APERÇU DE LA ,,TOUR DE GARDE” SUR LES TEMPS ACTUEL LE MILLÉNlUM DE PAIX

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L’opinion d’un grand financier de New- York.

LE coût de la guerre est actuellement de 250 millions de francs par jour ; le coût de la première année de guerre est évalué à environ 78 milliards de francs. La richesse totale des Etats-Unis est estimée approximativement à 950 milliards de francs ; nous voyons donc que le coût d’une année de guerre est sensiblement égal à la douzième partie de l’immense richesse des Etats-Unis. Si ces dépenses de destruction continuaient au même taux pendant douze ans elles absorberaient ainsi une richesse égale à celle des Etats-­Unis.

Au coût proprement dit d’une année de guerre, il faut ajouter la valeur des usines, fabriques, immeubles de toute nature qui ont été détruits partiellement ou totale­ment dans les villages et villes, la valeur des récoltes perdues, des marchandises et biens mobiliers détruits sans parler d’autres pertes de toute nature qui ont été supportées par les populations des provinces envahies et balayées par le feu et la dévastation des armées aux prises ; nous ne parlons même pas de la valeur indus­trielle des vies humaines qui ont été détruites par millions. Même si nous laissons de côté l’agonie et les douleurs qui secouent toute l’Europe, la vue seule des pertes économiques matérielles est effrayante ; aussi comprend-on que les pensées de millions d’individus soient toutes dirigées vers la solution qui pourra ramener la paix. Il est certain que ces pensées préoccupent bien davantage les populations des pays neutres que celles des nations belligérantes. La Banque nationale de la Cité » à New­York » déclare dans sa circulaire d’août dernier que, malgré les ruines et la destruction effroyables d’une année de guerre, il est impossible de prévoir la fin de la guerre ; on ne perçoit d’ailleurs chez l’un ou l’autre belli­gérant aucun signe de lassitude ; les uns et les autres paraissent avoir des hommes et de l’argent en suffisance ; les peuples en lutte n’ont perdu, selon toute apparence, ni leur confiance ni leur résolution de vaincre.

Beaucoup d’Américains ne peuvent se rendre compte de cela, ils ne comprennent pas qu’une paix boiteuse et mal établie ne ferait que préparer des hostilités futures, jusqu’au moment d’une revanche possible, d’un nouveau et sanglant conflit qui serait alors consommé jusqu’à extinction ; dans de telles circonstances on comprend la résolution des nations d’aller jusqu’au bout. On peut néanmoins prévoir que cette guerre mondiale amènera le désarmement des nations et une paix de mille ans. Lors­que chaque pays aura supprimé son organisation mili­taire et licencié son armée ou police internationale, on pourra alors utiliser pour d’autres buts les sommes fabu­leuses qui ont servi à entretenir d’immenses armées et des flottes de guerre considérables ; ces sommes consi­dérables qui ont été prélevées sur les peuples par le moyen d’impôts accablants pourront être consacrées aux divers arts de la paix et du commerce. Les nations du monde entier seront alors délivrées du terrible fardeau et de l’affreux cauchemar qui n’avait cessé d’oppresser l’Europe depuis nombre d’années ; elles pourront ainsi faire progresser la prospérité nationale et le bonheur de tous.

Les dettes des divers états en guerre ont environ doublé depuis le début de la guerre ; pour faire honneur à ces dettes, il faudra augmenter les impôts considéra­blement. Supposons que la paix soit conclue, mais qu’elle laisse encore la possibilité d’un conflit futur, il en résul­terait pour les pays intéressés un état de choses intolé­rable pour chacun en effet ces pays devraient supporter d’énormes impôts pour faire face aux intérêts de ces grandes dettes nationales et en outre, il devraient conti­nuer d’entretenir des armées encore plus considérables qu’auparavant. Dans de telles conditions, les états ne tarderaient pas à faire banqueroute, ne pouvant plus faire honneur à leurs engagements financiers.

La guerre doit donc être poursuivie jusqu’à achève­ment complet, de manière à rendre impossible des con­ditions ou un état de choses qui permettrait encore à un peuple d’en attaquer un autre. La seule espérance de paix est la mort du militarisme et l’Amérique a autant d’intérêt que les états belligérants à ce qu’un pareil résultat soit obtenu.

Si les Etats-Unis se placent à un point de vue pure­ment égoïste, ils se verront contraints, au cas où la dernière perspective ne se réaliserait pas, d’emboîter le pas derrière les nations militaires et de défendre leurs droits par une armée et une flotte de guerre très puis­santes. La suite logique des événements nous a déjà mis devant cette situation et, maintenant, nous devons entreprendre de suite les énormes préparatifs et les dépenses formidables nécessaires pour pouvoir parer à toute éventualité ; nous devons être prêts à intervenir en tout temps sur terre et sur mer avec des forces puissantes en hommes et en munitions.

Les Etats-Unis devraient actuellement déjà user de toute leur influence et de tous les moyens possibles pour amener le désarmement général, afin de préserver la civilisation actuelle qui est menacée d’une ruine complète.

—     (Extrait du journal américain Bache Review.)

ILS DÉCLARENT QU’ILS NE CONTRIBUENT EN RIEN A LA PROLONGATION DE LA GUERRE

Le journal New-York American donne l’appréciation suivante des événements actuels

Dés le début de la guerre on s’aperçut que tous les belligérants allaient bientôt manquer de fonds et on entrevit de suite qu’ils chercheraient à conclure des

4 Janvier 1916                                                                            

emprunts en Amérique ; on croyait que l’Allemagne et l’Autriche seraient les premières à solliciter des emprunts, car l’Angleterre, la France et la Russie avaient une réserve d’or en vue de la guerre deux fois plus considé­rable que celle des deux empires germaniques.

Il y eut bientôt une tentative d’emprunt faite par l’Allemagne aux Etats-Unis. Dans de telles circonstances et avec la perspective de voir la France et l’Angleterre se présenter bientôt dans le même but, quelques ban­quiers américains demandèrent au gouvernement à Washington s’il verrait d’un oeil favorable la conclusion d’emprunts de guerre aux Etats-Unis en faveur des nations étrangères en guerre. La réponse fut franche­ment négative, le président Wilson déclara à ces ban­quiers que de telles opérations financières étaient incom­patibles avec le principe de la neutralité.

Nous devons constater cependant que le gouvernement des Etats-Unis ne pense plus aujourd’hui que la meilleure attitude à adopter par les nations neutres soit d’empêcher l’exportation d’armes et de munitions pour les pays en guerre ; ce gouvernement, non seulement encourage la fabrication et la vente d’armes et de muni­tions pour les belligérants, mais il favorise encore les prodigieux efforts qui ont été accomplis pour fournir ces instruments de meurtre en quantités phénoménales aux nations en conflit ; ce gouvernement ne pense plus du tout maintenant que les emprunts souscrits aux Etats-Unis pour les belligérants sont incompatibles avec le principe de la neutralité.

Le secrétaire d’Etat a fait savoir que le gouvernement était tout disposé à favoriser les efforts de la commission britannique venue aux Etats-Unis pour y négocier un emprunt de guerre de 5 milliards de francs.

Nous n’irons pas jusqu’à dire que notre gouvernement ne désire plus que l’on prie pour la paix ; nous affirmons par contre que c’est outrager Dieu que de recommander des prières pour la paix tout en favorisant de tout son pouvoir l’expédition d’armes et la conclusion d’emprunts énormes qui seuls permettront la prolongation de la guerre et empêcheront un accord rapide en vue de la paix.

Les faits que nous avançons ici ne constituent pas une polémique électorale ou politique, ils sont l’expres­sion exacte de faits acquis et indiscutables que personne d’ailleurs ne conteste. Si le peuple américain désire la prolongation de la guerre européenne pendant des mois ou des années même, il ne tient qu’à lui de le faire ; il n’a qu’à fournir de l’argent et des munitions aux nations en guerre et ces dernières fourniront la chair à canon pour la boucherie ; ces nations fourniront les victimes nécessaires pour ce meurtre collectif gigantesque, si nous leur fournissons les armes nécessaires pour accomplir ce meurtre formidable et si nous leur fournissons l’argent nécessaire pour qu’elles puissent continuer à faire un usage meurtrier de ces armes-là en leur faisant rendre leur maximum d’efficacité pendant une période aussi longue que possible.

Nous pouvons donc dire que le fait de pouvoir con­tracter aux Etats-Unis un emprunt de cinq milliards de francs indique que ce dernier pays favorise la prolonga­tion de la guerre et consent à ce qu’elle devienne plus affreusement meurtrière et destructive qu’elle ne l’est actuellement.

Pour exprimer plus exactement la vérité, nous dirons que le financier Morgan et ses alliés d’Europe demandent au pays neutre des Etats-Unis de fournir de l’argent et des armes à quatre nations civilisées de l’Europe pour détruire deux autres nations européennes.

On demande actuellement au peuple des Etats-Unis de faire pour l’Angleterre, la France, la Russie et l’Italie exactement ce que les Japonais font déjà. Le premier ministre japonais déclara dernièrement au parlement qu’à la conclusion de la paix, le Japon réclamerait sa part des dépouilles si les alliés étaient victorieux, parce que le Japon leur a accordé un appui plus efficace, en leur fournis­sant des armes et des munitions, qu’en envoyant son armée et sa flotte à leur secours. Nous voyons donc que les Etats-Unis font aujourd’hui exactement ce que fait le Japon allié à des nations belligérantes et belligérant lui-même et on dit même aux Américains que c’est leur devoir de nation neutre d’agir ainsi.

Nous voyons d’après ce qui précède qu’il est très diffi­cile à un honnête homme, même s’il a une saine menta­lité, d’établir une distinction entre l’état d’hostilité du Japon et l’état de neutralité des Etats-Unis ; car tous deux rendent les mêmes services aux mêmes nations belligérantes et cependant l’un de ces deux peuples est allié à ces nations belligérantes et l’autre peuple prétend être neutre.

Avec la marche actuelle des événements, les Etats­-Unis pourraient, sans compromission, sans charger leur conscience du sang répandu, acquérir avec certitude la suprématie et le pouvoir financier sur le monde entier. La livre sterling anglaise, le franc et le mark allemand ont subi une baisse considérable par rapport au dollar américain. Ainsi, par le seul fait du cours du change très favorable, les fabricants et les producteurs améri­cains auraient pu réaliser des gains tout à fait légitimes.

Aujourd’hui les financiers de Wall-Street (la Bourse de New-York) veulent nous priver de l’immense et parfai­tement honnête bénéfice que nous pouvions retirer du fait de la guerre, ils préfèrent garantir à nos fabricants d’armes meurtrières le payement d’un argent souillé de sang, assurant ainsi la continuation des maux et des crimes de la guerre, grâce aux emprunts consentis aux belligérants.

Une telle manière de procéder n’est ni neutre, ni patriotique, ni profitable aux masses ; elle est inhumaine et nous protestons énergiquement contre cette ligne de conduite au nom de la neutralité, du patriotisme, de l’humanité et au nom de la civilisation elle-même qui est menacée, qui court un grave danger et qui contemplera bientôt la destruction de toutes les richesses qu’elle a acquises au cours des longs siècles de lutte opiniâtre et de durs labeurs soutenus par la race blanche.

LA RÉVOLUTION ET L’ANARCHIE VIENNENT

Dans les quelques extraits qui suivent le rédacteur du journal le New- York American, qui probablement ne connaît pas du tout le rédacteur de la TOUR DE GARDE et ses écrits, s’exprime d’une manière presque analogue relativement à l’issue probable des événements actuels, il déclare qu’après la guerre surviendra la plus grande révolution connue qui sera suivie par l’anarchie. Le rédacteur de la TOUR DE GARDE perçoit et discerne toutes ces choses dans les enseignements de la Bible et les a annoncées au cours des quarante dernières années ; aujourd’hui le rédacteur du New- York Américan voit ces choses sans l’aide de la parole prophétique. Sans aucun doute, avant longtemps, le monde entier verra ces mêmes choses avec l’œil de la compréhension ; plus tard encore les humains les contempleront avec l’œil naturel dans toute leur réalité. Il ne faudrait pas croire cependant que la TOUR DE GARDE endosse ou approuve tout ce que le New-York American publie, a publié ou publiera dans tous les domaines, nous avons simplement cité un extrait de ce dernier journal, nous en reproduisons encore quelques appréciations qui font voir que son rédacteur a les yeux ouverts et se rend compte de la portée de faits et d’événements que tous comprendront bientôt. Nous laissons parler le

..NEW-YORK AMERICAN” du 28 septembre :

Les financiers de Wall-Street (de la Bourse de New­-York) qui se sont chargés de lancer l’emprunt de guerre européen ont déclaré à la commission franco-anglaise venue dans ce but, qu’ils ne voulaient pas être les

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meurtriers de l’élément masculin de l’Europe, qu’ils ne voulaient pas faire des veuves, des orphelins et priver des mères de leurs fils en lançant un emprunt à cinq pour cent, par contre, ils consentent à tout cela si le taux de l’emprunt est élevé à cinq et demi pour cent.

Ces financiers ont déclaré qu’ils refusaient de parti­ciper à la prolongation de cette effroyable guerre, à la destruction des trésors artistiques inestimables de l’Europe ; ils ne veulent pas non plus risquer de créer des complications inévitables, désastreuses probablement dans la situation financière, politique et diplomatique des Etats-Unis ; ils ne veulent assumer aucune de ces responsabilités en consentant à souscrire à un emprunt de guerre à cinq pour cent ; par contre, ils sont prêts à se charger de toutes ces responsabilités si le taux de l’emprunt est majoré d’un demi pour cent.

Ces financiers ont solennellement déclaré qu’ils ne voulaient pas renoncer aux nobles principes politiques de l’Amérique, abandonner ses convictions humanitaires généreuses et compromettre gravement les progrès maté­riels et la prospérité des Etats-Unis, à moins toutefois qu’on ne leur offre cette majoration d’un demi pour cent du taux de l’emprunt.

Nous avons maintenant la mesure exacte de la conscience, de l’humanité et du patriotisme des finan­ciers de Wall-Street, c’est une valeur qui est même mathématiquement exprimée.

Selon toute probabilité, l’emprunt de guerre sera conclu, les gouvernements européens ayant consenti à garantir le pour cent ou plutôt le demi pour cent d’intérêt addi­tionnel ou de chair à canon ; mais le châtiment mérité qu’encourt l’Amérique pour sa participation odieuse à la terrible guerre européenne viendra en temps et lieu. La révolution et les banqueroutes nationales qui suivront cette guerre, selon toute apparence, viendront apporter aux américains une juste rétribution.

On perçoit actuellement déjà les premières rumeurs de révolution en Russie ; le mécontentement des classes ouvrières s’étend et s’accroît grandement aussi en Grande-Bretagne.

Si la guerre dure suffisamment il y aura sans aucun doute la révolution et la pire anarchie chez la plupart des nations en guerre actuellement.

La révolution entraînera probablement la répudiation des dettes nationales ou tout au moins une telle dépré­ciation des fonds publics qu’elle équivaudra à la banque­route.

Si un lecteur, ne connaissant que la stabilité des valeurs diverses en temps de paix, s’imaginait qu’un tel état de choses est impossible, il n’y a qu’à lui rappeler ce qui se passa lors de la révolution française ; les assi­gnats ou papier-monnaie baissèrent et descendirent au-dessous du trois pour cent de leur valeur nominale et cependant les assignats valaient mieux que des bons du trésor, parce qu’ils étaient garantis par les propriétés foncières de l’état.

Même un intérêt d’emprunt de cinq et demi pour cent ne devrait tenter personne à avancer son argent pour cet emprunt de guerre qui, du fait de la guerre, peut baisser et ne plus valoir même le trois pour cent de sa valeur nominale.

Ceux qui sont accoutumés à un mode de gouverne­ment normal, stable et solide comme celui des Etats-­Unis croient difficilement à la possibilité d’une révolution en Europe ; nous leur demandons cependant pendant combien de temps ils s’imaginent que les populations bien équilibrées, saines de corps et d’esprit de l’Europe sont disposées à endurer et à supporter les effrayantes misères et souffrances de cette guerre anormale causée par la vanité insensée, la jalousie et les rancunes de gouvernements hautains et ambitieux.

Les révolutions ne respectent guère les têtes cou­ronnées, ni les autorités constituées ou l’ordre de choses établi ; les révolutions ne se préoccupent guère non plus des obligations financières assumées par les gouverne­ments et régimes politiques qu’elles ont renversés ; elles n’ont aucune considération, aucun égard pour les ques­tions financières et monétaires qui sont l’objet de toute la sollicitude des gouvernements pondérés et conser­vateurs.

Pour se dérober à leurs obligations et devoirs huma­nitaires, pour décliner de lourdes et terribles responsa­bilités, les financiers américains qui ont lancé l’emprunt de guerre déclarent que cet emprunt n’est pas destiné a servir à des achats d’armes et de munitions. Personne néanmoins ne se fait d’illusions sur la valeur de ces affirmations tendancieuses et intéressées.

Par cet emprunt, nous accroissons en effet les res­sources financières des pays auxquels cet argent est destiné du montant exact de l’emprunt et ces ressources supplémentaires leur permettent d’acheter de nouvelles armes et de nouvelles munitions.

LE PÊCHÉ DE L’ÉGLIS5E

Réflexions du Révérend Charles Williams, évêque protestant épiscopal de Michigan.

Nous sommes effrayés à la pensée que l’église (judaïque prit part au crime du Calvaire, et même y joua le prin­cipal rôle ; c’est là ce qui donna un caractère particu­lièrement odieux à ce terrible complot.

Quel fut donc le péché de l’église qui crucifia Christ ou, pour s’exprimer différemment, quels sont les éléments, les traits caractéristiques d’une religion dévoyée et égarée ? Il y en a deux essentiels.

1° L’esprit, la mentalité cléricale ;

2° La conscience cléricale.

L’esprit clérical est un esprit borné et fermé qui s’op­pose d’emblée à toute nouvelle idée ; sa loi et sa manière de juger toutes choses sont exprimées par la devise. Ce qui est nouveau n’est jamais la vérité et la vérité n’est jamais quelque chose de nouveau. Gilbert Hammerton a admirablement comparé le mode actuel d’instruction et d’éducation religieuse au procédé de la gravure sur verre. L’esprit, le caractère de l’écolier est tout d’abord recouvert d’un manteau impénétrable de préjugés pieux ; on trace ensuite sur ce jeune cerveau les contours, l’esquisse des croyances confessionnelles reçues en se servant de la pointe à dessiner de l’autorité ; c’est alors seulement que ce jeune caractère est exposé aux oura­gans de sable et à l’action acide de la réalité qui vien­nent graver leur empreinte sur les lignes mises à nu et dessinées précédemment ; par cette méthode les croyances confessionnelles voulues ont été imprimées d’une manière indélébile sur ces caractères-là.

Le second élément caractéristique d’une religion faussée est la conscience cléricale. Rien n’illustre mieux ce sujet que les scènes tragiques qui se déroulèrent la veille de la crucifixion du Sauveur. Une procession d’individus traversait les rues de Jérusalem allant au palais du gouverneur ; ces gens-là étaient les conducteurs religieux (spirituels) du peuple juif, toute la hiérarchie ecclésias­tique de ce temps-là était représentée, il y avait le sanhédrin, c’est à dire l’autorité religieuse et législative de la nation. Nous pourrions assimiler cette troupe d’in­dividus à une assemblée qui serait formée de la réunion des principales autorités religieuses, presbytériennes, méthodistes, épiscopales, catholiques romaines, réunies à la chambre des lords et à toute la congrégation des évêques.

Quels étaient donc le but et le mobile qui animaient cette troupe en marche ? Ils étaient décidés à commettre le plus grand crime enregistré par l’histoire, un crime qui depuis lors a fait frémir d’indignation le monde entier. Ces gens-là voulaient crucifier le Fils de Dieu ; ils s’arrêtèrent au seuil de la demeure de Pilate sans vouloir entrer. Pourquoi donc ? Parce qu’ils venaient de buter

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contre une des prescriptions de la loi mosaïque, un dogme de l’église dont toute violation entraînait comme sanction, une pénalité. Tous ces gens-là éprouvaient le plus grand respect pour les châtiments et sanctions prévues par la loi de Moïse ; ils avaient, par contre, assez peu de considération pour la vérité et la justice ; selon leur loi, celui qui serait entré dans la demeure d’un païen le matin de Pâque eut été souillé et indigne de participer aux sacrements de la Pâque juive ; il eût perdu sa réputation d’homme d’église.

Les personnes formant cette classe sont scrupuleuses et méticuleuses au possible et à côté de cela dépourvues de véritables principes ; elles sont parfaitement sincères et d’autre part complètement faussées dans leur juge­ment et sans droiture ; leur caractère est à la fois pieux et complètement faussé.

La conscience cléricale examine à la loupe et de si près les enseignements de la Parole que le principe, l’essence même de la chose leur reste caché ; cette cons­cience en arrive à substituer aux lois fondamentales de justice, des règles et recettes sans valeur, elle remplace la justice, la justification par l’esprit religieux qui n’est qu’un des moyens pour y arriver ; cette conscience crée des pasteurs et prêtres ayant une formation purement technique, et des qualités tout à fait artificielles, au lieu de former de véritables caractères. A la religion véritable est substitué le formalisme des gens d’églises ; la chré­tienté vivante est remplacée par le ritualisme des églises.

La conscience cléricale ne se manifeste pas seulement chez les gens d’église, mais aussi dans les autres classes de la société ; un avocat, par exemple, substitue les arguments, les procédés légaux, à la justice véritable ; le négociant estime que sa conscience est satisfaite s’il s’est conformé aux pratiques de toute nature admises dans les affaires et, s’il emploie un procédé déshonnête, Il se borne à dire : tous en font autant ; le monsieur dis­tingué et la grande dame qui usent de manières raffinées et élégantes n’y apportent aucune sincérité et aucune bonté de cœur véritable, Ils remplacent l’amabilité véri­table par la politesse. Tous ces gens-là ont une cons­cience cléricale et sont dirigés par elle.

C’est cette mentalité et cette conscience cléricales qui furent les causes de la crucifixion de Jésus.

QUELQUES RÉFLEXIONS DU RÉDACTEUR

Après avoir parcouru quelques-uns des extraits de journaux qui précèdent, nous rappelons que le Seigneur a annoncé dans la Bible les événements terribles que ces journaux prévoient ; la Parole de Dieu nous dit que ce sera encore bien plus grave, que l’anarchie suivra, amenant la destruction complète de l’ordre de choses actuel. Nous pouvons vraiment pleurer en pensant à toutes ces choses. Dieu, dans sa bienveillance, a voilé les yeux de l’humanité, afin qu’elle ne puisse voir l’oura­gan qui s’approche avec toutes ses terribles rigueurs. Les humains, en effet, n’ont pas les yeux de la foi et ne peuvent voir comme nous les bénédictions qui cepen­dant résulteront de tes événements.

Combien nous sommes heureux de savoir que notre Dieu est un Dieu d’amour, de savoir que les millions d’individus qui meurent dans cet effroyable conflit ne vont pas aux tourments éternels, mais qu’au temps marqué ils auront part aux bénédictions générales que le Royaume messianique apportera au monde entier. Nous ne nous étonnons plus alors que le Maître nous ait laissé le message suivant : Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche. “ — Luc 21 : 28.

Si la délivrance des élus était le signal des tourments éternels des non-élus, comment pourrions-nous nous réjouir de ce message ? Heureusement qu’au fur et à mesure que notre compréhension spirituelle grandit, nous contemplons avec surprise et admiration, la lon­gueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l’amour et de la miséricorde de notre grand Créateur. Nous comprenons que la glorification de l’Eglise sera le temps marqué où tous les humains vivant alors recevront les bénédictions de l’inauguration du règne de la justice et de la paix, ils seront délivrés des chaînes et des liens du péché et de l’ignorance, car Satan sera lié pendant mille ans.

En outre, n’y aura-t-il pas la grandiose et merveilleuse délivrance des milliards d’humains qui, au cours des six mille ans écoulés, sont descendus dans la grande prison de la mort, de l’enfer de la Bible qui est le tombeau. Avec une perspective si consolante et si belle de l’avenir, telle que la Bible l’enseigne, l’obscurité, les nuages sombres, les tristesses et les pleurs du temps présent ne peuvent nous abattre. Nos âmes glorifient le Seigneur ; nous chantons le cantique nouveau, chaque jour et chaque heure,, oui, Seigneur Dieu tout-puissant, tes jugements sont véritables et justes. Qui ne craindrait, Seigneur et ne glorifierait ton nom ?… car tes jugements ont été manifestés,. — Apoc. 15 :3, 4 ; 16 :7.