COLÈRE APPROPRIÉE ET INAPPROPRIÉE

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« L’amour ne s’irrite point facilement. » – 1 Corinthiens 13 : 5.

Dans le chapitre dont notre verset est tiré, l’apôtre Paul met l’accent sur la nécessité première de cultiver et de développer l’amour, sans lequel, quoi que nous puissions accomplir d’autre, nous ne pouvons plaire à Dieu. L’Apôtre nous dit dans ce texte que l’amour ne s’irrite point facilement (en anglais : que l’amour ne se laisse pas facilement « provoquer », trad.). De toute évidence, le mot « provoquer » revêt ici un sens diffé­rent de celui qu’il a en Hébreux 10 : 24, où il est écrit : « Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter (« provoquer » en anglais) à l’amour et aux bonnes œuvres. » Dans ce dernier texte, le but est d’inciter à de bonnes œuvres, à faire jaillir l’amour chez les au­tres et à exercer une influence favorisant la justice. Cependant, dans notre texte de référence, l’idée est celle d’être excité, poussé à la colère. L’Apôtre Paul déclare que l’amour ne permet pas que nous soyons facilement excités à la colère, et qu’il est longanime.

Nous dirions peut-être qu’à proprement parler, l’attribut de l’amour par lui-même n’est pas ce qui ne peut jamais être porté à la colère. Une colère appro­priée, une juste indignation soulevée par l’amour en­vers les principes de la justice, n’est pas incompatible avec l’amour. « Dieu est amour », et les Ecritures nous assurent « qu’Il s’irrite en tout temps contre le mé­chant ». Sa colère est une juste indignation envers le péché.

JUSTE COLÈRE DE DIEU

Considérant Dieu comme notre exemple suprême, nous voyons que son amour envers sa créature fut manifesté au commencement. Ce fut l’amour pour l’humanité qui pourvut le Jardin d’Eden de toutes ses bénédictions et de sa vie parfaite, de même précisé­ment que ce fut son amour pour les anges qui avait pourvu aux bénédictions qu’ils reçurent. Mais, quand le péché entra dans le monde, l’amour se retira. Ou, en d’autres mots, la justice fut l’attribut spécial de Dieu qui se manifesta alors. Il était préférable pour le monde de subir cette punition pour le péché, car Dieu, dès la fon­dation du monde, avait prévu la chute de l’homme et avait pourvu à sa rédemption. Ainsi, même dans la sentence de mort, son amour pour l’homme demeura. Mais l’Eternel est l’adversaire du péché, et lorsque sa loi fut violée, l’amour, ou Celui qui est l’amour person­nalisé fut provoqué à une juste colère.

L’indignation de Dieu s’enflamma de même contre son peuple élu, les Juifs, lorsqu’Il dit au Prophète Jé­rémie : « Pourquoi m’ont-ils provoqué (à la colère) ? » (Jérémie 8 : 19). De nombreux passages dans les Ecritures parlent de la colère de Dieu. Cette colère est toujours enflammée à l’égard du péché. Elle repose sur le monde depuis six mille ans. Mais l’amour de Dieu n’a en aucune manière été violé dans cette atti­tude à l’encontre du monde condamné. Il en résulte que l’amour peut être à juste raison provoqué à la co­lère. Celui qui déclare que la justice est la base de son trône, ne s’abandonne jamais à des sentiments qui ne sont pas en pleine harmonie avec cette justice. Mais Il prévit un rétablissement pour cette race condamnée. L’amour de Dieu prit cette disposition pour ses créatu­res déchues.

L’AMOUR DE DIEU MIS EN ATTENTE

Mais l’amour ne se laisse pas facilement provoquer, il ne se provoque pas injustement. Il fallut un acte de désobéissance intentionnelle de la part d’Adam pour provoquer la colère de Dieu. Ce n’est pas parce qu’Eve fut trompée que la condamnation frappa le monde. La colère de Dieu s’enflamma contre le monde, et la sentence de mort fut prononcée, à cause du péché d’Adam qui fut commis en pleine connaissance de cause. Et durant tous ces six mille ans de péché, l’amour de Dieu a été gardé en attente, en quelque sorte, provoqué jusqu’au point du retrait.

Mais durant tout ce temps, le caractère de Dieu demeura inchangé. Ce n’est pas Lui qui provoqua la condition déchue qui existe depuis la chute de l’homme. Ni l’amour, ni la justice, personnifiés par l’Eternel, n’approuveraient le péché ; « Le salaire du péché c’est la mort » (Romains 6 : 23). Et tout ce qui se rattache naturellement à la mort résulte de la condamnation. Mais Dieu permit ces conditions, sa­chant que par sa puissance toute chose concourrait au bien ultime de l’humanité. Le grand Adversaire de Dieu est responsable du désastre causé par le péché sur la terre. Mais le Tout-Puissant fera cependant en sorte que l’œuvre de Satan contribuera en fin de compte au bien de l’homme ; le grand ennemi de la justice sera finalement anéanti, écrasé. – Hébreux 2 : 14.

L’amour de Dieu, ainsi mis en attente, patiente jusqu’au bon moment, pour être révélé à l’homme, qui en sera étonné, le moment venu. Il y a deux mille ans, l’amour fut manifesté au monde, lorsque Dieu envoya son Fils unique pour être le Rédempteur de l’humanité. Il vint sur la terre et donna sa vie comme sacrifice vo­lontaire pour le péché de l’homme. Ensuite, l’appel fut lancé pour rassembler l’Eglise, la classe qui, dans le Plan de Dieu, constituera l’Epouse de son Fils et Lui sera associée, dans la grande œuvre future qui s’effectuera au bénéfice de la race d’Adam. Durant cet Age de l’Evangile, cette Eglise est rassemblée et, en temps voulu, elle sera élevée à la gloire du Royaume. Ensuite, l’amour de Dieu sera manifesté à notre race. Le Royaume de Dieu relèvera l’humanité du péché, de la dégradation et de la mort, et amènera à la lumière et à la gloire du Seigneur tous ceux qui voudront bien ac­cepter de vivre aux conditions fixées par Dieu.

CRISES PARTICULIÈRES DANS LA VIE DU CHRÉTIEN

Combien ardemment devrions-nous, en tant qu’enfants de Dieu, veiller et prier afin d’être véritable­ment préparés pour notre grand travail futur, si proche de nous maintenant ! Il y a un risque que l’amour ne soit pas suffisamment fort en nous car, en raison de la chute de l’homme, le péché et l’égoïsme sont devenus les influences prépondérantes dans le monde. Elles opèrent depuis six mille ans et ont fait que l’homme est très déficient en amour, en sympathie, en bonté frater­nelle et en longanimité. A présent, à la place de l’amour, la tendance est à la colère, à la méchanceté, à la haine et aux conflits. Par conséquent, lorsque Dieu nous accepte dans sa famille, Il nous indique que l’une des premières exigences est l’amour. L’amour doit se développer dans nos cœurs et nos esprits, et pénétrer en nous de manière à s’infiltrer dans toutes nos pen­sées, nos paroles et nos actions.

Notre chair déchue, aidée par les « puissances de l’air » invisibles, déploiera ses efforts pour nous empê­cher de parvenir à la condition nécessaire. Et après que nous y serons arrivés, elle exercera une forte pression, de temps à autre, sur la Nouvelle Créature, dans le but de la faire chuter de cette position. Parfois, l’enfant de Dieu traverse des épreuves en rapport avec d’autres frères et sœurs, et ces épreuves semblent menacer sa santé spirituelle, voire même sa vie spiri­tuelle. Les puissances des ténèbres l’assaillent, cher­chant à susciter des émotions et des sentiments qu’il est fortement tenté d’adopter. Il en arrive à une crise dans sa vie de chrétien. Il a le choix entre aller de l’avant ou revenir en arrière. Il ne peut s’arrêter. La lutte commence. Est-ce que cette rude épreuve s’avérera être une marche qui lui permettra de s’élever plus près de Dieu, ou sera-t-elle une pierre d’achoppement pour le faire tomber ?

A des moments aussi cruciaux, l’unique refuge est la prière. Le Seigneur permet ces épreuves pour tester notre détermination, en tant qu’enfants de Dieu. L’Adversaire s’efforcera de présenter les paroles d’un frère ou d’une sœur de la manière la plus défavorable. Il cherchera à pervertir le jugement et à tromper notre esprit, quant aux faits réels en rapport avec le sujet en question, et notre chair réagira en fonction de ce point de vue. La ligne de conduite la plus sûre à adopter, est de refuser d’entretenir dans notre cœur le moindre de­gré d’amertume, et d’implorer immédiatement le Sei­gneur, afin qu’Il nous accorde la force et le secours nécessaires au moment du besoin. Recherchons en même temps son conseil dans sa Parole, pour trouver la bonne attitude à adopter dans une situation aussi critique. Gardons aussi en mémoire les paroles de ce cantique :

Ne cède pas à la tentation,

Car céder c’est pécher ;

Chaque victoire t’aidera

A en gagner d’autres.

Combat courageusement et va de l’avant,

Réprimant les passions de la chair.

Lève tes regards vers Jésus,

Il te soutiendra dans l’épreuve.

« PARDONNEZ, ET IL VOUS SERA PARDONNÉ »

Chers frères et sœurs, soyons donc remplis de bonté et d’indulgence les uns envers les autres ; effor­çons-nous de considérer avec amour les paroles, les actions et les tendances naturelles des uns et des au­tres, et gardons à l’esprit nos propres particularités et faiblesses. Rappelons-nous que chacun de nous est imparfait, du fait de la chute originelle, et que les frères qui nous éprouvent le plus peuvent porter le poids de tendances héréditaires. Ils peuvent également, dans leur jeunesse, s’être trouvés dans un environnement dont nous n’avons pas idée, et qui nous porterait à être plus indulgents, si nous en avions connaissance. Rap­pelons-nous aussi que nous-mêmes pouvons être in­conscients de certaines de nos propres faiblesses et manies, qui peuvent agacer certains. Nous devrions surveiller beaucoup plus nos propres erreurs et fautes, que celles des autres frères du Seigneur.

« Que toute amertume, toute animosité, toute co­lère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous. Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a par­donné en Christ » (Ephésiens 4 : 31, 32) et continue à vous pardonner. « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de pa­tience. Supportez-vous les uns les autres et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réci­proquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. Mais par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Et soyez reconnaissants. Que la pa­role de Christ habite parmi vous abondamment ; ins­truisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse. » – Colossiens 3 : 12-16.

L’enfant de l’Eternel, après avoir remporté la vic­toire dans une lutte comme celle dont nous parlons, et après avoir amené, par la prière et un effort déterminé, le Bras de Dieu à le délivrer, est un Chrétien plus fort qu’il ne l’était auparavant. Il a effectué un pas en avant sur le chemin étroit et affirmé sa position auprès de Dieu ; et il sera d’autant mieux apte à vaincre dans l’épreuve suivante. Mais chaque échec affaiblit l’enfant de Dieu, et le rend moins capable de résister aux as­sauts de sa chair, de l’Adversaire et de ses méchants serviteurs, et moins sûr de parvenir finalement à être un vainqueur.

L’Apôtre nous assure que l’amour, en ce qui concerne l’Eglise de Christ, est une grâce que nous devons développer abondamment en nous si nous voulons plaire au Seigneur. Ceux qui possèdent cette qualité dans une grande mesure ne se laisseront pas provoquer facilement à la colère ; ils ne s’offenseront pas facilement ni ne se soucieront outre mesure que leurs droits et leur dignité ne soient enfreints. Ceux qui possèdent peu d’amour se laisseront facilement offen­ser et provoquer à la colère. Réprimons notre « moi » et poursuivons assidûment l’œuvre de sa crucifixion, portant toujours nos regards vers Celui de qui nous vient le secours. L’amour que notre Seigneur affec­tionne est celui qui a la capacité de supporter patiem­ment la souffrance. Cela ne signifie pas qu’il n’y aurait jamais des occasions pour une juste indignation, une juste colère. Il devrait y avoir un sentiment de juste colère quand nous voyons une grande injustice. Pour­quoi ? Parce que l’injustice est une mauvaise chose. Dieu se fâche contre l’injustice, quand elle est com­mise en toute connaissance de cause ou volontaire­ment. Ainsi, le peuple de Dieu ne devrait nourrir au­cune sympathie envers l’injustice.

L’AMOUR AJOUTÉ À LA JUSTICE

Si les enfants de Dieu ne cultivent pas attentive­ment la qualité de la justice, ils adopteront progressi­vement une attitude qui ne manifestera aucune appré­ciation de la justice. Tandis que nous différencions le bien du mal, nous devons cependant aller plus loin et nous assurer que nous cultivons assidûment les qua­lités d’amour, de sympathie et de bienfaisance. Per­sonne ne peut affirmer que son estimation de la justice et de l’amour est parfaitement exacte, et que l’estimation de l’autre est entièrement fausse, en parti­culier lorsque cet autre est un frère ou une sœur en Christ, s’efforçant comme nous de développer les attri­buts de ressemblance à Christ. Nos points de vue ne peuvent pas toujours s’accorder ; aussi, ne soyons pas trop sûrs que notre point de vue est le bon et celui de l’autre le mauvais, lorsqu’il existe une possibilité que nous soyons dans l’erreur.

Il n’y a pas de disciple de Christ, aussi pleinement développé qu’il soit, en mesure de dire qu’il n’a pas besoin de s’instruire davantage sur la justice ou sur l’amour et que, par contre, son frère a ce besoin. Dans nos expériences avec les frères dans la foi, lorsque l’autre semble être fautif, efforçons-nous de nous dire à nous-mêmes : « Voici un frère qui, peut-être, a eu dans sa vie plus de désavantages que moi ; c’est mon frère selon l’Esprit ; il me semble faire quelque chose de mal, mais je le comprends, car il ne sait probablement pas que son action est mauvaise. Ou peut-être ai-je tort moi-même ? Peut-être que, s’il voyait la chose de mon point de vue, il agirait différemment ? Je ne le ju­gerai point, mais laisserai le jugement au Tout-Puis­sant, qui est infaillible dans son jugement et à qui le jugement appartient. » – 1 Corinthiens 4 : 5.

SYMPATHIE POUR TOUS LES HOMMES

Dieu n’a aucune sympathie pour le péché, mais Il a une si grande sympathie pour les pécheurs, qu’Il donna son Fils bien-aimé pour racheter et relever le pécheur. Il a réservé mille ans pour le rétablissement de l’humanité. Nous discernons la justice et nous de­vrions la discerner, mais nous n’avons pas pour rôle d’infliger une punition. Nous ne devons rien juger avant le temps. Nous voyons des actions qui choquent notre sens moral. Nous devons nous dire : « Je considère cet acte comme criminel, mais ce n’est pas à moi de régler cela avec celui qui a commis ce mal. Dieu connaît le degré de responsabilité de la personne, mais moi pas. C’est mon devoir, autant que possible, de le considérer du point de vue de la sympathie. C’est mon devoir de l’assister, si cela est en mon pouvoir, ou si j’en ai l’opportunité, et de l’aider à sortir de son aveuglement pour voir ce qui est juste. Mais même en agissant  ainsi, je dois être « rusé comme le serpent et inoffensif comme la colombe ». La conduite est mau­vaise, mais je ne sais pas à quel degré la personne peut l’être. »

Ainsi l’amour observe et s’aperçoit que le monde entier rencontre beaucoup de difficultés à cause de la chute (du péché, trad.) Et l’amour dit : « Sois bon en­vers tous, sois doux et patient ». Nous devons toujours nous rappeler que nous vivons dans un monde enta­ché par le péché, soumis aux peines, aux maladies et à la mort. De ce point de vue, l’amour ne se laissera pas facilement provoquer à la colère, mais au contraire témoignera à son prochain gentillesse et sympathie. C’est ainsi, bien-aimés, que nous grandirons en Christ, notre Tête glorieuse, en toutes choses, jusqu’à ce que, rendus parfaits et complets par sa grâce, nous soyons présentés au Père « sans tache, ni ride, ni rien de semblable. » – Ephésiens 5 : 27.

WT1915 p5603