L’Enfer de la Bible.

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(Diffère beaucoup de l’enfer de l’orthodoxie chrétienne.)

—La vérité sanctifie, l’erreur pervertit. — “Tu réduis les mortels en poussière, et tu dis: Re­tournez fils de l’homme” (Crampon). — Ps. 90: 3.

La fausse représentation du Dieu tout-puissant est pour beaucoup la cause d’erreurs et de difficultés religieuses. On montre l’Eternel sous unaspect vraiment diabolique — comme ayant projeté et prédestiné avant la création de l’homme des tortures éternelles dans un enfer de feu pour tous excepté le «petit troupeau» des «élus». Suivant les enseignements des sectes chrétiennes Dieu aurait préparé pour tous les millions d’hommes non convertis dans cette vie un grand lieu d’horribles tour­ments avec des diables réfractaires au feu pour les tourmenter. Cette affreuse doctrine des tourments éter­nels terrifie les faibles, épouvante les gens de bien, dé­goûte l’homme intellectuel et rend méchants ceux qui la prêchent; elle empêche de s’approcher de leur Créa­teur ceux qui voudraient répondre à l’invitation de l’Evangile.

Nous ne voulons pas ici examiner tous les passages de l’Ecriture qui traitent du châtiment du péché, mais seulement montrer quelque peu les passages mal inter­prétés qui empêchent les croyants d’aimer et d’adorer Dieu et de faire des progrès dans la sainteté. Il n’y a que 2 versets dans l’Apocalypse et quelques paraboles et discours du Seigneur incorrectement traduits qui, pris au sens littéral, semblent appuyer l’erreur de l’enfer de feu et des tourments éternels. — Nous avons déjà traité ces questions dans une brochure et dans plusieurs Phares. — Nous les envoyons gratuitement à quiconque désire en prendre connaissance, pour rétablir sa foi et confiance en Dieu et en la Bible et marcher plus fer­mement que jamais dans le chemin étroit qui conduit à l’immortalité.

198 – Janvier 1909

Le châtiment du péché est la destruction.

Notre texte déclare que la peine du péché imposée par le Tout-Puissant est la destruction et non la vie éternelle dans les tourments. Adam qui pécha fut con­damné à la mort et non aux souffrances à perpétuité. La peine que Jésus souffrit pour Adam et pour nous tous fut la mort et non les tourments éternels. Mais grâce à cette rédemption, l’humanité a la promesse di­vine d’être relevée de la destruction, de la tombe —hébr. shéol et grec. hadès — l’enfer de la Bible. Ce relèvement de la destruction de l’enfer, du sépulcre, de l’état de la mort, est appelé en termes scripturaires la résurrection des morts. Et Dieu, par Christ, a pourvu au réveil de tous les morts: “C’est lui qui rachète ta vie de la fosse [de la destruction à laquelle le chemin large aboutit]» (Ps. 103 : 4). Mais si lors du réveil de tous, sur la terre pendant les 1000 ans — réveil nécessaire pour que les hommes connaissent la bonté, la justice, l’amour et la puissance de Dieu — il s’en trouve qui ne font pas de progrès vers le bien, ils mourront de la seconde mort, de laquelle il n’y aura plus de résurrec­tion, plus de restauration dans la vie: «Christ ne meurt plus.»

L’Enfer proprement dit.

L’Ancien Testament a été écrit en hébreu et le Nou­veau en grec. De 66 fois que le mot shéol se rencontre dans l’Anc. Testament, Ostervald l’a traduit une seule fois: «les enfers» (Job. 11 : 8, — Martin (abîme»); 2 fois: «les plus bas lieux» (Deut. 32 : 22 et Amos 9: 2); 2 fois: «abîme» (Job 26 : 6 et Prov. 15 : 24) partout ailleurs: «sépulcre». Segond et Crampon traduisent shéol le plus souvent par séjour des morts et quelquefois par sépulcre — en quelques endroits Crampon laisse subsister schéol. L’excellente Version de Lausanne (faite par des pasteurs qui connaissaient l’hébreu et le grec) a rendu partout shéol et hades par séjour des morts. Darby, quoique épris des tourments éternels, n’a pas osé traduire ces mots. Hadés se rencontre 11 fois dans le N.Testament. Stapfer le traduit par: «demeure des ­morts.” Ostervald le traduit quelquefois par enter (Matth. 11:23;16:18; Luc 10:15; 16:23; Apoc.1:18; 6:8) et quelquefois par sépulcre (Actes 2 : 27, 31; 1 Cor. 15: 55; Apoc. 20: 13. 14). Martin ne diffère que peu d’avec Ostervald. Ostervald révisé ne traduit plus que 4 fois les enfers (pluralisés) dans St. Matthieu et St. Luc. Crampon, en bon catholique, a laissé subsister l’enfer dans le N. Testament, pourtant, dans Actes 2 : 27, 31, il traduit séjour des morts et 1 Cor. 15:55 il traduit hadès par mort ainsi que Stapfer et la version Ostervald révisée.

Par ces comparaisons on voit combien peu — à l’in­verse des Bibles allemandes et anglaises — l’enfer se rencontre dans nos Bibles françaises; les meilleures traductions ne le mentionnent plus du tout. Si Ostervald et Crampon l’ont encore conservé quelquefois, c’est d’une manière erronée. — A supposer un instant qu’il y ait un enfer de feu, l’Apocalypse (20 : 14) nous montre le terrible enfer détruit dans la mort seconde. En résumé shéol et hades symbolisent le sépulcre, la première mort, et la Vallée d’Hinnom, la Géhenne symbolise la destruc­tion, la seconde mort. De là vient que nos pasteurs parlent très rarement de l’enfer et s’ils le font c’est plutôt pour le combattre; sauf quelquefois dans les petites dénominations protestantes, mais alors on est obligé d’avoir recours à la superstition, ou à la philo­sophie grecque.

On veut effrayer les gens par le spectre de l’enfer pour qu’ils se convertissent; mais St. Paul dit que c’est la bonté de Dieu, et non la terreur de tourments dans un enfer de feu, qui doit nous pousser à la repentance (Rom. 2 : 4). On passe très légèrement sur la Parole de Dieu. Par ex., quand il est dit (Ps. 94 : 23) que Dieu anéantira les méchants, on lit comme si le Psal­miste avait voulu dire, Dieu les préservera dans un feu éternel en compagnie des diables; et pourtant on sait que feu est le symbole de destruction et non de conser­vation. De même pour le mot mort on oublie tellement le sens de la langue maternelle qu’on interprète mort comme si ça voulait dire vie: «Le salaire du péché, c’est la mort [lisez, selon l’orthodoxie, vie]»: «Craignez celui qui peut tuer [lisez, conserver] l’âme et le corps dans la Géhenne.» Ou encore: «L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra [on lit, vivra, puisque selon les traditions humaines, l’âme est immortelle]»: «Dieu seul possède l’immortalité;» ici on va jusqu’à douter de la sagesse de Paul, puisque le pauvre mortel est aussi immortel. Suivant l’orthodoxie périr aussi signifie tout le contraire, c. à d. préserver; ainsi quand il est dit: “Les méchants périront» ça veut dire qu’ils seront conservés. — Rom. 6:23; Matth. 10: 28; Ezéch. 18:4; 1 Tim. 6:16 et Ps. 37:20.

Ceux qui aujourd’hui prêchent l’enfer se trouvent fort embarrassés quand on leur dit de le prouver par la Bible, les traductions nouvelles faites sur les textes originaux ne contenant plus ce mot. Quant aux tourments éter­nels, s’ils croient fermement à l’Apocalypse, ils y peu­vent lire (c. 21: 4 et 22 : 3) qu’à la fin du Règne des 1000 ans de Christ la dernière larme sera essuyée; «la mort [adamique] ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur [ce qui ne serait pas vrai si un seul être souffrait dans l’éternité].» «Il n’y aura plus d’anathème», Dieu soit loué!

Une expression de Job (14: 13).

Job, un des caractères les plus saillants de l’Ancien Testament, mentionné d’une manière spéciale comme un favori de Dieu, pria ardemment pour s’en aller en «enfer» dans le shéol, la tombe. Rien d’étonnant à cela, car pour le pauvre homme c’était le cas de le dire: «Le malheur atteint souvent le juste» (Ps. 34 : 20). Rejetant loin de lui toute idée de suicide, il désirait que la mort vienne le délivrer des douleurs et de la détresse. Pour l’éprouver, Dieu permit à Satan de faire à Job tout le mal possible (lisez Job ch. I et Il), mais de ne pas toucher à sa vie.

Pour ajouter à ses douleurs les amis et voisins de Job, au lieu de le consoler, lui tournèrent le dos et déclarèrent qu’il avait agi en hypocrite, que Dieu ex­posait maintenant ses fautes et le désapprouvait. En vain Job protesta-t-il de son innocence et en appela-t-il à l’Eternel — qui finalement prononça un verdict en faveur de Job, contre ses amis. Mais comme s’il n’en était pas assez des difficultés et épreuves du pauvre homme, sa femme mit le comble à son désespoir en lui

199 – Janvier 1909

disant: «Maudis (ou renie, laisse la) Dieu et meurs ! »(litt. Cr.) C’est dans cette fournaise d’épreuves que Job implora Dieu: «Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts (le shéol, m’y tenir à couvert jusqu’à ce que ta colère ait passé !(C.)

Quelqu’un ayant conservé son bon sens en matière religieuse peut-il penser un instant que Job après avoir traversé toutes ces afflictions pria ici Dieu de le jeter, de Charybde en Scylla, de la souffrance dans l’enfer et les tourments éternels pour y être rôti, à la merci des diables? Non, ce serait quand même trop fort! Job pensa évidemment que s’il plaisait à Dieu, il serait con­tent de mourir, de s’en aller dans l’enfer de la Bible, dans le sépulcre, l’état d’inconscience.

D’autres cas démontrant l’absurdité d’un enfer de feu.

Jonas (2: 3) “cria du sein du shéol”: il est évident que les entrailles, le ventre du grand poisson n’étaient pas l’enfer de feu, sinon il est fort à croire que le poisson aurait fait explosion et pourtant c’est le même mot employé: shéol d’où l’on veut faire découler l’enfer. De même pour le pieux Jacob (Gen. 37 : 35), aurait-il pensé descendre vers son fils, Joseph, dans l’enfer pour l’y rencontrer? On voit combien approprié pour shéol est le mot sépulcre. Il en est ainsi de hades, si ce mot dans Luc 16 : 23 signifie un enfer de feu, il signifie la même chose dans Actes 2 : 29 et 31; et alors le pieux roi David au lieu de s’endormir — puisqu’il n’est pas monté au ciel (Act. 2 : 34) — serait en enfer jusqu’à ce jour et Jésus aurait souffert trois jours et trois nuits les tourments éternels dans l’enfer et pourtant la Bible d’une voix unanime dit qu’il est mort pour nos péchés qu’il resta mort 3 jours et 3 nuits et que c’est le Père qui le réveilla d’entre les morts.

Nous expliquons la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare dans le Phare No. 1, janvier 1904, journal que nous enverrons gratis volontiers à quiconque le demandera.

Il n’y a pas non plus d’état intermédiaire entre le ciel et le sépulcre; le paradis que Jésus promit au bri­gand repentant quand Il viendrait dans son Royaume, sera la terre restaurée et renouvelée pendant le Règne des 1000 ans.

On se plaît beaucoup à citer: «Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; » mais très rarement ou y ajoute le reste de ce passage (Eccl. 9: 10): «Car il n’y a ni oeuvre, ni pensée, ni connaissance, ni sagesse dans le séjour des morts où tu vas.» Qu’y a-t-il de plus clair! dans le sépulcre où tous bons et mauvais s’en sont allés depuis 6000 ans. L’homme n’a absolument aucune conscience de lui-même. Les morts sont vraiment morts, la vie est éteinte à la mort; ils resteraient tels à toujours si Dieu n’avait pourvu à une résurrection des morts, à un réveil de la personne en être animé. Le moment même du réveil semblera à chacun celui où il est mort — y eût-il même des siècles d’intervalle, la notion de temps ne devant pas exister dans le profond sommeil de la mort.

Combien merveilleux apparaîtront la bonté et la mi­séricorde de Dieu aux multitudes de la race humaine quand rappelées à l’existence elles apprendront, la plu­part pour la première fois, de la bonté de Dieu, le bonheur qu’il a préparé pour tous. Au lieu d’être jetés dans les tourments aux caprices des démons, tous verront dans le Règne millénaire se manifester la bonté et l’a­mour de Dieu par son Fils bien-aimé, qui les a tous délivrés de la prison de la mort, et veut encore aider ceux qui le désirent à retourner à l’état adamique par­fait avec vie éternelle.

” Retournez fils de l’homme.

Nous voyons donc que l’enfer de la Bible c’est la tombe, l’état de mort et que les morts ne savent rien (Eccl. 9: 5; Ps. 146 : 4). Dans cette grande prison de la mort il y a des milliers de millions de fils d’Adam qui y sont enfermés. Mais le mot même de prison im­plique qu’il y a espoir, que les prisonniers ne sont ni oubliés, ni perdus de vue par Dieu, qu’il est dans son plan de les libérer. Job avait quelque chose de cette espérance lorsqu’il dit (14: 15): «Tu appellerais alors [au Millénium, au matin du réveil] et je te répondrais.» Notre Seigneur Jésus fut le premier de ces prisonniers qui par une résurrection retourna du shéol, du hadès, du sépulcre, suivant Pierre et David: «Dieu, le Père, l’a ressuscité des morts» nous dit Paul et Jésus con­firme cela, en disant: «J’étais [pendant 3 jours et 3 nuits] mort; et voici je suis vivant aux siècles des siècles». Dans la résurrection de Jésus nous avons l’assurance du bon plaisir et de la puissance de l’Eternel de délivrer tous les prisonniers, de réveiller, par Jésus, tous les morts.» — Jean 5 : 25; Actes 17: 31.

Le poète dit parfaitement:

O Seigneur, ta Providence

Toujours garde le mortel,

Lui donnant cette espérance

Qu’il te chante à son réveil.

Oui, retournez captifs à l’espérance. — Zach. 9:12. On rencontre souvent dans la Bible la mort repré­sentée comme une prison et contenant toute l’humanité captive jusqu’au glorieux matin de la résurrection et le Seigneur dit qu’il «tient les clefs de la mort et du sé­pulcre». Combien nous sommes heureux de savoir les clefs dans les mains si sûres de celui qui a tant aimé le monde qu’il donna sa vie en rançon pour tous: «Afin que Dieu soit juste et justifiant celui qui a la foi en Jésus» (Rom. 3 : 26). Combien nous qui croyons nous nous réjouissons en ce grand Sauveur qui peut sauver parfaitement. Combien nous pouvons louer Dieu de savoir que si le nombre de ceux qui croient maintenant est petit, le jour est proche où tous connaîtront le Ré­dempteur et les provisions et conditions du salut éternel. Ainsi qu’il est écrit: «La connaissance de l’Eternel rem­plira la terre comme les eaux couvrent (le fond de) la mer.» « Un homme n’enseignera plus son prochain, ni un homme son frère, en disant: Connaissez l’Eternel! car ils le connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand.» Gloire à Dieu! — Esaïe 11: 9; Jér. 31:34.

L’ouverture des prisons.

C’est à la grande prison de la mort que dans Esaïe 61 Jésus se référa en s’appliquant (Luc 4 : 19) cette prophétie à lui-même, — en disant qu’il rendrait la liberté aux captifs. Il ne fit aucun effort, à son premier avènement, pour délivrer les prisonniers des prisons au sens littéral du mot, soit de la Palestine ou d’ailleurs

200 – Janvier 1909

Il avait une plus grande et plus haute mission, il laissa même décapiter Jean-Baptiste dans la prison sans pro­tester d’un seul mot ou sans faire quoi que ce soit pour le délivrer. Notre Seigneur était alors justement en train de sauver le monde, de racheter tous les prison­niers et la prison y comprise, en vue de rendre la liberté à tous les hommes pendant l’âge du Millénium et cela par une résurrection de la mort.

Nous avons maintes fois déjà parlé de la résurrection des morts; résurrection veut dire en d’autres mots: rendre la liberté aux captifs. Il y aura deux résurrec­tions: la première sera une résurrection instantanée à la perfection de tous ceux qui pendant cette vie ont fait au moyen de la foi leur paix avec Dieu, qui Lui auront été fidèles et qui ainsi éprouvés actuellement seront récompensés de «la résurrection de vie» ; l’autre sera la résurrection générale de tous les hommes qui pendant les mille ans prochains seront réveillés de l’état de mort exactement dans la même condition dans laquelle ils sont morts, mais dans un milieu tout nouveau — pour avoir part à «la résurrection de jugement [du Milléni­um].» — Jean 5 29.

Pendant le Règne des mille ans, Satan et tout mal et toutes mauvaises influences seront «liés», empêchés, et la vérité, la droiture et toutes bonnes choses envi­ronneront l’humanité. Elle sera assistée, guidée et gou­vernée par l’Eglise de l’âge de l’Evangile, formant avec son Chef le Christ complet, la prêtrise royale.

C’est graduellement que l’homme sortira de l’état de mort, de péché et de dégradation pour atteindre à la perfection, à l’humanité parfaite, à l’image de Dieu —pour être restauré dans tout ce qui fut perdu par Adam en Eden, ramené au «premier état» paradisiaque avec augmentation du bien et des connaissances par l’expé­rience. — Esaïe 35: 10; Ezéch. 16 : 55.

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