Cris du veilleur sur le Phare.

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                               (Mars et Mai 1904)

,,Guerres et bruits de guerres”.

Le contexte dans lequel se trouvent ces paroles de notre Seigneur, démontre qu’il voulait faire comprendre à son peuple qu’une guerre à elle seule ne devait pas être d’emblée considérée comme preuve de la fin de l’âge. Les enfants de Dieu seraient guidés d’une manière autrement sûre pour dis­cerner les signes des temps. Si donc nous avons à parler d’une guerre comme d’un de ces signes, c’est que nous avons quelque connaissance du plan divin, en dehors de l’histoire sanglante de l’humanité.

Nous nous attendions à une guerre, et n’avons point été détrompés. Nous n’avions aucune information particulière; nous ne saurions désigner de prophétie annonçant une guerre pour 1904/1905. Mais nous pensons que la prochaine crise commerciale sera la dernière, vu que la fin de l’âge est si proche qu’il ne reste pas le temps nécessaire pour une dé­pression, puis un puissant remous et ensuite la dépression finale. Une guerre lointaine pouvait, pensions-nous, faire durer quel­ques années de plus la période de prospérité dans laquelle nous vivons encore, la faire durer jusqu’au jour où le temps prévu pour la grande détresse sera venu. L’Ecriture fournit ce que nous considérons comme une preuve suffisante que la grande tribulation sera terminée vers la fin de 1914; mais elle n’indique pas les dates intervenantes, d’ici à 1915, ni les parti­cularités de ce qui aura lieu pendant ce temps. Nous n’allons donc point assumer le rôle de prophète, mais nous borner à faire part à nos lecteurs de nos suppositions au sujet du cours probable des événements et à donner les raisons pour notre manière de voir.

Pour le moment nous estimons que les avantages acquis au début de la guerre par les Japonais, prolongeront le conflit armé ce qui pourra toujours entraîner l’intervention de quel­que autre nation civilisée. Le caractère du Russe a beaucoup souffert de la chute de l’homme; nous ne sommes donc point surpris de voir que les classes dirigeantes de ce peuple, qui en­tourent le Tzar pacifique et le font marcher comme elles l’en­tendent, soient altières, pleines d’orgueil et de mépris pour les autres. Ceci rendra d’autant plus difficile à la Russie de se reconnaître battue par une nation moins puissante qu’elle; et qu’elle reconnaissait à peine comme civilisée et avant son mot à dire dans les affaires du monde. Il serait, croyons-nous, plus sage de la part de la Russie, de faire des pro­positions de paix; mais nous souvenant du Proverbe (16 : 18): “l’orgueil va devant l’écrasement et la fierté d’esprit devant la ruine ”, nous craignons bien que la Russie ne brouille davantage les cartes et elle ne souffre beaucoup, au point de vue du prestige, des finances etc., de la prolongation de la guerre.

Cela étant, c’est le moment propice des pécheurs. La Grande  Bretagne parait disposée à s’emparer du Tibet, où seule la Russie pourrait s’opposer si elle avait ses coudées franches. Laissés à eux-mêmes les Tibétains seront facilement sub­jugués ou amenés à reconnaître la suzeraineté de la Grande­ Bretagne qui ainsi aura trouvé un nouveau débouché pour son commerce et ses colons.

La Turquie, également sera davantage maîtresse de ses mouvements aussi longtemps que la Russie sera occupée par sa querelle lointaine.

55 Juillet 1904

 La France, dont le peuple est excitable et chevaleresque, sympathise vivement avec la Russie et les revers de celle-ci, dus à l’infériorité de sa flotte, seront considérés par bien des hommes politiques, comme un engagement, pour la France, à suppléer aux faiblesses de son alliée par l’envoi de sa puis­sante flotte. Elle en serait peut-être déjà là, si elle n’avait à craindre l’intervention, en faveur du Japon, de la flotte an­glaise, de beaucoup la plus puissante du monde entier.

Nous pouvons également être certains que l’empereur d’Al­lemagne tentera de profiter de l’occasion pour jouer un tour qui mettra en évidence lui-même et son peuple. Il tâchera probablement de gagner l’amitié de la Russie, son puissant voisin de l’est, et si possible de rompre le lien unissant encore la France et la Russie. Cette compétition de l’Allemagne et de la France à l’endroit de l’amitié russe pour­rait rendre plus tendues les relations entre ces deux états.

Même les Etats-Unis pourraient être entraînés vers la guerre. Si les grandes puissances de l’Europe se mêlent de la partie, il sera extrêmement difficile aux Etats-Unis de rester en dehors du conflit. Ils se sont déjà ingérés dans celui-ci avec leur note circulaire aux grandes puissances, proposant de limiter la guerre de façon à ce que celle-ci ne mette point en danger l’indépendance de la Chine. La note en elle-même était simple, pacifique, utile; tout le monde l’a reconnu; mais il se pour­rait que l’une ou l’autre des puissances n’en tienne pas compte plus tard, et alors les Etats-Unis pourraient considérer comme une question d’honneur d’insister sur leur célèbre note et, éventuellement, mobiliser pour la faire respecter.

Nous ne disons pas que tout cela arrivera; ni même que ce soit probable que les événements marcheront ainsi. Nous avons voulu montrer du doigt seulement des possibilités. Ces possibilités ont leur importance uniquement parce que l’Ecriture parait présumer qu’une guerre générale précédera ou accompagnera la grande détresse, l’anarchie marquant la fin de l’âge et préparant le chemin à l’âge millénaire. Joël (3 :9-16), par exemple, invite toutes les nations à préparer la guerre, à changer en épées et lances les outils agricoles, à concentrer leur attention sur les nécessités de la guerre plu­tôt que sur les besoins de l’agriculture; le faible même est encouragé à faire croire qu’il est fort. Le contexte prouve que c’est à peu près au temps présent que cela doit se pro­duire, la “moisson” étant mûre (v. 18, comp. Apoc. 14: 15—20) et (les héros v. 11) les saints de l’Eternel sur le point de descendre. Sera-ce l’anarchie, durant laquelle, la main de tout homme sera contre son prochain? C’est possible. Mais nous pensons plutôt que ce sera un appel général aux armés.

Nous nous y attendons d’autant plus, que pour le moment, les gouvernements sont encore trop solidement établis pour qu’un soulèvement anarchiste ait de la chance de réussir. Une guerre générale conduisant à la misère et à une élévation très considérable des impôts, répandrait un peu partout le mécon­tentement, qui irait rapidement augmentant; les semailles socialistes pousseraient, fleuriraient et leur fruit serait bientôt l’anarchie sanglante. Les pouvoirs publics se ressentiraient de l’augmentation des dettes d’état; l’argent deviendrait rare et le taux de l’intérêt s’élèverait, ce qui exercerait une influence désastreuse sur le bien-être et la prospérité du monde chrétien.

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Déjà, à l’heure actuelle, bien qu’on ne soit encore qu’au début des opérations, les conséquences de la guerre actuelle se font sentir dans tout l’empire russe; la place nous manque pour citer les articles à cet égard des grands journaux politiques.

Il est aisé d’en déduire ce que seraient les conséquences d’une guerre générale. Néanmoins les nations s’y préparent, sur­tout la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne. C’est sur­tout la guerre navale qui va au devant de surprises qui risquent fort de changer en non-valeurs les plus puissants cui­rassés grâce au rôle que joueront les bateaux-automobiles et sous-marins. Ces derniers remplacent le charbon par la ga­zoline, dont ils peuvent emmagasiner suffisamment pour na­viguer 750 kilomètres. Ils plongent très rapidement et peuvent donc s’approcher de l’ennemi sans être remarqués, torpiller un cuirassé et anéantir ainsi d’un seul coup une œuvre de vingt millions et des centaines de vies humaines. Déjà la Grande Bretagne possède-t-elle 20 de ces sous-marins et un grand nombre en sera construit sous peu; la France en a déjà près de trente. La supériorité navale de ces deux puissances pourrait bien, cependant, prolonger le temps de paix, puis­qu’elles se sont entendues dernièrement pour liquider par arbitrage les conflits qui pourraient naître.

Quant aux bateaux-automobiles, ils sont si petits qu’un grand transatlantique en chargerait vingt à trente. Un homme en constitue l’équipage et une torpille en constitue l’armement. Ils couvrent 36 kilomètres à l’heure et peuvent rester inaperçus dans leur course rapide vers l’ennemi qui subira ainsi des grandes pertes sans s’être douté de l’approche du danger.

Que serait-ce si les ballons dirigeables pouvaient être utilisés pour la guerre, en laissant tomber des bombes sur des vais­seaux, des villes, des armées?

Nous devons nous attendre à de grands événements dans un avenir proche. Les passions et l’habileté des hommes mettront en pièces sous peu l’édifice de notre civilisation, ainsi que l’Ecriture le fait prévoir. Nous rappelons la pro­phétie de notre Seigneur en vue des jours qui vont venir:

Si ces jours n’étaient abrégés, nulle chair ne serait sauvée”. Mais grâce aux élus ils seront abrégés; les élus (chef et corps) s’empareront du pouvoir au bon moment et mettront fin à la terrible anarchie qui fera suite à la grande guerre.

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