DEVOIRS ET PRIVILEGES DES SAINTS AU TEMPS PRESENT

Listen to this article

«Crie à plein gosier, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette, et annonce à mon peuple ses iniquité et à la maison de Jacob ses péchés! Tous les jours ils me cherchent, ils veulent connaître mes voies comme une nation qui aurait pratiqué la justice et n’aurait pas abandonné la loi de son Dieu, ils me demandent des arrêts de justice, ils désirent l’approche deDieu »

— Es 58 1, 2.

Nous comprenons que ces paroles, transmises par le Seigneur au prophète Esaïe, décrivent la condition de ceux qui appartiennent nominale­ment à Dieu. Ces paroles furent destinées sans doute au peuple juif contemporain du prophète, nous croyons cependant qu’elles s’appliquent plus spéciale­ment à la chrétienté de notre époque. Si nous exami­nons la portée générale de ce texte, qui est de saison en tout temps, nous voyons qu’il a trait à de véritables chrétiens, à des enfants du Seigneur et aussi à la maison de Jacob d’une manière générale. Le prophète parle de certaines transgressions qui sont des erreurs commises par les enfants de Dieu, les chrétiens, et de péchés commis par la maison de Jacob (Israël selon la chair); il s’agit de transgressions très graves.

Si nous nous reportons à l’époque actuelle, nous croyons que les enfants du Seigneur sont ceux qui ont fait alliance avec Dieu par leur consécration, ce sont ses vrais enfants et non pas d’autres. Ceux qui ont fait cette alliance avec Dieu par leur sacrifice sont relativement peu nombreux. La grande masse de ceux qui portent le nom de chrétiens a transgressé maintes fois la volonté et la loi de Dieu: un grand nombre d’entre eux le firent par ignorance en suivant des conducteurs aveugles, en conservant des croyances du passé ténébreux. L’expression « maison de Jacob » désigne exclusivement les Juifs, le peuple uni ancienne­ment à Dieu par une alliance.

Les enfants de Dieu de notre époque, ceux qui possèdent la lumière de la vérité, telle qu’elle resplendit maintenant de sa Parole, doivent montrer à la chrétienté nominale actuelle et surtout à ceux qui font profession d’être des enfants de Dieu, leurs erreurs, ils doivent leur faire voir les points où ils se sont écartés de la Parole de Dieu, leur montrer où leur ligne de conduite n’est plus en harmonie avec la loi d’or, etc. D’autre part, si ces enfants de Dieu en ont l’occasion, ils doivent mon­trer aux Juifs les raisons pour lesquelles ils sont actuel­lement dans une condition si humiliante. Cependant, il conviendrait de ne pas leur apporter ce message en leur adressant des réprimandes; un tel mode de faire n’est justifié envers personne.

Si l’on agit dans cet esprit-là, on ne peut faire aucun bien. La vérité elle-même doit être l’épée, et la Parole de Dieu est une épée à deux tranchants. Toute oeuvre que nous pourrions accomplir en nous écartant de la Parole de Dieu ne produirait que de mauvais résultats, car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles .

Nous devons crier à plein gosier sans restrictions au­cunes, nous devons montrer, lorsque les circonstances s’y prêtent, ce que les Ecritures disent. Ceci ne veut nullement dire qu’il faille insulter des auditeurs. Les ambassadeurs de Dieu n’ont pas reçu de mission pour insulter quelqu’un, nous pouvons cependant, avec des paroles aimables, exposer les conditions actuelles de la chrétienté, les dangers que le monde va affronter et la ligne de conduite que doivent suivre ceux qui veulent véritablement être des disciples du Seigneur.

« Une forme de piété » sans ce qui en fait la Puissance

Ces paroles renferment des enseignements analogues à ceux contenus dans Esaïe, ch. 29 : 13 et cités par notre Seigneur : Quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres; mais son cœur est éloigné de moi “: le Seigneur a rendu les mêmes paroles, dans Matth. 15 : 9, disant C’est en vain qu’ils m’honorent en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes “.

La seconde partie (v. 2) de notre texte principal n’est pas aussi claire que nous l’aimerions. La pensée exprimée parait être la suivante : Tous les jours ils paraissent me chercher, ils semblent désirer connaître mes voies. Ces gens-là construisent des églises très éle­vées somptueusement décorées qui coûtent très cher. Beaucoup de ces églises renferment des tableaux superbes de saints ou de grandes fresques qui produisent un effet merveilleux; il y a des carillons de cloches admirables, faisant retentir des hymnes suaves: il y a des choeurs d’artistes distingués qui chantent des cantiques; il y a des pasteurs très érudits, grands orateurs, qui présentent des dissertations éloquentes. Extérieurement, tous ces gens-là ont beaucoup de zèle pour le bien et la justice; ils paraissent se comporter admirablement. Ils ont institué chaque année un jour de prières de reconnaissance, ils font des collectes productives pour les pauvres, ils accordent des salaires rémunérateurs à leurs prédicateurs, ils réunissent des fonds pour les missions. Cette activité a beaucoup d’analogie avec celle déployée par toute une classe de personnes au temps de la première venue de notre Seigneur qui dit à ce sujet: « Vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte: et quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous », car ce dernier est devenu plus mauvais qu’auparavant. — Matth. 23:15.

Aujourd’hui on déploie un ‘grand zèle pour propager les traditions des hommes, leurs théories, tous cherchent à faire progresser les intérêts respectifs des diverses

28 Avril 1915

dénominations religieuses, on cherche également à attirer le monde par toutes sortes de procédés et de moyens pour acquérir son appui moral et financier. Nous voyons ainsi que le jour annuel de prières de reconnaissance fut institué de bonne heure dans la Nouvelle-Angleterre; il y a longtemps déjà que le dernier jeudi de novembre a été désigné comme jour de prières de reconnaissance à Dieu pour les récoltes qu’il a accordées. Le gouverneur de l’Etat de Massachusette l’établit le premier, puis le gouverneur d’un autre Etat fit de même et ainsi de suite; finalement le président des Etats-Unis l’adopta et ce jour devint un jour férié légal. Des personnes appar­tenant à d’autres nationalités à qui on dirait cela pour­raient croire que le peuple américain est un peuple de saints.

Si l’on examine la réalité des faits, on voit que même si le président des Etats-Unis était un infidèle il devrait se conformer à cette coutume et faire chaque année les proclamations d’usage pour ce jour férié. Si les gouver­neurs d’un des états de l’Union étaient catholiques, pro­testants ou athées ils devraient faire de même. Cette institution est devenue une coutume fonctionnant comme les aiguilles d’une montre. La plupart des gens considèrent ce jour-là comme un jour férié agréable, surtout s’ils peuvent s’offrir un bon repas et passer une journée joyeusement. L’immense majorité de la population n’ac­corde que peu ou même aucune attention au caractère véritable de ce jour dans lequel on adresse des actions de grâce à Dieu.

Les autres nations du monde font de même; dans les pays musulmans on voit à midi tous les musulmans s’arrêter quelques instants pour prier, quelles que soient leurs occupations à ce moment-là. Une personne peu au courant de ces choses, en conclurait que tous les musulmans sont des saints parfaitement honnêtes et corrects dans tout ce qu’ils font. Il est bon d’ouvrir les yeux sur toutes les manifestations de ce genre. Un grand nombre des institutions cérémonielles de ce genre qui subsistent partout sont purement machinales, ce n’est qu’un formalisme extérieur, une forme de piété sans ce qui en fait la puissance.

Fait dûment constatés au sein de la chétienté nominale

Le prophète déclare dans notre texte que les véritables enfants de Dieu doivent élever la voix, crier à plein gosier et montrer leurs transgressions à ceux qui pré­tendent appartenir à Dieu. Ce texte semble vouloir dire qu’il est nécessaire d’exprimer publiquement la vérité sur ces questions-là et d’attirer l’attention de la chrétienté sur le formalisme hypocrite largement pratiqué au nom de la religion. Les Anglais, les Russes ou les Allemands ont des lois religieuses sévères qui étaient encore plus sévères autrefois et nous n’aurions certainement pas été autorisés à proclamer la vérité présente dans ces temps-là, nous aurions même été en danger de mort. Dans ces contrées, combien de personnes aujourd’hui servent réel­lement Dieu et suivent les instructions de sa Parole telles qu’il les a données à ses enfants? Quels sont les gouvernements qui, dans leurs relations avec d’autres nations, se sont conformés ou se conforment actuellement à la loi d’or que notre Sauveur enseigna? Qu’est-ce que l’histoire du passé et du présent nous dit à cet égard?

Aujourd’hui, il ne serait plus nécessaire ni convenable de crier à plein gosier dans les rues; les gens ne sont plus des ignorants. Toutes les choses dont nous parlons font l’objet de critiques par la voie des journaux ou par d’autres moyens. En matière d’intolérance religieuse, la plupart des dénominations chrétiennes ont largement persécuté autrui. Il ne semble pas que, de nos jours, il y ait plus de loyauté de cœur qu’autrefois, même si les violentes persécutions sont rarement pratiquées. Nous présumons qu’il n’y a guère plus d’un dixième de tous les pasteurs qui ont conservé une certaine foi dans la Bible et la considèrent comme la Parole de Dieu. Si tel est le cas, ces ministres vivent simplement une vie morale supérieure, cependant, nous ne sommes pas certains que ces ministres atteignent, dans ce domaine-là, un niveau plus élevé que le monde en général. Le formalisme reli­gieux est considérable. Cette immense majorité des ministres prêchent toujours sur des textes de la Bible comme autrefois, mais ils se bornent à approuver ce qui, dans les révélations divines, leur paraît être en harmonie avec la critique religieuse moderne et le développement intellectuel général. Nous présumons que le Seigneur, parlant par la bouche du prophète, désigne cet état de choses-là.

Nous ne pensons pas que nous dussions protester à haute voix et d’une manière indécente contre ces faits-là: Il ne nous appartient pas non plus d’aller crier à plein gosier dans les églises contre ces gens-là. Ceux qui s’assemblent dans les églises en ont légalement le droit, ils peuvent être, à leur gré, honnêtes ou hypocrites. Il ne serait guère convenable également de crier à plein gosier contre ces gens-là dans les rues. On peut sonner l’alarme d’une manière plus appropriée et plus efficace.

Nous citerons l’exemple du révérend docteur Aked pour faire voir l’attitude actuelle des ministres des églises nominales. Nous citons ce cas qui n’est plus du domaine privé, car le docteur Aked lui a enlevé tout caractère personnel en publiant la chose dans les journaux.

Peu de temps auparavant, ce pasteur éprouva une satisfaction personnelle à vouloir démontrer que notre Seigneur ne naquit pas d’une vierge, il traita ce sujet avec désinvolture et légèreté. Le rév. Aked est un homme très capable, il est hautement estimé par le peuple, par les facultés de théologies et par les ministres: il fut élu président de la branche de la Fédération des Eglises chrétiennes qui a son siège à San Francisco; le rév. Aked fut attaqué dans certains journaux, on déclara qu’il devait être remercié et chassé de l’église pour s’être permis de telles déclarations. Ce dernier répondit qu’il présumait que chacun comprenait son état spirituel; il offrit sa démission de président de la Fédé­ration des Eglises. La personne qui avait estimé que le rév. Aked devait rendre compte de ses déclarations fut considérée comme un calomniateur et le pasteur Aked fut prié de reprendre la présidence; cependant il avait déclaré publiquement ne pas croire un mot au récit de la rédemption de l’humanité; il ne croyait pas que Jésus eût été et fût jamais un être supérieur aux humains. Le seul fait que, dans le cas particulier, cet homme fut appuyé par ses collègues pasteurs, à peu d’exceptions près, nous démontre que le corps pastoral actuel a tristement dégé­néré. «Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles.

L’oeuvre du royaume de ce coté-ci du voile

Cet état de choses ne nous surprend pas, car il a été annoncé, il y a bien longtemps, dans la Parole de Dieu:

elle nous a en effet déclaré que notre époque verrait l’accomplissement des prophéties parlant de ces choses-là. Nous pouvons regarder de tous côtés, partout nous voyons que l’ordre de choses actuel se désagrège dans tous les domaines; tout l’édifice social, religieux ou financier se disloque. La permission de régner accordée aux royaumes de ce monde est expirée. Daniel nous a dit que, «dans les temps de ces rois», c’est à dire avant qu’ils fussent complètement renversés, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui brisera et anéantira tous ces royaumes humains, tous ces royaumes d’un caractère bestial que Daniel vit dans son rêve. Lorsque ces royaumes auront été « donnés au peuple des saints du Très-Haut», il les brisera «comme le vase d’un potier». Cela nous fait voir que, dans une certaine mesure, le Seigneur prendra possession de ces royaumes avant qu’ils aient été complètement anéantis et que plusieurs de ces royaumes figurant dans la statue de Daniel subsis­teront à ce moment-là.

29 Avril 1915

Quelle époque désigne donc l’expression, dans le temps de ces rois », époque à laquelle le royaume de Dieu sera établi en puissance? Nous comprenons que la première étape de l’établissement du Royaume est la résurrection des saints qui dorment pendant l’âge de l’Evangile; ce fut, croyons-nous, au printemps de 1878. La glorification de l’Eglise commença à ce moment-là. L’établissement du Royaume n’a cessé de progresser, pensons-nous, depuis cette date; il n’y manque plus que les derniers membres de l’Eglise. Quand ces derniers auront pris place dans le corps de l’Eglise glorifiée, le Royaume sera alors complètement établi.

Cela ne veut pas dire qu’une partie de l’œuvre du Royaume n’a pas commencé pendant que plusieurs des membres de Christ sont encore dans la chair. Certains passages des Ecritures paraissent indiquer en effet qu’un certain travail du Royaume s’effectuera de ce côté-ci du voile, pendant qu’une oeuvre plus grandiose et plus puis­sante se poursuit de l’autre côté du voile. Le psalmiste dit « Que les saints se réjouissent de la gloire, qu’ils exul­tent avec chant de triomphe sur leurs lits! » Ce passage semble dire comme nous l’avons déjà indiqué qu’un travail spécial doit s’accomplir pendant que les saints ont encore des lits, pendant qu’ils jouissent encore du repos et ne sont plus « flottants et emportés à tout vent de doctrine”; ils jouissent d’un repos complet confiants dans les grandioses plans de Dieu. Les Ecritures nous disent qu’ils ont en mains une épée à double tranchant qui est la Parole de Dieu; ils s’en servent comme de l’épée de l’Esprit; il n’en sera plus ainsi de l’autre côté du voile, car ils n’auront plus besoin d’une épée là-bas. La Bible dit aussi que leurs lèvres font éclater les louanges retentissantes de Dieu; cette dernière condition semble avoir trait également à la vie de ce côté-ci du voile.

L’expression « pour exécuter contre eux le jugement qui est écrit! » (Ps. 149:9) paraît indiquer que les saints, de ce côté-ci, du voile ont une mission à remplir à l’égard du jugement qui va être exécuté sur les nations. Quelle est la portée exacte de ce texte à ce sujet nous ne le savons pas encore. Rien, dans ce passage, ne s’oppose à la pensée d’après laquelle l’oeuvre proprement dite du Royaume du Seigneur a commencé à s’accomplir; l’ébranlement des nations actuelles est, croyons-nous, dirigé par le Royaume de Christ. Le fait que plusieurs de ceux qui feront partie du Royaume sont toujours dans la chair n’exclut en rien cette manière de voir. Nous constatons qu’actuellement les royaumes de ce monde commencent à être mis en pièces et nous pré­voyons que cette oeuvre se poursuivra jusqu’à leur anéantissement complet; ils seront pareils à la balle qui s’envole de l’aire au temps de la moisson, ils seront emportés par le vent, sans qu’il en reste aucune trace. —            Daniel 2 : 35.

L’établissement du royaume

Des événements importants doivent s’accomplir, c’est pourquoi Dieu permet ce qui peut paraître à certaines personnes des oeuvres humaines diaboliques. C’est dans un but très sage que Dieu permet à la barbarie de régner, qu’il permet cet état de choses qui excite une réprobation universelle. Nous estimons que, jour après jour, nous devons examiner les preuves qui s’ajoutent successivement, nous permettant de voir que les temps des nations sont expirés et que l’oeuvre du royaume de Dieu a commencé. Nous croyons que les manifestations de la puissance du Royaume se multiplieront, le monde cependant ne les reconnaîtra pas avant le moment où les flammes de feu de l’anarchie commenceront leur action, ce qui doit venir par la suite. L’étape actuelle des événements est la guerre des nations; l’étape suivante sera le socialisme, une tentative de socialisme au sein des peuples; la troisième étape sera l’anarchie qui se développera graduellement. Quand ce feu symbolique sera entièrement allumé, le monde comprendra alors ce que nous essayons de lui dire maintenant, c’est à dire que le royaume de Dieu dirige les événements et que toutes ces diverses manifestations sont des preuves que notre Seigneur prend les rênes de son grand pouvoir. Le plus grand nombre ne verra rien avant que les flammes de feu se soient manifestées. Lorsque nous faisons des efforts pour dire aujourd’hui la chose au monde. il ne veut pas la recevoir; il n’en sera entièrement per­suadé que lorsqu’il verra le feu dévorant de l’anarchie.

Ce fut simplement pendant la période qui s’étendit depuis la destruction du royaume d’Israël jusqu’à l’éta­blissement du royaume des cieux qu’il fut accordé aux royaumes des nations la possibilité de faire la preuve de ce qu’ils pouvaient réaliser en fait de gouvernements justes et équitables. Le temps est venu aujourd’hui où le royaume de Dieu doit les remplacer, mais ils ne sont pas disposés à abandonner leurs couronnes et leurs sceptres, ils résistent; c’est pourquoi ils doivent être détruits par la force. La période de 2520 ans de pouvoir accordée à ces nations est échue et elles doivent être complètement renversées. Nous croyons que leur écra­sement se poursuivra sans interruption jusqu’à achève­ment complet; les Ecritures nous disent : « Le Seigneur exécutera pleinement et promptement sur la terre ce qu’il a résolu. » — Rom. 9 : 28.

Aux sons de la septième trompette, le Messie devait prendre sa grande puissance et son règne; cette trom­pette retentit actuellement! « Les nations se sont irritées et ta colère est venue » (Apoc. Il :18). Il est certain que les nations sont irritées maintenant; elles agissent comme si elles étaient privées de bon sens. Nous voyons aisé­ment que c’est l’esprit d’égoïsme qui l’a emporté chez ces nations; mais jusqu’au moment de la guerre, des entraves ou des craintes les empêchèrent de déchaî­ner le conflit actuel. Quand le temps marqué par le Seigneur arriva, elles brisèrent tous les liens qui les retenaient. C’est à partir de ce moment-là que le Seigneur prit en mains les affaires des nations; il permit cette guerre à la fin des temps des nations, au temps convena­ble où elles doivent être mises en pièces par la verge de fer de la loi de fer (Ps.2: 6-12). Nous sommes persuadés que cette loi de fer et son pouvoir de destruction se manifesteront encore davantage, non seulement sur les nations, mais aussi sur toute la société humaine. Dans le grand jour actuel du Seigneur, tout ce qui est ébran­lable sera ébranlé jusqu’à sa ruine complète; car rien de ce qui est inique et indigne d’exister ne subsistera. C’est Dieu lui-même qui est l’auteur de l’ébranlement général.

L’ébranlement financier

Nous nous attendons à de grands soubresauts dans le monde financier. Aucune guerre n’a produit un ébranle­ment du monde comparable à celui que nous voyons actuellement; ce sont les conditions monétaires qui sont, dans une large mesure, la cause de cet état de choses. La seule monnaie qui a un cours général c’est l’or; il y a quarante ans que l’argent a été démonétisé; nous en ressentons les effets maintenant. Actuellement, les valeurs en actions, en fonds d’état et en obligations de toute nature reposent en grande partie sur la confiance. Dès que la confiance commence à être ébranlée, toutes ces valeurs diminuent rapidement. Maintenant que la con­fiance abandonne considérablement le public, nous comprenons aisément que les banquiers aient à subir de fortes secousses, » les hommes rendant l’âme de terreur » —                Luc 21: 25, 26.

Depuis que la guerre a commencé, des obligations et des actions ont été vendues à un cours de 30 pour cent inférieur à celui de juillet dernier. La bourse n’a pas

30 Avril 1915

 reconnu ces ventes; dans quel but? Parce que l’on désire maintenir les prix élevés. Les banques ont leurs coffres-forts remplis d’actions et d’obligations. Si les inspecteurs du gouvernement venaient faire l’inventaire de ces valeurs, ils les évalueraient au cours du jour, selon le prix de la dernière vente et le devoir des inspecteurs serait d’exiger de ces banquiers que leur bilan véritable fût établi avant de les autoriser à repren­dre leurs affaires le lendemain matin. Les banquiers répondraient peut-être à ces exigences en disant qu’ils ont des valeurs solides, des obligations pour un montant considérable. L’inspecteur leur dirait alors: ce n’est pas des obligations que vous devez avoir, c’est des réserves d’or. Il n’existe pas assez d’or dans le monde pour payer les dettes existantes; or, ces dettes sont constituées par des obligations payables en or. D’autre part les intérêts de toutes ces dettes ne sont représentés chez ces ban­quiers que par des obligations aussi remboursables en or. Mais de toute part, chacun déclare qu’il ne veut ni obligations ni actions, mais de l’or.

De nos jours, les hommes d’affaires les plus riches sont les plus éprouvés, ils possèdent des actions et des obligations, mais ils n’ont ni or ni espèces monnayées. Si vous demandiez de l’or dans des banques en échange d’autres valeurs, vous en obtiendrez peut-être, mais difficilement. Les billets de banque rembour­sables en or conservent la même valeur que l’or, parce que le trésor de l’état est tenu, d’après la loi, d’avoir en caisse l’or nécessaire pour les rembourser sur pré­sentation.

Cette situation produit de graves embarras, non seu­lement aux Etats-Unis, mais aussi dans l’Amérique du Sud et dans l’Amérique centrale; ces peuples aimeraient acheter des marchandises, mais la question qui est posée à tous est: Avez-vous du numéraire, avez-vous de l’or? Ces gens répondent qu’ils n’en ont pas, ils demandent qu’on leur vende dans les mêmes conditions que précé­demment. On leur répond que cela est impossible, qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne plus, qu’on ne peut encore se rendre compte de la chose. En effet, tous les rouages sont arrêtés et tous ceux qui sont engagés dans l’engrenage restent pris. Il n’y a pas assez d’espèces monnayées en circulation et ce sont précisément ceux qui abolirent l’étalon d’argent, qui détruisirent la valeur de ce métal il y a quarante ans, qui sont maintenant frappés par la situation qu’ils ont créée.

le temps du jugement est arrivé

Nous croyons, comme nous l’avons dit dans le vo­lume Il des Etudes des Ecritures, que les temps des nations ont pris fin exactement au temps marqué. C’est la justice divine qui maintenant accomplit cette oeuvre de destruction; les nations seront mises en pièces comme le vase du potier. Il est possible que ce terrible cata­clysme s’abatte sur le monde entier au cours des dix prochains mois ou bien il peut être différé quelque temps. Nous croyons que c’est le 21 septembre 1914 que le Royaume a commencé à s’établir. A ce moment-là où notre Seigneur devait prendre en mains sa grande puissance et commencer son règne, les nations étaient déjà irritées. Cette irritation était telle que ces nations commencèrent la guerre un mois avant le temps marqué.

Cette « irritation ne devait se manifester que le 21 septembre. Nous croyons que cette irritation se mani­festera toujours davantage. Il y avait déjà nombre d’an­nées que les nations éprouvaient les unes pour les autres le même esprit d’animosité, mais, selon toute apparence, quelque chose les empêcha de passer des sentiments aux actes, parce que, pensons-nous, le moment fixé par Dieu n’était pas arrivé. Nous étions surpris, comme beaucoup de personnes, que cette colère ait pu être contenue aussi longtemps. Les journaux ont beaucoup écrit à ce sujet.

La guerre des Baîkans vînt parce que les nations étaient irritées, ce fut la cause initiale de la conflagration actuelle. L’Autriche, à ce moment-là, activa le commen­cement des hostilités, l’empereur allemand par contre s’opposait à ces tendances belliqueuses. Actuellement la main qui retenait toutes choses s’est retirée, car le temps était venu.

Quels ne devons-nous pas être par la sainteté de la conduite et par la piété ?

Si l’Eglise voit toutes ces choses avec une pareille clarté, et saisit toute l’importance qu’elles ont pour ses membres, quelles ne doivent pas être la sobriété, la vigi­lance et la foi de ces derniers. Jamais les paroles de Paul, « veillons et soyons sobres », n’ont été plus d’actualité.

Les formidables événements actuels qui introduisent la nouvelle dispensation, apportent avec eux des épreuves spéciales et des situations pénibles pour le monde et pour l’Eglise. L’apôtre dit: « Vous frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur »; il viendra, nous dit la Parole, « comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre ». Tous, sauf les frères en Christ, seront surpris, désillusionnés, attristés; ils auront été surpris, ils n’étaient pas prêts. Les frères dans le Seigneur qui ont été nourris à sa table, qui sont forts de sa force, ne seront pas pris à l’improviste. L’apôtre adjure les frères qui sont « des enfants de la lumière et des enfants du jour » de ne point se comporter comme des enfants des ténèbres, des enfants de la nuit.

Dans le nouveau jour qui commence à luire, nous entrerons dans le règne de la justice; nous appartenons à cette nouvelle dispensation. Quoique nous soyons dans notre corps charnel, nous n’appartenons pas à la chair, quoique vivant dans le monde, nous ne sommes pas du monde, nos esprits ont été illuminés par la lumière du nouveau jour; nous n’avons plus aucun intérêt pour les choses de ce monde, seules, les choses du Seigneur nous intéressent. C’est grâce à la communion spéciale que nous avons avec le Seigneur, puisque nous sommes ses élus, que nous ne sommes pas laissés dans les ténèbres du mondes

Par-dessus toutes choses, nous devons être sobres. Quand l’apôtre dit: « Soyons sobres », il ne fait pas allusion aux liqueurs enivrantes, car, ceux qui ont l’Esprit du Seigneur, son caractère et sa vérité, ne se permettent pas de telles choses. Nous ne pensons pas que Paul ait voulu dire que nous dussions toujours avoir une face morne, car les enfants de la lumière doivent être heureux et joyeux entre tous. Par contre ils doivent être sobres, c’est-à-dire sérieux, réfléchis, laissant de côté toute frivolité, toute légèreté, surveillant avec attention leurs pensées, leurs paroles et leurs actions, afin d’ho­norer en toutes choses leur Roi, celui dont ils portent le nom. Les enfants de Dieu, dont les yeux sont ouverts, comprennent ce qu’est le péché et comment le règne du péché atteindra bientôt son point culminant. Ayant saisi les plans de Dieu, ayant fait alliance avec lui, ses en­fants doivent être assurément sobres et vigilants, puis­qu’ils comprennent toute l’importance de la grande ba­taille qui se livre actuellement entre la lumière et les ténèbres, entre la vérité et l’erreur ; ils se rendent compte que, pour être fidèles en ce « mauvais jour », il faudra toute la sobriété mentale, toute la force de carac­tère qu’ils possèdent. Ils auront continuellement besoin de la sagesse d’en haut. « Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libé­ralement, sans rien reprocher, et elle lui sera donnée «(Jac. 1: 5). Ceux qui ont fait le meilleur emploi des ca­pacités et des talents qui leur ont déjà été accordés ont seuls le droit de demander encore plus de sagesse, car ils sont préparés à l’utiliser judicieusement.

31 Avril 1915

La « coupe » de la femme apostate

Les Ecritures parlent d’ivresses de diverses natures on peut être enivré de l’esprit du monde; les véritables enfants du Roi céleste ne peuvent pas être enivrés de cet esprit-là; ils boivent un vin nouveau que le Seigneur leur donne, ils en sont entièrement satisfaits et ils ne recherchent pas l’ivresse du monde. Il existe aussi une ivresse spirituelle qui est l’esprit d’erreur; le monde entier est ivre de cet esprit. Toute la chrétienté nominale s’est enivrée du vin provenant de la coupe d’or dont parle l’Apocalypse et que la femme apostate a donné à boire à tous; cette coupe est remplie de fausses doctrines qu’elle a préparées elle-même. Grâce à Dieu! cette ivresse se dissipe, nous pouvons voir plus clairement que jamais; il y a cependant beaucoup d’humains qui sont encore ivres.

La boisson la plus enivrante est la doctrine des tour­ments éternels; ceux qui l’ont bue pensent que si l’on a écouté la parole de Christ, si l’on s’est détourné du péché matériel et visible, si l’on s’est réclamé de son nom, on a fait en soi-même le nécessaire et qu’alors, il faut aller auprès des autres humains pour les engager à se détourner d’une vie de péché. Ces personnes pen­sent qu’il n’y a rien d’autre à faire; elles ne voient pas que, dans leur propre cœur, il y a une oeuvre de grâce à accomplir, qu’elles doivent s’édifier dans la connais­sance de Dieu et dans l’obéissance à sa volonté; car ce qu’il veut « c’est leur sanctification ». Grâce à de telles conceptions, beaucoup de ces gens-là ne sont encore que de petits enfants en Christ; un plus grand nombre n’ont même pas la justification qui donne la vie, car ils ne se sont jamais entièrement consacrés.

Un grand nombre de chrétiens avoués, d’une grande intelligence, ayant beaucoup d’influence, sont entièrement intoxiqués par le vin des fausses doctrines. Ils sont sa­tisfaits d’eux-mêmes lorsqu’ils ont versé quelque argent à leur église nominale et lorsqu’ils ont accompli quelques bonnes oeuvres; il ne leur vient pas à l’esprit d’appro­fondir les choses de Dieu ou de servir le Seigneur. Combien ces gens-là ont besoin d’être délivrés des in­fluences diverses qui les enchaînent pieds et poings! Combien nous sommes heureux et reconnaissants de savoir que les chaînes qui les retiennent esclaves seront bientôt brisées et que tous ces captifs seront délivrés! Les enfants de la lumière restent toujours vigilants, ils ne se laissent pas influencer par des doctrines sédui­santes et fausses. Nous nous réjouissons de voir que le grand matin va luire, celui du jour pendant lequel tous seront réveillés et verront la lumière qui sera versée à flots par le soleil de la justice qui se lèvera avec la santé dans ses rayons.

Les enfants de Dieu qui, maintenant sont pleinement éveillés, doivent être très actifs et énergiques au service du Seigneur, car ils disposent de moyens d’action cent fois plus considérables que leurs prédécesseurs, ils ont le télégraphe, le téléphone, la poste, les journaux, des trains rapides et commodes, ils ont des imprimés, etc. Cette époque est, avant tout, l’heure où les enfants de Dieu, « les enfants du jour », doivent être sobres, vigilants et actifs. En présence d’un champ d’activité aussi étendu qui ne serait pas sobre et vigilant!

Nous devons veiller. Sur qui devons nous veiller? Nous devons avant tout veiller sur nous-mêmes pour être préservés des pièges du temps présent, plus insidieux, plus séducteurs que jamais et afin de ne pas perdre la paix de Dieu ainsi que nos lumières. L’adversaire veille; il est donc nécessaire que les enfants du Seigneur soient sur leurs gardes et veillent avec vigilance. Dans le passé, les enfants de Dieu n’eurent que peu d’occasions de veiller et d’assister à l’accomplissement des Ecritures, car cet accomplissement était encore lointain. Maintenant, le temps est venu pour nous d’être vigilants et d’ouvrir les yeux tout spécialement sur ces choses. Les temps des na­tions sont terminés, ces dernières s’écroulent aujourd’hui.

Certaines indications nous font voir que le Seigneur donne en ce moment-ci à tous ses enfants, à tous ses saints vigilants une grande œuvre à accomplir. Si nous ne sommes pas bien éveillés, nous pouvons nous endormir. Après la mort de notre Seigneur, les disciples étaient disposés à s’endormir, à reprendre leur métier de pêcheurs, au lieu d’accomplir la tâche que le Seigneur leur avait tracée, nous devons tous être bien éveillés, sur nos gardes, voir quel est le devoir du moment et l’exécuter promptement.

Les occasions de servir le Seigneur n’ont’ jamais été si grandes

Quelques enfants de Dieu croient que la porte est fermée, qu’il n’est plus possible de servir le Seigneur, aussi, ils négligent son œuvre. Nous n’avons pas de temps à perdre en nous imaginant que la porte est fermée. Il y a des gens qui cherchent la vérité et qui sont dans l’obscurité. Aucune époque n’a été comparable à ce temps-ci; jamais autant de personnes n’ont été disposées à entendre le bon message. Pendant les qua­rante ans du temps de la moisson, on n’a jamais eu des occasions de proclamer la vérité comme maintenant. La formidable guerre actuelle et les signes significatifs des temps réveillent les gens et ces derniers commencent à s’informer de ces choses. Les enfants du Seigneur doivent donc être très vigilants et faire tout leur pos­sible pour accomplir la tâche qu’ils ont devant eux.

Les hommes d’affaires sont complètement désorientés: des milliers d’entre eux ne peuvent trouver une seule nuit de repos actuellement. « Les hommes rendent l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre » (Luc 21 : 26). Ils ne savent que faire; ils croyaient leur situation solide, ils disposaient de grands dépôts dans les banques, ils avaient des actions et des obliga­tions. Ils disent aujourd’hui qu’ils ne savent plus ce que valent toutes ces choses Certains d’entre eux disent qu’ils ont des polices d’assurances, mais qu’ils ne savent pas si les compagnies d’assurances peuvent payer. Les actions et les obligations de ces gens-là ne sont pas vendables et les porteurs de ces valeurs sont dans l’embarras. Ils n’ont pas la sécurité que donnent les promesses de Dieu et ne savent où trouver un appui. Les enfants de Dieu, par contre, ont la ferme assurance de sa Parole que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu », au bien de ceux qui l’aiment par-dessus tout.

Dans de telles circonstances, que tous ceux dont les yeux ont été ouverts par la vérité présente, que tous ceux qui sont fidèles au Seigneur élèvent la voix et montrent le chemin à suivre à ceux qui sont angoissés et troublés, qui ne savent quel chemin suivre ni où trouver du réconfort, qui cherchent un appui solide quand tout semble se dérober sous leurs pieds. Les conducteurs spirituels de ces gens-là n’ont pas été fidèles à leur mission et en sont réduits à errer dans l’obscurité. Avant que la nuit obscure ne soit descendue sur le monde entier, venons en aide par nos efforts à quelques personnes qui pourront être conduites dans les verts pâturages « et » près des eaux tranquilles où est le troupeau du véritable Berger.