LE PREMIER MARTYR CHRETIEN

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“Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » — Apoc. 3 : 10.

Notre Seigneur Jésus fut en réalité le premier martyr chrétien, mais le premier de ses disciples qui mourut à cause de sa fidélité à prêcher l’Evangile de Christ fut St. Etienne, l’un des sept diacres établis par l’Eglise pour servir aux tables. Les apôtres avaient résolu de se vouer entièrement à la prédication et attendaient ainsi peu de travail spirituel de la part des diacres établis ; cependant, par la grâce de Dieu, l’un d’entre eux, Etienne, reçut beaucoup de bénédictions et de faveurs de la part du Seigneur à cause de son amour et de son zèle et il eut le privilège de donner fidèlement sa vie pour la vérité.

St. Etienne fut sans doute un homme capable et puis­sant spirituellement ; il aimait aussi la vérité. Le fait qu’il avait été nommé diacre et qu’on lui avait donné comme aux six autres cette tâche spéciale, prouve que ceux qui le connaissaient avaient une grande estime pour lui, à cause de la pureté de sa vie et de son caractère : Cette étude nous montrera avec quelle éloquence il défendit le Maître et annonça l’Evangile.

Nous savons, par l’histoire, qu’il existait à cette époque-là quatre cent soixante synagogues à Jérusalem ; les unes étaient des synagogues hébraïques, les autres des synagogues helléniques ou grecques. Les gens qui parlaient l’hébreu allaient adorer dans les premières ; le grec était la langue des gens instruits ; les Juifs et cer­tains de leurs prosélytes habitant Jérusalem et d’autres villes, préféraient lire la loi et les prophètes en grec.

On peut supposer que St. Etienne avait été chargé de faire le service dans une de ces synagogues et que c’est pour cette raison qu’il était la et présentait à tous le message de Jésus, le Messie. L’on a des raisons plausibles aussi pour prétendre que Saul de Tarse était membre de la même synagogue, qu’il contredisait Etienne et que ce dernier paraissait l’emporter sur Saul dans ces débats. C’est ainsi probablement qu’un sentiment d’amertume gagna Saul.

Les chefs de la nation juive pensaient que le message proclamant Jésus comme Messie, la responsabilité de sa mort rejetée sur les Juifs, la faveur de Dieu à l’égard de Jésus prouvée par sa résurrection d’entre les morts était une erreur grossière. Ces faits rappelés au peuple par des discours puissants ne pouvaient man­quer de faire naître dans l’esprit des auditeurs un certain ressentiment à l’égard de leurs chefs et des idées sub­versives de toute loi et de tout gouvernement en Palestine. En effet, ces chrétiens ne prétendaient-ils pas que les Juifs avaient été rejetés de Dieu, qu’ils ne jouissaient plus de ses faveurs et que de grands malheurs allaient fondre sur eux. Les chefs auxquels l’ancien ordre de choses avait été confié refusèrent de croire à ces pro­phéties annonçant un désastre imminent.

La seconde lutte de St. Etienne précéda sa mort. Le sanhédrin, plein d’animosité contre lui subornèrent des témoins, ils présentèrent des hommes qui accusèrent Etienne d’avoir proféré des paroles blasphématoires contre Moïse et contre la loi, déclarant que cette der­nière ne serait plus observée et que le temple ne serait plus le temple de Dieu. Ces faux témoins assemblèrent quelques phrases d’Etienne qu’ils arrangèrent à leur manière, afin de faire croire que la vérité enseignée était une profonde erreur et un blasphème. Il est possible d’agir de même en toutes choses : un discours peut pro­duire différentes impressions suivant sa forme. Etienne avait bien dit les choses répétées par ses ennemis, mais en intervertissant ses phrases, ils avaient changé l’essence même de ses enseignements.

LA DÉFENSE D’ÉTIENNE

Après avoir entendu la déposition de ces témoins salariés, accusant Etienne de blasphème, le sanhédrin condamna ce dernier à être lapidé. Pour prouver leur honnêteté et la justice de leur décision, ces juges permi­rent à Etienne de parler pour sa défense avant de marcher au supplice. Son discours fut puissant ; il résuma l’histoire du peuple d’Israël, montra sa foi profonde en Dieu et dans l’accomplissement des promesses qu’il fit à Abraham. Avec calme il parla à ses auditeurs de Moïse, de la loi qui avait été donnée à leurs ancêtres et du prophète dont Moïse avait annoncé la venue, disant qu’il serait plus grand que lui Deut. 18 :18, 19. Ce grand prophète, leur dit Etienne, c’est Jésus, et puisque Moïse avait dit qu’il serait plus grand que lui, accepter ce prophète, ce n’est pas être infidèle à Moïse et à la loi. La déposition des témoins se trouvait être en partie démentie par ce discours ; Etienne n’était pas infidèle à Moïse.

Etienne rappela à ses auditeurs que Dieu établit pre­mièrement le tabernacle au désert ; ensuite, par sa grâce, le temple de Jérusalem fut bâti ; ils ne manquaient pas de respect pour le tabernacle, s’ils croyaient que le temple avait été bâti par Salomon. Dieu préparait encore un autre temple plus grand qui remplacerait le bâtiment construit par la main des hommes. Ce temple plus élevé serait un temple spirituel composé de pierres vivantes, des enfants de Dieu qui, rassemblés, deviendraient l’habi­tation de Dieu par le saint Esprit. Ce ne fut pas un blasphème d’accepter le temple de Jérusalem pour rem­placer le tabernacle de Moïse, ce n’est pas un blasphème non plus de croire que le temple spirituel dont Jésus est le Chef ou le Fondement, remplacera le temple typique construit avec du bois et des pierres.

LA VICTOIRE DANS LA MORT

Les paroles d’Etienne furent si logiques, si convain­cantes et pleines de force que le cœur de ses auditeurs

31 Avril 1916                                                              

fut touché, non pas de la bonne manière ; ils ne furent pas conduits à la repentance, mais ils comprirent que leur cause n’était pas juste et n’aurait pas de succès s’ils agissaient avec droiture. On peut admettre que Saul de Tarse était alors un membre du sanhédrin ; ces juges ne conservèrent aucun espoir de condamner Etienne justement pour cause de blasphème. Leur seule espérance était donc de l’entendre dire quelque chose qui puisse être considéré comme un blasphème, alors ils le condui­raient à la mort sur-le-champ.

Le prétexte tant désiré se trouva enfin ; Etienne, ne pensant qu’à son sujet, avait le visage radieux comme celui d’un ange lorsqu’il leur parlait de Christ et des bénédictions que le Messie répandrait plus tard sur Israël et sur le monde. Il fixa les regards vers le ciel et dit : » Voici, je vois les cieux ouverts, et le fils de l’homme debout a la droite de Dieu. » A l’ouïe de ces paroles, qu’ils purent considérer comme un blasphème, les mem­bres du sanhédrin poussèrent de grands cris et se préci­pitèrent sur le serviteur de Dieu.

Nous ne savons pas positivement ce qu’il voulut dire par ces paroles. Nous savons qu’avec les yeux de la compréhension, nous voyons les plus belles choses ; ainsi, il pourrait arriver que nous nous exprimions comme Etienne, sans pourtant faire allusion à un tableau vu par nos yeux charnels, mais à quelque chose que nous pourrions contempler avec les yeux spirituels et dont nous saisissons la réalité. Par exemple, un aveugle, lorsqu’il arrive à comprendre une explication peut dire : Ah ! oui, maintenant, je vois de quoi il s’agit.

Nous pouvons être sûrs qu’une foule de gens se trou­vèrent prêts à suivre les avis du sanhédrin. La populace, aujourd’hui comme alors, est prête à porter la main sur un individu, si elle a un prétexte pour le faire et quel­qu’un pour la conduire, surtout si le prétexte se trouve dans la religion et si les conducteurs ont quelque autorité parmi le peuple. Il existe dans la nature déchue une disposition à la cruauté qui semble avide de sang et qui n’attend qu’une occasion pour agir.

Ces gens traînèrent le serviteur de Jésus hors de la ville » aucune exécution n’étant permise dans ses murs, et déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme, Saul de Tarse, qui approuva ce crime » . » Ils lapi­dèrent Etienne qui priait et disait Seigneur Jésus, reçois mon esprit » , ma vie » , et aussi » Seigneur, ne leur impute pas ce péché » Ce fut sa victoire définitive ; il fut fidèle jusqu’à la mort et conserva, pour ses ennemis qui le firent mourir, l’esprit d’amour profond, l’esprit du Maître, l’esprit que nous devons nous-mêmes cultiver et manifester.

HÉROïSME DANS LES TRANCHÉES

St. Etienne nous a laissé un exemple. Les exemples ne sont pas difficiles à trouver, pour nous montrer ce que nous devons être ; ce qui est triste, c’est que personne ne profite des exemples qu’il a devant les yeux, si ce n’est celui qui est fervent d’esprit et bien instruit dans la voie du Seigneur. Le monde, par exemple, donne aujourd’hui à l’Eglise une magnifique leçon de fidélité jusqu’à la mort. Les disciples de Jésus sont vraiment émerveillés lorsqu’ils considèrent les millions d’hommes qui laissent leur maison, leur famille, leur commerce, les plaisirs, tout, pour obéir à ceux qui gouvernent leur pays, aller dans les tranchées et supporter les souffrances, les privations, étant exposés continuellement à la mort ou à être blessés.

 » Quels ne devez-vous pas être, comme chrétiens ? C’est ce que nous nous répétons a nous-mêmes. Nous n’avons pas été appelés à tuer nos semblables, mais à leur faire du bien. Nous n’avons pas été appelés, pour un salaire de quelques centimes par jour, à travailler pour obtenir la croix de fer ou quelque autre honneur terrestre, mais nous sommes appelés à la gloire céleste promise, à l’honneur et à l’immortalité, à l’héritage avec Christ dans son Royaume. Nous avons le privilège béni de faire du bien aux hommes au lieu de les détruire, non seulement actuellement, mais aussi dans l’âge futur, de les amener de leurs imperfections à la perfection, à ressembler à Dieu, à devenir semblables à son image. Quels ne devons-nous pas être par la sainteté de notre conduite et par notre fidélité ?

Les paroles de notre texte ont une grande force, elles sont solennelles. Nous ne devons pas nous enrôler sous la bannière de Christ pour quelques jours seulement, mais pour combattre jusqu’à la mort. Nous devons entreprendre la tâche avec une compréhension claire et nette que, pour gagner le grand prix, il faut donner sa vie au service du Seigneur, être fidèle, loyal. Est-ce qu’un grand nombre de chrétiens ont vraiment compris ce qu’est la consécration de leur cœur au Seigneur, ce que veut dire prendre sa croix et suivre Christ dans la bonne et la mauvaise réputation ? Ce n’est pas trop tard pour apprendre cette leçon parfaitement, pour prendre la détermination, par la grâce de Dieu, d’être fidèle jusqu’à la mort à Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

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