(Presqu’île de Malacca) — le 28 Janvier 1912.
« En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes. mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. » — Actes 10 : 34.
Je n’ai jamais vu une ville aussi cosmopolite que Singapour. Les Chinois, les Malais, les Hindous, les Javanais, les Siamois, les Singalais, les Birmans, les Afghans, les Tamouls et beaucoup d’autres nationalités se rencontrent ici en foule, à côté de représentants, pour ainsi dire, de toutes les nations du globe. La vue de ces divers peuples entremêlés, dont probablement très peu adorent ou reconnaissent en quelque sens: « le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu’il a envoyé» (Jean 17 : 3), émeut mon cœur et mon esprit. Les déclarations, ci-après, du grand apôtre et du Seigneur vous frappent alors plus spécialement:
«Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu ». (Héb. 11 : 6). «Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont point entendu parler ». (Rom. 10 : 14). Enfin et surtout: «Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations. » — Matth. 24 :14.
Les dogmes et crédo font triste figure.
Un nombre respectable de braves gens vous diront
1987 Mai 1912
suivant leurs dogmes, leurs confessions de foi, que si Dieu avait élu les païens pour être sauvés il aurait fait en sorte que l’Evangile leur soit prêché. Puisqu’ils n’ont pas entendu l’Evangile, cela dit assez que Dieu passa outre et les classa comme non-élus: que « les élus » ne sont trouvés que parmi ceux qui sont les favorisés de Dieu, qui acceptent sa grâce et qui sont « sanctifiés ».
Une autre classe de gens vous diront, aussi d’après leur crédo (quoique devenu suranné), qu’ils croient comme les premiers; sauf addition d’une autre condition, savoir, que les élus pour être des ,.,élus-mêmes» doivent être amenés à la connaissance du baptême dans l’eau — de l’immersion complète — et y donner suite.
Une autre théorie qui coure le monde chrétien nie qu’il y ait «élection» et qu’il faille tant et tant d’eau, quoiqu’une petite quantité soit nécessaire. Cette théorie déclare que Dieu a de l’amour pour les païens, mais qu’il fait de la foi en la mort expiatoire de Christ une condition de salut et que ce sont les chrétiens eux-mêmes qui sont responsables de l’ignorance des païens et, par suite, de leur triste sort futur d’être jetés dans les tourments éternels. Ceux qui soutiennent cette théorie vous diront que Dieu a tout fait de son côté en pourvoyant au Sauveur, que c’est aux chrétiens seuls qu’il incombe de le leur faire savoir. — On devrait croire qu’en regard de cela peu de chrétiens puissent dormir une seule nuit à leur aise.
Quelques chers partisans de cette dernière manière de voir (dans la chrétienté anglo-américaine) ont lancé un mouvement en faveur de l’homme et de la religion. Ils disent qu’il faut dix millions de francs pour commencer ce mouvement et pouvoir réunir un fond de 150,000,000 de francs. Oh gens bien intentionnés que je vous aime pour votre zèle! Mais un zèle qui n’est pas selon la connaissance (Rom. 10: 2). S’ils pouvaient nous accompagner un peu dans les rues de Singapour, les yeux de leur intelligence s’ouvriraient. Ils commenceraient par voir qu’avec la somme, qu’ils jugent nécessaire pour convertir le monde, guère plus d’un sou tomberait sur une âme. La statistique des Etats Unis montre qu’il y a un siècle le nombre des païens s’élevait à 600,000,000 et qu’aujourd’hui il y en a une fois autant.
La Bible nous montre quelque chose de meilleur
Il y a aujourd’hui des gens qui rejettent ces credo du passé, comme ayant eu leur temps, mais trouvent à redire à la Bible et s’en éloignent comme Si la Bible soutenait les erreurs de ces crédo.
Pour nous, acceptons plutôt que la difficulté avec ces divers crédo du passé réside dans le fait qu’ils contiennent en eux la parole de Dieu partagée. Chaque crédo contient une certaine quantité de vérité avec un tas d’erreurs encore plus gros. Mais on n’en finirait point en voulant faire passer dans le creuset tous les credo pour séparer l’or d’avec les scories. Prenons un chemin plus aisé et plus simple où devraient nous suivre tous les croyants chrétiens . Jetons loin les credo et les traditions de l’homme et retournons au Livre sacré — à la Bible — aux déclarations de Jésus, des douze et seuls apôtres et des saints prophètes.
St. Paul nous dit que les Ecritures divinement inspirés sont suffisantes pour que l’homme de Dieu soit accompli. Il déclare que nous devons « dispenser comme il faut la parole de vérité qui peut nous rendre sages à salut ». — 2 Tim. 3:17; 2:15; 3:15.
Poursuivons cette méthode, cette course et permettons à la parole de Dieu d’être son propre interprète, laissons le soin à un passage de jeter la lumière sur un autre passage et ne rejetons aucun témoignage de l’Eternel, mais harmonisons ensemble toutes les déclarations divines; et alors nous y trouverons la sagesse, la justice, l’amour et la puissance de Dieu en parfait accord « pour le salut de tous ceux qui croient » — maintenant pour les élus, pour ceux qui ont des oreilles pour écouter et, bientôt (pendant le Règne messianique des mille ans), pour tout le monde.
(Maryland Republican)