Le Purgatoire. Est-ce une doctrine catholique, protestante ou biblique?

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Est-ce une doctrine catholique, protestante ou biblique?

Les protestants, en général, ont ignoré la doctrine biblique d’un purgatoire à venir, tandis que les catho­liques romains l’ont impudemment pervertie et falsifiée, comme ils ont fait de toutes les autres vérités, dans un but impie d’ambition et de cupidité humaines. En effet, tout le système papiste est une contrefaçon de la vérité, et c’est en cela qu’a résidé son grand pou­voir de séduire et d’égarer. C’est à cause de cette ressemblance avec la vérité, dans sa perfection et dans ses grandes lignes, nonobstant ses altérations outra­geantes et ses abus honteux, que la papauté a été très bien décrite comme un “ chef d’œuvre d’ingéniosité satanique”. Macauley, le célèbre historien anglais, dit avec modestie “ qu’elle est le chef d’œuvre même de la sagesse humaine. Parmi les combinaisons imaginées pour leurrer et opprimer les hommes, elle occupe la plus haute place.” Et encore, semblable à une pièce de fausse monnaie, faut-il être expert pour la décou­vrir et l’exposer.

Tout en ne sympathisant nullement avec la doctrine du purgatoire des catholiques romains, ni avec ce qui est désigné par plusieurs protestants comme “ l’état intermédiaire” — la condition entre la mort et la résurrection, condition où, selon leur dire, l’âme se pu­rifie du péché et est rendue propre à entrer au ciel, — nous voyons certes que la doctrine pervertie du purgatoire a eu son origine dans la vérité, que les Ecritures enseignent un purgatoire et que c’est là un des traits les plus glorieux du plan divin, pour le salut de notre race.

Le terme purgatoire signifie un lieu ou une condition de purification, et on admettra volontiers qu’il faut que tout le genre humain soit purifié du péché et de l’impureté, aussi bien que racheté et justifié, avant d’être à même de jouir des bénédictions de la vie éternelle. Le sens commun de l’homme reconnaît cette nécessité d’un purgatoire et les Ecritures enseignent clairement cette doctrine. La voie du salut réside dans la rédemption, au moyen du précieux sang de Christ (justification par la foi en la rédemption ainsi accom­plie), dans la purification ou désinfection effective du péché et de l’impureté, puis dans le perfectionnement en sainteté.

Les protestants (qui prétendent que pour tout le genre humain c’est maintenant le temps de l’épreuve, et que, comme résultat de cette épreuve supposée, il faut qu’à la mort chacun soit immédiatement admis dans un ciel de félicité, ou dans un enfer de tourments éternels) n’ont d’alternative qu’entre l’une de ces deux conclusions: ou bien les fidèles, qui sont justifiés, sanc­tifiés et développés dans la vie présente seront sauvés, tandis que tous les autres — demi-bons ou méchants — seront sans espoir et à jamais perdus: ou bien tous les hommes, à l’exception seule des plus vils pécheurs, seront admis au ciel, pour y produire une confusion vraiment frénétique quand les différentes classes ten­teront de s’assortir et de s’affilier, — savoir: les saints mûrs (“ un petit troupeau”), les enfants inexpérimentés, les sauvages ignorants et dégradés, les idiots et les fous — tous êtres de toutes catégories pour qui les cœurs charitables conservent de l’espoir, tous êtres que l’on pense pour le moins trop bons ou trop in­nocents pour mériter aucune espèce de torture éternelle.

Quelques protestants adoptent la première de ces vues et quelques-uns l’autre; mais quelque côté de l’alternative que l’on accepte, des difficultés insurmon­tables se dressent devant tout chrétien réfléchi.

La première proposition, si l’on y ajoutait vraiment foi, remplirait le monde d’une angoisse indescriptible. Les scènes au chevet des mourants déjà tristes en elles-­mêmes le deviendraient bien davantage sous l’accep­tation réelle d’une telle conception. Et c’est pourtant

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celle qui est professée. Mais si l’on adopte l’autre vue, comme le font généralement les gens au cœur et à l’esprit larges, la difficulté n’est guère simplifiée: car, avec l’idée qu’à la mort nous devons aller soit au ciel, soit en enfer, la seule conclusion logique qui en dé­coule c’est que tous ceux qui échappent à l’enfer doi­vent aller au ciel. L’objection suscitée par cette sup­position c’est que celle-ci remplirait le ciel d’une foule d’êtres hétérogènes qui en troublerait la paix et l’har­monie au point de le changer on une autre Babel (de confusion), telle que l’a été la terre.

Et quelques-uns du moins seraient encore épris du désir que ces êtres s’en aillent là où les méchants ne s’agitent plus, et ou se reposent ceux                qui sont fatigués (Job 3: 17). Une telle condition ne serait on somme qu’une perpétuation de l’état présent, imparfait et peu satisfaisant. Quelle communion la lumière a-t-elle avec les ténèbres? Et quelle joie uniforme pourraient par­tager ceux dont la condition et l’expérience différe­raient si grandement? Aucune assurément.

Mais, diront ceux qui n’ont jamais envisagé la chose ainsi, ne pourrions-nous supposer que ces classes in­férieures et basses soient graduellement disciplinées et corrigées et amenées ainsi en harmonie avec Dieu et avec chacune des autres classes, avec paix et joie pour résultat final?

Ah! alors, au lieu de vous passer d’un purgatoire vous supposez le ciel être le purgatoire — un vaste hôpital et une école réformatrice pour le traitement des maladies et des difformités morales. Non, cela ne se peut! Eh bien! disent d’autres, ne pourrait-il se faire que tous ceux qui ne sont pas notoirement méchants (et conséquemment par trop bons, pour les tourments éternels) soient rendus parfaits et propres pour les cieux à l’instant même de la mort? Non; parce que, dans ce cas, l’expérience de la vie présente serait tout à fait inutile; car des êtres ainsi trans­formés ne se connaîtraient plus eux-mêmes, et de fait ne seraient plus eux-mêmes, mais des êtres nouveaux et entièrement différents en tout point. Si cela était le programme il eût été plus sensé de les créer tels dès l’abord.

Du reste ce n’est pas là le mode d’agir de Dieu. L’Eternel opère toujours d’après des principes philo­sophiques; or les principes de philosophie morale sont tout aussi fixes, aussi fermement établis, que les prin­cipes de philosophie de la nature qu’Il jugea à propos d’établir. A-t-on jamais vu un ruisseau remonter à sa source? Un gland devenir un chêne en un instant? Un être humain naître pleinement développé à l’intel­lect et au physique? A-t-on vu croître des raisins sur des épines et des figues sur des chardons? La sin­gularité de ces suggestions nous fait sourire, et pour­quoi? Parce que nous reconnaissons à la philosophie naturelle des principes immuables qui ne sauraient ja­mais changer et nous savons que s’il en était autre­ment le chaos régnerait dans le domaine de la nature entière.

Notre Dieu est un Dieu d’ordre, et ses principes sont immuables dans la loi morale comme dans la loi naturelle. Le caractère doit croître et se développer; que la croissance soit rapide ou lente, il faut qu’il croisse. Il n‘arrive jamais à maturité sans un progrès préliminaire de croissance ou sans développement graduel. Et dans quelques conditions de vertue ou de vice que se soient effectuées la discipline, l’expé­rience et la croissance résultante d’un être, son carac­tère final sera d’une nature correspondante, soit en bien, soit en mal. Il est donc déraisonnable de sup­poser qu’un caractère moral parfait puisse être octroyé instantanément à la mort à tout être moralement im­pur ou moralement vide.

C’est pourquoi distinguons entre les êtres tant par­faits qu’imparfaits sans caractère et les êtres tant par­faits qu’imparfaits avec caractère. Adam était un être partait  sans caractère. Il fut mis à l’épreuve pour lui donner une occasion de développer son caractère. Son inexpérience traduisit bientôt son effort en échec. Mais Dieu avait pourvu à une rançon, pour Adam et pour tous ceux qu’il représentait; et cela renferme une autre occasion de développer un caractère susceptible d’être approuvé de Dieu, c. à d., digne de lui être associé pour l’éternité. Ou un bon ou un mauvais caractère peut se révéler chez des êtres imparfaits, et c’est ce qui se détermine par le genre de conduite de chaque individu, postérieurement à sa connaissance de la vé­rité sur les questions morales. Dieu ne fait des promesses de félicité céleste qu’à ceux qui développent le caractère de “ vainqueurs ”, et il est évident que les enfants qui n’ont pas pu former de caractère et les ignorants qui ne sont jamais parvenus à une connais­sance de la vérité — de nature à constituer une épreuve, ou à les condamner comme ayant mérité les tourments éternels, ou la seconde mort — forment le plus grand nombre, lequel n’est pas plus fait pour les cieux que pour les tourments éternels. Pour tous ceux-là Dieu a préparé un purgatoire, une école de discipline, qui favorisera le développement de bons caractères, après quoi ils seront éprouvés; ainsi que nous le démon­trerons tout à l’heure par les Ecritures.

Nous nous connaissons en ce monde et nos amis nous connaissent, tant par nos traits physiques que par notre développement mental et moral. Mais lors­que la mort a détruit l’homme physique et qu’il ne reste plus que le caractère pour l’identification (selon la croyance générale), comment l’homme se reconnaî­trait-il lui-même si le caractère ou le développement mental et moral subit à l’instant de la mort une trans­formation aussi merveilleuse — toutes les conditions et circonstances environnantes étant nouvelles aussi? Et si tel est le plan de Dieu, pourquoi permit-il, après tout. le péché, la mort et toutes nos douloureuses ex­périences du présent? et pourquoi avons-nous besoin de lutter contre le péché? L’idée est absurde.

Si tel était le plan de Dieu, la phase actuelle tolé­ratrice du péché, du mal et de la mort aurait pu sim­plement nous être épargnée comme inutile, tout au moins. Et si certains êtres étaient ainsi changés in­stantanément, en êtres parfaits, pourquoi ne pas les changer tous miraculeusement, même les plus mauvais? Pourquoi sommes-nous exhortés à la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur”? et qu’advient-il des coups plus ou moins nombreux mé­rités par les actions de la vie présente?

55 Juillet 1907

Le Purgatoire de l’Ecriture.

Ayant considéré que toutes les théories précitées sont défectueuses, illogiques, sans fondement dans les Ecritures, venons en maintenant au purgatoire de la Bible.

Premièrement: Il sera établi sur la terre et non ailleurs. — Prov. 11:31

Deuxièmement: Il n’est point maintenant en opé­ration, mais doit commencer à la clôture de cet âge de l’Evangile, quand le petit troupeau des saints aura été élu. — 2 Pierre 2: 9.

Troisièmement: Le “ petit troupeau” des saints vain­queurs qui auront part à la première résurrection et seront comme leur Seigneur, des êtres spirituels, de­viendront alors ses associés dans l’œuvre de juge­ment, de correction et d’enseignement des créatures qui seront en voie d’épuration durant le Millénium, au cours duquel le monde et les “ rejetés ” de l’Eglise doivent être disciplinés et dressés dans la justice. Ce sera la seule vraiment sainte et juste inquisition (c’est à dire une cour d’enquête ou d’examen judiciaire des matières morales et spirituelles), dont la papauté a pratiqué une contrefaçon on ne peut plus terrible, blasphématoire et cruelle durant les siècles d’ignorance.— Jean 5:22; 1 Cor. 6:2.

En un mot, le règne depuis longtemps promis du Christ et de l’Eglise glorifiée, durant l’âge millénaire de jugement du monde, ou période de correction dans la droiture, est le purgatoire de la Bible. Les saints ne passeront aucunement par ce jugement (1 Cor. 11: 32), parce que haïssant le péché dans cette vie, ils y sont reconnus comme morts et vivants selon la justice de Christ. Les fidèles triomphants des temps anciens (mentionnés dans Hébr. 11) n’auront pas da­vantage à subir le purgatoire du jour millénaire. Mais tous les autres membres de la famille humaine y seront astreints — corrigés et disciplinés dans la droiture —afin de produire en eux une réforme réelle et finale­ment un caractère parfait (1 Pierre 4: 5; Matth. 12: 36). Tous seront ainsi purifiés, hormis ceux qui persisteront sciemment dans le péché. Pour ces derniers seuls il n’est plus d’espérance (Hébr. 10 : 26, 27) dans la dis­cipline et l’épuration de cette période de jugement; car, dit l’apôtre: “ Il est impossible qu’ils soient renou­velés à la repentance ” — Hébr. 6 : 4—6.

Non seulement le mal et le bien pratiqués à cette époque-là seront récompensées, mais aussi les bonnes et les mauvaises actions du temps présent. Quiconque maintenant offre un simple verre d’eau à un disciple du Seigneur, aura sa récompense dans ce purgatoire, et quiconque lèse l’un des plus petits d’entre eux en­courra la juste rétribution de sa mauvaise action. Et les flagellations de cette période-là seront proportion­nées à la connaissance dans laquelle on aura péché. — Luc 12:47, 48; Matth. 10:41, 42; 16:27; 2Tim. 4 : 14.

L’âge épuratoire sera surtout sévère au début, par­ticulièrement envers le peuple des nations civilisées de la prétendue chrétienté. Ils ont joui de beaucoup plus d’avantages et d’opportunités que les païens, et ils sont responsables dans la même proportion. Afin d’amener les hommes à une prompte réalisation des nouvelles conditions en force sous le régime millénaire alors introduit, l’Eternel, le juste Juge, “ viendra avec le feu, et ses chariots seront comme une tempête, pour tourner sa colère en fureur, et sa menace en flamme de feu [jugements destructeurs des systèmes faux et des combinaisons vicieuses]. Car l’Eternel exercera son jugement contre toute chair par le feu [jugements destructeurs des mauvaises choses] et avec son épée [la vérité], et le nombre de ceux qui seront tués par l’Eternel sera grand” (Esaïe 66: 15, 16; Apoc. 19: 15). ”Il exercera les jugements parmi les nations, et il reprendra [par ses jugements] plusieurs peuples; ils forgeront leurs épées en hoyaux et leurs hallebardes en serpes. Une nation ne lèvera plus l’épée contre l’autre, et ils ne s’adonneront plus à faire la guerre.”—  Es. 2:4.

Les jugements de ce jour de l’Eternel sont repré­sentés par le feu d’une manière symbolique, dans toutes les descriptions prophétiques de ce temps-là; parce que le feu n’a pas seulement pour qualité de détruire, mais cause des douleurs en rapport avec la destruction.

Ces flammes de purgatoire, de juste jugement, consu­meront les mauvaises institutions, les faux principes et les théories erronées du monde, politiques, financiers et religieux; et en même temps qu’individuelle­ment ils souffriront et pleureront amèrement, ce sera pour le plus grand nombre des souffrances qui les réformeront et purifieront. Seuls ceux qui s’attache­ront au mal de propos délibéré seront détruits avec le mal, comme on en faisant partie.

Ce purgatoire commencera à la fin ou à la ”mois­son” de l’âge de l’Evangile — époque où l’âge mil­lénaire empiète sur l’âge évangélique et où les deux âges se croisent. En effet, les premiers qui y entreront seront ces chrétiens “ doubles de cœur ” qui cherchent à servir à la fois Dieu et Mamon et qui, pour être sauvés définitivement, doivent passer par la grande tribulation et laver leurs robes dans le sang de l’A­gneau. — Apoc. 7:14.

Au fait, on peut dire que l’œuvre de purification progressa en quelque sorte dans cette classe durant tout l’âge évangélique (voy. 1 Cor 5: 5), mais la classe a été si infime par comparaison avec le monde entier que le terme purgatoire peut bien n’être appliqué proprement qu’à l’âge millénaire de purification du monde: car telle est la méthode biblique pour l’en­visager.

Parlant du début de ce purgatoire et de ses premiers effets sur les deux classes de l’Eglise, le prophète dit (Mal. 3 : 2, 3): ”Qui pourra soutenir le jour de su venue [du Messie]? qui restera debout quand il paraîtra? Car il sera comme le feu du fondeur, comme la po­tasse des foulons, Il s’assiéra, fondra et purifiera l’ar­gent; il les épurera [dans ce purgatoire] comme on épure l’or et l’argent, et ils [se] présenteront à l’Eter­nel, comme des offrandes dans la justice”.

Le trouble qui épurera la grande multitude des con­sacrés, mais non vainqueurs de l’église nominale, in­dignes d’une place dans la vraie Eglise, est une partie de celui qui atteindra le monde en général. Ils sont les méchants serviteurs qui, sans être hypocrites, reçoi­vent ce châtiment une portion de troubles avec les hypocrites et les incrédules. — Matth. 24: 51.

56 Juillet 1907

Ils passeront par la grande tribulation à cause de leur esprit mondain. L’esprit de ce monde est égoïste: il           consiste dans l’amour de la louange humaine, dans l’amour de la richesse, du pouvoir, du plaisir, de l’ai­sance et de tout ce qui se rapporte à soi-même, avec négligence et indifférence du bonheur d’autrui. Cette classe — et de fait tout le monde civilisé appelé ‘chrétien’ — a su que la loi de Christ est l’amour envers Dieu et envers les hommes, mais elle l’a né­gligé et l’a remplacé par l’égoïsme. La détresse qui vient sera donc la conséquence de l’égoïsme même. Les rois et les princes cherchent avec égoïsme le main­tien de leurs avantages et de leur pouvoir; c’est avec égoïsme que les masses demandent la liberté et l’égalité; les riches et les corporations cherchent avec égo­ïsme à perpétuer leurs méthodes, leurs coutumes et leurs privilèges monopolisateurs qui leur donnent un avantage décisif et leur assurent collectivement la jouissance de la vie et l’aisance la plus complète. En op­position à ceux-ci les ouvriers s’unissent, non pas en règle général pour le bien commun, mais mus par le principe égoïste de s’acquérir la plus large part de gain possible, en retour d’aussi peu de travail que possible.

Ces fruits de l’égoïsme mûrissent avec rapidité sous les rayons plus vifs du commencement de ce siècle. Au fur et à mesure que la lumière augmente les deux camps deviennent plus ingénieux quant aux moyens d’arriver plus rapidement à leur but égoïste respectif et à la manière de se mieux combattre. La brèche s’élargit rapidement et prépare ce que Dieu a prédit depuis longtemps: ”Une si grande détresse qu’il n’y ou a point eu de semblable depuis le commencement du monde et qu’il n’y en aura jamais” Matth. 24 : 21; Dan. 12: 1). Cette détresse est le début du feu du purgatoire, du jour de l’Eternel. “ Les montagnes [les royaumes de la terre] s’y fondent (Ps. 97 : 3—5) comme de la cire [jusqu’au niveau du peuple — égalité]” et celles qui ne se fondent pas chancellent et seront ren­versées au milieu de la mer [englouties dans l’anarchie], tandis que la terre [la société et l’ordre en général] sera bouleversée -— voyez le Psaume 46 — pour la représentation symbolique de ces troubles rétributifs et épuratifs qui viennent sur le monde. Dans le style de l’Ecriture: montagnes signifient les royaumes; terre l’édifice social soutenant les royaumes; mer, les élé­ments révolutionnaires et anarchistes; et cieux. les in­fluences religieuses.

Cette même détresse est dépeinte aussi d’une manière pittoresque par le ‘feu” symbolique de 2 Pierre 3:10 – 13. Ici la terre [la société] nous est montrée comme se fondant ou se désagrégeant dans ses divers éléments, lesquels, sous l’ardente amertume de ce temps de dis­sensions égoïstes, cesseront d’être alliés et en cohésion comme auparavant; et l’embrasement des cieux — la destruction des systèmes et principes religieux qui dominent et gouvernent maintenant le genre humain —est exposé dans leur fuite ‘avec fracas”. Puis, Pierre dit comment cette détresse et cette confusion seront suivies d’une nouvelle organisation de la société, sous un gouvernement et des principes religieux nou­veaux, ”de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera” — où la justice, la vérité et l’amour auront supplanté l’erreur, la superstition et l’égoïsme. David, dans le Psaume 46 : 9—12, dépeint pareillement l’introduction du même Millénium béni de paix et de justice.

Durant cette épreuve épuratoire le Christ glorifié, le juste juge, ”fera de la droiture une règle et de la justice un niveau ” et détruira tout abri de l’erreur (Esaïe 28:17). ”Il jugera le peuple avec justice et les malheureux avec équité . . . et il écrasera l’op­presseur” (Ps. 72 : 2—4). Ce sera le début des juge­ments du purgatoire — en faveur des pauvres, des ignorants et des opprimés, et conséquemment contre les riches, les grands et les savants qui ont employé leurs avantages de naissance, de fortune, d’éducation et de supériorité mentale plutôt égoïstement pour eux-mêmes, au lieu d’avoir cette sympathie et cet amour de l’humanité qui les eussent fait désirer de travail­1er à l’éducation de leurs frères moins favorisés. Ils souffriront d’autant plus au commencement de cet âge de purgatoire qu’ils se seront laissés gouverner par l’égoïsme et qu’ils auront profité des faiblesses et de la condition d’autrui pour s’amasser pour eux-mêmes de grandes fortunes. C’est sur cette classe que son feu le plus ardent viendra en premier lieu. — Voy. Jac. 5 : 1 – 7.

Les Ecritures mentionnent souvent les jugements de ce jour de l’Eternel. Esaïe 33 : 2, 3, 5-16). Elles nous montrent comment Dieu secoure les saints de la détresse qui vient, disant: “ Eternel, aie pitié de nous, nous nous sommes attendus à toi. Sois le bras [l’aide de tous les chercheurs de vérité, quand bien même ils ne seraient point vainqueurs], (sois) aussi notre délivrance au temps de la détresse”.

Puis l’effet de la détresse sur les nations est briève­ment résumé: ”Au bruit de ton tonnerre les peuples ont fui; quand tu t’es levé, les nations se sont dis­persées.” Ensuite, l’effet de l’attitude du Seigneur, en train de juger le monde se fait sentir sur l’Eglise:

“ Jéhovah s’est élevé, car il habite en haut; il remplit Sion d’équité et de justice. La sagesse et la connaissance seront la sûreté de tes temps, une source de salut; la crainte [la révérence] de Jéhovah c’est là ton trésor.” C’est à dire la classe de Sion sera distincte et séparée des autres, et son avantage consistera dans la sagesse et la connaissance divines concédées à ses membres, à cause de leur obéissance à leur consécra­tion. Le ”front” de ceux-ci doit être marqué intel­lectuellement du sceau (Apoc. 7 3; 14: 1; 22 : 4) afin qu’ils ne soient point dans les ténèbres avec le monde (1 Thess. 5:4) et puissent ainsi traverser une grande partie de cette détresse dans une sérénité se reposant sur cette connaissance.

Le prophète poursuit en décrivant le reste du monde, séparé des saints, dans cette détresse (voy. Esaïe 33 : 7 et 8). Leurs héros sont découragés et pleurent, im­puissants à s’opposer au courant anarchiste: tous les messagers de paix pleurent amèrement, grandement désappointés; ils avaient eu beau crier: Paix! Paix! et proclamer un Millénium de paix par arbitres tous

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leurs pronostics se sont démontrés vains et une dé­tresse précipitée, telle qu’il n’y en a point eu depuis que les nations existent, les surprend inattendue parce qu’ils ne sont pas marqués au front par la vérité; ils ont négligé la révélation de Dieu. Les routes (de commerce) sont désertes, plus de voyageurs, les con­trats n’ont plus ni force, ni valeur, les villes [les plus commerçantes et animées] deviennent des lieux qu’on évite, les principes d’honneur et de virilité ne sont plus respectés, et la terre [la société en général] est dans le deuil et languit.

C’est le temps, dit l’Eternel, où je me lèverai pour administrer justice et jugement pour m’exalter moi-même. L’église nominale, qui a conçu de la paille au lieu de vrai blé, n’enfantera que du chaume; et son propre souffle [sa doctrine] l’embrasera et la con­sumera (Esaïe 33: 11). En harmonie avec ceci voyez aussi l’incinération de l’ivraie (Matth. 13 : 30, 40) qui n’en est qu’une autre figure. Pour ce qui est du peuple en général (v. 12), il formera deux classes. Les uns, comme des épines, des malfaiteurs, deviendront furieux dans le feu, en se voyant supprimer et empêcher les occasions de se livrer secrètement au mal, et ils seront consumés. D’autres, semblables à la chaux vive, sen­tiront l’ardeur de leur combustion augmenter, sous l’eau de vérité qui les arrosera, jusqu’à ce que leur être pétrifié et la dureté de leur cœur se dissolvent complètement et les amènent en parfaite harmonie, avec les lois justes et charitables du royaume millé­naire.

Rétrogradant, le prophète contemple sous un autre point de vue la détresse qui s’approche; il peint les différentes classes et montre celle à laquelle doivent se joindre tous ceux qui veulent traverser heureuse­ment ce purgatoire (Esaïe 33: 14—16). ”Les pécheurs s’effraient en Sion [de nom], le tremblement saisit les impies, à l’approche de la détresse. Qui de nous sé­journera dans le feu dévorant [et n’y sera pas con­sumé]? qui de nous séjournera dans les flammes du siècle?” La réponse est claire: Pas l’égoïste, mais “ celui qui marche dans la justice et qui parle avec droiture, qui rejette les gains extorqués, qui secoue ses mains pour ne pas prendre de présents: qui ferme son oreille aux propos sanguinaires [de projets qui peu­vent coûter la vie ou ruiner le prochain financièrement, moralement et physiquement], et se voile les yeux pour ne point voir le mal; celui-là habitera dans les lieux élevés [celui-là traversera le feu du purgatoire et sera élevé]”. Cette classe sera préservée de l’intensité de la détresse et du feu; et ceux qui, n’appartenant pas d’abord à cette classe, s’y sont joints, seront délivrés des ar­deurs de ce purgatoire, en ce qu’ils développent le caractère pour revenir à l’image de Dieu et en har­monie avec sa loi d’amour.

L’apôtre Paul parle de ce purgatoire à venir quand il dit: “ Les péchés de quelques hommes sont manifestes d’avance, et vont devant pour le jugement [sont punis dans la vie présente] mais ceux d’autres aussi les suivent après” (1 Tim. 5 : 24). Ceux qui sont punis pour des péchés dans la vie présente, sont le plus souvent les saints consacrés. Aussi déclare-t-il: “ Si nous nous jugions [examinions, disciplinions] nous-mêmes, nous ne serions pas jugés [par le Seigneur]. Mais, quand nous sommes jugés par le Seigneur, nous sommes châtiés afin que nous ne soyons pas condam­nés [jugés, éprouvés et punis dans le purgatoire mil­lénaire] avec le monde.” — 1 Cor. 1l : 31,32.

Le même apôtre parle (Rom. 2 3—11) de ce pur­gatoire du Millénium comme du jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, contre tous ceux qui sont rebelles à la justice et à la vérité, et qui obéissent à l’injustice. A ceux-là, déclare-t-il sont réservés l’indignation et la colère — la tribu­lation et l’angoisse seront sur tout homme qui fait le mal; mais la gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien.

Le même apôtre se réfère encore (dans 2 Thess. 1 6—9) à la tribulation à venir lors de la seconde venue du Seigneur Jésus, et affirme qu’il sera de la justice de Dieu qui déclare: ,.A moi la vengeance, à moi la rétribution!” à moi de rendre l’affliction [la punition (le purgatoire] à ceux qui ont été opposés à la vérité et aux saints. L’apôtre entend naturellement la punition individuelle des méchants de son temps, et indique que la tribulation promise ne leur a point été infligée à la mort, ni de leur vivant, mais le sera durant les mille ans de la seconde présence du Seigneur, —quand il se révélera au milieu d’une flamme de feu, etc.

 Inférant du caractère de leur Juge, ainsi que des paroles de l’apôtre, nous sommes pleinement assurés que leur punition sera une punition juste et non point injuste. Ceux qui ont péché par suite de peu de lu­mière, recevront un petit nombre de coups (de puni­tion) et ceux qui ont transgressé avec plus de lumière seront frappés de plus de coups. — Luc 12 : 47, 48.

La venue de notre Seigneur n’est pas seulement pour ses saints pour être glorifié en eux, mais aussi en faveur de tous ceux ”qui croiront en ce jour [mil­lénaire de sa présence]”, afin que tous puissent admirer son caractère et obéir à ses lois. Mais ce même feu flamboyant (de juste jugement de purgatoire) dans lequel Jésus manifestera d’abord sa présence au monde, au grand jour de la détresse qu’amènera la nouvelle éco­nomie, continuera à brûler durant tout ce jour de mille ans, contre tous les méchants et révélera claire­ment le juste et l’injuste, le bien et le mal; consumant finalement tous ceux qui après pleine connaissance, occasion et toutes facilités continueront à rejeter la bonté de Dieu. Ceux qui refuseront ainsi d’obéir à la bonne nouvelle et de reconnaître Dieu, seront con­sumés par ce feu, comme étant eux-mêmes portions du mal: voilà comment ”ils auront pour châtiment une destruction éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force.” — 2 Thess. 1 : 6—9.

Donc, en résumé, le feu symbolique du purgatoire, sous la direction du Christ, consumera le mal et lais­sera le monde purifié, libéré du péché et de tous les maux. Ce feu exercera sa fureur tout d’abord contre les mauvaises choses, contre les mauvais principes et les pratiques pécheresses de l’homme et non contre l’homme lui-même. Mais à mesure que la connaissance augmentera et que les faiblesses des déchus seront éloignées, tous ceux qui persisteront, à se complaire dans les voies et les pratiques mauvaises seront alors

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adjugés comme étant eux-mêmes des éléments du mal, et seront anéantis comme tels. Non seulement les méchants seront punis dans ce purgatoire, mais aussi toute bonne action y sera récompensée, même un verre d’eau froide, donné à un disciple, parce qu’il est un disciple, recevra sûrement sa récompense.

Dieu soit béni de ce qu’Il a pourvu par Christ, non seulement à la rémission des péchés du monde, mais aussi aux préparatifs de purgatoire, et de ce que le pécheur peut être pleinement guéri! Dieu soit loué, pour son Purgatoire! pour la grande et parfaite in­quisition de son plan, et pour les inquisiteurs parfaite­ment choisis, — le Christ de Dieu au complet, la ‘Tête (Jésus) et le Corps (l’Eglise).

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