« Mieux vaut peu, avec la justice, que de grands revenus, avec l’injustice. » – « Mieux vaut peu, avec la crainte de l’Eternel, qu’un grand trésor, avec le trouble. » – « Mieux vaut de l’herbe pour nourriture, là où règne l’amour, qu’un boeuf engraissé, si la haine est là. » – Proverbes 16:8 ; 15:16, 17.
Le sage Salomon a prononcé dans les versets ci-dessus des vérités de base qui malheureusement sont le plus souvent considérées avec légèreté.
La cupidité ou désir de s’enrichir rapidement est un défaut très répandu parmi les gens.
Cela fait que dans la course à l’abondance, après une amélioration de leur existence et des conditions terrestres, beaucoup sont amenés à employer des méthodes malhonnêtes de profit, de tromperie et d’usure, parfois imperceptibles et quelquefois évidentes et clairement perceptibles.
Il nous faut admettre que le seul fait de désirer améliorer son existence, améliorer ses conditions de vie et pourvoir à son avenir personnel et celui de sa famille, n’est pas en soi un défaut ni un mauvais sentiment. Au contraire c’est une noble ambition qui stimule l’homme au travail, le pousse à l’économie et à bien organiser sa vie. Celui qui, par un travail honnête, une bonne gestion et une saine et raisonnable économie, arrive à des résultats satisfaisants et à accroître ses possessions, mérite l’approbation, le respect et devrait être un exemple et un encouragement pour les gens oisifs, insouciants, frivoles et dépensiers.
Néanmoins, une telle ambition, si elle ne va pas de pair avec l’esprit de sobre bon sens, une bonne conscience et un coeur pur, lorsqu’elle est motivée uniquement par l’égoïsme, la convoitise, etc… est capable de faire de l’homme un égoïste sans aucune considération des biens d’autrui et de toute justice. Lorsque quelqu’un possède en plus une certaine mesure d’ingéniosité commerciale, il jouit actuellement en ce monde d’une certaine réussite, arrive à de plus grandes possessions, des propriétés et parfois de grandes richesses.
Ce n’est seulement qu’un succès superficiel, temporaire, séducteur. Cela ne donne pas un réel bonheur, une paix intérieure, un repos spirituel, car, au fur et à mesure de l’augmentation des possessions, la responsabilité et les soucis augmentent aussi : comment gérer tout cela afin que les profits ne diminuent pas mais augmentent.
Une connaissance plus intime de la vie privée des gens riches révélerait bien aux autres, que les riches peu honnêtes jouissent rarement d’une vie de famille heureuse, d’une paix de l’esprit et d’une vie sur le plan physique normale.
Les raisons de ces difficultés et de ces contrariétés sont mieux comprises quand on étudie plus profondément les bases bibliques des causes à effets.
Un enrichissement trop rapide et trop important est presque toujours le résultat de certaines injustices et de certains torts à l’égard d’autrui. Bien que le fautif ne reconnaisse jamais ce fait, même verbalement, dans une plus ou moins grande mesure il le ressent cependant instinctivement dans son coeur.
Il ressent, ou du moins il doit ressentir, qu’un comportement juste dans sa profession ou son commerce, une rémunération juste de ses salariés et des prix corrects non exorbitants des articles vendus, ne lui donneraient pas de si grandes ressources et de si grands profits.
S’il avait une connaissance partielle de ces faits, elle l’amputerait dans une certaine mesure d’une paix intérieure qui ne peut provenir que d’une conscience pure et d’un sentiment de respect et d’honnêteté.
Une seconde raison est, qu’avec l’augmentation des richesses matérielles, augmentent également les tentations et les possibilités d’user et d’abuser des biens de consommation (nourriture, boissons, satisfactions diverses, etc…)
Ensuite, par excès de tout, la vie perd sa beauté normale, engendrant un vide spirituel et un cynisme qui sont une ruine de la santé spirituelle et bien souvent de la santé physique également.
Une cause supplémentaire de difficultés vécues par les riches est, qu’avec l’augmentation des richesses terrestres, on éprouve rarement une satisfaction réelle de ce que l’on possède. Au contraire, les désirs s’intensifient, et s’ils ne concernent pas des richesses matérielles, ce peut être le désir d’être reconnu comme important, respecté, loué et honoré des hommes ou une soif de distinctions diverses. De telles aspirations ne sont pas toujours satisfaites (car bien souvent elles ne le peuvent pas) ce qui également influence défavorablement l’état psychique et spirituel d’un tel homme.
Ainsi « mieux vaut peu avec la justice, que de grands revenus avec l’injustice » c’est-à-dire qu’il est préférable de se satisfaire de revenus ou profits plus raisonnables, obtenus honnêtement, que de grands revenus acquis injustement par une quelconque tromperie de quelqu’un.
Sur une richesse obtenue malhonnêtement pèse fréquemment une malédiction qui n’assure à personne un bonheur durable. C’est pour cela que le Seigneur déclare : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » (Matthieu 19:24 ; Marc 10:25 ; Luc 18:25).
L’essence des versets, objet de notre méditation, concerne et peut convenir à tous, mais devrait être principalement une leçon pour les chrétiens consacrés qui sont – ou du moins désirent être – des imitateurs de Celui qui, étant riche, est devenu pauvre, afin que d’autres soient enrichis (2 Corinthiens 8:9). Dans les âges à venir ce sera la richesse de vie, l’abondance de la paix et le bonheur pour tous les justes et obéissants sur la terre. Cependant durant le siècle mauvais, pendant que les hautains sont estimés heureux, les méchants prospèrent, s’enrichissent (Malachie 3:15), les fidèles du Seigneur sont avertis et exhortés : « Gardez-vous avec soin de toute cupidité, car la vie d’un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l’abondance. » (Luc 12:15).
C’est pourquoi, aux riches « du siècle présent », l’apôtre conseille qu’ils ne soient pas orgueilleux, qu’ils ne mettent pas leur espérance dans des richesses incertaines, mais en Dieu qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Qu’ils fassent du bien, qu’ils soient riches en bonnes oeuvres, qu’ils aient de la libéralité, de la générosité et qu’ils s’amassent ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable (1 Timothée 6:17-19).
Dans des versets précédents de cette même épître et ce même chapitre, l’apôtre avertit Timothée et tous les fidèles et censure ceux qui, avec une prétendue piété, ajoutent des profits injustes par ces paroles : « Des hommes corrompus d’entendement, privés de la Vérité, croyant que la piété est une source de gain. (Eloigne-toi d’eux). C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement… Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. » (1 Timothée 6:5-10).
STRAZ Sept. 1959