Auteur : Samuel St. , Conférence Franco-Allemande, le 7/12/2024, par Zoom
– Symposium #01 –
C’est une joie pour la sœur Annick et moi-même d’être à nouveau parmi vous, même si cette fois-ci, c’est seulement en ligne.
Au cours de ce symposium en quatre parties, nous examinerons quatre personnalités dévouées à Dieu qui ont commis de graves erreurs mais qui ont été pardonnées. Nous tirerons des leçons de leurs expériences.
Ma contribution porte sur Aaron et sa transgression concernant le veau d’or. En tant que souverain sacrificateur d’Israël, il présentait les sacrifices du jour d’expiation, Yom Kippour, et procédait aux cérémonies solennelles qui y étaient liées. Ce que nous savons grâce au Lévitique 16 et la brochure des figures du tabernacle.
Aaron a donc joué le rôle d’un exemple dans le divin plan des âges. Mais il n’a pas toujours été un modèle dans toutes les situations.
Qui était Aaron, sa famille et quelle était sa relation avec Moïse ?
Avant de nous pencher plus avant sur les événements, examinons de plus près la personne d’Aaron. Il était le frère aîné de l’éminent prophète et guide Moïse et lui-même un dirigeant important du peuple d’Israël. Aaron est né en Égypte, alors que les Israélites souffraient de l’esclavage des Égyptiens. Il était issu de la tribu de Lévi, l’une des douze tribus d’Israël qui devait plus tard jouer un rôle particulier dans le service divin. Les parents de Moïse et d’Aaron étaient Amram et Jokébed (Exode 6 : 20). Il avait trois ans de plus que Moïse (Exode 7 : 7) et une sœur nommée Miryam (Exode 15 : 20).
Le rôle d’Aaron est devenu particulièrement significatif au moment où Dieu l’a choisi comme porte-parole de Moïse. Lorsque Dieu demanda à Moïse, près du buisson ardent, de faire sortir le peuple d’Israël d’Égypte, Moïse hésita parce qu’il n’était pas sûr de sa propre compétence oratoire. Dieu a alors réagi en choisissant Aaron pour parler au nom de Moïse. Dans Exode 4 : 14-16, Dieu déclare à Moïse qu’Aaron sera son porte-parole : « C’est lui qui parlera pour toi au peuple : il te servira de bouche et toi, tu tiendras pour lui la place de Dieu. »
Cette collaboration montre à quel point les frères étaient proches l’un de l’autre. Aaron a soutenu Moïse pendant les plaies d’Égypte et l’a aussi assisté dans de nombreux moments importants de la libération d’Israël. Plus tard, Aaron est devenu le premier souverain sacrificateur du peuple d’Israël, un rôle de la plus haute importance, instauré par Dieu. Le très célèbre psaume 133, par exemple, décrit le caractère précieux du service d’Aaron. Mais malgré cette prestigieuse vocation, Aaron n’était pas infaillible, comme le montre l’épisode du veau d’or.
La transgression d’Aaron et sa signification pour nous
Au cours de la marche dans le désert, alors que Moïse se trouvait sur le mont Sinaï pendant 40 jours, le peuple d’Israël a réussi à contraindre Aaron à fabriquer une idole. Plus précisément, Aaron a été mis sous pression par les enfants d’Israël impatients. En effet, le peuple commençait à douter que Moïse soit encore en vie et qu’il revienne. C’est lui qui avait pris la tête du peuple et l’avait fait sortir d’Égypte. Maintenant, un veau d’or devait marcher devant le peuple. (Exode 32 : 1)
Cette histoire du veau d’or, qui fut donc fabriqué par Aaron, est l’un des épisodes décisifs de l’histoire de l’Ancien Testament. Elle se trouve dans Exode chapitre 32 et représente un moment qui montre combien le cœur humain est prédisposé à l’idolâtrie et à se détourner de Dieu. Aaron, qui avait été choisi pour être le souverain sacrificateur prévu et le bras droit de Moïse, s’est laissé fortement contraindre par les exigences du peuple d’Israël. Le résultat en a été le grand péché. Ce péché marque un point important dans la relation entre Dieu et son peuple et montre à quelle rapidité même les plus fidèles serviteurs de Dieu peuvent s’écarter du droit chemin quand ils cèdent à la pression de la foule ou à celle de leurs propres craintes au lieu de considérer l’obéissance à Dieu comme leur priorité. Suite à la suggestion d’Aaron, des anneaux en or apportés par le peuple d’Égypte ont été recueillis. Aaron les fit fondre et les transforma en veau. (Exode 32 : 2)
Aaron a construit un autel pour le veau. Mais ce n’est pas tout. Il annonça encore une « fête en l’honneur de l’Éternel » qui devait avoir lieu le lendemain. Le peuple a profité de ce qu’ils appelèrent « une fête en l’honneur de l’Éternel » pour s’amuser. Nous pouvons supposer qu’ils ont allègrement fait la fête. (Exode 32 : 6) En y regardant de plus près, cette fête montre qu’il s’agissait d’une sorte de « culte mixte » – d’une part l’idole en or, d’autre part la fête et les offrandes pour le Seigneur.
Dans cette brève présentation, nous nous limiterons à examiner le rôle d’Aaron, son péché, la réaction de Moïse et de Yahvé et les leçons que nous pouvons en tirer pour notre vie de chrétiens consacrés. Une étude plus approfondie des types et antitypes ne serait toutefois pas appropriée dans le cadre de ce symposium.
Le péché d’Aaron : le veau d’or
Examinons donc de plus près les leçons tirées à ce sujet. Le péché d’Aaron avec le veau d’or est un exemple des tentations auxquelles les personnes sont confrontées, en particulier lorsqu’elles occupent des rôles de responsabilité et de service. Lorsque Moïse est monté sur le mont Sinaï pour recevoir de Dieu les Tables de la Loi, le peuple d’Israël s’est impatienté. Ils avaient le sentiment que Moïse les avait abandonnés et ils demandèrent à Aaron de leur fabriquer des dieux pour les guider. Après tout, Moïse était parti depuis 40 jours. Ils doutaient. Oui, et ils murmuraient malgré la libération miraculeuse de l’esclavage et le fait d’avoir été épargnés de la mise à mort des premiers-nés. Aujourd’hui, nous appellerions cela familièrement « ronchonner ».
Au lieu d’exhorter le peuple et de lui rappeler la fidélité de Dieu, Aaron a cédé à la pression de la foule. Comme nous l’avons déjà mentionné, il recueillit les bijoux égyptiens en or du peuple, les fit fondre et en fit l’idole en or que le peuple a adorée. Il n’est pas intervenu lorsque le peuple a dit : « Israël, voici tes dieux qui t’ont fait sortir d’Égypte. » (Exode 32 :4). Qu’est-ce qu’Aaron avait en tête ? C’était en contradiction directe avec ce qu’ils avaient vécu, les plaies d’Égypte et le fait que leurs premiers-nés aient été sauvés, qu’ils aient été délivrés des poursuivants de la mer Rouge. Aaron s’est laissé guider par la peur de la colère du peuple et peut-être aussi par sa propre insécurité, au lieu de faire confiance à Dieu qui lui montrerait le bon chemin.
Ce moment révèle avec force les faiblesses du caractère humain. Aaron, qui était en fait un leader spirituel, s’est laissé guider par les exigences de la foule au lieu de se baser sur la volonté de Dieu. L’idolâtrie était un péché grave, d’autant plus que Dieu s’était révélé de manière puissante au peuple d’Israël. Mais le peuple manquait de foi pour avoir confiance dans le retour de Moïse. La question qui se pose à nous est de savoir si Aaron lui-même y croyait vraiment. Sinon, comment expliquer sa passivité ? Ou était-ce simplement la peur de la mort ? Le récit biblique ne nous donne aucune indication claire à ce sujet.
Le sens de l’idolâtrie dans le cas d’Aaron
L’idolâtrie, telle qu’elle est décrite dans cette histoire, est un rejet très vif de Dieu. Le premier commandement que Dieu a donné aux Israélites était : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ». (Exode 20 :3). Les actions d’Aaron étaient en contradiction flagrante avec ce commandement.
Pour être exhaustif, il faut noter qu’au moment de la transgression, Aaron ne connaissait pas encore les commandements inscrits sur les tables de pierre (Exode 32 :7-9). Mais il avait fait l’expérience de la puissance de Dieu et connaissait Yahvé, le vrai Dieu. La pression du peuple et sa propre insécurité l’ont conduit à commettre le péché de créer une idole au lieu de maintenir ou même de défendre la foi dans le Dieu invisible.
Dieu se mit en colère. (Exode 32 : 10) Nous pouvons donc comprendre sur le plan humain, que Moïse se soit mis en colère lorsqu’il est revenu au camp. Mais c’est justement d’Aaron que l’on aurait pu attendre une plus grande détermination – qu’en pensez-vous ?
De nos jours, l’idolâtrie ne prend peut-être plus la forme de statues sculptées dans notre environnement personnel, mais la tentation de placer d’autres choses au-dessus de Dieu est toujours réelle. Pour de nombreuses personnes, l’argent, la carrière et les biens, la considération, les honneurs, la haute estime, le succès et les hobbies, etc. pourraient devenir des « idoles » modernes sous une autre forme. Celles-ci pourraient peut-être prendre dans leur vie, de manière subtile, une importance plus grande que Jésus ou Dieu lui-même. L’histoire d’Aaron et du veau d’or nous rappelle à quel point il est dangereux de se laisser guider par de telles tentations et de négliger la véritable foi en Dieu. Aaron a cédé à une impulsion presque spontanée pour les motifs en question, ce qui devrait nous donner l’occasion d’un honnête examen de nous-mêmes. Céderions-nous, nous aussi, à de telles impulsions au sens figuré ? Je pose cette question en premier lieu à moi-même.
La réaction de Moïse et les conséquences du péché
Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï et vit l’agitation du camp, sa colère s’enflamma. Le peuple s’était adonné à la débauche et à la danse idolâtre, et Moïse comprit immédiatement que le peuple avait rompu l’alliance qu’il avait faite avec Dieu. Dans sa colère, Moïse brisa les tables de pierre sur lesquelles étaient inscrits les commandements qu’il avait reçus de Dieu. Cela montrait clairement que les Israélites, par leur idolâtrie, avaient déjà rompu cette alliance qu’ils avaient conclue avec Dieu peu de temps auparavant.
Moïse confronta directement Aaron et lui demanda : « Que t’a fait ce peuple pour que tu le rendes coupable d’un si grand péché ? » (Exode 32 : 21). Aaron tenta de s’en sortir en rejetant la responsabilité sur le peuple : « Tu sais toi-même que ce peuple est porté au mal. Ils m’ont dit : ‘Fais-nous des dieux qui marchent devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait sortir d’Égypte, nous ignorons ce qu’il est devenu.’ » (Exode 32 : 22-23). Il a même prétendu que le veau d’or « est simplement sorti du feu » (Exode 32 : 24), ce qui était évidemment une excuse naïve, voire enfantine. En bref, il essayait d’excuser son péché au lieu de rester authentique. Nous reconnaissons là aussi une réaction typiquement humaine, à savoir, rejeter la faute sur les autres ou sur le hasard. Mais c’est Aaron qui a laissé le peuple se déchaîner, « exposé au déshonneur parmi ses ennemis ». (Exode 32 : 25)
Moïse n’a pas accepté ces excuses, car Dieu avait annoncé de graves conséquences pour le péché du peuple. Il appela ceux qui étaient du côté du Seigneur à se joindre à lui. La tribu de Lévi, dont Aaron était originaire, répondit à cet appel et Moïse leur ordonna de punir les rebelles dans le camp. Environ 3000 personnes furent exécutées ce jour-là afin de montrer la gravité du péché d’idolâtrie. Comme Aaron ne faisait pas partie des personnes tuées, nous pouvons supposer qu’il s’est repenti et qu’il faisait partie de ce groupe de lévites.
La grâce de Dieu et la « réhabilitation » d’Aaron
Malgré ce grave péché, Dieu n’a pas laissé tomber Aaron. C’est un aspect essentiel de l’histoire : bien qu’Aaron ait joué un rôle central dans cette séduction du peuple vers l’idolâtrie, il lui a été pardonné. En effet, Aaron a été consacré plus tard par Dieu comme souverain sacrificateur pour représenter le peuple d’Israël dans le service du tabernacle et celui du temple.
Ce pardon et ce rétablissement ou cette réhabilitation sont un témoignage puissant de la grâce de Dieu. Tout au long de la Bible, nous voyons que Dieu est prêt à pardonner à ceux qui ont gravement péché s’ils se repentent et reviennent à lui. L’histoire d’Aaron montre que même les fautes les plus graves ne sont pas exclues des limites du pardon de Dieu. C’est encore vrai aujourd’hui pour les chrétiens : quelle que soit la gravité de nos péchés, Dieu nous offre toujours, par l’intermédiaire de Jésus-Christ, un moyen d’être pardonnés et « réhabilités ». Autrefois, c’est Moïse qui est remonté sur la montagne pour obtenir « peut-être » le pardon. (Exode 32 :30)
Conclusion : les leçons tirées de la faute d’Aaron pour notre vie de chrétiens consacrés
L’histoire d’Aaron et du veau d’or n’est pas seulement un exemple instructif illustrant la vulnérabilité de l’homme déchu face aux tentations, mais elle est aussi un témoignage puissant de la grâce et du pardon de Dieu. En tant que chrétiens, nous pouvons tirer plusieurs leçons personnelles importantes de cette histoire.
1) La tentation de choisir la voie du moindre effort, surtout dans un rôle de direction (simplifie-toi la vie).
Aaron avait une vocation spirituelle éminente en tant que futur souverain sacrificateur et dirigeant du peuple d’Israël. Mais même dans cette position, il n’était pas immunisé contre les pressions extérieures et la tentation de suivre la voie du moindre effort. Cela nous montre que la responsabilité spirituelle va de pair avec le danger permanent de la tentation et que nous devons toujours rester vigilants pour nous conformer aux commandements de Dieu, même lorsque c’est difficile. Dans de telles situations, nous sommes probablement tentés de choisir la voie du moindre effort. Voulons-nous nous faciliter la vie lorsque les choses deviennent difficiles ? Cela serait-il agréable à Dieu ?
2) Les dangers de l’idolâtrie sont bien réels
L’idolâtrie rendue possible par Aaron est un rappel, voire une exhortation, que nous ne devons rien faire passer avant Dieu. Dans le monde d’aujourd’hui, l’idolâtrie peut prendre de nombreuses formes, de la recherche de la prospérité à la focalisation sur le succès ou sur la réalisation de soi. En tant que chrétiens consacrés, nous devons veiller à ce que le Seigneur occupe toujours la première place et que nous recherchions son royaume et sa justice. Demandons-nous : « Quelles « idoles » modernes jouent éventuellement un rôle chez nous ou peut-être se développent-elles de manière insidieuse ? »
3) Le respect d’une ligne droite
Après avoir façonné le veau, Aaron propose ensuite d’organiser une fête avec des holocaustes et des offrandes à l’Éternel. Il mélange ainsi l’idolâtrie et le service de l’Éternel. Nous sommes mis en garde contre un tel « culte mixte ». Nous ne pouvons pas servir deux maîtres. (Luc 16 : 13)
4) La grâce et le pardon de Dieu
Malgré le grave péché d’Aaron, Dieu lui a pardonné et l’a réhabilité. Cela nous montre que la miséricorde de Dieu est pleine de générosité et qu’il nous donne toujours une seconde chance lorsque nous revenons à lui. Personne n’est allé trop loin pour ne pas être à nouveau accepté par Dieu, sauf dans le cas du péché contre le Saint-Esprit. Mais nous avons besoin de Jésus comme intercesseur.
Nous ne sommes pas surpris – Aaron était un homme avec des points forts et des points faibles. Son histoire est pour nous, disciples du Seigneur et soucieux de sonder les Écritures, un témoignage fort que même dans nos moments les plus sombres, Dieu est prêt à nous pardonner et à nous « réhabiliter ». Et vivons aussi dans la certitude des promesses éminemment précieuses que l’amour et la grâce de Dieu sont toujours là pour nous, même si nous échouons à certains moments. Ainsi, il est dit : « En effet, sept fois le juste tombe, mais il se relève. » (Proverbes 24 :16). Pour cela, nous avons avant tout besoin du précieux sang de Jésus, de la grâce de Dieu, du Saint-Esprit et de revêtir la robe de justice imputée.
Soyons reconnaissants envers le Seigneur et tirons une leçon personnelle de l’exemple d’Aaron. Mais soyons également vigilants et sincères envers nous-mêmes lors de notre examen de conscience, afin de résister autant que possible à toute forme d’« idolâtrie » cachée. Par la prière et la supplication, essayons de tenir bon, surtout dans les moments de pression extérieure. Oui, même si nous sommes conscients que cela est plus facile à dire qu’à faire.
Que le Seigneur ajoute sa bénédiction à nos efforts imparfaits pour surmonter de telles épreuves.
Amen !