L’Evaluation divine des caractères.

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“Or maintenant ces trois choses demeurent; la foi l’espérance et l’amour, mais la plus grande c’est l’amour.”

—1Cor. 13 :13.

On reconnaît généralement la valeur d’un caractère résolu et décidé. On s’efforce de faire adopter à la jeunesse quelque idéal élevé, quelque noble but de con­duite, de lui faire poursuivre cet idéal en éveillant les forces et l’énergie nécessaires pour l’atteindre. Ceux qui n’ont aucun but, aucun idéal dans la vie sont des inutiles, des malheureux, et le résultat bon ou mauvais de l’existence de chacun — le bonheur ou la misère que notre conduite amènera sur ceux qui se trouvent en contact avec nous — sera en harmonie avec l’idéal que nous nous serons proposé. De plus, les gens actifs, énergiques, entreprenants qui ont un idéal et qui s’ef­forcent de l’atteindre, expérimentent fréquemment en avançant en âge, un changement dans leur manière de voir. Ils s’aperçoivent que leur idéal n’est pas satis­faisant. Il est hors de doute que telle est l’expérience de la majorité des sages de ce monde. Il s’ensuit que le commencement d’une nouvelle année est considéré comme un moment favorable pour tous de former de nouvelles résolutions et se diriger résolument vers un nouvel idéal. Quant à ceux qui ont déploré la faillite de leur idéal passé, tant à cause de ses difficultés que de leur propre faiblesse, une occasion favorable s’offre pour tenter un nouvel effort de volonté et d’énergie. C’est de plus, un moment propice pour écarter nos an­ciennes conceptions et les remplacer par de plus élevées et plus nobles.

Les chrétiens de nom et les vrais chrétiens.

Ce que nous venons d’observer est applicable à toute l’humanité, mais bien plus important pour le vrai chré­tien que pour le monde, parce que le but et l’espérance que les Ecritures lui font entrevoir sont bien plus éle­vés et d’une valeur beaucoup plus considérable que ceux que le monde en général connaît. Il nous faut ici établir la différence qui existé entre le chrétien de nom et le vrai chrétien. Le nom de chrétien a été par l’usage rendu synonyme de civilisé; mais il n’en est pas ainsi dans la Bible et notre point de vue doit être celui des Ecritures. Le vrai chrétien est donc celui qui dans la Bible s’est reconnu pêcheur — «par nature un enfant de colère comme les autres» (Eph. 2 : 3) — et qui désire fuir son péché et ses imperfections pour chercher la justice et la vie éternelle. Il a compris grâce à la Providence que c’est par Jésus seul, le chemin, la vérité et la vie, qu’il peut revenir à la communion et à l’amour de Dieu et saisir son don ineffable, la vie éternelle. Le vrai chrétien est celui qui a accepté Christ comme son Rédempteur et qui, tout en combattant pour la justice en opposition au péché au dedans et au de­hors, ne s’abuse pas en croyant qu’il peut le faire d’une manière parfaite; mais, tout en se rendant compte de l’imperfection de ses meilleurs efforts, il se repose sur les mérites du grand sacrifice de la rédemption de Christ, pour effacer ses transgressions involontaires.

Par sa foi au sang précieux, il est reconnu membre de la «famille de la foi» et il est dénommé un des «frères”.

Mais un chrétien dans le sens plus élevé encore, selon l’exposé des Ecritures, est celui qui va plus loin que ces efforts vers la justice. Il écoute, les paroles de Paul: «Je vous exhorte donc, frères, par les com­passions de Dieu, à offrir vos corps en sacrifice vivant saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.”

Ce sacrifice dont parle l’apôtre est mis en pratique par bien peu de membres de la maison de la foi. C’est plus que combattre le péché. C’est un abandon de la volonté et partant de tout ce que nous possédons au service de Dieu et de son message de grâce. Cela signifie un tel changement que ceux qui font ce pas sont appelés dans les Ecritures: «Nouvelles créatures en Christ;» “Membres [spéciaux] du corps de Christ», ils sont «engendrés de nouveau», ils forment “la sacri­ficature royale” la “nation sainte” le “peuple acquis”.

Ceux-ci entrent en contrat avec Dieu, en abandonnant tous leurs droits et privilèges comme hommes pour ob­tenir les plus grandes bénédictions et les privilèges des êtres spirituels, qu’ils posséderont pleinement lors de leur changement dans la résurrection. Pour eux: “les choses anciennes sont passées; toutes choses sont deve­nues nouvelles.” — 2 Cor. 5 : 17

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Les buts et ambitions terrestres qu’ils avaient autrefois comme idéal ont été échangés contre, de nouvelles aspirations spirituelles, des espérances célestes. Si autrefois, ils voyaient en César, ou Napoléon, ou Alex­andre le Grand, leur idéal de courage, ou si autrefois un Carnégie, un Rothschild, étaient leur idéal financier et Platon, Confucius, Racine, etc., leur idéal littéraire, ces sentiments sont maintenant changés, ils ont devant eux dans les héros chrétiens, de nouveau modèle de ces aspirations transcendantes. Non qu’ils aient perdu l’ap­préciation des richesses, des honneurs, de la puissance ou du sens littéraire; mais parce qu’ils apprécient le choses d’un tout autre point de vue.

Choses aimées autrefois méprisées maintenant.

Les nouveaux sommets du haut desquels ces “nou­velles créatures” jugent toutes choses, sont tellement élevés que leurs types humains tant honorés autrefois s’en trouvent grandement dépréciés. Lorsqu’ils pensent à présent aux grandeurs, aux victoires et à la puissance, ils ne voient plus de césars, mais pensent à Jésus —à sa victoire plus grande, à son exaltation glorieuse à la puissance, à l’honneur et à l’immortalité du Royaume céleste qui sera bientôt établi et qui dominera toute la terre, non pour des fins égoïstes, mais pour le bien de tous les hommes. Voilà leur idéal et en tenant compte des promesses de l’Eternel dont les Ecritures sont rem­plies, ces “nouvelles créatures” aspirent maintenant à devenir “héritiers de Dieu, cohéritiers de Jésus-Christ, leur Seigneur”. — Rom. 8: 17.

Et ils ont l’assurance d’avoir part à la gloire, à l’hon­neur et à l’immortalité, de Jésus s’ils sont fidèles jusqu’à la mort (Apoc. 2 : 10). Au lieu de perdre l’appréciation des richesses, ils en prennent une vue plus haute en écoutant la bonne Parole: “Tout est à vous . . et vous êtes à Christ.” — 1 Cor. 3 : 21—23.

Ils aspirent donc selon l’invitation divine — non seu­lement à la possession de tout pouvoir, mais aussi de toutes richesses, non pour un usage égoïste, mais afin de pouvoir répandre les faveurs et les bénédictions di­vines sur l’humanité entière pendant l’âge millénaire —”les temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de tous ses saints prophètes”. — Actes 3 : 19—21.

L’ardeur à s’instruire du croyant consacré, loin de diminuer, augmente plutôt, bien qu’elle prenne une autre direction et qu’elle ait pour guide la parole divine au lieu des conjectures humaines ou des spéculations philosophiques. Se contentant d’avouer leur ignorance sur certains points, ils ont l’assurance que bientôt ils connaîtront comme ils sont connus — parfaitement; et que, dans le temps présent, en suivant les conseils de la Parole de Dieu ils sont réellement sages vis à vis de Dieu, même si les sages de ce monde les prennent en pitié, ils se contentent de croire que l’avenir montrera la fidélité de Dieu et prouvera que beaucoup des soi-disant sages et érudits ont été dans l’erreur en la plu­part de leurs conjectures concernant la vérité.

En nous renfermant dans la classe des vrais chrétiens, à qui les Ecritures s’adressent, nous trouvons que parmi eux — à cause des dispositions mentales différentes et des expériences diverses — les uns sont disposés à placer un trait de la lettre divine avant un autre ce qui amène quelque confusion et des opinions différentes.

L’un nous dit que pour lui la plus haute conception d’une vie chrétienne consiste en l’activité au service des autres, par la prédication ou le service missionnaire. Pour d’autres la plus haute conception du devoir pour une nouvelle créature est de s’occuper de l’entretien des siens, de faire des oeuvres de bienfaisance, de secourir les frères pauvres et les déshérités de ce monde en leur tendant une main secourable.

D’autres aussi nous disent que pour eux c’est l’étude de la Parole de Dieu, pour arriver à comprendre le plan du Créateur et l’enseigner à d’autres. Il est un fait positif, c’est que toutes ces aspirations sont louables et conviennent selon les circonstances, les Ecritures ce­pendant montrent un plus haut point de l’idéalisme chrétien.

En considérant notre texte avec son contexte, nous nous apercevons que l’apôtre a discuté les dons miracu­leux possédés par l’Eglise primitive à elle octroyés par le Seigneur pour son instruction et son établissement,

L’apôtre parle des dons divers accordés alors aux croyants: l’un dans une assemblée avait le pouvoir de parler dans un langage inconnu qu’il n’avait jamais étudié; un autre était doué pour interpréter ou traduire le message de la langue étrangère dans la langue ma­ternelle de la congrégation. Le message était ainsi transmis par deux personnes et le peuple du Seigneur — qui n’avait pas alors de Bibles ni les assistances que nous avons maintenant pour en jouir et les employer avec profit — bénéficia de ces moyens de l’Esprit du Seigneur, pour son instruction.

D’autres reçurent le don de guérir, d’autres celui de la connaissance et de l’éloquence.

L’apôtre trouva les frères de ce temps inclinés à attacher trop d’importance à ces dons de l’Esprit. Quel­ques-uns d’entre eux semblaient s’enorgueillir spéciale­ment du don des langues. L’apôtre leur assura qu’il parlait plus de langues qu’aucun d’eux — qu’il possé­dait plus de dons divers; mais qu’il ne considérait pas cela comme son plus précieux trésor, ni comme la preuve d’une priorité parmi les serviteurs du Roi des rois. Il leur dit en substance: il nous est bon d’estimer ces dons, de chercher à les utiliser et de désirer le meilleur d’entre eux.

Il leur dit que le don de discours ou de prophétie est des plus utiles à cause des plus grandes occasions qu’il offre d’influencer les autres; il leur conseille donc de rechercher avec le plus d’ardeur ce don, plutôt qu’une langue inconnue.

Paul déclare d’ailleurs que tous les dons de l’Esprit sont bons et que Dieu a placé dans l’Eglise: Première­ment les apôtres, puis les prophètes, les docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, les dons de guérir, de secourir, de gouverner et de parler diverses langues. Paul place donc au dernier rang de tous les dons, celui

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des langues, dont les Corinthiens se faisaient une si haute idée, et ajoute: “Tous ont-ils les dons de guérisons? Tous parlent-ils en langues étrangères? Tous inter­prètent-ils? Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer la voie par excellence” — quelque chose de meilleur qu’aucun de ces dons. — 1 Cor. 12 : 27—31.

Les fruits de l’Esprit sont supérieurs aux dons.

Les fruits de l’Esprit doivent se développer en nous comme nouvelles créatures en Christ, croissant journelle­ment et graduellement, Ils se manifestent sous forme de foi, d’espérance, de douceur, de patience, de longa­nimité, de bonté et d’amour. Ce sont des dons en un certain sens du mot, mais des fruits en un autre sens. De même que le fruit d’un arbre est un don envers celui qui en a soin, tel le fruit du nouvel homme. Ces fruits de l’Esprit représentent un développement du ca­ractère sous l’égide divine et par son aide, et sont par conséquent bien supérieurs à ces dons miraculeux de l’Eglise primitive qui n’indiquaient aucun trait de déve­loppement particulier, mais avaient simplement pour but d’être des témoignages, des encouragements.

Paul cherchant à atténuer une trop grande appréci­ation des dons de l’Eglise primitive, les met en contraste avec des choses plus élevées encore et dit que les dons cesseront, mais non pas les fruits développés. Que les prophéties, les dons de langues cesseront, que la con­naissance [actuelle] disparaîtra, remplacée par une plus grande connaissance, mais que la foi, l’espérance et la charité subsisteront, continueront.

Il en a été ainsi: Les dons miraculeux qu’avaient les apôtres ont cessé nécessairement après leur mort et après la mort de ceux auxquels ils avaient remis ces pouvoirs. Mais tout le long de l’âge de l’Evangile, pendant des siècles, la foi a subsisté, l’espérance et l’amour aussi et nous avons encore ces trois fruits. Quiconque les pos­sède avec ce qu’ils impliquent — est au delà de toute comparaison plus riche en grâce que ceux qui possé­daient les dons miraculeux au commencement de notre âge.”

“L’amour ne périt (ne tombe) jamais.” — I Cor. 13 :8.

La foi cessera un jour en ce sens qu’elle prendra fin lorsque le temps actuel de connaissances bornées aura passé; car, alors, au lieu de la foi nous aurons la vue. L’espérance elle aussi n’aura plus sa raison d’être quand au lieu d’espérer les choses promises par Dieu, nous posséderons ces promesses elles-mêmes; mais l’amour ne cessera jamais.

Quiconque donc atteint à cette glorieuse condition de l’amour possède une merveille et une joie pour toujours. Son caractère en sera embelli, il sera beau et chéri de son Seigneur. Cette qualité lui vaudra ces paroles du Maître : “C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de choses, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.” Tu as fidèlement développé mon esprit d’amour dans les petites choses de la vie, c’est pourquoi je te donnerai à faire de plus grandes choses, dans la gloire à mon service, pour la bénédiction des autres.

Et cette condition d’amour, essentielle pour avoir la faveur divine, sera indispensable aussi pour la vie éter­nelle et le bonheur éternel des individus. Car si Dieu donnait la vie éternelle à d’autres qu’à ceux parvenus à cette perfection de sa propre nature, il permettrait l’entrée au ciel à un élément qui tôt ou tard serait en danger de faire du mal, d’amener des oeuvres d’égoïsme, de péché et d’injustice. Cette condition idéale d’amour qui se développe maintenant chez les saints, durant les quelques années de ce court temps d’épreuve, doit se développer aussi dans l’humanité — en tous ceux qui veulent atteindre la vie éternelle pendant l’âge millé­naire. La différence est qu’ils auront mille ans pour le développement de ce trait du caractère divin, alors que nous avons une période beaucoup plus courte pour affermir notre appel et notre élection.

Mais aussi, si notre épreuve est plus brève et en conséquence plus rigoureuse, elle comporte la récompense plus grande d’avoir part à la nature divine — la gloire, l’honneur et l’immortalité.

Prenons donc la résolution, chers amis, pendant cette année de faire tous nos efforts pour acquérir la chose principale; que l’amour de Dieu se répande de plus en plus dans nos coeurs et que nous approchions de plus en plus de sa ressemblance prenant autant que possible exemple sur son caractère dans nos discours, nos actes et nos manières. Nous atteindrons ainsi l’idéal le plus élevé, l’idéal de Dieu et la plus haute bénédiction, celle de Dieu. — L’amour qui est l’accomplissement de la loi.

L’amour est la grandeur suprême,

L’amour est la gloire du ciel;

L’amour est le vrai diadème

Du Très-Haut et d’Emmanuel.

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