Auteur : Régis Li. , Conférence Franco-Allemande, le 8/12/2024, par Zoom
– Symposium #03 –
Nous allons nous intéresser à présent à l’erreur commise par Ozias et les leçons à en tirer.
Le récit se trouve rapporté en 2 Rois 15;1-7 mais surtout, avec beaucoup plus de détails, en 2 Chroniques 26. C’est ce dernier passage que nous allons prendre en considération pour notre étude.
Plaçons donc Ozias dans l’histoire, et voyons plus en détail son erreur et les leçons à en tirer.
Ozias dans l’histoire des rois
Nous savons qu’il y a eu dans l’histoire d’Israël des bons et des mauvais rois. Si on rappelle les différents rois d’Israël et de Juda, on voit qu’il y en a surtout eu des mauvais, qui ont servi les idoles.
Mais nous allons aujourd’hui nous intéresser à l’un des bons rois, dont le nom est Azaria ou Ozias; nous trouvons les deux noms: Azaria dans le livre des Rois et Ozias en Chroniques. Nous prendrons pour simplifier le nom d’Ozias.
Il est dit en 2 Chr 26;4 et 5 « qu’il fit ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, comme avait fait Amatsia, son père. Il s’appliqua à rechercher Dieu pendant la vie de Zacharie, qui avait l’intelligence des visions de Dieu; et pendant le temps où il chercha l’Eternel, Dieu le fit prospérer ».
Un bon roi, donc, dont le nom signifie « L’Eternel est ma force ».
La prospérité du royaume sous Ozias
Lisons donc quelques versets révélateurs sur l’oeuvre d’Ozias du verset 6 au verset 15:
Il se mit en guerre contre les Philistins; et il abattit les murs de Gath, de Jabné et d’Asdod et construisit des villes dans le pays des Philistins.
Dieu l’aida dans contre les Philistins, contre les Arabes et contre les Moabites.
Les Ammonites firent des présents à Ozias; et sa renommée s’étendit jusqu’aux frontières de l’Egypte, car il devint très puissant.
Ozias bâtit des tours à Jérusalem sur la porte de l’angle, sur la porte de la vallée, et il les fortifia.
Il bâtit des tours dans le désert, et il creusa beaucoup de citernes, parce qu’il y avait de nombreux troupeaux dans les vallées et dans la plaine, et des laboureurs et des vignerons dans les montagnes et au Carmel, car il aimait l’agriculture.
Ozias avait une armée de soldats qui allaient à la guerre par bandes, comptées d’après le dénombrement qu’en firent le secrétaire Jeïel et le commissaire Maaséja et ils firent placés sous les ordres d’Hanania, l’un des chefs du roi.
Le nombre total des chefs de maisons paternelles, des vaillants guerriers, était de 2600.
Ils commandaient à une armée de 307500 soldats capables de soutenir le roi contre l’ennemi.
Ozias leur procura pour toute l’armée des boucliers, des lances, des casques, des cuirasses, des arcs et des frondes.
Il fit faire à Jérusalem des machines inventées par un ingénieur, et destinées à être placées sur les tours et sur les angles, pour lancer des flèches et de grosses pierres. Sa renommée s’étendit au loin, car il fut merveilleusement soutenu, jusqu’à ce qu’il devînt puissant…
Que peut-on en conclure? Un économiste de talent, un stratège de premier ordre, un esprit ouvert aux nouveautés qui sait promouvoir ce qui est bon et utile pour le royaume, voilà Ozias. Et surtout, Dieu l’aide, car il lui est fidèle.
Sa gloire s’étend aux alentours, les peuples voisins le craignent et l’admirent.
Mais ce qui est à la fois normal et cependant remarquable, c’est que tout ça, il l’obtient parce qu’il obéit à Dieu, qui le bénit et le favorise en retour.
Ozias pèche
Et que se passe-t-il alors?
Lisons donc les versets suivants:
Mais lorsqu’il fut puissant, son coeur s’éleva pour le perdre. Il pécha contre l’Eternel, son Dieu; il entra dans le temple pour brûler des parfums sur l’autel des parfums.
Le sacrificateur Azaria entra après lui avec 80 sacrificateurs de l’Eternel, hommes courageux, qui s’opposèrent au roi Ozias en lui disant:
« Tu n’as pas le droit, Ozias, d’offrir des parfums à l’Eternel! Ce droit appartient aux sacrificateurs, fils d’Aaron, qui ont été consacrés pour les offrir. Sors du sanctuaire, car tu commets un péché! Et cela ne tournera pas à ton honneur devant l’Eternel Dieu. »
La colère s’empara d’Ozias, qui tenait un encensoir à la main. Et comme il s’irritait contre les sacrificateurs, la lèpre éclata sur son front, en présence des sacrificateurs, dans la maison de l’Eternel, près de l’autel des parfums.
Le souverain sacrificateur Azaria et tous les sacrificateurs le regardèrent, et voici, il avait la lèpre au front. Ils le mirent précipitamment dehors, et lui-même se hâta de sortir, parce que l’Eternel l’avait frappé.
Le roi Ozias fut lépreux jusqu’au jour de sa mort, et il demeura dans une maison écartée comme lépreux, car il fut exclu de la maison de l’Eternel. Et Jotham, son fils, était à la tête de la maison du roi et jugeait le peuple du pays.
Voilà donc le péché du roi Ozias. Nous allons nous y intéresser pour essayer de l’expliquer, nous allons le comparer à ceux d’autres rois qui avaient, eux aussi, la faveur de Dieu et nous allons ensuite voir quelles leçons en tirer pour nous.
Le péché d’Ozias et celui des autres grands rois
Une première remarque s’impose tout de suite: on pourrait dire: Il y a eu tant de rois idolâtres, criminels, tellement éloignés de Dieu, alors qu’Ozias, lui, a eu « tout bon », et pour un seul péché, Dieu le punit terriblement!
Mais Ozias, au contraire de ces rois mauvais, s’était approché de Dieu, c’est très bien, et avait reçu de Dieu des bénédictions ! C’était un engagement, réciproque avec Dieu, et qui lui donnait des responsabilités.
Alors, en analysant son acte, chacun de nous peut donner sa propre définition de son péché, aussi, personnellement, je proposerais la définition suivante :
Il veut bien faire et honorer son Dieu, mais il le fait par un moyen qui lui est interdit, et pèche par orgueil.
Le péché d’Ozias est caractéristique de celui qui a tout pour être heureux, mais qui ne s’en contente pas et cherche autre chose, plus, des choses nouvelles et interdites, pour enfin TOUT avoir…
Dans un exposé plus long sur ce thème il y a quelques années, j’avais analysé ce qu’avait fait Ozias d’après l’étude du comportement humain du sociologue Maslow.
Le temps ne nous permet pas de le détailler, mais pour faire simple, disons que chaque être humain, peut être tenté d’avoir mieux que ce qu’il a, de grimper dans l’échelle sociale.
De quoi manger, être à l’abri pour celui qui n’a rien, et au contraire, tout en haut de l’échelle, pour celui qui a tout, richesse, réussite et reconnaissance de la part des autres, la tentation de faire quelque chose d’exceptionnel, se réaliser, autrement dit faire ce qu’il a envie, en se faisant plaisir. Des exemples: fonder une entreprise, un parti politique, écrire un livre, se faire élire, pour ne citer que des exemples positifs. C’est le sommet de l’aspiration humaine, celle où il veut se dépasser, essayer de laisser son nom dans l’histoire en faisant quelque chose de grand ou de passionnant.
Ozias, dans ce schéma, a franchi toutes les étapes à une vitesse fulgurante et avec l’appui de Dieu, s’est trouvé en situation de souverain auquel tout réussit, et qui veut en faire toujours plus pour se réaliser et laisser l’empreinte d’un grand roi en Israël.
De ce fait il se trouve à un moment donné confronté à ce dilemme: j’ai tout, la puissance, la richesse et la gloire, j’ai fait tout ce que j’avais envie de faire; mais il me manque encore quelque chose: être moi aussi le trait d’union avec l’Eternel dans son temple sacré; après tout, les Lévites et Sacrificateurs ne sont-ils pas mes sujets, ne me doivent-ils pas obéissance? Si eux officient dans le temple, tâche ô combien prestigieuse aux yeux des hommes, pourquoi pas moi, leur roi, moi qui ai fait tout ce que Dieu exige, mieux que la plupart des rois d’Israël?
C’est encore çà qui me manque, à moi, c’est de pouvoir prouver seul ma reconnaissance à Dieu et non de passer par l’intermédiaire de ces Lévites. De là l’orgueil, et le péché.
Remarquons bien que comparé à David, par exemple, qui avait fait mettre à mort un homme pour avoir sa femme, Ozias ne fait rien qui serait interdit par les dix commandements.
Non, comme nous l’avons vu, c’est plus subtil : c’est à la fois vouloir bien faire, mais en enfreignant une loi de Dieu qui a été donnée après les 10 commandements, quand Dieu a institué la manière de le servir, de lui faire des sacrifices et de l’adorer.
Et remarquons aussi que les rois sont apparus bien après les lévites et leur service, et non l’inverse. Déjà cette antériorité de mise en place par Dieu aurait dû le faire réfléchir…
Bien. On a vu que Dieu n’a pas apprécié et a puni Ozias pour son manque d’humilité et son manque de respect des règles fixées.
Leçons pour nous ?
Alors, nous voici à présent devant la question : est-ce qu’il y a une leçon pour nous ?
Pouvons-nous pécher comme Ozias ?
Je répondrai : oui, si nous manquons d’humilité ou si nous ne respectons pas les règles que Dieu a établies, l’un des défauts entraînant généralement l’autre.
Concernant l’humilité, nous savons que Dieu aime cette vertu. L’apôtre Paul lui consacre un très beau verset en Philippiens 2 ;3 : « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. »
Mais en faire preuve dans notre vie de tous les jours vis-à-vis de nos frères n’est pas toujours évident. Alors, gardons le plus possible à l’esprit que l’humilité a permis à certains de se faire pardonner des fautes graves, comme David, ou même le roi impie Achab.
Pierre lui aussi, insiste sur l’importance de l’humilité en 1 Pierre 5 ;5 : « De mêmes, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. »
Concernant à présent les règles que Dieu a établies, y en a-t-il, et si oui, quelles sont-elles ?
Aujourd’hui, on n’offre plus de sacrifices d’animaux ou même de parfums à Dieu. Il n’y a plus de classe de Lévites ayant des privilèges particuliers, mais au contraire, une organisation simple de service de Dieu et des frères, décrite par l’apôtre Paul dans ses épîtres. Elle concerne bien sûr les anciens et diacres, mais tous les membres d’une ecclésia dans leur comportement.
Je disais que ce péché était subtil, pas grossier. Il peut se manifester par différentes choses dans notre attitude vis-à vis des autres :
– ne pas admettre d’autre avis que le sien
– prendre les autres de haut, faire preuve d’arrogance dans la discussion
– exiger une reconnaissance pour tout service rendu
– considérer qu’il y a des tâches nobles au sein des frères et d’autres qui le sont moins
– rechercher à tout prix à être connu pour un brillant orateur, ou organisateur, ou généreux donateur, ou chanteur ou chanteuse, ou traducteur, etc..
– limiter purement ses fréquentations au sein des frères à ceux qui peuvent nous apporter quelque chose et pas à ceux à qui il faut apporter une aide, un réconfort…
– recevoir chez soi les frères jugés les plus « intéressants » et pas les autres…
On pourrait encore citer d’autres dangers de comportement qui peuvent nous menacer. Tenons-nous éloignés de ces choses. Montrons au contraire notre amour pour les frères, comme Jésus l’a montré et comme ses apôtres l’ont fait. Inspirons-nous des comportements les meilleurs que la communion des frères nous montre.
Vous savez, il y a une vertu que Dieu aime voir en nous, c’est l’humilité.
Pourquoi Dieu a-t-il pardonné à David son adultère avec Bath Shéba et le meurtre de son mari Urie ? C’est parce qu’il s’est humilié devant le prophète Nathan et a demandé pardon.
Il ne nous est pas dit qu’Ozias se soit humilié devant le sacrificateur Azaria et ait demandé pardon à Dieu…
Comme Ozias, nous nous sommes engagés envers Dieu, et cette consécration à son service nous donne des bénédictions, de magnifiques bénédictions, mais aussi… des responsabilités. Assumons-les…
En conclusion, le péché d’Ozias nous concerne peut-être plus que d’autres péchés que nous voyons dans cette série de mini-exposés. A nous de nous remplir des sentiments qui étaient en Jésus-Christ, pour rendre notre consécration de plus en plus acceptable par Dieu. C’est ce que nous souhaite.