CHERCHEZ PREMIÈREMENT LE ROYAUME

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« Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par‑dessus. » ‑ Matthieu 6 : 33 D.

Tous les étudiants de la Bible ont remarque combien fréquemment le Seigneur et les Apôtres se référaient au Royaume dans leur enseignement. Le message proclamé par Jean était : « Le royaume de Dieu s’est approché ». Lorsque Jésus envoya prêcher les douze Apôtres, Il leur donna pour mission de déclarer que le Royaume de Dieu était proche. Et plus tard, lorsqu’il envoya les soixante-dix autres disciples, ceux-ci avaient un message analogue à annoncer : « Le Royaume de Dieu est proche ». Remarquons que lorsque les disciples demandèrent au Seigneur de les apprendre à prier, l’un des principaux points de la prière qu’il leur apprit était : « Que ton règne vienne, Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Remarquons encore que presque toutes les paraboles de notre Seigneur, et de là presque tout son enseignement, avait trait au Royaume qui fut comparé à un filet, à un semeur dont une partie de la semence tomba dans de la bonne terre. en sorte qu’un grain en produisit trente, un autre soixante et un autre cent, à un champ dont le froment fut assemblé dans un grenier, à un marchand cherchant des perles et donnant tout ce qu’il possédait contre une perle de très grand prix, à dix vierges ‑ et ici la comparaison s’applique à la fin de notre Age ‑ dont cinq, c’est‑à‑dire les vierges sages, entrèrent « dans la salle des noces ».

Avec un certain étonnement, ces mêmes étudiants de la Bible remarquent que dans la théologie moderne, représentée par les collèges de la Chrétienté, l’on fait rarement mention du Royaume de Dieu. Lorsque parfois l’on demande des explications sur ce point en faisant observer que cet enseignement, si proéminent dans le Nouveau Testament, est si peu prêché du haut des chaires modernes, on obtient ordinairement la réponse suivante : « Oui, les pauvres Juifs pensaient que Dieu leur donnerait le Royaume ; ils croyaient que lorsque le Messie viendrait, Il les accepterait comme associés dans ce Royaume, les honorerait et se servirait d’eux comme de ses instruments pour bénir toutes les familles de la terre. En tout ceci, ces pauvres Juifs se trompaient évidemment, car notre Seigneur ne fit rien de la sorte pour eux. D’une manière que nous avoue peine à définir, nous devons supposer que l’église est ce Royaume actuellement, bien que nous comprenions difficilement comment lui appliquer ce nom. Cette réponse satisfait en général les chrétiens nominaux car ceux-ci n’en connaissent pas de meilleure; de plus, ils n’ont pas appris à raisonner sur des sujets théologiques. Peu de gens comprennent la Parole de Dieu.

Les bénédictions seront dispensées par la Postérité d’Abraham

Examinons l’autre côté de la question. Rappelons‑nous que dans les Ages de ténèbres il y eut une grande apostasie; presque tous les précieux enseignements de Jésus et des Apôtres furent alors ensevelis sous une masse de traditions humaines de superstitions et de « doctrines de démons » (1 Tim. 4 : 1). Dieu soit loué de ce que nous sortons graduellement de cette terrible obscurité ! Mais sur certains sujets beaucoup d’entre le peuple de Dieu sont encore, manifestement, loin d’être au clair ; ils sont loin d’apprécier les enseignements de notre Seigneur et de ses Apôtres. Essuyant de nos yeux la poussière des ténèbres du passé, examinons la Parole de Dieu sur le thème du Royaume.

Nous nous apercevons que les Juifs avaient comme mobile principal de leur système religieux et politique, la pensée qu’ils deviendraient les représentants de Dieu dans l’oeuvre de bénédiction du monde en général; ils pensaient que Dieu les avaient appelés les premiers, par avance sur les autres nations, pour se servir d’eux, sous la direction du Messie, comme d’une nation sainte afin de bénie le monde par leur entremise. Cette pensée se fondait sur la promesse suivante faite par Dieu au père Abraham : « En toi et en ta postérité, toutes le familles de la terre seront bénies ». En tant que postérité d’Abraham, ils s’attendaient à l’accomplissement de cette promesse et considéraient les diverses épreuves, difficultés, captivités, etc… auxquelles leur nation fut soumise, comme autant de leçons qui devaient les préparer à effectuer l’oeuvre de Dieu par la suite, lorsque le Messie serait venu et qu’il aurait établi Son Royaume.

Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Tes­tament, il n’y a rien qui contredise ce qui précède. Les Juifs pensaient juste. En accord avec cette pensée notre Seigneur, à Son premier avènement, limita Sa prédication à Israël ; à ses Apôtres Il donna cet ordre : « N’allez pas vers les païens, et n’entrez pas dans les villes des Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ». (Matt. 10 : 5, 6, Seg.) Bénédiction et privi­lège allèrent d’abord à cette nation. St Jean (l : 11, 12) nous dit clairement que notre Seigneur est venu chez les Siens, mais les Siens ne l’ont point reçu, à l’exception d’un reste ; l’Apôtre nous informe qu’à ce reste fut accordée une bénédiction spéciale, l’engendrement de l’Esprit, qui fit le ceux qui le composaient le nucleus, le commence­ment de l’Israël spirituel. Le restant de la nation Israélite, nous dit l’Apôtre, fut écarté et rendu aveugle pour un temps, jusqu’à ce qu’un nombre suffisant de membres soit trouvé parmi les Gentils pour compléter le nombre pré ordonné devant constituer l’Israël spirituel. Le rassemblement des Israélites spirituels du milieu de toute nation, de tout peuple, de toute tribu et de toute langue, et leur mise à l’épreuve sont l’oeuvre de l’Age de l’Evangile; et lorsque leur nombre aura été trouvé, sans qu’il en manque un seul, lorsqu’ils auront été éprouvés et rendus accomplis, cet Age se terminera et un nouvel Age commencera, le Millénium.

Le Royaume Millénaire

L’on remarquera donc qu’était en substance correcte l’idée centrale entretenue par les Juifs à propos du dessein Divin relatif à l’établissement d’un Royaume dans le monde en vue de la bénédiction de toutes les nations. L’embarras, c’est qu’il n’y avait pas assez de Juifs pour la constitution de la classe des « élus ». D’où cet Age de l’Evangile prévu par Dieu pour la recherche du nombre manquant. Mais l’idée du Royaume demeure; en effet, comme nous venons de le voir, le Seigneur et les Apôtres s’y référaient continuellement; Ils invitaient tous les fidèles à être « héritiers du Royaume ». De fait l’Eglise, en tant qu’Israël spirituel et que postérité spirituelle d’Abraham, a hérité de la principale bénédiction offerte par Dieu, à l’origine, à Abraham et à sa postérité. Cet Israël spirituel, composé des « véritables Israélites » des fidèles tirés de toutes les nations, doit constituer l’Epouse du Messie et en tant que telle participer avec Lui aux honneurs du Royaume et à l’oeuvre qui s’y effectuera ; cette oeuvre se trouve expressément mentionnée dans la promesse faite à Abraham : « En ta postérité toutes les familles de la terre seront bénies ». Afin qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet, notez soigneusement les arguments de l’Apôtre développés en Galates 3 et 4. Notez spécialement ces paroles : « Si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers (du Royaume et de son œuvre de bénédiction du monde) selon la promesse ». Gel. 3 ; 29, Seg.

Il n’est donc pas surprenant que notre Seigneur en appelât continuellement au Royaume. C’est sur ce thème que le Divin Plan en entier a été établi. Il faut que d’abord la classe du Royaume soit trouvée, sélectionnée, glorifiée et c’est ensuite que viendra le temps promis à la dispensation des bénédictions au monde, mais pas avant. Les bénédictions que le monde peut goûter actuellement, par l’intermédiaire de l’Eglise, ne sont qu’occasionnelles, Voilà la signification des diverses exhortations que nous donnent les Ecritures, telles, par exemple, les paroles suivantes de notre Seigneur : « Cherchez premièrement [principalement] le royaume de Dieu et sa justice » ; « Priez : Que Ton Règne vienne » ; « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » ; « Je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur » ; « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône » ; « Si nous souffrons [avec Lui] nous régnerons aussi avec Lui » ; etc.

Il existe d’autres pensées relatives au Royaume, mais nous n’aurons pas le temps d’en parler en cette occasion. Nous noterons simplement, en passant, le fait que les Ecritures exposent de la façon la plus claire que du point de vue Divin il existe deux semences d’Abraham ; toutes les deux doivent être bénies et utilisées pour transmettre les bénédictions Divines au monde en général. L’Israël spirituel est parvenu à occuper la place la plus élevée comme Semence d’Abraham, mais il existe toujours une promesse pour l’Israël naturel « Ce sera mon alliance avec eux, lorsque j’ôterai leurs péchés ». Il arrivera qu’« après ces jours-‑là » dit l’Eternel, « je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle ». Dieu leur fera miséricorde, Il ne se souviendra plus de leurs péchés et de leurs iniquités. « J’ôterai de leur corps le coeur de pierre, et je leur donnerai un coeur de chair. »

L’Apôtre nous dit quand ces paroles s’accompliront ; ce sera lorsque l’Israël spirituel aura été complété et que l’Israël naturel aura obtenu miséricorde par l’intermédiaire de l’Israël spirituel (Rom. 11 : 25‑32). En accord avec cette déclaration, l’Apôtre nous donne l’assurance que la promesse est assurée aux deux semences, à la fois à celle qui est selon l’Esprit et à celle qui est selon la chair (Rom. 4 : 16). L’Eternel fit distinctement allusion à ces deux semences lorsqu’Il déclara à Abraham : « Ta semence sera comme les étoiles du ciel [il s’agit ici de la classe spirituelle, céleste, de l’Eglise] et comme le sable qui est sur le bord de la mer [ici, il est question de la semence terrestre] » ; la faveur qui sera accordée à l’Israël naturel s’étendra graduellement, elle inclura en cette nation tous ceux d’entre la famille humaine qui aimeront la justice ; tous les rebelles à la Loi Divine seront par contre détruits, ils mourront de la Seconde Mort. Ps 67 :3, 4 ; 37 : 38.

Comment chercher la Royaume

Ayant maintenant présente à l’esprit la signification du Royaume, nous voyons que la véritable Eglise au temps présent est ce Royaume, mais sans pouvoir et sans gloire ‑ en voie de développement, au stade embryonnaire ‑ en cours de préparation pour les gloires qui seront révélées à l’avenir. Et nous saisissons la force de l’explication de l’Apôtre qui déclare que nous marchons par la foi et non par la vue et que le monde ne nous connaît pas. Le monde n’a pas conscience du dessein Divin ; il ne distingue pas ceux qui doivent hériter du salut. Aussi ne devons‑nous pas nous étonner si, ayant crucifié le Seigneur, il hait ceux qui possèdent l’Esprit du Seigneur ; les ténèbres haïssent la lumière. Il ne nous faut donc pas trouver surprenant que la persécution soit le lot de ceux que Dieu favorise en rapport avec ce Royaume et ses privilèges. De fait, ces expériences justement sont nécessaires en vue de notre développement et de notre préparation pour ce Royaume. Ainsi, par la foi, les héritiers du Royaume doivent comprendre que tout ce qui les touche est supervisé par Dieu ; ils doivent saisir que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu ‑ de ceux qui sont appelés selon Son dessein ‑, de la classe du Royaume (Rom. 8 : 28). Ceux qui ne marchent par la foi que sous la contrainte, ceux qui sont peu disposés à endurer les sévérités qu’endurent les bons soldats, ceux qui aiment le monde avec les louanges et les honneurs qu’il prodigue, ceux qui n’ont pas pour unique souci la recherche de ce qui vient d’En-‑haut, ceux‑là seront, pour ces raisons mêmes, séparés des fidèles, des véritables vainqueurs. Et c’est là la volonté de Dieu, car seuls ces derniers sont propres au Royaume.

Nous comprenons maintenant pourquoi le Seigneur déclara à propos de certains « Heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent », nous donnant à entendre par là qu’en son temps nombreux étaient ceux qui ne se trouvaient pas dans la condition voulue pour voir, entendre ou apprécier en un sens quelconque ce message, cette bénédiction du Royaume spirituel proclamé actuellement. Non seulement il en est ainsi aujourd’hui aussi mais, même pour ceux qui ont l’oreille et l’oeil de la compréhension ouverts au message Divin, qui possèdent la vision spirituelle du Royaume ainsi que des conditions et de l’appel qui lui sont attachés, il existe encore la nécessité, comme nous le dit notre texte, de rechercher le Royaume. Ce Royaume ne sera imposé à personne; il constitue un grand privilège, un grand honneur, et quiconque l’appréciera, l’obtiendra. Celui qui le cherche dans les conditions présentes trouvera, déclare le Maître, que le chemin qui y mène est étroit, difficile.

D’autres points d’attrait mis en contraste

Notre Seigneur, dans notre texte, ne s’adresse pas au monde, ni à des pécheurs, ni à des incroyants. La nation juive était une nation croyante, nominalement du moins, comme l’est d’ailleurs la Chrétienté. Toutefois, le message du Seigneur ne s’appliquait pas tout bonnement aux Israélites en général, mais seulement aux « véritables Israélites », à ceux qui avaient exprimé le désir de marcher sur Ses traces, en tant que disciples, afin de cohériter avec Lui dans Son Royaume. C’est à ceux‑là que le Seigneur parle et Il attire leur attention sur ce dont s’inquiète la majorité du genre humain : Que mangerons-nous ? Que boirons‑nous ? De quoi serons‑nous vêtus ?

Le Seigneur n’encourage pas Ses disciples, croyons‑le bien, à l’imprudence, à l’insouciance ; Il ne les incite pas à négliger de subvenir à leur vie au point de dépendre des autres pour leur nourriture et leur habillement, ou de vivre dans la nudité et dans la faim, Il est deux extrêmes en cette matière, et notre Maître discutait de celui qui cause le plus d’ennuis à Ses disciples. L’esprit du monde est un esprit d’égoïsme qui pousse les mieux doués de la terre vers des idéaux terrestres ; il les incite à vivre selon des modèles terrestres et à jouir des biens qu’offre le monde. Résumant cette matière, notre Seigneur déclare que la nourriture, la boisson, le vêtement sont des choses recherchées par les Gentils ; le monde entier court après ce que la terre offre de bon, mais les disciples du Seigneur doivent adopter une ligne de conduite différente. Considérant l’invitation à cohériter dans le Royaume de Dieu comme la faveur la plus grandiose que l’on puisse imaginer, ils doivent l’estimer à tel point que toutes les autres affaires, tous les autres idéaux qu’ils peuvent ambitionner doivent pâlir d’insignifiance à leurs yeux et être, comparativement, négligés. Aussi notre Seigneur nous conseille‑t‑Il « Recherchez premièrement [principalement comme de première, de principale importance] le royaume de Dieu et sa justice ; et toutes ces choses [la nourriture, le vêtement, etc.] vous seront données par‑dessus. »

Le Maître ne dit pas, notons‑le, que Ses disciples posséderont ces bonnes choses temporaires en aussi grandes quantités que les autres. En un endroit, Il déclare « Votre Père sait de quoi vous avez besoin. » Ces paroles impliquent qu’à ceux qui ont entièrement remis leurs affaires entre les mains du Seigneur par une consécration de tous leurs biens, de tous leurs talents, et qui s’efforcent de plaire à Dieu et d’obtenir en héritage le Royaume promis, à ceux‑là Dieu accordera les bonnes choses terrestres selon Sa sagesse; Il leur donnera ce qui apportera la plus grande mesure de bénédictions à la Nouvelle Créature qu’ils sont maintenant ; Il leur donnera ce qui les préparera et les assistera le mieux pour leur assurer une part dans le Royaume. Ceux‑là ne choisiraient pas de leur plein gré celles d’entre les choses terrestres qui les empêcheraient de parvenir au premier but de leur vie, à leur principal désir, Aussi devraient‑ils se réjouir de ce que cette matière est totalement enlevée de leurs mains et remise entièrement entre les mains du Seigneur. Il leur appartient de se réjouir que leurs affaires soient ordonnées plus sagement et plus avantageusement que si elles se trouvaient sous leur contrôle personnel. Ils ont tout lieu d’adresser avec joie cette prière à l’Eternel, pour tout ce qui a trait à leur vie : « Que Ta volonté soit faite. » Appréciant ainsi leur position, agissant et priant de cette manière, ils peuvent se réjouir même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit l’expérience, la patience, l’espérance et qu’elle ne les rendra pas honteux ; Dieu s’en servira comme moyen pour les corriger et les polir en vue d’une place dans le Royaume. Rom. 5 : 3‑5.

Recherchez Sa Justice

Il ne suffit pas aux Elus de Dieu de rechercher le Royaume. Leurs efforts pourraient être empreints d’une dose d’égoïsme en raison de la gloire et de l’honneur attachés à ce Royaume. C’est pourquoi le Seigneur stipule que nous devons rechercher non seulement le Royaume, mais aussi sa justice, la justice que ce Royaume apportera, celle que Dieu approuve. Ah, c’est là une sérieuse affaire ! Tous ceux qui seront estimés dignes d’occuper une place dans le Royaume devront parvenir à l’amour parfait envers Dieu et envers les hommes. C’est la règle Divine et rien de moins ne sera accepté. Cela signifie que les membres qui formeront cette classe vivront en harmonie avec leur Dieu ; ils seront droits, justes, affectueux, paisibles partout où ils se trouveront ; cela veut dire aussi qu’ils désapprouveront l’injustice et l’iniquité en quelque lieu que ces défauts pourront se rencontrer, que ce soit en eux‑mêmes ou chez les autres.

Puisque nous naquîmes tous dans le péché et que nous fumes tous plus ou moins souillés par l’égoïsme, il s’ensuit que nous devons tous combattre contre cet élément propre à notre nature humaine, En tant que Nouvelles Créatures, nous ne sympathiserons pas avec nos inclinations et nos tendances déchues ni avec celles des autres. Des jours, des mois et des années seront nécessaires pour découvrir et déloger les penchants égoïstes, ces « Amalécites », retranchés en notre chair déchue, et pour introduire à leur place les impulsions et les efforts affectueux, généreux, provenant de l’esprit d’amour, de cet esprit qui cherche à faire du bien à tous les hommes, selon que s’en présentent les occasions, et spécialement à ceux de la maison de la foi. Cela signifie apprendre à ne parler en mal de personne, à n’avoir aucune sympathie pour la calomnie, la médisance et les mauvais soupçons, mais à se réjouir au contraire de la vérité et de « tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation. » Phil. 4 : 8, Seg.

La loi de la justice et de l’équité absolues, la loi de l’amour qui s’étendra au monde entier durant le Millénium, doit déjà, en cet instant même, avoir notre sympathie et notre soutien. De nos jours, où l’on peut acquérir beaucoup de choses par une légère déviation de la vertu de la pureté, de celle de la vérité ou de l’honnêteté, où tant de gens sont pour la corruption lorsque celle‑ci leur est avantageuse, et contre elle lorsqu’elle nuit à leurs intérêts, de nos jours donc les héritiers du Royaume doivent se conformer strictement aux lois de ce Royaume. Il leur appartient de rechercher et de s’approprier les principes de l’équité qui bientôt, dans le Royaume, régiront le monde entier.

Il sera de beaucoup plus facile au monde de se conformer aux lois de l’équité lorsque, prochainement, toutes les transgressions recevront prompte réprimande ou punition et lorsque toutes bonnes paroles ou actions seront récompensées sur‑le‑champ. Mais il est comparativement difficile aujourd’hui, aux membres de la classe du Royaume, de penser et d’agir d’après des principes opposés à ceux dont s’inspirent dans une grande mesure leurs amis et leurs voisins. ll faut cependant s’efforcer de parvenir à l’amour pour la justice, la vérité et la pureté, tout comme il y a lieu de s’attacher à la recherche du Royaume, et les croyants consacrés qui parviendront à l’un trouveront aussi l’autre.

Les Chrétiens doivent donc consacrer une grande partie de leur temps à s’examiner eux-mêmes, à s’instruire en fait de justice et à s’édifier mutuellement dans la très‑sainte foi suivant les instructions que nous donne la Parole de Dieu.

Ceux qui se conduisent ainsi sont vraiment enseignés de Dieu. Ils apprennent à être honnêtes non seulement dans les questions d’argent, mais aussi dans leurs paroles et leurs actions. Bien plus, ils apprennent à observer l’honnêteté dans leurs pensées, à être honnêtes envers le Seigneur, envers les frères et envers eux‑mêmes. A mesure qu’ils apprennent et s’approprient ces leçons, les élèves à l’école de Christ se qualifient pour l’héritage qui leur est réservé dans le Royaume.

La leçon du renoncement à soi‑même

Une grande difficulté à laquelle se heurtent les « héritiers du salut », les « héritiers du Royaume », les « héritiers de la gloire », provient de notre incapacité à apprécier correctement l’importance des petites choses dans notre vie, des petites choses dans nos pensées. Parmi ceux qui auraient le courage de mourir sur un bûcher pour défendre quelque principe de justice et de vérité, nombreux sont ceux qui ont beaucoup de peines à « s’examiner eux‑mêmes », et, ce à quoi nous exhorte l’Apôtre, à soumettre même toutes leurs pensées à la volonté de Dieu telle qu’on la trouve exprimée en Christ. Voici à ce sujet les paroles de notre Seigneur : « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l’est aussi dans les grandes. » (Lue 16 : 10). Nous devrions donc savoir que le Seigneur nous instruira sur de petites choses et, dans toutes les affaires insignifiantes de notre vie, nous devrions nous efforcer de cultiver et de développer en nous l’esprit de Christ, l’esprit de douceur, de gentillesse, de patience, de longanimité, d’affection fraternelle et d’amour, afin que, ces vertus étant en nous et y abondant l’entrée dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus‑Christ nous soit pleinement accordée.

L’enseignement fourni par l’école de Christ comporte un trait important, celui de la nécessité du renoncement à soi‑même. Le rejet du péché, des paroles, des actions et des pensées pécheresses est déjà chose difficile, mais le Seigneur exige encore plus de Ses disciples. Il leur faut développer un caractère bien équilibré, devenir des copies du bien‑aimé Fils de Dieu. Il leur faut apprendre la leçon du renoncement à soi‑même ; notre Maître, le grand Roi, le futur Epoux de l’Eglise, a appris l’obéissance dans Ses renoncements à Lui‑même, et ceux‑ci n’avaient pas trait au péché, car il n’y avait pas de péché en Lui. Notre Seigneur fut spécialement éprouvé sur le chapitre du renoncement à Lui‑même, du sacrifice de Lui‑même ; ce sacrifice Il l’accomplit en soutenant, en défendant la justice et en bénissant nombre de gens. Il développa ainsi en Lui‑même et manifesta l’esprit qu’il plaira au Père de récompenser dans le Royaume.

Tous ceux qui seront estimés dignes d’être rois et sacrificateurs au service de Dieu, dans ce Céleste Royaume, doivent démontrer actuellement, d’une manière qui satisfasse Dieu, leur bonne volonté à sacrifier leurs intérêts et leurs droits personnels afin de servir les intérêts de ce Royaume, d’effectuer la volonté du Père et d’être en bénédiction aux autres.

Quiconque donc refuse de se charger de sa croix, celle de l’abnégation de soi, et de renoncer à lui‑même ne peut demeurer longtemps disciple du Seigneur. Il tombera chemin faisant car, en fin de compte, constitueront la classe du Royaume seulement ceux qui se feront une joie de gagner à n’importe quel prix, contre n’importe quel renoncement à eux‑mêmes, ce Royaume, la faveur Divine et le grand privilège d’être associés avec Jésus dans l’oeuvre grandiose de bénédiction du monde. Aussi, chers frères, efforçons‑nous de plus en plus de cultiver en nous l’esprit de notre Seigneur ; notre Seigneur s’est anéanti Lui‑même pour effectuer les oeuvres de Celui qui L’envoya, c’est‑à‑dire de Dieu, C’est en agissant de cette manière que nous aussi nous serons estimés dignes de participer avec Lui au Royaume et à ses gloires.

Serment C. T. R.