Un prisonnier baIloté par une mer en furie et pourtant plein d’espoir.

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Actes 27 et 28, 1—10. —

«Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta con­fiance et il agira. »

— Ps. 37 :5

L’apôtre Paul en route pour Rome

Festus le gouverneur de Judée envoya St. Paul et d’autres prisonniers à Rome, mais sans mandat parti­culier contre l’apôtre. Il n’y avait pas de service direct entre Rome et le petit port de Césarée, de sorte qu’un parcours de 500 kilomètres dut être fait sur un petit navire de commerce. (Ce voyage ne dura qu’une quinzaine de jours — de la mi-août au 1er sep­

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tembre environ — c’était peu pour un voilier, mais le temps était propice. A Myra, en Licie, St. Paul et deux les frères l’accompagnant (Luc et Aristarque), le gardien et d’autres prisonniers furent transférés sur un vaisseau égyptien de la ligne Alexandrie – Rome qui avaient un chargement de blé et beaucoup de passagers, en plus de l’équipage — en tout 276 personnes. Le beau temps se maintint pendant quelques jours puis il devint rapidement menaçant. Le vaisseau ne pouvant régulièrement suivre sa route projetée passa au-dessous le l’île de Crête, pour attendre un temps meilleur en un lieu nommé Beaux-Ports. Cela occasionna un re­tard de plusieurs jours, ce qui les amena à peu près jusqu’au 1er octobre — le jour du nouvel an juif, jour de jeûne, époque aussi des tempêtes équinoxiales.

St. Paul attira l’attention de tous sur le danger qu’il y avait à continuer le voyage et conseilla d’hi­verner à Beaux-Ports, mais les chefs de l’équipage furent d’avis d’aller séjourner à Phénix un port mieux situé. Mal leur en prit. Ils n’étaient pas encore bien éloignés qu’un vent du nord-est (genre typhon) atteignit la chaloupe et ils se virent obligés de se laisser aller au gré du vent vers le sud en passant au-dessous de la petite île Clauda. Là ils ceintrèrent le navire au moyen de câbles et de chaînes passés sous la quille et autour des parois latérales, parce que le poids du chargement et la violence du Vent l’avaient passablement disloqué. Ils abaissèrent les voiles pour éviter les bancs de sable situés du côté de l’Afrique et se laissèrent emporter par le vent. Comme la tempête faisait rage, ils durent jeter une partie de la cargaison à la mer et un peu plus tard les agrès. Ils ne virent ni soleil ni étoiles pendant plusieurs jours. Aussi tous à bord perdirent tout espoir et cessèrent de manger ne voyant plus aucune chance de salut.

Ce fut alors l’occasion pour Paul d’apporter ses encouragements et ses conseils. Il leur rappela qu’ils auraient dû écouter son avis et séjourner à Beaux-Ports afin d’éviter ce péril et ce dommage. Mais, ce qui est fait est fait, il les exhorta à prendre courage car tous seraient sauvés, le navire seul serait détruit, il justifia sa confiance en leur disant qu’un ange du Dieu qu’il servait lui apparut dans la nuit et lui dit: « Paul ne crains point; il faut que tu comparaisses devant César, et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. C’est pourquoi ô hommes, rassurez-vous, car j’ai cette confiance en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit. Mais nous devons échouer sur une île.”

Calme pendant la tempête.

Le vrai chrétien en communion directe avec le Seigneur possède constamment dans son coeur: « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence” (Phil. 4:7). Ce fut St. Paul qui en prison à Philippes chantait les louanges de Dieu. Lui encore qui, après avoir été attaqué violemment à Jérusalem, se tenait debout calme et prêt à parler au peuple et ce fut encore lui qui se tenait le plus tranquille et le plus rassuré sur la Méditerranée démontée. Si St. Paul a été un vaillant disciple de Jésus qui jusqu’ici n’a pas eu son semblable et avec lequel aucun autre disciple ne peut se mesurer, les mêmes principes sont cependant posés pour tout sincère enfant de Dieu. Si les victoires de leur foi sont moins héroïques que celle de l’apôtre, leurs épreuves sont de même comparativement moins grandes et pénibles. Le chrétien, comme le Juif d’antan, est avantagé de toute manière (Rom. 3: 1). Il a la pro­messe de la vie présente et de celle qui est à venir. — 1Tim.4:8.

Ayons Jésus pour Pilote dans cette vie tempétueuse.

  La course de la vie ressemble souvent à la carrière de St. Paul. On débute par un soleil de printemps, tout nous sourit, mais bientôt cet état joyeux s’altère au contact des difficultés de la vie, — par les épreuves financières, sociales et morales, qui nous assaillent et nous détournent du but en vue. Les projets sont con­trariés, on s’épouvante, on désespère de soi-même, mais on se trouve, alors d’autant plus préparé à écouter le message d’En-Haut parlant de paix et, qui plus est, d’une vie à venir meilleure. Cet état spirituel si dé­sirable ne peut cependant être atteint qu’après le naufrage du vase terrestre et Dieu seul peut en effec­tuer le salut final. Heureux ceux qui seront finale­ment sauvés, fût-ce même au travers de 1a grande tribulation (Apoc. 7: 14), comme les compagnons (Ps. 45: 15) du peuple particulier représenté par St. Paul. Plus spécialement bienheureux sont les 144,000 qui maintenant dans ce temps agité restent en communion avec Dieu et par beaucoup de tribu­lations entrent avec joie, comme cohéritiers du Sei­gneur, dans le Royaume millénaire. C’est de Dieu, par leur moyen, que leurs compagnons de la «grande mul­titude » seront définitivement sauvés dans la détresse de la vie. Ils obtiendront miséricorde par leur miséri­corde. — Rom. 11 : 31

Paul, le héros chrétien à imiter.

Dans nos études successives des Actes nous avons pu contempler St Paul sous tous ses aspects. Nous l’avons vu, tour à tour: fanatique persécuteur, humble pénitent, courageux témoin de la vérité parmi son propre peuple et encore missionnaire se sacrifiant en pays étrangers; nous avons remarqué sa belle et noble conduite au milieu de diverses émeutes et devant les grands de la terre; nous avons admiré son courage en face des dangers pendant son voyage à Rome, comme prisonnier. Présentement nous allons observer l’homme au milieu de gens occupés par leurs devoirs professionnels et passant par une terrible épreuve —un naufrage. Depuis le moment où il devint disciple de Jésus, il a toujours eu une conduite noble, humble, soumise et courageuse, dévouée et sainte; digne d’être imitée par tous les disciples du Seigneur Jésus. La transformation opérée en St. Paul est pos­sible chez tous ceux qui ont des oreilles pour écouter et qui reçoivent l’Evangile dans un cœur honnête et sincère. Une telle transformation est en elle-même une preuve de la puissance de Dieu — de la réalité de la religion de la Bible. En quel univers changé nous pourrions nous réjouir si tout homme passait par un tel changement.

Mais il s’en faut que tous soient dans la condition de cœur leur permettant d’être ainsi influencés en bien, ainsi attirés par l’Evangile! Pour beaucoup il faudra le bras puissant du Messie, l’autorité et le pouvoir du

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Règne millénaire pour les amener à la soumission et leur faire voir les avantages du bien comparativement au mal. Dieu soit remercié que ce Millénium est proche et qu’avec foi nous pouvons prier: « Que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

Naufrage sur l’île de Malte.

Après 14 jours et 14 nuits de fuite éperdue au gré des flots déchaînés, St. Paul et les 276 personnes du navire arrivèrent en un lieu où les matelots exercés certifièrent vers le milieu de la nuit qu’on approchait de quelque terre. Quatre ancres furent jetées de la poupe et le matin fut attendu avec impatience. A ce moment tout le monde à bord avait appris à estimer Paul, le prisonnier juif — car Dieu fut avec lui. —Tous, excepté lui, avaient perdu courage et confiance pendant la terrible navigation. Il faut attribuer sa ferme confiance en la Providence en partie à sa sou­mission à la volonté divine et en partie aussi à la promesse impérative de Dieu qu’il rendrait encore témoignage à Rome.

Un coeur en paix avec Dieu et instruit de la Parole est préparé pour tout ce qui peut survenir d’agréable ou de douloureux. Aussi lorsqu’ils furent à la der­nière extrémité l’apôtre exhorta-t-il ses compagnons désespérés à reprendre haleine, il leur rappela sa vi­sion et son entière foi en sa pleine exécution. Il in­sista pour qu’ils prisent de la nourriture afin de pou­voir braver tout ce qui les attendait encore pendant le jour qui s’annonçait. Son attitude héroïque fut en exemple bienfaisant. De même que la lumière du Seigneur fut sa joie et sa paix, de même fut-il, lui Paul, la lumière, l’ange gardien de ses compagnons du navire.

Il mit en pratique ce qu’il enseignait « de f aire du bien à tous, quand on en a l’occasion, et surtout en­vers les frères en la foi. »  « Dieu, dit-il, nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction.” — Gal. 6: 10; 2 Cor. 1:4.

Lorsque le matin fut venu une baie fut discernée, connue aujourd’hui sous le nom de Baie de St. Paul dans l’île de Malte. Les ancres furent déliées, les attaches des gouvernails lâchés et le navire échoua sur une langue de terre, la proue resta immobile, tandis que la poupe se brisait par la violence des vagues. — Les amarres de la chaloupe de sauvetage avaient été coupées pendant la nuit parce que les matelots voulurent s’échapper du navire — c’est grâce à Paul qui savait la présence des matelots né­cessaire pour amener le navire au port qu’ils atterri­rent finalement. Sa confiance dans les promesses de Dieu ne lui laissèrent pas négliger tout judicieux em­ploi des moyens terrestres. Puissent tous les enfants de Dieu apprendre que tout en priant et en se repo­sant sur Lui, nous ne devons pas nous montrer pares­seux, mais diligents et travailleurs.

Voyant que la terre ferme ne pouvait être gagnée qu’à la nage ou au moyen des débris du navire, les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers parce qu’ils étaient responsables d’eux et qu’il y allait de leur propre vie. Mais le centenier qui avait appris à estimer l’apôtre et qui se rappelait sans doute le récit de la vision qui leur avait inspiré la force de tenir bon jusqu’au bout épargna les autres prisonniers par égard pour Paul. Il arriva donc comme Paul l’avait prédit que tous furent sauvés et que le navire et son chargement seuls furent perdus.

Arrivés à terre de nouveau Paul fut en bon exemple. Il ne lui vint pas à l’idée du pontifier, de s’arroger le droit d’être servi, mais il se mit promptement au service de tous les naufragés. Nous le trouvons ra­massant des broussailles et alimentant le feu afin qu’on puisse se chauffer et se sécher. Les barbares de l’île (appelés ainsi parce qu’ils ne parlaient ni le grec ni le latin, mais étaient d’origine punique), leur témoi­gnèrent une bienveillance peu commune; mais quand ils virent une vipère sortir par l’effet de la chaleur et s’attacher à la main de Paul, ils se dirent que ce prisonnier était vraiment un meurtrier que l’immanente Justice poursuivait encore après le naufrage afin qu’il meure. Ils s’attendirent à voir son bras enfler et à le voir mourir au milieu de cruelles douleurs. N’observant rien de pareil ils changèrent d’avis et se dirent que c’était un dieu.

Une nouvelle occasion s’offrit ici pour glorifier l’Evangile de Christ; Paul guérit miraculeusement le père du principal personnage et aussi les autres malades de l’île. Ainsi la connaissance de Christ et de son fidèle serviteur fut répandue considérable­ment au long et au large, bien que pour autant que nous le sachions l’apôtre n’essayât pas de prêcher l’Evangile à ses compagnons du navire ou aux Maltais. Il ne les considéra peut-être pas comme étant du « bon terrain » pour y répandre la semence du Royaume — il ne les considéra évidemment pas davantage comme étant de ceux que le Seigneur notre Dieu a appelés à faire partie de l’Epouse maintenant appelée, éprouvée et élue. Leurs expériences leur profiteront sans doute au « propre temps » quand le Christ glorifié attirera tous les hommes à lui: « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi” (Jean 12 : 32) — leur donnant l’occasion et les facilités de connaître, d’être bénis et ramené à la vie parfaite, éternelle. — Actes 3: 19—21.