Les expériences d’Elie, le prophète
- 2 Rois Il, 1—11
La Bible nous parle de trois personnes remarquables qui disparurent — Dieu les prit. L’un de ceux-ci, Enoc (Gen. 5:24), nous est-il dit ne mourut pas, d’un autre, Moïse, qu’il mourut et fut enseveli. Du troisième, le sujet spécial de cette méditation il ne nous est pas dit s’il mourut ou non. Cependant nous croyons qu’il passa par la mort. (La transfiguration sur la haute montagne (Matth. 16 :28; 17: nous dit Jésus, était une vision.) Le ciel où Elie fut enlevé par un tourbillon fut le ciel aérien, où les oiseaux volent.
Sa disparition de cette manière avait pour but de compléter les traits typiques de sa vie, comme nous allons le voir. Ni lui, ni Enoc n’allèrent au
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ciel, dans le sens de passer à l’état céleste ou spirituel dans la présence de Dieu, car Jésus l’a clairement affirmé: « Nul n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme». » -— Jean 3:13.
Bien qu’il soit dit qu’Enoc fut enlevé afin qu’il ne mourut pas il n’est pas fait mention qu’il ait été enlevé au ciel. Les paroles du Seigneur nous assurent qu’il ne le fut pas. Personne ne sait maintenant où il est. Nous pouvons par la foi seulement accepter le fait.
Le but en vue dans la translation d’Enoc est probablement de montrer plus tard, qu’il était possible à Dieu de maintenir notre race en vie à perpétuité — que seulement à cause du péché il fut nécessaire qu’Adam et ses descendants meurent; que lorsque le péché et la mort auront été abolis par le Messie pendant son règne et que l’humanité soumise et obéissante aura été amenée à la perfection humaine, alors elle ne mourra plus. La préservation d’Enoc, un homme imparfait, pendant 5000 ans par la puissance divine servira de témoignage à l’humanité et sera une aide à leur foi pendant que l’œuvre du rétablissement se poursuivra. Enoc est lui-même un de ces anciens dignitaires qui pendant le Millénium sera un des « princes » ou gouverneurs de la terre, représentant le royaume invisible du Messie. « Au lieu de tes pères tu auras tes fils; tu les établiras pour princes dans toute la terre ». — Ps. 45: 17.
Elie type de l’Eglise.
De même que Melchisédech roi et sacrificateur, représentait ou typifiait l’Eglise glorifiée, les chercheurs de la Bible comprennent que le prophète Elie typifiait ou représentait l’Eglise dans la chair de ce côté du voile — depuis Jésus jusqu’à maintenant. Ainsi, longtemps après la mort d’Elie, Dieu déclara à Israël par le prophète: « Voici que je vous envoie Elie le prophète, avant que vienne le jour de Jéhovah grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs enfants, et le cœur des enfants vers leurs pères, de peur que je ne vienne et que je ne frappe le pays de malédiction » (Mal. 4:5,6 —C.) — que ne fonde sur vous « un temps de détresse telle qu’il n’y en a point eu de pareille depuis qu’il existe une nation». — Dan. 12: 1.
Comme Jean-Baptiste — en tant que précurseur de Jésus, typifiant le plus grand Elie (l’Eglise militante) — ne réussit pas à amener le peuple en harmonie avec les pères (Abraham, Isaac et Jacob), de même l’Eglise en la chair, comme Dieu l’avait prévu, n’a pas réussi à amener la paix sur la terre.
De même que l’insuccès de Jean-Baptiste avec Israël fut suivi du renversement de leur vie nationale, en l’an 70 de notre ère, nous croyons que l’insuccès de son antitype l’Eglise dans la chair, de rétablir la justice, aura pour résultat, selon l’intention divine, la détresse universelle qui humiliera l’homme et préparera la voie pour l’établissement du royaume messianique en puissance et grande gloire.
Enlevé par un tourbillon.
Beaucoup de chrétiens n’ont pas remarqué qu’il y a une différence entre le salut céleste que Dieu a préparé pour 1’Eglise, et le rétablissement terrestre (Act. 3:19 — 21) qu’il a préparé pour le monde, mais il y a en plus deux classes distinctes de l’Eglise mentionnées dans la Bible.
En premier lieu nous avons la sacrificature royale, fidèle appelée « le corps de Christ », dont Jésus est la tête. Ceux-ci ont reçu la promesse d’être assis avec Christ sur son trône et de juger le monde pendant le règne messianique.
L’autre classe des sauvés sur le degré céleste, l’Ecriture la désigne comme « la grande multitude » dont personne ne connaît le nombre (Apoc. 7 : 9). Ils sont différents des élus dont le nombre est positivement fixé par la prédestination divine — 144,000. Comme cette classe est appelée un « petit troupeau » et une « sacrificature royale », ainsi ceux de la « grande multitude » sont les lévites antitypiques. Tandis que les élus s’assiéront sur le trône avec Christ, et porteront la couronne de gloire, les sauvés de la seconde catégorie serviront devant le trône, et au lieu de couronne auront les palmes de la victoire.
Les élus seront des pierres vivantes du temple de Dieu qui devra être achevé à la première résurrection pour être le lieu de rendez-vous entre Dieu et les hommes durant mille ans, la classe des lévites ne seront ni pierres ni colonnes de ce temple bien qu’ils doivent avoir le privilège de servir Dieu nuit et jour dans son temple.
Les chercheurs de la Bible ayant reconnu Elie comme le type de la classe élue, ils sont disposés à considérer Elisée comme étant probablement un caractère – typique: un représentant de la grande classe spirituelle, les lévites antitypiques. Ce fut vers la fin de la carrière d’Elie, qu’Elisée devint son serviteur et compagnon. Les diverses occasions dans lesquelles Elie suggéra à Elisée de le quitter et de rester en arrière, sont supposées représenter les épreuves et les difficultés du sentier que doit suivre l’Eglise ici-bas lesquelles suggèreraient à la multitude, la classe d’Elisée, de s’abstenir de suivre leurs frères plus zélés de la classe d’Elie les divers arrêts et suggestions, représentent l’œuvre du criblage et de la séparation, et tous ceux qui continuent sont supposés faire partie de la classe d’Elisée. Quiconque renoncera ne sera d’aucune de ces deux classes.
Si ces interprétations d’Elie comme type sont exactes, l’enseignement qu’on peut en tirer est que la fin de la carrière de l’Eglise dans la chair, aura lieu d’une manière soudaine, brusque.
Il peut arriver que le chariot de feu se trouve être de Sévères épreuves ou de violentes persécutions. Le tourbillon qui emporta Elie au ciel est une figure employée dans l’Ecriture pour représenter une grande confusion, un combat — un cyclone.
Elisée successeur d’Elie.
2 Rois 2l: 1—37.
Elisée fut avec Elie jusqu’au moment où le tourbillon les sépara et emporta ce dernier hors de vue. Son manteau tomba sur Elisée et la prière de celui-ci de recevoir une double mesure de l’esprit d’Elie, fut exaucée. Se servant du manteau pour frapper
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les eaux du Jourdain, le miracle opéré par Elie se renouvela pour lui, et de l’autre côté de Jourdain il commença sa carrière de prophète.
A Jéricho, la provision d’eau venait d’un ruisseau saumâtre et était malsaine. Elisée alla à la source et là fit un miracle semblable à celui qu’avait accompli Moïse aux puits de Moïse à Mara; cette fontaine est connue jusqu’à ce jour sous le nom de fontaine d’Elisée.
Nous lisons qu’un de « ces fils de prophètes » ou étudiants mourut et que sa mère veuve se trouvant dans le besoin le prophète Elisée l’encouragea à exercer sa foi. Elle avait une cruche d’huile dont la provision augmentait en la transvasant jusqu’à ce qu’elle en eût suffisamment pour payer toutes ses dettes.
Divers autres miracles sont mentionnés dont le plus marquant est la restauration d’un jeune garçon à la vie et à la santé. En relation avec les expériences d’Elisée, l’incident ayant attiré sur lui l’attention universelle et une réprobation générale fut sa malédiction sur 42 petits garçons (La loi considère comme jeune ou enfant toute personne n’ayant pas atteint l’âge de 21 ans). Ils se moquèrent d’Elisée et lui disaient: « Monte, chauve! Monte, chauve! » (Ce qui, selon nous, pouvait dire: Ton maître Elie a été enlevé par un tourbillon, pourquoi ne t’en vas tu pas aussi? Tu es chauve, c. à. d. tu as perdu ton maître. Il s’en faut que tu passes pour un prophète, que tu puisses te comparer à Elie).
Lorsque nous lisons qu’il les maudit, le propre sens est qu’il les condamna de même que Jésus —d’une manière calme et raisonnée d’ailleurs — avait fait vis-à-vis de quelques-uns quand il leur disait: « Malheur à vous scribes et pharisiens. . . »— Ainsi Elisée prononça une malédiction sur ces enfants qui l’avaient insulté, leur déclarant que quelque malheur leur arriverait. Au même instant deux ourses se précipitèrent sur eux, les mirent en fuite et quarante deux de ceux-ci furent plus ou moins déchirés et blessés. Ceux qui font opposition à la Bible y lisent que ces 42 enfants furent tués, mais il n’est rien dit de semblable.
Il faut se souvenir que les Israélites sous la conduite du roi Achab et de la reine Jézabel avaient embrassé l’idolâtrie et que bien que le prophète Elie eût rétabli la vraie religion, le roi et la reine avec la majorité du peuple la toléraient tout au plus. Les jeunes gens dont il est question étaient probablement ceux de Jéricho et dont l’âge variait entre dix et vingt ans; ils avaient suivi le prophète en l’outrageant, et sans doute à l’instigation de leurs parents semblaient détruire son influence. Le jugement divin qui s’ensuivit devait nul doute servir de leçon profitable à eux et à leurs parents.
Notre intérêt dans le récit des expériences d’Elisée après le départ d’Elie s’accentue à mesure que nous considérons le fait que lui, comme Elie, fut un caractère typique positif. Il peut typifier les anciens dignitaires (comme il typifie les lévites anti-typiques de l’âge de l’Evangile) auxquels incombera la tâche d’instruire et de bénir le monde durant le Millénium — « Princes sur toute la terre »
A ce point de vue nous pourrions penser qu’Elisée représente d’abord la seconde classe des engendrés de l’Esprit, et que son passage du Jourdain représente la mort de cette classe de lévites anti-typiques. Dans ce même sens, les progrès subséquents d’Elisée, son œuvre de jugement et de restitution déjà mentionnée, correspondent parfaitement à ce que nous pouvons attendre à l’inauguration du royaume du Messie sous les « princes ». La purification des eaux de la fontaine ou source, représenterait bien la guérison par les eaux de la vérité. Pendant de longs siècles l’erreur et la superstition en combinaison avec le mensonge de Satan: « Vous ne mourrez nullement », ont rendu les eaux de la vérité saumâtres et malsaines. Le sel jeté dans la source représente symboliquement la guérison du mensonge et de l’erreur par la coopération de l’Eglise en gloire, laquelle est maintenant appelée « le sel de la terre».
La mort par le potage sera effectivement remplacée par les bénédictions divines lors de l’inauguration de la nouvelle alliance par le moyen du Royaume de gloire. La terre donnera ses fruits; le désert fleurira comme la rose; et des eaux jailliront dans le désert. Les bénédictions de Dieu seront universelles, représentées symboliquement par les fils des prophètes. Ce sont ceux qui se séparèrent de l’idolâtrie de leur pays et qui reçurent volontiers les enseignements des prophètes, prophétisant eux-mêmes comme disciples.
La bénédiction de la cruche d’huile de la veuve a une signification symbolique que nous comprenons dans la proportion où nous réalisons la valeur de l’huile pour le peuple de ce temps-là. Elle était non seulement une partie de leur nourriture, mais encore leur médecine et leur fournissait la lumière. Ce qui fut accompli par le prophète, est donc un magnifique tableau des bénédictions de la restitution attendue que recevront tous ceux qui s’en montreront dignes.
La restauration à la vie du fils de la Sunamite figure un de ces traits caractéristiques de la nouvelle économie — du Règne millénaire, savoir le rappel dans la vie, le réveil de tous. Cette puissance s’exercera sans doute par le ministère messianique de Jérusalem — par les princes d’alors, typifiés par Elisée. Les humains qui seront favorisés et exaucés avant tous seront ceux qui apprécieront et salueront le plus chaleureusement ces « princes », comme les parents de ce fils qu’Elisée ressuscita reçurent confortablement et avec les plus tendres soins le prophète.
Le jugement qui viendra sur les adversaires de la classe d’Elisée typifiée par les 42 jeunes gens semblerait indiquer les jugements disciplinaires qui pendant le royaume du Messie seront promptement exécutés contre tous ceux qui s’opposeront aux arrangements divins. « Lorsque les jugements de l’Eternel s’exercent sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice ». « Le Seigneur fera de la droiture une règle et de la justice un niveau » — Esaïe 26:9; 28: 17. (E. C.)