. ETUDE VI – BABYLONE DEVANT LA COUR SUPREME. SA CONFUSION DANS LE DOMAINE RELIGIEUX.

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 La véritable Eglise, connue de l’Eternel, n’a point part au Jugement frappant Babylone. — L’état religieux de la chrétienté est aussi lamentable que son état politique — La grande confusion. — C’est au clergé qu’incombe la responsabilité de présenter la défense de la chrétienté — L’esprit de la grande Réformation est mort. — Les chefs religieux et le peuple dans la même situation — Accusations portées. — La défense. — Proposition d’une fédération. — Recherche d’une solution. — Les moyens adoptés. — L’esprit de compromission est général. — Le jugement en action contre les institutions religieuses de la chrétienté.

 « Il lui dit : je te jugerai par ta propre parole, méchant esclave ». — Luc 19 : 22 (D.).

TANDIS que nous examinons ici avec attention le jugement actuel de la grande église prétendue chrétienne (ou église nominale — Trad.), n’oublions pas qu’il existe également une Eglise réelle de Christ, élue, précieuse, consacrée à Dieu et à sa vérité, au milieu d’une génération impie et perverse. Ses membres ne sont pas connus du monde comme un ensemble réuni (« a compact body» — Trad.), mais comme individus, ils sont connus par l’Eternel qui juge non simplement par la vue ou par l’ouïe, mais qui discerne et juge les pensées et les intentions du cœur. Ils peuvent être grandement dispersés, mais qu’ils soient isolés comme « froment » au milieu de l’« ivraie », ou qu’ils soient assemblés avec d’autres, l’œil de Dieu repose toujours sur eux. Eux habitent dans la demeure secrète du Très-Haut (sanctifiés, entièrement mis à part pour Dieu) ; ils reposent à l’ombre du Tout-Puissant, tandis que les jugements de l’Eternel sont appliqués aux grands systèmes religieux qui portent son nom dans l’infidélité (PS. 91 : 1,14-16). Les membres de la classe de l’Eglise réelle n’ont point part au jugement de la grande Babylone, mais après avoir été éclairés, ils ont été appelés à sortir d’elle (Apoc. 18: 4). Cette classe est décrite et reçoit la bénédiction du réconfort dans les Psaumes 91 et 46. Au sein d’un simple formalisme et d’un simulacre de piété, l’œil vigilant de l’Eternel discerne les fidèles et les conduit dans les gras pâturages et près des eaux tranquilles. Il réjouit leur cœur par sa vérité et par son amour. « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim. 2 : 19) ; ils constituent, dans son estimation, l’Eglise réelle, la Sion que l’Eternel a choisie (PS 132 : 13-16), et dont il est écrit : « Sion l’a entendu, et s’est réjouie ; et les filles de Juda se sont égayées à cause de tes jugements, ô Eternel ! » (PS. 97 : 8). L’Eternel les conduira à bon port comme un berger conduit ses brebis. Retenons donc qu’il y a une telle classe, une Eglise réelle, dont chaque membre est connu et aimé de l’Eternel, qu’il nous soit connu ou inconnu. Il faut que ces membres soient ignorés ici-bas, lorsque nous considérons ceux qui prétendent être l’église, et ceux que le monde accepte comme étant l’église, ceux auxquels les prophètes font allusion sous de nombreuses appellations, significatives qui désignent la grande église nominale, déchue de la grâce. Il faut qu’il en soit ainsi également quand nous discernons que le jugement de Dieu la frappe dans cette période de la moisson de l’Age de l’Evangile.

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 S’il est vrai que les pouvoirs civils de la chrétienté sont dans l’anxiété, et que partout se manifeste la détresse des nations, il est non moins certain que la situation religieuse ne présente pas, par contraste, une situation de paix et de sécurité qui puisse apporter l’espoir : le cléricalisme moderne, en effet, comme les nations, est pris au piège dans ses propres filets. Si les nations qui ont semé au vent les semences de l’iniquité, sont sur le point de récolter une abondante moisson dans un tourbillon d’affliction, de son côté la grande église nominale, la chrétienté ecclésiastique, qui a participé aux semailles, aura part aussi à la récolte.

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Depuis longtemps, la grande église nominale a enseigné les préceptes des hommes au lieu des doctrines bibliques ; méprisant dans une grande mesure la Parole de Dieu comme la seule règle de foi et de vie pieuse, elle a annoncé avec audace des doctrines pleines de contradictions et déshonorantes à l’égard de Dieu ; elle a été infidèle en proportion de la vérité qu’elle avait retenue. Elle a manqué de cultiver et de manifester l’esprit de Christ, et elle s’est laissée envahir par l’esprit du monde. Elle a baissé les barrières de la bergerie, invité les boucs et même encouragé les loups à entrer et à accomplir leur mauvais travail.

 Il lui a plu de laisser le diable semer l’ivraie parmi le froment, et maintenant, elle se réjouit du produit de ses semailles, du champ florissant d’ivraie. On apprécie bien peu les comparativement rares épis de « froment » qui restent encore, et l’on ne fait guère d’effort pour empêcher qu’ils soient étouffés par l’« ivraie ». Le « froment » a perdu sa valeur sur les marchés de la chrétienté, et le fidèle enfant de Dieu lui-même, comme le fut son Seigneur, se trouve méprisé et rejeté des hommes, blessé dans la maison de ceux qu’il supposait être ses amis. Des formes de piété ont remplacé sa puissance, et des cérémonies fastueuses supplantent considérablement le culte sincère.

Il y a longtemps, des doctrines opposées ont divisé l’église nominale en de nombreuses sectes antagonistes, chacune prétendant être la seule église réelle que le Seigneur et les Apôtres avaient fondée. Ensemble, elles ont réussi à donner au monde une telle déformation du caractère et du plan de notre Père céleste, que beaucoup de gens intelligents s’en détournent ainsi avec dégoût, méprisent leur Créateur, et même essaient de nier son existence.

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 L’église de Rome, qui prétend être infaillible, déclare que le dessein divin est de vouer au tourment éternel de feu et de soufre tous les « hérétiques » qui rejettent ses doctrines à elle. Pour d’autres, elle fournit un tourment limité appelé Purgatoire duquel on peut sortir grâce à des pénitences, des jeûnes, des prières, des cierges bénits, de l’encens et des « sacrifices » bien payés de la messe. Ainsi met-elle de côté l’efficacité du sacrifice de réconciliation de Christ, et place-t-elle la destinée éternelle de l’homme entre les mains de prêtres rusés qui prétendent de cette manière posséder le pouvoir d’ouvrir le ciel ou de le fermer à celui qui leur plaît. A la puissance vitale de la piété elle substitue une apparence de piété, et dresse des statues et des tableaux pour les faire adorer par ses fidèles, au lieu d’exalter dans le cœur le Dieu invisible et son cher Fils, notre Seigneur et Sauveur. Elle élève aux honneurs une classe de prêtres qui reçoivent l’ordination des hommes pour régner sur l’église, ce qui est contraire aux enseignements de notre Seigneur : « Mais vous, ne soyez pas appelés : Rabbi ; car un seul est votre conducteur [le christ] et vous, vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux» (Matt. 23: 8, 9). En fait, la Papauté présente la contrefaçon la plus complète du vrai christianisme (« Christianifcy » — Trad.), et elle prétend effrontément être la seule vraie église ( »•). (*) Vol. II, chapitre 9 et vol. III, chapitre 3.

Le mouvement de la « Réformation » a éliminé quelques-unes des fausses doctrines de la Papauté et a conduit nombre de personnes hors de ce système inique. Les réformateurs attirèrent l’attention sur la Parole de Dieu et affirmèrent le droit pour chacun de l’étudier en faisant usage de son jugement personnel ; ils reconnurent également et nécessairement que chaque enfant de Dieu a le droit de prêcher la vérité sans l’autorisation du pape et des évêques qui prétendent faussement avoir reçu la succession d’autorité des douze apôtres primitifs. Mais bientôt ce bon travail de protestation contre l’église romaine qui est la contrefaçon antichrétienne et inique de la véritable Eglise, fut neutralisé par l’esprit du monde. Bientôt, les protestants, comme on les appelait, formèrent de nouvelles organisations qui, avec les vérités qu’elles avaient trouvées, perpétuèrent nombre des erreurs anciennes auxquelles elles en ajoutèrent quelques nouvelles, et cependant, chacune d’elle continua à détenir une petite vérité. Il en résulta un mélange hétéroclite de credo en contradiction les uns avec les autres, avec la raison et avec la Parole de Dieu. Et comme l’énergie d’investigation de la période de la Réformation s’éteignit bientôt, ces credo se fossilisèrent rapidement, et sont ainsi demeurés jusqu’à ce jour.

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 On a consacré largement temps et talents pour établir et perpétuer ces systèmes de doctrines erronées qu’on se plaît à appeler «  Theologie systématique ». Ses savants ont écrit de volumineux ouvrages pour que d’autres les étudient au lieu d’étudier la Parole de Dieu ; pour atteindre ce but, on a fondé des séminaires de  Theologie bien dotés d’où sont sortis de jeunes hommes, instruits dans leurs erreurs et qui sont allés les enseigner au peuple et le convaincre. Le peuple, lui, qui a appris à considérer ces hommes comme des ministres désignés par Dieu, comme des successeurs des apôtres, a accepté leurs affirmations sans sonder les Ecritures comme le faisaient les nobles Béréens, au jour de Paul, afin de voir si les choses qu’on leur enseignait étaient bien exactes (Actes 17 : 11).

 Mais, à présent, la moisson de toutes ces semailles est arrivée, le jour de rendre des comptes, et grande est la confusion, la perplexité de l’église nominale tout entière, et particulièrement du clergé ; c’est à lui qu’incombe la responsabilité de diriger la défense dans ce jour de jugement en présence de beaucoup d’accusateurs et de témoins, et, si possible, de trouver quelque remède pour sauver d’une destruction complète ce qu’il considère comme l’église réelle. Cependant, dans leur confusion présente, et dans le désir de toutes les sectes de vivre en bonne harmonie les unes avec les autres par raison de politique, les ecclésiastiques ont presque cessé de considérer leur secte particulière comme la seule vraie église, et parlent des autres sectes comme diverses « branches » de l’unique église, malgré leurs credo contradictoires qui, bien entendu, ne peuvent être tous vrais.

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C’est un fait lamentable, hélas ! que dans cette heure critique, l’esprit salutaire de « La Grande Réformation » soit mort. Le protestantisme n’est plus une protestation contre l’esprit de l’antichrist, ni contre le monde, la chair ou le diable. Ses credo, en guerre avec la Parole de Dieu, avec la raison, et les uns avec les autres, et illogiques avec eux-mêmes, il cherche à les dérober à l’examen public. Ses volumineux ouvrages de  Theologie ne sont que du combustible pour alimenter le feu de ce jour du jugement de la chrétienté. Ses principaux séminaires de  Theologie sont des foyers d’incrédulité répandant la contagion partout. Ses grands hommes tels que ses évêques, ses docteurs en  Theologie, ses professeurs de  Theologie, ainsi que beaucoup de ses ecclésiastiques éminents et influents dans les grandes villes, deviennent les conducteurs d’une incrédulité déguisée. Ils cherchent à saper et à détruire l’autorité et l’inspiration des Ecritures sacrées, à supplanter par la  Theorie humaine de l’évolution, le plan de salut révélé dans la Bible. Les églises protestantes cherchent à s’allier, à imiter l’église de Rome ; elles recherchent ses faveurs, louent ses méthodes, cachent ses crimes, et ce faisant, s’allient avec elle en esprit. Elles agissent également de plus en plus en étroite conformité avec l’esprit du monde en toutes choses, imitant sa vaine pompe et sa vaine gloire auxquelles elles prétendent avoir renoncé. Remarquez l’ostentation extravagante dans l’architecture des églises, dans leurs décorations, dans leur ameublement ; tout ceci a conduit ces églises à contracter de grosses dettes, c’est pourquoi elles ont constamment recours à la mendicité et à tout autre moyen pour se procurer l’argent ainsi nécessaire.

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Une remarquable déviation dans ce sens, ce fut dans l’église méthodiste de l’Avenue Lindell à Saint-Louis (Mo.), l’introduction d’une œuvre d’art représentant « la nativité » par R. Bringhurst. Elle est sculptée dans un bas relief au-dessus de l’autel, du grand orgue et de la tribune du chœur. L’oeuvre d’art forme un arc de quarante-six pieds de long [14- m environ — Trad.] sur cinquante de haut [15,24 m environ — Trad.], et chaque personnage est de grandeur naturelle. Au point le plus élevé de l’arc se trouve le personnage de la Vierge, se tenant droit avec l’enfant Jésus dans ses bras. Prenant leur vol à partir de ces deux personnages, deux autres montrent des séraphins avec des trompettes, proclamant le couronnement. De chaque côté de l’arc, une multitude d’anges montent toutes ailes déployées et adorent. A chaque pied de l’arc se trouve un personnage représentant un ange tenant un rouleau orné de guirlandes ; celui de gauche porte l’inscription : « Paix sur la terre », et celui de droite : « Bonne volonté aux hommes ». Pour ajouter plus d’effet, le bas-relief est monté sur un ébrasement à un angle de 45° incliné vers la congrégation, de façon à mettre en un relief plus vigoureux la partie élevée de l’étude et augmenter les ombres en proportion.

 Quelle approbation n’y voyons-nous pas, non seulement de l’esprit d’ostentation extravagante, mais également du culte des idoles de l’église de Rome ! Notez aussi que certaines églises disposent de salles de billard ; certains ministres sont même allés au point de recommander l’introduction de vins légers, et dans certaines localités, on autorise généreusement des représentations de comédies de salon, et des jeux.

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 Dans bien des cas, les ouailles sont devenues les instruments dociles du clergé, et à son tour, celui-ci s’est généreusement Inspiré des goûts et des préférences des paroissiens mondains et influents. Les gens ont abandonné leur droit et leur devoir d’user de leur jugement personnel ; ils ont cessé de sonder les Ecritures pour établir ce qui est vérité, et de méditer sur la loi de Dieu pour discerner ce qui est droit. Ils sont indifférents, mondains, amis du plaisir plus que de Dieu : ils sont aveuglés par le dieu de ce monde et prêts à être conduits dans n’importe quel système qui sert leurs ambitions et désirs mondains actuels. De son côté, le clergé encourage cet esprit et se prête à lui pour conserver ses avantages temporels personnels. Si, en effet, ces organisations religieuses venaient à sombrer, les positions et les revenus, le prestige et les honneurs du clergé enflé d’orgueil s’effondreraient avec elles. C’est pourquoi il est aussi soucieux de perpétuer les institutions du christianisme nominal maintenant, que l’étaient les Scribes et les Pharisiens et les Docteurs de la Loi de perpétuer le judaïsme, et cela pour les mêmes raisons (Jean 11 : 47, 48, 53 ; Actes 4 : 15-18). A cause de leurs préjugés et de leurs ambitions mondaines, des chrétiens sont aussi aveuglés quant à la lumière de la nouvelle dispensation qui point, que l’étaient les Juifs au premier avènement du Seigneur quant à la lumière de la dispensation évangélique qui pointait alors.

ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE LE CLÉRICALISME

 Les accusations portées contre l’église chrétienne de nom sont les sentiments du monde et des Chrétiens qui s’éveillent, à la fois au sein de Babylone et au-delà de ses limites territoriales. Soudainement, au cours des cinq dernières années surtout, l’attention du monde entier s’est portée sur la prétendue église chrétienne mise bien en vue pour la critique. Cette critique est si prédominante que nul ne peut manquer de l’entendre ; elle est dans l’air même ; on l’entend dans les conversations privées, dans les rues, dans les trains, dans les ateliers et dans les magasins ; elle inonde le monde par la presse quotidienne, elle est un sujet vivant dans tous les journaux les plus importants, profanes ou religieux. Les chefs de l’église reconnaissent bien que cette critique générale ne signifie rien de bon pour ses institutions, et ils sentent la nécessité de la combattre promptement et sagement (selon leurs propres idées), s’ils veulent préserver leurs institutions du danger qui les menace.

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 L’église chrétienne de nom est accusée (1) d’être en contradiction avec elle-même. Le monde même remarque la différence considérable qui existe entre ce qu’elle prétend être son modèle de doctrine, la Bible, et ses credo à elle qui sont en contradiction avec la Bible, et à beaucoup d’égards, absurdes. La doctrine blasphématoire du tourment éternel est repoussée avec mépris et ne peut plus désormais servir à faire entrer les hommes dans l’église par la crainte ; il y a quelque temps, la secte presbytérienne et d’autres sectes calvinistes se sont trouvées dans une véritable tempête de critiques de leurs vénérables credo, et sont terriblement ébranlées. En raison des longues discussions sur le sujet et les tentatives désespérées de la part du clergé pour se défendre, tout le monde est au courant. Il est tout à fait évident que la tâche de la défense est des plus fastidieuses, et qu’elle serait heureuse de s’en débarrasser, mais le clergé ne peut l’éviter et doit assumer cette défense le mieux qu’il peut. Le Rév. T. De Witt Talmage s’est fait l’écho des sentiments qui prévalent parmi ce clergé, disant :

 « J’aurais souhaité que cette malheureuse controverse au sujet de la confession de foi n’ait pas été imposée à l’église, mais puisqu’il en est ainsi maintenant, je dis « Finissons-en, et ayons un credo nouveau », A une autre occasion, le même monsieur dit :

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 « Je déclare, une fois pour toutes, que toute cette controverse à travers la chrétienté est diabolique et satanique.

 Une tentative des plus diaboliques se poursuit pour diviser l’église ; si on ne l’arrête pas, il s’ensuivra pour la Bible un mépris égal à celui qu’on a pour un almanach de 1828 qui dit ce qu’était le temps six mois auparavant et dans quel quartier de la lune il vaut mieux semer des navets. « Quelle position prendrons-nous face à ces controverses ? Restons à l’écart. Pendant que ces tumultes religieux sont au loin, restez chez vous et vaquez à vos occupations. Voyons ! Comment voulez-vous qu’un homme qui ne mesure que cinq ou six pieds [1,52 m à 1,82 m — Trad.] puisse passer à gué à travers un océan de mille pieds [300 m environ — Trad.] de profondeur ?… Les jeunes gens qui entrent maintenant dans le ministère sont lancés dans la brume la plus épaisse qui ait jamais couvert une côte. Les questions que les docteurs (en  Theologie) essaient de trancher ne le seront qu’au jour qui suivra le jour du jugement ».

Cela est très vrai ; le jour après ce jour du jugement verra toutes ces questions perplexes résolues, et la vérité et la droiture établies sur la terre.

 Le caractère fastidieux de la tâche de la défense et la crainte de l’issue de la controverse furent également exprimées avec beaucoup de force dans ‘une résolution des membres du clergé presbytérien réunis à Chicago, peu de temps après que vinrent les convocations au jugement. Voici la résolution :

« Décidons : Que nous considérons avec tristesse les controverses qui troublent notre église bien-aimée comme nuisibles à sa réputation, à son influence et à son utilité ; que si elles continuent, elles peuvent provoquer un désastre, non seulement pour l’œuvre de notre église, mais pour notre christianisme commun. Nous conseillons donc ardemment à nos frères, que d’une part, ils évitent d’appliquer de nouvelles épreuves d’orthodoxie, l’emploi rude de la force et la répression d’une recherche honnête et pieuse de la vérité, et que, d’autre part, nous conseillons instamment a nos frères de ne pas imposer à l’église des  Theories non vérifiées, d’éviter les questions de discussion douteuse, et en particulier là où elles ont, ou, dans certaines circonstances pourraient avoir une tendance à ébranler la foi de ceux qui ne sont pas versés dans les Saintes Ecritures. Par égard pour notre église et pour tous ses précieux intérêts et ses activités, nous sollicitons ardemment une trêve et la cessation du litige ecclésiastique ».

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  The Presbyteran Banner a publié également l’allusion suivante qu’elle y fait avec tristesse, et qui contient quelques aveux remarquables de la condition maladive de l’église presbytérienne. On lit :

 « Un tapage ou une alerte dans un hôpital ou dans un asile pourrait se prouver funeste à quelques-uns de ses pensionnaires. Dans une institution charitable, un monsieur d’un certain âge s’amusa quelque temps à battre le tambour avant le lever du soleil. En fin de compte, les autorités prièrent ce « charmant frère » d’emmener son instrument à une distance respectueuse. Ceci explique pourquoi des pasteurs sérieux s’alarment lorsque des troubles s’élèvent dans l’église. L’église est comme un hôpital où sont assemblés des malades du péché qui, dans un sens spirituel, sont fiévreux, lépreux, paralytiques, blessés et à demi-morts. Un trouble, tel que la cruelle confusion actuelle qui règne dans certains séminaires de  Theologie, pourrait détruire certaines âmes qui traversent actuellement une crise. Le Prof. Briggs voudrait-il marcher doucement et retirer son tambour ? ».

L’église nominale est accusée (2) de manquer grandement de piété et de sainteté qu’elle prétend avoir, bien qu’on admette que quelques âmes vraiment pieuses se trouvent encore ici et là parmi les humbles. En vérité, le simulacre et l’hypocrisie s’imposent, et la richesse et l’arrogance montrent assez que les pauvres ne sont pas les bienvenus dans les temples terrestres érigés au nom de Christ. Les masses l’ont compris et ont examiné dans leurs Bibles pour voir si tel était l’esprit du grand Fondateur de l’église ; et là elles ont appris que l’une des preuves qu’il donna de sa qualité de Messie était que « l’évangile était annoncé aux pauvres » et qu’il dit à ses disciples : « Les pauvres, vous les avez toujours avec vous », et qu’ils ne devaient avoir aucune préférence pour l’homme ayant un anneau d’or au doigt et revêtu de beaux vêtements, etc.

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Elles ont aussi trouvé la règle d’or et elles l’ont appliquée à la conduite de l’église, collectivement et individuellement. Ainsi, à la lumière de la Bible, elles concluent rapidement que l’église est déchue de la grâce. La conclusion est si manifeste que ses défenseurs se trouvent couverts de confusion.

L’église nominale est accusée (3) de manquer d’accomplir ce qu’elle a prétendu être sa mission, savoir : convertir le monde au christianisme. Comment le monde a-t-il découvert que le moment est arrivé où le travail de l’église devrait montrer quelques signes d’achèvement ? Cela paraît inexplicable ; néanmoins, de même qu’à la fin de l’Age judaïque tous les hommes étaient dans l’attente de quelque grand changement qui devait s’accomplir (Luc 3 : 15), ainsi, maintenant, à la fin de l’Age de l’Evangile, tous les hommes sont dans une attente semblable. Ils se rendent compte que nous sommes dans une période de transition, et que l’horoscope du 20° siècle est rempli de terreurs et d’avertissements de grands changements révolutionnaires. L’inquiétude actuelle a été exprimée avec force par l’Hon. Henry Grady, dans un éloquent discours devant les sociétés de l’Université à Charlottesville (Va.).

 Voici ce qu’il déclara : « Nous sommes au point du jour… Les étoiles fixes disparaissent insensiblement du ciel et nous marchons à tâtons dans une lumière incertaine. Avec la nuit sont venues des formes étranges. Des chemins anciens se sont évanouis, des routes nouvelles égarent, et des champs qui s’élargissent s’étendent à perte de vue. L’agitation de l’aube nous fait marcher de long en large, mais le doute s’étend au sein de la confusion, et même sur les sentiers battus, des foules mouvantes sont arrêtées, et à travers des ténèbres les sentinelles crient : « Qui va là ? ». Dans l’obscurité du matin, des forces terribles sont à l’œuvre. Rien n’est ferme ou approuvé. Les miracles du présent démentent les simples vérités du passé. L’église est assiégée au-dehors et trahie au-dedans. A l’arrière-plan des tribunaux se consume la torche de l’émeutier et se dessine la potence des anarchistes. Le gouvernement est l’enjeu des partisans et la proie des pilleurs. Le négoce est inquiet sous l’étreinte du monopole, et le commerce enchaîné par la limitation. Les villes sont surpeuplées et les campagnes sont désertées. La splendeur rayonne du château et la misère se tapit dans la chaumière. La fraternité universelle disparaît, et le peuple se divise en classes sociales. Le « sifflet » désapprobateur du nihiliste inquiète les bien-nantis, et le grondement de la populace se fait entendre en public ».

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Il est impossible à l’église de nier que la tin de l’Age est arrivée, le jour du règlement des comptes, car, qu’elle discerne ou non le temps à la lumière de la prophétie, les faits du jugement lui sont imposés, et le résultat en sera discerné avant la fin de cette période de la moisson.

 LE MONDE ECCLÉSIASTIQUE PREND POSITION ET INDIRECTEMENT REND LES COMPTES DE L’ÉGLISE

 L’église sait que les yeux du monde entier sont tournés vers elle, que d’une manière ou d’une autre, on a découvert que, si sa mission a été comme elle l’a prétendu,, de convertir le monde, le temps était venu où ce travail devrait être sinon complètement achevé, du moins sur le point de l’être, et qu’en somme, en dépit de ses déclarations publiques, elle diffère bien peu du monde.

 Ayant considéré que telle est sa mission actuelle, elle a perdu de vue le véritable dessein de cet Age de l’Evangile, à savoir : « prêcher cet évangile du royaume dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations », aider à proclamer l’appel et à assister à la préparation d’un « petit troupeau » qui constituera (avec le Seigneur) ce Royaume millénaire lequel bénira alors toutes les familles de la terre (Matt. 24 : 14 ; Actes 15 : 14-17). Elle est placée devant le fait qu’après dix-huit siècles, elle est plus éloignée des résultats (que ses prétentions exigeraient qu’elle eût obtenus) qu’elle ne l’était à la fin du premier siècle. En conséquence, des justifications, des excuses, une vérification des calculs et de nouveaux calculs, le rétablissement des faits, des prédictions extravagantes de grandes réalisations dans un très proche avenir, sont maintenant à l’ordre du jour. C’est ainsi que, forcée par l’esprit de curiosité et par le désir de vérifier les faits qui caractérisent les temps actuels, elle essaie de se défendre devant ses nombreux accusateurs.

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Pour relever l’accusation qui lui est faite d’avoir une doctrine incompatible avec le modèle qu’elle reconnaît, la Bible, nous la voyons grandement perplexe, car elle ne peut nier que ses credo se contredisent. Aussi a-t-elle recours à diverses méthodes que les gens réfléchis ne sont pas lents à discerner comme étant la preuve de sa grande confusion. Toutes les dénominations se cramponnent aux anciens credo parce que ce sont là les cordes par lesquelles elles ont été liées ensemble en organisations distinctes. Les détruire soudainement serait dissoudre les organisations. Cependant, le clergé tout spécialement s’abstient le plus possible d’en parler, car il en est profondément honteux à la lumière pénétrante de ce jour de jugement.

 Il en est certains qui sont si honteux de ces credo que, oubliant leur prudence mondaine, ils préfèrent les rejeter tous. D’autres sont plus conservateurs, et pensent qu’il est plus prudent de les abandonner graduellement et de les remplacer petit à petit par de nouvelles doctrines, pour amender, réviser, etc. Chacun connaît les longues discussions qui ont lieu sur la révision des credo presbytériens ; on connaît aussi les tentatives de la prétendue « haute-critique » pour saper l’autorité et l’inspiration des Ecritures sacrées, et pour suggérer une inspiration du vingtième siècle et une  Theorie d’évolution totalement subversive du divin plan de salut concernant la chute d’Adam que la Bible affirme, mais qu’eux rejettent. En outre, il se trouve une autre classe de nombreux membres du clergé qui favorisent une  Theologie éclectique ou de compromis, nécessairement très sommaire et très libérale, son objet étant d’écarter toutes les objections de tous les bigots, chrétiens et païens, et si possible, de « les amener tous dans un seul camp » selon l’expression de certains. Bon nombre de gens d’église se vantent des grandes choses qui sont sur le point de s’accomplir grâce aux moyens mis récemment en œuvre, l’idée motrice étant l’union ou la coopération des chrétiens. Lorsqu’une telle union sera obtenue (et on nous assure qu’elle aura lieu sous peu), alors la conversion du monde au christianisme, suppose-t-on, s’ensuivra rapidement.

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 L’église, accusée de manquer de piété et de vie pieuse, fait également étalage d’« œuvres merveilleuses et nombreuses » qui font souvent penser aux paroles de reproche du Seigneur rapportées en Matt. 7 : 22, 23. Mais ces vanteries servent bien peu les intérêts de Babylone, car l’absence de l’esprit de la loi d’amour de Dieu en elle, est hélas ! trop douloureusement manifeste pour être cachée. A tout prendre, la défense, présentée par l’église déchue, ne rend que plus visible la condition déplorable dans laquelle elle se trouve. Si ce grand système ecclésiastique [« ecclesiasticism » — Trad.] était réellement la véritable Eglise de Dieu, combien il serait évident que Dieu aurait échoué dans son plan qui est de se choisir un peuple pour son nom !

Cependant, tandis que l’église présente ces diverses excuses, apologies, promesses et vanteries, ses conducteurs se rendent très clairement compte qu’elles ne serviront plus longtemps à la préserver dans sa condition actuelle de division, de trouble et de confusion. Ils discernent qu’il s’ensuivra sous peu la désagrégation et la destruction à moins qu’un puissant effort puisse unir ses sectes et ainsi, lui donner non seulement une meilleure position devant le monde, mais aussi une puissance accrue pour renforcer son autorité. C’est pourquoi nous entendons beaucoup parler d’union chrétienne et chaque pas dans cette direction est proclamé comme étant la preuve d’accroissement dans l’esprit d’amour et de communion chrétienne. Cependant, le mouvement n’est pas suscité par un amour et une communion chrétienne croissants, mais par la peur. La tempête d’indignation et de colère qui a été prédite s’approche rapidement, et les diverses sectes doutent sérieusement de pouvoir résister seules au choc de cette tempête. C’est pourquoi toutes les sectes plaident l’union mais la réalisation de cette union est le problème angoissant a cause de leurs credo opposés les uns aux autres. Diverses méthodes sont suggérées. L’une consiste à s’efforcer d’unir les sectes qui ont à peu près la même doctrine, comme par exemple, les diverses branches des mêmes familles presbytérienne, baptiste, méthodiste, catholique, etc., en vue de la plus grande union proposée. Une autre méthode consiste à cultiver chez les gens un désir d’union, et une disposition à négliger la doctrine, et à offrir une généreuse communion à tous ceux qui ont de bonnes dispositions morales et à rechercher leur coopération dans ce qu’ils appellent l’œuvre chrétienne… Un tel sentiment trouve ses plus ardents soutiens parmi les jeunes et les personnes d’âge mûr.

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Ces dernières années, la tendance d’ignorer nombre des doctrines controversées du passé a aidé à développer dans l’église une classe de jeunes gens qui représentent bien le sentiment d’« union » de la chrétienté. Ignorant les luttes sectaires du passé, ils ne sont pas travaillés par la confusion qui règne parmi leurs aînés concernant la prédestination, l’élection, la grâce libre, etc. Mais ils reçoivent encore, dès leur enfance (en héritage de Rome et des Siècles de ténèbres), l’enseignement de la doctrine néfaste du tourment éternel pour tous ceux qui n’entendent et n’acceptent pas l’évangile dans l’Age présent, et de celle suivant laquelle la mission de l’évangile serait de convertir le monde dans l’Age présent, et de cette manière de le sauver de ce tourment. Tous ceux-là sont groupés sous diverses appellations : Unions chrétiennes de jeunes gens, Sociétés chrétiennes d’encouragement, Ligues d’Epworth, Filles du Roi et Armées du Salut. Beaucoup d’entre eux ont vraiment « un zèle pour Dieu », mais non selon la connaissance ». — Rom. 10 : 2.

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 Conformément à leurs conceptions erronées et non scripturales, ils projettent qu’un « relèvement social du monde » ait lieu immédiatement. Il est louable que leurs efforts soient faits non pour le mal, mais pour le bien. Leur grande erreur est de poursuivre leurs propres plans ; ceux-ci, aussi bienveillants et sages puissent-ils être dans l’estimation humaine, sont de toute nécessité inférieurs à la sagesse divine et au plan divin qui, seul, sera couronné de succès. Tous les autres plans sont voués à l’échec. Ce serait grandement à la bénédiction des vrais sincères parmi eux s’ils pouvaient discerner le plan divin, savoir : la sélection (« élection ») actuelle d’un « petit troupeau » sanctifié, et bientôt, du relèvement du monde par les membres de ce petit troupeau lorsqu’ils seront au complet (*) (•) Ecrit en 1897 — Trad.] et souverainement exaltés, régnant avec Christ comme ses coéritiers du Royaume millénaire. S’ils pouvaient discerner cela, l’effet en serait ou en devrait être la sanctification de tous les sincères parmi eux (une faible minorité naturellement), car la majorité de ceux qui se joignent à ces sociétés, le font évidemment pour diverses raisons autres qu’une entière consécration et dévotion à Dieu et à son service, « jusqu’à la mort même ». Ces jeunes gens chrétiens qui n’ont pas reçu les leçons de l’histoire de l’église et qui ignorent les doctrines, deviennent facilement partisans de l’« Union ». Ils concluent que « dans le passé, ce sont les doctrines qui ont causé des divisions ! Obtenons donc l’union et laissons de côté les doctrines ! ». Ils n’arrivent pas à apprécier le fait que dans le passé tous les chrétiens étaient aussi en souci d’obtenir l’union que le sont les gens de nos jours, mais ils la voulaient basée sur la vérité ou sinon pas du tout.

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Leur règle de conduite fut : « Combattez pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints », « N’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les aussi» (Jude 3 ; Eph. 5 : 11). Beaucoup de gens, aujourd’hui, n’arrivent pas à discerner que certaines doctrines sont de toute importance pour une vraie union parmi de vrais chrétiens, une union agréable à Dieu, et que la faute du passé fut que les chrétiens avaient trop de préjugés favorables touchant leurs propres credo humains pour pouvoir les éprouver et les corriger, ainsi que toutes les doctrines, avec la Parole de Dieu.

 C’est pourquoi l’union, la fédération proposée et recherchée, ignorant la doctrine biblique, mais tenant ferme aux doctrines humaines concernant le tourment éternel, l’immortalité naturelle, etc., et dominée simplement par un jugement humain quant à l’objet et aux méthodes, est la chose la plus dangereuse qui pourrait arriver. Il est certain qu’elle tomberait dans une erreur extrême, parce qu’elle rejette les « doctrines de Christ» et « la sagesse qui vient d’en-haut » pour se reposer sur la sagesse de ses propres sages, laquelle est folie lorsqu’elle s’oppose aux méthodes et conseils divins. « La sagesse de ses sages périra ». — Es. 29 : 14.

Ensuite, il y a aussi de nombreuses idées qui sont avancées par des membres progressifs (?) du clergé et autres quant à ce que devraient être le caractère et la mission de l’église dans le proche avenir. Ils proposent d’abaisser l’église, davantage encore qu’elle ne l’est maintenant, au niveau des idées du monde. Son œuvre, paraît-il, est d’introduire en elle le monde non régénéré pour s’assurer ainsi un patronage financier libéral ; pour y parvenir, il est nécessaire d’introduire toutes sortes de divertissements. Quel est le vrai chrétien qui n’a pas été choqué en observant dans son pays les tendances dans cette direction ou en prenant connaissance par la lecture de celles d’ailleurs ?

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 Quelle meilleure preuve pourrions-nous avoir du déclin de la vraie piété que ce qui suit, écrit par un membre du clergé méthodiste et publié dans un journal méthodiste — «  The Northwestern Christian Advocate — et intitulé par le Rédacteur en Chef « Satire amicale sur l’état actuel de l’église méthodiste ». Ce titre à lui seul reconnaît l’état de choses existant. Que ce soit d’ailleurs une approbation ou une satire, cela n’a pas d’importance, les faits sont les faits, quels que soient les informateurs, mais ils sont plus convaincants encore lorsqu’ils sont une sorte de confession faite par un ministre directement intéressé et qui les relate dans le journal de sa propre église. Nous reproduirons en entier cet article dans lequel nous avons souligné certaines parties en italiques :

« QUELQUES ASPECTS DU MÉTHODISME AMÉRICAIN »

 « Le réveil religieux du dix-huitième siècle, sous la direction des Wesleys et de Whitefield, purifia le caractère moral de la race anglo-saxonne ; de nouvelles forces furent mises en action pour l’élévation de ceux qui n’avaient pas encore reçu l’Evangile. Des historiens laïques, anglais et américains, furent unanimes à mettre au crédit du mouvement créé par ces hommes remarquables, presque toute l’organisation de l’église moderne et la déclaration actuelle de la doctrine qui tend à répandre et à implanter notre civilisation. La doctrine du « libre arbitre », prêchée par ces hommes et par leurs successeurs, a été, avec l’évolution des expériences modernes dans les gouvernements du monde, l’un des dogmes les plus populaires qui ait occupé l’esprit humain. Cette doctrine se répandit d’une manière toute particulière parmi nos ancêtres américains. Rejetant le joug des rois, et écœurés d’une église nationalisée et dominée par des prêtres, rien ne pouvait mieux les réjouir, et être en harmonie avec leurs aspirations politiques que la doctrine qui proclame que tout homme est libre de faire sa propre destinée, bonne ou mauvaise, ici-bas et dans l’au-delà.

 « La doctrine de la « nouvelle naissance », sur laquelle les méthodistes insistaient, et que Whitefield prêcha dans la Nouvelle Angleterre, produisit l’effet d’une histoire récente et inouïe. Les effets de cette doctrine furent tels que les mondains et même les irréligieux les prirent en considération en les approuvant. En effet, cette doctrine exigeait non seulement un « changement de cœur », mais aussi un changement dans la vie quotidienne tel, qu’un méthodiste se distinguait facilement d’un homme du monde par sa conduite. Le grand dessein pour lequel l’église existait était de « répandre la sainteté dans ces pays». Telle était la devise sur sa bannière, et avec ce cri de guerre, elle vainquit.

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« Une autre raison qui explique le succès phénoménal du Méthodisme dans ce pays est le fait que le commun peuple était accueilli avec plaisir à son service simple et populaire. Il n’y a que ceux qui n’ont pas été familiarisés avec les rites qui peuvent apprécier ce fait apparemment insignifiant mais en réalité très important. Savoir que vous pouvez entrer dans une église où vous pouvez prendre part au service sans risquer de montrer votre ignorance des formes et des cérémonies est de la plus grande importance si vous n’avez aucun désir de vous mettre en évidence. Ainsi, le service simple, naturel, de l’église méthodiste américaine primitive convenait-il exactement aux gens qui n’avaient que depuis peu abandonné la pompe des religions du Vieux Monde. Les manches de linon les chapeaux saints, les diadèmes, les couronnes et les robes répugnaient à leurs goûts rustiques et simples. La religion qui leur enseignait qu’ils pouvaient adresser leurs prières au Tout-Puissant sans un intermédiaire d’aucune sorte, faisait ressortir la dignité et la grandeur de leur nature humaine et plaisait à leur amour de l’indépendance.

« Les remarquables triomphes de cette église peuvent également être attribués en partie au fait qu’elle n’avait pas en ce temps-là déposé le fouet à petites cordes du Maître. Dans ces premiers jours, il y avait de temps en temps une purification de l’église des fourbes et des indignes, purification qui avait un effet des plus salutaires, non seulement sur l’église elle-même, mais également sur la collectivité environnante. Après les orages qui accompagnaient souvent « l’expulsion » des sans foi, l’atmosphère morale du voisinage tout entier était purifiée, et même les moqueurs se rendaient compte que faire partie de l’église signifiait quelque chose.

 « Un facteur qui aidait aussi au succès dont je viens de faire état était le caractère purement itinérant du ministère alors accordé. Sans aucun doute, il y eut à cette époque des héros et des géants moraux. L’influence d’un homme vigoureux, courageux, possédé par l’idée qu’ici-bas il n’avait pas de « cité permanente », ne prévoyant rien pour ses vieux jours, n’exigeant aucun contrat pour s’assurer son soutien ou salaire, se refusant à lui-même les choses mêmes que les gens étaient des plus avides à obtenir, enflammé d’un zèle qui devait bientôt le consumer, une telle influence devait être durable et bienfaisante partout où elle s’exerçait.

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« Le chant, du temps des premiers méthodistes, joua un grand rôle dans l’acquisition par cette église d’une position éminente, dans ce pays. Des paroles graves, impressionnantes, pleines de doctrines, jointes à des mélodies qui existent encore et prévalent, exerçaient non seulement une grande attraction musicale, mais renfermaient un enseignement  Theologique ; les gens, quelque rudes qu’ils aient pu être, étaient ainsi endoctrinés dans les principaux dogmes de l’église. Une vérité chantée dans l’âme d’un enfant ou d’un homme y demeure avec une puissance bien plus grande que celle qu’on peut trouver dans n’importe quelle méthode d’instruction de Kindergarten ou de Quincy. C’est ainsi que, sans discussion, les doctrines étaient fixées dans l’esprit des enfants ou des convertis, si bien qu’aucune controverse subséquente ne pouvait les ébranler. Il nous reste maintenant à montrer que

 « CES ELEMENTS DE SUCCES SONT MAINTENANT SURANNES ET QU’UNE NOUVELLE METHODE MIEUX APPROPRIEE A ETE ADOPTEE DANS L’EGLISE EPISCOPALE METHODISTE.

 « Je ne veux pas jouer le rôle d’un vantard, mais plutôt celui d’un annaliste de faits publics, un narrateur de l’histoire récente. En ce qui concerne la règle de doctrine, il n’y a aucun changement dans la position soutenue par l’église, mais la manière d’agir et l’esprit qui prévalent dans presque toutes ses affaires montrent tout de suite les progrès réalisés et les innovations qui apportent la lumière. Le caractère et la condition de cette puissante église sont changés à tel point que tous ceux qui se soucient de la prospérité spirituelle de l’Amérique doivent étudier ce changement avec un profond intérêt.

 « La doctrine de la « nouvelle naissance » (« vous devez naître de nouveau ») reste la même, mais le progrès moderne a éloigné le rigorisme d’autrefois qui empêchait beaucoup de bonnes gens d’entrer dans cette église parce qu’elles ne pouvaient pas accepter cette doctrine et parce qu’elles n’avaient jamais eu ce qu’on appelait alors une « religion expérimentale ». De nos jours, par contre, universalistes et unitaires sont souvent en parfaite communion et accomplissent bravement leur devoir. « Les ministres d’aujourd’hui, raffinés et cultivés comme ils le sont dans les églises importantes, sont trop bien élevés pour insister sur la « sainteté » de la façon dont les pères comprenaient cette grâce ; au lieu de cela, ils prêchent cette sainteté plus large qui ne pense mal de personne, pas même d’un homme qui n’est pas entièrement sanctifié. Celui qui épouserait cette doctrine du chemin étroit d’autrefois, ne serait pas bien vu actuellement dans les cercles de Chautauqua et dans les associations d’Epworth.

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« Le culte simple d’autrefois subsiste encore parmi les populations rurales ; dans les centres urbains et cultivés, par contre, on a le goût de la belle musique, de l’art et de la littérature ; dans bien des cas, un rituel élégant a remplacé les prières spontanées • et les invocations bruyantes qui caractérisèrent jadis les ancêtres. Contester la valeur de telles améliorations équivaudrait à mettre en doute la supériorité de la culture sur la grossièreté et le manque d’éducation.

« Dans ses débuts, l’église fut sans doute sage d’être aussi stricte que l’étaient alors ses conducteurs. Il n’y avait pas grand-chose à perdre en ce temps-là. De nos jours, par contre, des hommes sages, discrets et prudents, refusent avec raison de compromettre la prospérité d’une église riche et influente en administrant d’une manière bigote et rigoureuse les affaires de l’église, ce qui indisposerait les riches et les intellectuels. Si les gens ne sont pas flexibles, l’évangile l’est sûrement. L’église a été faite pour sauver les hommes, et non pour les chasser et les décourager. Aussi, nos idées plus larges et modernes ont-elles fait déborder et jaillir la notion étriquée et égoïste que nous sommes meilleurs que d’autres gens lesquels devraient être exclus de notre communion.

 « L’agape fraternelle avec ses préjugés dogmatiques, et la réunion de la classe qui, pour beaucoup d’esprits était presque aussi mauvaise que le confessionnal, ont été grandement abandonnées en faveur des associations d’Epworth et des sociétés d’encouragement.

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 « De nos jours, plus qu’à aucun autre moment de l’histoire de l’église, les distingués ministres de culte se conforment à l’injonction du Maître d’être « prudents comme des serpents et simples comme des colombes ». Lequel d’entre eux commettrait l’absurdité des prédicateurs d’antan de dire au membre officiel le plus riche de son église qui roule sur l’or, de vendre tout ce qu’il a pour Dieu et pour l’humanité, de prendre sa croix et de suivre Christ ? Celui-là (je veux dire le ministre) pourrait s’en aller en pleurant.

« Alors que l’évolution est la loi, et le progrès le mot d’ordre, on doit toujours déplorer l’imprudence et l’extrémisme, mais le ministre moderne est rarement coupable de l’une ou de l’autre. Le prédicateur rigoureux, rude qui, autrefois, accusait le Dieu d’amour d’être courroucé a disparu pour faire place à son successeur, lequel soigne son style, a une diction élégante, et dont les pensées, les sensations et les sentiments sont poétiques et inoffensifs.

 « Le « temps-limite » durant lequel un ministre peut demeurer dans la même charge pendant cinq années, sera abandonné en 1896 à la prochaine Conférence générale. Au début, il ne pouvait servir que six mois dans la même charge, puis la durée fut étendue à une année, puis à deux, puis à trois, et dernièrement à cinq. Mais à présent, les milieux dirigeants et cultivés de l’église estiment que si son prestige social et sa prospérité doivent faire bonne figure en comparaison avec les autres églises, ses pasteurs doivent avoir une situation stable, afin que ses habiles prédicateurs puissent devenir les éléments directeurs de cercles sociaux et littéraires. Il faut en effet se souvenir que le rôle du prédicateur n’est plus aujourd’hui ce qu’il était souvent, savoir, de tenir d’ennuyeuses réunions et d’être un évangéliste. Personne ne comprend mieux cela que les prédicateurs eux-mêmes. Ceux qui, dans le passé, lancèrent les grands revivais ou réveils religieux, étaient un genre de prédicateurs très à la mode dans les églises, et chaque année, ils avaient l’habitude de présenter le nombre de conversions opérées au cours de l’année. De nos jours, cependant, laïques et ecclésiastiques ont des idées différentes, moins excentriques. Les églises plus importantes veulent des pasteurs qui aient le sens de l’esthétique, qui sachent aussi détourner les coups du scepticisme moderne et attirer dans l’église les classes intellectuelles et distinguées. Lors de la conférence annuelle où le prédicateur présente un rapport général, ce qui en fait l’objet essentiel c’est le produit de ses collectes missionnaires. Le prédicateur méthodiste moderne a des talents remarquables pour recueillir l’argent ; il sait pénétrer au fond du cœur de ses paroissiens par des méthodes beaucoup mieux appropriées que les exhortations et les appels d’autrefois.

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 « Quelle grande leçon ont bien apprise ces dirigeants de la pensée chrétienne, à savoir que l’évangile ne doit jamais froisser le goût des gens cultivés et distingués. Si une église sait se conformer aux exigences de l’époque avec toute la souplesse voulue, elle voit s’ouvrir devant elle toutes grandes, les portes de la prospérité future qui l’accueille à bras ouverts. La devise la mieux appropriée pour une église n’est-elle pas celle qui fut chantée par les anges messagers : « Paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes » ? év. Chas. A. Crâne ».

 Ce qui suit, de la plume de l’évêque R. S. Foster, de l’église méthodiste épiscopale, est un extrait du journal « Gospel Trumpet ». Il donne le même témoignage, bien qu’en des termes différents. Certains de ses paroissiens trouvèrent peut-être ces vérités un peu trop franches, car depuis lors, l’évêque a été mis à la retraite, malgré lui et malgré ses larmes.

DÉCLARATION DE L’ÉVÊQUE FOSTER :

« L’église de Dieu, aujourd’hui, courtise le monde. Ses membres essaient de la faire descendre au niveau des impies. Le bal, le  Theâtre, le nu et la lubricité dans l’art, le luxe social avec son relâchement moral, tout ceci s’est frayé un chemin, a pénétré dans l’enceinte secrète de l’église. Pour compenser toute cette mondanité, les chrétiens déploient une grande activité pendant le Carême, Pâques et le Vendredi-saint et dans la décoration de l’église. C’est la vieille astuce de Satan. L’église judaïque a heurté contre ce roc ; l’église romaine a fait naufrage sur le même roc, et l’église protestante ne va pas tarder à subir le même sort.

 « Tels que nous les discernons, les grands dangers que nous courons sont : l’assimilation au monde, l’oubli des pauvres, la substitution de la forme extérieure à la réalité de la piété, l’abandon de la discipline, un pastorat mercenaire, un évangile impur, en bref, une église à la mode. Le fait que les méthodistes soient sujets à une telle issue, et qu’à cent ans de son départ, il puisse y avoir dans leur église de tels signes, semble être presque le miracle de l’histoire ; pourtant, quel est celui qui, regardant autour de lui aujourd’hui, pourrait ne pas s’en rendre compte ?

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 « Les méthodistes, en violation de la Parole de Dieu et de leur propre discipline, ne s’habillent-ils pas d’une manière aussi extravagante selon la mode que n’importe quelle autre classe ? Les dames, et souvent les épouses et les filles du pasteur, ne portent-elles pas « de l’or, des perles et des parures coûteuses » ? La robe simple, conseillée par John Wesley et l’évêque Asbury, et que portèrent Hester Ann Rogers, Lady Huntington et beaucoup d’autres également distinguées, serait-elle considérée maintenant dans les milieux méthodistes comme du fanatisme ? Celui qui pénètre dans l’église méthodiste de n’importe laquelle de nos grandes villes; peut-il distinguer les vêtements des communiants de ceux que portent les personnes qui vont au  Theâtre ou au bal ? Ne sent-on pas l’esprit mondain dans la musique ? Dans les chœurs, les chanteurs et chanteuses, habillés avec soin et parés, ne faisant pas, dans la plupart des cas, profession de religion mais étant souvent des moqueurs incrédules, font une froide interprétation artistique ou à la façon d’un opéra, ce qui est autant en harmonie avec un culte spirituel que l’est un opéra ou un  Theâtre. Avec une exécution aussi mondaine, ‘la spiritualité se refroidit et meurt.

 « Jadis, chaque méthodiste fréquentait la « classe » et donnait le témoignage d’une religion vécue. A présent, la réunion de la « classe » (ou du « groupe » — Trad.) est suivie par un très petit nombre, et dans de nombreuses églises, elle a été abandonnée. Il est rare que les trésoriers, les fondés de pouvoir et les conducteurs de l’église fréquentent la classe. Autrefois, presque tous les méthodistes priaient, témoignaient ou exhortaient dans la réunion de prières. Maintenant, on n’en entend plus que quelques-uns. Autrefois, on entendait des acclamations et des louanges : maintenant, de telles démonstrations d’un saint enthousiasme et d’une sainte joie sont considérées comme du fanatisme.

« Des parties, des foires, des festivals, des concerts mondains et d’autres choses semblables ont remplacé les rassemblements religieux, les réunions de réveils religieux, les réunions de « classe » et de prières des premiers temps.

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 « II est bien vrai que la discipline méthodiste est lettre morte. Ses règlements interdisent le port d’or, de perles et de parures coûteuses ; cependant, jamais personne ne pense à reprendre les membres qui les enfreignent. Ces règlements interdisent la lecture de livres impies ou les distractions qui ne servent pas la piété ; cependant, l’église elle-même va aux spectacles, aux ‘amusements, aux festivals et aux foires qui détruisent la vie spirituelle des jeunes aussi bien que des vieux. Il est effrayant de constater à quel point ceci a lieu maintenant.

 « Les premiers pasteurs méthodistes partaient pour sacrifier et souffrir pour Christ. Ils ne recherchaient pas des places en vue et le confort, mais celles de privation et de souffrance. Ils ne se glorifiaient pas de leurs gros traitements, de membres éminents, et de leurs congrégations cultivées, mais des âmes qu’ils avaient gagnées pour Jésus. Oh ! Comme tout cela a changé ! Un pasteur mercenaire sera un faible ministre, timide, servile, sans opinion personnelle, sans foi, sans endurance et sans force de sainteté. Autrefois, le méthodisme s’occupait de la grande vérité centrale. A présent, les chaires discutent amplement de généralités et s’occupent de conférences populaires. On entend rarement dans les chaires prêcher la glorieuse doctrine de la sanctification complète, et on la porte peu souvent en témoignage ».

Tandis que des efforts spéciaux sont faits pour engager les sympathies et la coopération , des jeunes gens des églises dans l’intérêt de l’union religieuse en les rassemblant d’une manière sociale, et en évitant la controverse religieuse et l’enseignement doctrinal, des efforts plus directs encore sont faits pour amener les membres adultes en sympathie avec le mouvement d’union. C’est à cette fin que les conducteurs de toutes les dénominations font des projets et travaillent, et beaucoup d’efforts de modeste importance ont abouti au grand Congrès des Religions qui se tint à Chicago pendant l’été de 1893. L’objet du Congrès était très clair dans l’esprit des dirigeants et fut exprimé d’une manière très claire, mais le commun des fidèles des églises suivit les conducteurs sans la moindre considération apparente du principe en jeu, savoir que c’était là un grand compromis de la chrétienté avec tout ce qui n’est pas chrétien. Et maintenant qu’il y a un projet d’extension du mouvement en une fédération universelle de tous les corps religieux qui aurait lieu en 1913, et en raison du fait que l’Union chrétienne est activement orientée dans cette voie du compromis, que tous ceux qui désirent demeurer fidèles à Dieu remarquent bien les principes exprimés par ces conducteurs religieux.

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 Alors que le Rév. J. H. Barrows, D.D., l’esprit dirigeant du Congrès mondial des Religions à Chicago, ‘s’occupait de promouvoir l’extension de ce dernier, un journal de San Francisco aurait rapporté qu’il avait déclaré à son représentant au sujet du travail spécial qu’il accomplissait en vue de l’unité religieuse :

 « L’union des religions », dit-il en bref, se fera de l’une des deux manières possibles. En premier lieu, les églises qui ont une base de foi et de doctrine presque commune doivent s’unir, les diverses branches du méthodisme et du presbytérianisme par exemple. Ensuite, lorsque les sectes seront unies entre elles, tout le protestantisme en général s’unira. La compréhension augmentant, catholiques et protestants découvriront que les différences qui les séparent ne sont réellement pas majeures, et ils envisageront de s’unir. Ceci accompli, l’union avec d’autres religions différentes [c’est-à-dire le mahométisme, le bouddhisme, le brahmanisme, le confucianisme, etc. — des religions païennes] n’est plus qu’une question de temps.

 « En second lieu, les religions et les églises pourraient s’unir sur une base civile et morale, selon les vues de M. Stead [une victime du Titanic, un spirite]. Les organisations religieuses ont des Intérêts et des devoirs communs dans les collectivités où elles existent, et il est possible qu’elles s’associent pour promouvoir et accomplir ces desseins. Quant à moi, je m’attends à voir cette union se réaliser par le premier moyen. Quelle que soit la manière, les congrès de religion commencent à prendre forme. Le Rév.  Theo. E. Seward mentionne le succès croissant de sa « Fraternité de l’unité chrétienne » à New York, tandis qu’à Chicago a été organisée très récemment, sous la direction de C.C. Bonney, une grande et vigoureuse « Association pour l’avancement de l’unité religieuse ».

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 LE GRAND CONGRÈS DES RELIGIONS

 Le « Chicago Herald », commentant favorablement les travaux du Congrès (nous soulignons en italiques) déclara :

« Jamais depuis la confusion de Babel, autant de religions, autant de credo, se sont tenus côte à côte, la main dans la main, et presque cœur à cœur, comme ce fut le cas dans ce grand amphi Theâtre hier soir. Jamais depuis que l’histoire écrite existe, des humains de toutes races n’ont été si fortement liés par la chaîne d’or de l’Amour. Les nations de la terre, les credo de la chrétienté, bouddhistes et baptistes, mahométans et méthodistes, catholiques et disciples de Confucius, brahmanes et unitaires, shintoïstes et épiscopaux, presbytériens et pan Theistes, mono Theistes et poly Theistes, représentant toutes les nuances de la pensée et des conditions humaines, se sont enfin rencontrés dans les liens communs de la sympathie, de l’humanité et du respect ».

Comme il est significatif le fait que la pensée de cet approbateur enthousiaste même du grand Congrès se soit reportée au temps de la mémorable confusion des langues à Babel ! N’était-ce pas, en vérité, qu’il reconnaissait instinctivement en ce Parlement un antitype remarquable ?

Le Rév. Barrows, cité plus haut, parla avec enthousiasme des rapports amicaux qui se manifestèrent parmi les ministres protestants, les prêtres catholiques, les rabbins juifs et, en fait, les conducteurs de toutes les religions existantes, par leur accord à propos du grand Congrès de Chicago. Il déclara :

« L’idée ancienne que la religion à laquelle j’appartiens est la seule vraie, n’est plus de saison. On peut apprendre quelque chose de toutes les religions, et aucun homme n’est digne de la religion qu’il représente s’il n’accepte pas de saisir un homme par la main en le considérant comme son frère. Quelqu’un a dit que le moment est maintenant propice pour que la meilleure religion vienne au premier plan. Le temps est passé où un homme prenait un air de supériorité au sujet de sa religion. Ici se réuniront le sage, l’érudit et le prince de l’Orient en toute amitié avec l’archevêque, le rabbin, le missionnaire, le prédicateur et le prêtre. Pour la première fois, ils prendront place ensemble au Congrès. On espère que cela aidera à supprimer les barrières des credo ».

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 Le Rév. T. Chalmers, de l’église des Disciples, dit :

 « Ce premier Congrès des religions paraît être le précurseur d’une fraternité plus grande encore, une fraternité qui combinera en une seule religion mondiale ce qu’il y a, de mieux, non pas dans une seule religion, mais dans toutes les grandes confessions de foi historiques. Il se pourrait que, conduits par cette plus grande espérance, nous dussions réviser notre phraséologie et parler davantage d’unité religieuse que d’unité chrétienne. Je me réjouis de ce que tous les grands cultes vont se rapprocher les uns des autres, et que Jésus viendra prendre place aux côtés de Gautama, Confucius et Zoroastre ».

 Le New York Sun, dans un éditorial sur ce sujet, dit : « Nous ne pouvons distinguer exactement ce que le Congrès se propose d’accomplir… Il est toutefois possible que le plan de Chicago soit de mettre sur pied une sorte de religion nouvelle et combinée (« compound» — Trad.), qui comprendra et satisfera chaque variété d’opinion religieuse et irréligieuse. C’est une entreprise considérable que d’établir une religion nouvelle et éclectique qui satisfasse tout le monde ; mais Chicago a confiance ». En vérité, ce serait une chose bien étrange si, soudainement, l’esprit de Christ et l’esprit du monde se prouvaient être en harmonie, et si ceux qui sont animés d’esprits contraires comprenaient les choses de la même façon. Mais il n’en est pas ainsi. Il est toujours vrai que l’esprit du monde est toujours inimitié contre Dieu (Jacques 4 : 4) ; que ses conceptions et ses philosophies sont vaines et insensées, et que, seule, la révélation divine contenue dans les Ecritures inspirées des apôtres et des prophètes est la seule vérité divinement inspirée.

L’un des objets déclarés de ce Congrès, d’après son président, M. Bonney, était de rassembler toutes les religions du monde « afin que puissent être présentés leurs buts communs et leurs bases communes d’union, et que le merveilleux progrès religieux du dix-neuvième siècle puisse être reconsidéré ».

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En fait, le véritable et seul objet de cette reconsidération était évidemment de répondre à l’esprit investigateur des temps actuels — de cette heure du jugement — afin de présenter sous son meilleur jour possible la marche de l’église, et d’inspirer l’espoir qu’après tout l’échec apparent de la chrétienté, l’église est juste sur le point de remporter une victoire éclatante, que bientôt, très bientôt, sa prétendue mission aura accompli la conversion du monde. Et maintenant, remarquez de quelle façon elle se propose d’y parvenir, et observez qu’au lieu que ce soit par l’esprit de vérité et de droiture, ce sera par celui de compromission, d’hypocrisie et de tromperie. L’objet déclaré du Congrès était la fraternisation et l’union religieuse ; ce qui s’y manifestait d’une façon marquée était le désir ardent d’y parvenir à tout prix. Pour disposer favorablement les bigots païens, ils étaient même consentants, selon leurs déclarations précitées, de réviser leur phraséologie et de l’appeler l’unité religieuse, en abandonnant le nom offensant de chrétien et en étant tout à fait satisfaits de priver Jésus de sa supériorité pour lui faire prendre humblement place aux côtés des sages païens Gautama, Confucius et Zoroastre. L’esprit de doute et de perplexité, de compromission et d’infidélité générale de la part des chrétiens protestants, l’esprit de vantardise, de donneur de conseils (« counsel ») et d’autorité de la part des catholiques romains et de tous les autres bigots, tels furent les aspects les plus frappants du grand Congrès. Sa première session fut ouverte avec la prière d’un catholique romain — le Cardinal Gibbons — et sa dernière session fut terminée par la bénédiction d’un catholique romain — l’Evêque Keane. Pendant la dernière session, un prêtre shintoïste du Japon invoqua sur l’assemblée disparate la bénédiction de huit millions de divinités.

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Le Rév. Barrows a été depuis deux années en correspondance avec les représentants païens des autres pays, lançant par le monde le cri macédonien à tous les prêtres et apôtres païens : « Passez ici, et aidez-nous ! ». Que cet appel ait été lancé représentativement par l’église presbytérienne qui, depuis plusieurs années, subit une ardente épreuve de jugement, fut également un fait significatif de la confusion et d’une inquiétude qui prévalent dans cette dénomination et dans toute la chrétienté. Ainsi, la chrétienté était-elle prête pour la grande convocation. Pendant dix-sept jours, des représentants chrétiens de toutes les dénominations prirent place en conseil auprès des représentants de toutes les diverses religions païennes.

 A ces derniers, les orateurs chrétiens firent à maintes reprises allusion en termes complimenteurs comme à « des sages de l’Orient » ; cette expression est empruntée aux Ecritures où, en fait, elle fut appliquée à une classe très différente, savoir aux quelques personnes pieuses croyant au Dieu d’Israël et aux prophètes d’Israël qui avaient prédit l’avènement de l’Oint de l’Eternel ; ces personnes attendaient patiemment et guettaient sa venue, en ne prêtant aucune attention aux esprits séducteurs de la sagesse mondaine qui ne connaissaient point Dieu. A ceux-là qui étaient vraiment des sages, aussi humbles qu’ils pussent être, Dieu révéla son message béni de paix et d’espérance.

Le thème annoncé pour le dernier jour du Congrès fut :

 « L’union religieuse de la famille humaine tout entière », où seraient considérés « Les éléments de religion parfaite tels qu’ils sont reconnus et exposés dans les différentes croyances », en vue de déterminer « les caractéristiques de la religion définitive » et « le centre de l’unité religieuse prochaine des humains ».

 Est-il possible que, de leur propre aveu, des ministres chrétiens (?) soient incapables, après si longtemps, de déterminer ce qui devrait être le centre de l’unité religieuse ou les caractéristiques d’une religion parfaite ?

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Sont-ils vraiment si désireux d’avoir une « religion mondiale» qu’ils soient prêts à sacrifier l’un quelconque des principes, ou tous les principes d’un vrai christianisme, et même le nom de « chrétien », si nécessaire, pour l’obtenir ? C’est précisément ce qu’ils avouent. « Je te jugerai par ta propre bouche, méchant esclave», dit l’Eternel. Les jours qui précédèrent la conférence furent réservés à la présentation, par leurs représentants respectifs, des diverses religions.

Le projet était audacieux et hasardeux, mais il aurait dû ouvrir les yeux de tout véritable enfant de Dieu devant plusieurs faits qui furent très manifestes, savoir : (1) que l’église chrétienne nominale a atteint son dernier espoir dans la capacité de se maintenir, sous les jugements pénétrants de ce jour alors que « l’Eternel a un débat avec son peuple », Israël spirituel nominal (Michée 6 : 1, 2) ; (2) qu’au lieu de se repentir de leurs apostasies et de leur manque de foi, de zèle et de piété, et ainsi de chercher à retrouver la faveur divine, ces différentes églises s’efforcent, par une certaine sorte d’union et de coopération, à se soutenir les unes les autres, et à faire appel à l’aide du monde païen pour les aider à résister aux jugements de l’Eternel qui révèlent les erreurs de leurs credo humains et les déformations de son noble caractère ; (3) qu’elles sont prêtes à sacrifier en partie (« compromise ») Christ et son Evangile, afin d’obtenir l’amitié du monde et les avantages qu’il accorde en pouvoir et en influence ; (4) que leur aveuglement est tel qu’elles ne peuvent distinguer entre la vérité et l’erreur, ou entre l’esprit de la vérité et l’esprit du monde ; et (5) qu’elles ont déjà perdu de vue les doctrines de Christ.

 Sans doute, une aide temporaire viendra des sources où on la cherche avec tant d’enthousiasme, mais ce ne sera qu’une étape préparatoire qui engagera le monde entier dans la condamnation imminente de Babylone, amenant les rois, les marchands et les commerçants de la terre entière à pleurer et à se lamenter sur cette grande cité. — Apoc. 18 : 9, 11, 17-19.

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En considérant l’évolution du grand Congrès, notre attention est fortement attirée par plusieurs points remarquables : (1) L’esprit et l’attitude de doute et de compromission de la chrétienté nominale, à l’exception des églises catholiques romaine et grecque. (2) L’attitude assurée et assertive du catholicisme et de toutes les autres religions. (3) Les distinctions très nettes, observées par les sages païens, entre le christianisme enseigné dans la Bible et celui enseigné par les missionnaires chrétiens des diverses sectes de la chrétienté qui, en même temps que la Bible, apportent leurs credo déraisonnables et contradictoires dans les pays étrangers. (4) L’estimation par les païens de l’effort missionnaire, et les futures perspectives de cet effort dans leurs pays. (5) L’influence de la Bible sur nombre de gens dans les pays étrangers, malgré ses mauvaises interprétations par ceux qui l’apportent au loin. (6) L’influence actuelle et les résultats probables du grand Congrès. (7) Son aspect général du point de vue prophétique.

 LA COMPROMISSION DE LA VÉRITÉ

Le grand Congrès religieux a été convoqué par des chrétiens — des chrétiens protestants ; il eut lieu dans un pays ouvertement protestant, et sous la direction et l’impulsion de chrétiens protestants, de sorte que les protestants peuvent être considérés comme responsables de toutes ses assises. Qu’on veuille remarquer, alors, que l’esprit actuel du protestantisme est celui de compromission et d’incrédulité. Ce Congrès a été voulu afin de compromettre Christ et son Evangile pour gagner l’amitié de l’antichrist et du paganisme. On donna les honneurs à la fois de l’ouverture et de la clôture de ses délibérations aux représentants de la papauté. Il est à remarquer aussi: que si les credo des diverses nations païennes furent présentés d’une manière convenable et détaillée par leurs représentants, il n’y eut par contre, aucune présentation systématique du christianisme dans aucune de ses phases, bien que des chrétiens fissent des discours sur certains de ses thèmes. N’est-il vraiment pas étrange qu’une telle assemblée ait laissé passer une pareille occasion de prêcher l’Evangile de Christ à des représentants intelligents et influençables du monde païen ? Les soi-disant représentants de l’Evangile de Christ étaient-ils honteux de cet Evangile? (Rom. 1: 16). Les catholiques romains eurent une part prépondérante dans les discours, n’ayant pas été représentés moins de seize fois dans les sessions du Congrès.

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Non seulement cela, mais il y eut de prétendus chrétiens qui s’acharnèrent à vouloir renverser les doctrines fondamentales du christianisme : ils firent part aux représentants du monde païen des doutes qu’ils avaient concernant l’infaillibilité des Ecritures chrétiennes ; ils leur dirent que les récits de la Bible doivent être reçus en tenant compte de leur faillibilité, et que leurs enseignements doivent être complétés par la raison et la philosophie humaines, et acceptés seulement dans la mesure où ils s’accordent avec elles. Il y en eut d’autres, se prétendant des chrétiens orthodoxes, qui rejetèrent la doctrine de la Rançon, laquelle est le seul fondement d’une vraie foi chrétienne ; d’autres niant la chute de l’homme, proclamèrent la conception opposée de l’évolution, savoir que l’homme ne fut jamais créé parfait, qu’il ne tomba jamais, et que, par conséquent, il n’avait pas besoin de rédempteur ; depuis sa création, affirmèrent-ils, dans une condition très inférieure et bien éloignée de « l’image de Dieu »,

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il s’est élevé graduellement, et il est toujours en voie d’évolution dont la loi est la survivance des plus aptes. Et cette conception qui est le contraire même de la doctrine biblique de la Rançon et du Rétablissement, fut la plus populaire.

Ci-après, nous donnons quelques brefs extraits qui font ressortir l’esprit de compromission du christianisme protestant, à la fois dans son attitude envers le grand système anti-chrétien, l’église de Rome, et également envers les confessions non chrétiennes.

Ecoutez le Dr A. Briggs, professeur dans une Faculté de  Theologie presbytérienne, déclamer contre les Ecritures sacrées. Le monsieur fut introduit par le Président, le Dr Barrows, qui déclara que « le savoir, le courage et la fidélité de ce professeur à ses convictions, lui avaient acquis une place élevée dans l’église universelle», et le Dr Briggs fut accueilli par de grands applaudissements. Voici ce qu’il déclara :

« Tout ce que nous pouvons dire, c’est que la Bible est inspirée et qu’elle est exacte dans tout ce qui a trait aux enseignements religieux qu’elle donne. Dieu dit la vérité, il ne peut mentir ; Il ne peut égarer et tromper ses créatures. Mais lorsque le Dieu infini parle à l’homme borné, ne faut-il pas qu’il se serve de paroles qui soient de l’erreur ? [Comme cette question est absurde ! Si Dieu ne dit pas la vérité, alors bien entendu, il n’est pas véridique] cela dépend non seulement du langage de Dieu mais aussi de la compréhension de l’homme, ainsi que des moyens de communication entre Dieu et l’homme Il est nécessaire de démontrer que l’homme a la capacité de recevoir la parole, avant que nous puissions être sûrs qu’il la transmette d’une manière exacte. [Ce professeur de  Theologie « instruit et révérend » (?) devrait se souvenir que Dieu était capable de choisir des instruments convenable tant pour transmettre sa vérité que pour l’exprimer.

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Cela est évident pour tous ceux qui étudient sincèrement sa Parole. Un tel argument avancé pour mettre en doute la véracité des Ecritures sacrées n’est qu’un simple subterfuge et fut une insulte à l’intelligence d’un auditoire éclairé]. L’inspiration des saintes Ecritures ne comporte pas l’infaillibilité dans tous les détails». Ecoutez comment le Rév.  Theodore Munger, de New Haven, détrône Christ et élève à sa place la pauvre humanité déchue, déclarant :

« Christ est plus qu’un ressortissant de la Judée crucifié sur le Calvaire. Christ est l’humanité telle qu’elle se développe sous la puissance et la grâce de Dieu, et tout livre s’inspirant de ce fait [non que Jésus fut le Fils oint de Dieu, mais que l’humanité évoluée comme un tout constitue le Christ, l’Oint] appartient à la littérature chrétienne. »

Il cita pour exemples Dante, Shakespeare, Goethe, Shelley, Matthew Arnold, Emerson et d’autres, et ensuite ajouta :

« A quelques exceptions près, la littérature — toute littérature inspirée — est complètement basée sur l’humanité, insiste sur la question éthique et à des fins éthiques, et c’est cela l’essence du christianisme… Une  Theologie qui insiste sur un Dieu transcendant siégeant au-dessus du monde dont il tisse les fils de sa destinée, ne recueille pas l’approbation de ces esprits qui s’expriment dans la littérature ; le poète, l’homme de génie, le penseur profond et universel, mettent de côté une pareille  Theologie ; ces gens-là sont trop près de Dieu pour se laisser tromper par de telles expressions de sa vérité ».

Le Rév. Dr Rexford, de Boston (universaliste) déclara : « J’aimerais que nous puissions tous reconnaître qu’une adoration sincère, n’importe où et partout dans le monde, est une adoration véritable… La confession de foi aujourd’hui la plus générale, quoique non formulée, est, je le présume, celle selon laquelle tout adorateur qui fléchit les genoux devant l’Etre le meilleur qu’il connaisse, et marche en toute sincérité à la plus pure lumière qui brille devant lui, a accès aux plus hautes bénédictions du ciel ».

 Cet homme révéla sûrement le sentiment religieux qui domine aujourd’hui, mais l’Apôtre Paul, lui, s’adressa-t-il en termes semblables aux adorateurs du « Dieu inconnu » sur la colline de Mars, ou Elie prit-il de cette manière la défense des prêtres de Baal ? Paul déclare que le seul accès à Dieu n’a lieu que par la foi dans le sacrifice que Christ a fait pour nos péchés, et Pierre dit : « II n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés ». — Actes 4 : 12 ; 17 : 23-31 ; 1 Rois 18 : 21, 22.

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Ecoutez le Rév. Lyman Abbot, Rédacteur du « Outlook et ancien pasteur de l’église de Plymouth, Brooklyn (N.Y.) prétendre que toute l’église a cette inspiration divine qui, par Christ et les douze apôtres, nous donna le Nouveau Testament, afin que l’homme de Dieu put être parfaitement accompli pour toute bonne œuvre (2 Tim. 3 : 17).

 Il dit : « Nous ne pensons pas que Dieu ait parlé seulement en Palestine et aux quelques personnes qui habitaient cette petite province. Nous ne pensons pas qu’il se soit fait entendre à la chrétienté seule et qu’il ait été muet partout ailleurs. Non ! nous croyons qu’il est un Dieu qui parle à toutes les époques et dans tous les Ages ».

 Mais comment Dieu parla-t-il aux prophètes de Baal ? Il ne s’est révélé qu’à son peuple choisi, à Israël selon la chair pendant l’Age judaïque, et à Israël selon l’esprit pendant l’Age de l’Evangile. « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ». — Amos 3 : 2 ; 1 Cor. 2 : 6-10.

Une lettre de Lady Somerset (Angleterre), lue avec félicitations par le président Barrows, faisait les concessions suivantes à l’église de Rome :

 « J’éprouve de la sympathie pour tout effort tendant à amener un accord parmi les hommes plutôt que leur antagonisme… La seule manière d’unir est de ne jamais aborder des sujets sur lesquels nous sommes irrévocablement opposés. La question qui entraîne aujourd’hui la plus grande divergence est peut-être celle de l’épiscopat historique. Je ne crois pas à cette institution et malgré cela, le grand et bon prélat qu’est l’Archevêque Ireland qui, lui, y croit, ne me refuserait pas son aide cordiale, non en tant que protestant, mais parce que je travaille dans l’œuvre de tempérance. Il en fut de même, en Angleterre, du regretté conducteur le Cardinal Manning, et cela est encore vrai de nos jours de Mgr Nugent de Liverpool, prêtre populaire, universellement vénéré et aimé. Un accord général du public sur la méthode pratique de réaliser la règle d’or, énoncée d’une manière négative par Confucius et d’une manière positive par Christ, nous rassemblera tous dans un même camp ».

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 On fit rarement allusion à la doctrine d’une réconciliation par un substitut, et la plupart des orateurs la mirent franchement de côté comme une relique du passé, indigne du dix-neuvième siècle de lumière. Seules, quelques voix s’élevèrent pour la défendre, mais non seulement ce fut une très petite minorité du Congrès, mais leurs conceptions furent plutôt mal accueillies. Le Révérend Joseph Cook fut l’un des membres de cette faible minorité, et les remarques qu’il fit furent par la suite critiquées et rondement stigmatisées du haut d’une chaire de Chicago. Dans son discours, M. Cook déclara que la religion chrétienne est la seule vraie religion, et son acceptation le seul moyen de s’assurer la félicité après la mort. S’appuyant pour illustrer l’efficacité de la réconciliation (« atonement ») dans la purification des péchés même les plus vils, sur l’un des personnages de Shakespeare, il déclara :

« Voici Lady Macbeth. Quelle religion peut laver la main droite rouge (de sang) de Lady Macbeth ? Voila la question que je pose aux quatre continents et aux îles de la mer, à moins que vous ne puissiez répondre que vous êtes venus au Congrès des Religions sans intention sérieuse. Je me tourne vers l’Islamisme. Pouvez-vous laver sa main droite rouge de sang ? Je me tourne vers la religion de Confucius et celle de Bouddha. Pouvez-vous laver sa main droite rouge de sang ? ».

En réponse à cela, et après le Congrès, le Rév. Jenkin Lloyd Jones, Pasteur de l’église de Ail Soûl, à Chicago, et l’un des intéressés enthousiastes au Congrès, déclara :

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« Nous voulons dévoiler l’immoralité de l’expiation par substitution, cet arrangement du genre de « regarde à Jésus et tu seras sauvé » par lequel le grand orateur de Boston a entrepris de décontenancer les représentants des autres confessions et formes de pensée au Congrès. Pour ce faire, examinons de près le caractère de l’acte commis par Lady Macbeth ainsi que la mentalité de cette femme à qui l’orateur promit une si rapide immunité si elle voulait seulement « regarder la croix ». Ce champion de l’orthodoxie a lancé avec indignation à la face des représentants de toutes les religions du monde l’affirmation qu’il est « impossible dans la nature même des choses que quelqu’un entre dans le royaume des cieux s’il n’est né de nouveau», grâce à cette expiation faite par Christ, cette expiation surnaturelle par substitution qui lave la main rouge de Lady Macbeth, la blanchit, et fait d’une meurtrière une sainte. Voici tout ce que j’ai à dire à un tel christianisme : je suis content de ne pas croire à un tel christianisme, et j’invite tous ceux qui aiment la moralité, tous les amis de la justice, tous ceux qui croient à un Dieu infini dont la volonté est la droiture, dont la providence est favorable à la justice, de désavouer un tel christianisme. Un tel « plan de salut » est non seulement déraisonnable, mais il est immoral. Il est démoralisant, il est une duperie et un piège dans ce monde, quel qu’il puisse être dans l’autre… Je me détourne du Calvaire si la vision que j’en ai me laisse assez égoïste pour demander un salut qui laisse le Prince Sidartha en dehors d’un ciel où se trouve éternellement Lady Macbeth ou n’importe quelle autre âme aux mains rouges de sang ».

Ensuite, une « réunion de programme oriental » eut lieu dans la même église où le même Révérend (?) gentleman lut des extraits choisis de Zoroastre, Moïse, Confucius, Bouddha, Socrate et Christ, tendant tous à montrer l’universalité de la religion ; vint ensuite le discours fait par un Catholique arménien. Après ce discours, dit le reporter de la presse publique :

 « M. Jones déclara qu’il avait eu la témérité de demander à l’évêque Keane, de l’Université catholique de Washington, s’il assisterait à cette réunion et s’il prendrait position sur un tel programme extrémiste. L’évêque avait répondu en souriant qu’il serait à Dubuque ou pourrait être tenté de venir. « Alors », dit M. Jones, « je lui ai demandé s’il ne pouvait pas proposer quelqu’un d’autre ». L’évêque a répondu : « Vous ne devez pas être trop pressé. Nous avançons très rapidement. Il se peut qu’avant longtemps je puisse le faire» (*).  (*) Cependant, Rome a depuis conclu que le Congres de Chicago n’était ni un honneur pour elle, ni un attrait pour ceux gui la soutiennent et elle a annoncé que les papistes, à l’avenir, n’auraient plus rien à faire avec de tels Congrès confus. De plus, il ne manque pas de signes de désapprobation papale à l’égard des prélats romains qui ont pris une part si importante au Congrès de Chicago. Les protestants peuvent en avoir toute la gloire !

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« L’église catholique romaine », continua M. Jones, sous la direction d’hommes tels que le Cardinal Gibbons, l’Archevêque Ireland et l’Evêque Spalding, avance, et ces hommes forcent les traînards à marcher. Des gens nous disent que nous avons abandonné le Congrès des Religions aux catholiques d’une part et aux païens d’autre part. Nous allons entendre maintenant nos amis païens. Ce terme « païens » n’a pas le même sens qu’autrefois, et j’en remercie Dieu ».

Le Prof. Henry Drummond figurait sur le programme du Congrès comme devant faire un discours sur le Christianisme et l’Evolution, mais comme il ne put venir, son discours écrit fut lu par le Dr Bristol. Faisant avec mépris allusion à la doctrine de la réconciliation, que sa doctrine de l’Evolution voudrait rendre nulle et non avenue, le Prof. Drummond déclarait dans ce discours qu’une meilleure compréhension de la genèse et de la nature du péché pourrait au moins modifier certains des essais de s’en débarrasser.

 QUELQUES DÉFENSEURS DE LA FOI

Au milieu de cet esprit de compromission, manifesté d’une manière si impudente et si claironnante, ce fut en vérité un réconfort de trouver quelques rares représentants du christianisme protestant qui eurent le courage moral, face à tant d’opposition tant secrète que manifeste, de défendre la foi transmise une fois pour toutes aux saints, bien qu’ils fussent dans un certain embarras parce qu’ils ne discernent pas le divin plan des Ages et le rapport important qui existe entre les doctrines fondamentales du christianisme avec le merveilleux système de la vérité divine.

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 Le Prof. W. C. Wilkinson, de l’université de Chicago, parla de « l’attitude du christianisme envers d’autres religions ». Il attira l’attention de ses auditeurs sur les écrits de l’Ancien Testament et du Nouveau qui enseignent ce qu’est le christianisme, et sur les dispositions hostiles de ce dernier à l’égard de toutes les autres religions, lesquelles doivent être fausses si le christianisme est la vraie ; il leur parla ensuite de notre Sauveur qui affirma avoir seul le pouvoir de sauver, comme le prouvent les expressions suivantes :

1 « Nul ne vient au Père [c’est-à-dire, aucun homme ne peut être sauvé] que par moi ».

« Je suis le pain de vie ».

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ».,

« Je suis la lumière du monde ».

« Je suis la porte des brebis ».

« Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ».

« Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ».

« Ce sont là», dit-il, « quelques-unes des paroles sorties des lèvres de Jésus, du seul homme qui affirma être le seul Sauveur de l’homme ».

 « On peut répondre à cela : mais Jésus a dit aussi : « Lorsque j’aurai été élevé, j’attirerai tous les hommes à moi » ; nous pourrions donc croire que, parmi ces âmes appartenant à d’autres religions, beaucoup seront sauvées, attirées consciemment ou inconsciemment à Jésus, et malgré l’infortune de leur milieu religieux. « Je suis naturellement d’accord avec cette manière de voir. Je suis reconnaissant que tel semble être l’enseignement du christianisme. [Mais cette espérance provient d’un cœur généreux plutôt que de la connaissance du divin plan de salut. Le Prof. W. ne discernait pas alors que le monde ne sera attiré par Christ que dans l’Age millénaire, qu’actuellement seule l’Eglise est attirée, et que la connaissance de l’Eternel qui est la puissance d’attraction maintenant, sera à ce moment-là cette puissance :

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« Car la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Eternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer». — Hab. 2 : 14]. Je demande simplement que l’on garde fermement à l’esprit que, pour le moment, nous ne discutons pas du tout de l’extension des avantages qui découlent du pouvoir exclusif qu’a Jésus de sauver, mais strictement de la question suivante : Le christianisme reconnaît-il que les religions non chrétiennes aient une part quelconque dans l’efficacité salvatrice ? En d’autres termes, y a-t-il dans les Ecritures un passage quelconque montrant que Jésus exerce sa puissance salvatrice, à un degré quelconque, supérieur ou inférieur, par le moyen d’autres religions que la sienne ? S’il y a la moindre allusion à cela, l’ombre même d’une allusion faite dans la Bible, soit dans l’Ancien, soit dans le Nouveau Testament, dans le sens d’une réponse affirmative à cette question, je confesse ne l’avoir jamais trouvée. Des allusions bien loin d’être chimériques, j’en ai trouvées et en abondance, mais dans le sens contraire à cette question.

 « Il me faut vous prier d’observer qu’il n’est pas dans mon intention ici, dans l’intérêt du christianisme, de porter en quoi que ce soit atteinte au mérite des individus qui, parmi les nations, sont parvenus aux cimes les plus élevées de la morale sans avoir recours au christianisme historique, soit sous la forme du Nouveau Testament, soit sous celle de l’Ancien Testament. Je n’ai pas la tâche ici, de vous parler des personnes, soit en général, soit individuellement. Je vous engage à considérer seulement l’attitude prise par le christianisme à l’égard des religions non chrétiennes.

« Passons maintenant des déclarations directes de Jésus pour examiner celles qui furent faites par ses représentants à qui, selon le Nouveau Testament, il conféra le droit de parler avec une autorité égale à la sienne. Parlant, d’une manière générale, des adhérents des religions païennes, il emploie ce langage : « Se disant sages, ils sont devenus fous, et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles » [Rom. 1 : 22, 23].

« Homme, oiseau, bête, reptile — ces quatre spécifications dans leur échelle d’origine semble indiquer chaque différente forme de religion païenne avec laquelle le christianisme, ancien ou moderne, est venu en contact. Les conséquences — sanctionnées par des châtiments de la part du Dieu jaloux et offensé des Hébreux et des Chrétiens – d’une telle dégradation de l’instinct inné de l’adoration d’une telle profanation de l’idée, autrefois pure dans le coeur humain, de Dieu l’incorruptible, sont décrites par Paul en des termes dont la force sarcastique, incisive, caustique, pénétrante, les a rendus célèbres et familiers : « C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs cœurs, à l’impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes : eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement » [Rom. 1 : 24].

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« J’arrête ici la citation. Le reste du passage entre dans des détails de reproche bien connus, et bien connus pour être avec raison, mis au compte du monde païen de l’antiquité. Il n’y a ici aucune allusion à des exceptions en faveur de points insuffisamment bons, ou au moins pas si mauvais, dans les religions condamnées ; aucune restriction, aucune mitigation du, châtiment évoqué. Partout l’accusation est accablante, écrasante. On n’y trouve aucune idée émise que, dans certains cas, on puisse trouver un culte vrai et acceptable qui soit cache, déguisé et inconscient, sous des formes impropres. Il n’est pas possible d’envisager que certains idolâtres (si toutefois parmi eux, il s’en trouve quelques-uns) fassent une distinction entre l’îdole qu’ils servent et le seul Dieu incorruptible et jaloux et que pour ces quelques idolâtres exceptionnels, Dieu soit simplement symbolisé dans l’idole qu’ils adorent avec ostentation. Il n’est pas possible non plus de faire de réserve en faveur de certaines âmes initiées, illuminées, cherchant et trouvant une religion plus pure dans des «mystères» ésotériques interdits au vulgaire profane. Le christianisme ne laisse aucune échappatoire aux religions antichrétiennes jugées et réprouvées avec lesquelles il vient en contact. Au lieu de cela, il ne manifeste qu’une damnation [condamnation] sans aucune distinction, jaillissant comme l’éclair de la gloire de sa puissance sur ces incorrigibles coupables du pèché incriminé, celui de l’adoration rendue à des dieux autres que Dieu.

« Il n’y a le moindre adoucissement agréable qui soit prévu quelque part pour donner l’assurance ou même l’espérance possible ; qu’un, Dieu bienveillant tendra l’oreille avec bonté aux imputations formellement faites à un autre, comme si elles lui étaient virtuellement destinées bien que d’une manière mal comprise. Une telle idée, juste ou non, n’est pas scripturale. En fait, elle est antiscripturale, donc anti-chrétienne. Le christianisme ne mérite pas la louange d’une telle libéralité. Touchant les prérogatives uniques, exclusives et incommunicables de Dieu, le christianisme est, admettons-le franchement, une religion étroite, stricte, sévère, jalouse. On peut pardonner à Socrate, mourant, d’avoir proposé qu’un coq soit offert en sacrifice à Esculape, mais le christianisme, le christianisme de la Bible, ne nous donne la moindre raison de supposer qu’un tel acte d’idolâtrie de sa part ait pu être interprété par Dieu comme étant un acte d’adoration que Lui-même pouvait accepter.

224

« Pierre a déclaré : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable » [Actes 10 : 34, 35].

 « Craindre Dieu d’abord, et ensuite pratiquer la justice, ce sont là des traits qui caractérisent toujours et partout l’homme agréable à Dieu. Mais il est évident que, dans l’idée du christianisme, craindre Dieu n’est pas en adorer un autre que lui. Ce sera donc dans la mesure où un homme échappe à la religion ethnique qui le domine, et s’élève — non grâce à elle, mais malgré elle — dans l’élément transcendant du vrai culte divin, qu’il sera acceptable à Dieu.

« De toute religion ethnique, peut-on alors dire que c’est une vraie religion, mais seulement qu’elle n’est pas parfaite ? Le christianisme dit : Non. Le christianisme exprime des paroles d’espérance indéfinie concernant ceux — certains d’entre eux — qui n’auront jamais entendu parler de Christ. Ces paroles, les chrétiens bien entendu les soutiendront et les entretiendront selon leur valeur inestimable. Mais ne commettons pas l’erreur de leur prêter un rapport quelconque avec les religions erronées de l’humanité. Nulle part, les Ecritures ne représentent ces religions comme des tâtonnements pathétiques et partiellement heureux pour trouver Dieu. Chacune d’elles et toutes sont représentées comme conduisant à tâtons vers le bas, et non vers le haut. D’après le christianisme, elles sont un obstacle et non une aide. L’adhésion que leur apportent leurs fidèles est semblable à l’étreinte aveugle des racines et des rochers par des hommes qui se noient, étreinte qui ne tend qu’à les maintenir au fond de la rivière. La vérité qui se trouves ce sera la vérité qui le fera et non la fausse religion.

225

 « D’après le christianisme, la fausse religion déploie toute sa force pour étouffer et tuer la vérité qui se trouve en elle, d’où la dégénérescence historique représentée dans le premier chapitre de Romains comme affectant les fausses religions en général. Si leurs efforts tendaient à l’élévation, elles s’amélioreraient de plus en plus. Si, en fait, comme l’enseigne Paul, elles empirent de plus en plus, ce doit être parce que leurs efforts tendent à la dégradation.

« En conséquence, l’attitude du christianisme à l’égard des religions autres que la sienne est une attitude d’hostilité universelle, absolue, éternelle, inapaisable, tandis qu’a l’égard de tous les hommes partout, les adhérents des fausses religions n’étant nullement exceptés, son attitude est une attitude de grâce, de miséricorde, de paix pour quiconque la veut [la recevra]. Combien en trouvera-t-on qui la voudront [recevront] ? C’est là un problème que le christianisme laisse sans solution».

 Le Rév. James Devine, de la Ville de New York, parla également sur le message du christianisme aux autres religions, en présentant clairement la doctrine de la rédemption grâce au sang précieux de Christ. Il déclara : « Nous en arrivons maintenant à une autre vérité fondamentale de l’enseignement chrétien, la doctrine mystérieuse de la réconciliation («atonement»). Le pèché est un fait indiscutable. Il est universellement reconnu et avoué. Il donne lui-même son témoignage. Il est, de plus, une barrière entre l’homme et son Dieu. La sainteté divine et le péché avec sa répugnance, sa rébellion, son horrible dégradation et sa ruine sans espoir, ne peuvent s’unir dans aucun système de gouvernement moral. Dieu ne peut tolérer le péché ni temporiser avec lui, ni lui faire une place en sa présence. Il ne peut parlementer avec lui ; il doit le punir. Il ne peut négocier avec lui ; il doit le juger à la barre. Il ne peut pas l’ignorer ; Il doit le vaincre. Il ne peut lui accorder un rang moral ; il doit le frapper de la condamnation qu’il mérite. « La réconciliation est la méthode merveilleuse de Dieu pour justifier, une fois pour toutes, devant l’univers, son attitude éternelle à l’égard du péché, par la prise en charge volontaire, dans l’esprit de sacrifice, de son châtiment. Cela, il le fait dans la personne de Jésus-Christ. Les faits de la naissance de Christ, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection prennent place dans le domaine de la véritable histoire, et la valeur morale et l’efficacité propitiatoire de son obéissance parfaite et de sa mort en sacrifice deviennent un mystérieux élément d’une valeur infinie dans le cours de rajustement des relations du pécheur avec son Dieu.

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« Christ est accepté par Dieu comme substitut. Le mérite de son obéissance et la dignité élevée de son sacrifice sont tous deux utiles à la foi. Le pécheur humble, repentant et conscient de son indignité, accepte Christ comme son rédempteur, son intercesseur, son sauveur, et en toute simplicité croit en lui, confiant dans ses assurances et ses promesses, basées comme elles le sont, sur son Intervention dans la réconciliation ; il reçoit alors de Dieu comme don de l’amour souverain tous les avantages de l’œuvre médiatrice de Christ. Telle est la manière pour Dieu d’atteindre le but du pardon et de la réconciliation. Telle est sa manière d’être lui-même juste tout en accomplissant pourtant la justification du pécheur. Ici encore, nous avons le mystère de la sagesse dans sa démonstration la plus auguste.

 « Tel est le cœur de l’évangile. Il palpite d’un amour mystérieux ; il bat avec les douleurs ineffables de la guérison divine ; il a un rapport vital avec le système tout entier de gouvernement ; dans ses activités cachées, il échappe à l’examen de la raison humaine, mais il fait couler le sang vital à travers l’histoire et il donne au christianisme sa vitalité excellente et sa vigueur impérissable. C’est parce que le christianisme élimine le péché du problème que sa solution est complète et définitive.

 « Le christianisme doit parler au nom de Dieu. C’est à Dieu qu’il doit son existence, et le secret profond de sa dignité et de sa puissance est qu’il révèle Dieu. Ce serait pour le christianisme de l’effronterie que de parler simplement sous sa propre responsabilité, ou même au nom de la raison. Il n’a aucune philosophie d’évolution à propager. Il a, de la part de Dieu, un message à délivrer. Il n’est pas en lui-même une philosophie ; il est une religion. Il n’est pas né de la terre ; il est l’ouvrage de Dieu. Il ne vient pas de l’homme, mais de Dieu, et il est intensément vivant de sa puissance, actif de son amour, bienveillant de sa bonté, rayonnant de sa lumière, chargé de sa vérité, envoyé avec son message, inspiré de son énergie, rempli de sa sagesse, animé du don de guérison spirituelle et fort de sa suprême autorité.

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« Il a une mission parmi les hommes, toutes les fois qu’il les rencontre et en quelque lieu que ce soit, ce qui est aussi sublime que la création, aussi merveilleux que l’existence spirituelle et aussi rempli de signification mystérieuse que l’éternité. Il trouve son foyer autant que son centre de rayonnement dans la personnalité de son grand révélateur et Instructeur que tous les doigts de lumière désignaient avant son avènement et duquel, depuis son incarnation, a resplendi toute la clarté du jour.

 « Son esprit est plein de sincérité naturelle, de majestueuse dignité et de tendre désintéressement. Il vise à donner une bénédiction plutôt qu’à soutenir une comparaison. Il est moins soucieux de se défendre que d’accorder ses bienfaits. Il est moins préoccupé à s’assurer l’honneur suprême pour lui-même qu’à gagner le chemin du cœur. Il ne cherche pas à railler, à dénigrer ou à humilier son rival, mais plutôt à le soumettre par l’amour, à l’attirer par sa propre excellence et à le supplanter par la vertu de sa propre supériorité incomparable. De lui-même, il est Incapable d’avoir un esprit de rivalité, à cause de son propre droit indiscutable de régner. Il n’a que faire du sarcasme, il peut se passer du mépris, il ne porte aucune arme de violence, il ne s’adonne pas à la discussion, il est incapable de fourberie ou de tromperie, et il répudie l’hypocrisie de langage. Il compte toujours sur son propre mérite intrinsèque, et base toutes ses affirmations sur son droit à être entendu et honoré.

« Son témoignage des miracles est plutôt une exception qu’une règle. Le miracle était un signe pour aider la foi faible. C’était une concession faite dans l’esprit de condescendance. Les miracles suggèrent la miséricorde tout autant qu’ils proclament la majesté. Lorsque nous considérons les sources illimitées de puissance divine, et la facilité avec laquelle des signes et des prodiges eussent pu être multipliés dans une variété et une force déconcertantes, nous avons le sentiment d’une sévère conservation de puissance et un net refus de spectaculaire. Le mystère de l’histoire chrétienne est la parcimonie avec laquelle le christianisme a utilisé ses ressources. Cela constitue, pour la foi, une épreuve souvent douloureusement sévère, de remarquer le visible manque d’énergie et d’élan, de force irrésistible dans les progrès apparemment lents de notre sainte religion. [Il doit en être nécessairement ainsi  pour ceux qui ne sont pas encore arrivés à comprendre le divin plan des Ages].

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 « Sans doute Dieu a-t-il ses raisons, mais en attendant, nous ne pouvons que discerner dans le christianisme un esprit de réserve mystérieuse, de prodigieuse patience, de voix mise en sourdine et de contrainte voulue. Il ne « crie pas et il n’élève pas la voix et il ne la fait pas entendre dans la rue ». Des siècles s’écoulent, le christianisme n’atteint que des portions de la terre, mais tout ce qu’il touche, il le transfigure. Il semble mépriser les accessoires matériels et ne compte comme victoires dignes d’être remportées que celles qui le sont par le contact spirituel avec l’âme individuelle. Son rapport avec d’autres religions a été caractérisé par une réserve exceptionnelle, et ses progrès ont été marqués par une dignité sans ostentation en accord avec l’attitude majestueuse de Dieu son auteur.

 « Nous avons donc raison de parler de l’esprit de ce message comme étant totalement exempt du vulgaire sentiment de rivalité, entièrement au-dessus de l’emploi de méthodes spectaculaires ou faussement attrayantes, infiniment étranger à tous les simples expédients ou à l’effet dramatique, entièrement libre d’affectation ou de duplicité d’esprit, ne se souciant pas d’alliance avec le pouvoir mondain ou le renom social, recherchant davantage une place d’influence dans un cœur humble qu’un siège de puissance sur un trône royal, entièrement absorbé à revendiquer l’affectueuse allégeance de l’âme et à s’assurer la transformation morale du caractère, afin que son propre esprit et ses principes puissent gouverner la vie spirituelle des hommes..

« Le christianisme parle donc aux autres religions avec une franchise et une simplicité sans réserve, basées sur son propre droit incontestable d’être entendu. Il reconnaît l’indubitable sincérité de la conviction personnelle et l’ardeur intense du combat moral dans le cas de nombreuses âmes réfléchies qui, à l’instar des Athéniens du temps jadis, « l’adorent dans l’ignorance » ; il avertit et persuade et ordonne comme il en a le droit ; il parle comme le, fit Paul sur la colline de Mars en présence des païens cultivés, de ce jour fixé dans lequel le monde doit être jugé, et de « cet homme » par qui il doit être Jugé ; il répète et répète encore son appel invariable et Inflexible à la repentance ; il réclame l’acceptation de ses règles morales ; il exige la soumission, la loyauté la révérence et l’humilité.

« Tout ceci, il le fait avec une expression magnifique et résolue d’insistance tranquille. Il impose souvent son affirmation par l’argumentation, la supplication et la sollicitation affectueuse ; cependant, dans tout cela et au travers de tout cela, on doit discerner une expression claire, éclatante d’insistance sans compromis, révélant cette volonté personnelle suprême qui a donné naissance au christianisme, et au nom de laquelle ce dernier parle toujours. Il transmet son message avec un air de confiance paisible et de tranquille maîtrise. Nul souci de préséance, nul soin spécial pour l’apparence, nulle possibilité d’être secondé, nul esprit grossier de rivalité. Au contraire, il s’exprime avec la persuasion intime de cette suprématie simple, naturelle, incomparable, infinie qui désarme promptement la rivalité, et à la fin provoque l’admiration et impose la soumission des cœurs exempte de malice et de ruse ».

Parmi ces nobles discours pour la défense de la vérité, il y eut également celui du Comte Bernstorff d’Allemagne. Il déclara : « J’ai confiance que personne ici ne considère sa propre religion avec légèreté [bien qu’il apprît certainement le contraire avant la clôture du Congrès. Ceci fut dit à son début]. En ce qui me concerne, je déclare que je suis ici en simple chrétien évangélique, et que je n’aurais mis un pied dans ce Congrès si j’avais pensé qu’il ne signifiait rien d’autre qu’un consentement sur l’idée que toutes les religions sont pareilles, et qu’il est simplement nécessaire d’être sincère et droit. Je ne peux consentir à rien de ce genre. Je crois que seule la Bible est vraie, et que le christianisme protestant est la seule vraie religion. Je ne désire aucun compromis d’aucune sorte.

 « Nous ne pouvons nier que nous qui sommes dans ce Congrés, sommes séparés par de grands et importants principes. Nous admettons que ces différences ne peuvent être rapprochées, mais nous sommes réunis en croyant que chacun a le droit d’avoir sa foi. Vous invitez chacun à venir ici comme un sincère défenseur de sa propre foi.

 Pour ma part, je me tiens devant vous avec le même désir que celui qui animait Paul alors qu’il se tenait devant les représentants de la cour romaine et devant Agrippa, le roi juif. Plût à Dieu que tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, fussent à la fois presque et tout à fait comme je suis. Je ne peux dire « hormis ces liens».

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Je remercie Dieu d’être libre, sauf pour tous les défauts et les imperfections qui sont en moi et qui m’empêchent d’embrasser mon credo comme j’aimerais le faire.  « Mais alors, pourquoi nous réunissons-nous, si nous ne pouvons montrer de la tolérance ? Eh bien ! le terme tolérance est employé de différentes manières. Si les paroles du Roi Frédéric de Prusse, « dans mon pays, chacun peut aller au ciel à sa propre manière » sont employées comme une maxime de science politique, nous ne pourrions jamais trop l’approuver. Quelle effusion de sang, quelle cruauté auraient été épargnées dans le monde si elle avait été adoptée ! Mais si elle est l’expression de l’indifférence religieuse qui prévaut pendant ce dernier siècle et à la cour du monarque qui était l’ami de Voltaire, alors nous ne devons pas l’accepter.  « Dans son êpître aux Galates, Saint Paul rejette toute autre doctrine, même si elle était enseignée par un ange du ciel. Comme chrétiens, nous sommes des serviteurs de notre Maître, le Sauveur vivant. Nous n’avons aucun droit de compromettre la vérité qui nous est confiée, soit en la considérant à la légère, soit en taisant le message qu’il nous a donné pour les humains. Mais nous sommes rassemblés, chacun de nous désirant gagner les autres à son propre credo. Ce Congrès ne sera-t-il pas un Congrès de guerre plutôt que de paix ? Ne va-t-il pas nous éloigner les uns des autres au lieu de nous rapprocher ? Je ne le pense pas, si nous maintenons la vérité que nos grandes doctrines vitales ne peuvent être défendues et propagées que par des moyens spirituels. Une lutte ouverte avec des armes spirituelles ne doit pas brouiller les combattants ; au contraire, elle les rapproche souvent.  « Je pense que cette conférence aura agi suffisamment pour graver à jamais son souvenir sur les feuillets de l’histoire si ce grand principe [la liberté religieuse] est adopté par tous. Une lueur point dans chaque cœur, et le dix-neuvième siècle nous a apporté beaucoup de progrès à ce point de vue ; pourtant, nous risquons d’entrer dans le vingtième siècle avant que le grand principe de la liberté religieuse ait trouvé une acceptation universelle ». En contraste frappant avec l’esprit général du Congrès, fut également le discours de M. Grant, du Canada. Il déclara :  « II me semble que nous devrions ouvrir ce Congrès des religions, non avec le sentiment que nous accomplissons une grande chose, mais avec des sentiments humbles en confessant de tout notre cœur nos péchés et nos échecs. Pourquoi les habitants du monde n’ont-ils pas reçu la vérité? c’est notre faute. L’apôtre Paul, se reportant à l’époque ou Dieu guida si merveilleusement son peuple en arriva a discerner la clef de toutes les maximes de l’histoire de ce dernier : l’Eternel a étendu tout le jour ses mains vers un peuple rebelle et contredisant bien qu’il y ait toujours eu un petit nombre de justes, Israël en tant que nation, ne comprit pas l’Eternel et, de ce fait ne put comprendre la merveilleuse mission qui lui avait été confiée.

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« Si Saint Paul était ici aujourd’hui, ne ferait-il pas la même triste confession touchant le dix-neuxième siècle de la chrétienté ? Ne dirait-il pas que nous nous sommes enorgueillis de notre christianisme, au lieu de le laisser nous humilier et nous crucifier? Ne dirait-il pas aussi que nous nous sommes enflés de posséder le christianisme au lieu de lui permettre qu’il nous possède ? Ne dirait-il pas que nous avons séparé le christianisme d’avec l’ordre moral et spirituel du monde, au lieu de comprendre que c’est le christianisme qui doit le pénétrer, l’interpréter le compléter et l’éprouver, et qu’ainsi nous avons caché sa gloire et obscurci sa puissance ? Tout le long du jour notre Sauveur a dit : « J’ai étendu mes mains vers un peuple désobéissant et contredisant». Mais la seule condition indispensable de succès, c’est que nous reconnaissions la cause de notre échec que nous la confessions dans un esprit humble, simple, repentant et obéissant, et qu’avec un courage et une foi indomptables et dignes de l’Occident, nous allions de l’avant et agissions autrement ».

Si de tels sentiments avaient au moins trouvé un écho dans ce grand Congrès ! Mais, hélas ! Il n’en fut rien. Au contraire, il se caractérisa par beaucoup d’orgueil en se vantant des « merveilleux progrès religieux du dix-neuvième siècle ». La première impression du Comte Bernstorff fut justifiée, car, en effet, il y eut de graves compromissions de la doctrine et des principes chrétiens. C’est ce que l’on vit dans les sessions subséquentes du Congrès

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CONTRASTE ENTRE LES ATTITUDES CATHOLIQUE, PAÏENNE ET LE CHRISTIANISME PROTESTANT

L’attitude assurée et positive du catholicisme et des diverses religions païennes était en contraste manifeste avec le scepticisme du christianisme protestant. Aucune phrase ne fut prononcée par aucun d’entre eux contre l’autorité de leurs livres sacrés ; ils louèrent et recommandèrent leur religion, tandis qu’ils écoutèrent avec surprise les discours sceptiques et incrédules des chrétiens protestants contre la religion chrétienne et contre la Bible pour lesquelles les païens eux-mêmes montraient le plus grand respect.

Comme preuve de la surprise des étrangers lorsqu’ils apprirent cet état de choses parmi les chrétiens, nous citons ce qui suit du discours publié de l’un des délégués du Japon à une grande réunion tenue à Yokohama pour fêter leur retour et entendre leur rapport. L’orateur déclara :

« Lorsque nous reçûmes l’invitation d’assister au Congrès des Religions, notre organisation bouddhiste ne voulut pas nous envoyer comme ses représentants. La grande majorité croyait à une mesure adroite de la part des chrétiens pour nous avoir là-bas et ensuite pour nous tourner en ridicule ou pour essayer de nous convertir. En conséquence, nous y allâmes en simples particuliers. Mais ce fut une merveilleuse surprise qui nous attendait. Nos idées étaient toutes fausses. Le Congrès était convoqué parce que les nations occidentales en sont arrivées à discerner la faiblesse et l’absurdité du christianisme, et elles souhaitaient réellement nous entendre parler de notre religion et apprendre ainsi quelle est la meilleure religion.

 Il n’y a dans le monde aucun pays meilleur que l’Amérique pour propager les enseignements du bouddhisme. En Amérique le christianisme n’est qu’un agrément de la société. Il n’est vraiment cru que par très peu de gens. La grande majorité des chrétiens boivent et commettent divers péchés grossiers, et ont une vie très dissolue, bien que le christianisme soit une croyance très répandue et qu’elle serve d’agrément social. Son manque d’influence prouve sa faiblesse. Les assemblées manifestèrent la grande supériorité du bouddhisme sur le christianisme, et le simple fait de convoquer les réunions montra que le peuple américain et les autres peuples occidentaux avaient perdu leur foi dans le christianisme et étaient prêts à accepter les enseignements de notre religion supérieure».

 Il n’est pas surprenant qu’à la clôture des discours, un chrétien japonais ait déclaré : « Comment des chrétiens américains ont-ils pu commettre une si grande faute en tenant un tel rassemblement et porter préjudice au christianisme comme ces réunions le feront au Japon ? ».

Ceux qui sont au courant de l’histoire savent quelque chose de cette grande puissance antichrétienne, l’église de Rome, dont les protestants recherchent si ardemment l’affiliation ; ceux qui gardent les yeux ouverts sur ses activités présentes, savent que son cœur et son caractère sont toujours inchangés. Ceux qui sont quelque peu informés savent bien que l’église catholique grecque a soutenu et approuvé, si vraiment elle n’en a pas été l’instigatrice, la persécution russe des Juifs, des « Stundists » et de tous les autres chrétiens qui, se réveillant de l’aveuglement et de la superstition de l’église catholique grecque, cherchent et trouvent Dieu et la vérité par l’étude de sa Parole. Les persécutions incitées par les prêtres catholiques grecs et poursuivies par la police sont du genre le plus cruel et le plus révoltant. Mais néanmoins, on recherche très ardemment l’union et la coopération avec ces deux systèmes, les églises catholiques romaine et grecque, comme aussi avec toutes les formes de superstition et d’ignorance païennes.

 LES ÉPAISSES TÉNÈBRES DU PAGANISME AVEC LESQUELLES DES CHRÉTIENS DÉSIRENT FAIRE ALLIANCE

Des chrétiens désirent maintenant la coopération et la sympathie du paganisme. Nous pouvons nous faire une idée des épaisses ténèbres de ce paganisme d’après la réplique indignée que fit le Dr. Pentecost aux critiques que certains des étrangers adressèrent au christianisme et aux missions chrétiennes. Il déclara :

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 « Je trouve regrettable que l’on fasse tendre toute phases à faire dégénérer les discussions de ce Congrés en une suite d’accusations et de récriminations; néanmoins nous chrétiens nous sommes restés assis patiemment pour écouter une série de critiques que certains représentants des religions de l’Orient ont adressées au christianisme touchant ses résultats. Par exemple, les bouges de Chicago et de New York, la perversité sans nom qui s’étale aux yeux mêmes des étrangers qui sont nos hôtes ; la licence l’ivrognerie les querelles, les assassinats, les crimes d’une certaine classe nous ont été attribués. Les fautes commises par les Parlements et les gouvernements tant en Angleterre qu’en Amérique ont été mis sur le compte du christianisme. Le commerce de l’opium, le trafic du rhum, les violations de traités, les lois barbares et inhumaines contre les Chinois, etc., tout a été mis sur le compte de l’église chrétienne: [Mais si les chrétiens prétendent que ces nations sont des nations chrétiennes peuvent-ils raisonnablement blâmer ces représentants païens de penser et de les juger en conséquence ?].

« II semble à peine nécessaire de dire toutes ces choses, l’immoralité l’ivrognerie, les crimes, le manque de fraternité et la rapacité de ces divers trafics néfastes que nos pays ont introduits en Orient n’ont rien a voir avec le christianisme. [Si, si ces nations sont des nations chrétiennes. En affirmant qu’elles le sont, l’église est responsable de leurs péchés ; c’est donc a juste titre qu’on l’en accuse] L’Eglise de Christ travaille nuit et jour à corriger et à abolir ces crimes. C’est d’une voix unanime que l’église chrétienne condamne le trafic de l’opium celui de l’alcool les lois oppressives contre les Chinois et toutes les formes de vice et de cupidité dont se plaignent nos amis orientaux.

 « Nous consentons à être critiqués, mais quand je rappelle le fait que ces critiques viennent en partie de messieurs qui représentent un système de religion, dont les temples servis par les castes les plus élevés et prêtres brahamanes , sont les cloître autorisés et établis d’un système d’immoralité et de débauche sans parallèle en aucun pays occidental, je sens que garder le silence devant ces critiques serait les accepter. Je pourrais vous emmener dans dix mille temples, plus ou moins — plutôt plus que moins — dans toutes les parties de l’Inde, auxquels sont attachées deux à quatre cents prêtresses, dont les vies ne sont pas toutes ce qu’elles devraient être.

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« J’ai vu cela de mes propres yeux, et personne ne le nie en Inde. Si vous en parlez aux Brahmanes, ils vous diront que c’est une partie de leur système concernant le commun peuple. Retenez bien que ce système est l’institution autorisée de la religion hindoue. Il n’est que de regarder les abominables sculptures sur les temples à la fois des Hindous et des Bouddhistes, les symboles hideux des anciens systèmes phalliques qui sont les objets les plus populaires adorés dans l’Inde, pour être Impressionné par la corruption des religions. Retenez bien que ces dernières ne sont pas seulement tolérées, mais établies dirigées et dominées par les prêtres de la religion. Seuls les peintures et portraits indécents de l’ancienne Pompéi égalent en obscénité les choses qui sont à la vue de tous dans les temples de l’Inde et autour de leurs entrées.

«  Il semble un peu pénible que nous devions supporter les critiques que ces représentants de l’hindouisme font contre la partie impie des pays occidentaux, alors qu’ils vivent dans des énormes maisons de verre comme celles-ci chacune d’elles étant érigée, protégée et défendue par les conducteurs de leur propre religion.

« Nous avons entendu beaucoup parler de la « paternité de Dieu et de la fraternité de l’homme» comme étant une des doctrines essentielles des religions orientales . En fait, je n’ai jamais été capable de trouver — et j’ai mis au défi d’en produire un dans l’Inde entière — un seul texte dans l’une quelconque des littératures hindoues qui Justifie ou même suggère la doctrine de la « paternité de Dieu et de la fraternité de l’homme ». C’est là un pur plagiat aux dépens du christianisme. Nous nous réjouissons qu’ils l’aient adoptée et assimilée. Comment un Brahmane qui considère tous les hommes d’une caste inférieure et spécialement les pauvres parlas avec un esprit de dégoût et les estime comme appartenant à un ordre différent d’êtres, provenant de singes et de démons, peut-il oser nous dire qu’il croit en la paternité de Dieu et en la fraternité de l’homme ? Si un Brahmane croit en la fraternité de l’homme, pourquoi refuse-t-il les aménités sociales et l’hospitalité ordinaire aux hommes des autres castes, aussi bien qu’à ses frères occidentaux qu’il étreint si magnifiquement dans les bras condescendants de sa doctrine trouvée depuis peu de la paternité de Dieu et de la fraternité de l’homme ?

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«S’il y a une fraternité quelconque de l’homme en Inde l’observateur le plus distrait ne peut hésiter à dire qu’il n’y a pas de fraternité touchant les sœurs qui soit reconnue d’eux. Que les horreurs sans nom, dont les femmes hindoues de l’Inde sont les victimes, répondent à cette déclaration.

 « Jusqu’à ce que le gouvernement anglais ait renversé d’une main ferme l’ancienne institution religieuse hindoue de Suttee [veuve hindoue — Trad.], chaque année, des centaines de veuves hindoues se jetaient de bon cœur sur le bûcher funéraire de leur mari mort, embrassant ainsi les flammes qui brûlaient leur corps plutôt que de se livrer aux horreurs sans nom et à l’enfer vivant du veuvage hindou. Que nos amis hindous nous disent ce que leur religion a fait pour la veuve hindoue, et en particulier pour l’enfant veuve avec sa tête rasée comme une criminelle dépouillée de ses ornements, vêtue de haillons, réduite a une position d’esclave pire que celle que nous pouvons concevoir, devenue le souffre-douleur de la famille, et souvent vouée à des usages pires encore et sans nom. C’est à cet état et à cette condition que se trouve réduite la pauvre veuve sous la sanction de l’hindouisme. Il y a deux années seulement, on demanda au gouvernement britannique de voter une nouvelle loi sévère élevant « l’âge de consentement » à douze ans, âge ou il était légal pour un hindou de consommer les rapports de mariage avec sa femme-enfant. Les hôpitaux chrétiens, remplis de petites filles abusées à peine sorties de leur enfance, devinrent un fait si outrageant que le gouvernement dut intervenir pour arrêter ces crimes qui étaient perpètrés au nom de la religion. L’agitation fut si grande à ce sujet en Inde qu’on craignit comme imminente une révolution religieuse qui aurait presque tourné en soulèvement.

 « Nous avons été critiqués par nos amis orientaux nous reprochant de juger avec un jugement ignorant et prévenu parce qu’au début de ce Congrès, un défi fut lancé auquel cinq personnes seulement furent capables de dire qu’elles avaient lu la Bible de Bouddha ; dès lors, on supposa que notre jugement était ignorant et injuste. On aurait pu lancer le même défi en Birmanie ou a Ceylan, et en dehors de la prêtrise, il est presque permis de dire qu’il y aurait eu moins de cinq personnes qui auraient été capables de dire qu’elles avaient lu leurs propres écritures.

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Les Badas des Hindous sont des objets d’adoration. Personne sauf un Brahme ne peut les enseigner, encore moins les lire. Avant que les missions chrétiennes n’aillent en Inde, le sanscrit était pratiquement une langue morte. Si les écritures indiennes ont été enfin traduites dans la langue indigène ou donnée aux nations occidentales c’est parce que les missions chrétiennes et des érudits occidentaux les ont redécouvertes, déterrées, transportées et apportées à la lumière du jour. La somme des Ecritures en sanscrit connue par l’Indien ordinaire qui a reçu une instruction occidentale n’est constituée que de ces portions qui ont été traduites en anglais ou en langue indigène par des érudits européens ou occidentaux. Le commun peuple, c’est-à-dire les 99 % des Hindous ne connaît que la tradition. Mettons cette exclusivité d’inertie de la part de ces religions indiennes en contraste avec le fait que le chrétien a traduit sa Bible en plus de trois cents langues et dialectes, et qu’il l’a répandue à des centaines de millions d’exemplaires parmi les nations, langues et peuple de la terre- Nous Cherchons la lumière, mais il semblerait que les Bibles de l’Orient aiment les ténèbres plutôt que la lumière parce qu’elles ne supportent pas cette lumière publiée dans l’univers.

« L’hindouisme nouveau et meilleur de nos jours est un développement accompli sous l’influence de l’ambiance chrétienne, mais il n’a pas encore atteint le niveau éthique qui lui donne le droit de donner à l’église chrétienne une leçon de moralité. Jusqu’à ce que l’Inde ait purgé ses temples d’une souillure pire que celle d’Augias, et que ses pandits et ses prêtres aient désavoué et stigmatisé les actes horribles commis au nom de la religion qu’elle soit modeste quand elle proclame la moralité aux autres nations et aux autres peuples ».

 DES RÉFORMATEURS PAÏENS CHERCHENT DIEU

 Tandis que, dans ses représentants, la chrétienté se tenait devant ceux du monde païen, orgueilleuse de ses progrès religieux et ne sachant pas qu’elle était « pauvre et aveugle, et misérable et nue » (Apoc. 3 : 17), le contraste était très grand d’une recherche évidente de Dieu de la part de certains païens ; d’autre part, la finesse avec laquelle ils discernaient et d’une manière indirecte critiquaient les contradictions des chrétiens, mérite d’être soulignée d’une façon toute spéciale.

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Deux discours habiles prononcés par des représentants hindous nous donnent quelque idée du remarquable mouvement en Inde, des ténèbres dans les pays païens, et aussi de l’influence de notre Bible que les missionnaires y portent. La Bible a accompli une œuvre qui n’a pu être détruite bien qu’elle ait été gênée par les credo contradictoires qui l’accompagnent et prétendent l’interpréter. Nous apprenons qu’au Japon existent des conditions semblables. Ci-dessous, nous ajoutons des extraits de trois discours remarquables pour leur évidente sincérité, leur profondeur et leur expression limpide, et qui montrent l’attitude très sérieuse de réformateurs païens qui cherchent après Dieu, s’ils pourraient en quelque sorte le toucher en tâtonnant et le trouver.

 UNE VOIX DE L’INDE NOUVELLE

M Mozoomdar s’adressa à l’assemblée en ces termes :

 « M LE PRESIDENT, MM. LES REPRESENTANTS DES NATIONS ET DES RELIGIONS :

Le Brahmo Somaj de l’Inde que j’ai l’honneur de représenter est une nouvelle société ; notre religion est une nouvelle religion, mais elle vient d’une lointaine, très lointaine antiquité, des racines mêmes de notre vie nationale, il y a des centaines de siècles. « II y a soixante-trois ans, tout le pays de l’Inde était rempli d’une immense clameur. Le grand bruit discordant d’un polythéisme hétérogène déchirait le silence du ciel. Les pleurs des veuves, que dis-je, bien plus lamentables les cris de ces misérables femmes qui devaient être brûlées sur les bûchers funéraires de leurs maris morts, profanaient la sainteté de la terre de Dieu. Nous avions la déesse bouddhiste du pays, la mère du peuple, aux dix mains, tenant dans chaque main les armes pour défendre ses enfants. Nous avions la déesse blanche du savoir, jouant sur sa Vena, instrument de musique à cordes, les cordes de la sagesse. La déesse de la bonne fortune, tenant dans ses bras non la corne mais le panier d’abondance, bénissant les nations de l’Inde, s’y trouvait aussi ; et le dieu à la tête d’éléphant , et le dieu à califourchon sur un paon, et les trente-trois millions de dieux et de déesses en plus. J’ai ma conception personnelle sur la mythologie de l’hindouisme, mais ce n’est pas le moment d’en discuter.

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Parmi le vacarme et le fracas de ce polythéisme et du mal social, parmi toutes les ténèbres, de l’époque, se dressa un homme, un pur brahmane de naissance et d’éducation, qui s’appelait Raja Ram Dohan Roy. Avant de devenir un homme, il écrivit un livre pour prouver la fausseté de tout polythéisme et la vérité de l’existence du Dieu vivant. Cela attira la persécution sur sa tête. En 1830, cet homme fonda une société connue sous le nom de Brahmo-Somaj — la société des adorateurs du seul Dieu vivant.

 « Le Brahmo-Somaj fonda ce monothéisme sur l’inspiration des anciennes écritures hindoues, les Vedas et les Upanishads.

« Au cours du temps, alors que le mouvement grandissait, les membres commencèrent à douter de l’infaillibilité réelle des écritures hindoues. Dans leur âme, ils pensaient, entendre une voix qui, tout d’abord timide, contredisait ça et là les Vedas et les Upanishads. Quels seront nos principes de  Theologie ? Sur quels principes notre religion se tiendra-t-elle ? Le faible ton sur lequel la question fut d’abord posée, s’amplifia de plus en plus et trouva de plus en plus d’écho dans la société religieuse naissante jusqu’à devenir le problème le plus positif sur le plan pratique : sur quel livre toute vraie religion doit-elle s’appuyer ?

 « Rapidement, ils trouvèrent impossible que ce fussent les écritures hindoues le seul témoignage de la vraie religion. Ils trouvèrent que bien qu’il y eût des vérités dans les écritures hindoues, ils ne pouvaient reconnaître ces dernières comme le seul modèle infaillible de la réalité spirituelle. Aussi, vingt et un ans après la fondation du Brahmo-Somaj on abandonna la doctrine de l’infaillibilité des écritures hindoues.

 « Vint ensuite une autre question : N’y a-t-il pas d’autres écritures ? Ne vous ai-je pas dit, l’autre jour, que sur le trône impérial de l’Inde, le christianisme siégeait maintenant, tenant l’Evangile d’une main et le sceptre de la civilisation de l’autre ? La Bible a pénétré en Inde. La Bible est le livre que l’humanité ne devrait pas ignorer. reconnaissant donc, d’une part, la grande inspiration des écritures hindoues, nous ne pouvions, d’autre part reconnaître l’inspiration et l’autorité de la Bible. En 1861 nous publiâmes un ouvrage dans lequel des extraits de toutes les écritures furent donnés comme le livre qui devait être lu au cors de nos dévotions Ce ne fut pas le missionnaire chrétien qui attira notre attention sur la Bible , ce ne furent pas les prêtres mahométans qui nous montrèrent les excellents passages du Coran ; ce ne fut aucun disciple de Zoroastre qui nous prêcha la grandeur de son Zend-Avesta, mais il y avait dans nos cœurs le Dieu de réalité infini, la source d’inspiration de tous les livres, de la Bible, du Coran du Zend-Avesta, qui attira notre attention sur les vertus révélées dans le récit de l’expérience de sainteté faite partout. C’est par sa direction et par sa lumière que nous reconnûmes ces faits, et c’est sur le roc de la réalité durable et éternelle que nous posâmes notre fondement  Theologique.

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« Etait-ce de la  Theologie sans moralité ? Qu’est l’inspiration de ce livre ou l’autorité de ce prophète sans la sainteté personnelle, la propreté de ce temple fait par Dieu ? Peu après que nous eûmes achevé notre  Theologie, nous en vînmes à discerner clairement que nous n’étions pas des hommes bons, des hommes saints à l’esprit pur, et qu’il y avait d’innombrables choses mauvaises autour de nous, dans nos maisons, dans nos usages nationaux, dans l’organisation de notre société. En conséquence, le Brahmo-Somaj se mit à réformer la société. En 1851, le premier « intermariage » fut célébré. En Inde, un intermariage veut dire le mariage de personnes appartenant a des castes différentes. La caste est une sorte de muraille de chine qui entoure chaque famille et chaque petite communauté; aucun homme audacieux aucune femme audacieuse ne s’égarerait au-delà de cette muraille. Dans le Brahmo-Somaj, nous demandâmes : « Est-ce que cette muraille chinoise couvrira à jamais d’opprobre la liberté des enfants de Dieu ? » Non ! Abattez-la ! Renversez-la ! et partez !

« Ensuite, mon conducteur et honoré ami, Keshub Chunder Sen prit des dispositions pour que le mariage entre castes différentes ait lieu. Les Brahmes furent scandalisés. Des devins hochèrent la tête, même des dirigeants du Brahmo-Somaj haussèrent les épaules et mirent leurs mains dans les poches. « Ces jeunes incendiaires » dirent-ils «vont mettre le feu à toute la société ». Mais l’« intermariage » se fit ainsi que le remariage des veuves.

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« Savez-vous ce que sont les veuves en Inde ? Une petite fille de dix ou douze ans vient à perdre son mari, avant même qu’elle ait bien connu ses traits ; depuis cet âge tendre jusqu’au jour de sa mort, elle subira des pénitences, une vie très austère, misérable, la solitude et la honte qui vous font trembler en entendant seulement parler. Je n’approuve pas ou je ne comprends pas la conduite d’une femme qui se marie une première fois puis une seconde fois, puis une troisième fois et une quatrième — qui se marie autant de fois qu’il y a de saisons dans l’année. Je ne comprends pas la conduite de tels hommes et de telles femmes. Mais je pense que lorsqu’une petite enfant de onze ans perd ce que les hommes appellent son mari, la faire tomber dans la misère de toute une vie de veuvage et lui infliger des calamités qui déshonoreraient un criminel, est un acte inhumain dont il n’est pas trop tôt de se débarrasser. D’où, des « intermariages » et des remariages de veuves. Nous avions ainsi pris en main le problème de l’amélioration sociale et domestique et le résultat fut que très rapidement une rupture se fît dans le Brahmo-Somaj. Nous, jeunes gens, nous dûmes partir — nous et toute notre réforme sociale — et nous tirer d’affaire nous-mêmes comme nous le pouvions au mieux. Lorsque ces réformes sociales furent en partie achevées, survint une autre question. ‘

« Nous avions remarié la veuve ; nous avions préservé les veuves du bûcher ; mais qu’avions-nous fait de notre pureté personnelle, de la sanctification de notre propre conscience, de la régénération de notre âme ? Mais qu’avions-nous fait de notre acceptation devant le terrible tribunal de Dieu de justice infinie ? La réforme sociale et l’accomplissement de bonnes œuvres pour le public ne sont légitimes que s’ils se développent sous le principe d’application générale de la pureté personnelle et de la sainteté de l’âme.

« Mes amis, je suis souvent effrayé, je le confesse, lorsque je médite sur la condition de la société européenne et américaine ou vos activités sont si nombreuses, où votre travail est si étendu que vous en êtes submergés et que vous avez peu de temps pour prendre en considération les grandes questions de régénération, de sanctification personnelle, d’épreuve, de jugement et de l’acceptation devant Dieu. C’est la question de toutes les questions.

 « Après la fin de notre travail de réforme sociale nous étions amenés devant le grand sujet: Comment cette nature non régénérée sera-t-elle régénérée ? Ce temple souillé, quelles eaux le laveront-elles pour qu’il soit dans une condition nouvelle et pure ? Tous ces mobiles, tous ces désirs et impulsions mauvaises, les inspirations animales, qu’est-ce qui y mettra fin et rendra l’homme ce qu’il était, l’enfant immaculé de Dieu, comme Christ l’était, comme tous les hommes régénérés l’étaient ? Le principe de  Theologie d’abord, le principe moral ensuite, et en troisième lieu le spirituel du Brahmo-Somaj : dévotions, repentance, prière, louange, foi ; s’en remettre entièrement et absolument à l’esprit de Dieu et à son amour salutaire.

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[Ce philosophe païen ne discerne qu’en partie ce qu’est le péché, comme l’indique l’expression qu’il emploie : « un enfant immaculé de Dieu… comme tous les hommes régénérés l’étaient ». Il ne voit pas que même les meilleurs de la race déchue sont loin d’être réellement sans souillure, immaculés, parfaits ; que, par conséquent, tous ont besoin du mérite de la perfection de Christ et du sacrifice pour le péché pour les justifier. Il parle de prières, de foi, etc., et de la miséricorde de Dieu, mais il n’a pas encore appris que la justice est le fondement à la base de toutes les transactions de Dieu, et que ce n’est que par le mérite du sacrifice de Christ que Dieu peut être juste et néanmoins le justificateur des pécheurs qui croient en Christ, couverts de cette manière par sa grande réconciliation pour le péché, accompli il y a dix-huit siècles — une fois pour toutes — pour être un témoignage rendu à tous en son propre temps].

« Des aspirations morales ne signifient pas la sainteté ; un désir d’être bon ne signifie pas être bon. Le taureau qui transporte sur son dos quelques centaines de kilos de sucre ne goûte pas la moindre parcelle de sucre à cause de son fardeau insupportable. Toutes nos aspirations, tous nos beaux souhaits, tous nos beaux rêves et tous nos beaux sermons, que nous les écoutions ou que nous les fassions — qu’ils nous endorment ou que nous les écoutions attentivement — tout cela ne rendra jamais la vie parfaite. La dévotion seule, la prière, la perception directe de l’esprit de Dieu, la communion avec lui, l’humiliation absolue de soi-même devant sa majesté, la ferveur de dévotion, la stimulation religieuse, le grand intérêt aux choses spirituelles, vivre et agir en Dieu, voilà le secret de la sainteté personnelle. Et dans la troisième étape de notre carrière, l’émotion spirituelle, les longues dévotions, la ferveur intense, la contemplation, l’abaissement continuel de soi, non pas simplement devant Dieu mais devant l’homme, devinrent en conséquence la règle de notre vie. Dieu est invisible ; cela ne fait de mal à une personne ou ne la rend pas moins respectable si elle dit à Dieu : « Je suis un pécheur ; pardonne-moi ». Mais pour faire vos confessions devant l’homme, pour vous abaisser devant vos frères et vos sœurs, pour essuyer la poussière des pieds des saints hommes, pour sentir que vous êtes un objet misérable, malheureux dans la sainte assemblée de Dieu, cela exige un peu d’abaissement de soi, un peu de courage moral.

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« Le dernier principe que j’ai à exposer est la marche progressive du Brahmo-Somaj.

« Le christianisme proclame la gloire de Dieu ; l’hindouisme parle de son excellence infinie et éternelle ; le mahométanisme, par le feu et par le fer, prouve la toute puissance de sa volonté ; le bouddhisme dit combien il est pacifique et joyeux. Il est le Dieu de toutes les religions, de toutes les dénominations, de tous les pays, de toutes les écritures, et notre marche progressive consiste à mettre en harmonie ces divers systèmes, ces divers prophéties et ces divers développements en un seul grand système. C’est pourquoi le nouveau système de religion dans le Brabmo-Somaj est appelé la Nouvelle Dispensation. Le chrétien parle du christianisme en termes d’admiration ; ainsi le fait l’hébreu du judaïsme, le mahométan du Coran, le disciple de Zoroastre du Zend-Avesta. Le chrétien admire ses principes de culture spirituelle ; l’hindou en fait autant, et le mahométan aussi.

 « Mais le Brahmo-Somaj accepte et harmonise tous ces préceptes, systèmes, principes, enseignements et disciplines, et les amalgame en un système unique, et c’est là sa religion. Depuis une décade entière, mon ami, Keshub Chunder Sen, moi-même et d’autres apôtres du Brahmo Somaj avons voyagé de village en village, de province en province, de continent en continent, proclamant cette nouvelle dispensation et l’harmonie de toutes les prophéties religieuses et de tous les systèmes religieux à la gloire du seul vrai Dieu vivant. Mais nous sommes une race asservie ; nous sommes ignorants ; nous sommes incapables ; nous n’avons pas les ressources d’argent pour que notre message puisse être entendu des hommes. Au temps convenable, vous avez convoqué cet auguste Congrès des religions, et le message que nous ne pouvions propager, vous vous êtes chargés de le propager.

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« Je ne viens pas aux sessions de ce Congrès en simple étudiant, ni comme quelqu’un qui a à justifier sa propre organisation. Je viens en disciple, en partisan, en frère. Puissent vos travaux être bénis et prospères, et non seulement votre christianisme et votre Amérique seront exaltés, mais le Brahmo-Somaj se sentira très exalté, et ce pauvre homme qui est venu de si loin pour demander votre sympathie et votre bonté se sentira abondamment récompensé.

« Puisse la propagation de la Nouvelle Dispensation compter sur vous et faire de vous nos frères et nos sœurs. Représentants de toutes les religions, puissent toutes vos religions aboutir à la paternité de Dieu et à la fraternité de l’homme, afin que la prophétie de Christ puisse s’accomplir, que l’espérance du monde puisse être réalisée et que l’humanité puisse devenir un royaume unique avec Dieu, notre Père ».

Nous avons ici une déclaration claire de l’objet et des espérances de ces philosophes visiteurs, et qui pourra dire qu’ils n’ont pas réussi à saisir des occasions favorables ? Si, devant le Congrès, nous avons entendu beaucoup parler de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes non régénérés — sans que soit reconnue la nécessité d’un Sauveur, d’un Rédempteur, pour faire l’expiation du péché et ouvrir « un chemin nouveau et vivant [de retour à la famille de Dieu] à travers le voile, c’est-à-dire sa chair », nous avons entendu parler beaucoup plus de la même chose depuis. Si, devant le Congrès, nous avons entendu parler de la rédemption de la société par des réformes morales, en opposition à la rédemption par le sang précieux, nous avons depuis entendu parler plus encore de cette religion sans Christ. C’est la dernière étape de la chute de ces derniers jours de l’Age de l’Evangile. Elle continuera et augmentera : les Ecritures déclarent qu’« il en tombera mille à ton côté», et l’apôtre Paul demande avec insistance : « Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme dans ce mauvais jour», tandis que Jean le Révélateur demande d’une manière significative « Qui peut subsister ? ». Le thème tout entier de l’Ecriture indique que c’est la volonté de Dieu qu’une grande épreuve (« test ») vienne maintenant sur tous ceux qui ont pris le nom de Christ, et que la grande masse de la classe de l’« ivraie » abandonne toute profession de foi dans le sacrifice de la rançon, accompli une fois pour toutes par notre Seigneur Jésus, parce qu’ils n’ont jamais reçu la vérité dans l’amour de la vérité. — 2 Thess. 2 : 10-12.

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UNE VOIX DU JAPON

Lorsque Kinza Ringe M. Harai, le savant japonais bouddhiste, lut son papier sur « La position réelle du Japon à l’égard du christianisme », les sourcils de certains des missionnaires sur l’estrade se froncèrent et ils secouèrent la tête en signe de désapprobation. Mais le bouddhiste lança ses reproches incisifs contre les faux chrétiens qui avaient tant fait pour gêner l’oeuvre de propagation de l’Evangile au Japon. Il déclara :

 « II y a très peu de pays au monde qui soient aussi mal compris que ne l’est le Japon. Parmi les innombrables jugements injustes, on représente spécialement sous un faux jour la pensée religieuse de mes compatriotes, et l’on condamne la nation entière comme étant païenne. Qu’elle soit païenne ou quelque chose d’autre, c’est un fait que, depuis le commencement de notre histoire, le Japon a reçu tous les enseignements avec un esprit ouvert ; c’est un fait également que les instructions qui sont venues du dehors se sont mêlées à la religion du pays en complète harmonie, comme on le voit par tant de temples édifiés au nom de la vérité avec une appellation mixte de bouddhisme et de shintoïsme ; on le voit aussi par l’affinité parmi les instructeurs du Confucianisme et du Taoïsme, ou d’autres ismes, et les bouddhistes et les prêtres du Shinto, comme on le voit également par les Japonais pris individuellement qui rendent hommage à tous les enseignements désignés ci-dessus ; on peut le voir encore par la construction particulière des maisons japonaises qui possèdent généralement deux chambres, l’une pour un temple bouddhiste en miniature et l’autre pour un petit sanctuaire shinto, devant lesquels la famille étudie les écritures respectives des deux religions. En réalité, la religion synthétique est la spécialité japonaise, et je n’hésiterai pas à l’appeler le Japonisme.

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« Mais vous allez protester et dire : « Pourquoi donc le christianisme n’est-il pas aussi chaleureusement accepté par votre nation que d’autres religions ? ». C’est là le point que je désire tout spécialement vous présenter. Il y a deux causes pour lesquelles le christianisme n’est pas aussi cordialement accepté. Cette grande religion fut largement répandue dans notre pays, mais en 1637 les missionnaires chrétiens, unis aux convertis, provoquèrent une tragique et sanglante rébellion contre le pays, et l’on comprit que ces missionnaires avaient l’intention d’assujettir le Japon à leur propre pays natal. Cela choqua le Japon, et il fallut un an au gouvernement du Sho-gun pour réprimer cette terrible et importune agitation. A ceux qui nous accusent que notre mère patrie a interdit le christianisme, non actuellement mais dans le passé, je répondrai que ce ne fût pas par antipathie religieuse ou raciale, mais pour prévenir une autre insurrection, et pour protéger notre indépendance, nous fûmes obligés d’interdire la propagation des évangiles.

 « Si notre histoire n’avait pas eu le souvenir d’une dévastation étrangère accomplie sous le couvert de la religion, et si notre peuple n’avait pas conservé par hérédité une horreur et un préjugé contre le nom de christianisme, celui-ci aurait pu être embrassé avec empressement par la nation entière. Mais cet incident est du passé, et nous pouvons l’oublier. Cependant, il est assez raisonnable de penser que, dans la mentalité orientale, le christianisme soit gravement soupçonné (vous appellerez peut-être cela de la superstition) d’être un instrument de déprédation, si l’on admet le fait que certaines des puissantes nations de la chrétienté empiètent graduellement sur l’Orient et que la circonstance dont je vais parler, frappe chaque jour notre esprit et ranime le souvenir très vif de l’événement historique du passé. La circonstance dont je vais parler est l’expérience que nous faisons actuellement ; je la porte spécialement à l’attention de ce Congrès, et non seulement de ce Congrès, mais également de toute la chrétienté.

« Depuis 1853, lorsque le Commodore Perry vint au Japon comme ambassadeur du Président des Etats-Unis d’Amérique, notre pays commença à être mieux connu de toutes les nations occidentales, les nouveaux ports furent largement ouverts et l’interdiction des évangiles fut abolie, comme cela était avant la rébellion chrétienne. Par la convention de Yédo, aujourd’hui Tokyo en 1858, l’accord fut signé entre l’Amérique et le Japon, et aussi avec les puissances européennes. A l’époque, notre pays était encore sous un gouvernement féodal, et comme nous avions été à l’écart plus de deux siècles depuis la rébellion chrétienne de 1637, la diplomatie était tout à fait une expérience nouvelle pour les officiels féodaux qui mirent toute leur confiance dans les nations occidentales et acceptèrent, sans aucune modification, chaque article du traité présenté par les gouvernements étrangers. D’après ce traité, nous sommes dans une situation très désavantageuse, et parmi les autres articles, il y en a deux très importants qui nous privent de nos droits et de nos avantages. L’un concerne l’exterritorialité des nations occidentales au Japon, par laquelle toutes les affaires de droit, soit de propriété ou de personne, s’élevant entre les sujets des nations occidentales dans mon pays aussi bien qu’entre eux et les Japonais, sont soumises à la juridiction des autorités des nations occidentales. Un autre article concerne le tarif douanier qu’à l’exception de 5 % ad valorem, nous n’avons aucun droit de prélever une taxe là où on pourrait le faire légitimement.

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 «Il est également stipulé que l’une ou l’autre des parties contractantes de ce traité peut, après un préavis d’une année donné à l’autre, demander une révision le 1er juillet 1872 ou après. En conséquence, en 1871, notre gouvernement demanda une révision, et depuis lors, nous l’avons constamment sollicitée, mais les gouvernements étrangers ont simplement ignoré nos demandes, en prétextant beaucoup d’excuses. Une partie du traité entre les Etats-Unis d’Amérique et le Japon concernant le tarif douanier, fut annulée, ce dont nous remercions avec une sincère gratitude la bonne nation américaine, mais je regrette de dire que, aucune nation européenne n’ayant suivi l’exemple de l’Amérique à cet égard, notre droit au tarif douanier demeure dans la même condition qu’auparavant.

 « Nous n’avons aucun pouvoir judiciaire sur les étrangers au Japon, et la conséquence naturelle de cela est que nous subissons des dommages légaux et moraux dont on peut voir constamment les comptes rendus dans nos propres journaux. Comme les peuples occidentaux vivent loin de nous, ils ne connaissent pas exactement les faits. Il est probable que, de temps en temps, ils entendent les rapports des missionnaires et de leurs amis au Japon. Je ne nie pas que leurs rapports soient vrais, mais si quelqu’un désire obtenir des renseignements sans erreur possible concernant son ami, il doit entendre de nombreux côtés, les opinions à son sujet. Si vous examinez de près, avec un esprit impartial, quels dommages nous subissons, vous serez étonnés. Parmi de nombreux genres d’outrages qui nous sont faits, il y en a certains qui nous étaient totalement inconnus autrefois et entièrement nouveaux pour nous « païens », et aucun d’entre nous n’oserait parler de ces outrages même dans une conversation privée.

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 « L’une des excuses offertes par les nations étrangères, est que notre pays n’est pas encore civilisé. Est-ce le principe d’une loi civilisée que les droits et profits du soi-disant non-civilisé ou du plus faible soient sacrifiés ? Selon ma compréhension, l’esprit et la nécessité d’une loi est de protéger les droits et le bien-être du plus faible contre l’agression du plus fort, mais je n’ai jamais appris dans mes études superficielles de droit que le plus faible doit être sacrifié pour le plus fort. Une autre sorte d’excuse provient de source religieuse et l’on prétend que les Japonais sont des idolâtres et des païens. Vous saurez de suite si notre peuple est ou non idolâtre en voulant bien rechercher sans préjugés nos vues religieuses d’après des sources japonaises authentiques.

« Cependant, en admettant pour les besoins de l’argumentation, que nous soyons des idolâtres et des païens, est-ce la moralité chrétienne de fouler aux pieds les droits et les intérêts d’une nation non chrétienne en ternissant tout leur bonheur naturel avec la sombre tache de l’injustice ? Je lis dans la Bible : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre », mais je ne puis y découvrir aucun passage qui dise : « Si quelqu’un te demande justice, frappe-lui la joue droite, et quand il se tournera, frappe-lui l’autre aussi ». De même, je lis dans la Bible : « A celui qui veut plaider contre toi et t’ôter la tunique, laisse-lui encore le manteau », mais je ne puis découvrir aucun passage qui dise : « Si tu plaides contre quelqu’un et lui enlèves sa tunique, qu’il te donne aussi son manteau ».

 « Vous envoyez vos missionnaires au Japon, et ils nous conseillent d’être moraux et de croire au christianisme. Nous aimons être moraux, nous savons que le christianisme est bon, et nous sommes très reconnaissants pour cette bonté. Mais dans le même temps, notre peuple est plutôt rendu perplexe ; il met très fortement en doute cet avis, quand il se souvient que le traité signé au temps du féodalisme, alors que nous étions encore dans notre enfance, est toujours maintenu par les puissantes nations de la chrétienté ; lorsque nous trouvons que, chaque année, un bon nombre de bateaux engagés dans la pêche au phoque s’introduisent en fraude dans nos mers, quand des affaires légales sont toujours tranchées par les autorités étrangères au Japon dans un sens qui nous est défavorable ; quand, il y a quelques années, il n’était pas permis à un Japonais d’entrer dans une université sur la côte du Pacifique en Amérique parce qu’il était d’une race différente ; quand, il y a quelque mois, la commission des écoles de San-Francisco décréta qu’il ne serait permis à aucun Japonais d’entrer dans les écoles publiques de la ville ; quand, l’an dernier, les Japonais furent chassés en gros de l’un des territoires des Etats-Unis d’Amérique ; quand, à San-Francisco, nos hommes d’affaires furent obligés par une certaine union de ne pas employer des assistants ou des collaborateurs japonais, mais des Américains ; quand, à la tribune, il y en a dans la même ville qui parlent contre ceux d’entre nous qui sont déjà ici quand il y a de nombreux hommes qui vont en procession en hissant des lanternes portant ces mots « Les Japonais doivent partir » ; quand les Japonais des iles Hawaii sont privés de leur droit de vote ; quand, au Japon, nous voyons certaines personnes occidentales dresser devant l’entrée de leur maison un poteau spécial sur lequel on lit « Entrée interdite aux Japonais », exactement comme une pancarte sur laquelle est écrit : « Interdit aux chiens » ; quand nous nous trouvons dans une telle situation, est-il excessif — malgré la bonté des nations occidentales, d’un certain point de vue, qui nous envoient leurs missionnaires — pour nous « païens » intelligents, d’être embarrassés et d’hésiter à avaler le délicieux et chaud liquide du ciel du christianisme ? Si telle est la morale chrétienne, eh bien ! nous sommes parfaitement satisfaits d’être des païens.

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« Si quelqu’un devait déclarer qu’il y a beaucoup de gens au Japon qui parlent et qui écrivent contre le christianisme, je ne suis pas un hypocrite, et je dirai franchement que je fus le premier dans mon pays qui aie jamais attaqué publiquement le christianisme — non, non pas le vrai christianisme, mais le faux christianisme, les torts commis à notre égard par les gens de la chrétienté. Si quelqu’un blâme les Japonais parce qu’ils ont eu de fortes sociétés anti-chrétiennes, je déclarerai en toute honnêteté que je fus le premier au Japon qui ait jamais organisé une société contre le christianisme, — non, non pas contre le vrai christianisme, mais pour nous protéger contre le faux christianisme, et contre l’injustice que nous subissons de la part des gens de la chrétienté. Ne pensez pas que j’ai pris cette position parce que je suis bouddhiste, car j’avais cette position bien avant d’entrer au temple bouddhiste. Mais en même temps, je veux déclarer avec fierté que si quelqu’un a discuté de l’affinité de toutes les religions devant le public, sous le titre de Religion synthétique, ce fut moi. Je vous dis cela parce que je ne désire pas qu’on me prenne pour un bouddhiste sectaire et bigot.

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 « Il n’y a en réalité aucun sectaire dans mon pays. Notre peuple sait bien quelle vérité abstraite se trouve dans le christianisme, et nous, ou tout au moins moi-même, ne nous soucions des noms si je dois parler du point de vue enseignement. Que le bouddhisme soit appelé christianisme ou le christianisme appelé bouddhisme, que nous soyons appelés confucianistes ou shintoïstes, nous ne sommes pas difficiles à satisfaire ; mais nous le sommes au sujet de la vérité enseignée et de son application logique. Que Christ nous sauve ou qu’il nous conduise en enfer, que Gautama Bouddha ait été réellement une personne ou qu’un tel homme n’ait jamais existé, cela nous importe peu, mais que la conduite soit en rapport avec la doctrine, c’est là le point sur lequel nous attachons le plus de prix. C’est pourquoi, à moins que la contradiction que nous observons ne disparaisse, et en particulier que le traité injuste par lequel nous sommes désavantagés ne soit révisé sur une base équitable, notre peuple ne se débarrassera jamais de ses préjugés concernant le christianisme, malgré l’orateur éloquent qui prêche sa vérité du haut de sa chaire. On nous appelle souvent des « barbares», et j’ai entendu et lu que les Japonais sont têtus et ne peuvent pas comprendre la vérité de la Bible. Je veux bien admettre que ceci est vrai dans un certain sens, car, bien qu’ils admirent l’éloquence de l’orateur et soient émerveillés de son courage, bien qu’ils approuvent son argumentation logique, cependant, ils sont très entêtés et ne s’uniront pas au christianisme aussi longtemps qu’ils pensent que c’est la moralité occidentale de prêcher une chose et d’en pratiquer une autre…« Si une religion quelconque enseignait l’injustice à l’humanité, je m’opposerais à elle, comme jamais je ne l’ai fait, avec mon sang et mon âme. Je serai le dissident le plus acharné du christianisme, ou je serai l’admirateur le plus ardent de son évangile. Aux organisateurs de ce congrès, et aux dames et aux messieurs du monde qui sont assemblés ici, je déclare que votre but est de réaliser l’Union religieuse, non pour la forme, mais en pratique. Nous les quarante millions d’âmes du Japon, nous tenant fermement et avec persistance sur la base de la justice internationale, attendons encore d’autres manifestations touchant la moralité du christianisme ».

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Quel commentaire avons-nous là sur les causes de l’échec de la chrétienté à convertir le monde à la vérité et à la droiture ! Et comme il invite davantage à l’humiliation et à la repentance plutôt qu’à la vantardise !

 La voix des jeunes hommes de l’Orient se fit entendre par l’intermédiaire de Herant M. Kiretchjian de Constantinople qui déclara :

 « Frères du Soleil levant de tous les pays : je suis ici pour représenter les jeunes hommes de l’Orient, en particulier ceux des Pyramides aux banquises de Sibérie, et en général ceux des rivages de l’Egée aux eaux du Japon. Mais sur ce merveilleux plan d’action du Congrés des religions où je me trouve moi-même avec les fils du Levant en présence du public américain, ma première pensée est de vous dire que vous avez, à votre insu, convoqué un Congrès de vos créanciers. Nous ne sommes pas venus pour liquider vos affaires, mais pour libérer votre cœur. Sondez vos livres, et voyez si notre revendication n’est pas juste. Nous vous avons donné la science, la philosophie, la  Theologie, la musique et la poésie, et à grands frais nous avons écrit l’histoire pour vous. De plus, de la lumière qui brillait sur nos pays, sont sortis ceux qui constitueront à jamais votre nuée de témoins et votre inspiration : des saints, des apôtres, des prophètes, des martyrs. Avec ce riche capital, vous avez amassé une fortune prodigieuse, au point que vos biens vous empêchent de voir vos engagements. Nous ne désirons pas partager votre opulence, mais il est juste que nous touchions notre dividende, et, selon la coutume, c’est un jeune homme qui présente les titres.

 « Vous ne pouvez payer ce dividende avec de l’argent. Vous avez besoin pour vous-mêmes de votre or. Votre argent est tombé en disgrâce. Nous désirons que vous nous donniez un riche dividende dans la pleine sympathie de votre cœur. L’artisan, appréciant ses pépites de différentes formes et de différentes couleurs, les jette dans son creuset, et après que le feu et Ia castine ont fait leur œuvre, il fait sortir le métal, et voici que coule de l’or pur. Ainsi, ayant convoqué les enfants des hommes des extrémités de la terre, et les ayant ici devant vous dans le creuset de la réflexion sérieuse et de la recherche honnête de la vérité, vous trouverez, lorsque ce Congrès sera terminé que, hors des préjugés de race et de dogme, et hors de la variété des coutumes et des cultes, ne coule devant vos yeux rien d’autre que l’or pur de l’humanité, et désormais, vous nous considérerez, non plus comme des étrangers de pays étrangers, mais comme vos frères de la Chine, du Japon et de l’Inde, comme vos sœurs des Ils de Grèce, des collines et des vallées de l’Arménie ; ce faisant, vous nous aurez payé un tel dividende de vos cœurs, et vous en aurez reçu vous-mêmes une telle bénédiction, que ce pays-ci sera un Bêla (*)(*) Allusion à Esaïe 62 : 4 — Trad.] prophétique pour les temps futurs, et rendra l’écho de ce doux cantique qui fut entendu autrefois dans notre pays de « Paix sur terre et bonne volonté à tous les hommes ».

252

 « Il vous a été tant parlé ici, par des hommes de sagesse et d’expérience, de la vie religieuse du grand Orient, que vous ne devez pas vous attendre à ce que j’ajoute quoi que ce soit à ce qu’ils ont dit. Je n’ai pas non plus la prétention d’être ici devant vous pour vous renseigner davantage sur les religions du monde. Mais il y a une nouvelle race d’hommes qui a surgi de tout le grand passé et dont l’influence sera sans nul doute un facteur très important dans l’œuvre de l’humanité au siècle prochain. Ils sont le produit de tout le passé, entrant en contact avec la vie nouvelle du présent : je veux parler des jeunes hommes de l’Orient ; ils se préparent à prendre possession de la terre avec leurs frères du grand Occident.

 « Je vous apporte une philosophie des rives du Bosphore et une religion de la ville de Constantin. Toutes mes fermes convictions et mes déductions qui ont grandi en moi depuis des années, ont été ébranlées jusqu’à leurs racines, sous l’influence de ce Congrès. Mais aujourd’hui, je trouve ces racines plus profondes en mon cœur, et les branches s’élevant plus haut dans le ciel. Je ne prétends pas vous apporter quelque chose de nouveau, mais si toutes les déductions vous apparaissent logiques comme venant de prémisses que l’intelligence humaine peut accepter, alors j’ai confiance que vous ne suspecterez pas notre dessein honnête et que vous nous accorderez le droit, en tant qu’êtres intelligents de tenir ferme à ce que je présente devant vous.

253

« lorsque les jeunes hommes d’aujourd’hui étaient des enfants, ils n’entendaient et ne voyaient chaque jour que l’hostilité et la séparation entre des hommes de religions et de nationalités différentes. Il n’est pas nécessaire que je vous parle de l’influence qu’a une telle vie sur celle de jeunes hommes qui se sont trouvés séparés et dans des camps dressés pour la bataille contre des hommes leurs frères, avec qui ils étaient venus en contact dans les occupations journalières de la vie. Comme la lumière de l’instruction et des idées de liberté a commencé à se répandre sur tout l’Orient dans la dernière partie de ce siècle, ce joug devint de plus en plus irritant sur le cou des jeunes hommes de l’Orient, et le fardeau trop lourd à porter.

 « J’ai mentionné toutes les nationalités des jeunes hommes, qui, au cours des trente années écoulées, ont reçu leur instruction dans les universités de Paris, d’Heidelberg, de Berlin et d’autres villes d’Europe, aussi bien que du Lycée impérial de Constantinople ; ils ont, d’une manière consciente ou inconsciente, passive ou agressive, élaboré le système de leur religion, de sorte qu’aux milliers de jeunes hommes pour qui leur voix est un oracle, cette religion est venue comme une faveur et a rallié leur cœur et leur esprit.

« Ils trouvent leurs frères en grand nombre dans toutes les villes de l’Orient où la civilisation européenne a trouvé la plus petite entrée, et il y a rarement une ville qui n’aura pas subi leur influence avant la fin du siècle. Leur religion est la plus nouvelle de toutes les religions et je ne vous l’aurais pas exposée ici à la tribune, si elle n’était pas l’une des influences les plus puissantes agissant en Orient et avec laquelle, nous, jeunes hommes religieux de l’Orient, avons à nous mesurer d’une manière efficace si nous voulons avoir la moindre emprise sur les peuples de nos pays respectifs.

« Car, souvenez-vous, il y a des hommes d’intelligence, des hommes d’excellentes facultés, des hommes qui, avec tous les jeunes hommes de l’Orient, ont prouvé que dans tous les arts et les sciences, dans les entreprises commerciales du monde civilisé, dans les armées des nations et à la droite des rois, ils sont à égalité avec n’importe quelle autre race d’hommes, du Levant au Couchant. Ils sont, au surplus, pour la plupart, des hommes aux meilleures intentions et aux convictions les plus sincères, et lorsque vous entendez leur opinion religieuse et que vous pensez à la position qu’ils occupent, vous ne pouvez pas, j’en suis sûr, comme membres du Congrès religieux, éprouver autre chose que le plus grand intérêt pour eux et pour les pays qu’ils habitent.

254

« Personnellement, je représente les jeunes hommes religieux de l’Orient, mais qu’il me soit permis, au nom des jeunes hommes de la religion la plus nouvelle, de parler devant vous aux apôtres de toutes les religions : « Vous venez à nous, au nom de la religion, pour nous apporter ce que nous avons déjà. Nous croyons que l’homme se suffit à lui-même, si, comme vous le dîtes, un Dieu parfait l’a créé. Si vous voulez le laisser tranquille, il sera tout ce qu’il devrait être. Instruisez-le, éduquez-le, ne le liez point, pieds et poings, et il sera un homme parfait, digne d’être le frère de n’importe quel autre homme. La nature a doté suffisamment l’homme, et vous devriez employer tout ce qui vous a été donné dans votre intelligence avant d’importuner Dieu pour qu’il vous en donne davantage. De plus, personne n’a trouvé Dieu. Nous avons toute l’inspiration que nous désirons dans la douce poésie et dans la musique enchanteresse, et dans la compagnie d’hommes et de femmes distingués et cultivés. Si nous voulons l’écouter, nous aimerons qu’Hsendel nous parle du Messie, et si les deux retentissent; il nous suffit d’avoir l’interprétation qu’en donne Beethoven.

« Nous n’avons rien contre vous, chrétiens, mais nous devons dire, comme à toutes les religions, que vous avez fait le plus grand mal possible à l’humanité en dressant des hommes contre des hommes et une nation contre une nation. Et à présent, pour rendre une mauvaise chose pire encore, dans ce jour de sens commun suprême vous venez pour remplir l’esprit des hommes avec des choses impossibles et pour surcharger leurs cerveaux avec des discussions sans fin d’un millier de sectes. Avant vous, en effet, j’en ai entendu beaucoup et je sais combien d’autres pourraient suivre. Nous vous considérons, de tous les hommes, comme étant ceux qu’on doit éviter, car votre philosophie et vos doctrines engendrent le pessimisme sur le pays.

255

« Ensuite, avec l’instinct religieux et le respect inné que tout Oriental possède, je dois brusquement dire : mais, attention ! nous ne sommes pas des incroyants ou des athés ou des sceptiques. Nous n’avons simplement pas le temps pour ces choses. Nous sommes remplis d’inspiration pour la vie la plus élevée, et nous désirons la liberté pour tous les jeunes hommes du monde. Nous avons une religion qui unit tous les hommes de tous les pays, et qui remplit la terre de joie. Elle supplée à tous les besoins, et c’est pourquoi nous savons que c’est la vraie religion, en particulier du fait qu’elle produit la paix et la plus grande harmonie. Aussi, nous ne voulons aucun de vos « ismes » ni aucun autre système ou doctrine. Nous ne sommes pas des matérialistes, des socialistes, des rationalistes ou des pessimistes, et nous ne sommes pas des idéalistes. Notre religion est celle qui fut la première, et c’est aussi la plus nouvelle des nouvelles— nous sommes des gentlemen —. Au nom de la paix et de l’humanité, ne pouvez-vous pas nous laisser tranquilles ? Si vous nous invitez encore au nom de la religion, nous aurons été retenus par un engagement antérieur, et si vous nous invitez encore à prêcher, nous ne serons pas chez nous. « Tel est le jeune homme oriental, comme le laurier vert. Et là où l’un meurt, de sorte que vous ne le trouvez pas chez lui, il y en a vingt pour le remplacer. Croyez-moi, je n’ai pas exagéré, car mot pour mot, et dix fois plus que celle-ci, j’ai eu des nouvelles d’hommes intelligents de l’armée et de la marine, d’hommes dans le commerce et d’hommes du barreau au cours de conversations et de discussions sérieuses, dans les rues de Constantinople, dans les bateaux de la Corne d’Or et du Bosphore, en Roumanie et en Bulgarie, aussi bien qu’à Paris et à New York et à l’Auditorium de Chicago, de la part de Turcs et d’Arméniens, de Grecs et d’Hébreux, aussi bien que de Bulgares et de Serbes, et je puis vous dire que ce substitut le plus nouveau pour la religion, qui garde les portes du commerce et de la littérature, de la science et de la loi, à travers l’Europe et l’Orient, est une force la plus puissante à modeler la destinée des nations de l’Est, et l’on doit intelligemment en tenir compte lorsqu’on pense à l’avenir de la religion ; il doit être affronté avec un argument aussi puissant aux yeux des jeunes hommes de l’Orient que celui que la science et la littérature ont placé dans les mains de la grande armée de la nouvelle classe de gentlemen.

256

« II y a une autre classe de jeunes hommes en Orient, qui se nomment eux-mêmes les jeunes hommes religieux, et qui maintiennent la foi ancienne de leurs pères. Permettez-moi de revendiquer pour eux également, l’honnêteté de dessein, l’intelligence d’esprit, aussi bien qu’une ferme persuasion. C’est pour eux également que je viens vous parler, et en parlant pour eux je parle également pour moi-même. Vous verrez naturellement que nous devons être dès les premiers jours en contact avec la nouvelle Religion — permettez-moi que je l’appelle ainsi pour plus de commodité. Nous devons être dans les collèges et dans les universités avec ces mêmes jeunes hommes. Nous devons aller avec eux la main dans la main dans toute la science et l’histoire, la littérature, la musique et la poésie, et avec eux naturellement nous partageons la ferme croyance dans toute déduction scientifique et tenons ferme à chaque principe de liberté humaine.

 « Tout d’abord, tous les jeunes hommes de l’Orient qui ont les convictions religieuses les plus profondes soutiennent la dignité de l’homme. Je regrette, mais j’aurais dû commencer par là ; cependant, des voix combinées et des arguments des philosophies et des  Theologies se dégage une telle déduction inévitable d’une humanité imparfaite que nous devons en sortir avant de pouvoir parler d’une religion quelconque pour nous-mêmes et dire : « Nous croyons que nous sommes des hommes». Pour nous, c’est une diffamation à l’égard de l’humanité et une mise en accusation de Dieu qui créa l’homme, de dire que l’homme ne se suffit pas à lui-même, et qu’il a besoin de religion pour le rendre parfait.

[Remarquez comment l’homme naturel s’accuse et s’excuse tout d’une haleine. On ne peut nier l’imperfection, mais on prétend avoir le pouvoir de se rendre parfait soi-même avec le temps ; ainsi les païens ne tiennent-ils pas compte de la nécessité du « précieux sang » de l’offrande pour le péché » que Dieu a fourni, de même que la rejettent maintenant dans la chrétienté ceux qui ont la sagesse de ce monde].

 « C’est diffamer l’humanité que de considérer telle ou telle famille humaine en disant que si elle manifeste des conceptions de bonté et de vérité, des idéaux élevés et une vie au-dessus des simples désirs naturels, c’est parce qu’elle a reçu un enseignement religieux de tel ou tel homme, ou une révélation du ciel. Nous croyons que si l’homme est l’homme, il a tout cela en lui-même, exactement comme il a toutes ses capacités corporelles. Me direz-vous qu’un chou-fleur que je cultive dans les champs croît en beauté et dans la perfection de ses fleurs naissantes, et que mon cerveau, que le même Créateur a créé cent mille fois plus délicat et plus parfait, ne pourrait pas développer ses circonvolutions, faire le travail que Dieu entend que je fasse et avoir les conceptions les plus élevées qu’il entend que j’aie ? Me direz-vous qu’un têtard impuissant se développera et deviendra une grenouille avec des membres parfaits, élastiques, une poitrine palpitante, que des grenouilles s’assembleront avec satisfaction et coasseront à l’unisson,, et que des hommes ont besoin de religion et d’aide extérieure afin qu’ils puissent se développer dans la perfection humaine du corps et de l’âme, reconnaître la fraternité des hommes et vivre en paix sur la terre de Dieu ? Je dis que c’est dénigrer Dieu qui créa l’homme, que de promulguer et accepter une pareille doctrine.

257

 « Nous n’acceptons pas davantage les conclusions incertaines de la science. Nous n’avons rien à faire avec les singes. S’ils désirent »eus parler, qu’ils viennent nous trouver. Il y a chez les Occidentaux une disposition à créer des difficultés que nous ne pouvons comprendre. L’une de mes premières expériences que je fis aux Etats-Unis fut de prendre part à une réunion de jeunes gens à Philadelphie. Le sujet traité ce soir-là portait sur la question de savoir si les animaux — et le chat en particulier — avaient une âme. On lut des journaux très sérieux et très érudits. Pourtant on parvint à la conclusion que, ne sachant pas au juste ce qu’est un chat et ce qu’est une âme, on ne pouvait décider de l’affaire, mais c’était encore là un grave sujet portant sur la religion… Supposez maintenant qu’une fille arménienne demande à sa mère si des chats ont une âme. La mère réglerait la question par parenthèses et dirait pas exemple : « Ma chérie, vous devez descendre pour voir si l’eau est en train de bouillir (Qu’est-ce qui vous passe par la tête de poser une telle question ? Naturellement des chats ont une âme. Des chats ont une âme de chat et des hommes ont une âme d’homme.). A présent, descendez». Et l’enfant descendrait heureuse de sa nature humaine. Si cette dame arménienne devait un jour avoir affaire au chaînon manquant dont nous entendons tant parler, son égalité d’âme demeurerait et elle se glorifierait encore dans sa nature humaine en vous informant que le chaînon manquant avait l’âme d’un chaînon manquant et que l’homme avait l’âme d’un homme.

258

« Jusqu’ici, nous arrivons la main dans la main avec les jeunes hommes de la classe des gentlemen, sur le plan commun de l’humanité. Mais nous arrivons à un tournant où nous nous séparons, et où nous prenons des sentiers divergeant considérablement. Nous crions : « Laissez-nous tranquilles, et nous nous épanouirons et nous atteindrons l’apogée de notre destinée » ; et, voyez ! nous trouvons une puissance invisible qui ne nous laissera pas seuls. Nous trouvons que nous pouvons arriver à une réussite totale dans les domaines de la science et de l’art. Cependant, lorsqu’il s’agit de suivre notre conception de ce qui est élevé et noble, de ce qui est droit et nécessaire à notre développement, il nous manque la force et la puissance pour la réaliser. J’expose ceci le plus simplement possible, car je ne puis m’étendre ici à ce sujet. Mais pour nous, est aussi réel que la dignité de l’homme, le fait qu’il existe une puissance qui détourne les hommes et les femmes du sentier de la droiture et de l’honneur dans lequel ils savent qu’ils devraient marcher. Vous ne pouvez pas dire que cela est inhérent à l’homme, car nous sentons que nous ne possédons pas cette puissance. Or, si cela ne nous appartient pas et que sombrer dans la dégradation, la misère, la rapacité et le désir d’écraser son prochain est pour l’homme une juste conception, alors nous dirons : « Laissez-le tranquille, et laissez-le faire ce que Dieu a entendu qu’il fît ».

« Aussi, je dis brièvement à quiconque ici se prépare à condenser son credo, qu’il y place d’abord ceci : « Et je crois au démon, l’ennemi suprême de Dieu, celui qui accuse Dieu aux yeux de l’homme ». Un seul démon pour l’univers entier ? Peu nous importe. Une légion de démons qui font le siège de chaque âme ? Cela nous est égal. Nous savons une chose, c’est qu’il y a une puissance extérieure à l’homme qui le détourne avec force. Aucune puissance sur la terre ne peut lui résister.

 « Et maintenant, venons-en à notre religion. Si vous avez une religion à apporter aux jeunes hommes de l’Orient, elle doit venir avec une puissance telle qu’elle équilibre, que dis-je, qu’elle contrebalance la puissance du mal dans le monde. Alors l’homme sera libre pour arriver à maturité et être ce que Dieu a entendu qu’il fut. Nous recherchons Dieu. Nous désirons l’esprit de Dieu, et la religion qui vient à nous, sous quelque nom ou sous quelque forme que ce soit, doit apporter cela, sinon, pour nous elle n’est pas une religion. Nous croyons en Dieu, non pas au Dieu des protoplasmes qui se cache entre des molécules de matière, mais au Dieu dont nous sommes les enfants.

« Ainsi plaçons-nous la dignité de Dieu comme troisième article de notre philosophie et de notre protestation. La chevalerie est-elle morte ? Toute conception d’une vie élevée et noble, de parfaite intégrité a-t-elle disparu de nôtre cœur que nous ne puissions pas aspirer à la qualité de chevalier et de prince dans les parvis de notre Dieu ?

 Nous savons que nous sommes ses enfants, car nous accomplissons ses œuvres et pensons ses propres pensées. Ce que nous désirons, c’est de lui être semblables. Oh ! est-il vrai que je sois capable de parcourir terre et mer, de toucher le cœur de ma mère et sentir ses bras me serrer, mais que moi, enfant de Dieu, sans secours dans l’univers contre une puissance que je ne peux vaincre, je ne puisse tendre mes mains vers lui et le supplier afin de recevoir son esprit dans mon âme et sentir ses bras éternels me soutenir dans ma faiblesse ?

 « Et ici intervient le prédicateur d’antan, et de l’église moderne ; il nous parle de quelqu’un qui, lui, a vaincu le monde, et qui est descendu du ciel. Il est inutile qu’on nous dise qu’il vint d’en-haut, car aucun homme né de femme ne fit une chose semblable. Mais nous sommes persuadés que par le moyen de la grâce et par le sentier qu’il nous montre afin que nous l’empruntions, l’esprit de Dieu descend vraiment dans le cœur des hommes, et que je puis le sentir dans mon cœur combattant avec moi contre le péché et fortifiant mon cœur pour maintenir résolument ce que je sais être droit par ce qui est divin en moi.

« Et ainsi, avec une main tremblante mais avec une conviction ferme, avec beaucoup de tristesse pour l’humanité mais avec la joie du triomphe éternel, je viens avec vous tous aux portes d’or du vingtième siècle, où les anciens du prochain commonweaith de l’humanité siègent pour émettre un jugement sur la religion qui pénétrera par ces portes pour venir soutenir le cœur humain. Aux côtés de l’antique Confucianisme et de la  Theosophie  moderne, de l’antique Bouddhisme oriental et du Spiritualisme moderne et de toutes les croyances des temps anciens et du matérialisme, du rationalisme et de l’idéalisme modernes, je place l’antique christianisme oriental avec son Christ, la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ainsi que sa croix, rayonnant toujours dans l’amour de Dieu.

260

Se dressant toujours au-dessus des naufrages du temps ».

Il est évident que cet orateur, bien qu’il ne fût pas un représentant délégué de l’église catholique arménienne, présente les choses du point de vue des chrétiens arméniens que les Turcs ont dernièrement persécutés de la manière la plus barbare. Son discours fait ressortir d’excellents points. Toutefois, on ne doit pas penser que cet orateur soit le type moyen des jeunes hommes de l’Orient, car il est en avance de beaucoup sur ceux pour qui il parle. Son discours ne présente pas non plus une conception véritable du catholicisme arménien avec ses prières pour les morts, son culte des images et des saints et de la Vierge Marie, ses confessionnaux, et sa doctrine blasphématoire de la Messe (*) — tout cela ressemblant exactement aux plans de l’Antichrist. Ceux qui sacrifient l’« abomination » de la messe montrent par là qu’ils connaissent et apprécient bien peu la croix réelle et son sacrifice unique, « une fois pour toutes ». Le « christianisme oriental » que ce jeune homme nous désigne n’est pas celui que nous respectons ni celui que nous voulons imiter : nous retournons au christianisme proclamé et illustré par Christ, notre Seigneur et Rédempteur, et par ses apôtres, et tel qu’il est présenté dans les Ecritures ; celui-là n’est ni oriental, ni occidental, ni catholique (c’est-à-dire universel ou général), mais il est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu seulement à « quiconque CROIT » jusqu’à obtenir la justice (unto « righteousness ») — Rom. 1 : 16.

(*) Voir Vol. III, p. P2.

261

L’observateur réfléchi comprend les nobles sentiments de certains de ceux qui cherchent ainsi Dieu à tâtons et aspirent à la droiture ; mais il n’est pas sans remarquer un contraste : d’une part leur sincère gravité, leurs nobles desseins et efforts pour dresser devant leur prochain les modèles de droiture les plus élevés qu’ils peuvent discerner et d’autre part, l’attitude de compromission de tant de chrétiens qui ont été plus hautement favorisés à la naissance et dans leur milieu par la connaissance de la vérité et qui désirent maintenant la vendre au sacrifice immense de ses nobles principes, simplement pour obtenir la faveur populaire présente. De celui qui a beaucoup reçu, il sera beaucoup exigé par le Seigneur qui les pese tous dans la balance.

 Cependant si quelques-uns des représentants étrangers suscitent notre admiration et notre respect, la grande majorité d’entre eux se réjouissaient dans leur privilège d’étaler et de recommander leurs superstitions à cette assemblée représentative des nations civilisées et éclairées. Le bouddhisme, le shintoïsme, le brahmanisme, le confucianisme et le mahométanisme furent, à maintes reprises, exposés avec force, et l’apôtre du mahométanisme eut même l’audace de recommander la polygamie. C’en était trop pour l’auditoire, mais les manifestations de désapprobation de ce dernier furent rapidement réduites au silence par le président, le Dr Barrows, qui rappela à tous l’objet de ce Congrès, savoir, de donner à tous et sans dispute la possibilité de s’exprimer. Aussi tous se firent-ils abondamment entendre, et débattirent-ils librement leurs sujets devant les esprits déjà troublés de milliers de prétendus chrétiens ; le résultat fut qu’ils eurent tous raison d’espérer en avoir converti beaucoup à leurs religions ici en Amérique. Les mêmes privilèges furent également accordés à nombre des mouvements anti-chrétiens, tels que la Science chrétienne, la  Theosophie, le Swedenborgianisme, etc.

262

 SENTIMENTS EXPRIMÉS A LA FIN DU GRAND CONGRÈS

 Les sentiments exprimés à la fin du grand Congrès montrent jusqu’à quel point va l’esprit de compromission du christianisme protestant. Le jugement de ce jour l’a conduit dans une détresse si grande qu’il acclame avec enthousiasme la moindre perspective d’une union possible même avec les formes les plus grossières du paganisme. Nous donnons les brefs extraits suivants :

 Suamie Vive Kananda (prêtre de Bombay, en Inde) déclara : « On a beaucoup parlé de la base commune d’une unité religieuse. Je ne vais pas à présent exposer ma propre conception, mais si quelqu’un, ici, espère que cette unité pourrait venir du triomphe de l’une quelconque de ces religions et de la destruction des autres religions, à celui-là je dis : « Frère, votre espérance est irréalisable. Est-ce que je souhaite que le chrétien devienne hindou ? A Dieu ne plaise ! Voudrais-je que l’hindou ou le bouddhiste devînt chrétien ? A Dieu ne plaise ! Le chrétien ne deviendra pas hindou, un bouddhiste ne deviendra pas chrétien. Apprenez à penser sans préjugés… Si la  Theologie et les dogmes vous empêchent de chercher la vérité, mettez-les de côté. Soyez sérieux et travaillez avec diligence à votre propre salut ; c’est ainsi que vous porterez les fruits de la sainteté. »

Vichand Ghandi (un jainiste de l’Inde) déclara :

 « Si vous permettez à un « païen » de vous apporter son message de paix et d’amour, je vous demanderai seulement que vous considériez dans un esprit libéral et sans superstition ni bigoterie les diverses idées qui vous ont été présentées… Je vous supplie d’examiner les divers systèmes religieux à tous les points de vue. »

 Le « Très-Révérend », Shabita, grand prêtre du shintoïsme au Japon, déclara :

 « Ce que je désire faire, c’est de vous aider à réaliser le dessein d’obtenir la fraternité universelle sous le seul toit de la vérité. Vous savez que l’unité est une puissance. Maintenant, je prie les huit millions de divinités qui protègent le Japon, le beau pays des cerisiers, de vous protéger, vous et votre gouvernement, pour l’éternité, et avec ces paroles, je vous dis adieu. »

263

 H. Dharmapala, de Ceyian, déclara : « De la part de mes coreligionnaires, au nombre de quatre cent soixante-quinze millions, tous disciples du doux Seigneur Bouddha Gautama, je vous présente mes respects affectueux… Vous avez appris de vos frères de l’Extrême-Orient ce que sont les systèmes religieux respectifs qu’ils suivent ; … vous avez écouté, avec une patience digne d’éloges, les enseignements du tout-miséricordieux Bouddha qui vous ont été transmis par ses humbles disciples, » etc., etc.

L’évêque Keane (catholique romain) déclara : « Lorsque l’invitation de prendre part à ce Congrès fut adressée à là vieille église catholique, les gens dirent « Viendra-t-elle ?» Et la vieille église catholique dit : « Parmi toutes les religions du monde, n’est-ce pas la vieille église catholique universelle qui a le plus de droit à participer à ce Congrès?»… Même si elle devait être seule à cette tribune, elle y serait. La vieille église est donc venue et elle se réjouit de rencontrer d’autres hommes, d’autres croyants de toutes nuances et de toutes confessions… Ne prierons-nous pas en désirant qu’une semence ait pu être jetée ici qui produise une union générale et parfaite ? Si ce n’était pas préférable d’être unis plutôt que divisés, notre Seigneur n’aurait pas prié afin que nous fussions un, comme lui et le père sont un. [Mais ils ne prient pas pour être unis de la même manière que le Père et le Fils : l’union proposée est bien différente] ».

Les sentiments ainsi exprimés furent pleinement approuvés par les représentants protestants de ce Congrès. Ainsi, par exemple, le Rév. Dr. Candiin, missionnaire en Chine, déclara :

« La conception de la religion qui est admise et qui prévaut parmi les chrétiens dans le monde entier est que le christianisme est vrai, tandis que toutes les autres religions sont fausses ; que le christianisme vient de Dieu, tandis que toutes les autres religions viennent du diable ; ou bien, avec une pointe de modération, que le christianisme est une révélation du ciel tandis que les autres religions sont inventées de toutes pièces par les hommes. Vous êtes mieux informés, et vous pouvez témoigner en pleine connaissance et avec une grande assurance, que l’amitié peut remplacer l’antagonisme entre les diverses religions, afin que, aussi sûrement que Dieu est notre Père à tous, de même nos cœurs ont soupiré après lui, et nos âmes, dans la plus grande dévotion, ont perçu des murmures de grâces provenant de son trône. Dès lors, nous sommes à la Pentecôte, et bientôt viendra la conversion du monde. »

264

Est-ce bien là une Pentecôte ? Quelle ressemblance y a-t-il entre cet effort de compromission de la vérité et de la droiture en vue d’obtenir l’amitié de l’Antichrist et de l’Idolâtrie, et cette attente patiente de la fidèle assemblée de Jérusalem en prière pour obtenir la puissance d’en haut ? Y a-t-il eu, sur cette assemblée de personnalités si diverses, une manifestation d’une effusion semblable du saint esprit ? Si la conversion du monde doit s’ensuivre, qu’on nous permette de demander : « A quoi le monde doit-il être converti ? ». Une telle promesse, même avec cette fanfare de trompettes, ne satisfait pas, à cette heure de jugement, celui qui veut éprouver toutes choses.

Le Rév. Dr Bristol, de l’église méthodiste, dit :

 « Ce Congrès nous apportera infiniment de bien et rien que du bien. Nous sommes éternellement et profondément reconnaissants envers tous ceux qui sont venus de loin. Certains d’entre eux représentent une civilisation qui était déjà ancienne lorsque Romulus fonda Rome, dont les philosophies et les chants étaient d’une sagesse avancée et riches de rythme avant qu’Homère ne chantât son Iliade aux Grecs. Tous ces représentants ont ouvert un horizon plus large à nos idées sur l’humanité qui nous est commune. Ils nous ont apporté les fleurs odoriférantes des croyances de l’Orient, des pierres précieuses tirées des anciennes mines des grandes philosophies, et nous sommes plus riches ce soir parce que nous avons reçu les contributions de leurs pensées et en particulier parce que nous avons été en contact avec eux en esprit. [Quelle confession !]

« Il n’y a jamais eu un tel jour radieux et plein d’espérance pour notre humanité commune touchant la tolérance et la fraternité universelle. Nous constaterons que, par les paroles que ces visiteurs nous ont apportées, et par l’influence qu’elles ont exercée, ils seront richement récompensés, conscients d’avoir contribué au puissant mouvement qui contient en lui-même la promesse d’une seule foi, d’un seul Seigneur, d’un seul Père, d’une seule fraternité.

265

« Que notre Dieu, notre Père vous bénisse, frères de l’Orient ; que notre Sauveur, notre frère aîné, celui qui a enseigné la fraternité humaine, vous bénisse, vous et vos peuples, à jamais ».

 Le Rév. Augusta Chapin déclara :

 « Nous qui vous avons accueillis, vous souhaitons bon voyage. Nous sommes contents que vous soyez venus, O sages de l’Orient. Par vos sages paroles, votre grande tolérance et vos manières aimables, nous avons été heureux de nous asseoir à vos pieds et de recevoir vos leçons. Nous sommes heureux de vous avoir vus face à face, et désormais, vous serez plus que jamais des amis, et des collaborateurs dans les grandes choses de la religion.

 « A présent, nous sommes heureux que vous repartiez dans vos foyers lointains, pour raconter l’histoire de tout ce qui a été dit et fait dans ce grand Congrès, que vous resserrerez ainsi plus étroitement les relations entre l’Orient et l’Occident, et que vous montrerez clairement la sympathie qui existe parmi toutes les religions. Nous sommes heureux des paroles qui ont été prononcées par les hommes et les femmes sages de l’Occident qui sont venus et nous ont donné leurs grains d’or après le lavage. Ce que j’ai dit au début, je le répéterai maintenant à la fin de ce Congrès : il a été le plus grand rassemblement qui ait été jamais tenu, au nom de la religion, sur la surface de la terre. »

 Le Rév. Jenkin Lloyd Jones déclara :

 « A vous, les invités qui partez, je souhaite le « bon voyage » qui vient d’une âme heureuse d’identifier sa parenté avec tous les pays et avec toutes les religions ; lorsque vous serez partis, vous laisserez derrière vous dans nos cœurs, non seulement des pensées plus charitables pour les croyances que vous représentez, mais aussi des liens de chaude affection lesquels vous lieront dans l’union qui sera notre joie et notre vie à toujours. »

 Le Dr Barrows (président) déclara :

 « Nos espérances ont été plus que réalisées. Le sentiment historique, ont été mis à l’épreuve et parfois même blâmés, mais ils n’ont pas été inadéquats. La tolérance, la bienveillance fraternelle, la confiance réciproque dans la sincérité de chacun, la recherche sincère et sérieuse d’une harmonie entre les diverses religions, le dessein honnête de chacun d’exposer en toute bonne foi sa croyance personnelle sans compromission et sans critiques inamicales — ces principes, que vous en soyez remerciés pour votre loyauté et pour votre courage, n’ont pas fait défaut.

266

« Hommes d’Asie et d’Europe, votre venue nous a rendus heureux et nous a rendus plus sages. Nous sommes contents que vous ayez été satisfaits de notre hospitalité. », etc.

Le président Bonney fit des remarques à peu près identiques, ensuite, le grand Congrès se termina par une prière d’un rabbin juif et une bénédiction d’un évêque catholique romain ; cinq mille voix se joignirent pour répéter le message de l’ange : « Paix sur la terre et bienveillance envers tous les hommes » (Voir Note Crampon — Trad.).

 LA PERSPECTIVE

Mais hélas, au prix de quel sacrifice des principes, de la vérité et de la loyauté envers Dieu de telles déclarations furent-elles faites au monde ! Et cela, également, au seuil même d’un temps de détresse prédit par Dieu et tel qu’il n’y en eut jamais depuis qu’il y a une nation ; une détresse que tous les gens réfléchis commencent à discerner, et dont ils redoutent grandement la crise et l’issue. C’est précisément cette crainte qui amène cette masse hétérogène à s’assembler pour se protéger mutuellement et pour coopérer ensemble. Ce n’est là qu’un simple effort de politique humaine pour essayer de calmer les craintes de l’église en criant : Paix ! Paix ! et il n’y a point de paix! (Jér. 6: 14). Ce cri de paix émanant de l’église par ses représentants est caractérisé par le même son ridicule d’hypocrisie qui tut poussé par les représentants des nations lors de la grande célébration de Kiel rapportée dans le chapitre précédent. Tandis que les pouvoirs civils proclamaient ainsi la paix dans le terrible grondement des canons, les pouvoirs ecclésiastiques la proclament de leur côté dans une grande compromission impudente, orgueilleuse, de la vérité et de la droiture. Le temps est proche où le Seigneur lui-même annoncera la paix aux nations (Zach. 9 : 10), mais ce ne sera pas avant qu’il ait d’abord fait connaître sa présence dans le tourbillon de la révolution et dans la tempête de la détresse. — Nah. 1 : 3.

267

Considéré sous son propre point de vue, le Congrès fut déclaré être un grand succès, et les gens irréfléchis qui sont toujours charmés par le bruit, le clinquant et la parade, répondirent : Amen ! Ils imaginent sottement que le monde entier non régénéré doit être assemblé en une alliance universelle d’unité religieuse et de fraternité, et pourtant tous vont penser, agir et tâtonner dans les ténèbres de l’ignorance et de la superstition et marcher dans les voies immorales mentionnées précédemment, ainsi qu’ils l’ont toujours fait, refusant « la lumière qui brille sur la face de Jésus-Christ », laquelle est la seule vraie lumière (2 Cor. 4 : 6 ; Jean 1 : 9 ; 3 : 19). Et des chrétiens se réjouissent devant cette perspective, et saluent un pareil événement imaginaire comme étant l’événement le plus glorieux de l’histoire.

Pourtant, alors que l’impression générale créée par le grand Congrès fut que c’était là la première étape, et une longue, vers la réalisation du message de l’ange lors de la naissance de Christ, de paix sur la terre et de bienveillance à l’égard des hommes, c’était en fait pour qui discernait droitement la chose, une autre manifestation de l’infidélité de la chrétienté. Certainement, comme le déclare le Prophète, « La sagesse de ses sages périra, et l’intelligence de ses intelligents se cachera » (Esaïe 29 : 14).

268

Nous l’entendons dire encore: «Associez-vous, peuples, et vous serez brisés ; et prêtez l’oreille, vous tous qui habitez loin sur la terre ! Ceignez-vous [liez-vous ensemble], et vous serez brisés ! Prenez un conseil, et il n’aboutira à rien ; dites la parole [pour l’Unité] et elle n’aura pas d’effet ». — Esaïe 8 : 9, 10.

Avec le Psalmiste, nous voudrions poser la question : « Pourquoi les peuples méditent-ils la vanité ? [Pourquoi crient-ils : Paix ! Paix ! quand il n’y a point de paix?]. Les rois de la terre [civils et ecclésiastiques] se lèvent, et les princes consultent ensemble contre l’Eternel et contre son Oint, disant : « Rompons leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes ! ».

« Celui qui habite dans les cieux se rira [d’eux], le Seigneur s’en moquera. Alors il leur parlera dans sa fureur, et dans sa fureur, il les épouvantera ». — PS. 2 : 1-5.

 Lorsque le peuple choisi de Dieu — l’Israël selon l’esprit maintenant, comme jadis ce fut l’Israël selon la chair — abandonne sa Parole et sa direction, cherche à s’allier avec les nations qui ne connaissent point Dieu et à mélanger la vérité divine avec les philosophies du monde, il le fait à ses risques et périls qu’il ne discerne pas ; aussi ferait-il bien de noter comment Dieu rétribua son peuple jadis, et prenne garde.

 On peut discerner clairement plusieurs résultats très défavorables du Congrès :

(1) Il introduisit dans l’esprit déjà mal établi des chrétiens les diverses philosophies païennes dans leurs aspects les plus favorables. Par la suite, nous avons appris que l’un des délégués de l’Inde venus au Congrès — M. Virchandi R. Gandhi, de Bombay, secrétaire de la Société jainiste — était retourné en Amérique pour propager ses idées, en installant son quartier général à Chicago. Nous citons ci-après ce qui a été publié sur ses desseins :

 « M. Gandhi ne vient pas pour faire des prosélytes. La règle de la foi jainiste interdit cela, mais il vient pour fonder une école de philosophie orientale dont le siège sera à Chicago avec des branches à Cleveland, Washington, New York, Rochester et d’autres villes. Il ne vient pas en missionnaire pour convertir des Américains à une forme quelconque de l’hindouisme. Selon son idée personnelle « la véritable idée du culte hindou n’est pas l’esprit de propagande, mais un esprit — un esprit universel d’amour et de puissance, propre à la réalisation de la fraternité —, non de la fraternité humaine seulement, mais de toutes les choses vivantes, ce que les nations recherchent, disent-elles, mais qu’elles ignorent dans la pratique ». En gros, telles sont les doctrines de son credo et le plan d’action qu’il envisage, ne demandant pas aux Américains de s’unir à lui, mais désirant avoir leur coopération ».

269

Sans doute, l’impression faite sur de nombreux esprits, c’est qu’il n’y a aucune certitude religieuse. Il fut même fait allusion à un tel résultat par l’un des délégués de la Syrie, Christophore Jibara, qui déclara :

 « Mes frères et sœurs dans le culte de Dieu : à présent, dans ce Congrès religieux général toutes les religions sont, aux yeux du monde entier, parallèles entre elles. Chacune de ces religions a des partisans qui comprennent bien leur propre religion et la préfèrent aux autres ; ils pourraient apporter quelques arguments ou raisons pour en convaincre d’autres de la valeur et de la vérité de leur propre forme de religion. A la suite de toutes nos discussions, un changement peut intervenir ; on peut peut-être même élever des doutes sur toutes les religions, ou supposer que toutes sont des croyances identiques. Par suite, l’estime qu’on a pour une religion donnée peut tomber ou diminuer ; on peut émettre des doutes contre tous les livres inspirés, ou une froideur générale peut advenir, et personne rester pour soutenir une religion certaine ; beaucoup peuvent négliger entièrement les devoirs de la religion à cause de l’inquiétude dans leur cœur et de l’opinion selon laquelle il n’y a qu’une seule forme de religion. C’est justement ainsi que vont les choses parmi de nombreux millions de personnes en Europe et en Amérique. C’est pourquoi je pense qu’on devrait choisir, parmi les grandes religions, un comité pour examiner les dogmes et pour faire une complète et parfaite comparaison, en approuvant la vraie religion et en la proclamant au peuple. »

(2) Il créa une amitié spéciale entre « Babylone la grande, la mère des prostituées », l’église de Rome, et ses nombreuses filles, les diverses sectes protestantes, lesquelles se glorifient à leur honte, et sont fières de posséder cette amitié peu honorable.

270

 (3) Il fit un grand pas, lequel sera suivi par d’autres déjà proposés, vers l’affiliation, en quelque sorte, de toutes les religions, vers une union encore plus étroite entre l’église (nominale) et le monde. A la dernière session du Congrès, le Président annonça qu’une « proclamation de fraternité serait faite pour encourager, dans toutes les parties du monde, la continuation de cet important travail dans lequel le Congrès de 1893 s’était engagé ».

 (4) Ce Congrès démontra en pratique aux païens que les missions chrétiennes ne sont réellement pas nécessaires, que les chrétiens eux-mêmes sont dans l’incertitude quant à leur religion, que leurs propres religions à eux, les païens, étaient suffisamment bonnes, s’ils les suivaient sincèrement, et que le christianisme, pour le moins, ne peut être reçu qu’avec une grande mesure d’incrédulité.

 C’est un sujet d’étonnement de remarquer comment les représentants païens ont mesuré le christianisme nominal (ou : de nom seulement — Trad.) ; comment ils ont distingué clairement entre le christianisme de la « chrétienté » et le christianisme de la Bible, et comment leurs réprimandes furent souvent administrées avec pénétration.

(5) Il proclama à la chrétienté désorientée : Paix ! Paix ! quand il n’y a point de paix, au lieu de sonner l’alarme, comme dit le Prophète (Joël 2 : 1) : « Sonnez de la trompette en Sion, sonnez avec éclat dans ma sainte montagne !… car le jour de l’Eternel vient ; car il est proche » — et à les appeler tous à s’humilier sous la puissante main de Dieu.

(6) Ce fut évidemment une mesure de prudence, manifestant les craintes des conducteurs de la chrétienté alors qu’ils discernaient l’approche de la détresse de ce jour de l’Eternel ; le mouvement commença dans l’église presbytérienne confuse et perplexe. Ce cri de Paix ! Paix ! au sein même de la tempête qui se lève nous rappelle la prophétie « Quand ils diront : Paix et sûreté, alors une subite destruction viendra sur eux ». — 1 Thess. 5:3.

271

Que les enfants de Dieu ne se laissent pas tromper par les faux pronostics de Babylone. C’est en Dieu seulement que nous pouvons trouver une sûre retraite (PS. 91). Rallions-nous étroitement autour de la croix de Christ, notre seule espérance. Que la fraternité universelle entre les fausses religions et le christianisme apostat prouve la valeur de cette alliance, mais quant à nous, ne reconnaissons que la fraternité en Christ — la fraternité de tous ceux qui ont confiance en Christ seul pour leur salut, par la foi en son précieux sang. Les autres hommes ne sont pas des enfants de Dieu, et ne le seront pas jusqu’à ce qu’ils viennent à lui par la foi en Christ comme leur Rédempteur, leur substitut. Ils sont les « enfants de colère », comme nous en étions avant de venir à Christ (Eph. 2 : 3), et certains sont les « enfants du Malin » dont ils font les œuvres. Lorsque Dieu condamna à mort Adam et sa postérité, à cause du péché, ils ne lui appartinrent plus et ils ne furent plus traités par lui comme des fils. Ce n’est que lorsque les hommes viennent à Christ par la foi en son précieux sang, qu’ils sont réintégrés dans cette parenté bénie avec Dieu. En conséquence, si nous ne sommes plus les enfants de colère, mais appartenons à Dieu comme ses fils par Christ, les autres hommes que Dieu ne reconnaît plus ainsi, ne sont en aucun sens nos frères. Que tous les enfants de lumière veillent et soient sobres (1 Thess. 5 : 5, 6) ; que les soldats de la croix soient vaillants pour la vérité et ne reçoivent aucun autre évangile, même s’il était proclamé par un ange du ciel (Gal. 1:8) ; qu’ils ne concluent aucune union avec aucune classe sauf celle des consacrés et des fidèles disciples de « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».

272

Tandis que l’église nominale est ainsi désireuse et impatiente de se compromettre et de s’unir avec toutes les religions païennes du monde en une grande « religion du monde », qui perpétuerait toutes leurs fausses doctrines et leurs mauvaises pratiques, écoutons, certains aveux et certains exposés de faits de la part d’autres personnes qui ne sont pas si infatuées de l’idée d’unité religieuse ; ces faits montrent la condition déplorable du monde, les résultats pernicieux des fausses religions et l’impossibilité absolue d’espérer convertir le monde par le moyen de l’église dans sa condition actuelle. Ce n’est que lorsque l’Eglise — non pas la fausse, mais la vraie Eglise, dont les noms sont écrits dans les cieux, les loyaux et fidèles consacrés engendrés et conduits par l’esprit de Dieu — sera revêtue de la puissance d’en-haut, ce n’est que lorsqu’elle aura atteint son plein développement et qu’elle aura été exaltée avec Christ dans le Royaume millénaire, qu’elle sera capable d’accomplir la conversion du monde à Dieu et à sa droiture (*).

Extrait d’un numéro de Missionary Review d’il y a quelques années, nous avons l’aveu suivant de l’échec de l’église dans le travail de conversion du monde :

« Un milliard d’âmes, soit les deux tiers de la race humaine, sont des irréligieux, des païens, des mahométans, la plupart d’entre eux n’ont encore jamais vu une Bible ni entendu le message de l’évangile. Vers ce milliard d’âmes moins de 10 000 missionnaires protestants, hommes et femmes compris, sont envoyés par les églises de la chrétienté. Le Tibet, presque toute l’Asie centrale, l’Afghanistan le Béloutchistan, presque toute l’Arabie, la plus grande partie du Soudan, l’Abyssinie et les Iles Philippines sont sans un missionnaire. De grandes étendues de la Chine occidentale, de l’Etat libre du Congo oriental et central, de grandes parties de l’Amérique du Sud et beaucoup des îles de la mer sont ou presque, ou totalement inoccupées. »

Une petite brochure, intitulée « Un siècle de Missions protestantes », par le Rév. James Johnston, F. S. S. [Fellow of the Statistical Society — Trad] donne les chiffres suivants, lesquels, remarque-t-on, sont « suffisamment effrayants pour électriser la chrétienté ». D’après cette brochure: (1) Le protestantisme a gagné 3.000.000 de convertis sur le paganisme au cours des cent dernières années, tandis que le nombre de païens a augmenté durant cette même période de 200.000.000 au moins. (2) L’avance rapide du paganisme n’est pas due seulement à l’augmentation naturelle des populations païennes, mais au fait que les adhérents de Brahma, de Bouddha et de Mahomet peuvent se vanter d’un plus grand nombre de convertis à leurs credo que ne le peuvent les églises protestantes. Ainsi, pour chaque converti au christianisme, que l’hindouisme a perdu, l’hindouisme en a gagné un millier des tribus arborigènes de l’Inde qu’il absorbe constamment. Le bouddhisme fait de remarquables progrès dans les dépendances septentrionales de la Chine, allant jusqu’à suivre les émigrants chinois et à édifier ses temples étrangés sur le sol de l’Australie et de l’Amérique. Pourtant, le plus extraordinaire progrès de tous a été fait par le mahométisme. Dans certaines parties de l’Afrique, il est en train de se répandre avec une rapidité étonnante. Il en est de même, à une rapidité un peu moindre, en Inde et dans l’Archipel. Ce sont là des faits que l’auteur se sent obligé d’admettre, mais il s’efforce de calmer la critique en affirmant que l’église peut encore accomplir la conversion du monde. Il essaie de démontrer que les églises protestantes possèdent d’abondantes ressources, à la fois en argent et en hommes, pour changer complètement la situation et évangéliser le monde. Le Methodist Times, citant ce qui précède, exprime la même opinion, en ajoutant avec jactance :

(*) Ecrit en 1897 — Trad.

273

« Personne ne doit s’étonner des terribles faits que nous avons brièvement rapportés… Dieu a si bien ordonné le cours des événements pendant les cent dernières années, que nous sommes bien capables de conquérir le monde païen au nom de l’Eternel. Ce que nous avons fait prouve ce que nous aurions pu faire si nous avions fourni nous-mêmes les deux choses humaines essentielles : une politique audacieuse et beaucoup d’argent. »

274

Un autre  Theoricien déclare : « Si nous avions un dixième du revenu des membres de l’église, ce serait pleinement suffisant pour tout le travail d’évangélisation dans le pays et à l’étranger. Ou encore, si, pour le travail à l’étranger, nous avions un dixième de leurs économies annuelles, après que toutes les dépenses de la famille sont réglées, nous pourrions placer 12000 missionnaires dans le champ immédiatement. »

Oui, l’argent est la seule chose considérée comme nécessaire. Si l’église nominale pouvait susciter seulement assez d’esprit d’abnégation pour obtenir un dixième du revenu des membres de l’église, ou même un dixième de leurs économies annuelles, elle commencerait à avoir plus d’espérances quant au salut du monde. Mais c’est là l’un des traits les moins encourageants de l’espérance illusoire. Ce serait plus facile de convertir à demi les païens à professer le christianisme, que de vaincre dans cette mesure l’esprit du monde qui règne dans les églises.

 Toutefois, si l’on pouvait placer immédiatement dans le champ étranger les douze mille missionnaires en question, auraient-il plus de succès que leurs frères dans notre pays favorisé ? Ecoutez la confession pertinente de feu le Rév. T. Dewitt Talmage, le ministre protestant bien connu. Il déclara, ainsi que le rapporte The Christian Standard :

« Oh ! nous avons une organisation d’église magnifique dans ce pays ; nous avons soixante mille ministres ; nous avons de la musique de grande valeur ; nous avons de grandes écoles du dimanche, et pourtant, je vous communique le fait effrayant de la statistique que dans les vingt-cinq dernières années, les églises dans ce pays ont opéré moins de deux conversions en moyenne chaque année.

« II y eut dans les églises une moyenne de quatre ou cinq décès. A ce compte-là, quand ce monde sera-t-il amené à Dieu ? Nous en gagnons deux ; nous en perdons quatre. Eternel Dieu ! A quoi cela va-t-il aboutir ? Je vous dis carrément que, pendant que ça et là un régiment de soldats chrétiens avance, l’église recule pour la plus grande partie vers une terrible défaite de Bull Run (*).»•

275

Il y a quelque temps, le Chanoine Taylor, de l’église anglaise, discutait la question : Les missions chrétiennes sont-elles un échec? et on lut le document devant le Congrès de l’église anglaise. Il y trouva la cause de l’échec dans le fait que la religion mahométane n’est pas seulement à égalité avec le christianisme à certains égards, mais qu’elle est beaucoup mieux adaptée aux besoins et aux capacités de nombreux peuples de l’Asie et de l’Afrique, et qu’en raison de sa rapide progression actuelle, le christianisme, lui, ne peut jamais espérer rattraper le paganisme. En estimant l’excédent des naissances sur les décès en Asie et en Afrique comme étant de 11.000.000 par an, et l’augmentation des chrétiens de 60 000, il faudrait aux sociétés missionnaires 183 ans pour rattraper l’augmentation annuelle de la population païenne. Le chanoine déclara :

« Extorquer aux enfants des écoles du dimanche les quelques sous de leur tirelire dans le but ostensible de convertir « les pauvres païens », et dépenser près de 12.000 livres par an pour des missions stériles dans des pays ou il n’y a pas de païens, me paraît être presque un crime, celui d’obtenir de l’argent sous de faux prétextes. »

 Selon lui, la cause des échecs missionnaires est le sectarisme, en même temps qu’un manque de consécration totale à l’oeuvre de la part des missionnaires eux-mêmes qui s’efforcent de vivre comme des princes entourés par des objets d’un plus grand luxe qu’en Europe. Ce faisant, il fit allusion au Dr Legge, missionnaire établi depuis trente-quatre ans, disant :

« Il pense que nous ne réussirons pas à convertir aussi longtemps que le christianisme se montrera infecté par les dissensions acharnées au sein des sectes chrétiennes, o Lieu historique en Virginie (E.U.A.) où eurent lieu deux batailles de la guerre civile — Trad. que les indigènes associent dans leur esprit à l’ivrognerie, le dérèglement et le mal social gigantesque visible parmi les nations chrétiennes. L’évêque Steere pensait que les deux plus grands obstacles au succès étaient les querelles parmi les missionnaires eux-mêmes et la rivalité entre les sociétés. »

276

Cependant, le Chanoine Taylor et beaucoup d’autres, dont les voix se firent entendre au grand Congrès religieux, voudraient réduire la critique au silence en nous disant que les religions païennes sont suffisamment bonnes, et mieux adaptées aux besoins des pays respectifs que le serait le christianisme. Nous tirons une tout autre suggestion du rapport de feu Poster, évêque de l’église épiscopale méthodiste qui, après un voyage prolongé autour du monde il y a des années, donne l’image suivante des tristes conditions du monde dans les ténèbres du paganisme ; il déclara :

« Rappelez-vous toutes les images de la pauvreté et de la dégradation que vous ayez jamais vues dans les lieux solitaires de la misère la plus extrême (ces tristes exemples dont l’horreur vous a hantés après les avoir vus, ces lieux lugubres d’ordure et de saleté repoussante): rassemblez toutes ces images en un seul tableau, que ne vient adoucir la simple ombre d’un clair-obscur ou d’une lumière colorée et suspendez-le au-dessus de la moitié du globe ; il n’atteindra pas encore la réalité. Vous devez y ajouter la perspective terrifiante que cela durera sans issue ; vous devez faire abstraction de tout espoir, et même de toute aspiration. Le trait caractéristique du paganisme, c’est la pauvreté. Vous n’avez jamais vu la pauvreté. C’est un terme dont vous ignorez la signification. Ce que vous appelez la pauvreté, c’est la richesse, le luxe. Ne pensez pas que ce soit occasionnel, dans les parages seulement, exceptionnel dans des lieux de misère plus profonde, non ; elle est universelle, à l’échelle d’un continent. Ajoutez à cela la faim, la nudité, la bestialité ; enlevez-en tout espoir d’avoir quelque chose de mieux demain ; emplissez l’Afrique de cela, l’Asie ; peuplez la vision d’hommes, de femmes et d’enfants comprenant plus de vingt fois la population de toutes vos grandes cités, de vos villes, de vos villages et de vos régions rurales, vingt pour chaque individu dans tous vos Etats et vos territoires, et le tableau ne dépeint pas encore la réalité.

« Placez maintenant, dans ce tableau, l’ombre morale de l’absence de Dieu, d’espérance ; pensez à ces millions de misérables, vivant comme des bêtes dans ce monde et n’anticipant rien de mieux dans le monde à venir. Ajoutez à ce tableau le souvenir que ces misérables sont des êtres qui ont la même nature humaine que la nôtre, et considérez que, parmi ces millions d’êtres, il n’y a aucun cœur qui n’ait pas de désirs humains, et qui ne puisse être purifié et ennobli ; que ces pays, sous le destin d’une telle infortune, pourraient égaler, et nombre d’entre eux surpasser même le pays dans lequel nous vivons, s’ils avaient ce que nous pourrions leur donner. Peignez un ciel sans étoiles, représentez la nuit, couvrez de ténèbres et à perte de vue les montagnes, étendez de sombres linceuls le long des rivages et des paysages, assombrissez tout le passé, laissez l’avenir se draper d’une nuit plus profonde, toujours plus profonde, remplissez les terribles ténèbres d’hommes affamés, au visage triste, de femmes réduites au chagrin et d’enfants sans espérance : tel est le monde païen, le peuple vu en vision par le prophète d’antan, « qui s’assied dans la région et l’ombre de la mort » ; à qui n’est encore parvenue aucune lumière, qui se tient là assis, tranquille, à travers la longue, longue nuit, en attendant et en guettant le matin.

« Un milliard d’êtres dans la région et l’ombre de la mort, dans la même région où leurs pères ont vécu il y a vingt-cinq siècles, attendant silencieux, traversant la vie dans un dénuement si extrême qu’ils ne sont pas capables de pourvoir à leurs besoins les plus élémentaires; des millions d’entre eux subsistent grâce à des racines et à des herbes et aux provisions précaires que la nature, indomptée par la raison, leur fournit. Ceux d’entre eux qui vivent sous des formes de gouvernement et dans une semi-civilisation lesquelles, dans un sens, réglementent la propriété et imposent le travail, ne disposent pas après que leurs tyrans les ont dépouillés de leur salaire, de trois « cents » par jour [le « cent » est la centième partie d’un dollar — Trad.] en moyenne ou son équivalent pour se nourrir, eux et leurs enfants, pas assez pour nourrir un animal ; des multitudes d’entre eux ne sont pas même à moitié nourries, pas même à moitié vêtues ; elles vivent dans des étables et des taudis qui ne conviennent même pas au porc, sans provision d’aucune sorte pour leurs besoins humains. Opprimées par la tyrannie de la force brutale jusqu’à ce que toutes les caractéristiques de la nature humaine leur soient enlevées, sauf la station droite et leurs désirs indéracinables, muets et aveugles d’avoir ce qu’elles ne savent pas, tels sont les païens, hommes et femmes, nos frères et sœurs.

278

« Les ombres farouches et redoutables du tableau nous glaceraient si elles n’étaient pas rejetées dans le lointain, et si l’imagination ne l’embellissait et ne le dorait. De notre point de vue d’indifférence confortable, ces ombres sont entièrement cachées. Elles sont trop loin, et nous sommes trop accaparés par nos plaisirs pour les voir ou même pour y penser. Elles n’émergent pas du tableau, et si d’aventure nous y pensons, ce n’est pas à la lumière de la réalité, mais à celle de la trompeuse fantaisie. Nous voyons les grandes cités et la magnificence des Mikados et des Rajahs, les pompes des cours, la beauté voluptueuse des paysages, tout cela transfiguré par l’imagination et par la lumière éclatante et trompeuse que jettent sur eux les agences de voyage. La vision nous enchante. Si nous voulons pénétrer davantage la question des foyers humains et leur condition religieuse, nous sommes de nouveau attirés par les grands temples et par les descriptions fantaisistes de voyageurs de quelque scène domestique pittoresque et attrayante. Nous sommes consolés. Après tout, disons-nous, le monde païen n’est pas en si mauvaise posture. Ils ont leur religion ; ils ont leurs plaisirs. Telle est la pensée réconfortante avec laquelle nous contemplons le monde. Oh ! illusion fatale ! Le véritable tableau se trouve dans l’ombre. Les millions d’individus misérables, pécheurs, qui marchent à tâtons, sans Dieu et sans espérance, sans foyer, abrutis, sans amis, nés pour hériter d’une nuit sans rayons, et destinés à vivre et à mourir dans les ténèbres sans étoiles, ceux-là, on ne les voit pas. Ils sont là, se déplaçant furtivement dans ces ombres de la mort, décharnés, affamés, nus et sans espoir, presque des bêtes ; ils ne sont pas quelques-uns seulement., tapis dans les sentiers, et se cachant à leurs semblables, mais Ils sont des millions et des millions, remplissant tous ces pays dépeints par l’imagination, grouillant dans les rues et les avenues de leurs magnifiques cités, et qui nous terrifieraient par leur multitude, si nous ne pouvions faire autrement que de les voir. C’est là que leurs ancêtres ont vécu et sont morts sans espérance. C’est là qu’ils traînent leur misérable vie. C’est là que leurs enfants sont nés pour le même destin. C’est là que, vivants ou mourants, personne ne prend soin de leur âme.

« Tel est le monde non chrétien. Il possède de grandes cités de grands temples, de magnifiques mausolées, quelques tyrans choyés qui s’affublent d’ornements en or, mais la splendeur exagérée de ses sanctuaires et de ses trônes s’abat sur un arrière-plan de nuit obscure, dans lequel les millions d’individus se tapissent dans la peur, la faim et la misère. Je les ai vus, dans leurs tristes foyers et leurs orgies diaboliques, depuis le Bosphore jusqu’au Gange dans leurs temples et à leurs festins, accroupis et agenouillés devant des idoles grimaçantes, des statues de pierre et des dieux en forme de singes ; je les ai vus traînant à travers les rues et le long des grand-routes , j’ai vu leurs visages sombres, désespérés, affamés, et jamais l’on ne peut oublier cette image.

 « Nous devrions, je pense, convenir que, dans le monde non chrétien, il n’y a aucune espérance pour l’homme. Il n’a rien à nous donner, ni un rayon, ni une miette. Tel un poids lourd, il pend au cou de la race en l’enfonçant de plus en plus dans la nuit, dans la mort. Son haleine même est contagieuse. Son contact, c’est la mort. Sa présence nous terrifie comme un gigantesque spectre émergeant du royaume de la nuit, dominant et gouvernant à travers les siècles et aveuglant tous les âges.

« Je ne soulève pas la question de savoir si, oui ou non, on peut dans le monde à venir sauver ces innombrables millions d’individus. Je n’affirme pas qu’en leur donnant l’évangile, cela améliorerait leurs espérances ou augmenterait en quoi que ce soit leur chance dans cette direction. Il est possible qu’il y en aura, parmi eux, autant qui seront sauvés sans l’évangile qu’avec lui. Cette question ne fait pas partie du problème que je suis en train de discuter, savoir la perspective du monde, j’entends celle du temps, non celle de l’éternité. Si mon esprit pouvait un jour être accaparé par la terrible idée que le monde entier doive, de toute nécessité, être perdu à jamais simplement parce qu’il est païen, je ne lui enverrais pas un Evangile qui lui révèle un tel Dieu. Cette cruelle pensée seule interdirait toute espérance pour le monde et ferait de l’éternité elle-même un cachot, sans égard à qui pourrait être sauvé car, comment une créature sensée quelconque pourrait-elle profiter même d’un ciel avec un Dieu dont le gouvernement pourrait permettre une telle tache de honte et de déshonneur, de cruauté et d’injustice ? Allez convaincre des hommes qu’il y a un Dieu à la tête de l’univers qui, sans qu’il y ait faute de leur part ou sans aucune chance d’échapper, damnerait les morts, les vivants, et les millions à venir du paganisme, et qui, en même temps, ferait de la terre une gigantesque terreur où d’effrayantes horreurs ne permettraient aucun soulagement, et vous rendrez à jamais impossible l’adoration d’un tel Dieu sauf par des démons, et par eux seulement parce qu’il devient leur chef ».

281

L’évêque mentionna également le fait que, si la population du monde est estimée à 1 milliard 450 millions [à l’époque — Trad.], près de 1 milliard 100 millions ne sont pas des chrétiens, et que beaucoup (oui, presque tous) des chrétiens de nom sont soit des païens, soit des anti-chrétiens. Ensuite, à cause de l’échec de l’église dans la conversion du monde en dix-huit cents années, et de l’impossibilité d’espérer y arriver, il tenta de dégager l’église de la responsabilité qu’elle a assumée en suggérant que ces millions de païens doivent être sauvés sans avoir foi en Christ. En outre, pour dégager en quelque sorte Dieu de la responsabilité de la détresse actuelle parmi les hommes, il déclara : « Dieu fait du mieux qu’il peut avec le pouvoir qu’il a reçu ».

Il y a quelques années. The Church Times publia un article rédigé par un Maori dont les extraits suivants sont très suggestifs quant à la cause de l’échec de l’église pour éclairer le monde à un degré notable quelconque. A l’origine, la lettre avait paru dans un journal de la Nouvelle-Zélande, et est ainsi conçue :

 « Il y a quelques jours, vous avez publié le compte rendu de ce qui s’est passé lors d’une réunion de Maoris convoquée par l’évêque de l’église de Christ. J’étais présent à la réunion, et je désire que vous me donniez une occasion de répondre à l’une des questions posées par l’évêque, savoir : « Pourquoi le feu de la foi chrétienne est-il si bas parmi le peuple Maori dans mon diocèse ?» Je veux vous dire quelle en est, selon moi, la raison. Nous, Maoris, sommes rendus confus et perplexes dans nos esprits par la manière extraordinaire selon laquelle vous Européens, traitez votre religion. Personne, parmi vous, ne semble être sûr qu’elle signifie quelque chose ou rien. Sur l’invitation des premiers missionnaires, à la religion de nos aïeux qu’ils disaient être fausse, nous avons substitué celle qu’ils nous ont dit être la vraie. Nous avons accepté le Livre contenant l’histoire et les préceptes de la « Vraie Religion » comme étant réellement la Parole de Dieu qui nous lie nous ses créatures. Nous avons journellement, matin et soir, offert un culte au Créateur dans chaque pah [camp fortifié indigène en Nouvelle-Zélande — Trad.l et dans chaque village à travers la Nouvelle-Zélande. Nous avons observé le septième jour comme saint, nous abstenant de toute forme de travail afin de respecter le commandement divin, et pour la même raison, nous avons aboli l’esclavage et la polygamie, bien qu’en agissant ainsi nous ayons complètement désorganisé notre système social, réduit nos gens à la pauvreté et infligé beaucoup de peine à ceux qui furent forcés de trancher certains des liens les plus tendres de la parenté humaine. Juste au moment où nous commencions à apprendre à nos enfants à connaître Dieu et à lui obéir comme il est manifesté en Jésus-Christ, des Européens vinrent en grand nombre dans ce pays. Ils visitèrent nos villages et parurent très amis, mais nous remarquâmes qu’ils n’avaient pas, à l’égard de la Bible, le même respect que celui que nous, des novices, avions. Les catholiques romains nous déclarèrent qu’eux seuls connaissaient la véritable interprétation, et qu’à moins de nous unir a eux nos âmes seraient perdues. Les baptistes suivirent, qui ridiculisèrent notre présentation d’enfants à Christ dans le baptême, et qui nous déclarèrent que n’ayant pas été immergés, nous n’étions pas du tout des chrétiens baptisés.

Ensuite vinrent les presbytériens, qui dirent que la charge d’un évêque n’était pas scripturale, et qu’en ayant accepté d’être confirmés par l’évêque Selwyn, nous avions accompli une cérémonie dénuée de sens. Plus tard vinrent les Frères de Plymouth, qui nous déclarèrent que Christ n’avait jamais institué une église visible ou un ministère quelconque, mais que chacun devrait être son propre ministre et fixer son propre credo.

 « Outre la confusion dans nos esprits, causée par l’exemple impie de la majorité des Européens, et l’enseignement contradictoire donné par les ministres de la religion nous étions embarrassés par la manière d’agir du gouvernement ; ce dernier, en effet, tout en professant être lié par la loi morale contenue dans la Bible, n’hésita pas, lorsque nous devînmes sans force, de manquer à ses promesses qu’il nous avait faites lorsque nous étions plus nombreux et plus forts que les Européens. Grande fut notre surprise quand le Parlement, composé non pas d’hommes ignorants, de basse naissance, mais d’hommes du monde et de chrétiens déclarés, fit enlever la Bible des écoles, et, tout en enjoignant aux instituteurs d’instruire avec soin les enfants de la Nouvelle-Zélande en toutes sortes de connaissances, leur déclara qu’en aucune façon, ils ne devaient leur enseigner quoi que ce fût concernant la religion chrétienne, concernant Dieu et ses lois. Mon maître païen m’enseignait à craindre et à révérer les Puissances invisibles, et mes parents m’enseignaient à discipliner chaque action de ma vie en obéissant aux Atuas qui me puniraient si je les offensais. Mais, dans les écoles de ce pays chrétien, mes enfants ne sont pas enseignés maintenant à respecter aucun être au-dessus d’un agent de police, ou de craindre aucun juge de leurs actions au-dessus d’un Magistrat Résident.

282

« Je pense, lorsque l’évêque de l’église de Christ nous a posé l’autre jour la question à laquelle j’ai déjà fait allusion, que nous aurions bien pu lui demander de nous dire d’abord pourquoi le feu de la foi était si peu ardent parmi son propre peuple. Nous aurions pu citer des paroles appropriées de ce Livre que le peuple anglais désire voir prendre par tous sauf par lui-même comme règle de vie, et le révérer comme étant la Parole du Dieu vivant : « Médecin, guéris-toi toi-même ».

 « Des Maoris ignorants peuvent-ils être blâmés pour leur tiédeur au service de Dieu dont l’existence, d’après l’un de ses ministres ordonnés, ne peut être prouvée par aucun homme dans la chrétienté ? Je pense souvent, monsieur, que mes enfants auraient eu plus de chance à devenir des hommes et des femmes honorables et auraient eu une meilleure espérance de bonheur quand viendra le moment pour eux d’entrer dans le monde invisible et d’y rencontrer leur Créateur, si, comme le premier roi Maori (Potatu) j’avais refusé de confesser ouvertement votre religion jusqu’à ce que (ainsi qu’il le déclara) : Vous eussiez déterminé entre vous ce qu’est vraiment la religion». Il est mieux, je pense, de croire réellement au monde spirituel invisible qui a soutenu mes ancêtres que de faire semblant de croire à ce que le peuple européen nous a demandé de substituer à notre croyance.

Vôtre, etc. « Tangata Maori ».

283

L’extrait suivant d’un article paru dans la North American Review de Wong Chin Foo, Chinois instruit, diplômé de l’un de nos collèges de New England, donne de la même façon des raisons suggestives de préférer la religion de ses pères au christianisme. Wong Chin Foo écrivait :

 « Né païen et élevé en païen, j’ai appris et pratiqué ses règles morales et religieuses, et agissant en conséquence j’étais utile à moi-même et à beaucoup d’autres. Ma conscience était claire, et mes espérances quant à la vie future n’étaient troublées par aucun doute perturbateur. Mais, vers l’âge de dix-sept ans, je fus transféré au sein de votre clinquante civilisation, et à cette période impressionnable de la vie, le christianisme se présenta tout d’abord à moi sous ses aspects les plus séduisants ; de bons amis chrétiens devinrent particulièrement soucieux de mon bien-être matériel et religieux, et je n’étais que trop désireux de connaître la vérité. Puis, on me persuada de vouer ma vie à la cause des missions chrétiennes. Seulement, avant de m’engager dans cette haute mission, je devais d’abord apprendre la doctrine chrétienne que j’allais enseigner, et c’est ici que je fus désorienté devant la multiplicité des sectes, chacune d’elles revendiquant le monopole de la route unique et étroite vers le ciel.

« Je ne pénétrai dans le Presbytérianisme que pour en sortir effrayé d’une croyance en un Dieu sans miséricorde qui avait depuis longtemps voué la majorité de la race humaine sans secours à un enfer éternel. Prêcher une telle doctrine à des païens intelligents n’aurait fait que lever dans leur esprit des doutes sur ma santé mentale, à moins de me prendre pour un menteur. Ensuite, j’examinai les doctrines – baptistes, mais j’y trouvai tant de sectes de formes différentes, en conflit sur les mérites de l’initiation à l’eau froide, sur la méthode et le moment de l’employer, que je devins écœuré de telles banalités ; la question de communion, étroite ou non, m’a donné seulement la conviction que certains étaient mesquins et exclusifs avec leur morceau de pain et leur vin, et d’autres un peu moins. Le méthodisme me fit l’effet d’une religion de tonnerre-et-d’éclair, toute de déclarations et de bruit. Vous veniez en contact avec elle, ou elle venait en contact avec vous, tel un spasme, et ainsi vous « expérimentiez » la religion. Les Congrégationalistes me rebutèrent par leurs manières affectées, par leur conscience personnelle d’être vraiment bons, ainsi que par leur désir de n’avoir que des membres très dignes. L’unitanisme me parut douter de tout, même de lui-même. Pour un certain nombre d’autres sectes protestantes basées sur quelque nouveauté ou quelque excentricité, tel que le Quakensme, je ne trouvai pas qu’elles fussent dignes d’être étudiées par un non-chrétien. Mais sur un seul point, cette masse de dissension protestante s’accordait de tout cœur, à savoir une haine unanime du Catholicisme, la forme la plus ancienne du christianisme. Quant au Catholicisme, il leur rendait bien cette animosité. Il se déclarait avec hauteur la seule vraie église, hors de laquelle il n’y avait aucun salut, en particulier pour les protestants ; il déclarait que son principal prélat était le représentant personnel de Dieu sur la terre, et qu’il était infaillible. On trouvait là l’unité religieuse, la puissance et l’autorité avec la vengeance. Mais en chœur, mes affectueux amis protestants me supplièrent de ne pas aborder le Catholicisme, déclarant qu’il était pire que le paganisme — en quoi je fus d’accord ; toutefois, la même sorte d’arguments me convainquit également que le Protestantisme se plaçait dans la même catégorie. En fait, plus j’étudiais le Christianisme dans ses diverses phases, plus j’écoutais les critiques que les sectes s’adressaient réciproquement, et plus cela me parut être de l’« airain qui résonne et des cymbales retentissantes ».

 284

« Appelez-nous des païens, si vous voulez, les Chinois sont encore supérieurs quant à l’administration sociale et à l’ordre social. Parmi quatre cents millions de Chinois, il y a moins de meurtriers et de voleurs en un an qu’il n’y en a dans l’Etat de New York. Oui, il est vrai que la Chine entretient un monarque voluptueux dont chaque caprice doit être satisfait ; pourtant, son peuple est le moins imposé du monde, n’ayant rien d’autre à payer que l’impôt sur les terres cultivées, sur le riz et sur le sel ; cependant la Chine n’a pas un seul dollar de dette nationale…

 « Les chrétiens font continuellement des histoires au sujet de la religion ; ils bâtissent de grandes églises et font de longues prières, et pourtant il y a plus de méchanceté dans le voisinage d’une seule paroisse d’un millier de personnes à New York que parmi un million de païens, sans église et sans sermon. Le chrétien parle longuement et bien haut sur la manière d’être bon et d’agir avec charité. Tout est charité et il n’y a aucune fraternité :

285

« Tenez, chien, prenez votre croûte et soyez reconnaissant ! ». Aussi est-il surprenant qu’il y ait plus de cœurs désespérés et de suicides en un an dans le seul état de New York que dans toute la Chine ?

« La différence entre le païen et le chrétien est que le païen fait le bien pour l’amour de faire le bien. Quant au chrétien, le peu de bien qu’il fait, il le fait pour recevoir un honneur dans l’immédiat et une récompense dans l’avenir ; il prête au Seigneur et désire un intérêt composé. En fait, le chrétien est le digne héritier de ses ancêtres religieux. Le païen fait beaucoup et en parle très peu, le chrétien fait un peu de bien, mais quand il le fait, il désire le faire savoir dans les journaux et le faire graver sur sa pierre tombale. Aimer les hommes pour le bien qu’ils vous font est une idée chrétienne pratique, non pour le bien que vous devriez leur faire par devoir humain. C’est ainsi que les chrétiens aiment les païens, oui, les possessions des païens ; et l’amour des chrétiens croît en intensité, en proportion de ces possessions. Lorsque les Anglais désirèrent l’or et le commerce chinois, ils déclarèrent qu’ils désiraient « ouvrir la Chine à leurs missionnaires ». Et l’opium fut le principal, en fait le seul missionnaire dont ils s’occupèrent après qu’ils eurent forcé l’entrée des ports. Cette introduction chrétienne infâme parmi les Chinois a causé plus de mal, social et moral, en Chine, que toutes les agences humanitaires du christianisme n’ont pu apporter de remède en deux cents années. C’est sur vous, chrétiens, et sur votre avidité de l’or, que nous faisons retomber le poids du crime qui en résulte ; des dizaines de millions d’hommes et de femmes honnêtes et utiles envoyés par ce moyen à la mort après une vie brève et misérable, en plus de la prostration physique et morale qu’il entraîne même s’il ne tue pas prématurément ! Et cette grande calamité nationale fut lancée sur nous à la pointe des baïonnettes chrétiennes. Et vous vous étonnez que nous soyons des païens ? Le seul point positif que les chrétiens ont imprimé sur le paganisme est qu’ils sacrifieraient la religion, l’honneur, le principe, comme ils sacrifient la vie, pour de l’or. Et, avec un air de sainteté, ils déclarent aux pauvres païens :

« Vous devez sauver votre âme en croyant comme nous le faisons ! »…

 « Faites aux autres ce que vous souhaitez qu’ils vous fassent », ou « Aimez votre prochain comme vous-même », telle est la grande loi divine que possèdent tant les chrétiens que les païens mais que les chrétiens négligent. Voilà ce qui fait que je reste païen ! Et j’invite instamment les chrétiens d’Amérique à venir à Confucius ».

286

 La presse a rapporté l’exemple analogue d’une femme venant de l’Inde — Pundita Ramabai — qui visita Boston il y a quelques années et se préparait à retourner en Inde pour se mettre à enseigner les femmes de la caste supérieure de l’Inde. Il ne lui fut pas facile de dire à quelle dénomination des chrétiens elle appartenait. Un reporter lui posa la question, et voici ce qu’elle répondit :

 « J’appartiens à l’église universelle de Christ. J’ai rencontré de bons Baptistes, de bons Méthodistes, de bons Episcopaux et de bons Presbytériens, et chacun d’eux m’a parlé de la Bible. Aussi me semble-t-il préférable d’aller moi-même à la Bible et d’y trouver ce que je peux de meilleur [Une sage décision]. Et là, je trouve Christ le Sauveur du monde, et c’est à lui que je donne mon cœur. Je fus baptisée alors que j’étais en Angleterre, et je communie avec toutes les personnes chrétiennes qui me le permettent. Je ne professe pas appartenir à une dénomination particulière quelconque, car je veux retourner en Inde simplement comme une chrétienne. Il ..apparaît à mon esprit que le Nouveau Testament, et spécialement les paroles de notre Sauveur, constituent un credo suffisamment complet. Je crois, ainsi que le Sauveur nous l’a enseigné, et son message nous est parvenu par Jean, que Dieu est un esprit, qu’il est lumière et amour ; qu’il a créé l’univers, qu’il l’illumine et le pénètre ; que Jésus, son Fils et son Serviteur, l’apôtre de notre foi, fut envoyé par lui pour être le sauveur et le conducteur de ses enfants ; que tous ceux qui croient en lui ont le droit d’être les fils de Dieu, et que le saint esprit est notre guide et notre consolateur, le grand don de Dieu par Christ ; qu’il n’y a qu’une seule Eglise et que tous ceux qui reconnaissent Jésus comme leur Sauveur sont des membres de cette Eglise. Je crois que tout ce qui est nécessaire pour mon salut me sera donné, et je prie ardemment que Dieu veuille m’accorder la grâce de chercher et suivre la vérité, et de faire sa volonté. A Boston, on m’a dit que j’étais une unitaire, je leur ai dit que non. Je ne suis pas non plus une trinitaire. Je ne comprends pas du tout ces inventions modernes. Je suis simplement une chrétienne, et le Nouveau Testament m’enseigne ma religion ».

287

Les Japonais convertis au christianisme manifestèrent un esprit semblable, leur noble conduite étant à la fois une sévère réprimande aux églises nominales et à leurs credo, et un admirable commentaire sur la puissance de la Parole de Dieu. De l’opinion qu’ils ont des credo de la chrétienté, et de leur détermination de s’en tenir à la Bible seule, nous avons le compte rendu suivant qui fut publié :

 « Lorsque l’Empire japonais fut ouvert tout grand au commerce américain, les églises américaines furent zélées à convertir ce pays à leurs diverses confessions de foi. Les missionnaires qui y furent envoyés trouvèrent que leur division serait une barrière effective au succès, et ils convinrent de cacher leurs différences, de travailler ensemble pour des âmes seulement, en présentant simplement un seul Dieu, et Christ crucifié pour les pécheurs, jusqu’à ce qu’ils obtiennent une situation solide. La dissimulation réussit si bien qu’en 1873, en raison des demandes de moissons sectaires de la part des Conseils religieux américains, il fut entendu que les convertis étaient suffisamment nombreux pour permettre une division du butin. « Cependant, lorsqu’on révéla avec soin la tromperie aux païens convertis, une difficulté inattendue s’éleva. Ces chrétiens japonais s’assemblèrent et rédigèrent une pétition dans laquelle ils exposèrent la joie, la paix et la droiture qu’ils avaient trouvées dans le Christ Jésus et objectèrent qu’on les divisait contrairement à la Parole et à l’esprit de Dieu ; ils pressèrent les missionnaires, puisqu’ils avaient confessé un tel état déplorable de choses dans leur propre pays, de retourner en Amérique et de leur laisser à eux le soin de poursuivre l’évangélisation du Japon.

« Des copies de cette pétition furent expédiées aux divers Conseils par lesquels les missionnaires étaient entretenus et dirigés, et des agents furent envoyés sur place afin d’enquêter et de faire leur rapport. L’un de ces agents dont la lettre fut publiée dans  The Indépendant (N.Y.), dit qu’à ces esprits à peine sortis des ténèbres du paganisme, « les joies simples du salut éclipsent toutes autres considérations » et il faudra beaucoup d’années avant qu’on puisse les endoctriner dans les distinctions subtiles qui divisent la chrétienté ». Néanmoins, ceux dont les « autres considérations » éclipsent les « joies du salut » et empêchent de voir l’amour de Dieu, persévérèrent dans l’œuvre de division. Ainsi qu’il le fait toujours, l’esprit de Dieu incita ces âmes honnêtes à s’assembler au nom de Jésus seulement. La chose la plus difficile dans le travail du missionnaire sectaire est d’« endoctriner les convertis dans les distinctions subtiles qui divisent la chrétienté». Il y a très peu d’adhérents de n’importe quelle secte en Amérique qui soient ainsi endoctrinés. Ils ont des préjugés et sont surchargés par d’autres considérations que de réelles convictions. Un très faible pourcentage a intelligemment conscience des professions de foi et des distinctions par lesquelles ils sont séparés des autres sectes ».

288

Tels sont les sentiments de païens intelligents, égarés et troublés par les fausses représentations du caractère et des doctrines de Dieu. Cependant, nous nous réjouissons de savoir que, malgré le conflit des credo et la conduite peu chrétienne de multitudes de soi-disant chrétiens, et des prétendues nations chrétiennes, tous les efforts missionnaires chrétiens parmi les peuples païens n’ont pas été vains, mais que ça et là les semences de la vérité divine sont tombées dans des cœurs bons et honnêtes et ont produit les fruits de la justice et d’un véritable caractère chrétien. On ne peut toutefois pas porter de tels fruits au crédit des credo, mais à la Parole et à l’esprit de Dieu, malgré la confusion des credo humains. L’Eternel se rapporte aux Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament comme «Mes deux témoins» (Apoc. 11: 3), et ceux-ci ont porté avec fidélité leur témoignage à toutes les nations.

Quant à savoir si les gens de religions païennes seront ou non disposés à s’affilier à la chrétienté nominale, nous n’avons aucune indication affirmative. Au contraire, leurs représentants au Congrès mondial des Religions furent surtout impressionnés par l’infériorité de la religion chrétienne par rapport, et selon leur estimation, à la leur propre ; cependant, la « sûre parole de la prophétie » indique très clairement que les diverses sectes protestantes formeront une union de coopération, ou fédération, et que le catholicisme et le protestantisme s’associeront, sans perdre ni l’un ni l’autre leur propre identité. Ils constituent les deux extrémités des cieux ecclésiastiques qui, au fur et à mesure que leur confusion augmentera, s’enrouleront comme un livre (Esaïe 34 : 4 ; Apoc. 6 : 14) pour leur propre protection, mais comme des livres distincts et séparés, tout en étant très proches l’un de l’autre.

289

 Afin d’atteindre ce but désiré, les protestants se montrent prêts à faire à peu près n’importe quel compromis, tandis que, de son côté, la papauté a pris une attitude plus conciliante. Tout observateur intelligent est au courant de ces faits, et tout lecteur de l’histoire connaît le caractère pernicieux de ce grand système antichrétien qui discerne maintenant, dans la grande confusion du protestantisme, une occasion pour lui-même de reprendre sa puissance. Aussi, bien que se rendant compte qu’il a une force supérieure à celle du protestantisme divisé, le grand système papal craint également la crise qui s’approche et désire en conséquence avec une grande anxiété, l’union de la chrétienté, papale et protestante, civile et religieuse.

L’extrait suivant d’un article écrit par un « père pauliste » éminent, Walter Elliot, de la ville de New York et qui fut lu au Congrès catholique colombien de 1893, montre que l’église de Rome veut tirer parti de la confusion actuelle du protestantisme : « L’écroulement des dogmes protestants est pour nous une occasion favorable. Les dénominations, les « credo », les « écoles » et les « confessions » tombent en pièces sous nos yeux. De grands hommes ont édifié ces choses, et des hommes insignifiants peuvent les démolir. Cette nouvelle nation ne peut considérer qu’avec dédain des institutions [protestantes] dont la durée est à peine le double de sa propre vie, laquelle est brève ; en outre, ces institutions sont totalement surannées ; elle ne peut que considérer avec crainte et respect une institution [l’église catholique romaine] dont l’existence est près de vingt fois plus longue. Je vous assure que la vigueur de la jeunesse nationale doit s’étonner de la fraîcheur de la religion éternelle [catholique romaine], et qu’elle doit bientôt la saluer comme étant divine. Les dogmes du protestantisme le plus ancien disparaissent de la mentalité de notre peuple, ou bien en sont chassés ».

290

 Dans une encyclique, le pape Léon XIII offrit une récompense aux catholiques romains afin qu’ils prient pour la conversion des protestants à l’église de Rome. Cette récompense consistait dans les suppressions temporaires des souffrances du purgatoire. De son discours aux protestants, qui constituait une partie de l’encyclique, nous citons les paroles suivantes :

 « C’est avec une charité fervente que nous nous tournons maintenant vers ces gens qui, à une époque plus récente, sous l’influence de convulsions exceptionnelles, d’ordre temporel et matériel, sortirent du giron de l’église romaine. Oubliant les vicissitudes passées, qu’ils élèvent leur esprit au-dessus des choses humaines, et, n’ayant soif seulement que de vérité et de salut, qu’ils regardent à l’église fondée par Jésus-Christ. Si, alors, ils veulent comparer leurs propres églises avec celle-là et voir dans quelle situation la religion les a amenés, ils admettront aisément que le flux et le reflux des variations religieuses ont emporté leurs églises dans de nouveaux domaines, car, sur plusieurs points importants, elles ont oublié les traditions primitives. Les protestants ne nieront pas que si les auteurs du nouvel état de choses ont emporté avec eux certaines vérités lorsqu’ils se sont séparés de Rome, il reste à peine de formules certaines et ayant quelque autorité…

 « Nous savons très bien que de longs et durs labeurs sont nécessaires pour produire l’ordre de choses que nous voudrions voir se rétablir ; certaines personnes pensent peut-être que nous avons de trop hautes espérances, que nous poursuivons un idéal plus désirable que réalisable. Mais nous mettons toute notre espérance et notre confiance en Jésus-Christ, le Sauveur de la race humaine, en nous souvenant des grandes choses qui furent accomplies par la prétendue folie de la croix prêchée au monde sage qui en fut confondu et stupéfait. Nous demandons instamment aux princes et aux gouvernants, au nom de leur prévoyance politique et de leur sollicitude pour les intérêts de leurs peuples, de peser nos desseins avec équité et de les appuyer par leur bienveillance et par leur autorité. Si une partie seulement des résultats que nous  attendons aboutissait, le profit ne serait pas à dédaigner au temps actuel où tout s’écroule rapidement et où la crainte de l’avenir vient s’ajouter encore au malaise général.

291

« Le siècle dernier laissa l’Europe épuisée par des désastres et encore tremblante des convulsions par lesquelles elle fut ébranlée. Le siècle qui se termine ne pourrait-il pas léguer comme héritage à la race humaine quelques garanties de concorde et l’espérance des immenses bienfaits que l’on pourrait retirer de l’unité de la foi chrétienne ? .

 On ne peut nier que le protestantisme se rapproche de Rome. C’est ce qui ressortait du Congrès des religions où l’on accordera aux catholiques romains une place prépondérante. C’est aussi ce qu’ont exprimé tous ceux qui s’intéressent au mouvement de l’union des protestants. Le but poursuivi est de faire alliance, sinon de s’unir à l’église de Rome. L’un des articles de la confession de foi presbytérienne, qui dit que la papauté est l’antichrist, est actuellement considéré comme offensant ; on se propose de le changer.

 La lettre suivante, qu’un pasteur méthodiste adressa au cardinal Gibbons au sujet de l’union des églises, montre avec force que cette tendance existe parmi les protestants :

 Taunton, Mass.

 « Cher Cardinal,

Vous êtes sans nul doute intéressé par le mouvement qui se produit au sein des églises protestantes en vue d’arriver à l’union de tous. Si cette réunion est pour se produire, pourquoi l’église catholique romaine n’y serait-elle pas comprise ? L’église romaine n’a-t-elle pas une base d’entente à proposer à laquelle nous puissions tous nous rallier ? Ne peut-elle pas nous rencontrer en faisant des concessions qui peuvent être temporaires, si elle croit que nous sommes dans l’erreur, jusqu’à ce que nous ayons appris à connaître Christ et ses plans plus parfaitement ?

 « Je suis certain d’une chose, que personnellement j’ai une tendance croissante à considérer avec soin tout le bien que renferment les diverses branches de l’église chrétienne et je crois que je ne suis pas le seul à penser ainsi. Meilleurs sentiments, Geo. W. King, Pasteur de la première église épiscopale».

292

 Voici la réponse du cardinal :

 Siège du Cardinal, Baltimore.

 « Rév. Geo W. King, cher Monsieur,

 En réponse à votre estimée lettre, j’ai l’honneur de vous dire que vos aspirations à la réunion de la chrétienté sont dignes de toutes louanges.

 « Cette réunion ne serait que partielle si l’église catholique en était exclue ; elle serait même impossible, car il ne peut exister d’union possible sans une base scripturale solide, et cette base consiste à reconnaître Pierre et son successeur comme le chef (tête — Trad.) visible de l’église.

 « Il ne peut exister de gouvernement stable sans un chef, ni dans la vie civile, ni dans la vie militaire, ni dans la vie ecclésiastique. Chaque Etat doit avoir son gouverneur, chaque ville doit avoir son maire ou son chef municipal ayant un certain titre. Si les églises du monde cherchent un chef, où en trouveront-elles un qui ait assez d’autorité, si ce n’est à Rome ? C’est l’évêque de Rome, et non celui de Canterbury ou de Constantinople,

 « Quant aux conditions de l’union, elles sont plus faciles à trouver qu’on ne se l’imagine. L’église catholique possède tout ce qu’il y a de positif dans les doctrines des églises protestantes ; si ces dernières voulaient reconnaître la suprématie juridique du pape, elles accepteraient ensuite facilement ses autres doctrines. Vous êtes plus rapprochés de nous que vous ne le pensez. Nombre de doctrines attribuées à l’église romaine sont désavouées par cette dernière.

 Meilleurs sentiments en Christ, J. Card. Gibbons ».

 A cette lettre fut répondue la suivante. D’un commun accord de la part des deux messieurs, les lettres furent rendues publiques dans l’intérêt de l’union désirée.

« Cher Cardinal,

J’ai lu votre réponse avec beaucoup d’intérêt. Ne puis-je pas demander maintenant s’il ne serait pas sage et bon que l’église catholique présente aux églises protestantes une base possible d’union (en entrant suffisamment dans les détails), un peu selon l’ordre des propositions de Chicago-Lambeth faites par l’église épiscopale ? Je sais combien l’église méthodiste, et en vérité l’église chrétienne entière, est mal comprise par beaucoup, et je conçois qu’il est plus que possible, inévitablement, que l’église catholique soit également mal comprise et mal jugée sur de nombreux points. L’église catholique ne peut-elle pas corriger cette mauvaise compréhension de la part des protestants, dans une grande mesure tout au moins, et cela ne haterait-il pas l’union désirée ?

293

« Je crois que la condition actuelle de division dans laquelle se trouve la chrétienté, est une folie, une honte et une disgrâce, et j’accepterais volontiers une autorité centrale sous certaines conditions, avec réserves ou restrictions.

 Sincèrement à vous, Geo. W. Kings».

Les sentiments de la Société chrétienne d’encouragement à l’égard de l’église de Rome, dirigée par les Jeunes gens du peuple, furent très clairement manifestés lors de sa convention annuelle à Montréal, en 1893. Parmi les délégués à la convention se trouvait un Hindou bien connu de Bombay (Inde), le Rév. M. Karmarkar, converti au christianisme protestant. Dans les remarques qu’il fit devant la Société, il déclara que le romanisme (la religion catholique romaine — Trad.) était un obstacle à l’œuvre missionnaire en Inde. La déclaration rencontra une très vive désapprobation à la convention, mais lorsque les quotidiens catholiques romains en français s’emparèrent de l’affaire et publièrent ce que l’Hindou avait dit, en y ajoutant avec colère des commentaires, la session suivante de la convention fut troublée par un groupe agressif de catholiques romains ; le président de la convention essaya alors d’apaiser leur colère en se levant au sein de l’assemblée et en déclarant que lui et les délégués n’étaient pas responsables de M. Karmarkar, laissant ainsi leur invité supporter seul la violence de leur colère parce qu’il témoignait courageusement à la vérité. Il est évident qu’à cette convention M. Karmarkar était le seul protestant — le seul qui ne craignait pas la bête, ne sympathisait pas avec elle, ni ne l’adorait (Apoc. 20 : 4). Voici quelles furent ses paroles mêmes, telles que les rapporta The American sentinel, d’août 1893 :

294

« Il y a une concordance remarquable entre le culte romain et le culte hindou. Le romanisme n’est qu’une nouvelle étiquette sur les vieilles bouteilles du paganisme contenant le poison mortel de l’idolâtrie. Souvent les Hindous nous demandent, en assistant au culte romain: « Quelle différence y a-t-il entre le christianisme et l’hindouisme » ». En Inde, nous avons à combattre non seulement le monstre de l’idolâtrie à tête d’hydre, mais également la pieuvre du romanisme».

Parmi les quelques voix qui s’élevèrent pour s’opposer à cette action de la Société chrétienne d’encouragement, voici les résolutions qui furent présentées lors d’une réunion patriotique « des citoyens de Boston, et adoptées à l’unanimité par deux mille personnes :

 « Attendu que : lors de la convention de l’encouragement chrétien qui se tient actuellement à Montréal, le Rév. S V Karmarkar a exposé clairement et sincèrement les obstacles qui s’opposent au progrès du christianisme en Inde en mentionnant l’influence démoralisante de l’église catholique romaine, ce qui a eu pour effet de soulever l’animosité des catholiques romains français qui essayèrent alors d’empêcher par des actes désordonnés la liberté d’expression dans une convention protestante, en conséquence : .

 « Décidons • que nous, citoyens protestants de Boston, approuvons pleinement le Rév. S. V. Karmarkar dans les faits qu’il a franchement exprimés, et nous regrettons profondément qu’une assemblée de chrétiens ait cherché à calmer des catholiques romains par un vote (qui fut fort applaudi), en blâmant apparemment un homme de Dieu d’avoir dit la vérité.

« Décidons : qu’une copie de ces résolutions soit envoyée aux quotidiens patriotes, et expédiée au Rév. S. V. Karmarkar ».

Une autre institution populaire protestante, le Cercle littéraire de Chautauqua, lors d’une de ses grandes conventions annuelles, envoya le message suivant à une assemblée analogue de catholiques romains, fondée plus récemment et située sur le Lac Champlain. Le message fut adopté par un vote à l’unanimité et dans un grand enthousiasme ; il déclarait :  « Chautauqua envoie ses salutations et ses meilleurs vœux à l’Ecole estivale catholique». En réponse, le Président Vincent reçut du Dr Thomas J. Conarty, Directeur de l’Ecole estivale catholique de Plattsburgh, Lac Champlain, ce qui suit : « Les étudiants de l’Ecole estivale catholique d’Amérique sont profondément reconnaissants pour les cordiales salutations de Chautauqua, et, en retour,, envoient les meilleurs vœux à Chautauqua ».

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Un autre groupement de protestants, principalement des Covenantaires, est fort désireux de faire revêtir à la nation le costume de profession chrétienne, même si cela devait grandement déshonorer cette profession. Or, depuis le début de son existence, notre nation a rejeté la doctrine du droit divin des rois, et n’a jamais reconnu le droit à aucun homme de régner comme « roi par la grâce de Dieu ». L’un des principaux objets de ce Mouvement de réforme nationale comme il s’appelle, est d’imposer à tous la stricte observance du dimanche comme jour d’adoration. Espérant parvenir à leurs fins par un vote majoritaire du peuple, ils désirent fortement voir leur influence renforcée par le vote des catholiques romains. C’est pourquoi ils expriment leur consentement à faire presque toutes les concessions, même celle de vendre leur liberté religieuse achetée avec le sang des martyrs, afin de gagner la coopération de l’église de Rome. Ecoutez leur proposition exprimée par le principal organe de la dénomination, The Christian statesman :

« Toutes les fois qu’elle [l’église catholique romaine] désire coopérer pour résister au progrès de l’athéisme politique, c’est avec joie que nous nous joindrons à elle ». Puis : « Il est possible que nous essuyions quelques rebuffades lors de nos premières offres, car le temps n’est pas encore venu où l’église romaine consentira à conclure un marché avec d’autres églises, comme telles ; pourtant, le temps est venu de faire des avances répétées, et d’accepter avec joie de coopérer avec elle de toute manière. C’est l’un des impératifs de la situation ». — Rév. S. F. Scovel (Presbytérien).

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Le même journal indique également quel est le devoir du gouvernement des Etats-Unis :

 « Notre remède pour toutes ces influences maléfiques est que le gouvernement établisse simplement la loi morale reconnaisse derrière cette loi l’autorité de Dieu, et frappe toute religion qui ne s’y conforme pas». Oui, les impératifs de la situations forcent les puissance religieuses de la chrétienté à prendre des positions étranges, et il n’est pas besoin d’être un observateur très pénétrant pour remarquer que les roues du progrès religieux font marche arrière, ni pour conjecturer ou la liberté religieuse sera brusquement supprimée.

Dans un article publié dans  The Century Magazine, un membre du clergé épiscopal, le Rév. F. H. Hopkins écrit :

 « Je suis certain d’une chose : si, au temps de l’une quelconque des grandes séparations parmi les chrétiens dans le passé, la condition de l’église avait été ce qu’elle est aujourd’hui et si la mentalité et le tempérament de ceux qui devinrent des séparatistes d’alors avaient été les mêmes que ceux de leurs représentants, d’aujourd’hui aucune séparation n’eût jamais eu lieu [Très vrai !]. Pour moi ce changement des deux parties est une preuve que le Dieu d’unité et d’amour, en son propre temps et de sa propre manière, nous ramène tous ensemble en lui [Mais à ceux qui ne sont pas intoxiqués par l’esprit ou le vin de la grande Babylone (Apoc. 17 : 2), c’est une preuve du déclin de la piété vitale et de l’amour de la vente, et un témoignage que l’esprit de ce noble mouvement de la Grande Réformation est mort] ».

 Ecoutez encore le témoignage plus raisonnable de l’Archidiacre Farrar. En résignant ses fonctions de rédacteur en chef de  The Revieio of  The Churches, il fit la remarquable déclaration suivante :

« La cause entière de la Réformation décline par négligence et si les laïcs rendus indifférents ne se réveillent pas à temps et ne font pas valoir leurs droits comme participants à la prêtrise commune de tous les chrétiens ils se réveilleront trop tard, et se retrouveront comme membres d’une église qui est devenue en grande partie papiste chez tous, hormis le nom ».

Nous voyons que, dans ce pays, l’église nominale, à la fois papale et protestante, est en train de chercher la protection et la coopération de l’Etat, que les diverses sectes sont en train de s’associer entre elles pour une coopération et une défense mutuelles en ne tenant pas compte de leurs désaccords doctrinaux et en insistant sur leurs points d’accord, et que toutes sont désireuses de s’unir rapidement à tout prix pourvu que cela n’affecte pas leur politique. En Europe, au contraire, nous assistons au phénomène quelque peu inverse. Là, ce sont surtout les puissances civiles qui éprouvent de l’insécurité et du danger, et en conséquence, elles s’attendent aux puissances ecclésiastiques pour recevoir leur assistance dans toute la mesure possible. Ici, l’œil languissant de l’église se tourne pour implorer l’Etat, tandis que là, les trônes chancelants cherchent le soutien de l’église.

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Telle est la fâcheuse condition de ce grand système qui est à présent amené en jugement devant l’assemblée du monde, ce système qui se donne lui-même et avec fierté le titre de chrétienté (Royaume de Christ), mais que Christ avec promptitude et avec force désavoue et appelle très justement « Babylone ». Quelle absurdité évidente que d’appliquer le nom de chrétienté aux royaumes de ce monde ! Les prophètes décrivent-ils une telle condition de choses dans le glorieux Royaume de Dieu ? Le grand Prince de Paix ira-t-il implorer les nations pour qu’elles reconnaissent son autorité et lui accordent ses droits de territoire, de richesse ou de domination ? Mendiera-t-il la pitance du plus pauvre paysan ou recherchera-t-il la protection du riche ? Ou bien, implorera-t-il ses sujets de se remuer et d’exercer leur énergie défaillante pour soutenir son trône chancelant ? Oh, non ! avec dignité et autorité, quand viendra le temps marqué, il prendra en main son grand pouvoir et commencera son règne glorieux ; qui alors gênera ou obstruera sa voie ?

 Ainsi y a-t-il un liement général des puissances existantes, à la fois civiles et ecclésiastiques, et une dépendance des unes avec les autres ; avec elles sont liés les intérêts de tous les riches, les grands et les puissants, les intérêts des rois et des empereurs et des hommes d’état et des lords et des femmes du monde et des fonctionnaires titrés et des prêtres et des évêques, et du clergé de tous ordres, et des grands capitalistes, et des banquiers et des sociétés détentrices de monopoles, etc. La condition actuelle du conflit n’est que celle d’idées qui s’entrechoquent et une préparation générale de la crise imminente. Les puissances ecclésiastiques que les Ecritures appellent les puissances des cieux (les puissances spirituelles de nom) approchent les unes des autres, et en vérité, « les deux sont enroulés comme un livre » ; mais « quand même ils sont comme des ronces [car il ne peut y avoir chez les protestants qui aiment la liberté une affiliation paisible et agréable avec l’esprit tyrannique de la papauté] entre lacées, et comme ivres de leur vin [Intoxiqués par l’esprit du monde, le vin de Babylone], ils seront dévorés comme du chaume sec, entièrement» (Nahum 1: 10), dans le grand cataclysme de détresse et d’anarchie prédit dans la Parole de Dieu comme étant l’introduction du Royaume millénaire.

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 * * *

Nous ne voulons pas dire que tous les chrétiens sont des « Babyloniens ». Bien au contraire. De même que le Seigneur reconnaît qu’il y a de véritables chrétiens dans Babylone et qu’il leur dit actuellement : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple» (Apoc. 18: 4), ainsi faisons-nous ; et nous nous réjouissons de croire qu’il existe aujourd’hui des milliers de chrétiens qui n’ont pas courbé le genou devant le Baal de notre époque, Mammon, l’Orgueil et l’Ambition. Un certain nombre d’entre eux sont déjà «sortis du milieu d’elle», et le reste est encore soumis à la même épreuve sur ce point avant que les fléaux soient répandus sur Babylone. Ceux qui aiment le moi, la popularité, la prospérité temporelle, les honneurs des hommes plus qu’ils n’aiment Dieu, et qui révèrent les  Theories et les systèmes humains plus que la Parole de Dieu, ne sortiront pas de Babylone avant sa chute et devront passer par la « grande tribulation » (Apoc. 7 : 9, 14). Mais ceux-là ne seront pas jugés dignes d’avoir part au Royaume : comparer Apoc. 2 : 26 ; 3 : 21 ; Matt. 10 : 37 ; Mare 8 : 34, 35 ; Luc 14 : 26, 27.

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Consolation dans l’affliction

Au fort de la détresse,

Seigneur, je crie à Toi !

Dans l’obscurité qui m’oppresse,

Je te sais près de moi.

 Humble, j’attends qu’arrive

 L’instant libérateur ;

 Déjà du levant sort l’eau vive

 Et du jour la lueur.

 Ecoute mes paroles

 Et mes môrnes accents ;

 Dans ta bonté, Tu me consoles

 Et joyeux je me sens.

 A Dieu que soit la gloire !

 Des eaux c’est le retrait ;

 La colombe après la nuit noire

 Tend le rameau de paix.

 L’ombre voile sa face,

 L’effroi règne en tous lieux,

 Mais l’Eternel montre sa grâce :

 Son arc est dans les cieux.

(Hymne 231)