« CE QUE JE FAIS, TU NE LE COMPRENDS PAS MAINTENANT, MAIS TU LE COMPRENDRAS BIENTÔT. »

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Jean 13 : 7

Que signifie l’étrange comportement de Jésus ? Pourquoi cette incroyable humiliation, ce travail d’esclave devant ses disciples ? Lui, dont Jean-Baptiste disait : « Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers » (Luc 3 : 16). Jean-Baptiste avait-il exagéré ? Non, l’Évangéliste Jean précise dans son récit : « Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. » – Jean 13 : 2-4.

Il insiste sur le fait que Jésus agissait en étant parfaitement conscient de son rang. Il souligne encore plus la différence entre son ministère et servir : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » (Jean 13 : 12-15). Autrement dit, vous devez vous servir les uns les autres, sans tenir compte de la place que vous aimeriez avoir devant les hommes. C’est aussi ce que dit Paul : « Rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » – Philippiens 2 : 2-4.

« Ayant un même sentiment », ce sont des paroles souvent citées. Cela est-il aussi évident ? Celui qui est élevé parmi nous doit-il servir le faible, les différences sont-elles sans importance ?

Jésus veut-Il dire que, parmi les chrétiens, la maîtresse de maison doit servir la domestique, le maître l’apprenti, le supérieur le subordonné ? Les soldats doivent-ils commander l’officier, les élèves leur professeur, les enfants leurs parents ? Pourquoi pas ? La différence est encore plus grande entre Jésus, à qui « le Père avait remis toutes choses entre ses mains » (Jean 13 : 3) et ses disciples. Cela remettrait en question toutes les règles de vie.

Il est donc nécessaire de poser la question : Que veut dire Jésus, et que ne veut-Il pas dire ? Que signifie : « Regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes » ? Nos frères sont-ils si estimables, ont-ils une personnalité si remarquable que je ne peux les considérer qu’avec un grand respect ? N’ont-ils pas tous des défauts, des imperfections, des faiblesses que nous pouvons remarquer lors de nos rencontres, parfois bien malgré nous ? Ne devons-nous pas ignorer volontairement ces imperfections ? Devons-nous ignorer les différences ? Ne sont-elles pas importantes ? La différence entre l’homme charmant et l’homme disgracieux, entre celui qui est spirituel et celui qui est faible, etc. ?

Dieu prend-il en considération ces différences ? Nous ne croyons pas qu’elles Lui soient indifférentes, et pourtant Il n’y attache pas d’importance particulière. Les différences qualitatives sont annulées : en effet, tous ont péché.

« Il n’y a point de juste, pas même un seul ; nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu. » (Romains 3 : 10, 11). « Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien. L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. » – Psaume 14 : 1-3.

De ce point de vue, tous les hommes sont égaux devant Dieu. Les différences auxquelles le monde attache de l’importance, sont aléatoires ; l’égalité est un principe.

L’homme a besoin de Dieu.

Pourquoi Dieu peut-Il actuellement passer outre les différences entre les hommes, et mettre sur « le même plan » les bons et les mauvais, les bien élevés et les frustes, les sensés et les naïfs ? Parce que Dieu ne considère pas l’homme tel qu’il est maintenant, mais comme celui qu’il deviendra entre ses mains !

Ainsi, certains enfants ont l’air de petits anges : purs, innocents, naïfs, sincères, obéissants et aimables ; comme notre Seigneur les aimait, disant : « Soyez comme des enfants ». Mais si nous rencontrons cet enfant vingt ans plus tard, il est possible que nous ne le reconnaissions plus ; il est peut-être devenu vulgaire, orgueilleux, aveuglé. Ce n’est pas toujours le cas ; mais c’est le modèle du péché qui règne chez l’homme déchu, et il devient rarement meilleur avec l’âge, tout au plus résigné, mais aussi affaibli, et souvent mentalement usé et vide.

Tout le monde, sans exception, est imparfait. Force est de constater que tous sont pécheurs. Malgré tout, Dieu aime les hommes. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » – Jean 3 : 16.

Qu’est-ce que Dieu peut donc faire des hommes ? Pour quoi en a-t-Il besoin ? Il n’a pas besoin d’eux, au contraire, c’est l’homme qui a besoin de Dieu. Sans Lui, il descend dans la tombe comme un misérable. Dieu sait cela et a pitié des hommes. Son amour est comparable à celui d’une mère pour son enfant, qui serait perdu sans sa présence ; elle sait, en l’élevant convenablement, que cet enfant peut devenir quelqu’un, elle sait aussi qu’elle peut le rendre heureux.

Dieu fait de même. Son amour est un amour compatissant. Il sait qu’il fera de cette humanité déchue, des êtres sains, purs et heureux, une humanité précieuse et supérieure. C’est pourquoi Il ne fait pas de différence entre les hommes, car dans son royaume, entre ses mains, ceux qui le souhaiteront, deviendront meilleurs. Ils pourront tous atteindre le niveau le plus élevé, celui de la perfection ; avec l’esprit de Dieu ils deviendront tous bons.

En tant que pécheurs, les hommes sont aussi tous égaux. Dieu ne voit actuellement que des « pécheurs » et des personnes « justifiées par la foi ». Ces dernières suscitent plus de joie au ciel que les milliers d’anges justes. L’Éternel s’en réjouit, comme un père au retour du « fils perdu (ou prodigue) » (Luc 15 : 11-32) ; c’est pourquoi Jésus dit à propos des croyants : « Le Père lui-même vous aime » – Jean 16 : 27.

Selon Jésus, nous devrions considérer les frères comme Dieu voit les hommes ; non pas d’après les apparences humaines, mais d’après ce qu’ils peuvent devenir entre les mains divines. Théoriquement, un frère est un homme parfait ; ses péchés et ses manquements sont définitivement lavés. C’est un enfant de Dieu. Encore plus qu’Adam avant sa chute. Si nous voyons le frère de cette façon, nous le servirons avec respect – comme un vase d’honneur. Le Seigneur Lui-même n’a pas dédaigné de laver les pieds de ses disciples, en considérant ce que Dieu fera d’eux, dans la mesure où ils sont sincères.

Mais pourquoi dois-je regarder le frère comme étant au-dessus de moi-même ? Ne serait-il pas plus juste de dire : le regarder comme étant aussi élevé que moi ? Non, car j’honore ce qu’il deviendra, et non ce qui est héréditaire en lui. Je le considère en tant que Nouvelle Créature, et pour son futur perfectionnement, pour la gloire que Dieu lui offrira. L’instabilité humaine, la faiblesse, n’entrent pas en ligne de compte.

Il ne m’appartient donc pas de considérer ma possible élévation dans le futur, ni de m’attribuer la moindre part de l’honneur promis. L’humilité, et une juste position vis-à-vis de Dieu, me l’interdisent totalement.

Mais il est permis de voir le frère comme un être ayant des possibilités inépuisables, même dans sa modeste enveloppe terrestre, de le considérer dans une certaine mesure avec les yeux de Dieu, et de cette façon nous honorons Dieu. Mais ne nous regardons pas nous-mêmes ainsi, car nous risquons d’anticiper orgueilleusement le jugement de Dieu. « Je ne me juge pas non plus moi-même… Celui qui me juge, c’est le Seigneur. » – 1 Corinthiens 4 : 3, 4.

Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché (1 Jean 1 : 7).

Le fait que Jésus lava les pieds de ses disciples nous apprend encore d’autres choses. Nous nous souvenons que Pierre refusa ce service du Seigneur : « Jamais tu ne me laveras les pieds » ! Jésus répondit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » (Jean 13 : 8). C’est-à-dire : tu ne m’appartiens pas. Nous voyons que le service du Seigneur à ses disciples évoque la purification par son sang. C’est le principe de purification, auquel doit se plier celui qui désire être membre du corps de Christ ; il permet la rémission de nos péchés. Nous sommes lavés et purs dans le Seigneur. Notre conscience est libre dans la justice que Jésus a obtenue par son sacrifice.

Pourtant, il nous est impossible de vivre dans ce monde, sans que notre conscience reste pure, sans qu’elle ne commette une faute contre la volonté et l’esprit de Dieu. Nous avons toujours besoin que le Seigneur, notre Porte-parole, nous lave les pieds. Autrement dit, notre conscience doit toujours rester sur le qui-vive, pour que chaque fois qu’il est nécessaire, elle retrouve un repos parfait par la foi dans le sang qui purifie. C’est ce qu’explique l’apôtre, disant : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » – 1 Jean 1 : 8, 9.

Comparons les paroles suivantes : « Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. » – 1 Jean 1 : 7.

« Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous. » – 1 Jean 1 : 10.

Notre vie dans le Seigneur ne consiste pas seulement à vouloir éviter le péché ; ce serait négatif, une sorte d’illusion. Même si nous pratiquons le bien et la vérité, cela n’empêche pas de commettre des fautes. Jésus ne nous demande pas des efforts hypocrites pour rester purs. Nous rencontrons des conflits dans le monde ; ici-bas, nous sommes en lutte avec la chair, le monde et le diable, c’est ici notre école.

L’important est de laisser parler notre conscience, de ne pas étouffer ses reproches ; et jour après jour de nous faire laver les pieds, contraints de fouler le sol poussiéreux et sale. C’est ce qui nous maintient dans l’humilité face à Dieu et dans une certaine insécurité, plus salutaire et rassurante qu’une arrogante et illusoire perfection.

En tant que chrétiens, nous ne devons pas nous considérer comme meilleurs que les autres hommes. Le désir de nous faire laver les pieds doit toujours rester vivant en nous.

Le Seigneur montre ici, l’attitude que nous devons avoir dans la foi. Ce n’est pas le plus important de littéralement laver les pieds des frères, mais c’est selon la foi que nous devons les connaître, comme Dieu les voit et comme Jésus voyait ses disciples, et non selon la chair. Nous ne devrions pas juger superficiellement les frères et sœurs, mais préférer honorer leur haute signification spirituelle, savoir qu’ils sont des instruments dans les mains de Dieu, indépendants de leur personnalité actuelle.

Pierre refuse d’être servi par le Seigneur. « Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! » (Jean 13 : 6). En réalité, il voulait dire : Seigneur, c’est moi qui devrais te laver les pieds ! Mais le Seigneur réplique : « Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. » – verset 7.

Cela est vrai pour d’autres choses que le Seigneur a accomplies. Nous ne les comprenons que plus tard, après avoir traversé de nombreuses épreuves. Et nous comprendrons la Parole de Dieu, quand le Maître, à nouveau parmi nous, se mettra à table avec nous selon sa promesse : « Je vous le dis, je ne la [Pâque] mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » (Luc 22 : 16). « En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. » – Jean 16 : 23.

À ce moment-là, Pierre ne peut pas servir le Seigneur, il n’a rien à Lui offrir. Mais s’il est lavé – par le sang de Christ – il pourra Le servir. Si nous sommes lavés, nous avons quelque chose à donner ; le Seigneur nous a donné la vie : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle. » (Jean 6 : 54). Mais nous n’avons droit à cette vie, que si nous ensevelissons la nôtre dans la mort en Christ par le baptême. « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. » – Romains 6 : 4.

En marchant par la foi, nous aspirons à la résurrection : nous avons le pardon du péché, la purification de l’imperfection, nous obtiendrons la vie éternelle en sacrifiant nos droits à la vie terrestre, pour avoir part à la gloire de la première résurrection.

C’est une réalité, qu’on ne peut saisir que par la foi. Nous sommes transposés dans les lieux célestes par la foi, c’est-à-dire que nous sommes capables d’apprécier notre vie du point de vue divin. Nous voyons que toutes choses prennent une autre dimension en Christ : nous sommes considérés comme « morts » selon la chair, notre mort naturelle est une « mort en Christ », parce que la vie nous est imputée par la foi ; nous avons donné notre vie par le baptême dans la mort en Christ, et ceci est compté comme un sacrifice, car nous ne profitons pas de la vie éternelle qui nous a été accordée, nous mourrons comme les autres hommes. Mais cette mort est comptée comme une participation volontaire au sacrifice de Christ, car notre baptême en Christ par la foi est volontaire. Nous l’avons reçue par la grâce, mais nous ne l’utilisons pas, nous la déposons entre les mains de Dieu, qui nous la rendra au niveau spirituel. C’est ainsi que nous sommes devenus participants de Christ – Hébreux 3 : 14.

Toute chose nous a été donnée : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4 : 7). L’appel à marcher sur le chemin étroit, où nous déposons la vie que nous avons reçue, la participation à la mort de Jésus, sont des grâces.

Si le Seigneur souhaite nous « laver les pieds », s’Il s’approche de nous, pour nous faire participer à son sacrifice, à son royaume comme cohéritiers, y a-t-il une plus grande grâce possible ? Nous remercions le Père céleste de nous avoir tendu la main et de nous permettre de la saisir.

TA Mars-Avril 1998

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