BLEU, POURPRE, CRAMOISI ET FIN LIN

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Nous lisons en Exode au chapitre 25 versets 1 à 8 : « L’Éternel parla à Moïse, et dit : Parle aux enfants d’Israël. Qu’ils m’apportent une offrande ; vous la recevrez pour moi de tout homme qui la fera de bon cœur. Voici ce que vous recevrez d’eux en offrande : de l’or, de l’argent et de l’airain ; des étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, du fin lin et du poil de chèvre ; des peaux de béliers teintes en rouge et des peaux de dauphins ; du bois d’acacia ; de l’huile pour le chandelier, des aromates pour l’huile d’onction et pour le parfum odoriférant ; des pierres d’onyx et d’autres pierres pour la garniture de l’éphod et du pectoral. Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux. »

Israël était parvenu à la fin d’une longue période d’esclavage et d’exploitation ; comment était-il possible qu’ils soient en possession de trésors tels que de l’or, de l’argent et des pierres précieuses ? Comment est-il possible qu’en tant qu’esclaves opprimés ils aient pu apporter en offrande à Dieu des étoffes teintes en pourpre, en cramoisi, et du fin lin ?

 L’Écriture nous donne la réponse à cette question. Nous savons que les Israélites, après la dixième plaie, avant leur départ à la hâte, « dépouillèrent » les Égyptiens, comme cela est écrit littéralement. Cela se passa selon la volonté de Dieu qui avait transmis la crainte de son peuple d’Israël dans le cœur des Égyptiens qui, après tout ce qu’ils avaient vécu pendant les dix plaies, étaient heureux de se débarrasser de ce peuple le plus rapidement possible.

 Nous lisons cela en Exode 3 : 21, 22 : « … quand vous partirez, vous ne partirez point à vide. Chaque femme demandera à sa voisineet à celle qui demeure dans sa maison des vases d’argent, des vases d’or, et des vêtements, que vous mettrez sur vos fils et vos filles. Et vous dépouillerez les Égyptiens. » (voir aussi Exode 12 : 35, 36). Quand nous considérons que les Israélites avaient été opprimés pendant quatre cents ans (Genèse 15 : 13), on peut estimer que ceci n’était qu’une juste rétribution qui leur revenait.

Dieu dit à Moïse : « Qu’ils m’apportent une offrande : vous la recevrez pour moi de tout homme qui la fera de bon cœur » (Exode 25 : 2). Ainsi chaque homme « de bon cœur » et « Tous ceux qui furent entraînés par le cœur et animés de bonne volonté » (Exode 35 : 21), toute femme « dont le cœur était bien disposé » et toutes les femmes qui furent entraînées par le cœur vinrent et apportèrent une offrande à l’Éternel (Exode 35 : 22, 25, 26). Nous le lisons aussi en Exode 35 : 29 : « Tous les enfants d’Israël, hommes et femmes, dont le cœur était disposé à contribuer pour l’œuvre que l’Éternel avait ordonnée par Moïse, apportèrent des offrandes volontaires à l’Éternel. »

Nous pouvons déduire de ces paroles que Dieu voulut éprouver son peuple, éprouver son cœur, pour savoir s’il voulait Le servir avec joie, et s’il était prêt à Lui offrir des choses de grande valeur. Nous lisons dans Proverbes 23 : 26 : « Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux se plaisent dans mes voies ». Chacun était donc libre de donner suite à l’appel pour une telle offrande, rappelant que les choses qu’ils possédaient et qu’ils voudraient bien apporter leur avaient été données. – Exode 35 : 29.

Nous lisons d’autre part que lorsque Moïse tardait à descendre de la montagne, le peuple pressa Aaron de faire un veau d’or et qu’Aaron dit : « Ôtez les anneaux d’or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi ». Il apparaît que quand il les invita à faire ainsi, tous les cœurs ne semblèrent pas prêts à donner leur or en offrande pour leur dieu. (voir Exode 32 : 2).

 Ici, comme ailleurs dans les Écritures, les étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, et le fin lin, sont mentionnés en plus de l’or, de l’argent, de l’airain, des parfums, des huiles précieuses, et de certaines peaux, et il est significatif qu’ils soient mentionnés ensemble la plupart du temps. Dans l’équipement du tabernacle nous trouvons des « étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, et du fin lin » à la fois pour les trois rideaux et pour la couverture du sanctuaire avec les chérubins, de même que pour les vêtements cérémoniels du souverain sacrificateur.

 Quatre couleurs en broderie pour la porte du parvis

Imaginons que nous arrivions du camp d’Israël et que nous nous approchions de la tente d’assignation. Qu’est-ce que nous verrions en premier ? Nous verrions tout d’abord le rideau de fin lin blanc suspendu aux poteaux au milieu duquel se trouvent les rideaux de la porte du parvis se distinguant très visiblement par quatre couleurs vives de la blancheur des courtines de lin. Au sujet de cette porte il est écrit : « Pour la porte du parvis il y aura un rideau de vingt coudées, bleu, pourpre et cramoisi, et de fin lin retors, en ouvrage de broderie » – Exode 27 : 16.

 La réalisation artistique fut confiée à un Israélite du nom de Oholiab « habile à graver, à inventer, et à broder sur les étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, et sur le fin lin », selon ce qui est écrit en Exode 38 : 23.

 Que savons-nous de particulier au sujet des hommes habiles à graver, à broder, et au sujet des couleurs des étoffes des rideaux du tabernacle ?

 Les couleurs pourpres mentionnées ici étaient obtenues à partir des sécrétions d’un escargot, que l’on rencontrait en Méditerranée. Si on voulait obtenir une teinte pourpre-rouge ou plus violette tout dépendait des additifs utilisés et de la durée du traitement.

 On rapporte que ce sont principalement les Phéniciens qui négociaient la pourpre. La couleur pourpre – rouge violacé – était la couleur des rois et des princes, des nobles et des riches, ainsi que du souverain sacrificateur et des sacrificateurs (Esther 8 : 15 ; Ézéchiel 23 : 6 ; Daniel 5 : 7 ; Proverbes 31 : 22 ; Exode 28). Même les rois de Madian portaient des vêtements de pourpre, comme nous l’apprend le livre des Juges (Juges 8 : 26). L’homme riche dont Luc rend compte au chapitre 16 verset 19 était vêtu de pourpre et de fin lin. De même à notre époque les cardinaux dans l’Église catholique portent une robe de cérémonie rouge vif, dont la couleur est décrite comme étant « pourpre cardinal ».

 Le cramoisi est la couleur du sang artériel, il est aussi appelé rouge écarlate. Le nom est d’origine persane et signifie « ver ». Les cochenilles kermès étaient séchées et pulvérisées, et le colorant rouge utilisé pour colorer les fils provenait de la transformation de la poudre. En Ésaïe 1 : 18, nous lisons : « Si vos péchés sont [rouges] comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige », et Apocalypse 17 parle dans les versets 3 et 4 d’une femme habillée de pourpre et d’écarlate, et qui était assise sur une bête écarlate.

 Le terme lin [en allemand « Byssus »] viendrait du mot « bus » de la langue araméenne, et désigne une couleur blanche ou jaunâtre. Dans les traductions de la Bible, le lin [en hébreu « bouts » ou en grec « bussos »] désigne un tissu précieux de coton fin qui est souvent dénommé « fin lin ». David portait une robe de fin lin, ainsi que Joseph quand il fut vice-roi d’Égypte – 1 Chroniques 15 : 27. [Voir note 1]

 Il est dit de Mardochée dans le livre d’Esther chapitre 8 qu’il apparut en « vêtement royal » bleu [en allemand il est écrit mot à mot : « en pourpre violet »] …, et un manteau de byssus et de pourpre [en allemand il est écrit mot à mot : « en pourpre rouge »]. Dans beaucoup d’ouvrages de référence, les fils des glandes d’une moule, qui doivent correspondre à un fil de nylon très fin, sont désignés comme du « byssus ». [voir note 2]

Les couleurs ont pour l’homme une signification symbolique particulière. On dit que le vert représente l’espoir, le bleu, la fidélité ; le rouge a quelque chose à voir avec l’amour, et trouve son expression quand on offre en cadeau des roses rouges ; le jaune est considéré comme un signe de fausseté.

Pour nous, en tant qu’étudiants des Écritures, il est toutefois plus important d’apprendre quelque chose du langage symbolique utilisé, car les couleurs ont aussi dans la Parole de Dieu souvent un sens très précis. Ainsi le Frère Russel dit la chose suivante au sujet de la signification symbolique des couleurs sur l’éphod du souverain sacrificateur : L’écarlate, le bleu et le pourpre, etc., qui entrent dans la composition de l’éphod, indiquent les conditions des deux Alliances. L’écarlate montre comment Dieu pourvoit à la rédemption de la malédiction adamique, par le sang de la Rançon. Le lin blanc indique la restauration de l’homme dans sa pureté originelle. Le bleu lui assure l’assistance, la capacité de maintenir fidèlement son caractère droit. Le pourpre proclame la puissance royale du Royaume coopérant. Toutes ces bénédictions entremêlées sont assurées par le pouvoir divin du sacrificateur oint, ce qui est représenté par l’entrelacement des fils d’or. – Fin de citation (Figures du Tabernacle page 34).

Nous déduisons de cette citation que le frère Russell relie le rouge écarlate cramoisi avec la couleur du sang, le sang de la rédemption répandu par notre Seigneur. Dans le lin blanc, le « byssus », il y voit la pureté originelle de l’homme avant le péché, et à laquelle il doit être rétabli par le sang purificateur de Jésus, comme l’expriment les paroles de l’Écriture : « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige » (Ésaïe 1 : 18). Le pourpre bleu-violet du souverain sacrificateur est considéré comme une indication de sa loyauté, et le pourpre rouge parle de son pouvoir royal.

Il convient ici de remarquer que la couleur du pourpre rouge apparaît tant dans les vêtements des rois que dans ceux des sacrificateurs.

Si nous revenons maintenant à la porte du parvis et si nous voyons les mêmes quatre couleurs que nous avons examinées dans les vêtements du souverain sacrificateur, à savoir l’étoffe teinte en rouge et en bleu, en cramoisi et le fin lin retors – ici à la porte, travaillées avec la même habilité, alors il semble que cela nous indique qu’il s’agit du même message symbolique et que cela témoigne de la même personne, à savoir de Jésus-Christ notre Seigneur.

Le Seigneur a dit en parlant de Lui-même : « Je suis le chemin… Nul ne vient au Père que par moi. » – « … je suis la porte des brebis… Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. » – Jean 14 : 6 ; 10 : 7, 9.

 Le chiffre quatre, un symbole de plénitude et de perfection

Si nous étudions les Écritures avec attention, nous remarquons que certains chiffres, parmi lesquels le sept, le trois, le douze, et aussi le chiffre quatre, apparaissent souvent. Les chiffres ont leur propre signification symbolique particulière, comme nous pouvons dans l’exemple du chiffre sept reconnaître un symbole de la perfection. Nous trouvons le nombre « quatre » dans toutes les Écritures, en commençant par le paradis et ses quatre rivières qui se réunissaient en un cours d’eau en dehors du jardin d’Éden. Il est question des quatre coins de la terre, des quatre directions dans le ciel, des quatre saisons, des quatre éléments, le feu, l’air, l’eau, la terre, des quatre êtres vivants du trône de Dieu, des quatre bêtes du livre de Daniel, des quatre grands prophètes, Esaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel, et en particulier des quatre évangiles, Matthieu, Marc, Luc et Jean.

 Nous avons au sein du tabernacle les quatre anneaux d’or pour les barres de transport, les quatre calices comme détails sur le chandelier d’or, les quatre piliers de bois d’acacia, les quatre pieds d’argent, les quatre cornes de l’autel, et notamment les quatre couleurs qui ont un rôle interactif que nous reconnaissons dans les rideaux, les quatre tapis du tabernacle et dans l’habillement rituel du souverain sacrificateur.

 Quatre Évangiles nous donnent le récit véridique de la vie et de l’œuvre de notre Seigneur, de son origine céleste, de sa naissance en tant qu’être humain, de ses souffrances et de sa mort, de sa résurrection le troisième jour et de son ravissement dans le ciel, et la référence à sa seconde venue. Il est facile à comprendre que les quatre évangélistes ne racontent pas de la même manière tous les événements et tous leurs détails, parce qu’ils ont écrit leurs narrations respectives suivant la motivation qui les poussait, et selon leur vision personnelle, dans laquelle la vie et l’œuvre de Jésus-Christ leur fut révélé, à l’un en tant que « Roi des Rois », au deuxième en tant que « homme parfait ou Fils de l’Homme », au troisième en tant que « serviteur de Dieu souffrant » et au quatrième en tant que « Fils de Dieu ».

Malgré la diversité dans le style et dans les caractères de ce que chacun a consigné, ils ont néanmoins tous été conduits par l’Esprit de Dieu ; ils ont été inspirés à écrire ce que l’Esprit de Dieu leur soumettait. Et l’Esprit de Dieu les a conduits à quatre différents thèmes personnels (caractéristiques personnelles) dans lesquels ils voyaient Jésus-Christ et devaient Le présenter. En fin de compte, on peut constater avec émerveillement que les déclarations des quatre Évangiles se complètent pour former une image globale, sans se contredire, contrairement à ce que prétendent à tort certains critiques. Au sens figuré, on peut dire qu’ils se présentent comme quatre différents artistes qui peignent le même tableau, et qui pour ce faire varient dans leur coloration.

 En fait, nous pouvons reconnaître une telle coloration symbolique résultant en un tout harmonieux dans les quatre évangiles, par rapport aux couleurs nommées auparavant : le violet, le pourpre, le cramoisi (écarlate), et la couleur du fin lin.

Comme nous l’avons déjà noté, le chiffre quatre dans les Écritures a une signification symbolique particulière. Il représente la plénitude parfaite, ou l’appartenance, comme en témoigne la vue d’ensemble brossée par les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean.

 Matthieu présente le Christ comme roi

Que savons-nous au sujet de Matthieu et de son évangile ?

De la préface de l’Évangile de Matthieu de la Bible Scoffield, nous citons (partiellement) : « Matthieu, également appelé Levi, est l’auteur du premier évangile. L’évangile de Matthieu, qui a été écrit à l’origine pour les Juifs, présente le Christ comme le Fils de David et le fils d’Abraham. Parce qu’Il est montré comme roi, son ascendance remonte aussi jusqu’au roi David … dans cet Évangile Christ est appelé sept fois « Fils de David ». Ce n’est que dans Matthieu que le Christ parle du « trône de sa gloire » (19 : 28 ; 25 : 31). C’est aussi seulement ici dans les Évangiles que Jérusalem est désignée comme la ville sainte et « la ville du grand Roi ». Parce que Matthieu est l’évangile du roi, c’est aussi l’Évangile du Royaume ; le mot « royaume », revient plus de cinquante fois, et l’expression « le royaume des cieux », qui n’est citée nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament apparaît ici environ trente fois. – Fin de citation.

 L’intention de l’évangéliste Matthieu est de montrer le Seigneur en tant que « Roi d’un royaume », en tant que « Roi de tous les rois et Seigneur de tous les seigneurs ». Comme couleur symbolique de cette gloire de « Roi des rois » ne peut venir en compte qu’une couleur, le rouge pourpre que nous trouvons aussi dans le rideau de la porte du parvis. Le rouge pourpre faisait partie des ornements pour le couronnement des rois, et le pourpre était notamment un signe de très grande puissance. « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Matthieu 28 : 18). Pour se moquer de Jésus comme Roi des juifs avant sa crucifixion, les romains revêtirent le Seigneur d’un manteau de couleur pourpre.

 Marc montre le Christ comme serviteur

Que savons-nous de Marc et de son évangile ?

Marc, dont le nom hébreu est Jean, était natif de Jérusalem. Il accompagna son oncle Barnabas et Paul lors de son premier voyage missionnaire jusqu’à Chypre où il prit congé d’eux. Il est l’auteur du deuxième évangile qui fut écrit particulièrement pour le monde romain.

Alors qu’il revenait à Matthieu de présenter notre Seigneur en tant que Roi et Messie, l’intention de l’évangéliste Marc est de nous présenter notre Sauveur en tant que « serviteur dévoué et dans la souffrance ». Cette perspective de Marc est confirmée dans les paroles de Jésus : « Car le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » (Marc 10 : 45). Parce que Marc voit notre Seigneur comme serviteur, nous ne trouvons dans son évangile aucune généalogie, comme dans l’évangile de Matthieu.

 La couleur symbolique « cramoisi » correspond à cette présentation de l’évangéliste Marc qui montre notre Seigneur en tant que serviteur qui endura la souffrance. Le mot « cramoisi » dérive du mot perse « kermès » et signifie « ver ». La tonalité de couleur écarlate rappelle la couleur du sang et ainsi le sang de notre Seigneur versé pour nous.

 La désignation « ver » ne doit pas être comprise seulement comme l’expression de ne pas venir en aide et de ne pas protéger, mais aussi comme l’expression de ce qui est méprisable. Dans le Psaume 22 qui parle symboliquement de l’abaissement et des souffrances du Christ, il est indiqué au verset 7 : « Et moi, je suis un ver et non un homme, l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple ». En Esaïe 53 versets 3 et 5, nous lisons : « Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, … blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; c’est par ses meurtrissures [et par son sang versé] que nous sommes guéris ».

 Luc montre notre Seigneur comme homme parfait

Que savons-nous de Luc et de son évangile ?

Luc, qui a écrit le troisième évangile et les Actes des Apôtres fut un collaborateur de l’Apôtre Paul. Avec son évangile, il s’adressa autant aux juifs qu’aux croyants des nations. Il présente Jésus comme l’Homme parfait qui manifeste beaucoup de compassion envers son prochain, de même qu’envers les publicains et les pécheurs. Luc eut comme devoir et comme mission de présenter notre Seigneur dans sa vie exempte de péché et sainte, en tant que « Fils de l’homme » saint, innocent, sans tache et séparé des pécheurs.

 Du point de vue symbolique, cette pureté absolue et cette perfection correspondent au byssus ou lin, qui est une très fine toile. Dans le Cantique des Cantiques au chapitre 5 et verset 10 il est écrit : « Mon bien-aimé est blanc et vermeil ; Il se distingue entre dix mille ». Avec la couleur blanche, la couleur du lin, il semble que soient indiquées la pureté et l’absence de péché du Seigneur, et avec la couleur rouge, la couleur du cramoisi, son sang versé pour nous. En Apocalypse 19 : 8 il est écrit au sujet des membres du corps de Christ : « et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints ».

 Le byssus (lin) a donc quelque chose à voir avec la pureté et la justice de l’homme parfait, comme nous les trouvons réunis dans notre Seigneur au sujet duquel Pilate déclara : « Moi, je ne trouve aucun motif [de condamnation] en lui » – Luc 23 : 4 (Bible à la colombe 1978).

 Jean nous montre Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu

Que savons-nous au sujet de Jean et de son évangile ?

Jean, fils de Zébédée, était le plus jeune des apôtres de Jésus-Christ. Il appartenait avec son frère Jacques et avec Pierre au cercle intime des disciples. Il fut le dernier à écrire le quatrième évangile qui se distingue clairement des évangiles synoptiques dans son expression plus spirituelle. L’apôtre Jean écrivit aussi trois lettres et le livre de l’Apocalypse de Jésus-Christ. Lui seul livra dans son évangile les grandes révélations de Jésus-Christ qui commencent par « Je suis ». Jean était le disciple qui lors du dernier repas se pencha affectueusement sur le sein de son Maître, et qui resta auprès de son Seigneur quand vinrent les heures les plus pénibles à la croix.

 L’apôtre donne l’objectif d’avoir écrit en détails son évangile par les mots que nous trouvons en Jean 20 : 31 où il s’exprime ainsi : « … afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom ». Ce nom « Fils de Dieu », est le plus souvent utilisé dans l’évangile de Jean. En résumé, nous pouvons dire que Jean reçut comme mission de montrer notre Seigneur en tant que « Fils de Dieu », qui fut envoyé du ciel vers nous.

 Bleu est la couleur du ciel, et l’étoffe bleue semble être ici la couleur que nous pouvons mettre en relation avec l’évangile de Jean. Jean évoque et insiste dans son évangile en attirant notre attention sur la référence à notre Seigneur en tant que Fils du Père qui est venu du ciel (Jean 3 : 31 ; 6 : 32, 33, 58). « Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel » – Jean 3 : 13.

Nous savons en outre que la couleur bleue évoque la fidélité, fidélité que Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu venu du ciel a montré en toutes choses envers son Père et dans la mission envers l’humanité pour laquelle il fut envoyé.

 En résumé nous pouvons dire que les quatre évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean écrivirent chacun séparément leur rapport en ce qui concerne la vie et les actions de Jésus en fonction des directives qu’ils reçurent de l’Esprit. Leurs écrits se complètent pour former ensemble un évangile de l’Amour de Dieu qui montre son Fils engendré [par Lui] sous la forme du « Messie et Roi », du « Serviteur du Seigneur » qui s’est abaissé, de « l’homme parfait, et Fils de l’homme », et de « l’envoyé du ciel et Fils de Dieu », Messager de la bonne nouvelle du salut pour l’homme.

 L’apôtre Paul décrit l’Église de l’Âge de l’Évangile comme étant le grand mystère qui fut caché de tout temps et dans tous les âges (Colossiens 1 : 26). En référence au tabernacle avec ses merveilleuses révélations symboliques qui ont pour nous une signification concernant le Christ et l’église que nous trouvons à l’intérieur du parvis, dans le saint, et le très saint, nous pouvons aussi dire ici que ces choses sont restées cachées aux yeux de l’homme charnel. Elles furent cachées sous les couvertures de lin, de poil de chèvre, de peaux de béliers et d’autres animaux.

 Extérieurement, le tabernacle était recouvert de peaux de vache marine ou de peaux de phoque [trad. de l’allemand] ou de peaux de dauphins [selon la plupart des traductions françaises de la Bible, mais le mot utilisé est incertain] [voir note 3 fin de texte]. Cachée en dessous, se trouvait une couverture de peaux de béliers teintes en rouge ; en dessous de cette couverture de peaux de béliers se trouvait une couverture supplémentaire en poil de chèvre, et en dernier une couverture de lin qui était brodée de représentations de chérubins. Cette couverture de lin qui était suspendue dans le saint et le très saint pouvait être vue exclusivement par les sacrificateurs lors de leur service. La couverture de peaux de béliers teintes en rouge qui était recouverte par les peaux de dauphins [voir note 3]était aussi cachée à la vue ; voici ce qui est dit à son sujet : « Tu feras pour la tente une couverture de peaux de béliers teintes en rouge, et une couverture de peaux de dauphins par-dessus. » – Exode 26 : 14.

Des peaux de béliers teintes en rouge

Contrairement à la couverture en peaux de dauphins [voir note 3]et à la couverture en poil de chèvre qui étaient utilisées pour couvrir le tabernacle dans leur couleur naturelle, la couverture en peaux de béliers devait être teinte en rouge.

 Pourquoi la couverture en peaux de béliers qui se trouvait entre la couverture en peaux de dauphins et entre la couverture tissée en poil de chèvre et qui ne pouvait donc être vue ni d’un côté ni de l’autre, devait-elle être teinte en rouge ? Et pourquoi spécialement en rouge, pourrions-nous demander ? Dans quel but cela devait-il servir, puisque sa couleur lumineuse se trouvait complètement cachée entre les deux couvertures, si ce n’est pour nous révéler symboliquement quelque chose d’important et de caché ?

 La couleur rouge nous est déjà connue avec le cramoisi (rouge foncé), et nous avons expliqué la signification symbolique du cramoisi à savoir le rouge du sang comparé aux quatre couleurs de la porte du parvis. On pourrait se demander pourquoi les peaux de dauphins ou la couverture en poil de chèvre ne devaient pas être teintes en rouge alors qu’il fallait teindre les peaux de béliers en rouge ?

 On obtient les peaux en tuant les animaux. À ce stade, nous nous rappelons qu’Abraham dut offrir son fils comme preuve de son obéissance absolue envers Dieu. Mais l’ange l’empêcha de passer à l’acte après avoir reconnu qu’Abraham s’était déclaré disposé à faire cette offrande, et il lui montra un bélier qui s’était fait prendre dans les branches d’un buisson par les cornes. Et au sujet du bélier, il est écrit qu’Abraham « l’offrit en holocauste à la place de son fils » (Genèse 22 : 12, 13). Le sang du bélier coula symboliquement illustrant le sacrifice de notre Seigneur, et nous avons déjà reconnu que selon les dispositions pour le sacrifice du jour de réconciliation symbolique, l’offrande d’un bélier avait une certaine importance. Ainsi, lors de la consécration de la sacrificature deux béliers furent sacrifiés, sachant que le bélier prévu pour l’holocauste préfigurait l’offrande des membres du corps de Christ pendant l’Âge de l’Évangile. Toutes ces dispositions doivent être interprétées symboliquement et elles aboutissent à une image correspondante plus grande.

 En résumé, nous pouvons dire que les quatre couleurs que nous trouvons dans la porte du parvis et dans les vêtements du sacrificateur expriment symboliquement quelque chose concernant notre Seigneur et son œuvre de rédemption, chaque couleur à sa façon.

 Dans le Cantique des Cantiques deux couleurs sont mises en relief, car il est écrit : « Mon bien-aimé est blanc et vermeil [en allemand est utilisé le mot « rouge »] ; Il se distingue entre dix mille. » (Cantique 5 : 10). Le blanc est la première couleur que nous avons mise en relation avec le byssus [le lin] comme couleur de base dans laquelle les autres couleurs ont été incluses, comme nous l’avons trouvé dans le vêtement du souverain sacrificateur. De même, les sacrificateurs d’un niveau moins élevé portaient une robe blanche en lin. Le byssus représente dans l’image que nous avons observée l’absence de tache, la pureté et la sainteté, ainsi que l’a déclaré l’apôtre Paul au sujet de notre Souverain Sacrificateur : « Il nous convenait, en effet, d’avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs. » – Hébreux 7 : 26.

 En tant que sacrificateurs d’un rang inférieur, il nous appartient aussi de garder notre robe de noce pure et de l’agrémenter en tissant tout bon motif. Tel est notre devoir de ce côté-ci du voile, et c’est ce que le Seigneur attend des futurs membres de son corps.

Que le Seigneur ouvre notre intelligence et nous donne la persévérance dans cette œuvre. Amen.

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 Note 1 : lin – fin lin

L’hébreu pichtah (en grec linon) peut désigner la plante (Exode 9 : 31) ou le tissu de lin (Lévitique 13 : 47 ; Deutéronome 22 : 11) – d’une façon générale l’étoffe des vêtements sacerdotaux, des turbans, des caleçons et des ceintures – Ézéchiel 44 : 17, 18.

L’hébreu bad paraît s’appliquer uniquement aux vêtements.

Le mot chech (blanc) est généralement traduit par fin lin. Joseph en est revêtu sur l’ordre de Pharaon (Genèse 41 : 42). On l’emploie souvent dans le tabernacle (Exode 26 : 1, 31, 36 ; 27 : 9, 16, 18). Il compose en partie le costume du souverain sacrificateur – Exode 28 : 4, 5, 39 ; 39 : 27-29.

Une autre expression hébraïque bouts (grec bussos) a donné byssus dans certaines traductions. (Segond, Darby, Crampon).

On se demande si l’une ou l’autre des expressions ci-dessus ne désigne pas aussi le coton fin. Bien des siècles avant Jésus-Christ, le coton était cultivé en Égypte et on l’employait également pour envelopper les momies. Le « fil d’Égypte » était particulièrement renommé (Proverbes 7 : 16). On tressait le lin pour en faire des mèches pour les lampes ; c’est ainsi qu’Ésaïe 42 : 3 parle du « lin (traduit : mèche) qui brûle encore » (cf. de même Ésaïe 43 : 17 : « éteints comme un lin », c’est-à-dire comme une mèche). Il est probable que le linceul et les bandelettes enveloppant le corps du Christ étaient de lin (Marc 15 : 46), ainsi que le drap dont s’était recouvert le jeune homme de Marc 14 : 51 (Darby traduit ici le grec sindôn par : toile de fin lin). – [Extrait du dictionnaire Biblique].

Note 2 : byssus

Note tirée d’un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre :

Le Byssus (du grec bussos = lin fin) est un ensemble de fibres sécrétées par certains mollusques bivalves et qui leur permet d’adhérer au substrat. Ces fibres sont produites par une glande dite glande byssogène.

Note 3 : Mot référence Strong #8476 hébreu « tachash » (takh’-ash)

Traduit par dauphin en Exode 25 : 5, mais dont le sens n’a pas été entièrement élucidé.

Darby traduit par taisson, c.-à-d. blaireau (cf. aussi Ézéchiel 16 : 10, où ‘tachash’ a été traduit par « peaux teintes en bleu »). On a supposé que « tachash » est dérivé de l’arabe « touhas » : marsouin, ou de « toukhas » : dauphin. L’halicore hemprichii, appelé aussi dugong, est en effet commun dans la Mer Rouge. Sa peau peut très bien avoir servi à confectionner la couverture extérieure du tabernacle, ainsi que des sandales. Le dugong mesure de 3 m. à 3,50 m. de long. Il a la tête ronde, il est pourvu de mamelles et d’une nageoire caudale. Son dos est couleur d’ardoise et son ventre blanc. On croit que c’est l’un des animaux, sinon l’animal même qui suscita le mythe de la sirène (mi-femme, mi-poisson).

Fr. Lutz Ruthmann – Conférence de Vigy 2011

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