Antioche ville des premiers chrétiens.

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— Actes 9:19-30; 12: 25 —

Comment l’Evangile se répandit premièrement.

Antioche, au nord de Jérusalem, sur la côte de la Méditerranée, capitale de la Syrie, fut autrefois une ville très importante, elle occupait le troisième rang parmi les villes de l’ancien empire romain, derrière Rome et Alexandrie. Notre Seigneur jugea bon de nous faire savoir comment l’Evangile y prit racine, pour nous faire voir la simplicité de l’Eglise primitive sous l’influence de l’Esprit saint agissant par deux des plus habiles docteurs de l’Evangile. Nous pouvons trouver là, pour notre plus grand avantage, l’image de ce que devrait être l’église de Dieu quant à la foi, la simplicité, l’a­mour et le zèle ardent.

Nous y remarquons la main de la Providence. La lapidation d’Etienne eut pour suite un état général d’op­position des Juifs contre les chrétiens. Dieu permit cela afin que les messagers de l’Evangile se dispersent et annoncent la parole partout où elle devait être annoncée; fidèle à l’injonction du Seigneur: «Lorsqu’on vous persé­cutera dans une ville fuyez dans une autre;» c’est ainsi que l’Evangile franchit les frontières de la Palestine. La connaissance du fait que «le mur de séparation» entre Juifs et Gentils (Eph. 2: 14) était renversé ne s’était pas encore généralisée. La croix de Christ devait être prêchée premièrement aux Juifs, la postérité na­turelle d’Abraham qui avait la promesse. Mais mainte­nant ceci n’avait plus sa raison d’être et la Providence voulut que quelques-uns des croyants d’Antioche fussent des Juifs de Chypre et de Cyrène, plus familiers avec le grec qu’avec l’hébreu. Comme leur coeur débordait de joie, ils ne purent se retenir de parler de cette bonne nouvelle aussi à leurs voisins gentils qui, à leur grande joie, répondirent d’une manière enthousiaste: « Un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Sei­gneur.” — Actes Il : 21.

Le secret de leur succès se trouve dans la déclaration: «La main du Seigneur était avec eux”. Main, au figuré, signifie direction, puissance. C’est en cela que réside le secret de la réussite de tout travail chrétien: l’appro­bation céleste. Chaque chrétien individuellement est pour ainsi dire un doigt de l’Eternel, de même que notre cher Rédempteur en fut un quand il dit: «Moi, comme le doigt de Dieu, je chasse les démons” (Luc 11: 20 — fit.). Si nous tenons à être employés et à servir d’agents de Dieu, il nous faut chercher à être inspirés et guidés par lui. Il nous faut écouter sa voix dans sa Parole et laisser agir en nous la puissance d’énergie de son esprit de vérité. Jésus dit «Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point: mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous et il sera en vous” (Jean 14: 16, 17). Celui qui oublie cela risque de ne point rendre un service agréable et qui donne de bons résultats. Mais ne mesurons pas toujours le succès de nos efforts par le «grand nombre» que nous pourrions gagner à la cause divine comme cela se produisit dans ce cas plutôt exceptionnel. Et néanmoins nous osons nous attendre à voir quelque fruit de notre travail Si, pour s’y être pris maladroitement, nous avons perdu notre influence en tant qu’«ambassadeurs de Dieu», apprenons que nous avons besoin de plus de sagesse et au besoin demandons au Seigneur ses directions en vue d’un autre champ de travail, à un autre endroit, s’il le faut, où nous pourrons donner notre mesure en tenant compte de ce que l’expérience nous a appris.

“Les oreilles de l’Eglise”.

L’unité du corps de Christ, de l’Eglise, est illustrée par le fait que l’écho des progrès de la vérité à Antioche

5 – Juillet 1909

parvint aux oreilles de l’assemblée de Jérusalem> (L. ~‘ D.). Cela nous rappelle 1 Cor. 12 où Paul compare l’Eglise au corps humain dont les membres actifs sont les mains, les pieds, les yeux, la bouche, etc. Les apôtres à, Jérusalem étaient sur le qui-vive (vé­ritables oreilles de l’Eglise) pour aider, encourager et pour assister à la publication de l’Evangile partout, de même que nous du Watch Tower [de la Tour de Garde] nous nous intéressons au progrès de la vérité dans tous les pays: «Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de Celui qui annonce la bonne nouvelle.” Le chrétien ne doit pas être égoïste et ne doit pas «oublier la bienséance et la communication de ses biens”. — Hébr. 13: 16.

Dieu pour son action se sert de moyens, de moyens humains surtout, et nous, ses représentants, devrions suivre son exemple. Il fallait que ces nouveaux con­vertis soient assistés, encouragés, avertis des dangers et munis d’une connaissance plus claire du plan divin pour que, sous la bannière de Christ, ils deviennent une force pour le bien et non pour le mal. Un disciple nommé Joseph fut choisi à cet effet.

Ce Joseph avait montré un grand zèle pour l’Eternel et pour l’Eglise; il avait vendu son champ pour le bien commun des premiers chrétiens. Les apôtres lui don­nèrent le beau nom de Barnabas, ce qui signifie «fils de consolation». Combien cela nous fait aimer Barnabas plus que s’il avait été dit de lui que, quoique disciple de Jésus, il était querelleur, disputeur, critique impé­nitent, etc.

Il est des chrétiens qui par la grâce divine ont reçu la vérité, mais dont le naturel est porté à la contention, qui ont un caractère combatif. Ceux-là ont besoin de beaucoup de vigilance pour cultiver l’amabilité et l’hu­milité. Les autres frères certainement doivent être d’autant plus patients envers de tels, s’ils les savent au fond honnêtes et sincères, luttant contre leurs disposi­tions agressives et leurs mauvais penchants. Point n’est besoin de les encourager dans cette voie en leur confiant une position de conducteurs de troupeaux, par ex.; on rendrait un mauvais service aussi bien à eux qu’à la cause qu’ils désirent servir, à moins qu’on ne re­marque en eux des preuves qu’ils ont surmonté leur esprit dominateur et tapageur. Le Seigneur ne se sert comme missionnaires et représentants de l’Eglise que de ceux qui ont son Esprit de débonnaireté, de douceur et de patience, tout en étant fermes et puissants dans la vérité.

Le fils de consolation choisi.

Les apôtres de Jérusalem firent évidemment un choix heureux en Barnabas comme représentant des frères à Jérusalem et comme évangéliste itinérant pour visiter les frères nouvellement intéressés à Antioche qui n’était que le point terminus de son voyage. Il s’arrêta en route pour visiter aussi d’autres groupes d’enfants de Dieu.

Combien ce voyage à Antioche fut béni! Barnabas reçut d’abord lui-même une bénédiction. Il y vit à l’oeuvre la grâce de Dieu et s’en réjouit, il exhorta tous les croyants d’Antioche à rester d’un coeur ferme atta­chés au Seigneur. Ils s’étaient déjà séparés du judaïsme et du paganisme pour se rallier à Christ sans épithète. Barnabas les exhorta à ne pas se mêler à d’autres affiliations; à rester unis au Seigneur «avec décision du coeur» (L.} — non pas temporairement ou seulement parce que l’intelligence a saisi la logique de la religion de Christ, mais à abandonner complètement pour tou­jours tout leur être au Seigneur dans une consécration pleine et entière.

C’est cette consécration qui fut le sujet de la prédi­cation de Barnabas et cela pendant un certain temps, le résultat fut: “Qu’une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur.”

De Barnabas il est encore dit: «C’était un homme de bien plein d’Esprit Saint et de foi.” Recherchons jusqu’à quel point se trouvent en nous ces beaux traits carac­téristiques et si par les bontés divines ils abondent encore en nos coeurs? Que pourrait-on dire de mieux d’un enfant de Dieu? Combien cela ne valait-il pas beaucoup plus que s’il eût été dit de Barnabas: «C’était un homme savant, une forte tête, plein de confiance en soi-même et un habile collecteur d’argent pour l’Eg­lise.” Son coeur était rempli de l’Esprit de sainteté et il était plein de foi et de puissance pour la vérité de Dieu.

Nous remarquons encore que les signes habituels de prospérité parmi les chrétiens de nom ne sont pas men­tionnés ici — érections d’églises, collectes, etc. L’Eglise primitive ignore la question monétaire et celle de la construction de grands temples. Son travail consistait à proclamer Christ, à changer les coeurs des hommes du péché à la justice, de l’ignorance à la connaissance, de l’incrédulité à la foi, de la méchanceté à la sainteté.

Saul à Antioche.

Barnabas voyant l’étendue du champ d’activité qui se présentait à lui à Antioche pensa à Saul de Tarse en qui il sut discerner un précieux auxiliaire. Il plut au Seigneur évidemment que Paul se retire et reste seul un moment pour bien s’assimiler certains traits de la vérité et pour développer en lui l’humilité, la foi et l’obéissance. Mais maintenant le temps était venu ou il devait être introduit dans l’oeuvre de l’Evangile. Dieu se servit de nouveau d’un instrument. Barnabas, plutôt que de lui écrire une lettre, alla le trouver personnelle­ment pour lui montrer la porte ouverte d’un grand travail à Antioche et lui faire voir comment il pourrait maintenant utiliser son savoir et ses talents au bien des frères et à une plus grande consolidation de la vérité. Pendant toute une année il se réunit avec l’assemblée d’Antioche et enseigna beaucoup de personnes en par­ticulier et publiquement.

Disciples appelés chrétiens.

“Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens.» N’allons pas croire que ce sont les Juifs qui les appelèrent ainsi ou que cela eut lieu dans une ville où l’élément juif prédominait. Christ est la traduction grecque du mot hébreu Messie. Et jamais les Juifs n’auraient voulu admettre que Jésus fut le Messie ou que ses disciples fussent des chrétiens, des messianistes. Ce ne sont pas non plus les chrétiens qui s’appliquèrent ce nom, mais ils furent appelés ainsi par d’autres. Si seulement cette coutume avait prévalu et que dans le monde entier on ne donnât aux disciples de Christ que ce beau nom.

Lors de la résurrection des bienheureux et saints, ceux qui auront porté des noms sectaires, tels que bap­tiste, darbyste, adventiste, méthodiste, salutiste, réformé.

6 – Juillet 1909

catholique, etc. n’auront aucune priorité sur les autres, le nom qui subsistera sera celui de chrétien. Pourquoi après s’être ornée de son nom, l’épouse du Messie le compliquerait-elle en s’affublant encore du nom d’un homme ou d’une institution humaine? Nous exhortons tous les croyants consacrés à Dieu de se défaire de tout titre et joug humains et de demeurer fermes dans la liberté de Christ. Plaçons-nous sous le joug et la servitude du Chef et sous la direction de son Esprit, en vertu de quoi nous sommes liés par tous les principes de justice et redevables. A tous ceux qui ont l’es­prit, les pensées, les dispositions du Maître comme membres du seul et unique corps. Si nous nous sépa­rions de ces liens d’amour, de sympathie, de charité et d’obéissance, cela serait ni plus ni moins notre inanition, notre mort, comme un sarment ne peut porter du fruit s’il ne reste attaché au cep, s’il n’a pas communion avec les autres sarments du même cep s’il ne participe pas au suc (des grâces et bénédictions) qui par les branches parvient à tous les véritables sarments.

Un beau geste des chrétiens d’Antioche.

Grâce à la Providence les frères d’Antioche furent avisés à l’avance d’une famine qui menaçait le monde civilisé tout entier. Immédiatement les frères d’Antioche décidèrent d’aider les frères de Jérusalem spécialement pauvres et persécutés et firent une collecte à cet effet. Si l’esprit de mutualité fraternelle n’avait pas été en eux, ils eussent pu hésiter et se dire, que comme eux-mêmes étaient peu fortunés ils se ressentiraient égale­ment des conséquences de la famine. L’amour de Dieu répandu dans notre coeur surmonte beaucoup de notre égoïsme inné et naturel, il tend à nous rendre généreux et à nous faire penser aux autres. Combien beau et véritablement chrétien est cet esprit! Il nous fait aimer ces chers frères d’Antioche et nous inspirer de leur bel exemple. Soyons toujours empressés à assister de notre mieux au près et au loin tout compagnon de foi du corps de Christ.

St. Jean conclut très bien: «Que si quelqu’un possède les biens du monde et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui?” — L’amour distingue les enfants de Dieu d’avec ceux du monde. «A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.” — 1 Jean 3: 17; Jean 13:35.

S’il se présente à nous une occasion de faire du bien, ne la négligeons pas, mais enquerrons-nous avec soin ce que nous pourrions faire, pensant que peut-être le Seigneur veut ainsi éprouver notre amour pour lui et pour les frères. Nous ne pourrons que profiter en con­sidérant toutes choses. A ce point de vue, que le Sei­gneur nous guide et surveille toutes nos affaires, quoiqu’il nous advienne épreuves et difficultés, joies et plaisirs; et notre foi et notre bonheur céleste ne pourront qu’y gagner.

C’est à Paul et Barnabas que furent confiés le soin de faire parvenir eux-mêmes les secours aux frères de Jérusalem en vue de la famine qui était imminente. Aussitôt déchargés de leur mission ils retournèrent à Antioche amenant avec eux Jean Marc, un nouvel ouvrier dans la bonne oeuvre.

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