l’Esprit de Dieu, chez ses enfants, chasse l’esprit de crainte. — L’humanité en général est malade mentalement et physiquement. — Sens dans lequel le saint Esprit est l’esprit de sobre bon sens. — Opérations qui produisent ce résultat. — Les preuves de l’Esprit de sobre bon sens.
« Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance et d’amour et de sobre bon sens ». (*) [« modération » (Cr, Lién.) ; « prudence » (Martin, Syn., Laus, Ost) ; « sagesse » (Saci, Seg, Stapfer, Maredsous, Buzy) ; « maîtrise de soi » (Osty).] — 2 Tim. 1 : 7 (D. note).
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Selon toutes les règles de la linguistique, l’esprit de crainte est ici mis en contraste avec un autre esprit. Si l’esprit d’amour, de puissance, de sobre bon sens est une personne ou trois personnes, il y a toute raison pour que l’esprit de crainte soit aussi considéré comme une autre personne. Le sophisme d’un tel argument est si apparent, qu’il suffit simplement de le mentionner pour le réfuter.
Plus les enfants de Dieu sont remplis de son saint Esprit (ou sainte influence) et sont de plus en plus développés et élargis par lui, moins ils ont l’esprit de crainte. L’esprit de crainte chez un chrétien est l’esprit de doute ; il dénote un manque de foi, un manque de saint Esprit. L’esprit de crainte est une source féconde en mal dans les choses spirituelles, dans chaque trait de la croissance chrétienne, pour l’individu comme pour l’Église ; cet esprit s’identifie aussi de près avec la faiblesse et les incapacités physiques. L’enfant de Dieu rempli du saint Esprit est un géant en comparaison de son propre « moi »naturel (ou non régénéré — Trad.) ; parce que ses craintes sont réprimées, son cœur est affermi, sa foi est enracinée et fondée, et son âme est ancrée, inébranlable,fermement et sûrement, au dedans du voile. Ainsi est-il préservé d’être précipité sur les rochers de la catastrophe, lorsque dominent les vents impétueux de la détresse. Le saint Esprit est donc une force pour ceux qui le possèdent, au point qu’il a souvent provoqué l’étonnement de leurs ennemis.
Nous ne prétendons pas que l’Évangile de Christ agis sur les vigoureux d’esprit et de corps et que, de ce fait, ceux qui sont à lui sont forts ; tout au contraire, nous soutenons, et les faits le prouvent aussi bien que le témoignage scriptural, que l’Évangile de Christ choisit habituellement les faibles, ceux qui ont conscience de leurs faiblesses, et qui se rendent compte, plus que ne le font les forts, de leur besoin d’assistance. Cependant, l’influence du saint Esprit qui transforme ceux qui le reçoivent est telle que, dans leur faiblesse, ils sont rendus forts. Les choses faibles de ce monde sont rendues puissantes par Dieu (par l’Esprit, la puissance de Dieu) pour renverser les forteresses de l’erreur et du péché ; cette force peut leur donner aussi l’endurance des bons soldats du Seigneur Jésus Christ pour combattre le bon combat, et cela au grand étonnement de ceux qui leur sont supérieurs par nature. — 1 Cor. 1 : 27 ; 2 Cor. 10 : 4 ;2 Tim. 2 : 3, 4.
Cela était vrai jadis, lorsque les faibles du monde épousaient la cause de Christ et demeuraient fermes jusqu’à la fin même de leur vie, subissant le martyre, endurant sans broncher les épreuves et les difficultés devant lesquelles les plus forts du monde faiblissaient. Cela est encore vrai de nos jours pour la même classe de personnes, car bien que les caractères particuliers des persécutions aient grandement changé, néanmoins, il est encore nécessaire « d’endurer les difficultés comme de bons soldats » et de « donner notre vie pour les frères ». Les choses faibles du monde, eh oui, celles qui ne sont rien, que Dieu a choisies, confondent encore la sagesse et la puissance de ce monde. — 1 Cor. 1 : 27, 28.
Cet esprit de Dieu en nous n’est pas seulement un Esprit de puissance, dit St Paul, mais un Esprit d’amour. L’amour dont il s’agit ici n’est pas l’amour naturel que tous les humains possèdent à un certain degré et que même la création animale possède dans une certaine mesure ; cet amour-là est en grande partie un esprit d’égoïsme. Chez ceux qui reçoivent le saint Esprit d’amour, cet amour naturel devrait devenir plus intense, s’élargir, s’approfondir et perdre de plus en plus son caractère égoïste pour devenir un amour généreux, un amour de sacrifice de soi, basé non sur l’égoïsme, mais sur les principes de la justice, de la vérité, de la bonté, et en général sur la possession de l’Esprit ou disposition de Dieu. Cet Esprit d’amour devrait progresser, s’accroître et abonder de plus en plus jusqu’à ce que ce qui est parfait soit venu, et que ce qui est partiel ait disparu. — 1 Cor. 13 : 10.
Il n’y a pas de manifestation du saint Esprit plus merveilleuse chez les enfants de Dieu que celle appelée par l’Apôtre : « l’Esprit de sobre bon sens ». Par nature, les enfants du Seigneur ne sont pas plus sains d’esprit que ne le sont les gens du monde. Tout au contraire, comme nous l’avons déjà vu, la tendance de l’Évangile est d’attirer les plus imparfaits qui comprennent leur propre impuissance et leur besoin de grâce et de force d’en-haut ; l’Évangile, par contre, n’a que peu d’influence sur ceux qui ont des esprits plus forts et plus sains, et qui, se comparant aux autres, sont remplis d’un esprit ou d’un sentiment de satisfaction personnelle, et d’un esprit de justice personnelle.
Mais toutes les fois que la Vérité est reçue dans des cœurs bons et honnêtes, qu’elle produit ses fruits légitimes et que les enfants de Dieu deviennent participants de son Saint Esprit, qu’ils soient par nature forts ou faibles, ils obtiennent de ce fait un « l’Esprit de sobre bon sens » ; leurs jugements sont plus clairs, plus vrais, plus dignes de confiance qu’auparavant, parce qu’ils ont, avant tout, présentes à l’esprit, les directives explicites de la Parole de l’Éternel à l’égard de ce qu’ils devraient faire et de ce qu’ils ne devraient pas faire, directives touchant chaque détail et but de la vie. Ceux qui ont accepté le Seigneur comme leur instructeur et leur maître, qui ont son Esprit d’obéissance à la volonté du Père, ceux-là ont «l’Esprit de sobre bon sens », parce qu’ils ne se fient plus simplement à leur propre jugement, à leur propre compréhension, mais par obéissance aux directives du Seigneur, ils sont préservés dans les vicissitudes de la vie, des pièges et des difficultés qui surviennent à ceux qui n’ont pas pour guide et pour direction la sagesse d’en-haut.
Par l’effet de la chute de notre race dans le péché et sa condamnation, la mort, le monde entier est déséquilibré, mentalement aussi bien que physiquement, mais à des degrés divers, selon les circonstances et l’hérédité. Certains sont physiquement moins sains que d’autres ; il en est de même au point de vue mental ; néanmoins, tous sont malades, ainsi que le déclarent les Écritures : « Il n’y a point de juste [parfait, sain, soit de corps, soit d’esprit], non pas même un seul » (Rom. 3 : 10). Sous une forme figurée, tout est blessure et meurtrissure, et plaies vives — mentales et physiques (Es. 1 : 5, 6). La malédiction du péché pèse lourdement sur l’homme tout entier — esprit et corps.
C’est un fait bien admis que la souffrance d’un membre du corps affecte le corps tout entier, y compris l’esprit (« mind »). L’esprit, entretenu et nourri par un corps maladif, ne saurait être parfaitement sain, non plus. L’estomac dérangé, d’un dyspeptique a un effet direct sur son esprit aussi bien que sur tout son organisme physique. La personne dont les poumons sont malades ne peut pas éviter un degré correspondant de détérioration mentale ; pareillement, lorsque d’autres organes(cœur, foie, reins) sont malades et remplissent imparfaitement leurs fonctions, il en résulte indiscutablement des troubles sanguins et un ébranlement du système nerveux dont le centre est le cerveau. De même, le cerveau qui est tourmenté par la douleur ou imparfaitement alimenté par une mauvaise nutrition, ou qui est enfiévré par suite de l’inactivité des organes sécréteurs, sera sûrement affaibli dans toutes ses diverses fonctions. Ce cerveau ne peut ni penser ni raisonner aussi correctement, aussi logiquement que s’il était dans une condition parfaite. Les dérangements de l’esprit sont si communs que le terme dérangement cérébral n’est appliqué que dans les cas tout à fait extrêmes dépassant la débilité, le déséquilibre moyen de l’humanité. Aucune personne, ayant du jugement et de l’expérience, ne contestera ces conclusions.
La question suivante se pose : Comment ou en quoi le don du saint Esprit rétablit-il le jugement du chrétien qui l’a reçu et lui donne-t-il l’Esprit de sobre bon sens ? Nous répondons : La mentalité (« mind ») divine est parfaite, « saine » ; c’est pourquoi, dans la mesure où les chrétiens sont capables de mettre de côté leur propre mentalité ou jugement sur n’importe quelle question ou sur toutes, et d’accepter en lieu et place la mentalité de Dieu, sa volonté, son jugement, pour diriger leur vie, à ce degré ils auront l’esprit ou disposition de sobre bon sens, la mentalité de Dieu. Nous ne voulons pas dire par là que le cerveau des chrétiens subit un changement où un renversement de l’ordre naturel des choses dans son fonctionnement ; mais nous disons que, sous la direction du saint Esprit, l’Esprit de la Vérité, ces chrétiens apprennent graduellement à rectifier les erreurs de leur propre jugement sur les questions qui se posent à eux, afin de les harmoniser avec l’enseignement du saint Esprit par la Parole de Dieu. Prenons un exemple : Supposons que nous ayons une horloge, une horloge qui marque mal l’heure exacte, sans moyen de réglage ;supposons également que nous puissions consulter fréquemment un chronomètre de précision absolue qui nous indique que notre horloge retarde de trente minutespar vingt-quatre heures ; nous saurions alors commentla régler : en la remettant à l’heure toutes les vingt-quatre heures. De plus, nous apprendrions à estimer l’erreur qu’elle commet à tout moment du jour. II en est de même pour nos jugements à l’égard des différentes questions et affaires de la vie : quand nous mesurons ces jugements avec un étalon de mesure parfait, nous trouvons que nous sommes soit trop vifs, soit trop lents, trop faibles ou trop forts dans nos décisions mentales et dans nos actes physiques. Bien que nous soyons incapables de modifier notre manière de penser et d’agir pour la rendre parfaite et en pleine harmonie avec celle de notre Seigneur Jésus, notre modèle, néanmoins il nous est donné la possibilité de régler nos pensées, nos jugements d’après le modèle que nous avons présent à l’esprit et de parvenir par ses indications à un degré de réglage que ceux qui n’ont pas ce modèle parfait ou qui ne cherchent pas à être réglés par lui, ne pourront ni apprécier, ni imiter.
Qui n’a pas remarqué chez ses amis et ses voisins (aussi bien que chez lui-même), la preuve abondante d’un état d’esprit anormal tel qu’ils sont incapables de gérer leurs affaires honorablement et qu’ils causent, néanmoins, de grands ennuis en essayant de diriger les affaires des autres ? Par suffisance personnelle, ils jugent les autres, commérant sur les affaires privées d’autrui, tout en fournissant la preuve de leur incapacité absolue de diriger leurs propres affaires. N’est-ce pas là une preuve d’un esprit malade, d’un certain degré de folie ? Ne constatons-nous pas que, si ce même état d’esprit est poussé à un plus grand extrême, il conduit tous ceux dont le jugement est ainsi déséquilibré, dans un asile d’aliénés ? Indubitablement, la suffisance, l’approbation de soi et la crainte sont les causes principales des troubles mentaux de la majorité de ceux qui sont enfermés dans les asiles d’aliénés, la plus grande partie du reste étant sous l’obsession démoniaque. Si nous entrons dans un asile d’aliénés, nous trouvons certains des pensionnaires atteints de la folie des grandeurs ; ils se croient très riches ou s’imaginent être des rois ou des reines, on des nobles, ou des princes, et ils manifestent tous les sentiments d’orgueil et de vanité susceptible qu’ont de telles personnalités. D’autres ont la manie de la persécution et croient qu’ils ne sont pas suffisamment appréciés, qu’ils sont mis de côté même par leurs amis qui craignent leur influence, leurs capacités ou veulent les empêcher d’arriver à la fortune. D’autres, par crainte, s’imaginent que tous cherchent à attenter à leur vie, que le monde entier est fou et qu’eux seuls sont sains d’esprit ; ils croient que Dieu est contre eux et qu’ils sont voués au tourment éternel, parce qu’ils ont commis des péchés impardonnables, etc.
Tous ces exemples ne sont que des cas extrêmes des conditions et des caractéristiques mentales de la généralité des humains ; nous les observons chaque jour dans la vie. L’esprit du monde avec ses ambitions et son orgueil, ses superstitions, ses erreurs et ses craintes, tend à porter au degré suprême ces conditions naturelles, et comme résultat, nous trouvons que la folie, dans sa forme extrême, fait de rapides progrès dans le monde civilisé.
Ce qui manque à tous ces gens-là, ce qui nous manque à nous-mêmes et à toute l’humanité, c’est une mentalité (« mind ») saine ; cependant la guérison générale des indispositions mentales et physiques du monde n’aura lieu que pendant l’Age millénaire, lorsqu’il sera pleinement introduit ; elle sera l’œuvre du Grand Médecin, mais cet Age ne peut être inauguré et son soulagementet ses bénédictions ne peuvent venir avant le temps convenable. Dans l’intervalle, toutefois, l’Église de l’Évangile, appelée du milieu du monde, obtient par son Seigneur et par sa Parole, son saint Esprit, l’Esprit de son sobre bon sens, qui est le même que la disposition mentale (« mind »), ou l’Esprit du Père. Dans la proportion où chaque membre utilise ses privilèges sous ce rapport, il sera aidé pour surmonter les troubles mentaux et physiques qui l’assaillent comme ils assaillent tous les humains. La Parole de l’Éternel, par la bouche de l’Apôtre, nous commande ainsi : « Je dis à chacun de ceux qui sont parmi vous de ne pas avoir une haute pensée de lui-même, au-dessus de celle qu’il convient d’avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées [non selon la chair mais selon sa nouvelle nature], selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun » (Rom.12 : 3). Pour beaucoup de chrétiens, c’est l’œuvre de toute une vie d’arriver à vaincre leur trop haute appréciation d’eux-mêmes, et d’obtenir l’Esprit de sobre bon sens en ce qui concerne leurs propres talents, mais ils sont encouragés dans cette œuvre d’abaissement de leur orgueil par les paroles suivantes du Maître : « Bienheureux les débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre ». Ils sont aidés également par les paroles de l’Apôtre qui déclara que «Dieu résiste aux orgueilleux, mais II donne la grâce [faveur] aux humbles ». « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu ». — Matth. 5 : 5 ; Jacq. 4 : 6 ; 1 Pi. 5 : 5, 6.
Cependant, et c’est un fait patent, Dieu n’a pas choisi beaucoup de grands, ni beaucoup de sages selon le train de ce monde et selon leur propre estimation de leur sagesse personnelle ; mais plutôt les pauvres de ce monde, riches en foi, qui se fient non en leur propre sagesse ni en leur propre justice, mais qui acceptent Christ comme leur sagesse, leur justification, leur tout.
De même aussi, ceux qui ont « l’esprit de crainte »sont aidés à le neutraliser par l’ « Esprit de Vérité », « l’Esprit d’amour », s’ils le reçoivent, car « l’amour parfait bannit la crainte » (1 Jean 4 : 18). Plus ils apprennent à connaître Dieu par sa Parole et le miséricordieux plan des Ages qui y est exposé, plus cela débarrasse leur esprit du grand cauchemar de la crainte et de la frayeur qui tourmentent tant d’individus. Au lieu de la crainte, cela leur donne l’espérance — une espérance qui ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans leur cœur par le saint Esprit, l’Esprit de sobre bon sens.
C’est ainsi que ceux qui sont trop humbles (qui manquent trop de confiance en eux-mêmes) pour accomplir quoi que ce soit dans la vie, sont encouragés, relevés et rendus utiles à eux-mêmes et à d’autres, par le même Esprit de vérité qui réprouve et corrige les individus trop satisfaits, trop pleins d’eux-mêmes, ceux qui se croient quelque chose, ceux qui sont imbus d’eux-mêmes. Les premiers sont encouragés par l’assurance de l’aide de Dieu ; les derniers sont tenus en bride, modérés, amenés à la soumission et il leur est enseigné ce qui est agréable à Dieu et utile pour eux-mêmes ; comme l’Apôtre le dit :« Si quelqu’un pense [en confiance] savoir quelque chose[par sa propre sagesse], il ne connaît rien encore commeil faut connaître » (1 Cor. 8 : 2). Rappelons-nous que les transformations de caractères ne se font pas en disant :Seigneur, Seigneur ! en ayant une Bible, ou en se joignant à une organisation humaine appelée église ; mais en se joignant à Christ, et en recevant de lui l’Esprit de sa parole, l’Esprit de vérité, l’Esprit de sainteté, l’Esprit de sobre bon sens — son saint Esprit et celui du Père.
L’homme qui, par la grâce de Dieu, et parce qu’il a accepté cette grâce, est entré en possession de l’Esprit de sobre bon sens, a beaucoup d’avantages de toute nature sur les autres humains, car l’Esprit de sobre bonsens est un Esprit de sagesse. Un tel individu évalue plus exactement que d’autres les choses de cette vie : richesse, réputation, situation sociale, etc. De son nouveau point de vue, il voit, en relation avec toutes celles-ci, des choses que d’autres ne remarquent pas. Son intellect,(« mind ») instruit par la Parole de l’Éternel, discerne que s’il amassait toutes les richesses du monde, il n’en pourrait rien emporter avec lui à sa mort. Il comprend que la célébrité est une chose vraiment creuse et tout à fait éphémère et que, dans la course précipitée de la vie, les morts sont bientôt oubliés. Il se rend compte que la société est frivole, ses protestations d’estime, etc., souvent peu sincères, et que son agitation fébrile se termine par la mort, ou parfois même plus tôt par un désastre financier. Il saisit selon une expression du monde, que«le jeu [de la chance pour obtenir la célébrité, la fortune et les plaisirs terrestres] n’en vaut pas la chandelle ».En vérité, aux yeux de l’homme et de la femme du monde du type moyen, la vie n’est qu’un jeu de cartes décevant dans ses résultats, parce que même pour celui qui a le plus de succès, la vie ne signifie comparativement rien en fin de compte.
D’autre part, il est offert aux enfants de Dieu, maintenant (*) [Écrit en 1899 — Trad.] engendrés du saint Esprit pour le « haut-appel » de cet Age de l’Évangile, quelque chose qui détourne leur esprit des futilités et des illusions qui exercent une attraction souvent frénétique sur l’esprit des humains en général. Leurs joies et leurs ambitions sont plus élevées ; ils aspirent à une position sociale plus noble, à de plus grandes richesses et à un Royaume : des richesses célestes et un royaume céleste et éternel. Les ambitions inspirées par ses promesses célestes sont de saintes ambitions, pleines de miséricorde et de bons fruits ; elles agissent dans le cadre de l’amour, tandis que les ambitions terrestres sont guidées par les principes de l’égoïsme.
L’homme (ou la femme) dont les aspirations sont détournées de ces bagatelles, de ces vanités et ambitions terrestres, et placées sur les choses célestes, a certainement des occasions bien meilleures d’exercer un jugement sain au sujet de toutes les affaires de cette vie présente, parce qu’il (ou elle) les considère d’un point devue comparativement désintéressé. Il est dans le monde, et obligé d’y vivre, et donc de se procurer des choses décentes et honnêtes aux yeux de tous les hommes ; mais étant libéré des ambitions désordonnées touchant les choses du monde, il échappe dans cette mesure à la pression de l’avarice, de la convoitise, de l’orgueil, etc., et il est d’autant plus apte à penser et à agir droitement et à témoigner à tous une sympathie bienveillante. Cet esprit de sobre bon sens, ce meilleur jugement du chrétien expérimenté n’est pas considéré comme une amélioration ou une réparation de son esprit terrestre ou charnel, mais comme un nouvel esprit, une nouvelle disposition mentale engendrée en lui d’en-haut par les très grandes et précieuses promesses de la Parole de l’Éternel (2 Pi. 1 : 4). Le chrétien est ainsi aidé à cause de sa nouvelle disposition, l’Esprit ou disposition d’un mental sain, le saint Esprit de l’Éternel. Plus le chrétien est rempli du saint Esprit et plus sa mentalité sera saine. Ce sera rapide ou lent dans la mesure où son amour pour le Seigneur et sa justice sera fervent ou froid.
Ce fut le Maître qui demanda : « Que donnera un homme en échange de son âme ? [son être, son existence] ? » (Matth. 16 : 26). Un homme sain d’esprit ne voudrait pas échanger la chose la plus précieuse qu’il possède (son existence) pour quoi que ce soit : richesse, célébrité ou situation. Plus quelqu’un recevra l’esprit de sobre bon sens, et plus il jugera la chose ainsi. Au contraire, nous voyons les gens du monde d’aujourd’hui faire l’inverse, et prouver ainsi leur déséquilibre mental. Ceux qui sont réputés comme les plus sages des hommes du monde dépensent leur activité pour ce qui ne satisfait pas : Ils accumulent des richesses, ils luttent pour les honneurs, pour une situation sociale et l’avancement ; ils font parade d’un luxe arrogant et aiment les plaisirs dépravés. Tous ceux qui ont l’esprit de sobre bon sens peuvent voir, même s’il n’y avait pas de vie future, que de telles lignes de conduite sont peu sages, car la majorité des humains consacrent leur vie actuelle à acquérir des jouissances matérielles, puis ils meurent en se rendant compte qu’ils n’ont pas obtenu ce qu’ils cherchaient ; ils comprennent que les richesses ou la célébrité qu’ils laissent derrière eux seront bientôt dispersées ou, au contraire, subsisteront comme un monument de leur folie, de leur avarice et de leur déséquilibre mental.
La vie du monde, dépourvue de buts et ambitions raisonnables, est ce que l’Apôtre appelle « votre vaine [infructueuse] manière de vivre [la vie] qui vous avait été enseignée par vos pères » (1 Pi. 1 : 18). L’habitude de travailler pour des objets qui n’en valent pas la peine est héréditaire ; les hommes ne s’arrêtent pas à raisonner la chose, mais ils emboîtent le pas dans les sillons où leurs parents ont marché. L’Apôtre montre que notre changement de conduite provient du fait que nous savons que nous avons été rachetés par le précieux sang de Christ. Nous avons découvert, par la Parole de grâce, que la marche du monde est vaine et que tous suivent la vaine course à cause de la dépravation — le déséquilibre de l’esprit occasionné par la chute — et ayant appris le grand rachat, nous nous consacrons joyeusement à celui qui nous a rachetés, et nous recevons de son Esprit, l’Esprit de sobre bon sens.
Lorsque la vie présente est considérée selon le témoignage du saint Esprit qui nous est donné dans la sainte Parole, elle nous apparaît comme un apprentissage scolaire pur et simple, une préparation pour une vie future destinée à tous ceux qui voient ce prix et entendent l’ « appel ». Seuls, cependant, ceux dont les yeux sont ouverts et qui voient de l’intérieur, peuvent discerner combien est peu sage la ligne de conduite de la majorité des humains : ceux-ci, bien loin de réprimer leurs propres tendances égoïstes et de cultiver les éléments les plus nobles et les plus justes de leur nature déchue, minent dans beaucoup de cas leur caractère, et à leur mort, quittent ce monde avec un caractère plus faible que celui qu’ils avaient à leur naissance ; ces gens-là transmettent souvent encore un héritage de faiblesse à leur postérité.
D’un autre côté, si la Parole de Dieu et le saint Esprit de cette Parole répriment nos ambitions pour les richesses terrestres, et nous assurent que « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux » (1 Tim, 6 : 10), ils nous protègent du défaut opposé, de la paresse, de l’indolence, enseignant à chacun de se procurer les choses honnêtes à la vue de tous les hommes, et spécialement pour assurer les nécessités de sa propre famille. Ils nous exhortent à n’être point « paresseux, mais fervents en esprit, servant le Seigneur » (Rom. 12 : 11). Ainsi, ceux qui ont l’Esprit du Seigneur sont-ils mis en garde contre la folie de ceux qui passent leur vie avec le « râteau à ordures » de Bunyan (*) [Allusion à la 2e partie de l’ouvrage de Bunyan : « Le voyage du Chrétien » (littér. « du Pèlerin ») — Trad.], rassemblant pour eux-mêmes des trésors sans valeur réelle ; ils sont aussi gardés contre la folie de l’indolence, et exhortés à être énergiques en rendant de bons services qui seront utiles à l’humanité et approuvés par Dieu, acceptés comme s’ils étaient « rendus au Seigneur », ce qui leur vaudra une abondante récompense dans la vie éternelle.
L’Esprit de sobre bon sens voit dans la vie présente des occasions qui nous permettent d’acquérir des richesses de caractère, des richesses de grâce, et d’amasser des trésors que ni la teigne ni la rouille ne pourront consumer, mais qui seront des joies durables, éternelles. Non pas que l’Esprit de sobre bon sens nous conduise à vivre dans l’avenir et à négliger le présent, mais plutôt, il nous enseigne à vivre sagement dans le présent en vue de l’avenir.
L’Esprit de sobre bon sens donne de l’ampleur et de la profondeur au caractère dans toutes ses bonnes tendances ; non seulement il aide celui qui le possède à se juger à sa valeur exacte, mais il l’aide également à considérer exactement ses compagnons de dégradation et il développe sa sympathie. Celui qui possède cet Esprit de sobre bon sens se rend compte de ses propres faiblesses mentales et corporelles dues à la chute, et de son propre besoin de miséricorde et d’utile correction, aussi bien que du dérangement similaire de tous les humains, du besoin général de sympathie et d’assistance pour le redressement. En apprenant à rectifier les déficiences et les inégalités de sa propre mentalité, il sympathise davantage avec ceux qui n’ont pas ce principe régulateur, cet Esprit de sobre bon sens, et qui sont empêchés de l’accepter en raison de l’opposition de l’Adversaire, « le dieu de ce monde », qui aveugle les esprits de ceux qui ne croient pas, de peur que la lumière glorieuse de la bonté divine luisant sur la face de Jésus-Christ ne brille dans leurs cœurs, et ne leur apporte l’Esprit de sobre bon sens. — 2 Cor. 4 : 4.
Plus le chrétien développe, dans ce saint Esprit de son adoption, une « nouvelle-créature en Christ Jésus », plus il devient sous l’action de cet Esprit, graduellement plus patient, plus sympathique, plus généreux, plus aimable — plus ressemblant à Dieu. Ces qualités bienveillantes de caractère affecteront, non seulement les actes extérieurs de sa vie, mais aussi ses paroles et ses pensées. Dans la mesure où son saint Esprit désapprouve une action déshonorante ou malhonnête, dans la même mesure il désapprouve une parole déshonorante ou malhonnête à l’égard d’un ami, d’un voisin ou d’un ennemi ; et de la même façon il désapprouve la plus légère pensée injuste ou désobligeante à leur égard.
L’Esprit de sobre bon sens fera donc graduellement mais sûrement du mari un meilleur mari, du père un meilleur père, du fils un meilleur fils, de l’épouse une meilleure épouse, de la mère une meilleure mère, de la fille une meilleure fille. Il fera cela en changeant des pensées, des paroles et de la conduite le fondement qui, désormais, n’est plus l’égoïsme, mais l’amour. Celui qui possède de plus en plus cet esprit de sobre bon sens, le saint Esprit, l’Esprit d’amour, devient toujours moins disposé à revendiquer ses propres droits, privilèges et préférences, et il tient compte toujours davantage des droits, des sentiments et des préférences des autres. La volonté de l’Éternel doit, bien entendu, passer la première, mais en second lieu, le chrétien prendra plaisir à être agréable à tous ceux avec lesquels il pourra venir en contact, spécialement aux membres de sa propre famille. Pour accomplir son désir de plaire d’abord au Seigneur et de le servir, puis de faire de même à la famille de l’Éternel, et à tous les hommes selon qu’il en a l’occasion, ses pensées agiront, ses paroles seront guidées et réglées, et sa conduite se dessinera d’elle-même.
Il ne s’ensuit pas que l’homme ou la femme qui a reçu l’Esprit de sobre bon sens sera pour autant le meilleur mari, la meilleure épouse, le meilleur frère, la meilleure sœur, le meilleur père, la meilleure mère à tous égards, parce que, ainsi que nous l’avons déjà suggéré, la mission de l’Évangile de Christ, dans son effet sur le monde civilisé, est d’attirer les choses insignifiantes de ce monde, celles qui ne sont point [de valeur] et de les élever dans la mesure ou elles se consacrent à l’Éternel et reçoivent l’Esprit de sobre bon sens. Au contraire, certains beaucoup mieux nés, sur un plan plus élevé, sont plus disposés à se considérer comme justes par eux-mêmes et à décliner l’assistance que le Seigneur leur offre. Ils sont peut-être de nobles maris, de nobles épouses, de nobles enfants, de nobles parents, par le fait de leur naissance plus noble, ou parce qu’ils ont hérité, de parents chrétiens, un esprit mieux équilibré et une plus grande sagesse. Mais, à moins qu’ils n’acceptent le Sauveur, et le nouvel esprit qu’il leur offre, ils sont tout à fait sûrs de dégénérer, et de voir leur amabilité, leur bonté, etc., devenir davantage une question de formalisme, recouvrant un égoïsme intérieur qui, tôt ou tard, s’extériorisera dans leur postérité en l’amenant à son tour à un niveau moral inférieur.
La pensée que nous désirons souligner est que, peu importe le degré de décrépitude mentale, d’immoralité ou de manque de sagesse d’un homme ou d’une femme, si la vérité et la grâce de Dieu atteignent cet homme ou cette femme, elles les relèveront et feront de l’un ou de l’autre les plus nobles, les plus purs, les plus doux, les plus charitables, envers autrui, et cela dans la mesure où ils recevront ce nouvel esprit, l’Esprit de sobre bon sens.
Le manque d’équilibre mental chez les humains en général se manifeste dans le mode de propagation irréfléchie de la race humaine. Elle se développe pour ainsi dire au mépris des règles d’hygiène et sans s’inquiéter beaucoup de savoir s’ils ont la possibilité d’assurer une alimentation convenable à leurs rejetons ; ils violent complètement les lois naturelles pourtant appliquées dans l’élevage des animaux intérieurs : bestiaux, moutons, chevaux, chiens. Il n’est donc pas étonnant que l’Apôtre enjoigne aux croyants de faire usage de sobre bon sens dans l’exercice du plus grand des pouvoirs naturels de l’homme, celui de la procréation, disant : « Maris, conduisez-vous avec sagesse [angl.: selon la connaissance — Trad.] à l’égard de vos femmes » (1 Pi. 3 : 7 — Cr.). Si ce conseil était suivi, si l’Esprit de sobre bon sens prédominait, combien de maris qui aiment vraiment leur femme auraient plus d’égards pour leur compagne délicate et surchargée, en se comportant avec elle selon la connaissance.
Jusqu’ici, seuls les serviteurs et les servantes de l’Éternel ont reçu ce saint Esprit de Dieu — cet Esprit de sobre bon sens. Grâce à Dieu, le temps est proche où, par le ministère de ces serviteurs et de ces servantes, glorifiés et revêtus de puissance avec le Roi de gloire, tout le monde sera béni et l’Éternel répandra son saint Esprit, l’Esprit de sobre bon sens « pour toute chair ».
VOUS qui L’aimez, que vos pensées
S’élèvent en ce jour !
Cœurs Unis et voix exercées,
Chantez : “ Dieu est amour ”.
La Parole et la grâce même
L’affirment tour à tour ;
Et de Jésus le don suprême
Redit : “ Dieu est amour ”.
Voyez Sa longue patience
Pour l’homme et son détour ;
Bientôt au monde Sa Science
Dira : “ Dieu est amour ”.
(Hymne 39)