UNE LETTRE TRES INTERESSANTE Nov 1915

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Cette lettre est écrite en langue hongroise: elle a été adressée à un de nos frères slaves des Etats-Unis et elle nous a été transmise. En voici un extrait :

Un soldat hongrois blessé sur le champ de bataille fut renvoyé chez lui; il fit la connaissance de quelques-uns de nos frères, puis il se mit à étudier avec zèle et ardeur les Ecritures; par la suite il se consacra entièrement au Seigneur et symbo­lisa sa consécration en janvier dernier par le ministère de notre cher frère Szabo. Quelques jours plus tard, ce frère dut repartir pour le front, pour les tranchées en Galicie. Un obus enleva son képi et l’ensevelit sous un amas de terre. Ses camarades le dégagèrent et il fut envoyé de nouveau à l’hôpital. Ce cher frère se retrouva ainsi au milieu de nous pendant un bref laps de temps, puis il dut retourner sur le front de bataille.

Un jour, sa troupe arriva à 250 mètres environ des lignes russes et l’on sonna la charge à la baïonnette. Le frère hon­grois était à l’extrémité de l’aile gauche: sa seule préoccupa­tion était de se préserver de l’ennemi, c’est pourquoi il s’ef­força d’enlever la baïonnette des mains du soldat russe auquel il faisait face, Il s’aperçut alors que le russe, de son côté, faisait de même. Ce dernier, au lieu de percer son anta­goniste, laissa choir son arme sur le sol en pleurant. Notre frère examina alors de plus prés son ennemi et aperçut sur sa tunique l’épingle portant la couronne et la croix. Le russe était aussi un frère dans le Seigneur. Le frère hongrois por­tait également sur sa coiffure le même emblème

Les deux frères échangèrent rapidement une poignée de main et se retirèrent à l’écart. Leur joie était débordante car notre Père céleste leur avait permis de se rencontrer même sur le champ de bataille, Ils ne pouvaient pas se comprendre l’un l’autre; ils conversèrent au moyen de signes, sortirent leur Bible; le russe avait dans sa poche les Etudes des Ecritures avec un recueil de cantiques, le tout en un volume: il avait aussi une photographie de frère Russell. Le hongrois prit alors le fusil de son frère russe et fit ce dernier prisonnier de guerre il est encore retenu comme tel aujourd’hui en Hongrie. Notre frère hongrois fut envoyé une troisième fois à l’hôpital.

Il n’y a pas beaucoup de riches et de nobles parmi les frères du Seigneur, cependant, lorsqu’ils proclament la vérité ils s’y entendent fort bien.

Nos frères d’Europe ont su depuis nombre d’années déjà que cette guerre allait venir, ils nous ont écrit, nous demandant ce qu’ils devait faire s’ils étaient enrôlés dans les armées. Nous avons dit dans le Vol. VI des “ Etudes des Ecritures ‘ que nous devons éviter d’ôter la vie à qui que ce soit: si un frère doit rejoindre l’armée, il doit partir; ce frère devra faire tout son pos­sible pour se faire admettre dans les services adminis­tratifs ou dans les services sanitaires; car l’on ne saurait exiger d’aucun frère qu’il tue quelqu’un; si l’un d’eux doit aller au feu il petit tirer par-dessus la tête des ennemis.

C’est la pensée qui anime nos frères, tous sont unanimes à cet égard, nous voyons par la lettre ci-dessus que l’amour des frères se manifeste mieux sur les champs de bataille, dans le pays de l’ennemi où l’on se sert des armes charnelles. Que l’un soit hongrois et l’autre russe il n’y a aucune différence dans leur manière d’agir.

Il en est tout autrement dans les églises nominales, presbytériennes, méthodistes, anglicanes, catholiques romaines ou autres, tous combattent. Dans la Grande-Bretagne on va jusqu’à exalter le mariage parce qu’il permettra de procréer des générations de guerriers qui viendront en aide à leur pays, à un royaume de Dieu ou chrétien dans les guerres futures. Ces gens ont un christianisme qui n’a rien de commun avec celui de la Bible. C’est l’archevêque de Canterbury qui adressait cette dernière exhor­tation à ses auditeurs: il pensait assurément remplir son devoir, mais ses notions sur ces questions-là sont évi­demment confuses.

Nos temps sont dans les mains de Dieu

Nous ne savons pas aujourd’hui si nous nous rever­rons demain dans la chair. Cela importe peu: nous sommes pleinement satisfaits, soit que nous vivions, soit que nous mourions, si telle est la volonté de Dieu à notre égard. Mes temps sont en ta main, nous dési­rons, ô Dieu, qu’il en soit ainsi. Notre désir est que la volonté de Dieu soit faite quant au temps opportun ou il jugera bon de nous changer, de nous transformer: que sa volonté soit aussi faite dans tout ce que nous avons le privilège de faire journellement, que tout repose entre ses mains! Nos volontés doivent être complètement mortes. Sa volonté doit s’accomplir entièrement dans nos corps à tous. Espérons que chaque chrétien dont le cœur est rempli des paroles réconfortantes de la vérité apportera des bénédictions à d’autres; espérons aussi qu’à l’instar du vase d’huile de la veuve, plus ils répan­dront et arroseront, plus il en restera pour eux-mêmes.

Nous tous qui avons part aux faveurs du Seigneur, qui sommes animés de l’Esprit, remplis d’amour, de loyauté et de fidélité, allons porter à d’autres ces béné­dictions! Que notre grande association pour la prière nous rapproche toujours davantage les uns des autres, afin que nous soyons sanctifiés par la vérité et rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière