Les quatre vents des cieux lâchés.

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Notre visite du printemps dernier ne nous révéla pas plus d’agitation et de tumulte parmi les peuples de l’Europe que lors de nos visites précédentes. De fait, nous avons été surpris d’y constater par­tout tant de marques de prospérité et si peu de ma­nifestations de violent mécontentement. Plusieurs de nos hôtes avaient la même impression, tandis que d’autres pensaient que tout cela était plus ap­parent que réel, qu’un grand courant de méconten­tement grondait dans les profondeurs quoique pas toujours visible à la surface. Nos lecteurs savent qu’il y a quelques années déjà nous nous attendions à voir cet âge se terminer par l’époque de la plus grande détresse et nous croyons toujours qu’elle se déchaînera avec violence et rapidité peu après octobre 1914, date de la fin des « temps des nations », de la résiliation du bail accordé aux gouvernements terrestres — pour autant que nous pouvons com­prendre les Ecritures. — C’est alors que le royaume du Messie commencera par exercer son pouvoir en brisant et mettant en pièces les nations à la façon du vase d’un potier (Ps. 2: 9). A cette époque-là les Ecritures, selon nous, indiquent que l’Eglise sera au complet et aura passé au delà du second voile, dans le lieu « très saint » — tous les membres seront devenus parfaits et revêtus de la nature spirituelle en participant à la première résurrection. Mais comment tout cela se passera-t-il? Comment se fera-t-il que tous les derniers membres de l’Eglise mour­ront avant cette date finale, changés, « en un clin d’œil », au moment de leur mort — nous convenons, que tout cela ne nous est pas clair.

Mais en considérant bien ces difficultés et en vue du fait que nous ne saurions trouver d’erreurs dans les traits chronologiques de la Bible, notre attention est attirée sur un vieux passage de l’Ecriture qui soudainement semble avoir une nouvelle importance. C’est la déclaration: « Je vis quatre anges debout aux quatre coins de la terre; ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu’il ne soufflât pas de vent sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre . . Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu.» — Apoc. 7: 1—3.

Il y a longtemps que nous avons vu ces vents symboliques représenter les luttes, l’anarchie, le grand temps de détresse tenu en échec par la puis­sance divine jusqu’à l’achèvement de la moisson — le scellement avec la « vérité présente» des mem­bres vivants de la classe élue. Il y a beau temps que nous avons dit qu’il nous faut nous attendre à un grand tourbillon provoqué par les quatre vents qui se rencontreront — quand il leur sera donné libre jeu — tourbillon typifié en celui par lequel, Elie, le prototype de l’Eglise, fut enlevé — c’est là, ni plus ni moins, le point culminant de la dé­tresse. Les vents représentent aussi les fausses doctrines. — Eph. 4:14.

« Le prince de la puissance de l’air.» — Eph. 2 : 2.

Ce que nous distinguons mieux maintenant ne contredit nullement ce que nous avions vu jusqu’­ici, mais plutôt confirme tout cela et l’éclaire ad­mirablement. Notre pensée actuelle est que ces vents ou puissances de l’air retenus, représentent les anges déchus ayant pour capitaine Satan « le prince de la puissance de l’air ». Nous pensons que ces méchants anges auraient dès longtemps nui a la terre, à la mer et aux arbres symboliques, n’eût été leur restriction par la puissance divine. Symboliquement la terre représente la société, la mer les multitudes désorganisées et les arbres les croyants. La promptitude avec laquelle se précipi­tera la détresse à venir doit être attribuée au lâche­ment soudain de ces anges déchus enchaînés de­puis Le déluge. En parlant de cette détresse subite, les Ecritures se servent d’expression comme: « en une heure »; « une ruine soudaine comme les douleurs de l’enfantement » « comme il arriva aux jours de Noé »; « aux jours de Lot ».

Il y a encore une analogie entre les jours de Noé, et les jours de Lot, non seulement quant à la sou­daineté des calamités qui fondirent alors sur les gens, mais encore par la violence et le déborde­ment de ces périodes. Déjà actuellement les pas­sions et les prétentions humaines se manifestent avec une fureur comme jamais auparavant et cela en dépit d’une armée et d’une police plus fortes et mieux organisées pour le contrôle et la protection de la société. Si le mécontentement, l’égoïsme, la passion, l’affolement peuvent agiter les humains dans les conditions actuelles, à quoi nous faut-il nous attendre quand il sera donné une liberté temporaire « aux puissances de l’air » dans le but même de manifester les mauvaises tendances du cœur hu­main non régénéré? Cela démontrera que l’amour et la pleine harmonie avec Dieu peuvent seuls ap­porter le vrai bonheur.

Toutes choses à tous, afin d’en sauver quelques-uns.—1 Cor.9 :, 22. —

Il  n’échappe à aucun d’entre nous combien notre ennemi cherche à tourner en mal toutes choses que dit et que fait le directeur de ce journal. Satan est toujours aux aguets pour tirer profit des faiblesses et préjugés humains, et pour calomnier, diffamer et faire soupçonner du mal de toutes choses. Notre Seigneur attira l’attention sur cela en son cas parti­culier. Il dit que quand Jean-Baptiste vint s’abste­nant de pain et de vin les gens disaient: « qu’il a un démon. » Et quand le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, ils dirent: « Voilà un amateur de bonne chère, un buveur de vin » (Luc 7:33, 34-St.). En un mot, Dieu ou son peuple ne peuvent rien faire sans que l’adversaire et ceux qui ont son esprit de suspicion y trouvent à blâmer. Le disciple doit y passer comme le Maître.

Ceux qui ne sont pas d’accord avec l’Evangile que nous prêchons et ceux qui sont d’un esprit jaloux se chagrinent en notant les bénédictions du Seigneur qui accompagnent l’œuvre de la moisson. Oui, les bénédictions que nous cherchions, pour lesquelles nous nous donnions depuis 40 ans et que nous savons devoir discontinuer bientôt, ce sont ces bénédictions qui excitent chez nos ennemis l’envie,

158 Janvier 1912

la colère, la haine et la médisance. Ils savent d’avance que tout ce que nous faisons pour coopérer avec le Seigneur à la publication de la vérité dans le monde entier doit être mauvais. Ainsi on nous ac­cuse d’orgueil et d’ambition parce que nous nous servons de méthodes de gens d’affaires pour pro­pager « la bonne nouvelle ».

St. Paul de son temps ne se lassait pas pour cela: « Pour moi, dit-il, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par un jour humain. Je ne me juge pas non plus moi-même . . . . Celui qui me juge, c’est le Seigneur» (1 Cor. 4: 3—4). Nous ne nous sentons pas obligés de dire à ceux qui nous en veulent pourquoi notre photographie apparaît dans les journaux qui publient nos sermons, ou pourquoi nous portons tel et tel habit. Ça ne les regarde pas. S’ils étaient comme les gens du monde, bien élevés, ils feraient attention à eux-mêmes, ce serait à leur avantage présent et futur. Ils devraient prendre à cœur l’avis de Paul: « Mettez votre honneur à vivre tranquille, à vous occuper de vos propres affaires » — 1 Thess. 4: 11.

A nos amis, cependant, nous leur disons: Nous n’avons changé en aucun point. Si nous avions à choisir ce serait une vie tranquille. Il nous est pénible et ennuyeux de paraître si important aux yeux du public. Nous pourrions facilement couper court à tout cela et retourner dans l’obscurité. Pourquoi ne le faisons-nous pas? Parce que, comme nous le croyons, ça ne ferait pas l’affaire de Dieu. C’est à lui que la vérité doit d’être arrivée aujourd’hui à un degré de popularité, culminant bientôt, hélas en un effet en apparence désastreux, qui pour avoir été si immensément répandue sera d’autant plus pénible à supporter. De même que cinq jours seule­ment s’écoulèrent entre le temps où le peuple cri­ait: Hosanna! devant le Seigneur jusqu’ à celui où ils le crucifièrent, ainsi nous ne nous attendons à aucune vraie popularité du monde ou des princes d’église, des scribes et des pharisiens de nos jours, sans sa réaction inconsidérée et haineuse.

Mais, advienne que pourra! Nous nous servons do tout ce que les facilités modernes actuelles nous permettent d’employer, en annonçant tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher (Actes 20 27) aussi sagement et aimablement qu’il nous est donné de le faire. Nous laissons notre cause et celle de nos calomniateurs entre les mains du Seigneur présent et nous nous contenterons de tout ce qu’il décidera.

Quand le temps de Dieu sera venu où il nous dira: C’est bon, c’est assez! nous serons réjouis de nous voir « changés en un instant » comme cela nous est promis. Mais en attendant nous voulons compter nos afflictions aussi légères que possible et nous en réjouir comme en tout ce que nous tra­versons. Ni les calomnies ou d’autres oppositions de nos ennemis ne doivent nous faire dévier du sentier qui, comme nous le croyons, nous est désigné clairement par le Seigneur. — Matth. 5 : il,