent dans l’obscurité. Comme ils n’ont pas reçu l’esprit de consolation et d’amour, ils ne peuvent, pour cette raison, apprécier le plan favorable et plein d’amour, exposé dans la parole de Dieu. Ce n’est pas par accident que l’apôtre plaça la grâce en premier, quand il établissait que nous devons “ croître en grâce et en connaissance”.

Nous avons vu ce que c’est que d’avoir la consolation des frères par l’Esprit saint; recherchons maintenant ce que c’est que d’avoir “la consolation des Ecritures” (Rom. 15 : 4), que nous sommes capables de comprendre par la possession du saint Esprit de consolation. Prenons une fois de plus note du rapport prophétique d’Esaïe (61 : 1); cette déclaration si elle ne se rapporte d’abord qu’à notre Seigneur, au chef du corps, doit s’appliquer nécessairement aussi à

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chaque membre du corps de l’oint. L’esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur tous les membres, descendant sur eux du chef sur lequel l’huile sainte de l’onction fut répandue, et il faut que cela se réalise en chaque membre de son corps – “L’Esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, parce que l’Eternel m’a oint pour apporter [prêcher] de bonnes nouvelles aux débonnaires; il a envoyé pour panser ceux qui ont le coeur brisé (non pas pour briser les coeurs, mais bien pour les guérir); . . . pour consoler tous ceux qui mènent deuil pour mettre et donner à ceux de Sion qui mènent deuil l’ornement au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu.”

Ainsi que nous ne sommes point chargés de briser les coeurs des hommes, même ceux très endurcis d’hommes mondains, mais de laisser ce soin au Seigneur, qui saura bien les briser par des épreuves et des châtiments divers; ainsi il ne nous est pas ordonné de consoler ceux qui ne pleurent point, ni de provoquer du deuil pour pouvoir ensuite consoler. Notre devoir particulier est celui d’aller à la recherche des débonnaires et des attristés qui ont reconnu leur insuffisance et leur faiblesse et qui sont à la recherche du refuge et de la délivrance. Une partie de notre message est de leur indiquer l’Agneau de Dieu, qui ôta le péché du monde, de leur montrer la magnificence de la résurrection, au lieu des cendres de la mort, et les félicités qui, selon les promesses du Seigneur, remplaceront bientôt tout cet esprit de tristesse, de contrariété, d’affliction et de trouble du temps présent.

Nous pouvons leur dire que ,,la joie survient au matin” (Ps. 30: 6), que l’Eternel changera leur deuil en allégresse (Jér. 31: 13); nous pouvons les aider à se relever pour revêtir tout de suite le vêtement de louange et commencer à marcher en nouveauté de vie, avec ,,un cantique nouveau dans leur bouche”, – la précieuse bonté de Dieu. – Ps. 40 3: 36 : 7.

La pensée qu’ont certaines personnes sincères, que les enfants de Dieu doivent dans le temps présent être mornes, moroses et tristes – doivent pleurer à cause du péché, est tout à fait fausse; car celui qui a entendu le message de l’Evangile a de quoi se réjouir. Si le Seigneur dit: ,,Bienheureux ceux qui sont dans le deuil car ils seront consolés!” ce fut pendant l’âge juif — sous le régime de la loi qui condamnait toute imperfection; c’est pour cela que tous ceux qui avaient faim et soif de justice et qui cherchaient à marcher droits durent nécessairement être dans l’affliction à cause de leurs péchés et à cause de leur impuissance de s’élever jusqu’au grand modèle de la parfaite loi de Dieu, et partant de leur incapacité d’avoir la vie éternelle sous les conditions de la loi.

En s’écriant: ,,Malheureux homme que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?” (Rom. 7: 24,) L’apôtre ne voulait pas dire, qu’il était le seul homme gémissant sous la loi, mais bien, que tout Israélite sincère gémissait également sous elle. Il menait deuil; l’Eternel avait promis que tous ceux qui mènent deuil en Sion seraient consolés – consolés par la promesse, que pendant qu’ils étaient pécheurs et imparfaits et ne pouvant jamais, sous la loi, se justifier devant Dieu, Dieu avait trouvé une rançon, avait racheté son peuple. C’est en vue de cette assurance réconfortante de l’Evangile que l’apôtre, après s’être représenté comme le juif sous la loi, gémissant, étant en travail et criant après la délivrance, se représente aussitôt comme le chrétien qui a trouvé la délivrance et qu’il s’écrie: “Grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ” (Rom. 7 : 25; 1 Cor. 15 : 57). Les vainqueurs doivent-ils pleurer, même si la victoire nest pas entièrement leur propre oeuvre, mais qu’elle a été premièrement achetée par le précieux sang de Christ? Certes, non! Nous ne sommes pas affligés, et ne menons pas deuil, comme le font les autres, à cause de la bonne espérance qui est comme une ancre pour notre âme, une ancre sûre et ferme, l’espérance en la miséricorde de Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ.

Les enfants de Dieu, ayant embrassé la vérité, se trouvent obsédés de tous côtés par la résistance de Satan et de ses serviteurs; et n’était la consolation des Ecritures et la joie et la paix que le monde ne peut ni donner ni ravir, leur sort serait vraiment bien triste. Mais suivant les conditions que le Seigneur leur a faites, c’est leur privilège de pouvoir se réjouir dans la tribulation et de pouvoir rendre grâces en toute chose, même en subissant la perte de leurs biens terrestres à cause de la justice.

Quel est le secret da cette réjouissance dans la tribulation? D’où vient une si grande consolation? Nous répondons qu’elle vient par la consolation des Ecritures, éclairées par le saint Esprit. Prenons par ex. la prophétie inspirée concernant Rachel pleurant ses enfants et refusant d’être consolée parce qu’ils ne sont plus, parce qu’ils sont morts (Jér. 31: 15-17). Le message de consolation de l’Eternel à l’adresse de Rachel, ainsi qu’à l’adresse de tous ceux qui ont subi des pertes par le grand châtiment de la mort, est le suivant: “Retiens ta voix de pleurer et tes yeux [de verser] des larmes; . . . tes enfants reviendront du pays de l’ennemi.” Ce discours ne console-t-il, ne procure-t-il point la paix (au coeur blessé de la mère ou du père qui pense à son enfant mort? Certes, oui! Il procure une consolation telle que rien ne peut égaler, surtout pas l’erreur. Il y a en effet des imaginations variées et illusoires qui font mirer devant l’esprit des affligés une consolation fictive en laquelle ceux-ci voudraient volontiers se fier et espérer, mais comme cette consolation n’a aucun fondement dans la parole de Dieu, elle est faible, ne touche pas et ne peut, pour cette raison, procurer aucun soulagement réel, ni paix durable dans un pareil moment d’épreuve.

Par contre, quand nous entendons la voix du Seigneur nous assurant la résurrection, nous affirmant que la tombe est vraiment le pays de l’ennemi, nous certifiant, non pas que nos enfants sont plus vivants que jamais, mais bien qu’ils sont allés au pays de l’ennemi, où ils sont en sûreté, parce que Jésus a vaincu, a racheté le monde avec son sang precieux. – Jésus a ,,les clefs de la mort et du sépulcre” comme il le déclare (Apoc. 1 : 18), et bientôt il ouvrira la tombe, la prison et en fera sortir tous les captifs de la mort. Alors nous trouvons en ce message, le vrai réconfort et la véritable

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consolation qui peut être appliquée avec profit à tout coeur saignant d’une telle blessure.

C’est là qu’est toute la “consolation des Ecritures”. La Bible nous montre que le présent règne du péché et de la mort n’est point un règne éternel; qu’une ère nouvelle sera introduite, résultant du sacrifice du grand Rédempteur et que pendant cette nouvelle dispensation une bénédiction parviendra à toutes les familles de la terre et une bénédiction spéciale à l’Eglise. Les fidèles du temps présent, étant favorisés par une connaissance plus grande du Seigneur, seront faits cohéritiers, avec Jésus, du grand Royaume, pour l’aider à répandre les bénédictions dans le monde. Ceci est, sans aucun doute, une assurance réconfortante, non seulement pour ceux qui s’efforcent d’atteindre le grand prix de notre haut appel, mais aussi pour ceux de leurs amis, de leurs voisins qui seront relevés et bénis pendant ce royaume millénaire.

C’est de cette délivrance que l’apôtre parle, disant que les vrais chrétiens n’ont pas besoin de s’affliger comme les autres qui n’ont point d’espérance, car si nous croyons que Jésus mourut et qu’il ressuscita, croyons aussi le rapport des Ecritures que sa mort fut un sacrifice pour nos péchés et pour ceux du monde entier (1 Jean 2:2)-et qu’ainsi ceux qui dorment en Jésus, “Dieu les ramènera par Jésus et avec lui” (1 Thess. 4: 13, 14). N’est-ce pas là une pensée réconfortante au plus haut degré de savoir que le genre humain tout entier, qui en Adam s’en fut allé dans la mort, a été racheté, qu’en conséquence la peine de mort sera abrogée et que la mort de tous se trouve ainsi transformée en un simple sommeil, duquel tous seront réveillés au Matin du Millénium pour avoir une occasion d’apprendre à connaître la bonté de Dieu et, s’ils veulent, pour recevoir la grâce de vie éternelle, par l’obéissance.

Pour terminer, nous ferons remarquer que l’apôtre implique dans quelques-uns de ses exposés, que la consolation et la paix de l’Eglise dépendent beaucoup de l’unité de l’Esprit du Seigneur dans ses différents membres et que nous devrions savoir cela par expénence. Il dit: “Au reste, frères, réjouissez-vous, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez une même pensée, soyez en paix; et le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous” (2 Cor. 13: 11). Et plus loin (Phil. 2: 1, 2): “S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque encouragement à s’aimer, s’il y a quelque communion d’esprit, quelque tendresse et quelque compassion, mettez le comble à ma joie en vivant en bonne intelligence, en étant animés du même amour, en ne faisant qu’un coeur et qu’une âme” (St) Quelles exhortations à l’union, à la paix et à l’amour fraternel! Combien ces paroles nous suggèrent d’user de patience, d’indulgence, de politesse, de douceur, de nous secourir et de nous consoler réciproquement dans l’Eglise; pour que l’Esprit du Seigneur puisse abonder en tous, pour que chacun puisse progresser le plus possible sur la bonne voie.

Chers frères et soeurs, devenons de plus en plus dignes d’être appelés du nom de “Barnabas” – Consolateur des frères. Que l’Esprit saint abonde en nous de plus en plus, car ceci est le bon plaisir du Seigneur. Puissions-nous tous, le Saint Esprit habitant richement en nous, être des fils et des filles de consolation en Sion, des représentants de notre Père et des canaux aussi bien de l’Esprit saint que de la vérité.

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