LA GRÂCE SUBLIME

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L’AMOUR DE DIEU

« Or maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour. » – 1 Corinthiens 13 : 13 (L).

L’apôtre Paul vient de parler des divers dons miraculeux de l’Esprit, accordés à cette époque à tous ceux qui avaient été engendrés de l’Esprit à la nouvelle nature. En ce temps-là, quiconque ne possédait pas l’un de ces dons spéciaux manifestait par là, devant tous les croyants, qu’il n’était pas devenu membre de l’Eglise de Christ. Ces dons surnaturels avaient aussi pour but d’aider à la croissance spirituelle des membres de l’église primitive. Ceux-ci ne possédaient alors pas la Bible et s’ils l’avaient eue, un très petit nombre d’entre eux auraient pu la lire ; c’est pourquoi, il était nécessaire qu’une assistance spéciale leur fût accordée. Les chrétiens qui vécurent plus tard n’en eurent plus besoin, aussi ne leur fut-elle plus fournie.

Dans cette épître adressée à l’église de Corinthe, l’apôtre, après avoir parlé de ces différents dons, ajoute : « Et je vais encore vous montrer une voie par excellence » ; il continue alors en faisant ressortir le caractère éminemment précieux du fruit de l’amour. Celui qui a reçu le Saint-Esprit doit porter au moins une mesure de ce fruit, que ce soit une humble fleur renfermant le germe du fruit, ou bien un fruit partiellement développé ou encore un fruit complètement mûr. Dieu, notre Père, qui regarde au cœur, sait comment son Saint-Esprit cherche à maîtriser en nous la chair, à diriger nos pensées, nos paroles et nos actions. Nous ne sommes pas à même de juger le cœur de notre prochain. L’apôtre disait qu’il ne se sentait pas capable de se juger lui-même équitablement, mais qu’il laissait tout jugement au Seigneur ; il savait que son cœur était fidèle et que tous ses efforts tendaient à réaliser l’idéal qui lui était proposé par Dieu. Il avait conscience de son incapacité de toujours faire le bien qu’il aurait désiré faire, néanmoins, il savait que le Maître accepterait la fidélité de son cœur ; aussi, faisait-il de son mieux, s’en remettant à Dieu pour le reste.

Notre foi et notre espérance en Dieu nous conduisent à faire de sérieux efforts, en vue de développer le fruit de l’amour sous toutes ses formes diverses et admirables. La douceur est une partie de l’amour, ainsi que l’humilité et l’amour fraternel. L’enfant de Dieu ne se demandera pas : Suis-je grand et bien bâti ? Suis-je beau, instruit, ou ai-je de bonnes relations dans le monde ? Combien de sermons ai-je prêchés et avec quelle érudition ? Combien de personnes ai-je amenées à la connaissance de la Vérité ? La question fondamentale qui se pose à tout enfant de Dieu est la suivante : Quelle mesure de la qualité d’amour ai-je développée ? Jusqu’à quel point mon caractère ressemble-t-il à celui de Christ ?

L’AMOUR EST LA CHOSE PRINCIPALE

Pourquoi la parole de Dieu accorde-t-elle une place si prépondérante à l’amour ? Parce qu’il est la première chose, la chose la plus importante, la chose principale. L’amour est l’accomplissement de la Loi de Dieu ; en vérité, l’amour de sacrifice, prescrit aux enfants de Dieu dans l’âge actuel, dépasse même les exigences de la Loi parfaite. Mais, pourquoi l’amour occupe-t-il la première place ? Ce n’est pas parce que Dieu en a décidé arbitrairement ainsi, ce n’est pas parce qu’Il a usé de son pouvoir absolu et décrété que l’amour devait être le premier. Non ! Dieu a placé l’amour au-dessus de tout, parce qu’aucune qualité du caractère n’est si belle, si précieuse, aucune n’apporte à ceuxsur qui elle agit autant de bonheur, de joie et de bénédictions que l’amour. L’amour est l’essence même du caractère de Dieu : « DIEU EST AMOUR ! » Cette qualité représente particulièrement sa personnalité. Dieu est tout-puissant et souverainement juste en toutes choses ; cependant, nous ne disons pas que Dieu est justice, que Dieu est puissance, mais nous disons que Dieu est amour. Il ne fait usage de sa grande puissance que dans les limites tracées et approuvées par l’amour. Sa justice ne s’exerce qu’en parfaite harmonie avec son glorieux attribut d’amour. L’amour est le mobile principal de tous ses actes.

Quiconque donc veut être semblable à Dieu doit aimer ; l’amour doit être la qualité dominante de son caractère et de sa vie. L’amour et la justice sont inséparables. L’amour demeurera de toute éternité ; ceux-là seuls, qui deviendront les personnifications actives de cette gracieuse qualité de caractère, vivront éternellement. Le développement de l’amour dans le cœur de tout individu a donc une importance suprême.

Après le merveilleux sermon sur la montagne de notre Seigneur, la sublime page sur l’amour, que nous trouvons au chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens, tient la première place. Ces deux exposés enseignent la même leçon, tout en la présentant sous des aspects différents. Comme élèves à l’école de Christ, tous les enseignements que nous recevions dans notre vie, par la Parole de Dieu et par sa providence, sont choisis par le Seigneur pour développer notre caractère et influencer notre conduite, conformément aux exigences de l’amour. Le Maître dit : « Je vous donne (aux membres de l’Eglise) un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. » L’amour étant l’accomplissement de la loi et « le lien de la perfection » chez les enfants de Dieu, nous ne nous étonnons pas de l’affirmation des Ecritures que « Dieu est amour » et que « celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ». Jésus dit aussi : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu », le Dieu qui est amour.

Cette noble vertu du caractère chrétien ne s’acquiert pas instantanément ; elle doit croître et son développement est la principale occupation, la tâche fondamentale de tous les enfants de Dieu engendrés de l’Esprit, qui désirent connaître Dieu et obtenir la grande récompense de la vie, sur le plus haut plan d’existence ; de tous ceux qui voudront voir face à face notre Père et notre Sauveur et demeurer éternellement en leur présence.

TOUT EST VAIN SANS L’AMOUR

Dans le magnifique exposé de Paul, nous voyons que la grâce suprême de l’amour est indispensable pour servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable. Si l’amour n’est pas le mobile qui nous dirige, la plus grande activité, la plus belle rhétorique, l’éloquence la plus admirable, mises au service de la vérité et de la justice, sont sans valeur aux yeux de Dieu et n’obtiendront de Lui aucune récompense. De grandes aptitudes à exposer les mystères de Dieu, une étude approfondie et une grande connaissance ne serviraient à rien sans l’amour et n’obtiendraient pas l’approbation du Seigneur. Une foi qui transporterait des montagnes serait sans valeur aux yeux du Père céleste si, lisant au fond des cœurs, Il constatait que l’amour y fait défaut. Quelqu’un pourrait donner tout ce qu’il possède aux pauvres ou pour la diffusion de l’Evangile, si l’amour n’est pas le mobile de ses actions, Dieu ne l’approuvera pas. La mort d’un martyr même n’est agréable à Dieu que si elle a été causée par l’amour témoigné au Seigneur et la fidélité à sa vérité.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que toutes ces choses peuvent être accomplies dans un but égoïste, soit pour être vu des hommes, soit pour satisfaire des aspirations orgueilleuses, soit pour donner libre cours à un esprit combatif. L’amour doit être le mobile qui nous pousse à servir Dieu, sinon, tout ce que nous aurons fait n’aura aucune valeur, nous aurons été comme « un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit ».

L’AMOUR ET SES ELEMENTS CONSTITUTIFS

Un professeur expliquant le mot amour dit : Vous avez sans doute vu un faisceau lumineux passant au travers d’un prisme de cristal ; ce faisceau se décompose en plusieurs rayons diversement colorés : rouge, bleu, violet, jaune, etc., toutes les couleurs de l’arc-en-ciel y sont. L’apôtre Paul passe ainsi l’amour au travers du magnifique prisme de son intelligence inspirée et nous le fait voir décomposé en ses divers éléments. Dans ces quelques paroles de l’apôtre, nous trouvons ce que l’on peut appeler le spectre de l’amour, l’analyse de l’amour. Considérons ses divers éléments. Remarquons qu’ils ont des noms qui nous sont familiers, que nous parlons chaque jour de leurs particularités ; que tout homme, au cours de sa vie, peut les mettre en pratique en tout lieu. Examinons combien de vertus ordinaires entrent dans la composition de l’amour, de cette chose sublime, qui est l’expression du bien suprême. Le spectre de l’amour est composé de neuf éléments :

– la patience, car l’amour « est patient » ;

– la bonté, car l’amour « est plein de bonté » ;

– la générosité, car « l’amour n’est point envieux » ;

– l’humilité, car « l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil » ;

– la courtoisie, car l’amour « ne fait rien de malhonnête » ;

– le désintéressement, car l’amour « ne cherche point son intérêt » ;

– un bon caractère, car l’amour « ne s’irrite point » ;

– l’innocence, car l’amour « ne soupçonne point le mal » ;

– la sincérité, car l’amour « ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ».

– A ces éléments-là, ajoutons-en trois autres :

– le courage, car l’amour « supporte tout » ;

– la confiance, car l’amour « croit tout » ;

– l’espérance, car l’amour « espère tout ».

Nous ne pouvons pas admettre, comme ce professeur, que ces grâces soient des vertus ordinaires et que tout humain peut les mettre en pratique en tout lieu. Nous prétendons, au contraire, que ces fruits n’existent pas dans leur ensemble chez “l’homme animal”. Celui-ci, il est vrai, peut revêtir superficiellement une certaine bonté, une certaine humilité, une certaine politesse, une certaine patience, une certaine bienveillance, car on peut attacher des raisins sur des buissons d’épines et des figues sur des chardons. Chez l’homme animal, ces grâces sont en effet toutes extérieures, elles ne sont pas dues à la croissance de la grâce intérieure, c’est-à-dire du Saint-Esprit, de l’esprit d’amour. Elles ne sont pas la preuve de sa communion avec Dieu. Si l’individu n’a pas été engendré de nouveau par la parole de vérité et par le Saint-Esprit, les manifestations extérieures de l’amour ne feront pas de lui un enfant de Dieu et ne lui permettront pas d’obtenir la récompense et les bénédictions promises aux fils de Dieu, pour l’accès auxquelles il n’y a qu’une seule porte : Jésus-Christ.

Une simple manifestation extérieure de patience ou d’humilité chez le chrétien n’est suffisante ni aux yeux de Dieu, ni à ses propres yeux. Ces riches fruits ne sont produits que par l’esprit d’amour demeurant dans son cœur. Dans les pays civilisés, les personnes dont le cœur n’est pas régénéré reconnaissent que nombre des fruits de l’Esprit sont des choses désirables et cherchent à les imiter comme étant des marques d’une bonne éducation. On s’en sert souvent comme d’un manteau ou d’un masque pour dissimuler des sentiments de cœur en opposition complète à l’esprit d’amour.

L’IMITATION DE L’AMOUR PRATIQUEE PAR LE MONDE N’EST QU’UN VERNIS SUPERFICIEL

Une imitation extérieure des fruits de l’Esprit adoucit pourtant, dans une certaine mesure, les maux, les peines et les luttes qu’ont à supporter les humains déchus, mais ce n’est qu’une légère couche extérieure qui apparaît souvent sous son véritable jour en temps de détresse ou d’épreuves.

Le temps est bien proche où une terrible crise fera voir au monde entier qu’une grande partie de la politesse et de la gentillesse de notre époque n’est que superficielle, ne vient pas du cœur et n’est pas le fruit du Saint-Esprit d’amour. Dans cette grande crise, la main de tout homme s’élèvera contre son prochain et contre son frère, comme la Parole de Dieu le montre d’une manière saisissante. Pendant ce grand jour de vengeance, toutes les formes apparentes de politesse et d’esprit chevaleresque s’évanouiront et, pendant une brève période, le monde contemplera tellement sa propre laideur morale, son égoïsme, qu’il l’aura en horreur ; cela servira à sa préparation en vue du Royaume béni de l’amour, que le grand Emmanuel, le Messie, l’Oint de Dieu, établira alors. Nous savons que ce grand jour de vengeance a déjà commencé.

ATTIRES PAR L’AMOUR DE DIEU

Les Ecritures nous font comprendre que l’amour désintéressé, dépourvu d’égoïsme, est étranger à notre nature et doit lui être communiqué par la puissance de Dieu. L’apôtre dit : « Cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime propitiatoire pour nos péchés. » Si nous comprenons le grand amour de Dieu et acceptons les conditions qu’Il a posées pour notre réconciliation par son Fils, cet amour divin nous contraint à aimer en retour.

Plus nous apprécierons la grandeur de l’amour divin, plus nous nous efforcerons de rendre nos caractères conformes à celui du divin Modèle. La grâce de Dieu entrant dans le cœur de certaines personnes d’un naturel grossier, brutal et perverti ne pourra se manifester extérieurement en paroles, en pensées et en actes, qu’après un temps assez long. D’autres personnes, d’une nature plus raffinée, de bonne famille et d’éducation soignée, pourraient, même sans la grâce de Dieu, avoir beaucoup d’attrait extérieur, en sorte que, comme chrétiens, leur conduite apparente en soit très avantagée. Nul, à l’exception de Celui qui lit dans le cœur, n’est compétent pour juger qui a ou qui n’a pas cette qualité d’amour bien développée dans son caractère. Reprenons maintenant en détail chacun des éléments de l’amour.

ANALYSE DES ELEMENTS QUI COMPOSENT L’AMOUR

L’amour est patient. C’est la longanimité, le support patient manifesté à l’égard des faiblesses et des imperfections de ceux qui font preuve de bonnes intentions. L’amour est patient, même à l’égard de ceux qui ne marchent plus dans la bonne voie, qui s’opposent à la justice et à la vérité, sachant que toute l’humanité est, dans une certaine mesure, sous l’influence du grand adversaire et de son armée de démons qui aveuglent l’esprit des hommes. Notre Seigneur Jésus manifesta cet amour-là d’une façon remarquable. Comme Il se montra patient avec ses adversaires ! Ecoutons ce que nous dit l’apôtre à ce sujet dans l’épître aux Hébreux : « Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point (en faisant le bien et en usant de patience), l’âme découragée. »

L’amour est plein de bonté dans toutes ses méthodes. Il ne cherche pas seulement à faire le bien, mais encore à le faire de la meilleure manière possible. Plus nous croissons dans l’amour, plus notre cœur s’efforce d’être plein d’amabilité dans toutes les paroles, tous les actes et dans les pensées qui dirigent les actes. L’amour est tendre, plein d’affection. Il s’intéresse réellement et profondément au bien du prochain, surtout à celui des frères en Christ. Nous devrions nous souvenir de la devise d’un vieux Quaker : « Je ne traverserai ce monde qu’une fois ; c’est pourquoi je dois faire maintenant tout le bien que je puis faire et être aimable en toute occasion envers tout homme. Je ne remettrai ni ne négligerai une bonne action, car je ne passerai pas une seconde fois dans cette vie. » Ces sentiments doivent se manifester surtout parmi les membres de L’Eglise de Christ.

L’amour est généreux. Il ne laisse aucune place à l’envie qui, à l’opposé de l’amour, a sa source dans une nature pervertie et provient de l’égoïsme. L’amour se réjouit avec ceux qui se réjouissent ; il se réjouit du bien accompli par toute bonne parole et par toute bonne œuvre ; il se réjouit de voir ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu croître en grâce et en zèle au service du Seigneur.

L’amour est humble. « II ne se vante point » ; il ne sonne pas de la trompette pour faire connaître ses bonnes actions, car elles ne sont pas accomplies pour être vues des hommes et pour recevoir les louanges des frères. L’amour agit de manière à ce que Dieu seul voie et connaisse ses œuvres, il ne se vante pas de son savoir ni de ses grâces, mais reconnaît humblement que toute grâce et tout don parfait viennent du Père à qui il rend gloire pour toute faveur qu’il reçoit. L’amour cherche plutôt à se tenir à l’arrière-plan. Quelqu’un a dit avec raison : « L’amour empêche un homme de devenir insensé par ses inconséquences et en s’aventurant dans des positions qui trahiraient son incompétence. »

L’amour est courtois. Il n’agit pas avec inconvenance. Ce trait distinctif du caractère de l’enfant de Dieu est vraiment beau ! Cette qualité pleine d’égards et d’attentions pour autrui jaillit d’un cœur plein d’un réel amour, d’un amour soigneusement cultivé, car souvent le manque de courtoisie inflige de douloureuses blessures. L’orgueil et l’égoïsme sont les causes de la conduite inconvenante et grossière si commune à ceux qui se considèrent comme des personnages importants par leur savoir ou par leurs richesses. L’amour parfait, au contraire, joint l’humilité à la courtoisie. La politesse, ou courtoisie, est l’amour manifesté dans les petites choses.

Le secret de la vraie courtoisie est l’amour. Les gens bien élevés sont ceux qui, avec leur prochain, se comportent avec douceur, avec réflexion, avec bonté, avec amour. Un vrai chrétien doit donc faire preuve d’une bonne éducation, d’une véritable courtoisie, il doit être poli dans toute la force du terme. Ignorer les petites civilités de la vie, les considérer comme inutiles est une grave erreur chez l’enfant de Dieu. Qui n’a pas ressenti la puissance et le charme d’une salutation aimable, d’un sourire agréable et de petites prévenances à l’égard du prochain ; qui n’a pas ressenti, par contre, une peine amère lorsque ces témoignages d’amour font défaut ?

L’AMOUR EST DESINTERESSE, DE BONNE HUMEUR ET SINCERE

L’amour est désintéressé, « il ne cherche point son intérêt », ce n’est ni son but exclusif, ni son but principal ; il ne cherche pas à acquérir des avantages aux dépens d’autrui, il ne cherche pas à satisfaire ses intérêts personnels et égoïstes, il va au-devant des désirs des autres et cherche à leur procurer le confort et le bonheur ; il ne cherche pas à accaparer ce qui se présente de meilleur pour lui-même, il ne recherche pas les sièges et les places en vue, il n’attire pas l’attention sur lui, il n’a aucun désir des honneurs les plus élevés, mais préfère les laisser à d’autres, il se contente avec joie de la plus humble place. Le désintéressement est une des facettesde l’amour qui, mise en pratique, exerce une influence incalculable et bénie dans toutes les affaires de la vie, dans la famille, dans l’Eglise de Dieu et partout.

L’amour est de caractère agréable et bon, « il ne s’irrite point facilement ». Au nombre des maux qui abondent aujourd’hui, il y a les mauvais caractères, les tempéraments irritables et emportés, les susceptibilités et la mauvaise humeur. Si ces dispositions sont volontairement cultivées et entretenues à quelque degré que ce soit, si elles ne sont pas combattues, il est certain que c’est une grave lacune, une preuve que l’Esprit de Dieu ne s’est pas développé en nous, que le caractère à la ressemblance de celui de Christ, notre Modèle, nous fait défaut.

Peu de mauvaises dispositions sont l’objet d’une tolérance et d’une indulgence comparables à celles que l’on a pour ce défaut de la susceptibilité. Quelles que soient les faiblesses de la chair et la nervosité qui contribuent à causer ce péché, tout membre véritable du Corps de Christ doit s’opposer de toutes ses forces à l’irritabilité, à l’humeur morose, à la tendance à tout blâmer chez autrui. Le chrétien consacré doit combattre cette inclination de sa chair déchue ; il doit combattre contre elle le bon combat, avec la force qui vient du Seigneur. Si l’on s’impose un châtiment volontaire à chaque manifestation d’irritabilité ou de mauvaise humeur, on finira par veiller bien davantage sur sa langue et sur les impulsions mauvaises de la vieille nature. Un caractère bon et agréable contribue certainement beaucoup à glorifier le Seigneur.

L’amour est innocent. « II ne soupçonne point le mal » ; il cherche à interpréter les actions, les paroles et la manière d’agir du prochain avec charité. Etant pur et bien intentionné en soi, l’amour s’efforce, dans la plus grande mesure possible, de voir les paroles et la conduite d’autrui d’un point de vue identique. Il n’amasse pas les animosités et les soupçons, il ne tire pas des choses banales, un enchaînement de preuves circonstancielles de mauvaises intentions. « Les fautes sont épaisses là où l’amour est mince », dit un proverbe anglais, sensé et bien vrai. L’amour fait toutes les concessions possibles pour les erreurs de jugement plutôt que de s’attaquer aux motifs des cœurs.

L’amour est sincère, « il ne se réjouit point de l’injustice ». Il s’afflige de tous maux qu’il constate, mais il manifeste toute sa sympathie à ceux qui succombent au mal par suite de leurs faiblesses ou parce qu’ils sont assaillis de tentations. En cela, l’amour suit une voie différente de celle de Balaam « qui aima le salaire de l’iniquité ». Balaam, si nous nous en souvenons, craignait l’Eternel et, étant son prophète, devait suivre à la lettre le commandement formel de Dieu, mais il ne possédait pas l’esprit d’obéissance et de fidélité, l’esprit d’amour, c’est pourquoi, lorsqu’on lui offrit une récompense pour maudire Israël, il accepta cette proposition, sous la réserve toutefois de la permission du Seigneur.

Il existe aussi des chrétiens qui ont un certain respect pour la lettre de la Parole de Dieu, mais ce sentiment est dû à la crainte, car ils n’ont pas en eux le Saint-Esprit (disposition) d’amour ; ces chrétiens, par amour de l’argent ou du confort, par soif de popularité, etc., consentent à s’engager dans certaines voies qui, sans être en opposition directe à la cause du Seigneur, risquent d’y porter préjudice. Parmi ceux qui prêchent l’Evangile, il y a plus d’un Balaam qui accepte de prêcher des doctrines auxquelles il ne croit pas, qui consent à fermer les yeux sur de véritables profanations, qui place des pierres d’achoppement de diverses manières devant les enfants de l’Israël spirituel et encourage ainsi d’autres personnes à agir comme lui ; ces gens ont accepté de telles compromissions en vue d’un salaire, d’un rang social et de relations d’amitié avec de riches Balaks. Notre Seigneur et les Apôtres disent de ceux qui enseignent de fausses doctrines dans l’église nominale qu’ils suivent la voie de Balaam (Voyez 2 Pierre 2 : 15 ; Jude 11 ; Apocalypse 2 : 14).

Celui qui s’efforce de développer dans son cœur le Saint-Esprit, l’amour parfait, doit conserver intactes la sincérité et la pureté des mobiles de ses actes, il doit rester intègre et droit dans toute sa conduite. Eprouver le plus léger sentiment de joie à la chute de personnes qui, à certains égards, tiennent pour la justice et la bonté, doit être déploré et vaincu. L’amour parfait ne se réjouit, en aucun cas ni en aucune circonstance, de l’iniquité. Il n’éprouve que de la tristesse à la vue de la chute du prochain, même si cette chute avait pour résultat son profit personnel.

L’amour « se réjouit de la vérité ». Quels que soient les avantages que l’on puisse retirer de l’erreur, l’amour ne peut y prendre part ni désirer le salaire du mal et de l’erreur. L’amour prend plaisir à la vérité ; il aime la vérité dans tous les domaines, mais surtout celle qui a trait à la révélation divine, quelque impopulaire qu’elle soit, quelles que soient les persécutions que sa proclamation peut attirer, quelques grandes que soient les amitiés du monde qu’il faudra perdre avec les sympathies de ceux que le dieu de ce monde a aveuglés. L’esprit d’amour a une affinité tellement puissante pour la vérité qu’il accepte même les pertes, les persécutions et les malheurs qui peuvent frapper les serviteurs de la vérité et la vérité elle-même. Le Seigneur ne fait aucune différence entre ceux qui ont honte de Lui et ceux qui ont honte de sa Parole ; Jésus déclare qu’Il aura honte d’eux tous devant son Père et devant les anges. L’amour n’éprouve aucune inclination instinctive à l’hypocrisie ou la prétention. Tout en lui est limpide, transparent et honnête.

L’AMOUR EST PUISSANT, CONFIANT, PLEIN D’ESPOIR

L’amour est fort, « il supporte tout ». Il a la volonté et le pouvoir de supporter pour la cause de Dieu l’opprobre, les reproches, les insultes, les pertes, les calomnies, les privations et même la mort. « La victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi. » Le centre même, la vie de cette foi, c’est le Saint-Esprit d’amour pour le Seigneur et ceux qui Lui appartiennent et la sympathie pour le monde. L’amour parfait peut surmonter les épreuves les plus grandes et les situations les plus pénibles, qui sont permises par le Seigneur pour former ses enfants. C’est par la grâce de Dieu que, dans toutes ces choses, « nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » et « qui s’est donné lui-même pour nous ».

L’amour est confiant, « il croit tout », il n’exerce pas la suspicion, il est au contraire disposé à faire confiance dans la mesure du possible au prochain, il croit à la sincérité d’autrui. L’amour a pour principe qu’il est préférable d’être trompé cent fois plutôt que d’avoir une vie aigrie, empoisonnée par un esprit méfiant et soupçonneux ; il est en effet bien préférable d’être trompé que d’accuser ou de suspecter injustement quelqu’un. Voilà la disposition miséricordieuse appliquée aux pensées et dont le Maître a dit : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » La dureté du cœur et de l’esprit disposé, à la plus petite provocation imaginaire ou réelle, à penser mal des autres, engendre des paroles et une conduite inhumaines à l’égard d’autrui.

L’amour est plein d’espérance ; il est optimiste, « il espère tout » ; il ne se laisse pas facilement décourager. L’espérance est le secret de la persévérance dans l’amour ; l’amour a été enseigné par Dieu et participe à sa sainteté, c’est pourquoi il a confiance en Lui et conserve ses espérances inébranlables dans l’accomplissement du pacte d’alliance conclu avec Dieu, même si d’épaisses ténèbres l’environnent. L’espérance, élément de l’amour, est un des traits frappants de la persévérance des saints qui les rend capables d’endurer les difficultés « comme de bons soldats de Jésus-Christ ». L’espérance empêche l’amour de ressentir facilement l’offense, de s’irriter aisément ou de s’arrêter au plus léger obstacle dans l’œuvre du Seigneur. Où la plupart se découragent et s’enfuient de la bataille, ceux qui possèdent l’esprit d’amour trouvent en lui la force de tout supporter, car l’ancre de l’espérance qui soutient l’amour est fixée solidement « au-delà du voile » ; elle est fermement attachée au Roc séculaire, elle ne peut donc nous abandonner au désespoir.

L’amour est non seulement la plus sublime de toutes les grâces, mais, comme nous l’avons constaté, il réunit en lui tous les fruits de l’Esprit. L’amour est éternel, « il ne périt jamais ». La vie éternelle parfaite est destinée à ceux qui développent cette vertu dans sa glorieuse perfection. Ceux qui possèdent l’amour de sacrifice, l’amour que possédait notre Maître bien-aimé, ceux qui aiment jusqu’à se dépouiller joyeusement de leur vie pour les frères obtiendront la vie dans sa plus puissante et complète expression, c’est-à-dire la vie divine. – 2 Pierre 1 : 4.

CONCLUSION

Cultivons de plus en plus l’amour, chers frères, nous souvenant que tout ce que nous pourrions faire de mieux serait vain sans cette grâce suprême. L’auteur fait à chaque lecteur de ce traité une proposition qui, il en est persuadé, sera d’un grand secours à tous ceux qui l’accepteront : Que chacun prie le Seigneur chaque matin, d’un bout à l’autre de l’année, de nous bénir jour après jour en nous aidant à croître dans l’amour en pensées, en paroles et en actes. Que, chaque soir, chacun passe en revue les divers incidents et événements de la journée et aille au trône de la grâce pour confesser au Seigneur ses progrès et ses insuccès.

Notez les résultats de votre vigilance et de vos prières, recherchez soigneusement toutes les preuves encourageantes qui témoignent de votre croissance dans le fruit du Saint-Esprit. Quand vous nous écrirez, dites-nous, si vous le voulez, d’une part, vos progrès en intention de croître, d’autre part, votre succès à pratiquer l’amour. Nous serons très heureux d’entendre de votre croissance à cet égard.

C.-T. R.

L’AMOUR INSONDABLE

Oui, ton amour est un amour sublime.

Il est plus haut que la plus haute cime

Et que l’azur insondable des cieux,

Comment pourrai-je, ô Dieu, vers cet abîme,

Lever les yeux ?

Pourtant, Seigneur, si je ne puis comprendre,

Ah ! Que du moins ma voix se fasse entendre,

Et que mon cœur, par l’amour soulevé,

Chante aujourd’hui l’amour puissant et tendre

Qui m’a sauvé !

Reproduit par photocopie – dépôt légal 3e trimestre 2007