Délivrance et exaltation de l’Eglise.

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(Chap. VII, du Tome III, de l’Aurore du Millénium.)

La. délivrance de l’Eglise est proche. — Elle sera l’avant-coureur de la délivrance de toute l’humanité. — Sa date approximative. — Comment les saints échapperont à ces choses qui doivent venir sur le monde. — Quand et comment Dieu la secourra. — Forme et circonstances de sa délivrance finale. — Premièrement la délivrance de ceux qui dorment en Jésus. —Le changement des membres vivants de l’Eglise. — Mourront-ils ? — Bien­heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur!

“Redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche.” — Luc XXI, 28.

Aidés de la lampe de la prophétie, nous avons retracé les merveilleux événements de la “moisson” depuis leur début jusqu’à leur point culminant qui sera atteint dans le grand temps de détresse; et si nous pensons que dans cette période agitée auront lieu si­multanément la délivrance et l’exaltation promises de l’Eglise, toute notre attention doit donc se concentrer tout naturellement sur le temps, la forme et les cir­constances de la délivrance des fidèles.

Notre Seigneur nous enseigne qu’aussitôt que nous verrons s’effectuer le commencement des événements qui caractérisent la moisson, nous devons nous attendre à une prompte réalisation de notre glorieuse espérance. C’est pourquoi, au fur et à mesure que nous voyons s’accumuler les signes de ces évidences, levons nos têtes et nous réjouissons dans l’espérance de la gloire qui doit suivre; parce que le matin vient, encore que précédé d’une nuit sombre de courte durée heureuse­ment! Cette réjouissance n’a rien d’égoïste, car la délivrance de l’Eglise de Christ, n’est que l’avant-cou­reur d’une prompte délivrance de l’humanité tout en­tière, hors de la tyrannie et de l’oppression du grand tyran, le péché avec son cortège de douleurs, peines, maladies et mort: “Car nous savons que la création tout entière gémit et est en travail . . . attendant la délivrance de notre corps” — “le corps de Christ”” (Rom. 8: 22, 23). Selon l’arrangement de Jéhovah. le nouvel ordre de choses ne peut être introduit avant que b grand gouverneur, le Christ complet, tête et corps, ne soit venu avec pleins pouvoirs.

Il     est évident que la délivrance des saints doit avoir lieu avant 1915, puisque, comme nous le verrons, la délivrance des Juifs est indiquée comme devant avoir lieu autour de cette date. Les nations irritées (Apoc. 11 :18) seront alors réduites au silence et amenées à reconnaître le pouvoir de l’Oint de Jéhovah. Il ne nous est pas dit au juste quand les derniers membres vivants du corps de Christ seront glorifiés; mais il est certain que ce ne sera que lorsque leur travail dans la chair sera terminé. Une fois leur œuvre terminée, leur mort et changement en gloire doit s’accomplir bientôt après. Nous pouvons donc voir approximative­ment le temps de la délivrance.

Tout en ayant des indications claires sur ce point, à savoir que quelques-uns des fidèles verront de leurs yeux l’amoncellement de la tempête et traverseront une partie de la détresse qu’elle doit amener. Jésus nous dit aussi qu’aucun d’eux ne la traversera entière­ment, ou n’en verra le complet dénouement. Les pa­roles du Maître: ”Veillez donc, . . . afin que vous soyez jugés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver” (Luc 21:36), semblent l’indiquer. Mais d’autre part nous savons que nous vivons déjà bien au delà du milieu de cette période de détresse, pour ne parler que de celle ayant trait aux épreuves et tentations auxquelles la soi-disant chrétienté est en proie. Déjà nous y échappons non parce que nous sommes retranchés de la scène des troubles, mais en ce sens que nous nous ne tombons pas comme le grand nombre dans l’erreur et l’incrédulité; nous sommes soutenus, fortifiés et gardés au milieu d’elle par la parole de l’Eternel, notre bouclier et notre cuirasse (Ps. 91 : 4). S’il est possible d’admettre que quelques-

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uns des membres du “corps de Christ” peuvent rester jusqu’à la fin de la détresse, la traverser et cependant y échapper, nous pensons néanmoins, d’après certaines indications, que tout le ”petit troupeau” sera pleine­ment délivré, exalté à la condition glorieuse, lorsqu’au point culminant (à l’époque transitoire 1914—1915), la plus terrible scène de cette détresse se déroulera.

Nous avons vu l’orage s’amasser pendant les années passées; de puissantes armées ont été passées en revue et préparées pour la bataille; et chacune des années qui se succèdent témoignent de progrès rapides vers la crise prédite; et quoique nous sachions qu’un dé­sastre sans pareil doit bientôt précipiter tout ce qui a nom, loi et ordre, dans l’abîme de l’anarchie et de la confusion, point n’est besoin d’avoir peur: ”Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. C’est pourquoi nous sommes sans crainte, quand la terre [l’organisa­tion actuelle de la société] est bouleversée [désorga­nisée, perdue] et que les montagnes [les royaumes] chancellent au cœur des mers [de la masse du peuple sans lois, sans frein, ingouvernable]. Quand les flots de la mer mugissent, bouillonnent, écument [par les querelles et les disputes des divers partis]; et que, dans l’orgueilleux courroux (L) [des puissants partis révoltés et menaçants], les montagnes [les gouverne­ments actuels] sont ébranlées [tremblent de crainte et d’insécurité].’ — Ps. 46 1—4.

41 y a un fleuve [la parole de Dieu, une fontaine de grâce et de vérité] dont les ruisseaux réjouissent la cité de Dieu [l’Eglise — le Royaume à l’état d’em­bryon, de formation — juste avant sou exaltation au pouvoir et à la gloire], le saint lieu des demeures du Très-Haut [le sanctuaire — l’Eglise, le Temple de Dieu, dans lequel il plaît au Très-Haut de faire sa demeure]. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée. Au lever de l’Aurore (C.) Dieu vient à son secours.” —           Ps. 46: 5—6.

Nous réalisons maintenant ce secours promis, dans toute l’étendue de nos nécessités actuelles, par les confidences de notre Père céleste, étant entrés dans son conseil et devenus familiers avec ses plans, assurés de sa faveur et de sa grâce fortifiante, et de ce fait co-ouvriers avec lui. Ce secours nous est promis jus­qu’à la fin de notre course, au bout de laquelle, si nous sommes fidèles, aura lieu notre ”changement” à la condition la plus haute à laquelle nous soyons ap­pelés et vers laquelle nous nous dirigeons diligemment.

Si ce ”changement” des derniers membres du corps de Christ ne peut avoir lieu que lorsque le travail qui leur a été confié pendant qu’ils sont dans la chair sera terminé, nous sommes informés, comme nous l’avons montré dans le chapitre ” l’Œuvre de la Mois­son”, que notre travail sera interrompu avant qu’il soit longtemps — d’abord graduellement, et à la fin complètement lorsque “la nuit dans laquelle personne ne peut travailler” sera venue (Jean 9 : 4). Les ténèbres de cette nuit ne seront dissipées que par le soleil le­vant du Millénium. Lorsque notre travail sera fait et ”la nuit” étendue autour de nous, nous verrons non seulement les nuages orageux prendre de plus sombres couleurs, mais aussi nous entendrons et sentirons souffler les “vents” qui s’élèveront jusqu’à se déchaîner en un furieux ouragan, en un véritable tourbillon fait de pas­sions et de haines. Notre travail étant alors terminé, ce que nous aurons à faire c’est de ”rester debout” patiemment, jusqu’à ce que notre moment vienne d’être ”changés”. — Eph. 6: 13.

Combien de temps plaira-t-il au Seigneur de laisser attendre ainsi ses saints dans un désœuvrement forcé concernant son travail? Nous ne le savons pas; mais assez longtemps, probablement, pour que la foi et la patience soient exercées parfaitement. C’est alors que ces vertus seront le plus pleinement développées, éprou­vées et manifestées. Cette épreuve de patience sera le jugement final de l’Eglise. Alors, ”Dieu la secourt à l’aube [de son] matin” (Ps. 46: 6 — trad. anglaise de Leeser). — Non le matin qui doit luire sur le monde à l’éclat du lever de l’Eglise avec son Seigneur —            comme Soleil de la Justice — mais à l’aurore de son matin, quand aura lieu le changement de l’Epouse à la nature et à la ressemblance de son divin Seigneur. Son matin précédera le matin millénaire.

Nous sommes avertis que cette nuit sombre approche, non seulement par les Ecritures, mais par les graves signes des temps; et le sort de l’Eglise en ce qui con­cerne sa carrière terrestre, semble être délimité dans les pages qui terminent la vie d’Elie et de Jean-Bap­tiste, ce dont nous avons déjà parlé.*) La décapitation de l’un, le tourbillon et les chariots de feu qui em­portèrent l’autre, sont probablement une indication de la violence qui sera exercée vis-à-vis des derniers membres du corps de Christ. Cependant Sion n” a rien à craindre; car Dieu est au milieu d’elle et la secourt. L’Eglise s’est donnée à Dieu jusque dans la mort; et son privilège consiste à prouver sa fidélité: “Le dis­ciple n’est pas plus que le maître, ni le serviteur plus que son seigneur. Il suffit au disciple d’être traité comme son maître et au serviteur d’être comme son seigneur.” — Matth. 10: 24, 25.

Ce sera probablement lorsque la puissance politique, et spirituelle de ”Babylone la Grande” — la chrétienté —disparaîtra, que, dans un suprême effort pour se pré­server elle-même, elle entravera l’œuvre d’extension de” la vérité comme nuisible à son système. Et il est probable, que dans cette circonstance, la classe d’Elie, persistant à proclamer jusqu’au bout la vérité, souffrira la violence et passera dans la gloire, échappant ainsi aux pires excès du temps de détresse — et cela juste au moment critique lorsque les grands recourront à des mesures désespérées pour essayer d’empêcher la dégringolade de la chrétienté.

Bien que le temps exact de la délivrance ou ”chan­gement” des derniers membres du corps de Christ ne soit pas indiqué, tout fait prévoir, que ce sera peu après que “la porte” sera fermée” (Matth. 25: 10); —lorsque la vérité (que Babylone considère maintenant comme son ennemie et comme devant accomplir sa destruction) sera plus généralement connue et répandue au loin, lorsque cette “grêle” aura d’une manière ter­rible balayé ”le refuge de la fausseté” (Esaïe 28: 17) et lorsque la haine de la vérité qui couve encore se sera manifestée dans une opposition irréductible, pour

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arrêter les progrès du grand travail dans lequel les saints sont engagés. Dieu permettra cela aussitôt que tous les élus seront ”scellés”. Mais quels que soient les troubles ou désastres auxquels doivent s’attendre les saints pendant qu’ils sont encore dans la chair; troubles, qui peuvent être un arrêt pour le travail qui est leur nourriture et leur breuvage, prenons courage, nous rappelant que rien ne peut nous arriver sans la permission de notre Père et que dans chaque épreuve de foi et de patience sa grâce est suffisante pour ceux qui demeurent en Lui et dans lesquels sa parole habite. Regardons de l’autre côté du voile et tenons les yeux de notre foi fixés sur le prix du haut appel, que Dieu a en réserve pour ceux qui l’aiment, — pour les ap­pelés, élus et fidèles selon son bon plaisir. — Apoc. 17:14; Rom. 8:28.

Si nous pouvons donc, basés sur la raison et les Ecritures, définir assez près le temps et les circon­stances de la pleine délivrance do l’Eglise; la manière dont elle sera glorifiée devient une question d’ un in­térêt d’autant plus profond. C’est de nouveau aux oracles divins que nous allons recourir.

Premièrement, Paul déclare: ”Nous serons tous changés [aussi bien les saints vivants que ceux qui sont morts] . . . Il faut que ce corruptible revête l’in­corruptibilité et que ce mortel revête l’immortalité”; car la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume do Dieu et ce qui est corruptible ne peut hériter ce qui est incorruptible. Et ce changement, de la mor­talité à l’immortalité, nous assure-t-il, ne s’accomplira pas graduellement, mais sera instantané: — ”en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette” —laquelle sonne déjà.*) — 1 Cor. 15 : 53, 50, 52.

De plus, un certain ordre sera observé; quelques-uns seront glorifiés ou changés premièrement, d’au­tres plus tard: ”E1le a du prix aux yeux de l’Eternel la mort de ses fidèles” (Ps. 116: 15); beaucoup d’entre eux auront dormi longtemps, mais aucun n’est oublié. Leurs noms sont écrits dans les cieux comme étant des membres admis à l’Eglise des premiers-nés. L’apôtre déclare que les vivants, qui seront ”restés pour la présence du Seigneur, ne devanceront pas ceux qui se sont endormis (L. 1 Thess. 4:15). Pas n’est besoin pour ceux qui dorment en Jésus d’attendre dans le sommeil que les membres vivants aient achevé leur course; mais ils sont ressuscités sur le champ; c’est l’un des premiers actes de notre Seigneur — le vivant —quand il prend en mains son grand pouvoir. Et ainsi ces membres de Christ qui ont dormi, auront la pré­séance pour entrer dans la gloire.

La date exacte du réveil des saints qui dorment n’est pas expressément indiquée; mais on la peut dé­duire de ce qui en est dit par le Seigneur dans la parabole de l’homme de haute naissance. Lorsque celui-ci (Jésus) s’en revint après avoir été investi de l’au­torité royale son premier soin fut de récompenser ses serviteurs (son église) auxquels il avait confié sa vigne pendant son absence. Et puisque l’apôtre nous dit que les morts en Christ ressusciteront premièrement, nous pouvons raisonnablement en conclure que leur récompense aura lieu aussitôt que notre Seigneur, après son retour, aura pris possession de son grand pouvoir.

Trouver la date à laquelle Jésus commença à exercer son pouvoir, c’est donc découvrir le temps auquel ses saints qui dormaient furent réveillés à la vie et par suite à la gloire. Pour cela, nous n’avons qu’à nous rappeler le parallélisme des dispensations juive et évangélique; Revenant au type nous voyons qu’au printemps de l’an 33, 3 ans 1/2 après le commence­ment do la moisson judaïque (en l’an 29), notre Sei­gneur assuma le pouvoir et exerça l’autorité royale (voy. Matth. 21: 5 — 15). Son seul but en faisant cela fut de marquer, d’établir une date parallèle dans cette moisson-ci, pendant laquelle il doit en réalité prendre le titre et le pouvoir royal, etc.; c. à d. au printemps de 1878, 3 ans 1/2 après son second avènement, au commencement de la période de la moisson à la fin de 1874. L’année 1878 est de ce fait indiquée comme la date à laquelle le Seigneur s’est revêtu de son grand pouvoir, c’est pourquoi il est raisonnable de faire com­mencer à cette époque l’établissement de son royaume; il va de soi que le premier acte de sa prise de possession a été la délivrance de son corps, l’Eglise, parmi lesquels les membres qui dorment doivent avoir eu la préséance.

Puisque la résurrection de l’Eglise doit avoir lieu à un moment de cette période de la “fin” ou de la ”moisson”, nous disons que c’est une conclusion des plus raisonnables et en parfaite harmonie avec tout le plan de Dieu qu’au printemps 1878 tous les saints, apôtres et ”vainqueurs” de l’âge de l’Evangile, qui dormaient en Jésus, furent ressuscités, êtres spirituels, semblables à leur Seigneur et Maître. Et si nous en concluons que leur résurrection est maintenant un fait accompli et que partant ces vainqueurs soient présents sur la terre, eux aussi bien que notre Seigneur, le fait que nous ne les voyons pas n’est pas un obstacle à la foi, puis qu’ils sont des êtres spirituels et, comme Jésus, invisibles aux hommes. On pourrait avancer qu’ils sont invisibles, que leurs tombes n”ont pas été trouvées ouvertes et vides et qu’aucun d’eux n’a été vu sortant du cimetière. Ce ne sont pas là des ob­jections pour ceux qui savent clairement ce que nous devons attendre, pour ceux qui se souviennent qu’il ne parut aucun trou sur les murailles de la chambre où le Seigneur est entré après sa résurrection et de laquelle il sortit les portes étant fermées; pour ceux qui se rappellent que personne autre que les quelques disciples (auxquels spécialement et miraculeusement Jésus se montra afin qu’ils puissent être témoins de sa résurrection) ne vit le Seigneur ressuscité.

Jésus apparut en effet sous différentes formes char­nelles — comme jardinier, étranger, une fois même avec les marques sanglantes de la croix — pour bien prouver sa résurrection il peut apparaître sous quelle forme humaine il lui plaît, mais on ne peut le voir dans son corps spirituel glorieux. Saül de Tarse seul vit le corps spirituel de Christ, et cela par un miracle et au dépens de sa vue; tandis que ceux qui l’entouraient ne le virent pas. Le fait donc de ne pas voir avec l’œil naturel les saints ressuscités, n’est pas une preuve qu’ils ne sont pas ressuscités, ou que le Seigneur n’est

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pas personnellement présent durant cette moisson; nous n’avons jamais vu des anges et pourtant ils sont aussi des êtres formés de matières spirituelles: ”des esprits envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut”, à travers l’âge de l’Evangile (voy. tome Il, chap. V).

Il est bon de remarquer, que notre croyance dans le commencement de l’établissement ou de l’intro­duction en puissance du Royaume en avril 1878, re­pose exactement sur le même fondement que notre croyance en la présence du Seigneur depuis octobre 1874, est que c’est à ce moment-là que commença la moisson. Et puisque le Royaume est l’Eglise, il s’ensuit qu’à ce moment-là l’Eglise fut exaltée ”que la montagne [le royaume] de la maison de l’Eternel” fut alors ”établie au sommet des montagnes” [royaumes] de la terre et qu’alors, commença l’œuvre de jugement de “Babylone” — la chrétienté — et de toutes les na­tions du monde entier, en attendant leur renversement final.

Cela n’est pas en désaccord avec la pensée que la plupart des saints sont exaltés, tandis que quelques-uns des derniers membres sont toujours ”vivants et restent”; l’apôtre a prédit cet ordre. Ce n’est pas un déshonneur d’être parmi ceux qui restent, ou une déconsidération pour celui qui sera changé le dernier. Bien des passages de l’Ecriture montrent que ces derniers membres ont une oeuvre spéciale à accomplir, de ce côté du voile, et que cette œuvre est aussi importante et aussi essentielle que celle des membres glorifiés de l’autre côté du voile. Tandis que la tête glorifiée et ces membres du corps, qui sont de l’autre côté du voile, ont la surveillance complète du grand changement qui s’opère maintenant et qui est sur le point d’être inauguré dans le monde; ceux des mem­bres qui restent dans la chair sont les agents du Royaume pour publier par la parole, par la plume, les livres et les traités: “la bonne nouvelle de grande joie qui sera pour tout le peuple.” Ils annoncent au monde le message béni du divin et glorieux plan des âges et le temps proche où ce glorieux plan sera consommé ils indiquent non seulement la grande dé­tresse qui va s’affirmant toujours plus, mais aussi les bénédictions qui suivent, comme étant le résultat de l’établissement du royaume de Dieu dans le monde. On le voit, c’est un grand et important travail qui est ainsi donné aux membres restants — une œuvre du Royaume, en vérité, accompagnée aussi par ses joies et ses bénédictions. Quoique toujours dans la chair et tout en poursuivant leur œuvre jusqu’au sacrifice d’eux-mêmes, en présence de beaucoup d’op­position, ils entrent déjà dans la joie de leur Seigneur. La joie d’apprécier le plan de Dieu, le privilège d’en­trer dans sa réalisation et, conjointement avec leur Seigneur et Rédempteur, d’offrir la vie éternelle à toutes les familles de la terre.

Le prophète Esaïe (52 7, 8) les indique clairement, avec leur message, comme ”les pieds”, ou les derniers membres du corps de Christ dans la chair: ”Qu’ils sont beaux sur les montagnes [royaumes] les pieds de Celui qui annonce la bonne nouvelle, qui publie la paix; de Celui qui annonce le bonheur, qui publie le salut [la délivrance]; de Celui qui dit à Sion, ton Dieu règne [le règne de Christ est commencé — lorsque la délivrance est apportée, premièrement à Sien et finale­ment à toute la création gémissante]! Ecoute tes sentinelles! Elles élèvent la voix, elles poussent en­semble des cris d’allégresse; car elles voient [claire­ment] de leurs yeux le retour de Jéhovah en Sien.” —      Trad. de Crampon.

Il  n’y a que vous-mêmes, pauvres “pieds” meurtris et méprisés des hommes, qui pouvez apprécier pleine­ment vos privilèges. Aucun autre ne peut apprécier la joie que vous avez en proclamant la vérité présente, en disant à Sien que le temps de l’établissement du Royaume est venu et en déclarant que le règne de justice d’Emmanuel qui va être inauguré doit bénir toutes les familles de la terre. Mais bien que mé­prisés des hommes les “pieds” de Christ et leur mission actuelle sont hautement appréciés de l’autre côté du voile, par les membres du corps déjà glorifiés et par leur Chef en gloire, qui veut confesser de tels fidèles devant son Père et devant tous ses saints messagers.

La mission des ”pieds”, qui n’est pas une des moins importantes de l’œuvre du Royaume, s’accomplira. Quoique leur message soit haï et vulgairement dis­crédité et qu’eux-mêmes soient regardés par le monde comme fous, à cause de Christ — comme l’ont été tous ses fidèles serviteurs à travers l’âge de l’Evangile — cependant, avant que tous soient ”changés” et joints aux membres glorifiés de l’autre côté du voile. ils auront, en tant qu’agents du Royaume, laissé des informations profitables au monde et aux croyants surchargés et non développés, qui, quoique consacres à Dieu, n’auront pas couru de manière à remporter le prix de l’appel céleste.

N’oublions pas, que tous ceux qui composent les ”pieds” sont ainsi engagés à publier ces bonnes nou­velles et à dire à Sien: ”Ton Dieu règne !” Le royaume de Christ est commencé! Et tous ceux qui sont d” vraies sentinelles peuvent alors voir clairement et chanter ensemble le nouveau cantique de Moïse et de l’Agneau — le chant du Rétablissement de toutes choses si unanimement chanté par les écrivains sacrés depuis la loi de Moïse, qui était ”l’ombre des [bonnes] choses à venir”, jusqu’aux révélations plus claires de l’Agneau de Dieu contenues dans les écrits du Nou­veau Testament” — disant: ”Tes voies sont justes et véritables . . . Toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi.” — Apoc. 15: 4.

Un à un, les ”pieds” passeront de la condition présente, où ils ont toujours été gardés bien que sou­vent las et blessés, à l’autre côté du voile; — changés en un instant, en un clin d’œil, de la mortalité à l’immortalité, de la faiblesse à la puissance, du dé­shonneur à la gloire, de la condition humaine à la céleste, avec ses avantages et son corps spirituels. Leur travail ne cessera pas avec ce changement parce que tous ceux qui seront trouvés dignes de cette nouvelle condition glorieuse seront déjà engagé” dans le service du Royaume de ce côté du voile; la fatigue seule cessera avec le changement —— “Ils se reposent de leurs peines, mais leurs œuvres les suivent.”

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Le “changement” de ces “pieds”, les mettra en possession de la même gloire et puissance dont jouis­sent déjà les membres qui dormaient jusqu’en 1878; ils seront “ravis” des conditions terrestres pour être réunis “ensemble”, “avec le Seigneur en l’air” (1 Thess. 4 18 — . D.). “L’air (ou les airs)”, dont il est parlé ici, symbolise les autorités ou puissances spirituelles. Satan a longtemps occupé la position de “prince de la puissance de l’air” (Eph. 2 : 2) et il a employé comme collaborateurs et co-associés plusieurs des grands de Babylone, qui sous l’effet de ses erreurs aveuglantes pensaient être au service de Dieu. Mais au temps convenable, le “chef [actuel] de l’autorité de l’air”, sera lié et ne séduira plus personne; et les cieux actuels, le grand système de l’antéchrist, “passe­ront avec fracas”, tandis que le nouveau Prince de l’air, le vrai gouverneur spirituel, le Christ, Jésus, prendra la domination et. établira les “nouveaux cieux” s’adjoignant dans ce pouvoir de l’”air”, son épouse, les “vainqueurs” de l’âge évangélique. Ainsi les “nouveaux cieux” remplaceront les puissances actuelles de l’air.

Mais ceux des “pieds”, qui vivront encore au début do la seconde présence du Seigneur, doivent-ils tous mourir? Oui; ils se sont tons consacrés “jusqu’à la mort”; et il est expressément écrit d’eux qu’ils doivent tous mourir; il n’y a aucun passage des Ecritures qui contredise cette pensée. Dieu déclare par Asaph: “J’ai dit: Vous êtes des dieux [des puissants]. Vous êtes tous fils du Très-Haut [Dieu]! Mais vous mourrez comme un homme: et vous tomberez comme un des princes.” — Ps. 82: 6—7.

Le mot qui est ici rendu par “princes” signifie prin­cipaux ou chefs. Adam et Jésus sont les deux chefs ou princes dont il est parlé ici. Ils moururent tous les deux, mais pour des raisons différentes: Adam pour son propre péché, Christ comme une offrande volon­taire pour les péchés du monde. Et tous ceux de l’église de Christ, justifiés par son sacrifice, sont re­connus libérés du péché d’Adam et aussi de la peine de mort attachée à ce péché, afin qu’ils puissent avoir leur part avec Christ comme co-sacrificateurs. C’est dans ce sens, comme co-sacrificateurs avec Christ, que la mort des saints est si estimée de Dieu (Ps. 116 : 15). Les membres du corps de Christ, lorsqu’ils meurent, sont reconnus comme “morts avec Christ”; “faits con­formes à lui dans sa mort.” Ils tombent comme un des princes — non comme le premier, mais comme le second Adam, comme membres du corps de Christ accomplissant ce qui reste des souffrances de Christ, —      Col. 1 : 24.

Jésus, dans St. Jean (10: 34—36), montre clairement que le terme “dieux (puissants)” s’applique à tous les fils du Très-Haut, qui seront cohéritiers avec Christ, l’héritier de toutes choses.

Vous mourrez tous comme des hommes, mais, “voici un mystère que je vous dis: nous ne dormirons pas tous (L).” Mourir est une chose, ”dormir” ou rester inconscient est une toute autre chose. Le témoignage de Dieu est donc celui-ci: Tous les saints doivent mourir, mais tous n’ont pas besoin de dormir. Notre Seigneur mourut et resta endormi jusqu’au troisième jour, où le Père le ressuscita des morts. Paul et les autres apôtres moururent et tombèrent ainsi dans le sommeil, ,se reposant de leurs travaux et peines pour dormir en Jésus et pour attendre la résurrection promise et leur part dans le Royaume à la seconde venue du Seigneur. D’après cela, lorsque arriva le mo­ment de l’établissement du Royaume, le moment de leur réveil fut propre aussi. Pourquoi leur attente et leur sommeil continueraient-ils, lorsque le Seigneur est présent et que le temps de son royaume est venu? Il n’y a aucune raison pour cela, c’est pourquoi, nous croyons qu’ils ne ”dorment” plus, mais sont mainte­nant ressuscités; qu’ils sont avec leur Seigneur et lui sont semblables. Et si leur sommeil dans la mort n’a plus sa raison d’être, aucun des saints, qui meurent maintenant depuis 1878 dans ce temps de la présence du Seigneur et de l’établissement de son royaume, n’a besoin de ”dormir ou d’attendre dans la mort pour une résurrection plus ou moins future. Non, béni soit Dieu! Celui qui donne la vie est présent et exerce sa puissance et son autorité depuis 1878. Voilà pourquoi le moment de la mort est le moment du changement de tous ceux des ”pieds” qui meurent depuis 1878. Ils meurent comme des hommes et semblables aux hom­mes; mais au même instant, ils sont faits semblables à leur Seigneur et deviennent de glorieux êtres spi­rituels. Ils sont enlevés des conditions terrestres pour être toujours avec le Seigneur — ”en l’air” — dans la puissance et la gloire du Royaume.

Ce fut après l’accomplissement du sacrifice de sa nature humaine et sa résurrection des morts, comme être spirituel, que Jésus déclara: ” Tout pouvoir m’est donné dans le ciel et sur la terre” (Matth. 28: 18). Et ce n’est que lorsque tous les membres du Christ, qui ayant suivi l’exemple de la tête, auront terminé leur sacrifice dans la mort, que le Christ sera complet et pleinement qualifié pour mener à bien le grand travail du rétablissement de toutes choses.

Combien sont donc significatives ces paroles: “Bien­heureux les morts qui meurent dans le Seigneur des maintenant [1878], oui, dit l’esprit; afin qu’ils se re­posent de leurs travaux; mais leurs œuvres les suivent” (Apoc. 14: 13). Nulle part ailleurs que dans ce pas­sage la mort n’est représentée dans les Ecritures comme une bénédiction; ici elle est particulièrement limitée à un temps spécial*): — “dès à présent” — et à une classe particulière: aux “morts qui meurent”; —eux seuls sont ces bienheureux. Cette expression ne doit pas être considérée comme une faute, mais comme une description puissante et expressive de la petite classe pour laquelle la mort sera réellement une béné­diction. — “Les pieds de Celui.” — Et comme nous l’avons déjà montré, chaque membre du corps de Christ doit terminer son sacrifice dans la mort réelle.

Ceux-là seuls sont les morts qui meurent. Ils sont reconnus de Dieu comme étant déjà morts et ils sont exhortés à se considérer aussi comme tels: “Regardez­-vous comme morts au péché” (Rom. 6:11). De ceux-ci seuls il peut être dit qu’ils meurent, qu’ils doivent

*) Le tome VII de l’Aurore du Millénium examinera les merveilleuses vi­sions de l’Apocalypse et expliquera clairement que le temps indiqué ici, par l’expression ,dès maintenant se rapporte intimement avec l’année 1878.

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finir leur course de sacrifice jusqu’à la mort véritable; pour ceux qui sont simplement morts au sens littéral cette expression n’aurait aucun sens.

Ainsi Dieu veut secourir Sien à l’aurore de son matin — au matin de l’éternel jour du triomphe de Christ. Ainsi, il la secourt déjà. L’un après l’autre, sans que le monde s’en doute, les saints sont main­tenant changés et rejoignent la troupe de l’Eglise triomphante; et ceux qui restent jusqu’à la fin pro­clament l’éternel Evangile (Apoc. 14 : 11), jusqu’à ce que la porte soit fermée et qu’il n’y ait plus d’oppor­tunité pour travailler. Jusque-là, ils doivent “rester debout” dans la foi et dans la patience et attendre leur changement, acceptant joyeusement leur délivrance quel que soit le moyen par lequel il plaît à Dieu de l’accomplir.

Ils seront ainsi sauvés du grand ouragan final qui suivra leur départ aussi bien que préservés dans la partie antérieure de la bataille, dans laquelle un mil­lier tombera dans l’incrédulité, vaincu par la peste des erreurs les plus diverses, pour un qui demeurera debout. —       Ps. 91 : 6—7.

Il     faut donc nous attendre, à mesure que le temps de détresse approche, à voir la véritable Eglise dans sa condition présente — l’Elie, la classe de Jean —diminuer en nombre et en influence; tandis que le Christ de gloire — l’Eglise triomphante de l’autre côté du voile — doit croître et régner, comme Jean-Baptiste l’a jadis indiqué prophétiquement. — Jean 3:30.

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