« CE SERONT DES PLUIES DE BÉNÉDICTION »

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« On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas, dans toute ma sainte montagne [royaume] » — Esaïe 11 :8

Habitué à être mal gouverné et mal administré, comme l’a été l’humanité tout entière, Israël avait besoin de s’entendre assurer que le Royaume du Messie, — quand Dieu l’établirait sur la terre — n’aurait pas seulement de bons motifs et de bonnes intentions, mais qu’il posséderait aussi un pouvoir supérieur de connaissance et de jugement. C’est là ce que le Prophète Esaïe a fait ressortir. Le nouveau Roi n’aura pas besoin de recourir aux moyens usuels d’information pour accorder Ses bénédictions et pour dispenser des blâmes et des châtiments, car Il possédera une faculté naturelle surhumaine au moyen de laquelle Il pourra scruter les pensées et intentions mêmes du cœur. Il ne jugera pas d’après les apparences et ne rendra point d’arrêt sur un simple ouï-dire, comme sont forcés de le faire tous les gouvernants terrestres, si bien intentionnés soient-ils. — Esaïe 11 :3, 4.

Il fallait également faire savoir à Israël et à tous les autres peuples que le Royaume de Dieu qui doit être établi sera absolument juste et impartial ; car l’expérience leur avait démontré que même les plus sages et les meilleurs de leurs gouvernants, de leurs législateurs, de leurs juges, etc., s’étaient laissés diriger dans une large mesure par l’égoïsme. Les grands de ce monde ont amassé des richesses aux dépens de leurs sujets; ils ont enrichi leur amis intimes et leur ont octroyé des privilèges spéciaux, bien des fois aux dépens des pauvres, de ceux qui sont sans appui, des méprisés. A cause de cela, l’Eternel, par la bouche du Prophète, nous donne l’assurance que le nouveau Roi de la terre pratiquera l’équité envers tous; que les débonnaires, les personnes arriérées, les gens modestes et sans prétentions, ceux qui sont peu disposés à faire accepter leurs revendications et à faire valoir leurs droits, auront Son assistance particulière; et que les pauvres qui n’ont pour ainsi dire personne pour sympathiser avec eux, pour les ncourager ou pour les aider, trouveront dans le nouveau Roi un Ami.

Le Millenium ne sera pas le résultat du progrès

Ceux qui s’attendent à ce que le Royaume millénaire vienne comme résultat des efforts actuels, dans l’organisation sociale en vigueur, et qui croient que le monde parviendra graduellement au Millénium grâce à un processus évolutif, devraient méditer avec soin ce que l’Eternel dit par le Prophète dans le texte que nous étudions et dans son contexte. Selon la déclaration du Prophète, quand Il prendra les rênes du gouvernement, le Messie jugera d’abord les pauvres avec justice et reprendra les riches avec droiture dans l’intérêt des débonnaires de la terre. Comment cela serait-il possible, si l’équité était déjà devenue tellement générale grâce à un processus graduel qu’il n’y eût plus de pauvre ni de riche et que tous fussent devenus débonnaires ?

D’autres passages des Ecritures, confirmant ce témoignage du Prophète Esaïe, montrent que l’œuvre même que notre Seigneur aura à accomplir au commencement de Son règne, consistera à redresser les injustices qui prévaudront alors. Notre Seigneur lui-même donne à entendre que la terre sera loin d’être un séjour de bénédiction, lorsqu’Il posa la question « Quand le Fils de l’Homme viendra, trouvera-t-il la Foi sur la ter­re ? »(Luc 18: 8). L’auteur de l’Apocalypse ne donne pas non plus à ce sujet un témoignage sur lequel on pourrait avoir de l’incertitude : « Le septième ange sonna de la trompette; de grandes voix se firent entendre dans le ciel; elles disaient: L’empire du monde appartient désormais à notre Seigneur et à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles… Les nations s’étaient irritées; mais ton courroux s’est manifesté ! le moment est arrivé de juger les morts de donner leur, récompense à tes serviteurs, les prophètes, aux saints, à ceux qui craignent ton nom, aux petits et aux grands, et d’exterminer ceux qui détruisent la terre ». —Apocalypse 11 : 15-18, Syn.

Uniformité et harmonie de la Bible

Nombreux sont les passages de l’Ecriture qui ont la même signification. La Bible, d’un bout à l’autre, est harmonieuse et ne se contredit pas. Le temps actuel, où le péché prévaut, y est désigné comme le « présent monde mauvais » dans lequel «le prince de ce monde » règne et où le vrai peuple du Seigneur, le corps de Christ, les héritiers du Royaume « souffrent la violence ». Il y est déclaré que cette violence produit chez ceux qui sont correctement exercés par elle un caractère qui plaira au Seigneur. Les Ecritures nous montrent que c’est aux saints et fidèles qui souffrent maintenant que sera accordé, en cohéritage avec le Messie, ce nouveau Royaume glorieux. Ainsi que l’ange l’a déclaré à Daniel le Prophète, la domination et la souveraineté « sous tous les cieux » leur seront données (Daniel 7 : 27). Cette domination, Jéhovah l’arrachera de force au « prince de ce monde », Satan, et la donnera à Son Fils qui, en tant qu’Epoux, y fera participer son épouse, l’Eglise. Ce transfert s’accomplira dans un grand temps de détresse qui doit mettre un terme au monde présent, à l’ordre social actuel.

Dans le contexte, le Prophète poursuit en ces termes : « il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant ». Il est donc très évident qu’au temps où le Royaume sera établi, non seulement il y aura des pauvres ayant besoin d’assistance et de secours, mais il y aura aussi des méchants. La verge de la bouche du Messie désigne les jugements qu’Il a déjà prononcés et auxquels la Chrétienté, dans une très large mesure, n’a pas prêté attention. Nous nous rappelons Sa déclaration : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a qui le juge; la parole que j’ai dite, celle-là le jugera au dernier jour. » (Jean 12: 48) — au jour du jugement maintenant arrivé depuis 1874. La Chrétienté en général a admis la droiture de la Parole du Seigneur, mais il est étonnant de constater combien ceux d’entre elle, qui s’efforcent de vivre en accord avec cette Parole, sont peu nombreux. Par conséquent, lorsque le temps viendra où le Seigneur emploiera « le droit comme cordeau et la justice comme fil à plomb », et où ce jugement commencera par la maison nominale de Dieu, les systèmes qui ne sont de Dieu que de nom tomberont, étant condamnés par cette Parole.

Seuls le petit nombre de fidèles, les joyaux de l’Eternel, seront « estimés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver », lorsque, comme il est décrit ailleurs, « Il [Le Seigneur] leur parlera [au monde] dans sa colère, et, dans sa fureur, Ils les épouvantera » — lorsqu’Il rendra vengeance à ses adversaires et la rétribution à ceux qui, bien qu’ayant connu la volonté du Maître, ne l’ont pas accomplie. « A moi la vengeance, moi je rendrai, dit le Seigneur ». « C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Eternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie. Car alors, je changerai la langue des peuples en une langue [message] purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel pour le servir d’un seul cœur ». (Sopho­nie 3 : 8, 9). « La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, la ceinture de ses flancs ». (Esaïe 11 : 5). La ceinture représente la diligence, le service ; et ce qui est proclamé ici, c’est que le Messie sera un serviteur de Dieu fidèle, diligent, qui accomplira toute l’œuvre confiée à Ses soins.

Grands changements dans la création animale.

L’allusion dans le 11ème chapitre de la prophétie d’Esaïe au changement d’humeur chez les animaux de telle manière que le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le veau et le lion , habiteront ensemble, concorde parfaitement avec le tableau général que nous présentent les Ecritures des « temps de rétablissement de toutes choses ». Non seulement l’humanité doit être restaurée, rétablie dans sa condition première de perfection humaine et de communion avec son Créateur, mais les animaux inférieurs auront également part à la bénédiction et au rétablissement de l’ordre qui sera accompli par le règne de Christ, maintenant très proche, croyons-nous.

Dans le récit de la Genèse, rien n’indique que les animaux, sur lesquels dominait Adam, étaient sauvages, vicieux ou en inimitié avec l’homme. Au contraire, il laisse entendre qu’ils étaient entièrement soumis à leur maître parfait. Il est raisonnable de supposer que la race humaine, alors qu’elle perdait de plus en plus, sous l’influence consumante de la sentence de mort prononcée contre l’homme, cette ressemblance de Dieu à laquelle le premier homme avait été créé, perdait en même temps le pouvoir de domination sur les animaux inférieurs.

On trouve encore trace, quoique à un degré bien réduit, du pouvoir que possédait Adam parfait, dans l’habileté supérieure avec laquelle certains individus de notre race déchue savent dompter les animaux. Ainsi, l’on rencontre des hommes capables d’exercer une force mentale et une autorité, non seulement sur des chevaux sauvages, mais aussi sur des bêtes féroces de la jungle. L’Eternel avait donné à Adam la royauté sur la terre, et à ce titre tous les ordres inférieurs de la création lui furent assujettis. Lorsque l’humanité eut perdu cette force psychique qui lui permettait à l’origine de dominer sur les animaux, la guerre ne tarda pas à éclater entre eux, contraignant l’homme à employer la force contre la force, à mesure qu’il perdait son influence sur la création animale.

Le rétablissement de l’humanité dans sa dignité première perdue par le péché implique donc naturellement le rétablissement de la bête dans son état d’assujettissement primitif, comme l’indique la prophétie que nous étudions. La même pensée est exprimée dans la déclaration suivante : « Un petit enfant les conduira », c’est-à-dire qu’il gouvernera les bêtes sauvages quand celles-ci auront été amenées à vivre en rapports normaux avec les humains. Dans le chapitre 65 : 25 de la prophétie d’Esaïe, il est spécifié qu’au cours de l’âge millénaire « « le loup et l’agneau paîtront ensemble ». Ce peut être une allusion à des hommes de tempérament ou de caractère autrefois semblable à celui du loup ou de l’agneau; cela peut s’appliquer aux animaux, ou aux uns et aux autres à la fois. Dans un cas comme dans l’autre, cette expression signifie un règne de paix et de bénédiction. Le Prophète continue : « Le lion mangera de la paille comme le bœuf; et la poussière sera la nourriture du serpent ». S’il s’agit de lions au sens littéral, cela impliquerait qu’ils perdront leurs dispositions carnivores et qu’ils subiront une transformation qui fera d’eux des herbivores, comme l’étaient les animaux créés à l’origine (Genèse 1: 30). Cela donne à entendre que les animaux ne se dévoreront plus alors les uns les autres.

Les mots « La poussière sera la nourriture du serpent » rappellent la déclaration du Psaume 72 : 9 concernant l’empire futur du Messie, selon laquelle « Ses ennemis lécheront la poussière ». Cette déclaration s’applique à la destruction du serpent, autrement dit du grand adversaire, Satan, dont il est le symbole. « On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas sur toute ma montagne [royaume] sainte, dit l’Eternel ».

Aurore d’espérance pour le monde.

La naissance de la véritable Sion, de l’Eglise de Christ, sera un sujet d’allégresse parmi tous ceux qui aiment vraiment la justice; car, bien quelle doive tout d’abord mettre en pièces toutes leurs espérances longuement caressées, elle marquera l’aurore d’une espérance certaine pour tous les humains. Elle abaissera leur orgueil, et les dépouillera de tous leurs biens auxquels ils tiennent tant et de ce qu’ils ont fini par considérer comme leurs droits. Elle renversera leurs institutions civiles, sociales et religieuses dont ils sont fiers, et causera la destruction complète de l’ordre social actuel. Et pourtant ce sera le prélude nécessaire à l’établissement du grand Ordre Nouveau qui deviendra « l’objet du désir de toutes les nations », aussitôt que celles-ci verront combien ce nouvel ordre de choses sera supérieur à l’an­cien.

Deux classes nées de Sion.

En décrivant la naissance de l’«Enfant mâle», c’est-à-dire du Christ, dont la tête naquit il y a plus de dix-huit siècles et dont le corps doit maintenant bientôt être né, le Prophète Esaïe s’écrie (Chapitre 66 : 7, 8) : « Avant qu’elle ait été en travail, elle a enfanté; avant que les douleurs lui soient venues, elle a donné le jour à un [enfant] mâle. Qui a entendu une chose pareille ? Qui a vu de telles choses ? Fera-t-on qu’un pays enfante en un seul jour ? Une nation naîtra-t-elle en une fois ? Car aussitôt que Sion a été en travail, elle a enfanté ses fils ». Le fait particulièrement merveilleux, dans ce que le Prophète rapporte ici, c’est qu’un « enfant mâle » doit naître de Sion avant que celle-ci soit en travail. Allusion frappante au fait, clairement enseigné ailleurs, que le « blé » mûr de l’Eglise de l’Evangile doit être séparé du blé non mûri et de l’« ivraie » à la fin de cet âge, et que les membres de cette Eglise doivent être élevés et glorifiés avant que vienne la détresse ardente et consumante.

Cet enfant mâle est, par conséquent, le petit troupeau, le Corps de Christ, la Sion véritable. De la Sion nominale sortira cette classe de prémices, avant que le système nominal soit renversé; car la Sion nominale mourra dans ses douleurs d’enfantement, et, en mourant, elle donnera naissance à ses autres enfants, plus tardifs, c’est-à-dire à la grande multitude. En ce grand jour du Seigneur, la Sion nominale enfantera l’enfant mâle et ses autres enfants.

« Amènerais-je jusqu’au moment de l’enfantement, et je ne ferais pas enfanter ? dit l’Eternel. Moi, qui fais enfanter, je fermerais [la matrice] ? dit ton Dieu ». (Verset 9). Ah non ! Aussi sûrement que la Tête est née, le Corps naîtra aussi. La naissance sera certainement achevée. Le grand composé qu’est Christ sortira entièrement, sans qu’un seul membre ne manque, — et cela avant que le travail d’accouchement de Sion n’ait commencé. Mais «qui a entendu une chose pareille ? Qui a vu de telles choses ? » Et ainsi, après qu’il ait accouché de l’enfant mâle, le système, qui fait ici office de mère, donnera naissance à une grande multitude d’enfants, quand les douleurs de l’enfantement le saisiront Cette grande multitude est présentée dans l’Apocalypse sous l’aspect de ceux qui viennent de « la grande tribulation », qui lavent leurs robes tachées et souillées et les blanchissent « dans le sang de l’Agneau ».

A la suite de la naissance de ces deux classes du Peuple de l’Eternel, viendra la naissance ou résurrection du peuple juif. Tout cela arrivera aux premières lueurs de l’aurore du jour de Christ. Oh ! Quelle réjouissance il y aura La Sion charnelle et la Sion spirituelle se réjouiront ensemble. Alors, aussitôt après, le pauvre monde éprouvé commencera à joindre sa voix aux chœurs de louanges en l’honneur du Dieu de toute grâce. Quels magnifiques temps avons-nous tout près devant nous. Quoique des nuages et des ténèbres cachent encore pour une courte durée les brillants rayons de l’aurore bénie du Millénium, le glorieux « Soleil de Justice » se lèvera resplendissant, et ses rayons se répandront rapidement sur toute la terre, dissipant les ténèbres du péché, dispersant les brumes de l’erreur et de la superstition et amenant le monde à la clarté de la connaissance de la gloire de Dieu.

Le rétablissement n’est pas un changement de nature.

Tous les témoignages des Ecritures concernant les bénédictions à venir sur le monde dans l’âge prochain, indiquent qu’elles seront toutes des bénédictions terrestres. Quand les Ecritures déclarent que même la création animale changera dans le tempérament, il faut y voir une promesse qu’en ce jour de bénédiction là, il n’y aura plus d’antagonisme ni d’inimitié entre l’humanité et les créatures de Dieu d’ordre inférieur, mais que partout régnera la paix et l’harmonie. Il n’y aurait aucune nécessité de changer le tempérament des animaux, de les assujettir à l’homme, si tous les membres de la race humaine devaient être changés en êtres spirituels et devenir semblables aux anges. Beaucoup de prophéties nous disent qu’aux temps du rétablissement les hommes seront des êtres humains, adaptés à la terre et jouissant des bénédictions de la terre. Il est dit qu’« ils s’assiéront chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne qui les effraye ». (Michée 4 : 4). « Ils bâtiront des maisons et les habiteront, … ils ne bâtiront pas pour qu’un autre habite; … et mes élus useront [eux-mêmes] l’ouvrage de leurs mains ». .— Esaïe 65 : 21-25.

Ces promesses pour le monde en général ne s’appliquent nullement à la classe choisie du milieu du monde durant cet âge de l’Evangile. Les promesses faites aux membres de celle-ci sont toutes spirituelles. Ils doivent devenir semblables à Christ, car ils Le verront « comme il est » (1 Jean 3 : 2) Ils sont appelés à partager Sa gloire. Comme ils ont « porté l’image de celui qui est poussière » (terrestre), ils porteront « aussi l’image du céleste » (1 Cor. 15 : 49). Ils ont la promesse d’une part dans la résurrection de Christ — la première résurrection. Ils doivent régner comme rois et prêtres dans un Royaume que des êtres terrestres ne peuvent hériter. « La chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et la corruption n’hérite point l’incorruptibilité ». (1 Corinthiens 15 : 50. Syn.). Ils ont été appelés d’un appel céleste. Ils ne sont pas du monde, comme leur Seigneur et Chef n’est pas du monde. — Jean 17 16.

Pourquoi beaucoup ne comprennent-ils pas la Parole de Dieu ?

Si beaucoup éprouvent des difficultés à comprendre ces distinctions, c’est parce qu’ils n’arrivent pas à scinder les Ecritures comme il convient et comme St. Paul le conseille à Timothée, disant: «Etudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement [littéral, découpant droit. — Note Darby] la parole de la vérité». (2 Timothée 2 :15). En procédant ainsi, ils seraient capables de discerner que le Royaume de Dieu, en soi-même, se compose seulement de notre Seigneur Jésus et de Son « petit troupeau » de vainqueurs, à qui il dit : « Il a plu à votre Père de vous donner le royaume ». (Luc 12 : 32). Ceux-là doivent constituer la classe régnante, ainsi que l’indiquent de nombreux passages de l’Ecriture. Quant aux humains, ils seront d’abord les sujets de ce Royaume; par la suite, ils en deviendront citoyens ou membres, s’ils se mettent en harmonie avec ses lois et ses règlements et en état de réconciliation avec Dieu, en devenant les enfants de Christ qui sera le Père du monde pendant l’âge de médiation. Ce sera Lui qui ramènera tous les membres de la race d’Adam — aussi bien ceux qui ont encore une mesure de vie que ceux qui sont descendus dans la tombe —de l’état de mort à la perfection de la vie, s’ils se montrent alors de bonne volonté et obéissants. Autrement ils seront retranchés dans la seconde mort qui est la destruction éternelle.

Le Prophète Daniel, dans l’interprétation du­ songe de Nébucadnetsar au sujet de la grande Statue, montre que le Royaume de Dieu, lorsqu’il commencera à s’établir au début de l’âge millénaire ne sera d’abord qu’une petite pierre, « détachée sans le secours d’aucune main », mais qui deviendra une « grande montagne qui remplit toute la terre » (Daniel 2 : 31-45). Ce royaume de pierre est extrait de la carrière de la « terre » par l’Eternel. De dimensions d’abord insignifiantes, il ne parait pour le monde avoir aucune force. Mais dès qu’il sera établi en puissance, ce Royaume frappera la « grande statue » de l’empire terrestre et (dans le grand temps de détresse qui vient) la réduira en poussière que le vent emportera. Ce Royaume de pierre est la sainte montagne à laquelle il est fait allusion dans Esaïe 11 : 9. Une montagne, c’est le symbole employé dans les Ecritures pour désigner un royaume. Les collines semblent être le symbole de gouvernements terrestres de moindre importance. — Voyez Esaïe 2: 2; 40: 4; 51: 5; 59:18; Psaume 46: 2, 3; 97 : 5.

Il ne sera permis à personne d’user de violence ni de faire du tort dans toute l’étendue du saint Royaume de Dieu, après qu’il aura été établi. L’amour sera la loi, et le pouvoir divin sera le moyen qui fera appliquer rigoureusement cette loi. Tous ceux qui ne s’y conformeront pas seront «retranchés du milieu du peuple », ainsi que le Seigneur l’a déclaré par l’Apôtre Pierre (Actes 3: 23). Combien il est évident que ce Royaume n’est pas encore venu, quand nous voyons aujour­d’hui régner parmi les hommes l’égoïsme, du point de vue individuel comme du point de vue national, et s’exercer tant d’influences malfaisantes qui causent du tort et détruisent partout dans le monde. Aussi continuons-nous à prier : « Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite, comme dans le ciel, aussi sur la terre ». Et nous croyons que cette prière, depuis si longtemps adressée par les saints du Seigneur, va bientôt être exaucée.

Quand le Messie aura écrasé la puissance du mal, quand il aura renversé tous les grands systèmes d’erreurs et de vices et qu’il aura rendu au peuple la liberté, Il accomplira l’œuvre de bénédiction de l’humanité en répandant la connaissance du caractère de Jéhovah. L’Apôtre Paul nous assure également que c’est la volonté de Dieu que tous les hommes viennent à la connaissance de la vérité afin d’être sauvés. Il nous assure qu’il ne peut pas y avoir de salut sans connaissance. Nul ne sera jamais sauvé par l’ignorance. Jusqu’ici, il n’y a, comparativement aux millions qui sont sur terre, qu’un bien petit nombre qui soit parvenu à connaître Dieu suffisamment pour avoir une foi exercée en Lui et dans le grand sacrifice auquel Il a pourvu pour le monde entier.

La portée du Plan de salut.

Le fait qu’au cours de la vie présente un petit nombre seulement parvient à cette connaissance qui sauve, ne gêne en aucune manière le grand Plan divin, ni ne rend d’aucune utilité la mort de Christ soufferte pour le compte de la race entière d’Adam. L’Eternel nous donne l’assurance dans Sa Parole qu’au temps marqué la vraie lumière éclairera « tout homme venant dans le monde » (Jean 1 : 9). Il est question ici de tous les païens et de tous ceux d’esprit faible, qui n’ont pu saisir la vérité dans cette vie, de même que de tous les enfants qui sont morts avant d’avoir atteint l’âge où ils auraient pu connaître Dieu et Sa vérité en Christ. Il est question, dans cette expression, des morts aussi bien que des vivants. Car « il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés », que le nom de Jésus. Dieu a ainsi fait une ample provision pour tous.

Nous ne devons pas supposer non plus que la connaissance, qui doit devenir universelle pendant le règne du Messie, sera simplement une petite aspersion de connaissance, comme celle qui a été donnée en gouttes éparses jusqu’au temps présent à une infime minorité du monde. Le peuple du Seigneur a reçu les gouttes de grâce et de vérité, mais la mesure pour l’âge prochain sera abondante et générale. La connaissance de l’Eternel sera comme les profondeurs de l’océan — comme la plénitude de la mer. Des torrents de bénédictions descendront en abondance sur le monde. L’effet produit sera comme celui de « la pluie sur un pré fauché». (Ps. 72 : 6). Quand l’herbe est fraîchement coupée et que ses racines sont ainsi d’autant plus accessibles, avec quelle promptitude elle se montre sensible à l’ondée rafraîchissante, et avec quelle rapidité et avec quelle vigueur renouvelée elle se met à pousser. Il en sera de même des humains quand ils auront été débarrassés de tout ce qui les encombrait et qui empêchait les ondées de la grâce d’atteindre leurs cœurs. Avec quelle promptitude ils se montreront sensibles aux pluies rafraîchissantes et aux torrents de bénédictions tombant abondamment sur eux, et se redresseront dans la vie et la beauté à mesure qu’ils boiront les riches provisions de la grâce

W.T. 5573 — 1914.