Discours d’adieu de Paul aux anciens d’Ephèse.

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— Actes XX. —

Préparatifs de Paul pour son voyage à Jérusalem et arrêt à Milet.

Après le tumulte d’Ephèse, St. Paul partit de cet endroit pour aller visiter les églises qu’il avait fondées en Europe. Il se rendit en Macédoine et en Grèce et de là voulut s’embarquer pour la Syrie, mais ap­prenant que les Juifs lui dressaient des embûches il reprit la route de la Macédoine — il apportait aussi avec lui le produit des collectes que pour les pauvres de Jérusalem il avait fait faire dans les quatre pro­vinces où il avait prêché. A Philippes il s’embarqua pour Milet, via Troas, où il resta quelques jours et entre autres détails marqua son passage par la résur­rection d’un jeune homme: Eutychus. Il était accom­pagné de sept délégués et représentants des églises de Thessalonique, de Bérée, de Derbe et de l’Asie (savoir, Sopater, Aristarque, Second, Gains, Timothée, Tychique et Trophime) et naturellement de Luc. Le vais­seau qui devait transporter Paul et ses compagnons à Jérusalem s’arrêtant un certain temps à Milet, Paul en profita pour envoyer chercher les anciens de l’église d’Ephèse et saisir ainsi l’occasion de leur faire ses adieux.

C’est surtout à ce discours de l’apôtre à ces anciens que nous voulons nous arrêter dans cet article.

Ne jugeons pas l’apôtre comme si dans ce discours il avait voulu se glorifier de ses actes et travaux an­térieurs. Ce fut plutôt un récit sans ostentation de faits dont ses auditeurs convenaient pleinement. Paul leur rappela sa conduite, non pour se vanter lui-même, mais pour qu’ils s’en ressouviennent et pour rendre la

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leçon du moment plus impressive et pénétrante. Il leur rappela que durant trois années ils se trouvèrent en contact continuel avec lui, qu’ils connaissaient donc intimement sa vie, son attachement au Seigneur, son dévouement au service de la vérité et des frères. Il leur rappela sa douceur d’esprit; il n’a pas été un frère prétentieux, hautain, arrosant au milieu d’eux; bien loin de les dominer (1 P.5 : 3) il avait au milieu d’eux souffert bien des épreuves et des difficultés de la part des juifs et de « faux frères ».

Les Ephésiens connaissaient l’oeuvre de Paul et son endurance. Ils savaient qu’il ne leur cachait rien de ce qui leur était utile; les instruisant, selon les cir­constances, publiquement et dans les maisons. Il avait annoncé aux Juifs et aux Grecs l’unique évangile de Christ qu’il fallait accepter par la foi, en se détournant du péché. Il pouvait leur dire cela d’autant plus hardiment qu’il vivait lui-même cet Evangile et cette vie sainte de Christ; aussi pouvait-il les exhorter à limiter dans le zèle et la fidélité. Il a été un fidèle évêque ou surveillant, un bon pasteur des Ephésiens, veillant dans leur intérêt pour leur nourriture, et leur bien spirituel. Sachant que Paul pouvait sans pré­tention dire tout cela de lui, qu’il était véridique; ils étaient on ne peut mieux préparés à recevoir dans leur coeur ses exhortations d’adieu, édifiantes et solennelles.

« Lié par l’Esprit. »

Il informa les frères que quoique physiquement libre il ressentait en son esprit comme une obligation, une contrainte contre laquelle il ne pouvait réagir; qu’il devait se rendre à Jérusalem, que c’était ainsi voulu de Dieu; et qu’en même temps, grâce aux dons de l’Esprit Saint, il était averti que des liens et l’empri­sonnement l’attendaient à Jérusalem. C’est alors qu’il prononça ces paroles courageuses: « Mais je n’en tiens nul compte, et je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie pourvu que j’accomplisse ma course avec joie et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j’ai séjourné en prêchant le royaume de Dieu.” L’apôtre était en relations plus intimes avec l’église d’Ephèse qu’avec aucune autre peut-être. Il paraît qu’elle fut une des plus florissantes de toutes. C’est au milieu d’elle que par la Providence il séjourna le plus longtemps et les résultats obtenus justifient ce séjour amplement. La séparation entre amis est toujours douloureuse et quand c’est sans espoir de revoir « de ce côté du voile » c’est une épreuve doublement pénible.

Prêchant le royaume de Dieu.

Notons en passant le message dont l’apôtre s’était acquitté auprès des Ephésiens et qu’il met particulière­ment en relief comme évangile de Christ — l’annonce du royaume de Dieu. Il eut juste de dire que c’est le même Evangile que nous prêchons aujourd’hui —c’est à dire, le salut pour quiconque le veut quand le Royaume sera inauguré et non la damnation éternelle de la plupart des gens. La grâce de l’Eternel a été manifestée dans le don de son Fils, afin que par la grâce de Dieu Jésus goûtât la mort pour tous. La bonté divine a encore été manifestée en nous donnant un aperçu de la manière par laquelle la mort de Christ fut destinée à apporter des bénédictions à l’humanité.

D’abord, en arrêtant définitivement l’établissement d’un Royaume sur toute la terre pour la suppression du péché et de la mort et le relèvement du genre humain actuellement sous la servitude de ces ennemis.

Puis, avant que ce Règne, pour lequel nous prions, vienne, Dieu nous montre dans sa Parole que son dessein consiste à faire premièrement la sélection d’un « petit troupeau » de cohéritiers du Royaume avec leur Rédempteur. Loué soit Dieu que ces précieuses vérités de la grâce et du royaume de Dieu si longtemps ob­scurcies et cachées à notre vue par les traditions moyenâgeuses se discernent de nouveau et se mani­festent à nos yeux par l’illumination de l’Esprit —afin que nous connaissions les choses qui nous sont gratuitement données de Dieu pour être assistés dans nos efforts en vue d’affermir notre appel et notre élection.

Rien d’étonnant que l’apôtre osât ajouter ces pa­roles solennelles: « Je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous; car je vous ai annoncé tout le conseil [le plan] de Dieu, sans en rien cacher.”

Le message que durant ces trois années de séjour à Ephèse Paul prêcha à l’assemblée des frères, est sûrement le même qui par ses épîtres aux diverses églises est parvenu jusqu’à nous aujourd’hui. Savoir, l’entier plan de Dieu qui ne contient pas un mot des tourments éternels — jamais Paul n’a mentionné un enfer de feu de tortures dans les flammes ou un pur­gatoire entre la mort et la résurrection. Par ces épîtres nous pouvons tous nous rendre compte de la douceur et de la patience de St. Paul quand il re­prenait, instruisait et encourageait les croyants. Le Seigneur employa Paul plus qu’aucun autre parce que l’apôtre s’était donné complètement à lui.

Nous pouvons différencier ici l’action de l’Esprit saint de Dieu et celle de l’esprit impur des anges déchus. Dans les deux cas le pouvoir régisseur aug­mente dans la proportion où l’individu soumet sa propre volonté à l’influence de Dieu ou à celle des mauvais esprits. Heureusement pour l’homme, il y a en lui un sentiment instinctif qui l’empêche de se soumettre entièrement à quelqu’un, hormis à Dieu. Sans cette hésitation naturelle, cette crainte d’aban­donner leur volonté propre, tous les hommes seraient aujourd’hui plus ou moins possédés des démons, ou à tout le moins sous le contrôle de ces anges tombés. On peut même constater parmi la généralité des mé­diums spirites un abandon seulement partiel de la vo­lonté, mais aussi une insistance continue de la part des esprits ou ange méchants pour l’entier abandon de la volonté. Les spirites eux-mêmes par leurs pu­blications sont avertis du danger qu’il y a à aban­donner complètement sa volonté, de peur qu’un esprit malin ne prenne pleine possession d’eux — n’obsède le médium. Pauvres médium, que vous êtes à plaindre!

Ils ne savent pas que tous les esprits qui communiquent par leurs moyens sont des mauvais esprits, des démons,

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des anges déchus, qui souventes fois personnifient des êtres humains et se font passer pour nos amis décédés.

Il n’est même pas bon entre le mari et la femme d’abandonner complètement sa volonté l’un à l’autre, chaque personne représentant une individualité et étant responsable pour elle-même; à plus forte raison une personne, homme ou femme, ne doit-elle pas s’aban­donner à ce qu’elle appelle son curé ou son pasteur. Pas davantage les parents ne doivent-ils forcer leurs enfants à s’abandonner entièrement à eux à être sans propre volonté. S’ils le font, ils leur causent du tort, leur enlevant leur propre personnalité et faisant d’eux le jouet aisé des démons.

Le Seul, l’Unique auquel nous osions sans réserve confier entièrement notre volonté, c’est le Seigneur. Il nous invite à lui abandonner complètement cette volonté; et nous, comme ses ambassadeurs et en son nom, nous osons inviter à cette pieuse abdication, nos enfants, nos amis, nos voisins. Plus la volonté est soumise à l’Eternel, mieux il pourra se servir de nous et plus nos expériences auront des suites bénies. C’est ce qui est renfermé dans l’exhortation de Paul:

« Soyez remplis de l’Esprit” (Eph. 5: 18), sanctifiés, mis à part complètement pour Dieu; dans le même ordre d’idées Dieu peut se servir de nous comme ses porte-parole, ses instruments au service de la vérité et de son petit troupeau. Dans toutes ces choses Paul était un exemple parfait — pleinement consacré, rempli de l’Esprit, sans volonté propre, mort au monde et à ses plaisirs.

Aussi bien l’apôtre pouvait-il exhorter les frères d’être ses imitateurs comme il l’était de Christ. Christ aussi fut rempli de l’Esprit du Père; St. Paul son fidèle imitateur, quoique de moindre envergure, était ainsi rempli de l’Esprit. Tous ceux qui en Jésus-Christ veulent vivre pieusement doivent de même être remplis de l’Esprit du Père et du Fils et être morts aux ambitions terrestres. L’apôtre désirait bien imprégner les anciens de cette pensée que non seulement ils doivent au Seigneur une entière consécration, mais que comme docteurs dans l’Eglise ils ont une double responsabilité — un double devoir envers eux et en­vers l’assemblée sur laquelle le Seigneur les a placés surveillants.

Voici ce qu’il leur dit: « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau, au milieu duquel l’Esprit saint vous a établis surveillants pour paître l’assem­blée de Dieu, laquelle il s’est acquise par le sang de son propre (fils).” — v. 28.

Il y a ici plusieurs points dignes de considération. Les anciens ne sont pas placés sur l’Eglise dans le sens de supérieurs, d’un clergé distinct des laïques, mais comme les versions de Lausanne et Darby por­tent: « dans lequel (au milieu duquel) l’Esprit saint vous a établis surveillants”. — Membres surveillants et assistants dans l’Eglise par le Seigneur et élus de l’assemblée.

Un ancien (quel qu’il soit, laïque, pasteur, évan­géliste, curé ou évêque) a besoin de prendre garde à lui-même, de peur qu’il ne tombe en tentation, parce que selon l’apôtre il  est exposé à plus de difficultés, à des épreuves spéciales. Il faut qu’il se surveille, pour qu’il ne lui arrive pas qu’après avoir prêché aux autres, il ne soit lui-même rejeté.

Ceux qui par arrangement divin, comme frères an­ciens, acceptent un ministère au service de l’Eglise doivent toujours se ressouvenir qu’ils ont assumé une grande responsabilité dont ils ont à rendre compte (Rom. 14: 12). Cela ne veut pas dire qu’ils doivent chercher des fautes chez leurs frères. Cela ne con­siste pas non plus simplement à prêcher, à visiter les malades et à consoler les affligés, mais leur devoir s’étend également à la surveillance et à tout ce qui intéresse l’assemblée, chaque membre dans les plus petits détails. Ceux qui sont surchargés par les soucis de cette vie, ne sont en aucun sens en état d’assumer la responsabilité de ce service dans l’Eglise du Dieu vivant; on ne devrait pas les y encourager, ni les élire (par vote) comme anciens. Ceux-là seuls qui pre­mièrement recherchent ce qui concerne le royaume de Dieu et sa justice sont à un degré appréciable qualifiés pour ce service dans l’Eglise. Ils devraient considérer comme faisant partie de leur rôle le fait de noter jusqu’à quel point les chers frères et soeurs progressent surtout au spirituel. Ils devraient se faire un devoir d’avertir, d’encourager, d’assister chacun suivant les nécessités du moment.

Ce n’est pas la prérogative de tout frère et soeur dans l’Eglise de se redresser l’un l’autre, à moins que ce ne soit dans une affaire personnelle, qui les concerne spécialement et alors Matth. 18: 15 devrait être suivi à la lettre. Un ancien, au contraire, par son élection même, a été appelé justement à surveiller de telles affaires de la congrégation, de donner les avis, les exhortations que chaque cas exige — humblement cependant et pensant à lui-même, de peur d’être tenté pareillement ou dans un autre domaine. Il doit lui aussi, cela va de soi, donner suite à Matth. 18 : 15—17.

Loups cruels et discoureurs pernicieux.

L’apôtre tout en inculquant aux anciens leurs de­voirs leur rappelle que l’Eternel s’est acquis le trou­peau par le précieux sang de l’Agneau de Dieu et que leur esprit devrait être tellement pénétré de la valeur du sacrifice expiatoire qu’ils devraient laisser volon­tiers leur vie le cas échéant pour les frères dans tout service qu’ils pourraient leur rendre.

St. Paul accentue cet avertissement aux anciens de prendre garde à eux-mêmes en déclarant prophétiquement que de leur milieu (du troupeau et spécialement du milieu des pasteurs) s’élèveront des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses pour entraîner des disciples après eux; aspirant à être des conduc­teurs ils n’hésiteraient pas à provoquer des schismes et des divisions dans l’église de Dieu pour satisfaire leur ambition. Le mot grec pervers (c. à d. déformé, faussé, tordu) renferme la pensée que ceux qui perdent l’Esprit du Seigneur, perdent la claire compréhension de la vérité. Comme l’égoïsme et l’ambition obscur­cissent leur vue mentale ils discernent plus vaguement les Ecritures et se sentent libres de les tordre et de les déformer de manière à appuyer leurs sentiments ambitieux. Combien les paroles de l’apôtre sont vraies! Quel grand danger courent les anciens, les surveillants

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du troupeau! L’ambition égoïste et l’esprit autoritaire sont les plus grands ennemis auxquels ils doivent faire face.

Nous savons assez que ce n’est pas subitement que ces ambitions germent, fleurissent et portent des fruits, c’est un processus graduel et d’autant plus dangereux et trompeur qu’on n’y prend pas garde. Tout le « petit troupeau » et les anciens avant tout, doivent donc bien veiller sur eux-mêmes, s’examiner à fond et scruter leur conduite et les mobiles de leur activité. Qu’on n’oublie pas que l’essentiel c’est la pureté de la vo­lonté. Toute parcelle d’égoïsme en elle est un virus empoisonné qui si on n’y prend garde conduirait à la seconde mort. Combien de conducteurs, dans toutes les dénominations religieuses, ont fait la sourde oreille à ces avertissements, pour être honorés de l’homme et cela au prix de la perte des faveurs divines et plus ou moins de la vie éternelle!

Les loups cruels peuvent pendant un temps tromper les brebis par une manière et une profession extéri­eures, couvrant leur nature rapace. Eux et leur con­duite extérieure sont scripturairement désignés par: « loups en habits de brebis”. Le bon Berger connaît leur nature avant qu’elle ne se manifeste aux brebis; mais les brebis dociles et innocentes ne s’en aper­çoivent que lorsque les loups commencent à mordre, à dévorer et à disperser le troupeau. Les hurlements, la rage, la haine, la malice, la jalousie et les querelles sont, selon les Ecritures ”les oeuvres de la chair et du diable” et non pas les oeuvres de justice, de paix et d’amour de l’Esprit de Dieu. C’est avec sa bouche que le loup fait du mal, ainsi en est-il avec ceux qui sont animés de son caractère, de leur bouche sort la médisance, la calomnie, le dénigrement, la diffamation et toutes mauvaises choses.

St. Paul avertit les anciens de l’église d’Ephèse au sujet des loups et mercenaires qui se présenteraient; et il en mentionna certains de son temps déjà: Hy­ménée, Alexandre, Phygelle, Hermogène et Philète (1 Tim. 1:20; 2 Tim. 1:15; 2:17). Le même prin­cipe opère toujours et il est toujours bon de mettre en garde et de se prémunir. L’Ecriture nous prédit qu’on en fera les plus douloureuses expériences dans «ce mauvais-jour [-ci]”, à la clôture de notre dispen­sation évangélique.

Exhortant nuit et jour avec larmes.

« Veil1ez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous.” Les anciens sont exhortés ici à se tenir sur le qui-vive à cause de ces maux si bien dé­crits; de veiller dans l’intérêt du troupeau menacé par les loups; de veiller à donner le moins d’occasion possible à ceux-ci de se jeter sur les brebis et de les déchirer et d’avertir les brebis de peur que certaines d’entre elles ne manifestent des signes d’hydrophobie et ne se mettent à s’entre-déchirer les unes les autres, symptôme habituel de l’hydrophobie — feignant d’être assoiffées d’eau [de vérité], mais refusant de la boire.

Puis les anciens ont a surveiller ceux qui tôt ou tard « s’élèvent du milieux d’eux”. On y veillera le mieux en commençant par soi-même, en veillant sur son propre coeur et en se demandant: « ,Est-ce moi, Seigneur? » On discernera aussi assez tôt les carac­tères dans le genre d’Hyménée et de Philète et, imi­tant l’exemple de l’apôtre, on leur arrachera le voile, non pas par sentiment de haine envers eux, mais simplement dans l’intérêt et pour la protection du troupeau. Paul rappelle aux frères que telle fut sa conduite, il veillait à leur bien et à leurs soins et à ceux de toutes les églises de l’Asie mineure. Serviteur de Dieu, ambassadeur du Roi des rois, surveillant et berger du troupeau du Seigneur, c’est avec larmes nuit et jour qu’il exhortait; il était conscient de sa responsabilité et en sentait le poids. Ainsi que de sa qualité de « ministre de la nouvelle alliance », délégué du grand Chef pour assister ceux appelés comme membres du corps de Christ, en vue de leur instruc­tion et édification dans la « très sainte foi » et de leur position future de composer avec Jésus, leur Maître et Chef, le Grand Médiateur, Prophète, Prêtre et Roi du monde.

L’assistance divine ne fera jamais défaut.

Paul termina son exhortation, en disant: « Et main­tenant, frères, je vous remets à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui est puissant pour vous édifier et vous donner un héritage parmi tous les sanctifiés.” L’apôtre pensa comme de raison que ses paroles, ses sérieuses exhortations non seulement les réveilleraient, mais les feraient encore se demander sur quoi ils peuvent se reposer pour sortir victorieux de ce danger qu’il leur dépeignait. Il leur montra que c’est de Dieu qu’il fallait attendre l’assistance, du grand centre de toutes nos bénédictions, de qui nous vient tout vrai don et toute grâce excellente; que le Père de miséricorde est avec nous et avec tous ceux qui cher­chent à faire sa volonté. Il leur dit que c’est l’Ecri­ture, le message de l’Evangile, la Parole de la grâce divine qui peut les édifier et faire que leur caractère, leur esprit, leur coeur se développent jusqu’à devenir finalement dignes du grand héritage que Dieu à pré­paré pour tous ceux qui sont sanctifiés par sa parole de vérité.

Pénétrons-nous bien de ces choses: La négligence de la parole de Dieu, de ses promesses nous fait perdre la force nécessaire à l’heure de l’épreuve; et permet à Satan de nous dépeindre la lumière comme ténèbres et les ténèbres comme lumière et de nous embrouiller tout à fait. Cette négligence à sonder les Ecritures peut encore engendrer par la suite l’incapacité de dis­cerner entre le bêlement des brebis et le hurlement nocturne des loups; incapables de discerner ceux qui tiennent ferme et qui font résonner la trompette de la parole de Dieu, et ceux qui provoquent des divi­sions parmi les brebis et qui enseignent des choses pernicieuses — dénaturant les faits, pour pêcher en eau trouble et entraîner des disciples après eux.

Ne nous trompons pas. Il est question d’un héri­tage ou de non-héritage pour ceux qui sont sanctifiés. Celui qui est fidèle dans les petites choses reconnaît et accepte les provisions du Seigneur, conjointement avec tous les biens temporels et spirituels, il regarde en avant avec augmentation de zèle et reçoit dans

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la même mesure les soins du Berger. D’autre part, ceux qui n’apprécient pas « la nourriture au temps convenable » et les providences de ce temps-ci de la moisson, ne sont pas du tout préparés; ils seront vite égarés par ceux qui cherchent à les perdre et à en faire leurs adhérents.

Paul on exemple au troupeau.

L’enseignement de Paul était que, selon la loi, il ne faut pas emmuseler le boeuf qui foule le grain et que l’ouvrier mérite son salaire; que le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile; que si lui, Paul, a pourvu l’Eglise de biens spirituels d’une valeur immensément supérieure aux biens terrestres, ce devrait être une petite chose pour l’Eglise que de pourvoir à ses besoins temporels. Mais tout en faisant observer à l’Eglise la logique de ce raisonnement quant à ses devoirs envers lui, il ne réclamait pas. Son désir était que les Corinthiens, par exemple, voient les choses comme elles sont et agissent en conséquence. En outre, que s’ils ne sai­sissent pas leur privilège de pourvoir à ses nécessités matérielles, à lui, l’apôtre (et à d’autres ministres de la vérité), cela lui offrait une plus grande opportunité de renoncement et de sacrifice au service de la vérité. Jamais cependant Paul n’eut l’idée de leur dire: Vous m’avez refusé ce qu’il me faut pour vivre — rien pour rien — vous n’aurez point non plus de réconfort spi­rituel de ma part. Il pensait au contraire: Ces chères brebis ont besoin de bénédictions spirituelles, combien je me réjouis de pouvoir les servir; plus il m’en coû­tera, plus cela prouvera mon amour pour Dieu, pour ses vérités et pour son petit troupeau, et plus je serai dans les bonnes grâces du Seigneur et ressemblerai au Grand Berger qui racheta les brebis au prix de sa vie. — 1 Tim. 5:13; 1 Cor. 9:8—18.

Non pas pour se glorifier, mais pour le bien des Ephésiens, Paul, sous-berger du Seigneur, pouvait dire: « Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vête­ments de personne. » Il ne servait pas pour s’amasser des richesses, pour se créer un chez-soi confortable et être à son aise. Il désirait leurs coeurs, le plaisir de voir les Ephésiens bien disposés, entrer en com­munion avec le grand Chef de l’Eglise comme membres de son corps. Il appréciait son privilège de ministre de la nouvelle alliance pour préparer les membres de l’épouse de l’Agneau, les aidant à affermir leur appel et leur élection aux glorieuses choses promises dans la Parole.

Il ajouta encore: « Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des per­sonnes qui étaient avec moi.” Quelques-uns de ceux qui étaient avec Paul n’avaient apparemment aucun métier et ne pouvaient trouver de l’occupation, tandis que celui de Paul de voilier et de faiseur de tentes était assez recherché et bien rétribué dans les diver­ses villes situées au bord de la mer. Il en advint que les compagnons dépendaient beaucoup de lui pour les choses temporelles comme pour les choses spiri­tuelles. Il ne s’en plaignait jamais; maintenant pas non plus. Il ne faisait qu’attirer leur attention sur la façon dont il avait accompli sa course qui pensait-il était agréable au Seigneur. Il leur souhaita un même esprit d’amour pour le Seigneur, les frères et la vérité, qui va jusqu’à se sacrifier entièrement. Et ainsi ils seront de fidèles dispensateurs des bontés de Dieu, de fidèles surveillants de son troupeau; il se résuma comme suit: « Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.”