Semailles et Moisson.

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«Ne vous trompez-pas… celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l’esprit moissonnera de l’esprit la vie éternelle, » — Gal. 6 : 7. 8.

La pensée de semailles est celle de planter en vue d’un développement ou résultat. Un jour la moisson viendra. Toutes nos pensées toutes nos actions ont un effet sur notre caractère futur. Petit à petit le caractère se forme. Les semailles d’au­jourd’hui amèneront la récolte de demain. Si nos pensées et notre attention sont portées sur les choses terrestres, le résultat sera un développement sur des lignes terrestres, mais si nos pensées et notre attention sont portées sur les choses célestes, le développement se fera sur des lignes spirituelles.

122 Septembre 1911

Semer pour la chair, signifie satisfaction des désirs de la chair, se mettre dans l’esprit les choses que notre nature déchue désire ardemment. Si ces désirs se développent, ils croîtront et seront de plus on plus forts. C’est une erreur de supposer, comme il y en a qui le font, qu’une raisonnable satisfac­tion des désirs de la chair est juste. Les satisfac­tions accordées à la chair déchue n’assouvissent que ses goûts animaux. Ceux qui continuent à s’y adonner récolteront finalement la corruption, la mort, la seconde mort. Ceux qui pensent aux choses spirituelles, ceux qui cherchent à se développer sur des lignes spirituelles progresseront dans des qualités spirituelles. En temps voulu, ceux-ci ré­colteront un caractère semblable à celui du Seigneur et deviendront des ressemblances du Fils bien-aimé de Dieu, sanctifiés de plus en plus par la vérité. A eux est promis le don de la vie éternelle.

Les paroles de notre texte sont adressées à l’Eglise et ainsi à « ceux qui ont fait alliance avec le Sei­gneur par le sacrifice». S’ils vivent selon la chair ils mourront comme dit l’apôtre, car ils ont déjà renoncé à leurs droits humains, à leur vie humaine. Si par des efforts sérieux ils cherchent à renoncer à leur vie, à développer la nouvelle vie en morti­fiant la chair, en la mettant à mort, en luttant pour vaincre ses faiblesses, lesquelles ils ont héritées ils seront bientôt délivrés de tous les obstacles et revêtus de leur nouveau corps, alors ils seront comme le Seigneur.

Peu réalisent le degré de responsabilité personnelle quant au caractère.

Ceux qui réalisent à quel point nous sommes responsables de la formation de nos propres carac­tères sont peu nombreux, ceux qui voient à quel point notre esprit, nos affections sont des jardins dans lesquels nous pouvons planter les épines et les chardons du péché ou les qualités morales corres­pondant aux légumes utiles, ou encore les semences qui produisent des belles fleurs odoriférantes, qui représentent les fruits des grâces célestes et spiri­tuelles. Ce qu’un homme sème, il le moissonne, que ce soit pour la chair ou pour l’esprit. Qui­conque donc désire moissonner les choses célestes, quiconque désire un cohéritage dans le Royaume, etc.,» doit planter ou placer en son esprit, dans ses affections, les qualités et les grâces que le Seigneur montre comme indispensables au développement du caractère de ceux qui désirent avoir « part à l’héri­tage des saints dans la lumière». — Col. 1:12.

Ainsi le Père, sur tous ceux qu’Il a appelés à cette «haute vocation» à cette céleste vocation, qui acceptent cet appel et font alliance par cela, sur tous ceux-là, Il a mis les responsabilités de leurs succès ou de leurs insuccès dans les luttes pour gagner le prix. Par sa Parole, il les met en garde contre leurs faiblesses et leurs imperfections; il leur montre comment il a pourvu à une pleine compensation, comment il a contrebalancé les im­perfections humaines par les mérites et le sacrifice du Rédempteur; il leur montre quels sont les fruits, les grâces de l’esprit qu’à la fin ils doivent pos­séder dans le cœur , s’ils veulent être cohéritiers de Christ; il leur montre aussi dans la vie du Rédemp­teur et dans ses enseignements, le modèle que doivent suivre ceux qui désirent atteindre la station glorieuse et être ses cohéritiers.

Nous pouvons regarder à ce modèle simplement au point de vue de la responsabilité qui est sur nous et sentir cette responsabilité s’imposer à nous. Nous devrions, de préférence, la considérer au point de vue de la grâce divine et reconnaître quel pri­vilège béni nous a été accordé, ayant été trans­formés par le renouvellement de notre esprit, afin que nous puissions de plus en plus connaître la volonté de Dieu et faire nos efforts pour faire cette volonté, qui est bonne, agréable et parfaite. Dieu a de plus mis devant nous la plus grande récom­pense imaginable pour ce qui n’est que notre devoir et notre service raisonnable, pour ce qui nous ap­porte la plus large mesure de joie et de paix, à côté de la future récompense. — 2 Pierre 1 :3, 4.

Nous avons besoin de planter constamment de bonnes semences et d’arracher les mauvaises herbes du mal.

L’homme a une attraction naturelle pour les choses de la terre. Durant le présent règne du malin, les choses terrestres sont ternies, ne sont pas de bon goût pour ceux qui ont appris à aimer la justice et à haïr l’iniquité, mais elles ont néanmoins une forte attraction pour eux. Semblables à de mau­vaises plantes, les affections et les désirs terrestres sortent spontanément de semences qui viennent on ne sait d’où. Le chrétien qui veut conserver son cœur dans l’amour de Dieu doit, non seulement planter continuellement de bonnes semences, mettre et garder ses affections aux choses qui sont en haut. mais il doit encore arracher sans cesse les mauvaises herbes des attractions et des désirs terrestres.

Notre nouvelle vie n’est pas manifestée aux yeux de tous et ne l’est pas, en toute occasion, à ceux aux yeux desquels elle l’est quelquefois. L’apôtre le fait entendre lorsqu’il dit: «Votre vie est cachée avec Christ en Dieu», la nouvelle vie est une vie de nouveaux désirs, de nouveaux buts, de nouvelles aspirations que le monde ne peut pas toujours voir, qu’il ne peut pas toujours apprécier quoiqu’il en voie quelques manifestations dans notre conduite de tous les jours. Même les frères peuvent ne pas être capables d’apprécier les progrès de notre nou­velle vie; nous-mêmes, nous pouvons avoir des craintes concernant la force et la rapidité de sa croissance; nous devons quelquefois retourner en arrière des semaines, des mois et peut-être des an­nées pour constater que notre nouvelle vie a cru. Notre nouvelle vie représentée par nos efforts pour faire la volonté de Christ est cachée ainsi en Christ et dans le Père.

En rapport avec ce que nous venons de dire, l’apôtre dit dans un endroit de l’Ecriture, que ja­mais le monde ni les frères n’ont été capables de le juger; le Seigneur seul, dit-il, lui qui peut lire dans les cœurs et connaître toutes les conditions, les épreuves et les faiblesses contre lesquelles nous avons à lutter, peut nous juger justement. Il dit: «Je ne me juge pas non plus moi-même» (1 Cor. 4 : 8). C’est un plan excellent de ne jamais con­damner les autres qui prétendent marcher conscien­cieusement comme enfants de Dieu, de ne jamais nous condamner nous-mêmes si nous luttons sin­cèrement pour faire la volonté du Seigneur.. Nous

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devons simplement marcher en avant jour après jour, cultivant de notre mieux les grâces célestes, servant notre Maître et laissant les résultats au Seigneur. Il prend soin de nous et, aussi long­temps que nos espérances, nos buts soit tournés du côté des choses célestes et que notre vie est cachée avec Christ en Dieu, nous ne devons craindre aucun mal présent ou futur, car le Seigneur sera avec nous, nous bénira, nous gardera de toute chute et ensuite nous présentera au Père céleste sans tache.

Oter et remettre.

Parlant de certaines particularités du changement qui prend place en ceux qui se sont consacrés com­plètement au Seigneur, l’apôtre énumère des alté­rations de dispositions qui doivent se faire autant que possible, c’est à dire enlever la colère, la ma­lice, la médisance, les paroles impures, la fausseté sous toutes ses formes (Col. 3 : 8, 9). Il semble, à première vue, à peine nécessaire de mentionner des péchés si grossiers, et qui sont tout à fait opposés aux principes chrétiens, mais, si nous exami­nons la chose de près, nous trouvons que l’apôtre a énuméré presque toutes les faiblesses de la chair qui assiègent les nouvelles créatures en Christ.

Qu’est ce qui est plus commun au peuple chrétien que la colère? Combien nombreux sont ceux qui portent le nom de Christ et qui sont malicieux, ou, au moins, ont des pensées mauvaises sur leur prochain, lesquelles ils entretiennent, leur permet­tant, de temps en temps, d’influencer leur conduite! Combien il y en a qui sont indulgents quant à la médisance! (ici traduit blasphème). Ils parlent d’une manière qui trompe souvent, non seulement ceux qui entendent leurs paroles, mais encore eux-mêmes; ils se trompent sur leur réelle intention en parlant des autres sans bonté ou d’une manière qui les déshonore.

Si tout langage méchant et impur était évité, quel magnifique monde ce serait! Tout chrétien devrait veiller à ce que chaque parole qui sort de sa bouche apporte la grâce à ceux qui l’entendent, ne leur fasse que du bien et soit édifiante. Combien il est nécessaire, non seulement d’avoir de bonnes intentions dans son cœur, mais aussi d’exprimer ces bonnes intentions avec vérité, les uns aux autres sans déception, sans hypocrisie. Si un cœur veut être vraiment pur, plein d’amour, il doit être vrai; autrement, il conduirait au trouble continuellement. Si les cœurs méchants, peu généreux, pleins de médisance, de malice, de haine et de combats s’ex­primaient toujours franchement, ils augmenteraient beaucoup les troubles dans le monde. L’apôtre insiste premièrement sur la purification du cœur et après sur sa sincérité.

Avec la pensée de l’union et de l’égalité de ceux qui ont été acceptés dans le corps de Christ, l’apôtre attire notre attention sur la nécessité, non seule­ment d’enlever les mauvaises dispositions de notre chair déchue, mais encore la nécessité de planter, de cultiver les différentes grâces de l’esprit dont Jésus nous a donné l’exemple, lui notre Chef. —Col. 3: 12—14.

Il spécifie, des sentiments de compassion; des dispositions nobles, larges et généreuses qui viennent du cœur envers chacun et envers toute chose, envers les saints, envers les voisins, les amis, les parents, envers les ennemis et même envers les animaux. Continuant, il dit qu’il faut être bon envers tous, humble d’esprit (le contraire de l’or­gueil, de l’arrogance), bon, débonnaire patient dans la souffrance et à endurer les fautes et les faiblesses d’autrui. Cela implique que nous devons nous supporter les uns les autres dans nos tempéra­ments et nos dispositions particulières, nous par­donnant librement, si nous nous sommes offensés les uns les autres, apprenant à nous corriger nous-mêmes en voyant nos fautes chez les autres. Le modèle de notre conduite est trouvé dans la ma­nière de faire du Seigneur à notre égard. N’a-t-il pas été généreux, bon, nous supportant et nous pardonnant.

Ces exhortations sont données pour l’Eglise seulement.

L’apôtre porte à l’attention des saints et bien aimés, des élus, le fait qu’il n’y a pas à essayer une réformation du monde dans ce sens, mais une transformation de ceux, seuls, qui ont fait une al­liance spéciale avec le Seigneur. Ainsi, tous ceux qui ont fait alliance avec le Seigneur et qui espèrent assurer leur vocation et leur élection, être membres de l’Eglise glorifiée, chercheront à cultiver ces fruits de l’Esprit dans leurs propres vies, à as­sister leurs voisins et leurs amis chrétiens autant qu’ils en ont l’occasion, dans la culture des mêmes fruits, et avant tout, chercheront à exercer une bonne influence sur leur propre famille, si bien que leurs enfants, après avoir reçu d’eux la vie naturelle, reçoivent encore d’eux, si possible, un commence­ment de nouvelle vie, avec les instructions et tout ce qu’il faut pour y marcher.

L’apôtre, comme instrument du St. Esprit est un instructeur accompli. Non seulement il nous dit quelles sont les choses à enlever de nos cœurs, mais encore quelles sont les grâces dont nous devons nous revêtir; ayant en vue le corps de Christ dans la disposition suivante de ces qualités du cœur , la compassion, la bonté, l’humilité, la douceur, la pa­tience dans la souffrance et il ajoute dans le sup­port et le pardon; ,«et au-dessus de toutes ces choses, l’amour qui est le lien de la perfection ». L’amour est dépeint comme étant la ceinture qui lie et retient les plis de la robe de justice de Christ avec ses différentes grâces. En d’autres termes, l’apôtre voudrait voir le support, la patience, l’hu­milité ne pas être observés simplement par politesse ou courtoisie, mais par amour. Ceux qui sont revêtus de ces qualités en commençant ne seront pas pour cela parfaits ni dignes du Royaume, jusqu’à ce qu’ils aient atteint le degré où ces différentes grâces de leur volonté ou de leurs intentions soient liées par les cordeaux de l’amour, — l’amour pour le Seigneur, l’amour pour la justice, l’amour pour les frères et un amour sympathique pour la création gémissante. L’amour est vraiment le lien de la perfection, le vrai esprit du Seigneur.

Pouvons-nous nous tromper?

Dans notre texte l’apôtre dit: Ne vous trompez pas. Le question se présente naturellement. Y a-t-il du danger à se tromper dans la manière de semer, c’est à dire ne pas savoir si nous semons

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pour l’esprit ou pour la chair? Nous répondons oui, il y a danger à se tromper dans cette ligne. Les Ecritures dépeignent la chair comme étant très rusée; l’esprit humain est trompeur et désespéré­ment malin. Le nouvel esprit a besoin d’être gardé continuellement, de peur qu’il ne tombe dans les filets de la vieille nature. Si quelqu’un vit selon la chair, il doit s’attendre à moissonner ce qu’il a semé. « quoique d’autres puissent être trompés, Dieu ne permettra pas qu’on se moque de lui en le servant lui et la vérité, si au dedans l’on vit selon la chair. Si nous semons du blé, nous récolterons du blé. Dans les choses de notre vie, nous élevons la vieille nature qui, nous le savons, doit être détruite; ou nous nous appliquons à mortifier les œuvres de la chair, à les mettre à mort, afin de prospérer comme nouvelle créature.

Nous semons pour la chair chaque fois que nous permettons aux désirs charnels, égoïstes, injustes d’influencer notre cœur et notre vie. Chaque semailles conduit à la fin de la voie qui est la mort, la seconde mort. Chaque semailles pour l’esprit, au contraire, chaque résistance aux désirs de la chair (contre l’égoïsme, etc.) chaque exercice du nouvel esprit, de la nouvelle volonté, chaque effort vers les choses qui sont pures, nobles, les choses qui sont vraies, les choses qui sont spirituelles, est une semaille pour l’Esprit qui, si nous persévérons, apportera pour nous la réalisation des précieuses promesses du Seigneur, la vie éternelle et le Roy­aume.

  • B.)