ETUDE XII – CELUI QUI FAIT L’OBJET ‘DE LA RECONCILIATION : L’HOMME

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  Qu’est-ce que l’homme ? — La réponse des « orthodoxes ».— La réponse de la science. — La réponse de la Bible. — Le corps de l’homme. — L’esprit de l’homme. — L’âme humaine. — Confusion à cause de mauvaises traductions. — La propagation des âmes. — Qu’est-ce que le « shéol » ? le « hadès » ? où vont toutes les âmes dans l’intervalle entre la mort et la résurrection ? — Exposés scripturaux examinés séparément.

            « Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui ? Et le fils de l’homme, que tu le visites ? Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds : les brebis et les bœufs, tous ensemble, et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux et les poissons de la mer ». — Ps. 8 : 4-8.

*  *  *

            Quel grand être est donc l’homme pour que le Créateur de l’univers ait été si intéressé à son bien-être, qu’il ait pris des dispositions si généreuses pour sa réconciliation, même au prix du sacrifice de son Fils ? Nous devrions connaître à fond, dans la mesure du possible, cette plus grande des créatures terrestres de Dieu. Nos facultés de jugement sont cependant si limitées, et notre connaissance si circonscrite, que sur ce sujet nous dépendons presque entièrement de ce que notre tendre Créateur nous a fait connaître dans sa Parole. Bien qu’il soit devenu proverbial que « le plus grand sujet d’étude abordé par l’humanité, c’est l’homme », toutefois, si invraisemblable que cela paraisse, il y a peu de sujets sur lesquels l’humanité soit moins au clair que sur celui-là : Qu’est-ce que l’homme ? Il y a deux conceptions générales du sujet, mais nous soutenons que, ni l’une ni l’autre, n’est la véritable, n’est celle de la Bible. Bien que les deux renferment certains éléments de vérité, elles sont l’une et l’autre sérieusement fausses et conduisent à de graves erreurs. Même ceux qui ne sont pas complètement fourvoyés par elles en sont néanmoins si influencés et égarés, que, pour eux, nombre de vérités ont perdu toute leur force et leur importance ; par contre, ils acceptent beaucoup de sophismes ayant une apparence de vérité. Notre sujet est donc important pour tous ceux qui voudraient connaître la vérité et en retirer tout le bénéfice possible par l’influence qu’elle aura sur leur cœur et sur leur vie. Ce sujet revêt une importance spéciale touchant le thème général que nous discutons : la Réconciliation. Celui qui n’a pas une claire conception de ce qu’est l’homme, trouvera qu’il est difficile, sinon impossible, de comprendre clairement les enseignements des Écritures relatifs à la réconciliation pour le péché de l’homme — son opération et ses résultats.

            Nous allons examiner ici la conception générale, prétendue orthodoxe, de la question : Qu’est-ce que l’homme ?, puis la conception purement scientifique, et enfin la manière de voir de la Bible, laquelle différente des deux autres, est beaucoup plus raisonnable que l’une et l’autre, et constitue la seule base d’une harmonie convenable entre les deux.

LA CONCEPTION ORTHODOXE DE L’HOMME

            A la question : Qu’est-ce que l’homme ? la conception prétendue « théologique orthodoxe » (que nous contestons) répondrait à peu près ceci : l’homme est un être composé de trois parties : le corps, l’esprit et l’âme ; le corps naît selon le mode habituel commun aux animaux, sauf qu’à la naissance Dieu intervient, et, de quelque façon incompréhensible, implante dans le corps un esprit et une âme, qui sont des parties de lui-même, et sont, de ce fait indestructibles, et ne peuvent jamais mourir. Ces deux parties, esprit et âme, « l’orthodoxie » est incapable de les séparer et de les distinguer, et par conséquent, elle emploie les termes d’une manière interchangeable selon la convenance. Les deux termes (esprit et âme) sont sensés représenter l’homme réel, tandis que la chair est considérée comme étant simplement le vêtement extérieur de l’homme réel, dans lequel il habite durant les années de sa vie terrestre comme dans une maison. A la mort, dit-on, l’homme réel est libéré de sa prison de chair, et se trouve dans une condition beaucoup plus adéquate.

            En d’autres termes, « l’orthodoxie » prétend que l’homme réel n’est pas un être terrestre, mais un être-esprit, totalement inadapté à la terre, sauf en ce qui concerne ses expériences dans le corps charnel. Selon cette conception, lorsque l’homme est libéré du corps par la mort, il éprouve une grande bénédiction ; pourtant, lorsqu’il vivait, cet homme faisait tous ses efforts, pour conserver le plus longtemps possible sa demeure charnelle, se servant de médicaments, suivant des régimes et employant tous les remèdes et toutes les inventions touchant l’hygiène pour prolonger sa vie dans la chair, laquelle théoriquement, soutient-on, est mal adaptée pour son usage et sa jouissance. La « libération » (ou « délivrance » — Trad.), appelée « la mort » est, prétend-on, une autre étape dans le processus évolutionniste ; dans beaucoup d’esprits, une telle évolution des conditions terrestres aux conditions célestes, des conditions animales aux conditions spirituelles, est tenue pour une proposition raisonnable et pour un résultat logique de la conclusion scientifique que l’homme ne fut pas créé un homme, mais qu’il évolua à travers de longues périodes, depuis le protoplasme des temps préhistoriques au microbe, puis après diverses et longues étapes, du microbe au singe, et finalement du singe à l’homme. On prétend en outre que l’humanité, dans ses premiers débuts, était très inférieure à l’humanité actuelle que l’évolution a puissamment développée, et que la prochaine étape de cette évolution sera, pour chaque être humain, une transformation ou évolution vers les conditions de l’esprit, sous forme d’ange, de dieu ou de démon.

            Tout ceci flatte beaucoup l’orgueil du dix-neuvième siècle (*) [Écrit en 1899 — Trad.], car si, d’une part, il admet un ancêtre d’intelligence très inférieure, il s’attribue d’autre part, aujourd’hui, les très grandes connaissances acquises, aussi bien qu’il prétend à une élévation future. Cette manière de voir n’est d’ailleurs pas partagée par les peuples civilisés seuls, mais aussi par la presque totalité des peuples païens ; les sauvages eux-mêmes ont en somme la même conception de l’homme, sauf qu’ils ne font pas remonter aussi loin son origine. Cette conception trouve un appui dans toutes les philosophies païennes ; elle est largement soutenue, de nos jours, par les théoriciens scientifiques, qui, bien qu’ils définissent le sujet d’une manière toute différente, aiment néanmoins caresser des espérances d’une vie future réalisée dans le cadre de l’évolution ; ces gens-là aiment à satisfaire leur vanité dans des théories qui ne s’accordent pourtant pas du tout avec leurs propres déductions scientifiques relativement à l’étincelle de vie qui est dans l’homme.

L’HOMME TEL QUE LE VOIT LA SCIENCE

            A la question : Qu’est-ce que l’homme ? la science répondrait tout simplement : l’homme est un animal du type le plus élevé qui ait été développé et que l’on connaisse. Il a un corps qui diffère de celui des autres  animaux par son développement plus élevé et plus noble. La structure de son cerveau correspond à celle des animaux inférieurs, mais elle est plus développée et plus raffinée, avec des capacités supplémentaires et plus grandes qui font tout naturellement de l’homme, le seigneur, le roi de la création inférieure. Le souffle ou esprit de vie de l’homme est pareil à celui des autres animaux. L’organisme de l’homme et l’étincelle de vie qui l’anime, viennent de ses procréateurs, de la même manière que les bêtes reçoivent leur vie et leur corps de leurs procréateurs.

            La science identifie tout homme à une âme ou être sensitif ; mais quant à l’avenir, à l’éternité de l’existence de l’homme, la science n’a aucune suggestion quelconque à présenter, n’ayant aucune base quelconque lui permettant de tirer une conclusion, ou même une hypothèse raisonnable. Cependant, si la science ne se livre pas à des spéculations, elle espère néanmoins que l’évolution résoudra le problème de l’avenir des humains et elle croit pouvoir suivre dans le passé les traces d’un développement qui se poursuivra dans le futur. La science est fière des prétendues étapes évolutives déjà réalisées par son dieu, la loi naturelle ; elle espère que le même fonctionnement de la loi naturelle (sans un Dieu personnel) amènera finalement l’humanité à des conditions toujours plus divines et plus grandioses qu’à l’époque actuelle.

L’HOMME, SELON LA BIBLE

            La manière de voir de la Bible, tout en étant d’accord à certains égards avec les deux précédentes, les conteste l’une et l’autre d’une manière absolue sur certains de leurs points les plus importants. La Bible ne se livre pas à des hypothèses, mais étant la voix ou la révélation de Dieu, elle parle de plein droit avec autorité et force ; elle déclare ce que fut le commencement, ce qu’est le présent et ce que sera l’avenir de l’homme. La manière de voir de la Bible est la seule logique, et par conséquent, la seule qui soit véritablement scientifique et orthodoxe sur ce sujet. Mais ce que dit la Bible ne satisfait pas l’orgueil humain ; elle ne fait pas de l’homme son propre agent d’évolution ; elle ne confie pas non plus cette tâche à un dieu de la nature, qui n’est pas Dieu. Au sujet de l’homme, la Bible donne à Dieu la gloire de sa création originelle (Adam) à la ressemblance divine ; elle montre que si l’homme n’a pas su conserver cette ressemblance et s’il est tombé dans le péché et en subit toutes les conséquences — dégradation mentale, physique et morale conduisant à la mort — toute la faute en est à lui-même. L’exposé de la Bible honore encore Dieu en nous révélant sa miséricorde et sa magnanimité envers l’homme dans sa condition déchue, en ce qu’il a pourvu à la rédemption de l’homme et à son rétablissement à sa condition originelle par le ministère de son Rédempteur, durant le Millénium.

            Il existe une source fertile de confusion dans l’espritdecertains chrétiens, qui étudient la nature de l’homme, et en particulier quand ils essaient de trouver ce que dit la Bible à ce sujet : c’est qu’ils ne savent pas faire la distinction entre l’humanité en général et l’Église, le Petit Troupeau que Dieu choisit du milieu des hommes pendant l’Age actuel et qu’il perfectionne et prépare en vue de conditions nouvelles et surhumaines, de conditions spirituelles. Ne réussissant pas à « dispenser droitement la parole de vérité », ils appliquent à tous les hommes les déclarations et les promesses des Écritures, celles du Nouveau Testament en particulier, qui ne concernent seulement que la classe de l’Église, et qui n’ont aucun rapport quel qu’il soit avec les espérances de rétablissement offertes à toute l’humanité. Ces « excessivement grandes et précieuses promesses » sont proportionnellement aussi fausses pour le monde qu’elles sont vraie pour l’Église. Ainsi, par exemple, les paroles de l’Apôtre : « Le corps est bien mort à cause du péché, mais l’esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8 : 10) s’appliquent seulement à l’Église : elles indiquent les conditions spéciales et particulières de l’appel durant cet Age-ci ; or, elles sont interprétées comme si elles s’appliquaient à toute l’humanité. Ici, les termes « mort » et « vie » sont employés dans un sens relatif, en parlant de ceux qui, après avoir été justifiés par la foi, par la grâce de Dieu, sont tout de suite considérés comme libérés de la condamnation à mort, afin qu’ils puissent présenter leur corps en sacrifice vivant ; ceux-là comptent leur corps comme mort et le traitent comme tel pour tout ce qui a trait aux droits et aux intérêts terrestres ; ils ne s’estiment plus désormais comme étant des êtres charnels ou humains, mais comme de « nouvelles-créatures » engendrées à une nouvelle nature par le moyen des promesses de Dieu. Comme tels, les croyants justifiés et sanctifiés (l’Église) se reconnaissent, du point de vue de Dieu, comme ayant obtenu un nouvel esprit de vie par l’opération de la foi en Christ et de l’obéissance à Christ. Mais pareil usage des mots « mort » et « vie » à l’égard du monde serait tout à fait impropre, car le monde n’a d’autre nature que la seule nature humaine ; en aucun sens du mot il n’a été de nouveau engendré.

            Il y a aussi un autre texte fréquemment appliqué à tort au monde, et qui ne concerne que le peuple consacré du Seigneur ; il dit : « Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous » (2 Cor. 4 : 7). Ici l’Apôtre parle de l’Église seule — dont les membres ont reçu le trésor du nouvel esprit de la nouvelle nature. Ils ont ce trésor, ou cette nouvelle nature, dans le corps naturel, qui est compté comme mort et appelé ici un « vase de terre ». L’image est tout à fait appropriée à la classe à laquelle elle se rapporte, l’Église ; mais il est tout à fait faux de l’appliquer à l’humanité en général, de supposer que chaque être humain possède un trésor céleste ou une nouvelle nature, et que de ce fait, chaque corps humain est un vase ou réceptacle de terre pour une telle nouvelle nature. Le monde n’a qu’une seule nature, la nature humaine ; il n’a aucune nouvelle nature, ni comme trésor ni dans aucun autre sens ; il n’existe pas non plus de promesse assurant une nouvelle nature au monde. Tout au contraire, la plus haute aspiration possible qui sera jamais ouverte à l’humanité, selon la divine Parole de la promesse, c’est le « rétablissement » — c’est d’être restaurée à la pleine perfection de la nature humaine perdue en Eden, rachetée au Calvaire. — Actes 3 : 19-23.

            Nous pourrions de la sorte discuter un grand nombre de passages du Nouveau Testament qui ne sont pas applicables à l’humanité en général, mais seulement à l’Église consacrée, engendrée de nouveau de l’Esprit à une nouvelle nature-esprit. Il sera profitable pour tous de remarquer avec soin les salutations par lesquelles les Apôtres commencent leurs diverses épîtres. Elles ne sont pas adressées, comme beaucoup le supposent, à l’humanité en général, mais à l’Église, aux « saints », à « la maison de la foi ».

            Qu’on se souvienne donc que, dans ce chapitre, en répondant à la question « Qu’est-ce que l’homme ? », nous n’examinons pas ce qu’est l’Église, la « nouvelle-créature » en Christ Jésus, pas plus que ce qu’est la nature-esprit à laquelle l’Église est déjà engendrée de l’Esprit, et dont les membres s’ils sont fidèles, seront faits participante au plus haut degré dans la première résurrection. Au contraire, nous parlerons du premier Adam et de ses enfants. Nous désirons savoir qui nous sommes et ce que nous sommes par nature, en tant que race : Qu’est-ce que l’homme ? Ainsi, nous pourrons mieux comprendre de quoi l’homme tomba ; dans quoi il tomba ; de quoi l’homme fut racheté, et à quoi l’homme sera rétabli, et d’autres sujets analogues.

L’HOMME : SON CORPS, SON ESPRIT, SON ÂME

            Acceptant la définition classique du mot « animal » — « organisme ou être vivant doué de la faculté de sentir » — nous n’hésitons pas à classer l’homme au nombre des animaux terrestres dont il est le principal et le roi, et jusqu’ici les Écritures sont pleinement d’accord avec les déductions de la science. Notons le texte en tête de ce chapitre ; le prophète David y montre en particulier que l’homme, dans sa nature, est inférieur aux anges ; il est le roi et chef de toutes les créatures terrestres, le représentant de Dieu pour tous les ordres inférieurs d’êtres sensitifs.

            Nulle part, les Écritures ne déclarent, ni directement ni indirectement qu’une parcelle ou étincelle de l’être divin est communiquée à chaque créature humaine. C’est une assertion gratuite de ceux qui veulent édifier une théorie et sont à court de matériaux pour le faire. Cette hypothèse sans fondement qui prétend qu’une portion de Dieu est communiquée à chaque être humain à sa naissance, a servi de base à beaucoup de fausses doctrines qui ont grossièrement défiguré le caractère divin, sans égard, ni révérence pour la sagesse, la justice, l’amour et la puissance de Dieu.

            C’est cette prétention, assurant qu’une parcelle de l’être de Dieu est impartie à sa naissance à chaque créature humaine, qui a nécessité la théorie d’un enfer de tourment éternel. L’idée est que si l’homme avait été créé comme les autres animaux, il aurait pu mourir comme eux sans crainte d’une éternité de torture ; mais Dieu ayant communiqué à l’homme une étincelle de sa propre vie, l’homme est donc éternel, parce que Dieu est éternel, et que de ce fait, il lui est impossible de détruire sa créature, même si une telle destruction pouvait devenir désirable. Si l’homme ne peut être détruit, on soutient qu’il faut forcément qu’il existe quelque part pour toute l’éternité ; comme les hommes, dans leur grande majorité, sont considérés comme mauvais, un petit troupeau seulement étant saint et agréable à Dieu, on prétend que ceux qui ne sont pas des saints doivent subir une éternité de tourment proportionné à l’avenir de félicité accordée aux quelques saints. Autrement, admet-on, il y aurait plus d’intérêt pour l’homme, plus de gloire pour Dieu, et plus de paix et de prospérité de l’univers si les méchants pouvaient tous être détruits. On prétend donc que Dieu, ayant le pouvoir de créer, n’a pas le pouvoir de détruire l’homme, sa propre création, parce qu’une étincelle de vie divine lui fut donnée de quelque façon inexpliquée. Nous espérons prouver que toute cette théorie est fallacieuse ; qu’elle est non seulement sans appui biblique, mais qu’elle est une invention des siècles de ténèbres, en contradiction absolue avec les Écritures.

            Les Écritures reconnaissent que l’homme est composé de deux éléments, le corps et l’esprit. Ces deux éléments produisent l’âme, l’être sensitif, l’intelligence, l’homme lui-même, l’être ou l’âme. Le terme « corps » s’applique simplement à l’organisme physique. Il n’a trait ni à la vie qui l’anime, ni à l’être sensitif qui est le résultat de cette animation. Un corps n’est pas un homme quoiqu’il ne puisse y avoir d’homme sans corps. L’esprit de vie n’est pas l’homme, quoiqu’il ne puisse y avoir d’homme fait sans l’esprit de vie. Le terme « esprit », dans l’Ancien Testament, vient du mot hébreu « ruach ». Sa signification première est souffle, (ou respiration — Trad.) ; de là nous avons l’expression « souffle de vie», ou « esprit de vie », parce que l’étincelle de vie une fois communiquée est entretenue par la respiration.

            L’expression « esprit de vie » signifie cependant davantage que le simple souffle ; elle se rapporte à l’étincelle de vie elle-même, sans laquelle la respiration serait impossible. Nous recevons cette étincelle de vie de notre père, et elle est nourrie et développée par notre mère (*) [Voir Chap. IV.]. Il est absolument faux de dire que l’étincelle de vie humaine soit impartie d’une manière plus miraculeuse que celle de la vie animale. Les animaux inférieurs, tels que le cheval, le chien, le bétail, etc., sont engendrés par les mâles et naissent des femelles de leurs espèces respectives, précisément de la même manière que l’espèce humaine est produite ; et rien dans les Écritures ne suggère le contraire. C’est purement une invention humaine destinée à étayer une fausse théorie qui prétend que Dieu intervient à la naissance de la progéniture humaine. Supposer que Dieu soit le créateur de chaque être humain qui naît dans le monde, c’est supposer ce que contredisent les Écritures, car ainsi, il serait l’auteur du péché, de la confusion et de l’imperfection, alors que la Bible déclare : « Son œuvre est parfaite » (Deut. 32 : 4). Non, non ! Les humains mentalement, physiquement et moralement dégénérés et dégradés ne sont certes pas l’ouvrage de Dieu. Ils sont bien éloignés, bien déchus de la condition de leurs parfaits procréateurs, Adam et Ève ; ce n’est que de la création de ces derniers que Dieu prend la responsabilité. Ceux qui prétendent que Dieu crée directement chaque être humain, rendent Dieu responsabledel’existence des idiots, des fous et des déséquilibrés du monde entier, mais la science et l’Écriture déclarent toutes deux que les enfants héritent de leurs procréateurs, leurs vices et leurs vertus, leurs faiblesses et leurs talents. L’Apôtre déclare très clairement : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par [comme résultat du] le péché, la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché [par hérédité] ». Le prophète fait allusion à la même chose quand il déclare : « Les pères ont mangé du raisin vert [péché] et les dents des enfants ont été agacées » — ils sont tous dépravés. — Rom. 5 : 12 ; Jér. 31 : 29, 30 ; Ezéch. 18 : 2.

            Mais quelqu’un pourrait demander : Ne serait-il pas possible que Dieu ait implanté une étincelle de sa divinité immortelle en nos premiers parents, et que cette étincelle ait été transmise nolens volens (*) [expression latine qui équivaut à l’expression française : « Bon gré, mal gré » (dict).] à leur postérité ? Examinons ce que dit la Bible à ce sujet, et ce faisant, souvenons-nous qu’il n’y a aucune autre révélation pour qui que ce soit en dehors des Écritures ; nous pouvons donc connaître par elles tout ce que l’on peut connaître sur ce sujet. Que trouvons-nous dans le récit de la Genèse ? Nous trouvons, en vérité, que la création de l’homme y est particulièrement mentionnée, tandis que celle de la création de la bête l’est moins. Nous trouvons, cependant, que les exposés sont faits dans un langage très simple et qu’ils ne contiennent aucune suggestion quiconque de la transmission à l’homme par Dieu de quelque étincelle d’existence surhumaine. La supériorité de l’homme sur la bête, selon le récit de la Genèse consiste non pas en ce qu’il a une espèce différente de souffle ou esprit, mais dans le fait qu’il a une forme plus noble, un corps supérieur, un organisme plus fin, qu’il est doté d’un organisme cérébral qui lui permet de s’élever par la raison à des hauteurs de pensées bien au-dessus de l’intelligence des animaux inférieurs, de la création animale. Nous constatons que c’est sous ce rapport-là que l’homme fut créé, dans la chair, à la ressemblance de son Créateur qui est un être-esprit. — Jean 4 : 24.

L’ESPRIT DE L’HOMME

            Ainsi que nous l’avons déjà vu (*) [ChapitreVIII.], le mot « esprit » dans nos versions communes de la Bible (et nos versions françaises — Trad.) est la traduction du mot hébreu ruach et du mot grec pneuma ; c’est pourquoi, pour apprécier correctement le mot esprit dans la Parole de Dieu, il faut que nous gardions toujours à la mémoire la signification attachée aux mots originaux dont il est la traduction. Comme nous l’avons vu, le mot « esprit » signifiait primitivement vent et, en second lieu, on s’en est servi pour désigner toute puissance invisible. Nous avons vu que ce terme, appliqué à Dieu, signifie qu’il est puissant mais invisible ; employé en rapport avec l’influence et l’action de Dieu, Il implique qu’elles sont exercées par une puissance invisible. Il est appliqué à la mentalité (« mind ») (*) [Dict. américain : « intellect ; manière de penser et de sentir ; synonymes : compréhension, raison, jugement, sens ; intelligence, mémoire ».] parce qu’elle est une force invisible, intangible ; aux paroles qui sont également invisibles et pourtant puissantes ; à la vie, laquelle, bien que de toute importance et pénétrant tout, est une force ou qualité invisible comme l’électricité ; c’est pourquoi le mot « esprit » s’applique à toutes ces diverses choses. Comme résultat, les Écritures parlent de l’esprit de nos dispositions : le pouvoir invisible de l’esprit ; l’esprit d’un homme : les facultés mentales et la volonté d’un homme ; l’esprit de vie : la force (ou puissance) de la vie qui anime notre corps et toute la création ; l’Esprit de Dieu : la puissance ou influence que Dieu exerce, soit sur des choses animées soit sur des choses inanimées ; l’esprit de sagesse : un esprit sage : l’esprit d’amour : une mentalité ou disposition mue par l’amour ; un esprit du mal ou de malice : esprit (ou disposition) mû par la malice ; l’esprit de vérité : le pouvoir ou influence qu’exerce la vérité. De même, les êtres célestes sont décrits comme étant des êtres-esprits, c’est-à-dire des êtres invisibles, possédant une puissance, une intelligence, etc. Ceci est applicable, non seulement à Dieu le Père, duquel notre Seigneur Jésus dit : « Dieu est un Esprit », mais il l’est aussi à notre Seigneur Jésus depuis sa résurrection, car il est dit de lui : « Maintenant, le Seigneur est cet Esprit ». Il est appliqué aussi aux anges et à l’Église qui est assurée que, dans la première résurrection, chaque vainqueur aura un corps d’esprit (« a spirit body »). Dans les Écritures il est employé également pour désigner Satan et ses associés, des êtres-esprits, invisibles et pourtant puissants.

L’ESPRIT CONCERNANT LA NOUVELLE NATURE

DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

            En considérant l’emploi du terme esprit relativement à l’homme, nous remarquons ce qui suit :

            (1) Les mots « esprit » et « spirituel » dans le Nouveau Testament sont souvent employés en faisant allusion : (a) à la volonté, spécialement à la nouvelle disposition (« mind ») des « saints », engendrés par la Parole et l’Esprit de Dieu. Les « nouvelles-créatures en Christ » sont appelées à un changement de nature, de la nature humaine à la nature spirituelle, et il leur est promis que si elles sont fidèles, elles auront à la résurrection (b) des corps d’esprits (« spirit bodies ») pareils au corps de Christ ressuscité, et pareils aussi à la personne glorieuse du Père céleste. C’est pourquoi, à cause de cette future perspective qui est la leur, l’espérance de l’Église est montrée comme étant (c) spirituelle et céleste, en contraste avec les espérances et les promesses dont les humains deviendront héritiers durant le Millénium. Le terme esprit est aussi employé (d) par allusion aux anges qui, par nature, sont des êtres-esprits et non des êtres charnels. Mais l’idée d’invisibilité s’attache toujours aux mots « esprit » et « spirituel » quand et où ils sont employés.

            Voici quelques exemples de tels emplois de ces mots :

            (a) « Paul se proposa dans son esprit [pneuma — pensées (« mind »), volonté]… d’aller à Jérusalem ». Actes 19 : 21.

             (a) « Son esprit (à Paul) [pneuma — pensées, sentiments] fut excité au dedans de lui, en voyant la ville remplie d’idoles ». — Actes 17 : 16.

             (a) « Paul était étreint (absorbé — note D. ; « pressé en esprit » : version anglaise — Trad.) [pneuma — en pensée, il était mentalement excité] rendant témoignage aux Juifs que Jésus était le Christ ». — Actes 18 : 5.

             (a) « [Apollos] était instruit dans la voie du Seigneur ; et étant fervent d’esprit [pneuma — d’esprit ardent] il parlait et enseignait diligemment ». — Actes 18 : 25.

         (a) « Dieu que je sers dans mon esprit [pneuma — ma nouvelle mentalité, mon nouveau cœur, ma volonté renouvelée] dans l’Évangile de son Fils ». — Rom. 1 :9.

             (a) « Glorifiez Dieu dans votre corps et dans votre esprit [pneuma, disposition] qui lui appartiennent ». — 1 Cor. 6 : 20 (note D. — Trad.).

             (a) « Car pour moi, étant absent de corps, mais présent en esprit [pneuma, mentalement] j’ai déjà, comme présent, jugé ». — 1 Cor. 5 : 3.

             (a) « Un esprit [pneuma — mental, disposition] doux et paisible ». — 1 Pi. 3 : 4.

             (b) « II est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel » [pneumatikos](*) [Référence Strong N° 4152 — Trad.]. — 1 Cor. 15 : 44.

            (b) « S’il y a un corps animal, il y en a aussi un spirituel [pneumdtikos]».  1 Cor. 15 : 44.

            (b) « Ce qui est spirituel [pneumatikos] n’est pas premier ». — 1 Cor. 15 : 46.

            (b) « Ensuite ce qui est spirituel [pneumatikos]». — 1 Cor. 15 : 46.

            (c) « La pensée de l’Esprit [pneuma — avoir un esprit gouverné par le saint Esprit ou volonté de Dieu], vie et paix ». — Rom. 8 : 6.

            (c) « Vous qui êtes spirituels [pneumatikos — engendrés de l’esprit et possesseurs du nouvel entendement] redressez un tel homme dans un esprit [pneuma — disposition] de douceur ». — Gal. 6 : 1.

            (c) « Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle [pneumatïkos — bénédiction d’espèce spirituelle] dans les lieux célestes, en Christ ». — Eph. 1 : 3.

            (c) « Soyez remplis de l’Esprit [pneuma — le saint Esprit de Dieu] vous entretenant par des psaumes, et des hymnes et des cantiques spirituels [pneumatikos — des cantiques conformes à votre nouvel esprit] ». — Eph. 5 : 19.

            (c) « Pour que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle [pneumatikos — compréhension de tout ce qui a trait à votre nouvelle parenté spirituelle avec Dieu, et de compréhension de son plan] ». — Col. 1 : 9.

            (c) « (Vous) êtes édifiés une maison spirituelle [pneumatikos — une famille ou maisonnée d’un ordre ou d’une espèce spirituelle] ». — 1 Pi. 2 : 5.

            (d) « Une servante qui avait un esprit [pneuma — un pouvoir invisible] de python » — par sa communion avec les êtres-esprits déchus. — Actes 16 : 16.

            (d) « Paul… se retourna et dit à l’esprit [pneuma — le mauvais être-esprit qui possédait la femme] : Je te commande… de sortir d’elle ». — Actes 16 : 18.

            (d) « Et les esprits [pneuma] malins sortaient d’eux ». — Actes 19 : 12, 13 (note D. — Trad.).

            (d) « Mais l’esprit [pneuma] malin répondant, leur dit » — Actes 19 : 15.

            (d) « Les Sadducéens disent qu’il n’y a… ni d’ange, ni d’esprit [pneuma — être-esprit] ». — Actes 23 : 8.

            (d) « Si un esprit [pneuma] lui a parlé ou un ange ne combattons pas contre Dieu ». — Actes 23 : 9 (note D. — Trad.).

LE TERME ESPRIT DANS L’ANCIEN TESTAMENT

            (2) Le mot « esprit » est employé pour l’humanité en général, spécialement dans l’Ancien Testament, mais toujours en faisant allusion soit à (e) l’esprit de vie, l’étincelle qui anime et que Dieu alluma d’abord en Adam, et qui, depuis lors, descendit (altérée) à toute sa postérité — c’est un pouvoir ou qualité invisible, soit à (f) l’esprit de la mentalité (« mind »), la volonté — pouvoir invisible qui dirige la vie.

RUACH, PNEUMA : POUVOIR ANIMATEUR

            Lorsque nous parlons de la création de l’homme, c’est de l’esprit de vie, du souffle ou respiration de vie qu’il s’agit. Les Écritures montrent clairement que cet esprit de vie est commun à toutes les créatures de Dieu, et n’est pas possédé exclusivement par l’homme, ainsi que les citations bibliques suivantes le démontrent clairement :

            (e) « Toute chair en laquelle il y a esprit de vie [ruach — l’esprit ou souffle de vie de toute chair] ». — Gen. 6 : 17 ; 7 : 15.

            (e) « Tout ce qui avait la respiration de l’esprit de vie [en marge : ruach, l’esprit ou puissance de vie] ». — Gen. 7 : 22.

            (e) « Et l’esprit de Jacob leur père se ranima [ruach — les forces vitales ou pouvoirs de vie de Jacob se ranimèrent] ». — Gen. 45 : 27.

            (e) « Et il [Samson] but et son esprit [ruach] revint et il vécut [sa force, sa vigueur, son énergie lui revinrent] ». — Juges 15 : 19.

            (e) « Lui, dans la main duquel est… l’esprit [ruach]de toute chair d’homme ». [L’esprit de vie de toute l’humanité appartient à la puissance divine] ». — Job 12 : 10.

            (e) « O Dieu, Dieu des esprits [ruach — puissance de vie ; esprit de vie] de toute chair ! un seul homme péchera, et tu seras courroucé contre toute l’assemblée ? » — Nombres 16 : 22.

            L’opinion que la distinction entre l’homme et la bête consistait en un esprit de vie différent, une espèce différente de vie, et qu’à la mort, l’un montait et l’autre descendait paraît avoir été très ancienne chez les philosophes du monde ; car nous trouvons Salomon, le sage, demandant :

            (e) « Qui est-ce qui connaît [qui peut prouver] que l’esprit [ruach — esprit de vie] de l’homme monte en haut, et l’esprit (*) [Note Darby (f.) : « souffle et esprit sont un même mot en hébreu ».][ruach — esprit de vie] de la bête descend en bas dans la terre ? ». (Eccl. 3 : 19-21).

            Salomon venait juste d’indiquer comment il comprenait personnellement la question :

            (e) « Car ce qui arrive aux fils des hommes [la mort] est aussi ce qui arrive aux bêtes ; il y a pour tous un même sort : comme celle-ci meurt, ainsi meurt celui-là ; et ils ont tous un même souffle [ruach — esprit de vie, souffle de vie] ; et l’homme n’a point d’avantage sur la bête ».

            A cet égard, sur la question d’avoir une espèce de vie différente, sa supériorité doit être recherchée et trouvée ailleurs, comme nous le verrons.

            (e) « En ta main, je remets mon esprit [ruach — esprit de vie ou énergie vitale] ». — Ps. 31 : 5.

            Telle fut la déclaration prophétique des dernières paroles de notre Seigneur Jésus mourant. Il avait reçu du Père l’esprit de vie comme un don : il était, par obéissance au plan du Père, devenu un homme afin d’être le Rédempteur de l’homme ; et quand Il rendit son esprit de vie ou énergie vitale, il affirma sa confiance en la promesse faite par Dieu de lui rendre l’esprit de vie par une résurrection.

            De Dieu, la source de vie, l’humanité reçut l’esprit de vie, par notre père Adam. En désobéissant, Adam perdit son droit à la puissance (ou esprit) de vie, et graduellement, laissa échapper cet esprit de vie par une mort lente au cours des neuf cent trente ans de son existence. Alors, le corps retourna à la poussière où il était avant la création, et l’esprit de vie, le privilège de vivre, la puissance ou la permission de vivre, retourna à Dieu qui avait donné ce privilège, cette puissance, exactement comme tout privilège ou faveur conditionnelle revient au donateur, si les conditions de la donation ne sont pas remplies (Eccl. 12 : 7). Rien dans ce texte n’implique que l’esprit de vie « prend son vol pour retourner à Dieu », comme d’aucuns voudraient le représenter ; car l’esprit de vie n’est pas une intelligence, ni une personne, mais simplement une puissance, un privilège qui a été confisqué et qui par conséquent, retourne au donateur original de cette puissance ou privilège. L’idée est que l’homme, ayant péché, n’a plus de droits à la vie ; le retour à Dieu de ses droits à la vie confisqués et le retour de sa chair à la poussière, ramènent sa condition à ce qu’elle était exactement avant qu’il fût créé.

            Mais de même que notre Seigneur Jésus espérait en la promesse divine d’un retour de son « esprit de vie » ou pouvoirs et droits à la vie dans l’arrangement divin, ainsi, en raison du sacrifice de rédemption de notre Seigneur, certaines espérances et promesses sont ouvertes à toute l’humanité, par « Jésus, le Médiateur de la Nouvelle Alliance » (Héb. 12 : 24). C’est pour cette raison que les croyants « ne pleurent pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance ». Notre Rédempteur racheta l’esprit des droits à la vie que notre père Adam avait perdu pour lui-même et pour toute sa famille. Maintenant, les croyants peuvent donc pour eux-mêmes (et, par la connaissance du plan de Dieu, pour d’autres également) remettre leur esprit (leurs pouvoirs de vie) entre les mains de Dieu également, comme le fit notre Seigneur ainsi qu’Etienne — pleins de foi que la promesse divine d’une résurrection serait réalisée. Une résurrection signifiera, pour le monde, une réorganisation du corps humain, sa vivification ou réveil par l’énergie vitale, l’esprit de vie (Hébreu : ruach ; Grec : pneuma). Pour l’Église de l’Évangile, les participants à la « première [principale] résurrection », cela signifiera le don de l’esprit de vie ou énergie de vie (Hébreu : ruach ; Grec : pneuma) à un corps d’esprit — « spirit body ». — 1 Cor. 15 : 42-45.

            Dans le tableau vivant de la résurrection terrestre future que nous offre la prophétie d’Ézéchiel (37 : 5-10, 13, 14), les rapports entre le corps et l’esprit de vie, « le souffle » (voir note D. — Trad.), sont clairement présentés. Il n’importe que le prophète se serve de ceci simplement comme un symbole, cela montre (prouve) néanmoins qu’un organisme humain n’a pas de vie jusqu’à ce qu’il reçoive le ruach — le souffle (ou respiration — Trad.) de vie, ce qui, nous l’avons montré ailleurs, est commun à tous les animaux, car aucun ne peut vivre sans lui. Examinons de très près les déclaration d’Ézéchiel, comme suit :

         (e) « Voici je fais venir en vous le souffle [ruach — esprit de vie, énergie de vie], et vous vivrez ».

            (e) « Et je mettrai… sur vous de la chair, et je vous recouvrirai de peau, et je mettrai en vous le souffle [ruach — esprit de vie, énergie de vie], et vous vivrez ».

            (e) « Et je vis, et voici…, il vint sur eux des nerfs et de la chair et de la peau les recouvrit par-dessus », mais il n’y avait pas de souffle [ruach — esprit de vie, énergie de vie] en eux ».

            (e) « Et il me dit : « Prophétise au Souffle (*) [Version anglaise : vent ; nos versions fses, sauf D., rendent par : « Prophétise à l’esprit » — Trad.] [ruach — esprit de vie, énergie de vie ; en marge version anglaise : souffle] et dis au souffle, [ruach — esprit de vie, souffle de vie] : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Esprit [ruach — souffle ou esprit de vie], viens des quatre vents [ruach] et souffle [ruach — souffle ou esprit de vie] sur ces tués, et qu’ils vivent ».

            (e) « Et je prophétisai selon qu’il m’avait commandé ; et le souffle [ruach, esprit de vie, souffle de vie, énergie vivante] entra en eux, et ils vécurent ».

            (e) « Et vous saurez que je suis l’Éternel, quand j’aurai ouvert vos sépulcres, et que je vous aurai fait monter hors de vos sépulcres, mon peuple. Et je mettrai mon esprit [ruach — esprit de vie, souffle de vie] en vous, et vous vivrez ».

            Adam avait le privilège, s’il était obéissant, de conserver pour toujours cet esprit de vie (ou puissance de vie) que son Créateur lui avait donné. Il en fut dépossédé à cause de sa désobéissance, et le droit à la vie retourna au Grand Dispensateur ; cet esprit de vie n’était ni une personne, ni une chose, mais un droit ou privilège et cet esprit de vie retourna à Dieu qui avait donné ce droit ou privilège sous conditions, lesquelles furent violées. — Eccl. 12 : 7.

            (e) « II n’y a point d’homme qui ait pouvoir sur l’esprit [ruach : esprit de vie, étincelle de vie] pour emprisonner l’esprit [ruach : esprit de vie, souffle de vie]. — Eccl. 8 : 8.

            Par la grâce de Dieu, ces droits ou privilèges de vie perdus, que tout homme à sa mort, abandonne à Dieu, ont tous été rachetés par le précieux sang, et l’acquéreur est annoncé comme le nouveau Dispensateur de vie, le régénérateur ou père de la race, qui donnera la vie, et une vie plus abondante, à tous ceux qui, finalement, l’accepteront.

            Nous ne donnerons qu’un seul exemple tiré du Nouveau Testament :

            (e) « Le corps sans l’esprit [pneuma — étincelle de vie, souffle des vies] est mort ». — Jacques 2 : 26.

RUACH, PNEUMA — LA DISPOSITION D’ESPRIT, (*) [« mind »  — Trad.]

LA VOLONTE

            Puisque l’esprit (*) [« mind »] ou volonté est une puissance ou influence invisible, il est désigné par les mêmes mots équivalents en hébreu et en grec, ainsi qu’on le voit dans les exemples suivants :

            (f) « Anne répondit et dit : Non, mon Seigneur ; je suis une femme qui a l’esprit [ruach — mental (*) [« mind »], disposition] accablé ». — 1 Sam. 1 : 15.

            (f) « Le sot met dehors tout son esprit [ruach — plans, pensées, mental (*) [« mind »], dessein] ». — Prov. 29 : 11.

            (f) « Mon esprit [ruach — mental (*) [« mind »], courage] défaillait ». — Ps. 77 : 3.

            (f) « Mon esprit [ruach — mental (*) [« mind »]] cherche diligemment ». — Ps. 77 : 6.

            (f) « Celui qui est d’un esprit [ruach — disposition, tempérament (*)] fidèle » — Prov. 11 : 13.

            (f) « Toutes les voies d’un homme sont pures à ses propres yeux, mais l’Éternel pèse les esprits [ruach — la mentalité (*) [« mind »], les pensées, les motifs] ». — Prov. 16 : 2.

            (f) « L’orgueil va devant la ruine et l’esprit [ruach — disposition, volonté, mentalité (*) ] [« mind »] hautain devant la chute ». — Prov. 16 : 18.

            (f) « Mieux vaut être humble d’esprit [ruach — comportement (*) [« mind »], disposition] ». — Prov. 16 : 19.

            (f) « Cela aussi est vanité et poursuite du vent [ruach — disposition (*) ] [« mind »] ». — Eccl. 6 : 9.

            (f) « Mieux vaut un esprit [ruach — tempérament (*) [« mind »], disposition] patient, qu’un esprit [ruach — tempérament (*) [« mind »], disposition] hautain. — « …ne te hâte pas en ton esprit [ruach — tempérament (*) [« mind »], disposition] ». — Eccl. 7 : 8, 9.

            Quelques exemples tirés du Nouveau Testament :

            (f) « L’enfant [Jean] croissait et se fortifiait en esprit [pneuma, disposition (*) [« mind »] , caractère] ». — Luc 1 : 80.

            (f) « Pas paresseux, fervents en esprit [pneuma, disposition (*) [« mind »], caractère] servant le Seigneur ». — Rom. 12 :11.

            (f) « Nous avons reçu non l’esprit [pneuma, disposition, mentalité (*) [« mind »]] du monde ». — 1 Cor. 2 : 12.

            (f) « Je n’ai point eu de repos dans mon esprit [pneuma, pensées (*) [« mind »]] ». — 2 Cor. 2 : 13.

            (f) « Renouvelée dans l’esprit [pneuma, caractère, disposition] de votre entendement (*) [« mind »] ». — Eph. 4 : 23.

            (f) « La parure… d’un esprit [pneuma — mentalité, disposition] ». — 1 Pi. 3 : 4.

            Les emplois faits par les Écritures de ces termes originaux montrent que notre mot français esprit est un bon équivalent de l’original, car nous ne parlons pas seulement de l’esprit de vie, mais aussi d’un esprit aimable, d’un bon esprit, d’un esprit ou d’une humeur colérique, d’un esprit d’amertume et d’un esprit emporté ; nous nous servons également de ces expressions pour les animaux inférieurs aussi bien que pour l’homme. Le fait que nous prouvons ici est abondamment démontré, à savoir que l’esprit n’est pas l’homme réel, ni un autre homme, mais que ce mot, lorsqu’il est employé au sujet de la création de l’homme, signifie simplement l’étincelle de vie ou pouvoir de vie qui est commun à tous les animaux.

NESHAMAH — LE SOUFFLE DES VIES

            Bien que le mot ruach soit parfois traduit par « souffle » ou respiration, les Hébreux avaient un autre mot pour souffle, neshamah. On le trouve vingt-six fois, et dans dix-neuf d’entre elles il est traduit par « souffle », « inspiration » une fois, « esprit » deux fois, « âmes » une fois, « coup de vent » trois fois. (*) [Dans la version commune anglaise — Trad.]

            Comme exemples de la signification de ce mot, et comme preuve qu’il signifie simplement le pouvoir de vivre et ne comporte en aucun sens la pensée de vie éternelle ou d’immortalité, notons les emplois suivants du mot :

            « L’Éternel Dieu forma l’homme, poussière du sol, et souffla [naphach — insuffla, gonfla] dans ses narines le souffle [neshamah (**) [Référence Strong N° 5397 — Trad.]] des vies [caiyah] ». — Gen. 2 : 7.

            « Et toute chair qui se mouvait sur la terre expira, tant les oiseaux que le bétail et les bêtes et tout ce qui fourmille sur la terre, et tout homme. Tout ce qui avait le souffle (***) [Note Darby : « litt : respirationde vie ».] [neshamah] de vie [caiyah (****)][Référence Strong N° 2421 — Trad.]dans ses narines, de tout ce qui était sur la terre sèche mourut ». — Gen. 7 : 21, 22.

            Ces deux premières traces du mot neshamah dans la Bible suffisent pour prouver abondamment notre affirmation que ce terme n’a aucune référence à l’immortalité, ni à un principe immortel, mais se rapporte simplement à la vitalité, au pouvoir de vie. Ce pouvoir de vie, nous est-il dit, fut donné à Adam, et le même pouvoir de vie, est-il déclaré dans notre second texte, était possédé par tous les animaux, oiseaux, bétail, bêtes et choses rampantes de la terre sèche, aussi bien que par l’homme ; lorsque toutes ces âmes ou êtres furent privés de ce souffle de vie, dit le récit, toutes ces âmes ou tous ces êtres moururent, — l’homme aussi bien que les créatures inférieures. Tous moururent de la même manière, excepté qu’il existe des dispositions divines en faveur de l’homme ; en effet, au propre temps, Dieu pourvut à une rançon, et plus tard, au temps fixé, il délivrera les humains du pouvoir de la mort, selon sa promesse, par une résurrection de l’être, de l’âme.

UNE ÂME HUMAINE

            Beaucoup, en lisant le récit de la création dans la Genèse, ont ainsi noté que, lorsque Dieu eut formé l’homme de la poussière du sol et lui eut communiqué le souffle (esprit) de vie, selon le récit : « L’homme devint une âme vivante (*) [Versions Abbé Crampon — Moines de Maredsous — Cardinal Liénart :«L’homme devint un être vivant »; Grand Rabbin Zadoc Kahn — Note de Segond (1919) : « Héb. : une âme vivante ». Darby : « L’homme devint une âme vivante ». — Trad.] ». Une telle affirmation, faite au lecteur ordinaire qui partage l’opinion générale erronée quant au sens du mot « âme », suffit à le troubler ; ceux-là même qui auraient dû l’instruire convenablement et comprendre d’abord eux-mêmes le sujet, ont dénaturé le sens du mot ; il se dit pourtant que d’une manière ou d’une autre, il y a un certain fondement à l’erreur répandue qu’il ne comprend pas, mais que — suppose-t-il — ses professeurs préférés de théologie ont approfondie et prouvée au-delà de tout doute.

            Ne saisissant pas la signification du mot âme, beaucoup de gens prennent la liberté de l’employer négligemment et, de ce fait, ils transposent la déclaration biblique et, au lieu de parler de l’homme comme étant une âme, ils en parlent comme ayant une âme, ce qui est une pensée très différente. Il est donc nécessaire que tout chercheur de vérité, chasse de son esprit, autant qu’il est possible, tout préjugé sur le sujet et tout particulièrement sur les choses et les points importants qu’il admet ne pas comprendre ; car la tendance naturelle est d’accorder des qualités et des pouvoirs à ce qui est mystérieux et incompris. Ainsi, d’après la conception générale, une âme est merveilleusement intelligente, possède des pouvoirs merveilleux, elle est indestructible, intangible et incompréhensible.

            On attribue à un évêque méthodiste la définition suivante de l’âme, définition qui s’accorde certainement bien avec les prétendues théories « orthodoxes », même si elles sont absurdes quand on les analyse sérieusement : « L’âme est sans intérieur ni extérieur, sans corps, sans forme, ni membres, et vous pourriez en mettre un million dans une coque de noix ». Telles sont les diverses choses que l’on prêche sur l’âme pour aider à soutenir une conception entièrement erronée. Selon cette théorie, l’âme est l’être réel ; elle est une étincelle de la divinité, possède des qualités divines, une vie intelligente, etc., séparée et indépendante du corps ; elle habite le corps humain pour un certain temps, s’en sert comme d’une demeure, et lorsque le corps est épuisé ou hors de service, elle l’abandonne. Étant donné que personne n’a jamais vu une âme entrer dans un corps, et qu’on ne peut trouver une âme pendant qu’elle est dans le corps, par l’examen le plus minutieux, et avec toutes les applications perfectionnées du microscope, de la photographie et des rayons « X », on suppose donc qu’elle est « sans corps, sans forme et sans membres ». Si donc, on la suppose si petite qu’elle ne peut être décelée par un microscope, on pourrait aussi bien dire que vous pourriez en mettre cinquante millions dans une coque de noix. En réalité, l’évêque a donné là une excellente définition de ce qu’est rien du tout ; tous seront d’accord qu’on pourrait placer cent millions de riens dans la plus petite des espèces de coques de noix et qu’il y aurait encore de la place disponible.

            Mais sur quel fondement repose une théorie aussi extravagante ? Nous répondons : sur aucun. Elle résulte du fait que l’homme a adopté sa propre conception d’une vie future, et a rejeté la conception et le plan de Dieu. L’hypothèse humaine déclare : Il doit y avoir quelque chose qui ne meurt jamais, sinon il ne peut y avoir aucune vie future. La conception divine déclare : le même Dieu qui créa au commencement est capable de ressusciter les morts. Telle est la contradiction qui s’élève entre la Parole de Dieu et toutes les hypothèses humaines de la terre parmi les civilisés aussi bien que parmi les barbares ; toutes les hypothèses humaines enseignent que l’homme ne meurt pas et n’a donc besoin ni d’un Dispensateur de vie, ni d’une résurrection. La conception de la Bible est, au contraire, que l’homme meurt, et que sans un Dispensateur de vie et sans une résurrection, la mort serait vraiment la fin de tout, et il n’y aurait aucune vie future.

            C’est pour soutenir sa propre hypothèse que le monde, et tous ses livres religieux (y compris, nous regrettons de le dire, la plupart des ouvrages d’eschatologie écrits par des gens qui se disent chrétiens), enseignent la doctrine de l’immortalité de l’âme, savoir : qu’il y a dans l’homme, une âme possédant une vie distincte de celle de son corps, et qu’elle est immortelle, indestructible, et par conséquent destinée à une éternité de souffrance ou de félicité.

Nous en venons donc à la question :

QU’EST-CE QU’UNE ÂME ?

            En examinant cette question du point de vue de la Bible, nous trouverons que l’homme a un corps et a un esprit, mais qu’il est une âme. Sur ce point, la science est d’accord avec les Écritures. En fait, l’une des sciences, la phrénologie, se charge de considérer, comme des sortes d’index, les crânes humains et ceux des animaux inférieurs, et de déchiffrer en partant de là, les traits naturels et les caractéristiques de leurs possesseurs : tous les hommes ne se sentent-ils pas capables dans une certaine mesure de juger un caractère par un examen physiologique ? Tous peuvent distinguer l’intellectuel d’un idiot, l’aimable bienveillant d’un brutal dépravé. Ceux qui n’ont pas appris que l’organisme (la forme du corps) est indissolublement lié avec la nature, le caractère, et les dispositions mentales, n’ont pas compris beaucoup de choses aux leçons de la vie et ne peuvent guère apprécier notre démonstration ou toute autre analogue.

            Le mot « âme », tel qu’on le trouve dans les Écritures, signifie être sensitif ; c’est-à-dire qui possède des facultés de sensations, de perception par les sens. L’esprit libre de tout préjugé, reprenons avec cette définition le récit de la Genèse relatif à la création de l’homme ; nous constatons que (1) l’organisme ou corps fut formé ; (2) l’esprit de vie, appelé « souffle ou respiration de vie », fut communiqué à ce corps ; (3) l’âme vivante, ou l’être sensitif en résulta. Voilà qui est très simple et facile à comprendre. Cela montre que le corps n’est pas l’âme, pas plus que l’esprit ou souffle de vie n’est l’âme ; mais que la réunion de ces deux éléments par l’Éternel, produisit un homme vivant, un être vivant — une âme vivante, possédant des facultés de perception. Il n’y a là rien de mystérieux, aucune idée qu’une étincelle de divinité fut infusée à l’homme, pas plus qu’aux animaux inférieurs. En fait, si la création des animaux inférieurs est passée sous silence sans être spécialement décrite, il nous est permis de savoir que pour eux également, le mode de procéder doit avoir été sensiblement le même. Nous savons qu’un chien ne saurait exister sans un organisme ou un corps de chien, ni sans esprit ou souffle de vie dans ce corps. Le corps du chien qui n’aurait jamais été animé ne serait pas un chien. Il faut qu’auparavant l’étincelle de vie, la respiration de vie, lui ait été insufflée, et alors l’existence du chien commence. La même chose est vraie pour tous les animaux.

            En plein accord avec ce qui précède, nous appelons maintenant l’attention sur un fait qui en surprendra beaucoup, à savoir que suivant le récit des Écritures, chaque chien est une âme, chaque cheval est une âme, chaque vache est une âme, chaque oiseau et chaque poisson sont des âmes. Autrement dit, ce sont tous des créatures sensitives, possédant des facultés de perception par les sens. Il est vrai que certains d’entre eux sont sur un plan plus élevé et certains sur un plan plus bas que d’autres, mais le mot âme s’applique à propos et scripturalement aux créatures sur les plans inférieurs aussi bien qu’à l’homme, le plus élevé et le plus noble — aux poissons, aux reptiles, aux oiseaux, aux bêtes, à l’homme. Tous sont des âmes. Remarquez que nous ne disons pas qu’ils ont des âmes, dans le sens ordinaire et erroné de ce terme, pourtant ils ont bien tous des âmes, dans le sens d’avoir la vie, l’être, l’existence — ce sont des âmes vivantes. Donnons-en la preuve :

            Dans les premier, second et neuvième chapitres de la Genèse, les mots « âme vivante » sont appliqués neuf fois, dans la langue hébraïque, aux animaux inférieurs, mais les traducteurs (préoccupés semble-t-il, de défendre la fausse mais commune divagation concernant une âme, empruntée à la philosophie de Platon) veillèrent avec persévérance sur leur œuvre, de sorte que, dans la mesure où cela est possible, le lecteur anglais (comme le français — Trad.) est tenu dans l’ignorance à cet égard ; il ne sait pas que le terme âme est propre aux créatures inférieures et s’applique à elles aussi bien qu’à l’homme dans l’usage des Écritures inspirées. Autrement, comment aurait-il pu se faire que dans tous ces cas, et dans beaucoup d’autres exemples à travers les Écritures, ils aient soigneusement dissimulé la pensée, en employant un autre mot anglais (ou français — Trad.) pour traduire le mot hébreu qu’ils rendent par « âme » lorsqu’il désigne l’homme ? Ce point a été gardé avec un tel soin que ce mot hébreu n’a été traduit par « âme » en rapport avec des « créatures inférieures » qu’en un seul passage de la Bible (*) [En français, la version Darby signale également, en note, le fait en Gen. 9 : 4 ; Lév. 17 : 12 (« Personne = aucune âme ») ; Deut 12 : 23.], à savoir en Nombres 31 : 28, et là, il est bien évident qu’ils furent contraints de découvrir la chose, à cause de la construction particulière de la phrase — aucune autre traduction n’étant raisonnablement possible. On lit ainsi le passage :

            « Et tu lèveras pour l’Éternel un tribut sur les hommes de guerre qui sont allés à l’armée : un (une âme — note D.) sur cinq cents, tant des hommes que du gros bétail, et des âmes, et du menu bétail ». On remarquera qu’ici, le mot « âme » est employé pour les créatures inférieures aussi bien que pour l’homme, et ainsi apparaîtrait-il ailleurs dans les Écritures si les traducteurs avaient été débarrassés des déviations et des torsions de leurs fausses conceptions sur ce sujet.

            Examinons maintenant les neuf textes de la Genèse dans lesquels on trouve l’original hébreu du mot âme (neh-phesh) en rapport avec les animaux inférieurs :

            « Et Dieu dit : Que les eaux foisonnent abondamment d’un fourmillement d’êtres vivants [hébr. : heh-phesh : âme (*) [Référence Strong N° 5315 — Trad.]] ». —Gen. 1 : 20.

            La note en bas de page de la version Darby porte : « hébr. : âme, ici et versets 21, 24 et Gen. 2 : 19 », et ceci se passait au cinquième jour, ou cinquième période, de la création, longtemps avant la création de l’homme.

            « Dieu créa les grands animaux des eaux, et tout être vivant [hébr. : neh-phesh, âme vivante] qui se meut, dont les eaux fourmillent » (Gen. 1 : 21).

            Ceci aussi se passait au cinquième « jour » — avant la création de l’homme. C’étaient des âmes-poissons.

            « Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants [hébr. : neh-phesh — âme vivante] selon leur espèce, le bétail, ce qui rampe, et les bêtes de la terre selon leur espèce » (Gen. 1 : 24).

            Ces créatures étaient des âmes de la terre sèche, supérieure aux poissons, mais l’homme, l’âme humaine, ou être humain, n’avait pas encore été créé.

            « Et Dieu dit :… Et à tout animal de la terre et à tout oiseau des cieux, et à tout ce qui rampe sur la terre, qui a en soi un souffle de vie [une âme vivante : neh-phesh]j’ai donné toute plante verte pour nourriture » (Gen 1 : 30).

            Ici, les animaux inférieurs sont spécifiés, et il est très clairement déclaré, exactement dans les mêmes termes que pour l’homme, qu’ils sont tous des âmes vivantes.

            « Et l’Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux des cieux, et les fit venir vers l’homme pour voir comment il les nommerait ; et tout nom que l’homme donnait à un être vivant [hébr. âme vivante — neh-phesh] fut son nom » (Gen. 2 : 19). Tout commentaire est ici superflu, car l’on ne saurait plus prétendre maintenant que l’âme est exclusivement une partie ou une qualité humaine : ce terme, bien compris, désigne toutes les créatures sensitives depuis la plus infime jusqu’à la plus élevée — toutes les créatures possédant des pouvoirs sensitifs.

            « Tout ce qui se meut et qui est vivant vous sera pour nourriture… seulement vous ne mangerez pas la chair avec sa vie — [hébr., chair, âme, neh-phesh], c’est-à-dire son sang » (Gen. 9 : 3, 4 — voir note D). Ici, la Parole affirme non seulement que les animaux dont l’homme peut manger possèdent une âme ou existence, mais elle ajoute que leur sang, représente leur existence (être ou âme) et c’est pourquoi il est interdit à l’homme de se servir du sang comme nourriture, il lui est défendu de cultiver la soif du sang.

            « Voici, j’établis mon alliance avec vous [Noé], et avec votre postérité après vous, et avec tout être vivant [hébr. âme vivante — neh-phesh — Voir note D.] qui est avec vous, tant oiseaux que bétail et tout animal de la terre avec vous » (Gen. 9 : 9, 10). Cet exposé est très clair ; il montre que toutes les créatures vivantes sont des âmes aussi bien que l’homme, quoique lui étant intérieures par leur nature, leur organisme, etc.

            « C’est ici le signe de l’alliance que je mets entre moi et vous et tout être vivant [hébr. âme vivante — neh-phesh] » (Gen. 9 : 12). Quoi de plus explicite que cela ?

            « Je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous et tout être vivant [hébr. : toute âme vivante — neh-phesh] » Gen. 9 : 15.

            La même expression est répétée exactement dans les mêmes termes au v. 16, et il n’y a aucune possibilité d’ergoter sur la signification de ce terme lorsque le voile des erreurs de traduction est levé ; nous pouvons saisir alors la pensée que Dieu désirait nous transmettre par sa Parole.

            Nous pourrions continuer cet examen dans les autres livres de la Bible, mais nous avons cité suffisamment de textes pour établir notre démonstration devant tout esprit raisonnable, à savoir que dans l’usage scriptural, l’âme s’applique aussi bien aux animaux intérieurs qu’à l’homme ; il est donc faux de prétendre que la supériorité de l’homme sur les animaux et ses espérances d’une vie future proviennent du fait qu’il est une âme, tandis qu’eux ne sont pas des âmes. Ces fausses conceptions doivent être radicalement changées, si nous voulons voir les choses selon le véritable enseignement de la révélation divine.

            Mais que personne ne se méprenne : nous n’enseignons nullement que toutes les créatures vivantes qui se meuvent, depuis la mite jusqu’à l’éléphant et depuis le têtard jusqu’à la baleine étant des âmes vivantes, elles doivent avoir une vie future, soit par un transfert aux conditions de l’esprit, soit par une résurrection future. Pareille pensée serait un non-sens absolu, de la folie même, que rien ne justifierait. Des milliards d’âmes vivantes sur ces plans les plus inférieurs de la nature animale naissent à chaque minute, tandis que d’autres milliards meurent dans le même temps.

            Notre argument est que l’homme est une âme ou être de l’ordre le plus élevé, le roi et le seigneur sur les ordres inférieurs d’âmes ou d’être sensitifs, tout en étant lui-même aussi une âme animale, humaine, terrestre ; cependant l’homme avait été si magnifiquement constitué à l’origine (Adam) qu’il pouvait, à juste titre, être décrit comme étant à la ressemblance de Dieu, à l’image de celui qui le créa.

            L’homme, comme âme, diffère des animaux ou âmes inférieures par le fait de son organisme supérieur ; sa supériorité n’est pas simplement affirmée par le maintien vertical de son corps ; elle se manifeste aussi par ses capacité mentales supérieures qui ressemblent à celles de Dieu, et sont réfléchies dans son maintien physique. C’est par ses capacités mentales et morales plutôt que par sa forme physique que l’homme fut créé à l’image de Dieu. Bien que nombre des ordres inférieurs d’âmes animales, ou d’êtres animaux possèdent des facultés de raisonnement et le prouvent de mille manières, toutefois chacun d’eux a une limite qu’il ne peut dépasser, tandis que les facultés de raisonnement de l’homme sont presque illimitées, parce qu’il fut créé à l’« image de Dieu », à « la ressemblance de celui qui l’a créé ». Malgré la chute de l’homme dans le péché et ses milliers d’années d’épaisses ténèbres et de dégradation, nous pouvons encore discerner la ressemblance de Dieu, spécialement chez ceux qui ont accepté le ministère de Christ qui réconcilie avec Dieu ; ils sont devenus de nouveau des « fils de Dieu », et cherchent à devenir semblables à l’image du cher Fils de Dieu.

            Par exemple : on peut enseigner à des chevaux, à des chiens et à des oiseaux la signification de nombreux mots pour leur faire comprendre beaucoup de choses intéressant les affaires de la vie. Ils manifestent souvent leurs facultés de raisonnement, et certains sont même capables de compter jusqu’à vingt ; mais qui voudrait tenter d’enseigner l’algèbre, ou la géométrie ou l’astronomie à un cheval, à un chien ou à un oiseau ? On peut enseigner aux animaux les plus intelligents une certaine notion d’honnêteté morale et de devoir moral envers leur maître : ne pas tuer les brebis, ne pas mordre, ne pas ruer, etc., mais qui voudrait essayer d’enseigner le Décalogue à ces bêtes muettes ? On peut leur enseigner une certaine sorte d’amour pour leur maître et ses amis, mais qui penserait à leur apprendre à aimer ou à adorer Dieu, ou à faire plus que de supporter simplement des ennemis qui les ont traités avec méchanceté ?

            Le point à noter est que toutes ces différences ne sont pas dues au fait que les animaux inférieurs ont une espèce différente de souffle ou esprit de vie, car comme nous l’avons vu, « ils ont tous un même souffle » (Eccl. 3 : 19), ni parce que l’homme est une âme et que la bête n’en est pas une, car nous avons vu qu’ils sont tous des âmes. Mais, comme nous l’avons trouvé, et comme tous les hommes en sont témoins, chaque être vivant possède un organisme corporel différent qui lui donne ses différentes caractéristiques et qui seul, constitue l’un supérieur, l’autre inférieur dans l’échelle de l’intelligence. Notez, aussi, que ce ne sont pas la taille et le poids qui donnent l’excellence et la supériorité, sinon l’éléphant et la baleine seraient les seigneurs de la terre ; l’excellence réside dans la « qualité organique » représentée principalement dans la structure et les fonctions du cerveau.

            L’homme est donc le type le plus élevé de la créature terrestre, « de la terre et terrestre », et son excellence consiste en la supériorité de ses capacités et facultés mentales qui ne sont pas le résultat d’un développement, mais un don de son Créateur.

« L’ÂME QUI PÊCHERA, CELLE-LA MOURRA »

            C’est en parfaite harmonie avec ce qui précède, mais en parfait désaccord avec l’idée qu’on se fait généralement sur le sujet, que nous trouvons les Écritures parlant à maintes reprises de la mort de l’âme, alors que la philosophie humaine et les recueils de cantiques de la théologie déclarent catégoriquement qu’elle est indestructible. Nous lisons, par exemple, que lorsque notre Seigneur devint le prix de notre rançon, il « livra son âme [être] à la mort ». « Il livra son âme en sacrifice pour le péché » (Esaïe 53 : 10, 12). Cela était nécessaire, parce que ce fut l’âme d’Adam qui fut condamnée à mort, et la promesse faite à l’humanité est une rédemption de l’âme, ou être, du (« from ») pouvoir de la mort, « Dieu rachètera mon âme de la puissance du shéol [condition de mort] » (Ps. 49 : 15). Comme nous l’avons vu, c’est parce que toutes les âmes sont ainsi rachetées dans la seule rédemption qu’il est dit de tous nos amis — de toute l’humanité — qu’ils se sont « endormis en Jésus ». — 1 Thess. 4 : 14.

            Nous remarquons ici que l’Apôtre ne pouvait pas, dans cette expression, faire simplement allusion aux saints, comme lorsqu’il parle de ceux qui sont « en Christ » ; car ceux dont il est fait mention comme « nouvelles-créatures » sont ceux-là seulement qui sont engendrés de Dieu par l’Esprit pour hériter avec Christ, en formant son Église, les membres de son corps. Mais ceux qui « dorment en Jésus » comprennent la race entière, car notre Seigneur Jésus fut une propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais également pour les péchés du monde entier ; en vertu de ce sacrifice, Il est notre Dispensateur de vie, et non seulement pour nous, mais aussi pour le monde entier — le témoignage et l’occasion de l’accepter étant, pour la majorité des humains, encore futurs. — 1 Jean 2 : 2 ; 1 Tim. 2 : 4-6.

            D’après le contexte, il est manifeste que Paul pensait bien ainsi, car il exhorte ici les croyants à ne pas s’affliger comme ceux qui n’ont pas d’espérance ; il montre que la raison de cette espérance est ce fait que Jésus mourut pour le péché de l’homme et ressuscita pour être le justificateur de l’homme, que par là même, tous « dorment en Jésus », ou sont également libérés de la sentence de mort et sont soumis à Jésus, qui les ramènera de la condition de mort par la puissance divine. Si l’Apôtre avait dit ou paru vouloir dire que seuls les saints seraient ainsi bénis par Jésus, nous pouvons voir rapidement que les croyants d’alors, et ceux qui sont venus depuis, auraient trouvé bien peu de consolation dans ses paroles, car la grande majorité des amis de tous ces croyants ne peuvent pas être appelés des saints. Si le réveil du sommeil de la mort était une bénédiction réservée aux saints seulement, la pensée de l’Apôtre, au lieu d’être consolatrice serait l’inverse, une angoisse, une détresse. Mais l’Apôtre fait allusion au monde entier comme étant ainsi endormi en Jésus, quoique personne ne le sache de ce point de vue, sauf le Père céleste et ses enfants consacrés qu’il a instruits au sujet de ses gracieux plans futurs, par la Parole de Vérité, afin qu’ils puissent se réjouir de la longueur, de la largeur, de la hauteur et de la profondeur de la bonté divine, et « ne s’affligent pas comme les autres qui n’ont point d’espérance [si riche] » — 1 Thess. 4 : 13.

            De même que le sommeil naturel, s’il est profond, implique un état d’inconscience totale, ainsi en est-il de la mort, qui est une figure du sommeil, c’est une période d’inconscience absolue, c’est même une période de non existence absolue, sauf qu’elle est préservée selon les desseins et la puissance du Père. Il en découle que le réveil de la mort, pour ceux qui seront rétablis, signifiera un réveil à la vie consciente qui sera reportée par la pensée au moment précis où la conscience fut perdue à la mort. Il ne subsistera aucune notion du temps qui s’est écoulé dans l’intervalle : autrement dit le moment du réveil sera pour les réveillés celui qui suit immédiatement le moment de la mort en ce qui concerne l’appréciation consciente.

            Cette même condition a été éprouvée par des personnes, à la suite d’accidents ayant occasionné une pression sur leur cerveau et qui, par la suite, avaient été temporairement inconscientes sans cependant perdre la vie. Dans de tels cas, lorsque la trépanation a fait cesser la compression agissant sur le cerveau, le sujet revient immédiatement à l’état conscient, et dans de nombreux cas, achève une phrase restée inachevée lorsque la commotion cérébrale vint interrompre la pensée. La puissance divine reproduira exactement toutes les circonvolutions de chaque cerveau et les vivifiera. Ainsi, à l’heure du réveil, les humains, le monde en général, auront présentes à l’esprit les mêmes paroles et les mêmes pensées qu’ils avaient au moment où ils expirèrent. Mais n’oublions pas que nous parlons ici du monde en général et non de la classe spéciale des élus qui ont été choisis, tirés, hors du monde ; ces derniers forment l’Église, le corps de Christ ; Ils auront part à la première résurrection et, de bien des manières, connaîtront une expérience différente.

            La mort adamique qui était une destruction a donc été, en raison du plan de Dieu et de la rançon, changée en une suspension de vie, appelée sommeil ; nous trouvons, néanmoins, que les Écritures affirment très clairement qu’après le réveil du sommeil de la mort, il dépendra de chaque individu d’aller, soit à la perfection et à la vie sous la direction, le gouvernement et la tutelle du Christ glorieux, soit de choisir volontairement, délibérément et obstinément la voie du péché. S’il choisit cette dernière, il recevra le châtiment destiné à l’origine à Adam, c’est-à-dire la mort ; mais ce ne sera plus la mort adamique, qui fut la punition, la pénalité du péché d’Adam, ce sera la seconde mort. Cette dernière n’est nulle part désignée comme un sommeil, et il n’est donné nulle part la moindre idée qu’il y aura un réveil quelconque de cette mort. Au contraire, elle est appelée « une destruction éternelle devant la présence du Seigneur » — 2 Thess. 1 : 9.

            De cette classe rachetée et réveillée qui aura, en général son épreuve durant l’Age millénaire, les Écritures déclarent : « L’âme qui a péché, celle-là mourra » (Ezéch. 18 : 20). Trois considérations prouvent que ce passage n’est généralement pas applicable maintenant :

            (1) Il ne signifie rien actuellement, alors que tous meurent — les saints comme les pécheurs.

            (2) Il est exprimé sous la forme d’une seconde sentence et basé sur les actions de chaque individu, et ceci ne pourrait pas être applicable au temps présent, parce que, maintenant, nous mourons tous à cause de la « désobéissance d’un seul homme » et de la sentence de mort qui le frappa et affecte indirectement toute sa race — Rom. 5 : 12.

            (3) Le contexte montre que ce passage se rapporte particulièrement à ceux qui ont été libérés du pèché adamique lequel prévaut en général aujourd’hui. Ce passage doit donc s’appliquer spécialement à l’Age prochain, l’Age millénaire. Remarquez les indications du contexte et n’oubliez pas que l’alliance de la loi de l’Age judaïque était analogue à l’Alliance de l’Age millénaire, à la réserve toutefois que cette dernière aura un meilleur Médiateur, capable et désireux de secourir et d’aider tous ceux qui chercheront à marcher droitement, ne leur imputant pas les manquements involontaires.

            Le contexte déclare : On ne dira plus ce proverbe en Israël : Les pères ont mangé du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées. Au contraire, chaque âme sera responsable pour elle-même devant Dieu et « l’âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité du père, et le père ne portera pas l’iniquité du fils ; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (Ezéch. 18 : 2, 4, 20). Il est évident que ce temps n’est pas encore venu. Les enfants ont encore « leurs dents agacées » parce que leurs pères ont mangé les raisins verts du péché ; nous sommes toujours sous la loi de l’hérédité ; tous meurent encore pour le péché d’Adam et non pour le péché individuel. La preuve de cela est le fait incontestable que près de la moitié de la famille humaine meurt dans l’enfance, sans avoir atteint l’âge de discernement ou de responsabilité personnelle. Qui ne peut voir que l’enfant agonisant et mourant à l’âge de quelques jours ou de quelques mois ne meurt pas pour ses propres péchés, mais qu’il meurt parce qu’il est un membre de la race adamique laquelle est toujours sous la malédiction prononcée contre notre père Adam, « Mourant tu mourras » ? Cet enfant a hérité une part de la malédiction, et il héritera aussi une part de la bénédiction de Dieu par Christ dans le réveil à venir qui nous est garanti par le mérite de la grande expiation (« Atonement ») accomplie au Calvaire.

            En Jér. 31 : 29-34, nous trouvons une autre référence aux mêmes conditions exactement que celles mentionnées par Ézéchiel, à la différence que Jérémie nous donne plus de détails explicites qui montrent que cet état de choses appartient non à l’Age actuel, mais à un Age futur. Jérémie déclare :

            « En ces jours-là on ne dira plus : Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils en sont agacées. Car chacun mourra dans son iniquité ; tout homme qui mangera du raisin vert, en aura ses dents agacées ».

            Les mots « en ces jour-là » s’appliquent clairement aux temps du rétablissement à venir, sous le règne de Christ, et non au temps présent du règne du péché et de la mort. Remarquez que le prophète poursuit en décrivant d’autres aspects de l’Age millénaire, parlant de la Nouvelle Alliance qui doit être confirmée à Israël et à Juda, l’alliance éternelle sous laquelle ils obtiendront leur part des bénédictions et promesses abrahamiques qu’ils attendent depuis si longtemps — Comparez Rom. 11 : 26-31.

            Cette même pensée que la mort sera encore le châtiment du péché pour tous ceux qui, après avoir été rachetés de la mort adamique, et après avoir reçu la connaissance de la grâce de Dieu, reçoivent cette grâce en vain, est montrée par ces paroles de Jésus : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas tuer l’âme [ne craignez pas ceux qui ôtent la vie présente, laquelle est déjà, de toute manière, sous la condamnation à mort ; mais souvenez-vous que vous avez été rachetés ; qu’une vie future vous est offerte, et que personne ne peut vous ravir ce que Dieu a réservé pour vous par la rédemption en Christ-Jésus], mais craignez plutôt celui qui peut détruire et l’âme et le corps, dans la géhenne » (Matth. 10 : 28). Jésus affirme donc ici d’une manière positive et incontestable, que Dieu a la puissance de détruire l’âme. Nous n’ignorons pas qu’une théologie malhonnête a cherché à tordre les Écritures et qu’elle soutient en conséquence que ce texte signifie que Dieu peut détruire le bonheur de l’âme dans la géhenne, mais qu’il ne peut pas détruire l’âme elle-même. Nous répondons que donner une telle interprétation à ce passage, c’est tordre les Écritures et les pervertir d’une manière qui ne peut manquer d’avoir des conséquences désastreuses pour ceux qui « falsifient la Parole de Dieu ». Nous montrons ailleurs (*) [Brochure (50 pages) :« L’Enfer de la Bible »] que le mot « géhenne » employé ici signifie « la Seconde Mort » (la destruction totale) pour toutes les âmes qui ne voudront pas écouter le grand Prophète de Dieu lorsque, au temps convenable, il parlera clairement à tout le peuple, alors que maintenant, il le fait en paraboles et en langage obscur que seule l’Église peut comprendre — Actes 3 : 23 ; Matt. 13 : 11.

            Nous soutenons donc que les Écritures affirment sans le moindre doute que l’homme est une âme ou un être qui, par son péché, perdit son droit à la vie et se trouve maintenant sous la malédiction ou le châtiment de la sentence divine, la mort ; telles étaient les dispositions de Dieu. La Parole déclare en outre que les privilèges et droits de l’homme furent tous rachetés par l’homme Christ Jésus qui se donna lui-même en rançon pour tous ; que la mort actuelle ne doit donc pas être considérée comme la mort — destruction complète, mais simplement comme un « sommeil » temporaire duquel l’humanité sera réveillée par son Rédempteur au matin de résurrection de l’Age millénaire.

CONFUSION PAR SUITE DE TRADUCTIONS INEXACTES

            Lorsque nous constatons de toute évidence les conceptions erronées que partagèrent la plupart des traducteurs de nos versions relativement à l’âme, à l’esprit, à la nature véritable de l’homme, nous ne devons pas être surpris de leur embarras et de leur confusion : en voulant harmoniser de force leurs traductions avec leurs idées préconçues sur ce sujet, ils ont embrouillé dix fois plus le lecteur moyen. Ils ont caché et tordu le sens des mots à un point tel qu’il est extrêmement difficile au lecteur de discerner la lumière à travers l’obstacle maintenant double : il lui faut en effet discerner (1) le faux enseignement sur le sujet, et (2) les traductions inexactes qui appuient ce faux enseignement.

            Cependant, grâce à la providence divine, nous vivons maintenant à une époque où nous avons à notre disposition des guides et des aides de toute nature, de sorte que l’homme ou la femme, même de culture moyenne, peut avec les guides devant lui, obtenir du sujet entier une conception meilleure que celle qu’ont eue les traducteurs eux-mêmes. Il existe maintenant trois ouvrages qui donnent au lecteur anglais une connaissance passablement claire de la version commune anglaise, et qui montrent exactement comment elle a traduit les originaux hébreux et grecs : (1) The Englishman’s Hebrew and Greek Concordance of the Holy Scriptures [non confessionnel] (2) Professer Young’s Analytical Concordance to the Bible [Presbytérien] (3) Dr. Strong’s Exhaustive Concordance [Méthodiste] (1) Concordance hébraïque et grecque des Saintes Écritures à l’usage de l’Anglais. (2) Concordance Analytique du Professeur Young. (3) Concordance complète du Dr Strong.]. Ces trois ouvrages donnent chaque mot des Écritures, et montrent l’original, la racine dont il dérive. Bien que nous ayons mentionné les dénominations représentées dans ces différentes concordances, il n’est que juste de dire que, pour autant que nous ayons pu l’observer, il n’a pas été permis aux préjugés des confessions d’intervenir dans l’exactitude d’aucune d’elles. Quoique conçus sur des données quelque peu différentes, ces ouvrages nous apportent des témoignages harmonieux et exacts, les différences existant entre eux proviennent simplement de questions de commodité et d’utilité pratique.

            Que trouvons-nous en examinant ces ouvrages modèles ? Ceci: Que le mot hébreu neh-phesh qui est généralement traduit par«âme » (436 fois) dans l’Ancien Testament, et qui signifie « un être sensitif » est traduit de trente-six manières différentes [dans l’anglais — Trad.] (*) [En français, Darby donne souvent et honnêtement en note :«Heb. :«âme », ici et ailleurs, souvent »— Trad.], comme on le voit ci-après : « quelque » : 4 fois ; « appétit » : 2 ; « bête » : 1 ; « corps » : 4 ; « souffle » : 1 ; « créature » : 9 ; [voir Gen. 1 : 21, 24 ; 2 : 19 ; 9 : 10 (*), 12, 15, 16 ; Lév. 11 : 46 : deux fois] ; « mort » : 5 ; « mortel » : 1 ; « désir » : 3 ; « mécontenté » : 1 ; « poissons » : 1 (Es. 19 : 10) ; « spectre » ou « fantôme » : 2 ; « vorace » : 1 ; « a » : 1 ; « lui » : 1 (Ps. 105 : 18) ; « cœur » : 15 ; « cordialement » : 1 ; « elle-même » : 1 ; « elle » : 1 ; « lui-même » : 4 ; « vie » : 100 ; « convoitise » : 2 ; « homme » : ; « je » : 3 (Nomb. 23 : 10 ; Juges 16 : 30 ; 1 Rois 20 : 32) ; « esprit » : 15 ; « mortellement » : 1 ; « moi-même » : 1 (Ps. 131 : 2) ; « un » : 1 (Lévitique 4 : 27) ; « propre » : 1 (Prov. 14 : 10) ; « personne » : 24 (Genèse 14 : 21 — voir en fs. note Darby) ; (36 : 6 ; Nom. 31 : 19 ; 35 : 11, 15, 30 ; Deut. 10 : 22 ; 27 : 25 ; Jos. 20 : 3, 9) ; « plaisir » : 3 ; « soi » : 21 ; « tuer » : 1 ; « chose » : 2 (Lév. 11 : 10 (*) ; Ezéch. 47 : 9) : « volonté » : 3 ; « votre » : 3.

(*) [En français, Darby donne souvent et honnêtement en note :« Heb. :«âme », ici et ailleurs, souvent »— Trad.] 

            Le mot grec, psuché (**) [Référence Strong N° 5590 — Trad.] [être sensitif] du Nouveau Testament, correspondant à neh-phesh, est traduit par « âme » : cinquante-six fois ; il l’est aussi par « esprit », trois fois (Actes 14 : 2 ; Phil. 1 : 27 ; Hébr. 12 : 3) ; « cœur » : une fois (Eph. 6 : 6) ; « vie » : quarante et une fois.

            Parmi ces différentes traductions, la dernière est celle qui a le plus contribué à obscurcir la vérité. Elle a contribué à donner l’impression que la vie est une chose, et l’âme ou être une autre chose, et à favoriser l’idée qu’un homme peut perdre sa vie sans perdre son âme, son être. Les cas suivants montrent que le mot psuché est traduit par vie, mais que la confusion aurait pu être mieux évitée s’il avait été traduit par être ou âme :

            « Qui cherchaient la vie [psuché : âme, être] du jeune enfant » — Matt. 2 : 20.

            « Ne soyez pas en souci pour votre vie [psuché : âme, être], de ce que vous mangerez » — Matth. 6 : 25.

            « La vie [psuché : âme, être] n’est-elle pas plus que la nourriture ? » — Matt. 6 : 25.

            « Celui qui aura trouvé sa vie [psuché : âme, être] la perdra, et celui qui aura perdu sa vie [psuché : âme, être] pour l’amour de moi, la trouvera » — Matt. 10 : 39.

            « Quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme, être] la perdra et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] pour l’amour de moi la trouvera » — Matt. 16 : 25.

            « Le Fils de l’homme… venu… pour servir et donner sa vie [psuché : âme, être] en rançon pour plusieurs » — Matt. 20 : 28.

            « Est-il permis… de sauver la vie [psuché : âme ou être] ou de tuer ? » — Marc 3 : 4.

            « Car quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme ou être] la perdra, et quiconque perdra sa propre vie [psuché : âme ou être] pour l’amour de moi et de l’évangile, la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme, s’il gagne le monde entier et qu’il fasse la perte de son âme [psuché : vie, vivant], ou que donnera un homme en échange de son âme [psuché : vie, être] ? » [Combien peu de lecteurs français sont avertis du fait que « vie » et « âme », employés deux fois dans ce passage, viennent du même terme grec psuché !] — Marc. 8 : 35-37.

            « Le Fils de l’homme vint… pour donner sa vie [psuché : âme, être] en rançon pour plusieurs » — Marc 10 : 45.

            « Est-il permis, le jour du sabbat, de sauver la vie [psuché : âme, être] ou de la perdre ? » — Luc 6 : 9.

            « Car quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme, être] la perdra, et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] pour l’amour de moi, celui-là la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme de gagner le monde entier s’il se détruit lui-même ou se perd lui-même ? » — Luc 9 : 24.

            « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour détruire les vies [psuché : âmes, êtres] des hommes, mais pour les sauver » (voir note de D. — Trad.) — Luc 9 : 56.

            « Ne soyez pas en souci pour la vie [psuché : âme, être], ni pour le corps, de quoi vous serez vêtus. La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement » — Luc 12 : 22, 23.

            « Si quelqu’un vient à moi et ne hait pas [n’aime pas moins] son père et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs et même aussi sa propre vie [psuché : âme, être], il ne peut être mon disciple » — Luc 14 : 26.

            « Quiconque cherchera à sauver sa vie [psuché : âme, être] la perdra, et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] la gagnera » — Luc 17 : 33.

             Selon la pensée exprimée dans ce dernier texte et dans plusieurs de ceux qui le précèdent, les enfants du Seigneur doivent se souvenir que leur existence ou leur être actuel est, de toute manière, sous la sentence de mort, mais que la grâce divine a pourvu à la rédemption, non pas à une continuation de l’existence mais à une revivification, à une résurrection, à un retour à la vie. Pendant l’appel de cet Age de l’Évangile, nous sommes invités à déposer notre vie au service de l’Éternel, comme de vivants sacrifices, en suivant l’exemple de notre Rédempteur, car selon la promesse, tous les croyants en Christ qui se comportent ainsi fidèlement, auront (*) [Écrit en 1899 — Trad.]  part avec lui à la nature divine, par l’œuvre de la première résurrection. C’est ainsi qu’ils recouvreront leur âme, leur être, leur existence, avec « la vie [zoée (**)] [Référence Strong N° 2222 — Trad.] en abondance » — Jean 10 : 10.

            « Le bon Berger donne sa vie [psuché : âme, être] pour ses brebis [notre Seigneur « a répandu son âme jusqu’à la mort ; Il livra son âme en sacrifice pour le péché » — Esaïe 53 : 10, 12] » — Jean 10 : 11.

            « Je donne ma vie [psuché : âme, être] pour les brebis » — Jean 10 : 15.

            « Je laisse ma vie [psuché : âme, être], afin que je puisse la recevoir de nouveau [selon la promesse et la puissance divines, par la résurrection] » — Jean 10 : 17.

            « Celui qui affectionne sa vie [psuché : âme, être] la perdra, et celui qui hait sa vie [psuché : âme, être] dans ce monde-ci la conservera pour la vie éternelle » — Jean 12 : 25.

            Ici, la pensée est que la fidélité à Dieu dans les mauvaises conditions actuelles, produit nécessairement en nous une aversion, un mécontentement pour un tel état de choses et augmente notre désir et notre détermination de sacrifier toutes ces choses terrestres au service de Dieu, de la justice et de nos semblables, afin que, selon les dispositions divines, nous puissions être jugés dignes d’une existence (âme, être), dans les conditions plus favorables de la dispensation à venir. Celui qui aime l’état de choses actuel, qui estime les jouissances et les plaisirs du temps présent supérieurs à la justice et à l’obéissance à Dieu, fournit la preuve qu’il est indigne de l’existence future que Dieu nous a offerte, indigne de recouvrer son âme, son être, à la première résurrection.

            « Tu laisseras ta vie [psuché : âme, être] pour moi ! » — Jean 13 : 38.

            « Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie [psuché : âme, être] pour ses amis » — Jean 15 : 13.

            « Hommes qui ont exposé leurs vies [psuché : âme, être] pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ » — Actes 15 : 26.

            « Ne soyez pas troublés, car son âme (*) [Darby traduit correctement par âme, au lieu de vie ; mais en note de bas de page, il indique presque toujours : vie et âme, ne voyant pas la différence. — Trad.][psuché : âme, être] est en lui [il n’a pas expiré, rendu le dernier soupir de son existence] » — Actes 20 : 10.

            « Je ne fais aucun cas de ma vie [psuché : âme, être, existence], ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j’achève ma course » — Actes 20 : 24.

            L’Apôtre avait appris à juger droitement l’existence présente comme de peu de valeur en comparaison de la vie future promise à la résurrection. Il ne l’estimait pas comme « précieuse » dans le sens de valoir plus que le Seigneur, sa faveur et les occasions de servir sa cause. Il était désireux de se dépenser et de s’user entièrement au service du Maître, dans l’espoir d’obtenir la première résurrection, ainsi qu’il le dit explicitement en Phil. 3 : 8-11.

            « Hommes, je vois que la navigation sera accompagnée de revers et de beaucoup de dommage, non seulement quant au chargement et au navire, mais même quant à nos vies [psuché : âmes, êtres] » — Actes 27 : 10.

            « On ne fera la perte de la vie [psuché : âme, être] d’aucun de vous » — Actes 27 : 22.

            « Je suis demeuré seul, et ils cherchent ma vie [psuché :âme, être] » — Rom. 11 : 3.

            « Qui, pour ma vie [psuché : âme, être] ont exposé leur propre cou » — Rom. 16 : 4.

            « Pour l’œuvre (du Christ, — note D. — Trad.) il a été proche de la mort, ayant exposé sa vie [psuché : âme, être] afin de compléter ce qui manquait à votre service envers moi » — Phil. 2 : 30.

            « C’est que lui, a laissé sa vie [psuché : âme, être] pour nous », « il a répandu son âme dans la mort » ; « il en a fait une offrande pour le péché », et nous, nous devons laisser nos vies [psuché : âmes, êtres] pour les frères » — 1 Jean 3 : 16.

            « Et le tiers des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient vie [psuché : âme, être] mourut » — Apoc. 8 : 9.

            « Ils n’ont pas aimé leur vie [psuché : âme, être], même jusqu’à la mort » — Apoc. 12 : 11.

            Une fois que notre esprit est au clair sur cette question de l’âme, et que nous obtenons une compréhension nette de la manière exacte dont les mots neh-phesh et psuché sont employés dans les Écritures par les auteurs inspirés, tout mystère disparaît. Le manteau d’obscurité qui enveloppait les termes vagues et indéfinis d’âme et d’esprit (ghost : spectre ou être fantôme, pour le lecteur anglais — Trad.) s’enlève et permet non seulement à l’ignorant mais aussi à beaucoup de personnes instruites de pénétrer le sens de ces termes jusque là indéfinis, indescriptibles et incompréhensibles.

            Que personne ne s’imagine que le corps est aussi l’âme ; ce serait une erreur, ainsi que les paroles de notre Seigneur le montrent clairement : « Dieu est capable de détruire et (à la fois — Trad.) l’âme et le corps ». Mais d’autre part, il ne peut y avoir d’âme, d’être sensitif sans un corps, céleste ou terrestre, spirituel ou animal.

            Selon l’exposé de la Genèse relatif à la création de l’homme, nous voyons que le corps fut formé d’abord, mais que ce n’était pas un homme, âme ou être, jusqu’à ce qu’il fût animé. Il avait des yeux, mais ne voyait rien ; des oreilles, mais n’entendait rien ; une bouche, mais ne parlait pas ; une langue, mais ne goûtait pas ; des narines, mais ne sentait pas ; un cœur, mais qui ne battait pas ; du sang, mais qui était froid et sans vie ; des poumons, mais qui ne se gonflaient pas. Ce n’était pas un homme, mais un corps sans vie, un corps inanimé.

            La seconde étape du processus de la création de l’homme fut de donner la vitalité au corps convenablement « formé » et à tous égards préparé ; cette opération est décrite par les mots « souffla dans ses narines une respiration de vie ». Lorsqu’une personne en bonne santé s’est noyée et que toute animation s’est trouvée suspendue, on peut parfois produire un retour à la vie, dit-on, en manœuvrant les bras de manière à faire fonctionner les poumons comme un soufflet, et en ramenant ainsi graduellement la respiration dans les narines. En ce qui concerne Adam, il ne fallut, naturellement, aucun effort pénible de la part du Créateur pour faire respirer l’oxygène vivifiant de l’atmosphère, à l’organisme parfait qu’il avait fait.

            Lorsque le souffle vivifiant entra dans les poumons, ceux-ci se dilatèrent, chargèrent d’oxygène les globules du sang qui se rendit au cœur ; à son tour, le cœur envoya le sang dans toutes les parties du corps, éveillant à la sensation et à l’énergie les nerfs tout préparés, mais jusque là endormis. En un instant, l’énergie atteignit le cerveau, alors commencèrent la perception de la pensée, le raisonnement, et le fonctionnement des cinq sens (la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût). Ce qui était un organisme humain sans vie était devenu un homme, un être sensitif : la condition d’ « âme vivante », mentionnée dans le texte avait été atteinte. En d’autres termes, l’expression « âme vivante » ne signifie ni plus ni moins que l’expression « être sensitif », autrement dit, un être capable de sentir, de percevoir, de penser.

            En outre, bien qu’Adam eût un organisme parfait, il devait sustenter la vie, l’âme ou l’être sensitif, en mangeant des fruits des arbres de vie. Lorsqu’il pécha. Dieu le chassa du jardin, « afin qu’il n’avance pas sa main et ne prenne aussi de l’arbre [pluriel arbres ou bosquet] de vie et n’en mange, et ne vive à toujours [c’est-à-dire, en en mangeant continuellement »] (Gen. 3 : 22). Comme les brouillards et les mystères se dissipent devant la lumière de la vérité qui est projetée par la Parole de Dieu !

            A cause de sa chute dans le péché et la mort, la condition de l’homme est loin d’être ce qu’elle était dans sa perfection originelle lorsque le Juge suprême déclara qu’elle était « très bonne » ; en outre, certains, en cultivant les organes inférieurs de la pensée et en ne faisant pas usage des facultés intellectuelles supérieures, ont atrophié les organes du cerveau qui représentent ces facultés supérieures ; cependant, ces organes existent encore et sont susceptibles d’être développés, ce qui n’est pas le cas pour les types d’animaux les plus proches de la perfection. C’est donc en dotant l’homme d’un organisme supérieur et plus délicat, que le Créateur l’a différencié d’avec la bête. Tous ont une chair et des os de même nature, ils respirent le même air, boivent la même eau, et mangent une nourriture analogue ; tous sont des âmes ou créatures possédant une intelligence, mais l’homme dans son corps d’une qualité supérieure, possède la capacité d’une plus haute intelligence, et le Créateur le traite comme étant sur un plan entièrement différent ; c’est dans la mesure où le péché dégrade l’homme de sa ressemblance originelle avec son Créateur qu’on dit de lui qu’il est « abruti », c’est-à-dire ressemblant davantage aux bêtes, ayant perdu ses facultés de sensibilité d’un ordre supérieur et plus délicat.

            Ceux dont les yeux de l’intelligence commencent à s’ouvrir sur ce sujet, au point qu’ils discernent que le mot « âme » signifie intelligence, être, et que les mots « souffle », « respiration » ou « esprit de vie » veulent dire le pouvoir divin de vivre, peuvent rapidement saisir d’après ce qui précède, que toute créature possédant une vie consciente a, en premier lieu, un corps ou organisme ; en second lieu, l’esprit de vie qui anime ce corps, et en troisième lieu, l’existence, l’être, l’âme, comme résultat. Une comparaison entre la chaleur et l’âme facilitera, pour quelques-uns, la compréhension du sujet. Si l’on place un morceau de charbon dans des conditions favorables, permettant l’arrivée de l’oxygène de l’air, et qu’on y met le feu, on obtiendra une chose nouvelle : la chaleur. Le charbon n’est pas la chaleur, bien que possédant certaines des propriétés qui, dans des conditions favorables, produiraient la chaleur ; l’oxygène non plus n’est pas la chaleur ; pourtant, lui aussi, dans des conditions propices, peut être un élément servant à produire de la chaleur. Ainsi, par analogie, le corps n’est pas l’âme, bien qu’il possède les qualités nécessaires à l’âme ; le souffle ou esprit de vie n’est pas non plus l’âme — il est la puissance qui vient de Dieu et qui est nécessaire à la production de la créature sensitive. Le corps, lorsqu’il est convenablement uni au souffle ou esprit de vie, produit une chose nouvelle, un être, une âme, une créature sensitive.

            L’œuvre de désagrégation, la mort, confirme ces faits là. Si la respiration ou esprit de vie est retiré, il en résulte la mort. Mais alors : Qu’est-ce qui meurt ? Le souffle ou esprit de vie meurt-il ? Certainement pas ; il n’a jamais eu d’existence sensitive ; c’est un principe ou puissance, comme l’électricité ; il n’a ni pensée, ni sentiment, il ne pourrait pas mourir. Est-ce que le corps meurt ? Nous répondons : Non. Le corps peut perdre la vie dont le Père l’anime, mais le corps, de lui-même, en dehors du souffle ou esprit de vie, n’avait aucune conscience, aucune sensibilité, aucun sens et on ne pourrait donc dire qu’il meurt ; il était inanimé avant que le souffle ou esprit de vie vînt en lui, il devint animé pendant que le souffle ou esprit de vie était en lui ; il redevient inanimé, ou mort, lorsque l’esprit de vie est retiré.

            Qu’est-ce donc qui meurt ? Nous répondons que c’est l’âme qui meurt : l’être sensitif cesse d’exister. Souvenons-nous que l’être sensitif fut produit par l’union d’un souffle ou esprit de vie avec un organisme, et que la séparation ou la dissolution des deux provoque la cessation de l’être, de l’âme, c’est-à-dire la mort. Que ceci soit vrai des animaux inférieurs, personne ne voudrait le contester un instant, mais n’est-ce pas également vrai de l’homme, l’animal le plus élevé, créé à l’image intellectuelle et à la ressemblance morale de Dieu ? Tout esprit raisonnable l’admettra logiquement aussi. Nous n’ignorons pas que quelques rares passages des Écritures peuvent être tordus et mal rendus jusqu’à les mettre en opposition avec ce fait-là ; mais nous les examinerons plus loin et on les trouvera en parfait accord avec ces exposés.

            Voici une autre image montrant les rapports qui existent entre le corps humain ou animal, l’esprit et l’âme : une chandelle non allumée correspondrait à un corps humain sans vie ; l’allumage de la chandelle correspondrait à l’étincelle de vie donnée à l’origine par le Créateur ; la flamme ou lumière correspondrait à l’être sensitif, ou intelligence, ou âme ; l’atmosphère oxygénée, qui s’unit au carbone de la chandelle en entretenant la flamme, correspondrait au souffle de vie ou esprit de vie qui s’unit à l’organisme physique pour produire l’âme ou existence Intelligente. Si un accident se produisait qui détruisît la chandelle, la flamme bien entendu cesserait d’exister ; ainsi, si un corps humain ou animal est détruit, par la maladie ou par un accident par exemple, l’âme, l’être, l’intelligence, la personnalité cesse d’exister. Ou, si l’apport d’air était supprimé à la flamme de la chandelle, soit par un extincteur, un éteignoir ou en plongeant la chandelle dans l’eau, la lumière s’éteindrait même si la chandelle restait intacte. Ainsi l’âme, la vie, l’existence de l’homme ou de l’animal cesserait si le souffle de vie était supprimé par noyade ou par asphyxie, alors que le corps pourrait être encore comparativement sain. 

            De même que la chandelle allumée pourrait, dans des conditions favorables, servir à allumer d’autres chandelles, mais que, une fois la flamme éteinte, elle ne pourrait ni se rallumer elle-même, ni en allumer d’autres, ainsi le corps humain ou animal tant qu’il est vivant, c’est-à-dire qu’il est une âme vivante ou être vivant, peut, selon les dispositions divines, donner, faire naître, propager d’autres âmes ou êtres, procréer ; mais aussitôt que l’étincelle de vie s’en est allée, l’âme ou être a cessé, et toute faculté de penser, de sentir, et de propager a cessé. En accord avec ceci, nous lisons dans les Écritures au sujet des enfants de Jacob : « Toutes les âmes issues des reins de Jacob étaient soixante-dix âmes » (Ex. 1 : 5). Jacob reçut d’Isaac son étincelle de vie ainsi qu’un organisme physique et partant, le produit des deux, son âme ou être intelligent ; de ce fait, son âme provenait aussi d’Adam, le seul à qui Dieu ait jamais donné directement la vie. Jacob transmit à son tour la vie et l’organisme et l’âme à sa postérité, et ainsi en est-il pour toute l’humanité.

            Une chandelle pourrait être rallumée par n’importe qui en ayant la capacité ; mais par l’arrangement divin, le corps humain privé de l’étincelle de vie « périt », retourne à la poussière d’où il fut tiré, et l’étincelle de vie ne peut être rallumée que par la puissance divine, par un miracle. La promesse de résurrection est donc une promesse qui garantit que l’existence animale ou l’âme sera rallumée et ravivée ; or, comme il ne peut y avoir d’être ou d’âme sans un corps et un pouvoir ou esprit de vie rétabli, il s’ensuit qu’une résurrection, qu’un rétablissement promis de l’âme, de l’être implique de nouveaux corps, de nouveaux organismes. Ainsi, les Écritures nous assurent-elles que ce ne sont pas les mêmes corps humains qui retournent à la poussière qui seront rétablis, mais que, dans la résurrection. Dieu donnera tels nouveaux corps qu’il lui plaira de donner. — 1 Cor. 15 : 37-40.

            L’Apôtre déclare ici qu’à la résurrection il y aura une classe spéciale de personnes qui seront jugées dignes de recevoir une nouvelle nature, spirituelle au lieu d’une nature humaine ou charnelle, et comme nous devrions nous y attendre, il montre que ce grand changement de nature sera effectué en donnant aux membres de cette classe une espèce différente de corps. La chandelle peu encore servir ici à illustrer la chose : supposons que la nature charnelle ou humaine soit figurée par une chandelle de suif, le nouveau corps pourrait l’être par une bougie plus brillante, ou bien par une lampe électrique à arc.

            Si nous avions affaire à un Créateur moins puissant et moins sage que notre Créateur, qui garantirait la résurrection, nous pourrions à juste titre, craindre quelque lacune ou méprise, qui ferait perdre l’identité, spécialement pour ceux qui recevront le grand changement de nature par une participation à la première (principale) résurrection comme être-esprit. Mais nous pouvons, en toute sécurité, avoir confiance pour ceci et pour toute choses, en Celui à qui nous avons affaire à ce sujet. Celui qui connaît nos pensées mêmes, peut les reproduire dans de nouveaux cerveaux, de façon que pas une seule leçon de valeur, pas une seule précieuse expérience ne soient perdues. Il est trop sage pour se tromper et trop bon pour être désobligeant. Tout ce qu’il a promis, il l’accomplira d’une manière excellente et bien au-delà de ce que nous pouvons demander ou penser.

            Beaucoup de personnes supposent que les corps enterrés doivent être rétablis atome par atome, mais au contraire l’Apôtre déclare : « Tu ne sèmes pas [dans la mort] le corps qui sera ». C’est l’âme, l’être sensitif que Dieu se propose de rétablir par la puissance de la résurrection. A la résurrection, il donnera à chaque personne (à chaque âme, ou être sensitif) tel corps que son infinie sagesse se plaira à pourvoir ; à l’Église, l’ « épouse » choisie dans cet Age, des corps d’esprit (ou corps spirituels ; « Spirit body » — Trad.) ; à la classe du rétablissement, des corps humains, mais pas ceux qui ont été perdus lors de la mort. — 1 Cor. 15 : 37, 38.

            De même qu’à la création d’Adam, l’union d’un organisme et du souffle de vie (littéralement : respiration d’esprit de vie — voir note Darby — Gen. 7 : 22 — Trad.) produisit un être sensitif, ou âme, ainsi leur séparation (« dissolution ») pour quelque cause que ce soit, met fin à l’être sensitif, arrêtant pensées et sentiments de toute espèce. L’âme (c’est-à-dire l’être sensitif) cesse d’exister ; le corps retourne à la poussière d’où il est venu, tandis que l’esprit ou souffle de vie retourne à Dieu qui le donna à Adam, et par lui, à sa race (Eccl. 12 : 7). L’esprit de vie retourne à Dieu dans le sens qu’il n’est plus soumis au contrôle humain, comme dans la procréation, et ne peut plus jamais être recouvré sauf par l’intervention de la puissance divine. Ceux qui sont instruits par le Seigneur reconnaissent pleinement ce fait-là et reposent toutes leurs espérances d’une vie future sur la résurrection, en Dieu et en Christ, son représentant qui est souverainement élevé maintenant (Luc 23 : 46 ; Actes 7 : 59). Ainsi donc, si Dieu n’avait pris aucune disposition pour la vie future de l’homme par le moyen d’une rançon et d’une résurrection promise, la mort eût été la fin de toutes les espérances de l’humanité. — 1 Cor. 15 : 14-18.

            Mais Dieu a bien pris des dispositions pour assurer notre retour à la vie et, depuis qu’il a fait connaître son plan miséricordieux, ceux qui parlent et écrivent intelligemment sur ce sujet (par exemple, les écrivains inspirés des Écritures), décrivent d’une manière unanime l’état inconscient qui remplit l’intervalle compris entre la mort et le matin de la résurrection, pendant lequel la sensibilité (l’existence sensitive) est suspendue, comme un « sommeil ». En vérité cette image est excellente, car le moment du réveil leur semblera être le moment suivant immédiatement celui de leur mort. Par exemple, nous lisons que, parlant de la mort de Lazare, Jésus dit : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais l’éveiller ». Comme les disciples étaient lents à comprendre, il ajouta : « Lazare est mort » (Jean 11 : 11). Si la théorie selon laquelle l’état conscient subsiste après la mort était exacte, ne serait-il pas surprenant que Lazare ne fît aucun récit de son expérience durant ces quatre jours ? Personne ne prétendra qu’il était dans un « enfer » de tourment, car notre Seigneur l’appelait son « ami » ; et s’il avait été dans la félicité céleste, notre Seigneur ne l’en aurait pas rappelé, car c’eût été à son égard un acte peu amical. Mais comme notre Seigneur le déclara, Lazare dormait, et il le réveilla à la vie, à l’état conscient, à son existence d’être sensitif, ou d’âme revenue ou revivifiée ; une telle faveur fut évidemment très appréciée par Lazare et ses amis.

            La pensée, qui prédomine tout au long des Écritures, est que nous sommes maintenant dans la nuit de la mort et du sommeil, qui est mise en parallèle avec le matin du réveil et de la résurrection : « Le soir les pleurs viennent loger [avec nous] et le matin, il y a un chant de joie » (Ps. 30 : 5 — D.) — le matin de la résurrection où les dormeurs sortiront de la tombe, comme l’a exprimé le prophète : « Réveillez-vous et exultez avec chant de triomphe, vous qui habitez dans la poussière [de la terre] ». — Es. 26 : 19.

            Les Apôtres également se sont servi fréquemment de cette figure de rhétorique appropriée, pleine d’espérance et de paix. Par exemple, Luc dit d’Etienne, le premier martyr, qu’ « il s’endormit », et en rapportant le discours de Paul à Antioche, il employa la même expression : « David s’est endormi » (Actes 7 : 60 ; 13 : 36). Pierre se sert de la même expression, disant : « les pères se sont endormis » (2 Pi. 3 : 4). Et Paul l’employa de nombreuses fois comme le montrent les citations suivantes :

            « Si son mari s’est endormi ». — 1 Cor. 7 : 39.

            « Dont la plupart sont demeurés [en vie] jusqu’à présent, mais quelques-uns aussi se sont endormis ». 1 Cor. 15 : 6.

            « Mais s’il n’y a pas de résurrection… ceux qui se sont endormis en Christ ont péri ». — 1 Cor. 15 : 13-18.

            « Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis ». — 1 Cor. 15 : 20.

            « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous ». — 1 Cor. 15 : 51.

            « Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment ». — 1 Thess. 4 : 13.

            « Dieu ramènera d’entre les morts par Jésus et avec lui ceux qui se sont endormis ». — 1 Thess. 4 : 14.

            Quand le temps de la résurrection, le temps du Royaume, viendra, « nous les vivants, qui demeurons jusqu’à la présence du Seigneur, nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis ». — 1 Thess. 4 : 15.

            Le prophète Daniel expose la même pensée en décrivant la résurrection : « Plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront », et la description montre que ces dormeurs comprennent les bons et les méchants (Dan. 12 : 2). Ils « s’endormirent » en paix pour attendre le jour du Seigneur, le jour de Christ, le jour millénaire, pleinement persuadés « qu’il [Christ] a la puissance de garder ce qu’on lui a confié, jusqu’à ce jour-là » (2 Tim. 1 : 12). Cette même pensée est exprimée d’un bout à l’autre de l’Ancien Testament, à partir du moment où Dieu prêcha à Abraham l’évangile d’une résurrection : l’expression « il s’endormit avec ses pères » est très fréquente dans l’Ancien Testament. Mais Job présente la question dans un langage très puissant, disant : « Oh ! Si tu voulais me cacher dans le shéol, me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne ! » Le temps actuel, pendant lequel règne la mort, est le temps de la colère de Dieu, car la malédiction de la mort repose sur tous à cause de la transgression originelle. Cependant, il nous est promis qu’au propre temps, la malédiction sera levée et qu’une bénédiction sera apportée par le Rédempteur à toutes les familles de la terre, c’est pourquoi Job continue ainsi : « J’attendrais jusqu’à ce que mon état vînt à changer ; [alors] tu appellerais (Jean 5 : 25), et moi je te répondrais ; ton désir serait tourné vers l’œuvre de tes mains » (Job 14 : 14-15). Nous qui vivons dans le temps du Nouveau Testament, nous lisons la réponse de notre Seigneur : « Tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu [les appelant à s’éveiller, à acquérir une pleine connaissance de Dieu, et à saisir l’occasion complète d’obtenir la vie éternelle] ». — Jean 5 : 25, 28, 29.

            Ce « sommeil » de la mort est une période d’inconscience si absolue que ceux qui seront réveillés n’auront aucune connaissance du temps écoulé. En vérité, « sommeil » est simplement un terme adapté à ce cas particulier, car réellement, les morts sont bien morts, entièrement détruits, excepté que la sagesse de Dieu conserve leur identité et a décrété que, par Christ, ils seront réveillés, reconstitués et revivifiés. Cela est vraiment une « re-création », une manifestation de la puissance divine encore plus grande que ne le fut la création d’Adam et d’Ève. Ce sera la « re-création » de cinquante (*) [Voir Appendice du 1er volume, 1ère partie (éd. fse 1950) — Trad.] milliards au lieu de deux personnes. Ce sera la reproduction d’individualités infiniment variées au lieu d’une. Seul, notre Dieu possède une telle sagesse et une telle puissance omnipotentes ; il est à la fois capable et désireux d’accomplir cette reproduction. L’un des résultats bénéfiques de la permission du mal sera que son extirpation rendra manifestes tous les traits caractéristiques du caractère divin comme ils n’auraient jamais pu être manifestés, ni connus autrement. La justice divine, l’amour divin et la puissance divine brilleront devant les anges, et les hommes, et finalement la sagesse divine, en permettant une telle démonstration du caractère de Dieu, sera discernée et reconnue par toutes ses créatures également.

            Le témoignage des Écritures relatif à la nécessité d’une résurrection des morts est très clair et très explicite. Comment pourrait-il y avoir une résurrection des morts si personne n’est mort, mais si, comme certains le soutiennent : « Tous ceux qui paraissent mourir sont plus vivants qu’ils ne l’ont jamais été », démentant ainsi les cinq sens de tout être intelligent aussi bien que la déclaration positive de l’Écriture, à savoir que : « pour celui qui est lié à tous les vivants, il y a de l’espoir, car un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. Car les vivants même les moins intelligents savent qu’ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout ; et il n’y a plus pour eux de salaire, car leur mémoire est très généralement oubliée. Leur amour aussi, et leur haine aussi, et leur envie, ont déjà péri ; et ils n’ont plus de part [intérêt], à jamais, [héb. Olâm (*) pour une longue période indéfinie] dans tout ce qui se fait sous le soleil… Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; car il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le shéol (**), où tu [l’âme, l’être sensible] vas ». — Eccl. 9 : 4-10 ; Es. 26 : 14.

(*) — [Référence Strong N° 5769 — Trad.]

(**) — [Shéol : L’état ou condition de mort, en ce qui concerne l’âme encontraste avec le sépulcre, une tombe pour un corps mort qui se dit en hébreu geber (Réf. concordance Strong N° 6913 — Trad.) : Voir Ps. 30 : 3 ; 49 : 15 ; 89 : 48 ou shéol est traduit par sépulcre (la version Darby conserve l’hébreu shéol ; Crampon : schéol ; les autres versions françaises en général traduisent qeber par sépulcre). Voir 2 Chron 34 : 28 ; Job 10 :19 ; Ps. 88 : 5 où qeber est rendu par sépulcre (Darby également — Trad.) L’âme de notre Seigneur alla au shéol, la condition de mort (Ps. 16 : 10 ; Actes 2 : 27 ; mais il eut son sépulcre [qeber, tombeau] avec le méchant et le riche. — Esaïe 53 : 9 Shéol : Référence Strong N° 7585 — Trad.]

            « Tu fais périr l’espoir de l’homme [en lui-même]. Tu le domines pour toujours, tu changes sa face, et tu le renvoies. Ses fils sont honorés, et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s’en aperçoit pas ». — Job 14 : 19-21 ; Es. 63 : 16.

             Notez l’importance des paroles de l’Apôtre dans sa célèbre page sur la résurrection, en 1 Cor. 15 : 12-54 où il déclare :

            « Si Christ est prêché, — qu’il a été ressuscité d’entre les morts, comment disent quelques-uns parmi vous qu’il n’y a pas de résurrection de morts ? »

            Si les morts ne sont pas morts, mais plus vivants que jamais, alors personne n’étant mort, il ne saurait certainement pas y avoir de résurrection des morts. L’Apôtre ne soutient pas une telle théorie, mais bien le contraire même, à savoir que les morts ont péri comme des bêtes, à moins que Dieu ne les ressuscite, et que nos espérances pour eux sont vaines si elles ne sont pas des espérances de résurrection. Remarquez bien chaque mot de cette puissante argumentation présentée par un des plus grands logiciens de la terre. Il dit :

            « S’il n’y a pas de résurrection de morts, Christ n’a pas été ressuscité non plus [mais il est toujours mort] ; et si Christ n’a pas été ressuscité [mais qu’il est encore mort], notre prédication donc est vaine aussi, et votre foi aussi est vaine [parce qu’un Christ mort ne pourrait rien savoir et ne pourrait aider personne]. Et même nous sommes trouvés de faux témoins de Dieu, [nous sommes de méchants trompeurs au lieu d’être des ambassadeurs divinement choisis], car nous avons rendu témoignage à l’égard de Dieu qu’il a ressuscité Christ, lequel il n’a pas ressuscité si réellement les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, Christ n’a pas été ressuscité non plus ».

            On devrait observer que l’Apôtre ne fait pas porter le poids de son argumentation sur une résurrection du corps, mais sur une résurrection de l’être, ou de l‘âme : « que son âme n’a pas été laissée dans le shéolhadès » (Actes 2 : 31, 32 — Voir note Darby). Si Paul avait partagé la théorie populaire de notre époque concernant la résurrection, il aurait dit à peu près ceci : Certains d’entre vous parlent de la résurrection du corps comme si cela avait quelque importance, mais, réellement, le corps est une « entrave », une gêne, une « prison » pour l’âme qui est bien plus à l’aise quand elle en est « libérée ». La résurrection du corps, à quelque moment qu’elle ait lieu, sera un malheur et impliquera un nouvel « enchaînement » de l’âme et une limitation de ses pouvoirs.

            L’Apôtre ne dit rien de semblable, parce que cela aurait été contraire à la vérité. Il enseignait une résurrection de l’âme ou de l’être sensitif, sortant de l’état d’inconscience, de la mort, mais il niait, par contre, la résurrection du corps qui mourait, disant : « Tu ne sèmes pas le corps qui sera [à la résurrection de l’âme ou être] …Dieu lui donne un corps [nouveau] comme il a voulu (ou comme il lui plaît — Trad.), et à chacune des [espèces de] semences, son propre [l’espèce appropriée de] corps » (1 Cor. 15 : 37, 38).

            Les masses du genre humain ou de la semence humaine recevront des corps humains, mais pas les mêmes corps qui retournèrent à la poussière et dont les fragments ou atomes ont passé dans des organismes végétaux et animaux infiniment petits. Les membres de l’Église recevront des corps d’esprits (« Spirit bodies » — corps spirituels — Trad.) semblables à celui de leur Seigneur ressuscité et entièrement différents de leurs corps terrestres — à telle enseigne que Jean déclare : « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est » — non comme il fut. — 1 Jean 3 : 2.

            Mais suivons l’argumentation de l’Apôtre. Il déclare :

            « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés ; ceux donc aussi qui se sont endormis en Christ ont péri ». — vs. 17, 18.

            Ceux qui prétendent que l’âme ne peut pas mourir et qu’elle ne meurt donc pas, nient, de ce fait, la résurrection de l’âme ou être sensitif ; ils sont ainsi forcés par leur argumentation de déclarer que les passages des Écritures qui ont trait à la résurrection se rapportent simplement à la résurrection du corps ; ils sont bien embarrassés des paroles de l’Apôtre inspiré et ne savent qu’en faire. S’ils prétendent que notre Seigneur était vivant, « plus vivant que jamais » durant les trois jours où, selon les Écritures il était mort, s’ils pensent que son corps de résurrection était celui que l’on déposa meurtri et couvert de cicatrices dans le tombeau de Joseph, comment pourraient-ils prétendre que la foi en un Christ qui ne mourut pas (mais qui mit simplement son corps de côté trois jours) est une foi « vaine » ? Comment peuvent-ils reconnaître qu’une telle foi ne libère pas de la condamnation ? Comment pourraient-ils soutenir que le Christ « plus-vivant-que-jamais », « affranchi » de son corps de chair, ne pouvait pas sauver les pécheurs et que, de ce fait, tous ceux qui se sont endormis en Christ ont « péri » ?

            Leur théorie tout entière est en contradiction avec l’exposé biblique des faits. Ils nient que l’âme puisse périr [grec : apollumi (*) [Référence Strong N° 622 — Trad.] — être détruit], tandis que l’Apôtre déclare qu’elle le peut, et notre Seigneur dit aussi : « Dieu est capable de détruire et l’âme et le corps ». Ils nient aussi que quelques-uns se soient « endormis en Christ », que la mort soit un sommeil dans l’attente du réveil au matin de la résurrection, alors que les Apôtres, notre Seigneur et tous les saints prophètes déclarent à l’unanimité qu’elle est un « sommeil » duquel la puissance de Dieu seule peut réveiller, ramener à l’état conscient l’âme, l’être sensitif, sur quelque plan d’existence que ce soit. Car il faut noter que les personnes qui expérimentent le « changement » de la première résurrection à la nature divine seront des âmes aussi sûrement qu’elles le furent dans leur nature terrestre. De Dieu, il est déclaré qu’il est une âme, le même mot psuché étant employé : « Si quelqu’un se retire, mon âme [psuché : être sensitif] ne prend point de plaisir en lui ». — Héb. 10 : 38.

            La philosophie de Platon (selon laquelle l’homme ne meurt pas, ne peut pas mourir, mais parait seulement le faire) prévalait dans toute la Grèce lors du premier avènement, et constituait le grand obstacle au progrès de l’Évangile parmi les Gentils. Nous lisons, par exemple, que lorsque Paul prêcha à Athènes, il fut écouté comme un grand docteur par les philosophes, jusqu’au moment où il aborda la résurrection des morts ; c’en était assez pour eux ; la chose ne les intéressait plus, car ils estimaient être beaucoup plus avancés que les Juifs qui annonçaient que les morts ne peuvent avoir aucune existence future, sinon par une résurrection. « Mais quand ils ouïrent parler de la résurrection des morts [et discernèrent ainsi que Paul était en désaccord avec leur théorie selon laquelle les morts sont plus vivants que jamais] les uns s’en moquaient », et d’autres disaient : Nous t’entendrons une autre fois sur ce sujet ». — Actes 17 : 32.

            L’idée païenne que la mort n’est pas la mort, mais une étape vers de meilleures conditions de vie, n’avait à aucun degré imprégné la pensée juive jusqu’au premier avènement. Les Pharisiens formaient la secte principale des Juifs ; et notre Seigneur déclare qu’ils étaient les successeurs et les représentants de la loi mosaïque disant : « Les Scribes [écrivains] et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse » (Matth. 23 : 2). Les Sadducéens, beaucoup moins nombreux que les Pharisiens, venaient en second lieu comme secte influente ; en réalité, ils étaient des incroyants, des incrédules. Ils niaient entièrement toute vie future, soutenant que l’homme meurt exactement comme la bête, et qu’il n’y aura aucune résurrection des morts. Ils ne croyaient à aucune des promesses messianiques, et niaient aussi l’existence des intelligences surhumaines, comme celle des anges, etc… Josèphe attire, il est vrai, l’attention sur une secte appelée les Esséniens, laquelle déclare-t-il, soutient la théorie de Platon en vogue parmi les Gentils, à savoir que l’homme ne meurt jamais réellement, mais franchit seulement une étape progressive dans le développement de la vie au moment de la crise appelée mort. Cependant, nous devons nous rappeler que Josèphe écrivit son histoire des Juifs pendant qu’il était à la cour de Rome, et qu’il l’écrivit en vue d’influencer les dispositions d’esprit de l’empereur et de sa cour en faveur des Juifs. Les Romains avaient fini par considérer les Juifs comme les Écritures les décrivent, c’est-à-dire « un peuple au col roide et contredisant », et ils en avaient conclu naturellement que la cause de cette disposition à la rébellion résidait d’une manière ou d’une autre dans leur religion. Cette supposition était exacte ; il est indubitable que les vérités de la révélation divine tendent à produire un esprit de liberté là où elles sont appliquées, en supprimant les distinctions considérables existant entre prêtres et gens du peuple, entre rois et sujets, en enseignant que tous sont soumis à un seul grand Juge et Roi. Mais Josèphe désirait contrebalancer cette estimation exacte du peuple juif et de la religion juive ; c’est pourquoi il força la vérité en voulant faire triompher sa cause et démontrer à la cour romaine que la religion juive était pratiquement la même que les diverses religions païennes, (1) en ce qui concerne l’état conscient des morts, (2) et la croyance au tourment éternel (*) [Le tourment éternel ne fut jamais une croyance juive, sinon celle d’une très petite minorité ; mais les empereurs romains, par contre, favorisèrent cette théorie, car elle accroissait l’influence impériale sur les masses populaires. Plus tard, les empereurs adoptèrent le titre de « Pontifex Maximum » ou chef suprême de la religion, titre qui fut adopté, plus tard encore, par la Papauté et donné aux papes.]. Pour étayer sa cause, il cite la secte des Esséniens, comme si elle était la principale secte religieuse parmi les Juifs. Au contraire, les Esséniens étaient si insignifiants qu’ils ne sont même pas mentionnés dans le Nouveau Testament, et, indiscutablement, n’entrèrent jamais en conflit avec le Seigneur ni avec les Apôtres, tandis qu’il est constamment et fréquemment fait allusion aux Pharisiens et aux Sadducéens.

« POUR LUI TOUS VIVENT ». — LUC 20 : 37, 38.

            Ce fut après que notre Seigneur eut répondu aux docteurs de la Loi, aux scribes et aux Pharisiens, et qu’il les eut mis en déroute que les Sadducéens firent leur apparition, espérant pouvoir démontrer la supériorité de leur position incrédule, en réfutant les doctrines de notre Seigneur. A ces Sadducéens qui prétendaient que les morts étaient morts pour toujours, notre Seigneur dit : « Or, que les morts ressuscitent [doivent ressusciter : [« are to be raised »], Moïse même l’a montré, au buisson quand il appelle l’Éternel, le dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Or, il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car pour lui, tous vivent ». — Luc 20 : 37, 38.

            Notre Seigneur suggère que cette affirmation est en elle-même une preuve « que les morts sont [doivent ressusciter] ressuscités » parce que Dieu ne ferait pas ainsi allusion à des êtres rayés totalement et pour toujours de l’existence. Il montre alors que le plan de Dieu relatif à une résurrection est fixé, et que ceux que les hommes appellent des « morts » sont tous vivants pour Lui » — du point de vue de Dieu « ils dorment » seulement. La Parole de Dieu parle donc de ceux-ci comme « endormis » et non comme détruits. Quoique la sentence originale fût la destruction, elle est maintenant compensée par la rançon. Ainsi, Moïse dit : « Tu fais retourner l’homme jusqu’à la poussière (note D. : littéralement : jusqu’à l’écrasement — Trad.) et tu dis [à la résurrection] : Retournez, fils des hommes » (Ps. 90 : 3 ; 103 : 4). En disant : « Je suis le Dieu d’Abraham », Dieu parle non seulement de choses passées comme si elles étaient encore présentes, mais aussi des choses à venir comme si elles étaient déjà passées. — Rom. 4 : 17.

 LE CORPS, L’ESPRIT ET L’ÂME DE L’ÉGLISE.

 — 1 THESS. 5 : 23 —

            Les termes corps, âme et esprit, sont employés comme une figure pour désigner l’Église dans son ensemble. Par exemple, l’Apôtre déclare : « Je prie Dieu que votre esprit, et votre âme et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ ». Cette prière doit nécessairement être comprise comme s’appliquant à l’Église tout entière — l’Église des élus dont les noms sont écrits dans les cieux. Le véritable esprit a été conservé dans le petit troupeau. Son corps est discernable aujourd’hui, également, en dépit de la multitude d’ivraie qui voudrait le cacher et l’étouffer. Et son âme, son activité, son intelligence, son être sensitif, est partout en évidence, élevant pour les humains l’étendard — la croix, la rançon.

            Nous ne pourrions appliquer les paroles de l’Apôtre d’aucune autre manière, car malgré les divergences d’opinions concernant la préservation des esprits individuels et des âmes individuelles des gens à qui l’épître était adressée, tous seront d’accord que leurs corps n’ont pas été préservés, mais sont retournés à la poussière, comme ceux des autres humains. En outre, les mots corps, âme et esprit sont au singulier et non au pluriel.

QU’ENTEND-ON PAR «  SHÉOL » OU « HADÈS »

 OU VONT TOUTES  LES ÂMES ?

            Puisqu’il est dit que les âmes vont au shéol ou hadès (*) [Référence Strong N° 86 — Trad.], on soutient que l’âme de l’homme doit être quelque chose de tangible et de conscient après la mort — après la séparation de l’esprit de vie d’avec l’organisme ou corps. Il convient donc pour nous d’examiner la Parole de l’Éternel à ce sujet et de vérifier : Qu’est-ce que le shéol, le hadès ?

            Le terme hébreu shéol se trouve soixante-cinq fois dans les Écritures de l’Ancien Testament. Il est traduit, dans la version anglaise, trois fois par pit (fosse ou puits), trente et une fois par grave (sépulcre ou tombeau, ou séjour des morts), et trente et une fois traduit par hell (enfer). Toutes ces traductions sont erronées, si on les envisage par rapport à l’usage général actuel des mots enfer, sépulcre et puits [En français, certains traducteurs ont conservé, sans les traduire, les termes shéol et hadès — Trad.].

            On peut difficilement exprimer la signification du mot hébreu shéol (hadès est son équivalent en grec) par l’un de nos mots français ; il signifie un état caché ou éteint, ou obscur — la condition ou l’état de mort, et peut-être que le mot oubli rendrait mieux que tout autre mot de notre langue les mots shéol de l’hébreu et hadès du grec. Rien dans le mot shéol ne signifie joie ou misère, ou quelque autre sentiment, ce sont les contextes et les textes en rapport qui doivent ici nous guider. Examinons donc avec soin les emplois faits des mots shéol et hadès et précisons, d’après les textes s’y rapportant, tout ce que nous pouvons concernant « l’enfer ». Nous trouverons qu’il est clairement établi dans la Bible que le shéol — hadès, oubli — reçoit toute l’humanité, les bons comme les mauvais ; qu’il n’y a là ni lumière, ni connaissance, ni sagesse, ni projets, qu’aucune langue n’y loue l’Éternel, ni ne blasphème son nom ; que c’est une condition de silence absolu, et en somme, une condition indésirable, sauf qu’il s’y rattache une espérance de résurrection.

            On notera aussi que ce sont les « âmes », tant les bonnes que les mauvaises, qui vont dans cette condition — shéol, oubli — pour y attendre l’ « assignation » du dispensateur de vie au matin de l’Age millénaire. On ne peut nier que les traducteurs anglais de la Version commune (et également certains traducteurs de nos Bibles françaises) aient été parfois inconséquents avec eux-mêmes, mais nous insistons sur le fait que ceci ne saurait être taxé de foncière malhonnêteté, même si, dans beaucoup de cas, la chose en a l’apparence ; croyons plutôt que cela provient d’une confusion d’esprit sur ce sujet, fortement enracinée par de longs siècles de faux enseignements qui ont été transmis depuis les « siècles de ténèbres ». Une autre chose qu’on peut dire encore pour atténuer la responsabilité des traducteurs est que dans l’anglais « archaïque », le mot hell (enfer) n’avait pas la signification qu’il a dans l’anglais moderne. En aucun sens du mot, il ne signifiait ni n’impliquait un lieu de flammes, ou de torture, ou de détresse, ou de douleur, mais davantage la pensée de sépulcre ou tombe, de condition cachée, d’oubli. Les traducteurs, en employant le mot enfer se justifiaient probablement en partie, en s’appuyant sur son ancienne signification, sa signification primitive, telle qu’elle est donnée dans les dictionnaires anglais complets (*) [Voir, pour les détails, la brochure « L’Enfer de la Bible ». — Trad.].

            En examinant les passages suivants contenant le mot shéol, le lecteur est instamment prié de noter quel serait le sens du passage si le mot shéol était traduit, dans chaque cas, par « feu de l’enfer » ou « lieu de tourment », et ensuite de noter également comment, dans chaque exemple, la traduction serait tout à fait harmonieuse et logique avec le contexte si ce mot était traduit par oubli. Ces passages prouvent d’une manière irréfutable que les « âmes » vont au shéol, dans l’oubli, et qu’elles n’y sont dans aucun tourment, ni qu’elles n’y ont aucune connaissance ou sagesse, ou activité, ou joie ou peine ou sentiment d’aucune sorte, mais simplement qu’elles y attendent dans l’oubli « la voix de l’Archange et la trompette de Dieu ».

            « Je descendrai, menant deuil, vers mon fils, au shéol (*) [l’oubli] [ ] ». — Gen. 37 : 35.

            Ainsi, Jacob pleurait son fils Joseph qui, supposait-il, avait subi une mort violente.

            « Si quelque accident lui arrive [à Benjamin] dans le chemin où vous allez, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur au shéol [au sépulcre — dans le shéol, dans l’oubli] ». — Gen. 42 : 38 (D.).

            Telles furent les paroles de Jacob au départ de Benjamin, craignant qu’il ne fût tué comme Joseph l’avait été, croyait-il.

            Les mêmes paroles sont répétées, d’une manière identique, dans des circonstances analogues au chapitre 44 : 29, lorsque les frères de Joseph lui rapportent l’injonction de leur père, au départ, concernant Benjamin. Au verset 31, les frères exposent de nouveau la chose en ce qui les concerne, disant : « Tes serviteurs feront descendre les cheveux blancs de ton serviteur, notre père, avec douleur au shéol [oubli] (D) ».

            Voilà quatre exemples dans lesquels le mot shéol a été traduit par sépulcre [en anglais, par l’équivalent « grave »] dans la plupart de nos versions françaises (seule (*) [La version catholique (employée par le Card. Liénart) conserve le mot hébreu qu’elle orthographie shéol. Voir dans son lexique, le commentaire plus ou moins curieux qu’elle en donne. Voir également le commentaire de la version catholique Crampon qui rend par «séjour des morts ».— Trad.] la version Darby, que nous employons pour le présent ouvrage, laisse le mot shéol non traduit — Trad.) Nous invitons chacun à considérer combien il aurait été impropre d’employer le mot enfer en y attachant l’idée habituelle, ordinaire, de feu, de tourment et d’angoisse. Il est évident que les traducteurs étaient tout à fait certains que le mot enfer, tel qu’il est ordinairement compris, aurait donné des idées très fausses de ce que Jacob attendait pour lui-même, et de ce que ses fils attendaient le concernant, en conséquence, ils ont traduit ici par le mot « sépulcre ». Néanmoins, ils ne croyaient pas, pas plus que la majorité des gens ne le croient, que Jacob alla dans le sépulcre ou avait une idée quelconque d’y aller. Le patriarche ne pensait pas non plus à l’enterrement de son corps dans une tombe, car alors, il aurait sans doute employé le même mot hébreu pour sépulcre et dont il se servit en parlant du tombeau de Rachel, c’est-à-dire : qebûrâh (*) [Référence Strong N° 6900 — Trad.] (Gen. 35 : 20), ou bien il aurait employé le même mot (qeber) (**) [Référence Strong N° 6913 — Trad.] dont Joseph fit usage, en parlant du tombeau de Jacob, que Jacob lui-même avait fait préparer avant de mourir (Gen. 50 : 5). Au contraire, nous voyons que Jacob parlait de lui-même comme d’une âme ou être que la déception causée par la perte de Benjamin aurait conduit dans l’oubli, dans la condition, l’état de mort, maintenant qu’il était d’un âge avancé et de faible santé.

            « Si l’Éternel crée une chose nouvelle, et que le sol ouvre sa bouche et les engloutisse… et qu’ils descendent vivants dans le shéol » — D. (en angl. « pit » : fosse — [le shéoll’oubli]). — Nomb. 16 : 30.

            « Ils descendirent vivants dans le shéol (angl. « pit » : dans la fosse [shéoloubli ], et la terre les couvrit et ils périrent du milieu de la congrégation ». — Nomb. 16 : 33.

            Ces deux textes qui se rapportent à Coré, Dathan et Abiram nous montrent comment ils furent détruits ; on ne pouvait pas logiquement les traduire en faisant figurer l’expression « dans l’enfer », de crainte de prouver que le prétendu lieu de tourment est sous la surface de cette terre. Mais combien cet exposé est simple lorsqu’on le comprend correctement : la terre ouvrit sa bouche, les engloutit et ils descendirent de la vie active et laborieuse dans l’oubli, dans l’inconscience.

            « Un feu s’est allumé dans ma colère et il brûlera jusqu’au shéol [angl. Hell, (enfer) ; shéoloubli] le plus profond et embrasera les fondements des montagnes » — Deut 32 : 22.

            Ici, il est certainement question d’un feu, mais non d’un feu au sens propre. Le contexte entier montre qu’il s’agit du feu de la jalousie de Dieu, et nous lisons ensuite : « Ils seront consumés par la famine et rongés par des ardeurs dévorantes… au dehors l’épée et au dedans la terreur détruiront ». Nous ne sommes pas réduits aux suppositions quant à la manière dont cette prophétie s’est accomplie ; car l’Apôtre Paul, parlant sous l’inspiration du saint Esprit, fait allusion à ce passage et l’applique aux Israélites selon la chair et à la détresse qui fondit sur eux comme nation quand ils rejetèrent le Seigneur Jésus et qu’à leur tour ils furent eux-mêmes rejetés par le Seigneur. L’Apôtre déclare que la colère est venue sur eux au dernier terme (1 Thess. 2 : 16) : la colère divine s’enflamma contre eux et continua à les consumer, en tant que peuple, jusqu’à ce qu’ils eussent souffert pour leurs péchés nationaux. Après que la colère divine aura consumé leur transgression nationale, alors Dieu ira les chercher, même dans l’oubli [shéol] le plus profond ; il leur parlera amicalement, en disant à l’Église : « Consolez, consolez mon peuple ; parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée ; qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés » (Esaïe 40 : 1, 2). Alors, viendra aussi la délivrance de Jacob prédite par l’Apôtre Paul, se basant lui-même sur la déclaration divine de Dieu. « C’est là l’alliance de ma part pour eux, lorsque j’ôterai leurs péchés » (Rom. 11 : 26, 27). La même pensée, que cet embrasement de la colère de Dieu contre Israël jusqu’à l’oubli le plus profond sera suivi par la bénédiction divine, est montrée dans le contexte. — Voir Deut. 32 : 26-43.

            « L’Éternel fait mourir et fait vivre, il fait descendre au shéol [dans l’oubli], et en fait monter [par une résurrection hors de l’oubli, du shéol] ». — 1 Sam. 2 : 6.

            « Les cordeaux du shéol [angl. hell (enfer), shéoloubli] m’ont entouré ». — 2 Sam. 22 : 6.

            Le prophète David exprimait ici le fait que sa vie était en danger, mais que Dieu le délivra de la main de Saül. Le contexte, cependant, montre très clairement que le Psalmiste parle d’une manière prophétique du Christ, et du temps de la délivrance complète du corps de Christ qui est l’Église, cette dernière étant délivrée du présent monde mauvais pour entrer dans les gloires du monde à venir. On voit, dans les versets 8 à 18, que la délivrance du corps de Christ aurait lieu au milieu même d’un grand temps de détresse et de la manifestation de la puissance et de l’indignation divines contre la méchanceté.

            « Ne laisse pas ses cheveux blancs descendre au shéol [oubli], en paix… mais fais descendre dans le sang ses cheveux blancs au shéol [oubli] ». — 1 Rois 2 : 6, 9.

            C’est David qui parlait à Salomon, son fils, lui montrant que Joab était un homme dangereux, un homme de sang, méritant en toute justice quelque rétribution avant sa mort. Les traducteurs pensèrent évidemment que, bien que Joab fût un homme pervers, il ne fallait pas traduire ici le mot shéol par le mot enfer, parce que le contexte parle de cheveux blancs, tandis que leur théorie prétend que les cheveux et tout le reste du corps physique sont enterrés que seule l’âme nue, l’esprit dépouillé, va en enfer. C’est pourquoi ils préférèrent ici rendre shéol par l’expression séjour des morts (Liénart, Cr. ; tombeau : Saci ; tombe : Zadoc-Kahn ; sépulcre : Martin). Mais avec la pensée exacte à l’esprit, il n’y a aucune difficulté du fait que les cheveux blancs de Joab et également ceux de Jacob descendent ensemble dans le shéol, l’oubli, l’état de mort. L’expression « cheveux blancs » est simplement une figure de rhétorique signifiant âgé.

            « La nuée disparaît, et s’en va ; ainsi, celui qui descend au shéol [oubli] n’en remonte pas ». — Job 7 : 9.

            Job montre ici la destruction complète de l’âme humaine ou être humain dans la mort. Néanmoins au verset 21, il conclut l’argumentation par la déclaration suivante : « Je me coucherai (*) [La version anglaise porte : « Je dormirai ». — Trad.] dans la poussière et tu me chercheras (**) [La version anglaise porte : « Tu me chercheras au matin ». — Trad. En français les versions Crampon, Saci, Glaire et Vigouroux, Martin,rendent la pensée comme le fait la version anglaise. — Trad.], et je ne serai plus » (D.). Ici l’intérim de la mort est considéré comme un sommeil (« je me coucherai » ou « je dormirai ». — Trad.) de même qu’une allusion est faite à l’Age millénaire comme étant le « matin », et l’Age actuel comme la nuit de pleurs et de détresse, de mort et de cris. L’Éternel cherchera Job au matin par la puissance de la résurrection ; bien que Job, alors, ne sera plus, bien que la mort aura produit la destruction complète, néanmoins le cas de Job n’est pas au-delà de la puissance divine, et c’est pourquoi, lorsque le temps de l’Éternel sera venu, « son désir se tournera vers l’œuvre de ses mains » ; lorsque le jour de la vengeance sera passé et que les temps de rafraîchissement seront venus, alors, il appellera, et Job et tous les autres lui répondront. — Voir Job 14 : 14, 15.

            « Ce sont les hauteurs des cieux, — que feras-tu ? C’est plus profond que le shéol [oubli], qu’en sauras-tu ? » — Job 11 : 8.

            Ces paroles sont de Tsophar, l’un des consolateurs fâcheux de Job que l’Éternel réprouva. Par cette déclaration, il tente de montrer à Job que les principes divins de gouvernement sont insondables pour l’humanité, et pour figurer le manque total de connaissance que l’homme a de Dieu, il fait allusion au shéol et compare les deux : comme il n’y a aucune connaissance dans le shéol, il ne peut, également, prétend-il, y avoir aucune connaissance de la sagesse divine ni du plan divin.

            « Oh ! si tu voulais me cacher dans le shéol [oubli], me tenir caché jusqu’à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps arrêté, et puis te souvenir de moi ». — Job 14 : 13.

            Voilà l’exposé le plus simple et le plus explicité de l’espérance de Job. Il ne désirait certes pas voir se perpétuer les conditions actuelles de péché, de tristesse, de détresse et de douleur ; il était tout à fait disposé à être caché dans l’oubli jusqu’au temps où la malédiction, la « colère » serait levée de la terre et remplacée par les temps de rafraîchissement. Mais il ne désirait pas disparaître de la terre à toujours. Oh ! non ! ayant confiance dans les dispositions divines arrêtées en vue d’une vie future accordée par une résurrection, il priait pour que Dieu, au temps marqué, après la disparition de la malédiction du péché, se souvienne de lui et le fasse sortir de l’oubli en le rappelant à l’existence, par la puissance du rétablissement qui sera alors mise en œuvre par le Christ. — Voir Actes 3 : 19-21.

            « Si j’espère, le shéol [oubli] est ma maison ; j’étends mon lit dans les ténèbres ; je crie à la fosse (à la corruption — Voir note Darby — Trad.) : Tu es mon père, aux vers : Ma mère et ma sœur ! » — Job 17 : 13-14.

            Comme ce langage est expressif ! L’oubli est la maison, ou la couche, le lit, et cette maison est remplie de ténèbres : l’âme de Job (son être) dort, est inanimée, attendant le matin de la résurrection, tandis que son corps va à la corruption.

            « Où est donc mon espoir ? Et mon espoir, qui le verra ? il descendra (angl. ils descendront — Trad.) dans les barres du shéol [l’oubli, séparément], lorsque ensemble nous aurons du repos dans la poussière. — Job 17 : 15, 16.

            Le serviteur de Dieu exprime sa propre espérance, sa propre confiance, mais il se demande combien d’humains peuvent avoir une telle confiance. Il a déjà exprimé l’espérance que sa mort sera simplement un sommeil duquel il se réveillera au matin. Mais bien que chacun, séparément, descende au shéol, à l’oubli, avec ou sans cette espérance, tous trouvent le repos dans la poussière.

            « Ils passent leurs jours dans le bonheur, et en un moment descendent dans le shéol [oubli] ». — Job 21 : 13.

            Job décrit ici la vie dans la prospérité matérielle de certains qui ne sont pas les enfants de l’Éternel : il met en contraste cette prospérité avec les tribulations subies par d’autres qui constituent le peuple de l’Éternel, et qui viennent sous la verge de la correction divine pour les modeler, les préparer en vue de meilleures choses de l’avenir.

            « La sécheresse et la chaleur emportent l’eau de neige ; ainsi le shéol [oubli] fait-il de ceux qui ont péché » — Job 24 : 19.

            Toute l’humanité a péché, et par conséquent est sujette à la mort et descend dans l’oubli. La seule espérance est en celui qui nous racheta de la mort et qui, au  « matin » nous fera sortir de l’oubli, selon sa miséricordieuse promesse personnelle. Cependant, dans cet exemple, Job fait spécialement allusion aux pécheurs qui hâtent leur mort par leur mauvaise conduite.

            « Le shéol [oubli] est à nu devant lui, et l’abîme (destruction — note D. — Trad.) n’a pas de voile ». — Job. 26 : 6.

            Job fait ressortir ici toute la sagesse du Créateur qui, non seulement connaît la fin dès le commencement, mais pour qui toutes les choses secrètes de l’oubli sont ouvertes à son regard inscrutable.

            « Car on ne se souvient point de toi dans la mort ; dans le shéol [oubli] qui te célébrera ? » — Ps. 6 : 5.

            Quelle déclaration claire et positive avons-nous ici, nous donnant la preuve de l’inconscience de l’homme dans la mort ! On remarquera aussi que ce texte ne se rapporte pas aux méchants, mais aux serviteurs de Dieu qui désirent le remercier et le louer pour ses bontés. Remarquons également qu’il ne s’agit pas de la chair morte qui est enterrée dans le qeber, mais de l’âme qui va dans le shéol, l’oubli.

            « Les méchants seront repoussés [retourneront] jusque dans le shéol [oubli], toutes les nations qui oublient Dieu ». — Ps. 9 : 17.

            Le mot hébreu shûwb (*) [Référence Strong N° 7725 — Trad.] dans ce texte est convenablement traduit par « [re] – tourneront ». Ceci fait penser à quelqu’un ramené du shéol, de l’oubli, et montre aussi que quelques-uns ainsi ramenés seront renvoyés dans l’oubli à cause de leur méchanceté et parce qu’ils oublient Dieu. La délivrance, hors du shéol, de l’humanité en général, aura lieu durant l’âge millénaire, comme résultat du prix de la rançon accompli au Calvaire. Cependant, ceux qui, une fois réveillés et amenés à la connaissance de la vérité, seront alors volontairement pervers, retourneront dans l’oubli — « la Seconde Mort », pour laquelle il n’y a ni rançon ni rétablissement. Il est tout à fait évident que ce passage n’est pas applicable aux masses humaines (aux païens) qui n’ont jamais connu Dieu ; d’après ses propres termes, il a trait à ceux qui oublient Dieu, après avoir été amenés à une claire connaissance de lui, et à la responsabilité qui en découle.

            « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol [oubli] ; tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption » — Ps. 16 : 10.

            L’Apôtre Pierre, parlant le jour de la Pentecôte sous l’influence plénière du saint Esprit, nous expose la vraie signification de cette déclaration, en indiquant qu’il n’était pas possible que cela fût vrai de David lui-même, parce que l’âme de David fut laissée dans le shéol et que sa chair vit la corruption. Parlant de David, Pierre déclare : « Il est mort et a été enseveli, et son sépulcre est au milieu de nous jusqu’à ce jour ». « Car David n’est pas monté dans les cieux ». — Actes 2 : 27-34.

            Les paroles de l’Apôtre sont expressives et complètement convaincantes sur deux points : (1) l’âme de David alla au shéol, dans l’oubli, et elle y était encore, et jusqu’au moment du discours de Pierre, elle n’était pas montée au ciel ; (2) l’âme de Christ Jésus alla aussi au shéol, dans l’oubli, mais elle n’y resta pas, parce qu’elle ressuscita le troisième jour et qu’elle monta ensuite au ciel.

            Ces clairs exposés venant d’une source inspirée devraient éclairer sur cette question tous les vrais chercheurs de la vérité. Ils nous placent en face des faits suivants : (1) A la mort de notre Seigneur Jésus, son âme (être) alla dans l’oubli, au shéol ; (2) II resta mort durant un peu moins de trois jours ; (3) II ressuscita, fut vivifié, tiré de l’oubli et élevé à la nature divine, !e troisième jour, par la puissance du saint Esprit de Dieu, et devint « les prémices de ceux qui sont endormis ». L’être ou l’âme de notre Seigneur cessa d’exister pendant la durée de sa mort : « II livra son âme à la mort ; Il livra son âme en sacrifice (en offrande) pour le péché ». Mais son âme [être] fut revivifiée par une résurrection, ayant reçu un nouveau corps spirituel (*) [Vol. 2, p. 108, éd. fse1953 — Trad.].

            « Les cordeaux du shéol [oubli] m’ont entouré, les filets de la mort m’ont surpris ». — Ps. 18 : 5 (D).

            Ce texte exprime sous une forme imagée l’angoisse profonde et la crainte de la mort.

            « Éternel, tu as fait remonter mon âme du shéol [oubli] ; tu m’as rendu la vie ». — Ps. 30 : 3.

            Ce passage est une action de grâce pour la guérison d’une grave maladie qui pouvait entraîner la mort.

            « Que les méchants soient confus, qu’ils se taisent dans le shéol [oubli] ; qu’elles soient muettes les lèvres menteuses ». — Ps. 31 : 17, 18.

            Ici, comme ailleurs, le Psalmiste désire fortement que la terre soit purifiée de ceux qui aiment et pratiquent la méchanceté. Cela n’a aucun rapport quelconque avec une vie future, et n’implique pas non plus une espérance de résurrection. Lorsque le Royaume appartiendra au Seigneur qui sera alors le souverain de toutes les nations, et que les lois de la justice et de la vérité seront établies, et que la miséricorde et l’amour apporteront à chaque créature la plus complète occasion d’arriver à la connaissance et d’être délivrée du péché, il est probable que certains, de ceux des méchants d’aujourd’hui, rechercheront la droiture, la justice, seront couverts par la miséricorde de la justice de Christ et, finalement, parviendront à la vie éternelle par lui. Il est certain que ni le prophète David, ni aucun autre ne pourraient objecter à une telle réformation, ni au don de la vie éternelle accordée à ceux qui changeront complètement de vie et seront ramenés en harmonie avec Dieu.

            « Ils gisent dans le shéol [oubli] comme des brebis : la mort se repaît d’eux, et au matin, les hommes droits domineront sur eux ; et leur beauté va se consumer dans le shéol [oubli], sans qu’ils aient plus de demeure. Mais Dieu rachètera mon âme de la puissance du shéol [oubli], car Il me prendra ». — Ps. 49 : 14, 15.

            Le mot shéol ne signifie pas sépulcre dans le sens ordinaire, mais oubli, comme nous le traduisons, ainsi qu’il ressort clairement d’après ce texte ; car les brebis ne sont pas ensevelies dans des sépulcres, bien que toutes les brebis aillent dans l’oubli, soient oubliées, comme si elles n’avaient jamais été. Le prophète montre ici sa propre confiance en la résurrection, que Dieu rachèterait son âme du shéol, de l’oubli. Ceci est en harmonie complète avec la déclaration de l’Apôtre Pierre disant que « David n’est pas monté au ciel ». L’âme de David alla dans le shéol, dans l’oubli, et la seule espérance de David est dans la rédemption de son âme hors du shéol, de l’oubli, dans un retour à la vie que le Rédempteur lui accordera à la résurrection. De plus, même ceux qui vont dans l’oubli comme les brebis, doivent en sortir, car ce passage déclare clairement qu’ « au matin » de la résurrection, au matin millénaire, les justes  « auront la domination » sur ceux-ci, les gouverneront, les dirigeront, les jugeront. Ainsi dit aussi l’Apôtre : « Les saints jugeront le monde ». — 1 Cor. 6 : 2.

            « Que la mort les saisisse ! qu’ils descendent vivants dans le shéol [oubli] ; car la malice est dans leur demeure ». — Ps. 55 : 13.

            Ce passage, tel qu’il est ordinairement mal compris, a été une grande pierre d’achoppement pour beaucoup d’enfants de Dieu. Ils se sont dit : Comment se peut-il qu’un homme bon tel que David ait pu prier pour que ses ennemis descendent en enfer, dans la torture éternelle ? Un homme bon ne voudrait pas prier ainsi, et telle n’était pas non plus la teneur de la prière de David. Comme nous l’avons vu et le voyons encore, le mot shéol ne renferme aucune idée de feu ou de flamme, ou de tourment ou de quoi que ce soit de cette espèce, mais il signifie simplement l’oubli, l’extinction de la vie. Il s’ensuit donc que la prière de David ou son désir à l’égard de ses ennemis, les adversaires de la justice, était un désir parfaitement convenable et en plein accord avec les lois des peuples les plus civilisés de notre époque de très grande lumière. Aujourd’hui, les lois des nations civilisées décrètent que tous les meurtriers seront exécutés, et généralement, elles choisissent les méthodes d’exécution supposées les plus aisées et les moins douloureuses (*) [Écrit en 1899 — Trad.]. La loi décrète donc, comme le fit David : Que les coupables aillent dans le shéol, dans l’oubli : qu’ils meurent ! Néanmoins, dans sa miséricorde, Dieu a racheté, par le précieux sang de Christ, le plus vil des pécheurs comme le moins vil d’entre eux, car « Jésus Christ, par la grâce de Dieu, a goûté la mort pour tous ». « Il s’est donné en rançon pour tous », témoignage (qui doit être rendu) au propre temps ». Si certains de nos semblables sont plus pervers que nous-mêmes, cela peut être dû, autant que nous le sachions, aux influences particulièrement aveuglantes exercées sur eux par l’adversaire (2 Cor. 4 : 4), ou bien par une plus mauvaise hérédité. En tout cas, Dieu a pourvu à ce que chaque membre de la race ait une occasion complète, claire, impartiale de faire son choix pour la justice et la vie, ou pour l’injustice et la Seconde Mort — pour être renvoyé au shéol. Ceci nous est entièrement garanti par la Nouvelle Alliance assurée et scellée par les mérites du précieux sang de Christ.

            « Ta bonté est grande envers moi et tu as sauvé mon âme du shéol [oubli] profond ». — Ps. 86 : 13.

            Ici les mots « shéol profond » pourraient signifier la profondeur de l’oubli. Il nous est permis de considérer à bon droit que le Prophète personnifie ici le Seigneur Jésus, comme il le fait dans un grand nombre de ses Psaumes. S’il en est ainsi, l’expression « profondeur de l’oubli », aurait une application particulière. Pour l’humanité en général, la mort n’est qu’un sommeil, et l’oubli où elle est descendue n’est que temporaire parce qu’il y aura un réveil à la résurrection, comme résultat de la rançon. Mais dans le cas de notre Seigneur Jésus, c’était différent ; du fait qu’il prit la place du pécheur (Adam), la mort signifiait obligatoirement pour lui le châtiment suprême du péché, c’est-à-dire l’oubli perpétuel, à moins que par la grâce et la puissance du Père, il dût ressusciter des morts et devenir le Libérateur de ceux qu’il racheta.

            « Mon âme est rassasiée de maux et ma vie touche au shéol [oubli] ». — Ps. 88 : 3.

            Ici encore, la douleur profonde jusqu’à la mort est décrite sous une forme brève et poétique.

            « Quel est l’homme qui vit et qui ne verra pas la mort — qui sauvera son âme de la main [puissance] du shéol [oubli] ? » — Ps. 89 : 48.

            Combien sont logiques cette question et la réponse qu’elle implique ! Tout cela est en accord avec ce que nous avons déjà vu jusqu’ici. Combien, par contre, sont discordantes ces paroles avec la croyance généralement admise sur le sujet examiné ! On croit ordinairement qu’aucun homme, qu’aucune âme ne passe par une mort véritable, mais qu’au moment de la mort, il y a au contraire un accroissement de vie ; que par conséquent l’âme échappe complètement au pouvoir du shéol, de l’oubli, on croit que l’âme ne peut mourir ; loin de mettre en doute qu’elle puisse se délivrer elle-même du pouvoir du shéol, il est admis sans discussion que le shéol n’a aucun pouvoir de toucher à l’âme. Comme sont logiques les Écritures et la vérité ! Combien est illogique la philosophie de Platon si communément acceptée !

            « Les cordeaux de la mort m’avaient environné et les détresses du shéol [oubli] m’avaient atteint ; j’avais trouvé la détresse et le chagrin ». — Ps. 116 : 3.

            Ici encore, la crainte de la mort est dépeinte d’une manière vivante.

            « Où irai-je loin de ton esprit [puissance — pour échapper à la puissance divine ou pour en être caché] ? et où fuirai-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au shéol [oubli] t’y voilà » — Ps. 139 : 7, 8.

            D’après la conception généralement admise, cela voudrait dire que Dieu habite en permanence le terrible lieu de torture que le shéol est supposé être. Au contraire, le prophète adopte une large vue de la puissance divine et nous fait part du résultat de ses investigations, à savoir qu’il n’est aucun lieu de l’univers qui ne soit accessible à la puissance divine. Même l’oubli de la mort est soumis à notre Seigneur qui déclare : « J’ai les clefs de la mort et du hadès [oubli] ». C’est notre confiance en Dieu — en son omnipotence — qui constitue la base de notre foi en une résurrection des morts.

            « Nos os sont dispersés à la gueule du shéol [oubli] comme quand on coupe et qu’on fend [du bois] sur la terre ». — Ps. 141 : 7.

            La signification de ce passage est très obscure ; mais de toute manière, il ne contient rien qui favorise l’idée généralement admise d’un enfer de tourment. La traduction de Young rend ainsi ce verset : « Comme on laboure et moissonne la terre, nos os ont été dispersés au commandement de Saül » (*) [En français, Glaire et Vigouroux (Cathol.) traduisent : « comme une terre compacte rompue par le soc, se répand sur la terre, nos os ont été dispersés auprès de l’enfer » (Voir leur note). Lausanne donne : « Comme on sillonne et fend la terre, ainsi nos os sont dispersés à la gueule du séjour des morts ». — Dans la version Darby (ci-dessus) les mots [du bois] sont entre crochets, parce qu’ils ne se trouvent pas dans les anciens MSS hébraïques. — Trad.].

            « Nous les engloutirons vivants comme le shéol [oubli] ». — Prov. 1 : 12.

            Ceci paraît montrer le langage des meurtriers qui voudraient détruire rapidement leurs victimes, et les perdre de vue et de mémoire — dans l’oubli.

            « Ses pieds descendent à la mort, et ses pas atteignent le shéol [oubli] ». — Prov. 5 : 5.

            Ici sont poétiquement décrites les tentations d’une mauvaise femme et leurs funestes résultats ; ses voies conduisent à la destruction, à la mort, à l’oubli.

            « Ce sont les voies du shéol [oubli] que sa maison ; elles descendent dans les chambres de la mort ». — Prov. 7 : 27.

            Cette expression est semblable à la précédente, mais elle donne la preuve que l’enfer en question n’est pas de flammes, que ce n’est pas un lieu de tourment ; ce sont les sombres chambres de la mort, du néant, de l’oubli.

            « Ses convives sont dans les profondeurs du shéol [oubli] ». — Prov. 9 : 18.

            Ici, dans un langage hyperbolique, ce texte nous montre les invités de la prostituée représentés comme morts, comme ayant perdu tout respect d’eux-mêmes, et toute dignité d’homme — sans aucun doute, ils sont sur le chemin de la mort, car la conduite dépravée favorise et active la maladie et la mort. Ils sont sur le chemin de l’oubli, non seulement au point de vue physique, mais aussi parce qu’ils perdent leur réputation et leur influence parmi les hommes.

            « Le shéol [oubli] et l’abîme [destruction — Voir note D.] sont devant l’Éternel, combien plus les cœurs des fils des hommes ! » — Prov. 15 : 11.

            On doit remarquer qu’il n’y a ici aucune idée de torture, mais tout le contraire ; le shéol, l’oubli, est associé à la destruction.

            « Le sentier de la vie est en haut pour les intelligents, afin qu’ils se détournent du shéol [oubli] en bas ». — Prov. 15 : 24.

            Nos traducteurs sont presque arrivés, par leur manière de rendre ce texte, à soutenir leur théorie que les justes montent au ciel et que les méchants descendent en enfer. Remarquez la traduction de la version révisée (angl. — Trad.) : « Pour le sage la voie de la vie monte afin qu’il puisse s’éloigner du shéol [en marge : du sépulcre] en dessous ». La pensée correcte pourrait être rendue comme suit : Le sentier de la vie, pour les sages, est un sentier qui s’élève vers la justice, afin qu’ils puissent être délivrés de l’oubli par la puissance de la résurrection.

            « Tu le frapperas de la verge, mais tu délivreras son âme du shéol [oubli] ». — Prov. 23 : 14.

            Inutile, sans doute, d’expliquer que ce passage n’enseigne pas qu’après la mort le cadavre doit être battu afin que l’âme puisse être tirée d’un enfer de tourment. Le sens est clairement indiqué par le contexte. L’injonction est que la verge ne doit pas être épargnée à l’enfant, si cela est nécessaire, car c’est ainsi que de longues années utiles pourront être ajoutées à sa vie ; son âme (son être) sera préservée d’un oubli prématuré, et sera peut-être sauvée de la Seconde Mort — du retour à l’oubli.

            « Le shéol [oubli] et l’abîme (destruction) sont insatiables, et les yeux de l’homme sont insatiables ». — Prov. 27 : 20.

            Loin d’avoir le sens d’un enfer dévorant, de proportions si formidables qu’il ne saurait jamais être rempli, ce passage signifie simplement qu’il n’y a pas de limites à la capacité de la mort : l’oubli et la destruction ne peuvent pas être remplis à satiété.

            « Il y a trois choses qui sont insatiables, quatre qui ne disent pas : C’est assez !… le shéol [oubli] et la matrice stérile ; la terre qui n’est pas rassasiée d’eau, et le feu qui ne dit pas : C’est assez ! » — Prov. 30 : 15, 16.

            Dans ce texte comme dans le précédent, il est dit que la mort, l’oubli n’ont aucune limite de capacité, et ne peuvent donc être comblés outre mesure.

            « Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; car il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le shéol [oubli] où tu vas ». — Eccl. 9 : 10.

            Voilà une déclaration très catégorique relativement à l’enfer, (le shéol, l’oubli). Elle est applicable non seulement aux méchants, mais aussi aux justes, à tous ceux qui entrent dans la mort. Il n’y a ni bonnes ni mauvaises œuvres ; on ne loue, ni ne maudit Dieu ; on ne pense ni le bien ni le mal : il n’y a ni connaissance sainte, ni connaissance impie, ni sagesse céleste ni autre sagesse, dans le shéol, dans l’oubli de la mort. Comment pourrait-on exposer plus clairement et plus énergiquement cette question ?

            « La jalousie est cruelle comme le shéol [oubli] ». — Cant. 8 : 6.

            Ici, la condition de mort, d’oubli est représentée comme la personnification même de l’implacabilité. Elle dévore toute la famille humaine, sans aucune exception, sans égard à la personnalité, ni au rang.

            « C’est pourquoi le shéol [oubli] élargit son désir et ouvre sa bouche sans mesure ». — Es. 5 : 14.

            Le prophète emploie ici le mot shéol, oubli, pour décrire la perte de prestige d’Israël, son ignominie, son déshonneur. Ce peuple était devenu comme mort ; nombreux étaient ceux qui descendirent dans l’oubli. Ce passage ne concerne ni un sépulcre au sens littéral, ni un étang de feu.

            « Le shéol [oubli] d’en-bas s’émeut pour toi, te rencontrant à ta venue ». — Es. 14 : 9.

            Cette manière d’expression est éminemment symbolique. Elle s’applique à Babylone. Son accomplissement est, croyons-nous, encore futur, et maintenant tout proche. La grande Babylone doit être engloutie ; comme une pierre jetée dans la mer, elle sera complètement perdue de vue et oubliée ; elle ira dans l’oubli, le shéol (Apoc. 18 : 21). Cela est montré par le contexte qui déclare : « Comment l’oppresseur a-t-il cessé ? Comment l’exactrice (« celle qui amassait l’or » — « la ville de l’or, version anglaise ; voir concordance Strong, référence N° 4062 — Trad.) a-t-elle cessé ? — Voir Esaïe 14 : 4 à 8 (*). [Version Martin :« Comment se repose celle qui était si avide de richesses ? » — Trad.].

            « Ton orgueil est descendu dans le shéol [oubli] ». — Es. 14 : 11.

            Ici se poursuit la même description symbolique de la destruction de Babylone mystique, dont la grandeur sera bientôt une chose du passé, ensevelie dans l’oubli et non dans un enfer incandescent.

            « Vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait un pacte avec le shéol [oubli] ». — Es. 28 : 15.

            Ici, l’Éternel prédit une terrible détresse, l’achoppement et la chute parmi ceux qui, par de fausses doctrines, en sont venus à faire peu de cas de l’enseignement des Écritures affirmant que la mort est le salaire du péché. Ce temps de rétribution est proche, il viendra sur ceux qui se sont servis de la Parole de Dieu pour tromper, et qui, au lieu d’être sanctifiés par la vérité, ont préféré l’erreur. Notre grand adversaire, Satan, profite de la croyance erronée généralement admise sur ce sujet pour prendre le monde au piège par diverses fausses doctrines avancées sur ces fausses prémisses. Déjà il a égaré les Papistes et le monde païen tout entier, les amenant à offrir des prières et des messes pour les morts, que l’on croit n’être pas morts, mais au contraire très vivants dans les tourments du purgatoire. Et, de nos jours, par le Spiritisme, la Théosophie et la Science Chrétienne, le même Adversaire lance ses attaques spécialement contre les Protestants qui, du fait de leur croyance selon laquelle les morts ne sont pas morts, sont tout préparés pour subir ces influences trompeuses.

            Des Chrétiens de diverses confessions ont « fait une alliance avec la mort » ; ils déclarent qu’elle est une amie, tandis que les Écritures affirment qu’elle est la plus grande ennemie de l’homme, qu’elle est le salaire du péché. Les Chrétiens de nom sont d’accord avec le sépulcre ; ils considèrent qu’il n’est qu’un lieu de dépôt pour le corps terrestre, dont ils se disent même heureux d’être débarrassés. Faute de voir que la mort (l’oubli) est le salaire du péché, ils sont prêts à accepter le mensonge de Satan selon lequel le tourment éternel est le salaire du péché. Faute de croire que la mort est le salaire du péché, ils sont prêts à nier que la mort de Christ fut le remède, le prix équivalent pour la délivrance de l’homme. Dès lors, tous les traits miséricordieux du divin plan de la rançon et du rétablissement sont plus ou moins confus à leurs yeux, et devenus difficiles à comprendre.

            « Votre alliance avec la mort sera abolie, et votre pacte avec le shéol [oubli] ne subsistera pas ». — Es. 28 : 18.

            L’Éternel déclare ainsi qu’il finira par convaincre le monde de la véracité des déclarations bibliques concernant la mort et la condition de l’oubli ; mais ce sera par le moyen d’un grand temps de détresse et de confusion pour ceux qui sont victimes de cette tromperie et qui refusent d’écouter la voix de la Parole de l’Éternel sur ce sujet.

            « Moi, je disais : dans le retranchement de mes jours, j’irai dans les portes du shéol [oubli] ; je suis privé du reste de mes années ». — Es. 38 : 10.

            Telles sont les paroles d’Ezéchias, le bon roi de Juda, en faveur de qui un miracle fut accompli pour prolonger ses jours. Dans ces paroles, il raconte quelles étaient ses pensées au cours de sa maladie. Il ne voulait certainement pas dire qu’il avait espéré descendre dans un enfer de tourment éternel, et les traducteurs furent assez sagaces pour voir que si, dans cet exemple, ils traduisaient shéol par le mot enfer, cela provoquerait des questions et des recherches de la part des lecteurs, ce qui aurait porté au plus vite à l’attention générale, la vérité sur le sujet. Le roi déclare simplement qu’il s’est senti près de la mort, de l’oubli, et qu’il était sur le point d’être privé du reste de ses jours, dont il avait pu raisonnablement s’attendre à jouir.

            « Car ce n’est pas le shéol [oubli] qui te louera, ni la mort qui te célébrera ». — Es. 38 : 18.

            Telles sont les paroles d’Ezéchias, contenues dans la même description où il parle de sa maladie, de sa crainte de la mort, de son rappel de la bonté et de la miséricorde de l’Éternel en prolongeant sa vie, et de ses actions de grâce à l’Éternel. Il déclare (au v. 17 — Trad.) : « Tu as aimé mon âme [être], la retirant de la fosse de destruction ». Les traducteurs ne rendirent pas ce texte par « Ce n’est pas l’enfer qui te louera », autrement des esprits curieux se seraient demandé de quelle espèce d’enfer il s’agissait. Ezéchias associe l’idée de la mort avec l’oubli, le shéol, et les emploie comme des synonymes, puis il déclare (au v. 19) : « Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd’hui ». En d’autres termes, un homme vivant peut louer l’Éternel, mais si un homme est mort, si son âme est allée dans le shéol, dans l’oubli, il ne peut louer l’Éternel, ni en aucun sens raconter ses miséricordes, jusqu’au matin de la résurrection, où comme Job le déclare, l’Éternel appellera et tous lui répondront.

            « Et tu t’es rendue auprès du roi avec de l’huile… et tu t’es dégradée jusque dans le shéol [oubli] ». — Es. 57 : 9.

            Cette dernière expression est figurée. Elle n’a rien de commun avec un enfer de tourment, ni avec un véritable sépulcre ou tombeau. Elle représente Israël sous la figure d’une femme qui néglige son mari, l’Éternel, et cherche l’alliance des rois de la terre au point d’oublier son époux, au point d’être figurément morte, oublieuse de l’Éternel et des principes de sa vérité, et de la justice qui vient de la foi.

            « Au jour de sa descente au shéol [oubli] je fis mener deuil… Du bruit de sa chute, je fis trembler les nations, quand je le fis descendre dans le shéol [oubli]… Ceux-là aussi sont descendus dans le shéol [oubli] vers ceux qui ont été tués par l’épée ». — Ezéch. 31 : 15-17.

            L’Éternel décrit ici, dans le langage figuré du prophète, la chute de Babylone. Comme nous l’avons vu jusqu’ici, la chute de Babylone et les extraordinaires descriptions qui en sont faites furent partiellement destinées à la Babylone littérale, mais elles se rapportent encore bien davantage à la chute complète et à l’écroulement de la Babylone mystique. L’antique nation de Babylone fut renversée par les Mèdes et les Perses, et descendit dans l’oubli, dans l’état de mort en tant que nation ; la Babylone mystique moderne doit pareillement tomber dans l’oubli pour ne plus se relever.

            « Les forts d’entre les puissants, avec ceux qui lui avaient aidé, lui parleront du milieu du shéol [oubli] ». — Ezéch. 32 : 21.

            Il s’agit ici de la nation d’Égypte qui descend dans l’oubli, et aussi d’autres nations puissantes qui y descendirent antérieurement à la chute de l’Égypte : ces dernières sont représentées comme parlant à l’Égypte au sujet de sa chute. C’est ainsi que nous disons que l’histoire nous parle de certaines choses, qu’elle répète ses enseignements.

            « Ils n’ont pas été couchés avec les hommes forts, tombés d’entre les incirconcis, qui sont descendus dans le shéol [oubli] avec leurs instruments de guerre ». — Ezéch.32 : 27.

            Le prophète prédit ici la destruction de Meshech et de Tubal ; il dit comment eux aussi descendront dans l’oubli avec leurs armes de guerre. Les armes de guerre peuvent, en vérité, tomber dans l’oubli, et nous rendons grâces à l’Éternel de ce qu’aucune de ses dispositions ne prévoit leur rétablissement, dans le glorieux âge à venir, lorsque Emmanuel aura établi son Royaume, car la promesse positive est qu’ « Il fera cesser les guerres jusqu’au bout de la terre ». — Ps. 46 : 9.

            « Je les délivrerai de la main [puissance] du shéol [oubli] ; je les rachèterai de la mort. O mort, je serai tes pestes ! O Shéol [oubli] je serai ta destruction ! Le repentir est caché à mes yeux ». — Osée 13 : 14 (Voir note D. — Trad.).

            Quiconque n’a pas encore été convaincu que shéol ne signifie pas un lieu de tourment, peut au moins tirer consolation de ce texte, dans lequel l’Éternel déclare sans réserve que le shéol sera détruit. Si donc quelqu’un croit toujours et soutient que c’est un lieu de tourment, qu’au moins il admette également qu’il ne durera pas toute l’éternité, car l’Éternel lui-même a décrète sa destruction.

            Mais combien ce texte tout entier est admirablement clair et harmonieux, quand on l’examine sous son vrai jour ! Le prix de la rançon a déjà été fourni par notre Rédempteur et l’œuvre qui délivrera l’humanité du shéol, de l’oubli de la mort, attend seulement que l’Église (le Corps de Christ) ait été choisie (*) [Écrit en 1899 — Trad.] d’entre les humains et glorifiée avec son Seigneur et Tête (Chef) Christ-Jésus. Aussitôt que la résurrection de l’Église sera complète (la première ou principale résurrection) alors, déclare l’Apôtre, « s’accomplira la parole qui est écrite :

            « La mort a été engloutie dans la victoire. Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô sépulcre (hadès — note D. — Trad.), ta victoire ? » 1 Cor. 15 : 54, 55.

            L’engloutissement de la mort dans la victoire sera l’œuvrede l’Age millénaire ; il sera graduel, comme a été graduel aussi l’engloutissement de l’humanité dans la mort. En définitive, la sentence de mort qui pèse actuellement sur l’humanité, et le shéol, l’oubli qu’elle lui impose, passeront complètement, parce que tous ont été rachetés de son pouvoir. Sous les nouvelles conditions, sous la Nouvelle Alliance, avec ses bénédictions et ses grâces abondantes, nul ne descendra plus dans la mort (l’oubli), sauf ceux qui pécheront intentionnellement, et ce, pour leur propre compte. Cette mort sera la Seconde Mort, de laquelle il n’y aura plus aucun espoir de revenir.

            « Quand ils pénétreraient dans le shéol [oubli], de la ma main les prendra ». — Amos 9 : 2.

            Dans ce langage vigoureusement imagé, l’Éternel déclare que sa puissance est absolue et qu’il dirige entièrement l’humanité, faisant particulièrement allusion à Israël. Soit comme nation, soit comme individus, les Israélites ne pouvaient échapper aux jugements divins, et bien qu’ils dussent descendre dans la mort, comme individus et comme nation, cependant, toutes les promesses de Dieu, aussi bien que les menaces à leur égard, seront sûrement accomplies. Néanmoins, après avoir annoncé leur complet renversement et leur dispersion parmi toutes les nations de la terre, comme on le constate aujourd’hui (*) [Écrit en 1899 — Trad.] la promesse de l’Éternel est (vs 11-15) : « En ce jour-là, [à l’aurore du jour millénaire] je relèverai le tabernacle de David qui est tombé… Et je rétablirai les captifs de mon peuple Israël… et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre que je leur ai donnée, dit l’Éternel, ton Dieu ».

            Personne ne songerait à creuser son chemin vers un lieu de tourment éternel ; mais Israël, en tant que nation, creusa sa voie vers l’oubli national. Cependant Dieu remédiera à cette situation.

            « Du sein (**) [D’autres versions : « Du ventre du shéol, etc… » — Trad.] du shéol [oubli], j’ai crié ; tu as entendu ma voix ». — Jonas 2 : 3 (D.).

            Le ventre de l’ « enfer » (shéol) où se trouvait Jonas, d’où il cria à l’Éternel, et duquel il fut délivré, était le ventre du grand poisson qui l’avait englouti. C’était, pour lui, le ventre de l’oubli, de la destruction, de la mort, s’il n’en avait pas été délivré.

            « Et bien plus, le vin est perfide ; cet homme est arrogant et ne se tient pas tranquille, lui qui élargit son désir comme le shéol [oubli], et est comme la mort et ne peut être rassasié, et il rassemble vers lui toutes les nations et recueille vers lui tous les peuples ». — Hab. 2 : 5.

            Apparemment, il s’agit ici d’une nation ambitieuse, d’une nation agressive. Cette image pourrait être, très à propos, appliquée aux nations actuelles (*) [Écrit en 1899 — Trad.] qui parcourent le monde pour amener les nations plus faibles et moins civilisées sous leur autorité et leur patronage. Elle pourrait aussi s’appliquer à l’Homme du Péché et à son influence mondiale, grâce à laquelle il tire ses revenus de toutes les nations sous le soleil. De toute manière, l’idée est que la cupidité est comme la mort [l’oubli] en ce sens qu’elle n’a jamais assez ; ses désirs ne peuvent être satisfaits.

« HADÈS » DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

            Dans le Nouveau Testament, le mot grec hadès est l’équivalent exact du mot hébreu shéol. Nous en avons la preuve absolue du fait que les Apôtres, dans leurs citationsde l’Ancien Testament, rendent shéol par le mot hadès. Voici les exemples du Nouveau Testament dans lequel se trouve le mot hadès (*) [« hadès » ; l’Abbé Crampon rend par « aux enfers », et ajoute en note : le Schéol des Hébreux, le Hadès des Grecs, c.à.d. le séjour des morts en général, que l’on se représentait comme une sombre région, située dans les profondeurs de la terre ». — Trad.] :

            « Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans le hadès [oubli] ». — Matth. 11 : 23 (voir la note très embarrassée de Darby — Trad.).

            La ville de Capernaüm ne descendit certainement pas dans le tourment éternel, pas plus qu’elle n’alla dans un sépulcre ou un tombeau, au sens ordinaire du mot, mais il est absolument vrai que Capernaüm tomba dans l’oubli, dans la destruction.

            « Je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc, je bâtirai mon assemblée [grec : ekklesia, église — Trad.] et les portes du hadès [oubli] ne prévaudront pas contre elle ». — Matth. 16 : 18.

            Pierre venait de confesser que Jésus était l’Oint, le Fils du Dieu vivant, le Messie. Cette vérité est le puissant roc sur lequel toute l’Église de Christ, formée de pierres vivantes, doit être édifiée, car il n’y a aucun autre nom par lequel nous puissions être sauvés. Notre Seigneur déclare que Pierre est une de ces pierres vivantes, et Pierre affirme (1 Pi. 2 : 5) que tous les croyants consacrés sont de même des pierres vivantes, édifiées sur ce grand roc de fondement, qui est Christ, l’Oint. Ces pierres vivantes sont édifiées pour former une habitation de Dieu, par le moyen de l’esprit, afin d’être un temple glorieux pour sa demeure, et par le moyen duquel il bénira toutes les familles de la terre. Dieu a accepté ainsi les croyants en Christ et les considère comme des membres de ce temple futur ; néanmoins, il permet à la mort de prévaloir présentement contre son peuple : tous, apparemment, descendent dans la mort (l’oubli) comme le font les autres ; ils ont donc besoin de l’assurance encourageante du Seigneur que la mort n’aura pas raison d’eux et que les portes de l’oubli ne resteront pas fermées à toujours ; comme de la mort, il brisa symboliquement les portes et en sortit par la résurrection, grâce à la puissance du Père, ainsi son Église sera-t-elle également délivrée du pouvoir de la mort, de l’oubli, et aura-t-elle part à sa résurrection, « la première résurrection ». Il est certain que cela est en harmonie avec tous les témoignages des Écritures, et il est non moins certain que toute autre interprétation des paroles de notre Seigneur serait dépourvue de sens véritable.

            « Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusque dans le hadès [oubli] ». — Luc 10 : 15.

            Capernaüm fut grandement honorée, grandement privilégiée, par le fait que notre Seigneur y habita pendant un certain temps ; elle put jouir du privilège de son enseignement, être témoin de nombre de ses œuvres puissantes, et c’est en cela qu’elle est dite, par hyperbole, avoir été élevée jusqu’au ciel. Mais cette ville n’ayant fait aucun usage convenable de ces grands privilèges et occasions, notre Seigneur déclara qu’elle subirait une humiliation, une destruction, une mort équivalentes comme ville — qu’elle serait jetée dans l’oubli. Cela a été accompli.

            « Et en hadès [oubli], levant ses yeux, comme il était dans les tourments ». — Luc 16 : 23.

            C’est là le seul passage des Écritures, qui semblerait bien faiblement laisser à entendre la possibilité de pensée, de sensation physique, de torture ou de bonheur dans le hadès ou shéol. De prime abord ce texte semble être contraire à l’affirmation qu’il n’y a ni œuvre, ni connaissance, ni intrigue dans le shéol, et on ne peut en effet le comprendre que d’une seule manière, à savoir qu’il s’agit là d’une parabole. Nous en avons discuté ailleurs (*) [Voir « L’Enfer de la Bible », brochure de 50 pages] dans tous ses détails, et montré que l’homme riche qui alla dans l’oubli et y fut néanmoins torturé est la nation juive. Israël a certainement été dans l’oubli, il est mort en tant que nation (**) [Écrit en 1899 — A retrouvé son existence nationale en 1948 — Trad.], bien que, peuple dispersé parmi toutes les nations, Israël vit encore et a souffert des tourments depuis le rejet du Messie, et continuera d’en souffrir jusqu’à ce qu’ayant comblé la mesure de tribulation, il soit rétabli dans la faveur divine selon les conditions de la divine alliance. — Rom. 11 : 26-29.

            « Car tu ne laisseras pas mon âme en hadès (***) [oubli] [Seule, la version catholique Saci conserve : « enfer » — Trad. »]. — Actes 2 : 27.

            Cette citation, tirée des Psaumes, est celle avec laquelle nous avons commencé notre présent examen, pour vérifier si c’est l’âme, ou simplement le corps, qui va au hadès, au shéol, dans l’oubli. Ce texte déclare d’une manière absolument nette que l’âme de notre Seigneur alla au hadès, dans l’oubli, et qu’elle en fut délivrée par une résurrection. Le contexte prouve que l’âme de David alla également au shéol, mais qu’elle n’en a pas encore été délivrée, et ne peut l’être, selon l’arrangement divin, tant que l’Église entière, qui est le corps de Christ, n’a pas été d’abord délivrée, tant que la première résurrection n’a pas été achevée. — Voir vs. 29, 34 ; Héb. 11 : 32, 39, 40.

            David « a dit de la résurrection du Christ, en la prévoyant, que son âme (voir note Darby — Trad.) n’a pas été laissée dans le hadès [oubli] ». — Actes 2 : 31.

            Cette déclaration catégorique confirme pleinement ce que nous venons de voir.

            « Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô sépulcre [hadèsoubli] ta victoire ? » — 1 Cor. 15 : 55.

            L’Apôtre présente ce texte comme une citation de l’Ancien Testament pour confirmer sa démonstration que la seule espérance pour les morts réside dans une résurrection. Ce ne sera pas une résurrection du corps, car déclare-t-il clairement, le corps enterré ne sera pas celui qui ressuscitera (voir vs 37, 38) : l’espérance de la résurrection concerne l’âme, l’être, peu importe l’espèce de corps qu’il plaise à Dieu de lui donner. Il n’est pas dit : « Si votre corps ne ressuscite pas… votre foi est vaine », mais : « Si les morts ne ressuscitent pas… votre foi est vaine… ceux donc aussi qui se sont endormis en Christ ont péri » (versets 16-18). C’est ce qui est endormi qui doit être réveillé, ressuscité et non ce qui va à la corruption.

            « Je suis… le vivant ; et j’ai été mort et voici, je suis vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort et du hadès [oubli] ». — Apoc. 1 : 18.

            Ce passage est donné pour encourager le peuple de Dieu ; par conséquent, il est certain que l’enfer (traduction abandonnée par la plupart des versions modernes qui préfèrent garder sans l’expliquer hadès — Trad.), le hadès ne signifie pas ici un lieu de tourment, autrement quel serait le poids de cette expression ? Ces paroles impliquent que le peuple du Seigneur descend dans le hadès (l’oubli) — comme tout autre humain — et que l’espérance du peuple de Dieu, lorsqu’il descend dans le hadès, dans l’oubli, est qu’au propre temps, notre grand Rédempteur ouvrira cette prison figurée de la mort et fera sortir les captifs de la tombe, du shéol, du hadès, de l’oubli. Telle est la signification de l’expression disant qu’il détient les clefs, c’est-à-dire le pouvoir, l’autorité, qu’il peut ouvrir et qu’il peut fermer, tout pouvoir lui ayant été donné.

            En prêchant lors de son premier avènement, notre Seigneur cita la prophétie d’Esaïe qui le désignait et dans laquelle il est dit qu’il ouvrira la prison et mettra les captifs en liberté, et déclara que c’était là l’Évangile (Esaïe 61 : 1 ; Luc 4 : 18). C’est l’Évangile de la résurrection, le message, la bonne nouvelle de la délivrance de tous les captifs, leur libération de l’oubli de la mort, du pouvoir de l’Adversaire, de « celui qui a le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ». Combien sont significatifs ces passages, lorsqu’ils sont envisagés sous leur véritable aspect ; combien, par contre, déconcertants et absurdes sont-ils lorsqu’ils sont vus d’un autre angle, à moins que l’ignorance ne soit si grande qu’elle couvre et cache les contradictions !

            « Et le nom de celui qui était assis dessus est la Mort ; et le hadès [oubli] suivait avec lui ; et il lui fut donné pouvoir sur le quart de la terre pour tuer avec l’épée, et par la famine, et par la mort, et par les bêtes sauvages de la terre ». — Apoc. 6 : 8.

            Il faudrait vraiment une très forte imagination pour faire accorder cet exposé avec l’opinion admise en général selon laquelle le hadès serait un lieu de tourment d’une telle capacité qu’il pourrait recevoir et torturer les cinquante (*) [Édition anglaise 1916 — Trad.] milliards d’êtres qui ont vécu sur la terre. Personne ne songerait non plus à représenter logiquement un tel lieu de tourment sous une figure symbolique voyageant sur le dos d’un cheval. Par contre, il est tout à fait raisonnable de montrer la mort et l’état de mort, la destruction, l’oublil’inconscience, parcourant symboliquement la terre et balayant en grandes masses les humains ; tout cela est absolument logique. Nous nous bornons ici à montrer simplement ce caractère raisonnable, sans présenter aucune explication des symboles.

            « Et la mort et le hadès [oubli] rendirent les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres ». — Apoc. 20 : 13.

            Le résultat de la première épreuve en Eden fut que la sentence de mort frappa tous les hommes. Cinquante milliards probablement sont déjà allés dans le shéol, le hadès, l’oubli ; et des centaines de millions que nous appelons toujours des vivants ne sont pas vivants, dans le vrai sens du mot, mais sont aux neuf dixièmes morts, par l’action de la sentence de mort. Grâce au prix de la rançon déposé (*) au Calvaire, l’occasion d’une nouvelle épreuve doit être accordée à chaque membre de la famille humaine ; il n’y a cependant qu’une minorité favorisée qui obtient une telle occasion et une telle mise à l’épreuve pendant l’Age actuel destiné à la sélection de l’Église. Autrement dit, la sentence originelle de mort sera enlevée et toute l’humanité sera placée dans une condition de jugement ou de mise à l’épreuve pour obtenir la vie éternelle par ses propres œuvres dans l’obéissance ou dans la désobéissance. Ce passage nous montre qu’au temps convenable, non seulement les morts (ceux qui, sous la sentence de mort, ne sont pas encore allés dans la tombe) auront une épreuve complète, ou jugement, pour déterminer s’ils sont dignes ou indignes de la vie éternelle, mais aussi que tous ceux qui sont allés au shéol (hadès, oubli) sortiront de l’inconscience du sommeil de la mort pour être jugés : cette scène du jugement se situe dans l’Age millénaire, qui est le « jour du jugement » pour le monde, comme l’Age de l’Évangile est le jour du jugement pour l’Église.

(*) [Reprints p. 5880 (W.T. du 1er avril 1916) — Trad. Voir Préface, écrite par fr. Russell le 1er octobre 1916, en tête du présent ouvrage.]

            « Et la mort et le hadès [oubli] furent jetés dans l’étang de feu », c’est ici la Seconde Mort ». — Apoc. 20 : 14.

            Une grande confusion doit nécessairement s’emparer de tous ceux qui veulent tenter d’interpréter hadès comme étant un lieu de tourment éternel, lorsqu’ils examinent ce passage des Écritures ; mais comme il est raisonnable et harmonieux lorsqu’il est rendu par son sens exact ! L’étang de feu (géhenne) représente la destruction totale, la Seconde Mort qui, en fin de compte, détruira complètement tout ce qui est mauvais. « La mort et le hadès » qui, dans ce passage, sont montrés comme détruits dans la Seconde Mort, sont les mêmes que ceux dont on vient de parler dans le v. 13. Le présent état de condamnation, résultat de la transgression d’Adam, est appelé « la mort et le hadès » — la condition mourante de ceux qu’on appelle aujourd’hui les vivants, et le sommeil dans l’oubli de ceux qui sont complètement morts.

            De même que le verset 13 déclare que tous les hommes seront libérés de ces conditions-là au temps marqué par la mise à l’épreuve, ainsi, ce verset déclare que la mort adamique, et le sommeil dans l’oubli qui en est la conséquence, n’existeront plus après l’Age millénaire ; et il explique pourquoi : ils seront absorbés ou engloutis dans la condition de la Seconde Mort. Dans l’avenir, personne ne mourra à cause du péché d’Adam, lequel n’entrera pas en ligne de compte dans l’épreuve future. La seule mort qui subsistera désormais sera la Seconde Mort, laquelle ne frappera que le pécheur qui commettra le péché et non ses parents ni ses enfants. En ce jour-là, celui qui mourra, mourra pour son propre péché. « L’âme qui pèche, celle-là mourra ». Ces individus-là auront conservé des faiblesses de la nature adamique dont ils ne seront jamais libérés, du fait qu’ils refuseront d’employer les moyens et occasions mis à leur disposition durant le Millénium par le Médiateur de la Nouvelle Alliance ; toutefois, sous cette Nouvelle Alliance, ces faiblesses héritées ne leur seront pas imputées, étant entièrement compensées par le sacrifice de leur Rédempteur. En conséquence, à partir du moment où cette pleine occasion de l’Age millénaire sera offerte à chaque individu, et alors même qu’il aurait conservé des faiblesses et des imperfections adamiques, sa mort ne sera pas comptée comme étant une partie de la mort adamique, mais comme étant une partie de la Seconde Mort, car s’il n’a réalisé aucun progrès, c’est parce qu’il ne l’aura pas voulu et non pas par le fait de la transgression d’Adam, ni à cause des faiblesses héritées.

            Nous avons maintenant examiné chaque texte de l’Écriture contenant les mots shéol et hadès, et nous avons acquis la certitude que ce sont les âmes des hommes qui, à la mort, passent dans cette condition exprimée par ces mots, et que la mort est un état ou une condition, et non un lieu, quoique parfois il en soit parlé d’une manière imagée, comme d’un lieu, d’une prison d’où tous les prisonniers sortiront au matin de la résurrection. Nous avons trouvé que cet état (ou condition) est dépeint comme un état d’obscurité, de silence, et que les Écritures affirment franchement qu’il n’y a ni connaissance, ni dessein, ni sagesse, ni œuvre, ni malédiction, ni louange de Dieu de la part de quiconque entre dans cet état ou condition d’oubli. Leur seule espérance repose dans le Seigneur, qui, ayant racheté leurs âmes (leurs êtres) de la destruction par le sacrifice de sa propre âme, les délivrera au temps marqué, les rappellera et les fera sortir de l’oubli, avec les corps qu’il lui plaira de leur donner, et les placera dans des conditions plus favorables que celles d’à présent, lorsque sa colère, la malédiction, sera passée et que l’ère millénaire de bénédiction aura été inaugurée.

            Les traducteurs de la Version commune de la Bible anglaise (et ceux, de la plupart de nos versions françaises anciennes — Trad.) et la plupart des commentateurs ont été influencés par des conceptions erronées relatives à la nature de l’homme au temps et au lieu de sa récompense et de sa punition ; ils ont mal compris la condition de l’homme dans l’intervalle provisoire de la mort ; aussi n’est-il pas surprenant qu’ils aient traduit et commenté certains passages des Écritures, selon leurs conceptions personnelles erronées, lesquelles sont à un certain degré des pierres d’achoppement pour ceux qui cherchent la vérité. Il convient donc d’examiner certaines de ces pierres d’achoppement et de les enlever de notre chemin ; mais, comme nous ne devons pas nous écarter de notre sujet proprement dit, nous laisserons de côté ces questions pour les examiner avec d’autres mauvaises interprétations populaires de l’Écriture, dans notre prochain volume d’ÉTUDES BIBLIQUES.

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