ETUDE III – LE SOUVERAIN SACRIFICATEUR DE LA RECONCILIATION L’UNIQUE ENGENDRE

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 « Qui est-il ? » — Le Logos, un Dieu. — L’Unique Engendré de Jéhovah. — Le Témoignage de la Bible. — « Celui qui était riche ». — « Avant qu’Abraham fût, je suis ». — « Le Premier et le Dernier ». — « Jéhovah m’a possédé au commencement ». — Le Logos a été fait chair. — Ce ne fut pas une incarnation. — Il s’est humilié. — « Celui qui était riche et qui, pour nous, s’est fait pauvre ». — Nulle hypocrisie dans ce témoignage. — La conduite de notre Seigneur ne fut pas trompeuse. — Le saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs.

            « Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus qui s’est donné lui-même en rançon ». — 1 Tim. 2 : 5, 6.

*  *  *

            Dans la mesure où nous apprécierons l’œuvre de la Réconciliation (« At-one-ment ») avec Dieu, et le sacrifice pour le péché par lequel elle est accomplie, nous estimerons celui que le Père Céleste envoya pour être la propitiation pour nos péchés, notre Régénérateur et Donateur de vie. Ainsi, en abordant la question : Quelle est donc cette grande personnalité que Jéhovah Dieu a si hautement honorée, et qui, par la grâce de Dieu, est notre Rédempteur et Sauveur ?, il convient que nous nous rendions d’abord compte de notre ignorance personnelle du sujet et de notre incompétence à arriver à une conclusion si nous ne sommes pas instruits par la Parole de Dieu. En second lieu, il est opportun qu’au début même de nos recherches, nous nous souvenions du témoignage de l’Apôtre au sujet de la grandeur de ce Sauveur, et de l’honneur qui lui revient. Il dit : « Celui que Dieu a souverainement élevé » et auquel il « a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou ». Il est écrit aussi : « Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père ». — Phil. 2 : 9 ; Jean 5 : 23.

            En sondant avec soin les Écritures pour noter exactement ce qu’elles disent, et ce qu’elles ne disent pas, concernant notre Seigneur Jésus, nous trouvons que leur témoignage est très explicite, très harmonieux et très satisfaisant. Nous allons présenter d’abord, sous une forme synoptique, ce que nous estimons être l’enseignement scriptural, et nous en donnerons ensuite les preuves au fur et à mesure :

            (1) Notre Rédempteur existait comme être-esprit avant qu’il fût fait chair et habitât parmi les hommes.

            (2) A cette époque, aussi bien que par la suite, il était à juste titre reconnu comme « un dieu », un puissant. Comme chef des anges et prenant rang après le Père il était connu comme l’Archange (l’ange ou messager le plus élevé) dont le nom Micaël signifie « qui est comme Dieu », ou représentant de Dieu.

            (3) De même qu’il était le plus éminent de toute la création de Jéhovah, il était aussi la première et directe création de Dieu, « l’Unique Engendré », et par la suite, comme représentant de Jéhovah, et dans l’exercice du pouvoir de Jéhovah, et en son nom, il créa toutes choses : anges, principautés et puissances, aussi bien que la création terrestre.

            (4) Quand il fut fait chair, pour être notre Rédempteur, ce ne fut pas par contrainte, mais délibérément, comme suite à son accord complet avec le Père et à son joyeux acquiescement à accomplir chaque détail de la volonté divine, volonté qu’il avait appris à respecter et à aimer comme l’essence même de la Justice, de la Sagesse et de l’Amour.

            (5) Cette humiliation à la condition d’homme ne devait pas avoir un caractère perpétuel. Elle accomplit son dessein lorsque notre Seigneur se fût donné comme être humain pour notre rançon, ou « prix correspondant ». Il ne ressuscita donc pas en chair, mais ainsi que l’Apôtre le déclare : « Il fut mis à mort chair et rendu vivant esprit ». — 1 Pi. 3 : 18 (grec litt. — Diaglott — Trad).

            (6) Sa résurrection ne lui donna pas seulement une nature d’être-esprit (*), [Par opposition à « un être de chair ». — Trad.] mais elle lui conféra, en outre, un honneur plus élevé encore, comme récompense du Père à sa fidélité, elle le rendit participant de la nature divine, la plus haute de toutes les natures d’esprits (**) [Vol. 1, Chap. X.] douée de l’immortalité.

            (7) Ce grand Être, qui a été si hautement exalté et honoré par Jéhovah, est celui que nous nous plaisons à honorer, à adorer et à servir, parce qu’il est un avec le Père Céleste, en parole, en œuvre, en dessein et en esprit (disposition — Trad.).

TÉMOIGNAGE DE L’ÉCRITURE CONCERNANT LE FILS DIE DIEU

            Considérons maintenant les preuves scripturales qui appuient ces positions. Nous commencerons par le premier chapitre de l’Évangile de Jean. Il est parlé ici de notre Seigneur dans son existence préhumaine comme étant « la Parole » (en grec : Logos) *** [Référence Strong N° 3056 — Trad.] « Au commencement était le Logos ». Le Dr. Alexandre Clarke dit au sujet de ce mot Logos : « Ce terme ne devrait pas être traduit, pas plus qu’on ne traduit les noms Jésus et Christ. De même que tous les titres donnés au Sauveur du monde indiquent certaines excellences de sa personne, de sa nature ou de son œuvre, ainsi l’épithète Logos qui signifie parole, parole exprimée, discours, éloquence, doctrine, raison ou la faculté de raisonner, lui est attribuée fort à-propos ». Dans son épître, l’Évangéliste emploie encore le même titre à l’égard de notre Seigneur, le dénommant « la Parole de vie » ou le « Logos de vie ». — 1 Jean 1 : 1.

            Le titre « Parole de Dieu » ou « Logos de Dieu » est tout à fait celui qui convient pour décrire l’œuvre importante ou la charge de notre Maître avant sa venue dans le monde. Le Logos fut l‘expression directe de la création par le Père Céleste, tandis que toutes les expressions ultérieures de la sagesse, de la puissance et de la bonté divines se manifestèrent au moyen du Logos. On rapporte que, dans les temps anciens, certains rois s’adressaient à leurs sujets par le truchement d’un mandataire ; le roi se tenait assis derrière un voile ou paravent, tandis que sa « parole », son porte-parole, se tenait debout devant l’écran et répétait à haute voix au peuple ce que lui chuchotait le roi invisible. Celui qui parlait ainsi s’appelait le « Logos du Roi ». Que la légende soit vraie ou non, elle illustre bien l’emploi de ce mot « Logos » dans l’existence préhumaine de notre Seigneur et Maître et sa très grande charge de représentant du Père, que les Écritures, à cette occasion et ailleurs, définissent comme ayant été sa charge.

            On notera que l’Apôtre, écrivant sous l’inspiration, nous dit que « Au commencement, le Logos était avec le Dieu, et le Logos était un Dieu ».

            Telle est la traduction littérale du grec, ainsi qu’on peut le vérifier rapidement, que l’on soit ou non un helléniste. L’article grec ho précède le premier mot « Dieu », dans ce verset, et ne précède pas le second mot « Dieu », indiquant ainsi intentionnellement Dieu le Père et un Dieu le Fils, dans un cas où, en l’absence de l’article, le lecteur pourrait être laissé dans la confusion. De même, dans le second verset, l’article précède le mot « Dieu ». Le passage entier se lit ainsi :

            « Au commencement était la Parole et la Parole était auprès du Dieu [ho théos], et la Parole était un Dieu [théos]. Elle était au commencement auprès « du » (en français, mis pour de le — Trad.) Dieu [ho théos] ». — Jean 1 : 1,  2.

            De quel « commencement » s’agit-il ici ? Certainement pas de celui de l’existence de Jéhovah, le Dieu, le Père, car « il est d’éternité en éternité », et n’eut jamais de commencement (Ps. 41 : 13 ; 90  : 2 ; 106 : 48). Mais l’œuvre de Jéhovah eut un commencement, et c’est de celui-ci qu’il est question ici — le commencement de la création. Ainsi entendue, la déclaration implique que notre Seigneur Jésus, dans son existence préhumaine, comme le Logos, était avec le Père aux tout premiers débuts de la création. Cela confirme le récit inspiré que le Logos lui-même était « le commencement de la création de Dieu » ; telle est précisément la déclaration de l’Apôtre qui nous assure que notre Seigneur n’est pas seulement « le Chef, la Tête du corps, de l’Église », et « le premier-né d’entre les morts », mais aussi, le commencement de toute création — « afin qu’en toutes choses, il puisse avoir la prééminence ». Ses paroles sont :

            « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création, car par lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou seigneuries, ou principautés, ou autorités : toutes choses ont été créées par lui et pour lui ; et lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par lui » (Col. 1 : 15-18).

            Écoutez aussi la parole prophétique concernant l’Unique-Engendré ; non seulement elle proclame sa future élévation comme Roi des rois de la terre, mais elle le décrit comme étant déjà le premier-né de Jéhovah, disant : « Je ferai de lui, mon premier-né, le plus élevé des rois de la terre » (Ps. 89 : 27). Notez également que notre Seigneur (faisant allusion à sa propre origine), déclare lui-même qu’il est « le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu » (Apoc. 3 : 14).

            l’Évangéliste, d’accord avec cette pensée de la prééminence de notre Seigneur, dès le commencement même, comme le « premier-né de toutes créatures » et d’accord aussi avec la pensée qu’il était en toutes choses le Logos ou l’Expression du Père Céleste, poursuit au verset suivant :

            « Toutes choses furent faites par lui et sans lui, pas une seule chose ne fut faite, de ce qui a été fait » (Jean 1 : 3 — D. et Rotherham).

            Quelle haute idée ceci nous donne de la majesté de l’Unique Fils Engendré de Dieu, le Logos ! Considérant ce point de vue de sa grandeur et de sa prééminence originelles, nous avons une idée plus claire que d’aucun autre point de vue, de l’importance des paroles de l’Apôtre :

            « Lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches » (2 Cor. 8 : 9). De ce point de vue, nous pouvons voir combien riche il était quant à l’honneur et à la gloire dont il fait lui-même mention dans sa prière, disant : « Glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (Jean 17 : 5). Bien que tout ce qui se rattache au plan divin de rédemption soit merveilleux, et que l’amour de Dieu, Sa miséricorde et Sa sympathie pour les hommes déchus qui s’y manifestent nous remplissent d’étonnement, cependant, de ce point de vue-ci, tout est raisonnable, compatible avec le caractère et les déclarations de Dieu.

            Ceux qui soutiennent que notre Seigneur Jésus n’eut jamais d’existence avant de naître comme l’enfant de Bethlehem, ont une médiocre idée du plan divin pour le salut de l’homme. Ils omettent de se servir des nombreux passages bibliques cités plus haut, et d’autres, relatifs à la gloire de notre Seigneur auprès du Père avant que le monde fût, et relatifs à son grand abaissement, à son humiliation allant jusqu’à abandonner une nature supérieure à celle des anges, et à accepter une nature un peu moindre que la leur. Le point de vue scriptural nous débarrasse de toutes les théories déraisonnables et fausses des hommes, par lesquelles, en essayant d’honorer le Fils, ils sont allés plus loin que la Parole de Dieu, et ont déshonoré la Parole du Seigneur et les Apôtres qui déclarent qu’il était le Fils (ou qu’il provenait) de Dieu, et que le Père est plus grand que le Fils. La fausse conception a entraîné ses millions de partisans dans des difficultés inextricables en tous sens :

            La vérité seule est raisonnable :

            « Cela est vrai :

            « Seule elle peut nous satisfaire ».

            Ces exposés concernant notre Seigneur Jésus, à savoir qu’il fut le commencement de la création de Dieu et que, par conséquent, il eut une existence longtemps avant de venir dans le monde comme homme, pour être notre Rédempteur, sont pleinement confirmés par divers passages des Écritures dont voici un exemple :

            « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui » (1 Jean 4 : 9).

            Ces paroles nous affirment positivement qu’il était le Fils de Dieu avant de venir dans le monde et que, comme Fils de Dieu, il reçut une mission à accomplir dans le monde. Il ne faut pas non plus perdre de vue qu’ici, de même que dans beaucoup d’autres exemples, le Logos est appelé « le Fils unique engendré » de Dieu. La pensée renfermée dans cette expression est que le Logos fut lui-même la seule création directe, le seul Être engendré du Père Céleste, tandis que tous les autres fils de Dieu (anges aussi bien qu’hommes), furent sa création indirecte par le moyen du Logos. De là, l’application convenable, la véracité de la déclaration qu’il est le Fils « unique » (version anglaise : le Seul Fils engendré de Dieu — Trad.) (*). [L’expression Fils unique dans nos versions françaises est moins précise que celle du texte grec, dont la lecture mot à mot donne : « son propre Fils ou le Fils de lui-même, le seul ou unique engendré ». L’accent emphatique grec porte sur les mots « seul fils engendré » et est signalé en PETITES CAPITALES MAIGRES dans le texte de la version Diaglott. — Trad].

            Prenons un autre exemple :

            « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui » (Jean 3 : 17).

            Ici aussi, le fait qu’il fût envoyé dans le monde pour y accomplir une mission implique son existence préhumaine. Ces déclarations, relatives au Logos, sont en plein accord avec l’histoire de l’événement présenté par Jean qui déclare : « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne la pas connu ». De même : « Le Logos fut fait chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) plein de grâce et de vérité » (Jean 1 : 10, 14). Les propres déclarations de notre Seigneur concernant sa préexistence sont indiscutables. Il n’a jamais reconnu Joseph comme son père, pas plus qu’il ne reconnut jamais son existence terrestre comme étant le commencement de son existence.

            Au contraire, remarquez qu’il parlait toujours de Jéhovah en l’appelant son Père. Souvenez-vous de ses paroles : « Dites-vous à Celui que le Père a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : « Je suis le Fils de Dieu ? » (Jean 10 : 36). A Marie, sa mère terrestre, il dit : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2 : 49). A ses disciples, il déclare : « Je suis descendu du ciel », « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jean 6 : 38, 51). Beaucoup de gens de son temps ne crurent pas cela, et beaucoup ne le croient toujours pas, mais la vérité de cet enseignement demeure. Quelques-uns de ceux qui écoutaient disaient : « Comment cela peut-il se faire ? ». Certains de ses disciples dirent en l’entendant : « Cette parole est dure, qui peut l’ouïr ? ». Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient là-dessus, leur dit : « Ceci vous scandalise-t-il  ? Si donc vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant  ? » « Dès lors, plusieurs de ses disciples se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui », parce qu’il prétendait être d’origine céleste et avoir eu une existence préhumaine. — Jean 6 : 60-66.

            Ecoutez-le encore, lorsque devant les Pharisiens, il proclame la même vérité, disant : « Je sais d’où je suis venu et où je vais… Je suis d’en-haut… Je ne suis pas de ce monde… Je procède de Dieu et je viens de lui, car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé… moi, je le connais et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur ». Alors les Juifs lui dirent : « Es-tu plus grand que notre père Abraham ? ». Jésus répondit : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de voir mon jour : et il l’a vu et s’est réjoui ». Abraham vit le jour de Christ avec l’œil de la foi, croyant à la promesse divine relative au Messie. Il peut avoir vu son jour de sacrifice, typifié dans l’offrande d’Isaac, son fils unique, mais en tout cas, il vit venir le jour de gloire du Messie, le Millénium et ses bénédictions pour toutes les familles de la terre, par cette Semence promise. Il n’est pas étonnant que cette perspective le rendit heureux. Par l’œil de la foi, il vit la cité céleste, la Nouvelle Jérusalem, l’Église glorifiée, la classe du Royaume, et également la patrie céleste — le monde béni par ce Royaume. — Héb. 11 : 10, 16 ; 12 : 22 ; 13 : 14.

            « Les Juifs donc lui [Jésus] dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ! [Abraham était mort depuis deux mille ans]. Jésus leur dit : « … En vérité, en vérité, je vous le dis : Avant qu’Abraham fût, je suis ». — Jean 8 : 14, 23, 42-58.

            Il ne peut y avoir aucune confusion sur la signification de ces paroles. Notre Seigneur affirme qu’il existait avant Abraham. Nulle part non plus, les Écritures ne laissent entendre que l’Unique Engendré ait jamais cessé d’exister depuis « le commencement de la création de Dieu », jusqu’au Calvaire où il mourut pour trois jours ; après quoi, il fut ressuscité des morts pour ne plus mourir, la mort n’ayant plus de pouvoir sur lui (Rom. 6 : 9). L’épisode de sa naissance comme être humain, « un peu moindre que les anges », dans le dessein de se sacrifier pour racheter l’homme tombé dans le péché, n’entraîna pas une mort à la nature spirituelle avant cette naissance comme petit enfant humain, mais simplement un transfert de sa vie d’une nature d’être-esprit plus élevée, à une nature inférieure, la nature humaine. Les paroles notre Seigneur « avant qu’Abraham fût, je suis » signifient donc qu’il n’avait jamais cessé d’exister dans l’intervalle, et identifient positivement Jésus, le Fils de Dieu, dans la chair, avec le Logos, le premier-né de toute création. Bien entendu, le témoignage de Jésus ne fut pas accepté par beaucoup de ceux qui l’entendirent, pas plus qu’il ne le fut par beaucoup depuis. Il semble qu’il y ait chez les humains une tendance opiniâtre à rejeter les déclarations simples et claires de la Parole du Seigneur, et à préférer considérer notre Seigneur, ou bien comme un membre pécheur de la race déchue, ou bien comme étant son propre père. Seuls les débonnaires sont prêts à « recevoir avec douceur la parole implantée » qui est capable de rendre vraiment sage, et le témoignage de la Parole de Dieu est à l’intention de ceux-là seulement (Es. 61 : 1 ; Jacq. 1 : 21). De même que ceux qui entendirent le Maître, rejetèrent son témoignage et lancèrent des pierres au Maître, ainsi certains aujourd’hui, qui entendent la vérité et la rejettent sont prêts à lapider, au figuré, tous ceux qui acceptent et enseignent les paroles du Maître dans toute leur simplicité. Maintenant comme alors, la raison en est qu’ils ne connaissent ni le Père, ni le Fils comme ils devraient les connaître, tels qu’ils se révèlent.

            Les paroles de notre Seigneur sont toujours applicables en cette matière : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; ni personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matt. 11 : 27). Le monde ne l’a pas connu ; il n’a rien su de son origine élevée, ni de la grande humiliation qu’il subit pour l’humanité. Lorsque nous nous souvenons qu’une longue période de temps s’écoula probablement entre le commencement de la création dans la personne de notre Seigneur, et le moment où il fut chair, et quand, de plus, nous nous souvenons que durant toute cette période il était auprès du Père, et qu’il faisait « ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui », nous ne pouvons être surpris que le Fils connaissait le Père comme ses disciples et le monde ne l’ont point connu, comme nous apprenons à le connaître par le moyen de sa Parole de révélation et du développement de son merveilleux plan des Ages. Écoutons-le encore déclarer :

            « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu ». — Jean 17 : 25.

            La déclaration suivante nous donne la clef de cette merveilleuse connaissance des choses célestes : « Celui qui est de la terre est de la terre, et parle [comme étant] de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, [et] de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage » (Jean 3 : 31, 32).

            Il n’est donc pas étonnant que même ses adversaires aient demandé : « D’où lui vient cette sagesse ? » (Matt. 13 : 54 — S.). Ce furent sa connaissance des choses célestes et son intime et longue association avec le Père qui engendrèrent une foi entière dans les promesses du Père et le rendirent capable, lui, homme parfait, de vaincre le monde, la chair et le diable, et de présenter un sacrifice agréable pour nos péchés. Ainsi, fut-il écrit d’avance par le Prophète : « Par sa connaissance, mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes et il se chargera de leurs iniquités » (Es. 53 : 11 — S.).

            Actuellement, ceux qui marchent par la foi, à la lumière de la Parole divine, peuvent connaître soit le Père, soit le Fils, ou apprécier clairement et convenablement la grande œuvre de réconciliation qu’ensemble ils accomplissent pour l’humanité. Mais, d’ici peu (*), [Écrit en 1899 — Trad.] après que la sélection (ou le choix — Trad.) de l’Église aura été achevée, après que l’Épouse, la Femme de l’Agneau aura été associée avec son Seigneur dans la gloire et que le Royaume sera venu, alors il sera donné à la connaissance de l’Éternel de remplir toute la terre ; la puissance du Père, qui, par l’entremise du Logos, créa toutes choses, sera exercée par lui, le Sauveur, pour rétablir et ramener à la perfection ceux qui, ayant le privilège de la connaître, se plieront à ses justes exigences ; ainsi, finalement, la puissance de notre Seigneur, comme agent de Jéhovah dans la création, sera-t-elle pleinement égalée et illustrée par sa puissance comme agent de Jéhovah, dans le rétablissement et la bénédiction du monde ; ainsi sera accomplie la prédiction du Psalmiste : « Du sein de l’aurore, vient à toi la rosée [fraîcheur, vigueur] de ta jeunesse ». — Ps. 110 : 3 (Gl. et Vig. — Note — Trad.) ; « Tu as la rosée de la jeunesse » — (Vers. angl. — Trad.).

            Prêtez l’oreille aux paroles de notre Seigneur à Nicodème qui cherchait à connaître quelque chose des choses célestes, mais à qui cela fut refusé parce qu’il n’avait pas encore cru aux choses terrestres. En lui expliquant ce qu’il connaissait des choses célestes, notre Seigneur dit : « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’Homme » (*) [Les mots « qui est dans le ciel » sont apocryphes : on ne les trouve pas dans les anciens MSS.]. Notre Seigneur poursuit alors en montrant à Nicodème les dispositions que Dieu a prises en ce qui concerne le monde, afin que les hommes ne périssent point mais qu’ils aient la vie éternelle, disant : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils Unique (engendré — Trad.), afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». — Jean 3 : 13, 16.

            Le Logos, le commencement de la création de Dieu appelé aussi par Esaïe, le Merveilleux, Conseiller, Dieu Puissant, etc. (Es. 9 : 6), nous le trouvons décrit par Salomon et représenté sous le nom de Sagesse, et cependant avec tous les détails qui mettent en harmonie le récit et le compte rendu de Jean l’Évangéliste (Jean 1 : 1, 18) : « Jéhovah m’a possédée au commencement de sa voie, avant ses œuvres d’ancienneté. Dès l’éternité je fus établie, dès le commencement, dès avant les origines de la terre. Quand il n’y avait pas d’abîmes [mers], j’ai été enfantée, quand il n’y avait pas de sources pleines d’eau. Avant que les montagnes fussent établies sur leurs bases, avant les collines, j’ai été enfantée, lorsqu’il n’avait pas encore fait la terre et les campagnes, et le commencement de la poussière du monde. Quand il disposait les cieux, j’étais là ; quand il ordonnait le cercle qui circonscrit la face de l’abîme, quand il établissait les nuées en haut, quand il affermissait les sources des abîmes, quand il imposait son décret à la mer, afin que les eaux n’outrepassassent point son commandement, quand il décrétait les fondements de la terre : j’étais à côté de lui, son nourrisson (ou son artisan — Note Darby — Trad.) ; j’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui ». — Prov. 8 : 22-30.

            Nous avons noté ici que le Logos était non seulement le commencement de la création de Dieu et le premier-né, mais aussi son Unique Fils engendré, et que toutes les autres créations furent par lui et par son intermédiaire ; nous trouvons, en outre, une belle déclaration corroborative dans les propres paroles de notre Seigneur : « Ne crains point : Je suis le premier et le dernier, et le vivant et j’ai été mort, et voici je suis vivant au siècle des siècles », et encore : « Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort et qui a repris vie » (Apoc. 1 : 17 ; 2 : 8). Si ce n’est dans le sens d’être la seule (l’unique) création directe de Dieu, par qui toutes les autres furent créées, Jésus ne pouvait être le premier et le dernier de la création de Dieu. Toute autre conception serait, par conséquent, inexacte, et en opposition avec toutes les citations des Écritures qui précèdent.

« LE LOGOS A ÉTÉ FAIT CHAIR ET A HABITÉ PARMI NOUS » — JEAN 1 : 14 —

            Le mot incarnation exprime d’ordinaire l’idée qu’on se fait en général de la manifestation en chair de notre Seigneur. Cette idée est, croyons-nous, tout à fait inexacte, contraire aux Écritures. Selon la théorie de l’Incarnation, le corps humain de Jésus, qui naquit de Marie, était simplement un vêtement, une enveloppe pour le corps spirituel. Selon cette conception, notre Seigneur, durant sa vie terrestre, aurait donc toujours été un être-esprit, exactement comme auparavant, avec la différence qu’il se serait servi de la chair qui était née de Marie, chair qui était connue comme l’homme Jésus, en guise de voile ou de moyen de communication avec le genre humain, selon la manière des anges qui apparurent autrefois sous une forme humaine, à Abraham, à Manoah, à Lot et à d’autres (Gen. 18 : 1, 2 ; 19 : 1 ; Juges 13 : 9-11, 16). A cause de cette fausse prémisse, beaucoup d’idées confuses et non-scripturales ont été émises au sujet des divers incidents de la vie et de la mort de notre Seigneur. Par exemple, cette théorie prétend que la fatigue de notre Seigneur n’était pas réelle, mais feinte, parce qu’en tant qu’être-esprit, il ne pouvait connaître aucune fatigue. S’il en est ainsi, pour être logique, il faudrait aussi prétendre que les prières de notre Seigneur étaient simulées, puisque, selon cette doctrine, Jésus était Dieu lui-même, sa prière aurait donc été adressée à lui-même, ses prières auraient donc été simplement pro-forma, afin de faire impression sur ses disciples et sur la foule qui les entourait. La même théorie est forcée de supposer que la mort de notre Seigneur ne fut qu’une mort apparente, puisqu’elle argue que Jésus était Dieu le Père, qui, étant d’éternité en éternité, ne peut mourir ; par suite, l’agonie et le cri « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » n’auraient été qu’apparents et pro-forma, afin de frapper l’esprit des témoins qui entendirent et virent. La conclusion logique à laquelle on aboutit avec cette conception, c’est donc qu’il n’y aurait pas eu de mort réelle pour les péchés de l’homme, mais simplement un simulacre de mort, une mise en scène théâtrale, une exhibition dramatique, une représentation cinématographique, une tromperie effectuée dans une bonne intention, afin d’exercer une bonne influence sur la sympathie et la sensibilité des hommes.

            Tout cela est faux, et en violente opposition à la vérité sur le sujet, telle que la présente la Parole de Dieu. Les Écritures ne nous disent pas que Jésus revêtit un corps de chair en guise d’enveloppe pour recouvrir un corps spirituel comme le firent antérieurement les anges, mais qu’il mit effectivement de côté, ou, comme l’exprime le grec, « se dépouilla de sa nature préhumaine, et prit réellement notre nature », ou, comme notre texte ci-dessus le déclare, « le Logos fut fait chair ». Il n’y eut là ni duperie, ni supercherie ; il ne fit pas semblant de s’humilier tout en conservant réellement sa gloire et sa puissance ; ce n’est pas en apparence qu’il devint pauvre pour nous, alors qu’en réalité il serait demeuré toujours riche, possédant la nature spirituelle plus élevée ; il ne revêtit pas seulement la tenue, la livrée d’un serviteur. Non, mais il devint vraiment un homme — « l’homme Christ Jésus, qui se donna lui-même en rançon pour tous » — 1 Tim. 2 : 5.

            Nous verrons plus loin, quand nous considérerons en détail l’aspect de son œuvre qui concerne la rançon, qu’il était absolument nécessaire qu’il devînt un homme — ni plus ni moins qu’un homme parfait — parce que ce fut un homme qui pécha, un homme qui devait être racheté, et que la loi divine exigeait que la vie d’un homme payât le prix de rédemption de la vie d’un homme. « Car puisque la mort est par l’homme, c’est par l’homme aussi qu’est la résurrection des morts » (1 Cor. 15 : 21). Mais que personne ne nous interprète mal comme si nous disions que notre Rédempteur devint un homme tel que nous sommes, plein d’imperfections et de défauts héréditaires. Bien au contraire : la même Parole de Dieu déclare qu’il était « saint, innocent, séparé des pécheurs ». — Héb. 7 : 26, 28 ; Luc 1 : 35.

            Sa séparation d’avec les pécheurs est, pour beaucoup, l’un des points difficiles à accepter. Comment pouvait-il être un homme, et cependant être exempt de la souillure héréditaire qui affecte la famille humaine tout entière ? Nous espérons pouvoir faire comprendre exactement comment cela était possible et comment la chose fut réalisée dans le plan divin ; mais nous avons besoin d’abord de bien graver dans notre esprit, l’enseignement suivant : un homme imparfait, un homme taré, quelqu’un qui, par hérédité, a participé de la souche adamique et dont la vie faisait en quelque sorte partie de notre vie, ne pouvait être notre Rédempteur. Il y avait suffisamment de pécheurs dans le monde, sans que Dieu envoyât son Fils pour qu’il y en eût un de plus. Il y en eut beaucoup de ces hommes imparfaits qui consentirent à donner leur vie pour accomplir la volonté du Père. Cela est pleinement attesté par le récit d’Hébreux 11, où il nous est rapporté clairement que beaucoup « n’estimèrent pas leur vie comme précieuse » dans leur fidélité à l’Éternel. Mais ce qui était nécessaire, ce n’était pas simplement un sacrifice pour les péchés, mais un sacrifice exempt de péchés qui pourrait ainsi payer la peine (châtiment — Trad.) du pécheur. Et puisque « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu », et qu’ « il n’y a pas de juste, non pas même un seul », en conséquence, ainsi que les Écritures le déclarent encore : « Un homme ne pouvait en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu, sa rançon » (Rom. 3 : 10, 23 ; Ps. 49 : 7). C’est parce que l’Éternel observa et vit qu’aucun homme n’était compétent pour racheter le monde qu’il fit appel à quelqu’un qui est puissant pour sauver — capable de sauver entièrement ceux qui viennent au Père par lui. — Ps. 89 :19 ; Es. 63 : 1 ; 59 : 16 ; Héb. 7 : 25.

            Ensuite, nous désirons, si possible, comprendre clairement comment notre Seigneur Jésus s’identifia avec notre race et en devint un membre par sa mère Marie, sans hériter d’elle en aucune manière la corruption ou la flétrissure du péché, sans tomber sous le coup de la malédiction, de la mort ; en effet, si, en quelque manière, ou à quelque degré, il avait participé à la vie d’Adam, il aurait aussi eu part à la sentence de mort qui frappa la vie d’Adam, et se serait ainsi trouvé sous la sentence de mort ; étant de ce fait, imparfait, frappé par la sentence de mort, il n’aurait eu aucun des droits à la vie à donner pour prix de la rançon de l’homme, il n’aurait pu racheter Adam, le père, et sa race qui étaient sous le coup de la sentence de mort imposée par la Justice divine. Nous nous proposons d’examiner cette question dans notre chapitre suivant. Nous espérons y prouver que notre Seigneur ne fut contaminé en aucun sens ou degré, par le péché ou l’imperfection à cause de sa mère.