DANS LA FOURNAISE ARDENTE

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— Daniel 3 14-28. —

«Notre Dieu que nous servons peut nous délivrer.»

Il s’écoula probablement une vingtaine d’an­nées entre le temps où Daniel et ses compagnons, emmenés en captivité, eurent atteint Babylone et celui où les scènes de cette leçon s’accomplirent. Dans cet intervalle Daniel avait été élevé à une très haute position dans l’empire, à celle de conseiller du roi, tandis que ses trois compagnons avaient été faits magistrats dans des provinces de Babylone. Nous savons que leur prospérité n’eut pas pour effet de les rendre insouciants de leurs devoirs et de leurs responsabilités envers Dieu, car autrement ils n’auraient pas été capables d’en­durer les sévères épreuves relatées dans cette leçon, et qui se révélèrent être une grande béné­diction pour eux à cause de leur fidélité à l’Eter­nel.

Le roi Nébucadnetsar, juste avant cela, avait remporté de grandes victoires sur les nations environnantes, — sur l’Egypte, la Syrie, etc. comme il en avait remporté une sur Juda précé­demment, ainsi que l’Eternel l’avait prédit dans le songe que Daniel interpréta au roi, et qui faisait voir l’Empire babylonien comme la tête d’or de domination terrestre. Ses grands succès avaient contribué sans aucun doute à éveiller en lui des sentiments d’orgueil et un désir d’apparat. Cepen­dant, ce ne furent probablement pas les seuls motifs qui le conduisirent à donner cette fête en l’honneur de Ses victoires, et à faire ériger la grande statue que tous furent tenus d’adorer. L ‘in­tention de Nébucadnetsar était manifestement d’unifier son empire; et dans cette direction, il désira tout d’abord unifier les vues religieuses et le culte des différents peuples qui étaient sous sa domination. En cela, son exemple fut fréquem­ment suivi par la suite, car tous les gouvernants ont paru saisir la pensée que la constitution men­tale de l’homme est telle que son obéissance peut être le mieux et le plus durablement assurée par le consentement des organes religieux de son esprit. En d’autres termes, étant donné que l’hom­me est religieux de nature, aucun gouvernement ne peut être solide et destiné à durer longtemps s’il n’a pas, directement ou indirectement, le sou­tien de sa vénération. C’était pour cela que Nébu­cadnetsar et d’autres s’efforçaient d’associer le Créateur et le roi dans l’esprit des hommes, afin qu’en vénérant l’Un, ceux-ci respectassent et ser­vissent l’autre comme son représentant.

C’était indubitablement dans le but d’unifier ainsi les sentiments religieux de son empire que Nébucadnetsar fit préparer cette grande fête, dont le centre même d’attraction était la grande statue qu’il avait érigée. Cette statue, avec son piédestal, avait plus de trente et un mètres de hauteur et plus de trois mètres de largeur. Elle était d’or, et il est probable qu’elle était ou creuse, ou pleine à l’intérieur d’un mortier d’argile. Elle était située dans la plaine de Dura, vers le centre de l’enceinte fortifiée de soixante deux kilomètres carrés, con­nue sous le nom de cité de Babylone. Comme c’était une contrée plate, et que les constructions de la ville étaient comparativement basses, l’ima­ge pouvait probablement être vue de toutes parts de la grande cité.

A l’heure fixée pour la fête, les principaux représentants de toutes les parties de l’empire les juges, les trésoriers, les gouverneurs, les pré­fets, etc., revêtus des vêtements somptueux de l’Orient, étaient présents. Un grand orchestre, muni de tous les instruments de musique populai­res en ce temps-là, avait été préparé, et l’ordre que le roi avait fait proclamer était qu’au moment où les musiciens feraient retentir leurs instruments, tout ce vaste concours de gens, qui représentaient son empire tout entier, et qui se tenaient vis-à-vis de l’image qu’il avait élevée, devaient se prosterner devant elle et l’adorer, et démontrer ainsi leur loyauté, non seulement au roi Nébucadnetsar lui-­même, mais aussi à ses dieux qui, selon lui, lui avaient fait remporter les brillantes victoires qu’ils célébraient.

En tant que magistrats de l’empire, Sadrac, Mésac et Abed-Négo se trouvaient nécessairement dans cette grande foule, bien qu’il soit très proba­ble que, représentant différentes administrations, ils pouvaient se trouver à une certaine distance l’un de l’autre, chacun d’eux étant entouré de ses secrétaires, assistants, serviteurs, etc. Sans aucun doute, le but de la fête fut clairement discerné par ces hommes intelligents, et dans leur esprit surgit la question relative à leur devoir envers Dieu. Ils comprirent immédiatement que ce devoir s’opposerait à ce que le roi exigerait probablement d’eux. C’était une épreuve cruciale pour eux, car ils savaient que les pouvoirs du roi étaient absolus, et que contrarier sa volonté signifiait la mort sous une forme quelconque. Néanmoins, ils décidèrent d’être fidèles à Dieu, quoi que cela pût leur coûter. Il se pourrait que leur refus de se prosterner devant la statue passât inaperçu des autres, ou que, même s’il venait à être remarqué, il pût ne jamais atteindre les oreilles du roi; mais de telles suppositions ne pouvaient apporter aucune modifi­cation à leur devoir. Quoi que les autres pussent faire, ils ne devaient pas fléchir le genou devant qui que ce soit, excepté devant le Dieu véritable. Daniel n’est pas mentionné ici, peut-être parce que, occupant une position différente, comme l’un de la maison et de l’état-major personnel du roi, son comportement ne viendrait pas si directement en contraste avec le comportement général.

Enfin, l’heure de l’épreuve vint, quand le grand roi de Babylone fut reconnu non seulement comme le chef civil mais aussi comme le chef reli­gieux, et quand la statue qu’il avait élevée fut adorée par les divers représentants de son empire à l’exception de Sadrac, de Mésac et d’Abed­négo. Le refus de ces derniers de s’incliner fut rapidement porté à l’attention du roi, car indubi­tablement, comme tous les hommes bons, ils avaient leurs ennemis certains le devinrent par jalousie et par rivalité à cause des faveurs du roi dont ces trois hommes étaient l’objet; d’autres, peut-être, pour avoir etc empêchés ou gênés dans des pratiques et des actions malhonnêtes envers le gouvernement. L’affaire semble avoir frappé le roi de stupeur, de là sa question est-il vrai peut-il être vrai ? Certainement, aucun homme sensé ne serait assez téméraire pour s’opposer à mes décrets, et cela en ma présence même, et au cours d’un jour de fête tel que celui-ci. N’atten­dant pas de réponse au sujet de ce qui s’était pro­duit, le roi volontairement proposa à leur inten­tion une nouvelle épreuve de loyauté et de sou­mission, ne doutant pas que, maintenant que l’af­faire était venue à son attention, ils seraient pous­sés, non seulement par la crainte d’être destitués de leurs fonctions, mais de celle de périr dans la fournaise ardente, et ils rendraient prompte obéis­sance.

La pensée du roi revint peut-être rapide com­me l’éclair, jusqu’au temps où, il y avait de cela quinze ans, le Dieu des Hébreux, par l’intermé­diaire de Daniel, lui avait raconté et interprété son songe, chose qu’aucun des autres dieux, ceux de ses sages, n’avait été capable de faire ; et comme s’il avait ce fait en tête, et désirant l’imprimer dans l’esprit de ces trois Hébreux qui avaient osé défier son pouvoir, il se vanta « Et quel est le Dieu qui pourra vous délivrer de ma main ? ». Dans son arrogance et sous l’enivrement de ses grandes vic­toires sur les nations les plus grandes et sur les rois les plus puissants. Nébucadnetsar se sentait préparé à entrer en lutte avec les pouvoirs invi­sibles, même avec ceux qui lui étaient inconnus. Il ne serait pas rabattu de ses prétentions dans sa propre capitale. Il démontrerait le pouvoir qu’il a d’infliger une punition, sans se soucier de ce qu’aucun des dieux pût faire en revanche. Il prouverait, quoi qu’il arrive, qu’il avait le pouvoir dans le temps présent, et qu’il était, à cet égard du moins, plus puissant qu’aucun des dieux dont il avait connaissance.

La réponse des trois Hébreux fut une réponse sage ; voyant d’après l’humeur du roi que la discussion du sujet serait inutile, ils n’essayèrent pas d’user de représailles en le menaçant de la vengeance divine ; ils n’essayèrent pas non plus de convertir le roi au Judaïsme, sachant bien que les clauses de l’alliance Juive n’étaient pas pour les Gentils. Ils répondirent simplement qu’ils n’étaient pas désireux de profiter de l’occasion pour débattre la question avec le roi. Ils l’assurèrent qu’ils avaient pleinement confiance que leur Dieu était capable de les délivrer de la fournaise ardente, et même de la main ou du pouvoir du roi de la terre le plus grand ; mais ils ajoutèrent que, quoique notre Dieu soit ainsi tout-puissant, nous ne sommes pas certains, pour cela, qu’il nous délivrera ; néanmoins, « O roi, sache que nous ne servirons pas tes dieux et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée ».

Irrité à la pensée que son grand jour de fête serait gâché par l’opposition même la plus légère à sa volonté, le roi ne jugea plus nécessaire de donner une autre occasion aux Hébreux par laquelle ils pussent se laisser fléchir. Il vit que c’était inutile, que c’étaîent des hommes de carac­tère et de détermination, et il décida de faire d’eux un exemple pour tout le peuple. L’expression et la forme de son visage changèrent en regardant ces hommes ; tandis qu’il les avait autrefois ad­mires, parce qu’ils étaient du nombre de ses conseillers et magistrats les plus capables, et qu’ils faisaient l’honneur de son empire ; à présent il les haïssait, comme des adversaires dont la conduite, si elle n’était pas réprimée et Si elle était copiée par d’autres, pourrait introduire le désordre dans son empire et conduire plus ou moins à des séditions. Dans sa rage, il donna l’ordre de chauffer la fournaise sept fois plus, de la chauffer au maxi­mum. La fournaise, qui avait déjà été chauffée pour la circonstance, put être celle qui fut em­ployée pour la fusion de l’or destiné à l’image, et dut être de dimension immense.

Probablement, en témoignage de sa grande autorité, et pour montrer que même les plus grands de ses sujets étaient subordonnés à sa suprême autorité, le roi donna l’ordre à d’éminents officiers de son armée de jeter dans la fournaise ardente ces trois fonctionnaires récalcitrants —sans doute pour attirer l’attention du peuple sur le pouvoir de l’armée et sur l’empressement des principaux représentants de celle-ci à servir le roi, envers et contre tous.

Les Hébreux, liés dans leur tenue de fonction­naires, furent finalement jetés du haut dans la fournaise, car il est spécifié qu’ils y tombèrent tout liés, et que la chaleur était même si intense qu’elle tua ceux qui les y jetèrent. Il est possible que ce soit par l’inhalation des flammes que ces derniers furent tués.

Tout paraissait se dérouler selon la volonté du roi, comme d’habitude; même le Dieu puissant des Hébreux n’avait pas délivré ces hommes de son pouvoir. Et pourtant le roi était soucieux, il regarda la fournaise, et, à sa surprise, il vit ceux qui y avaient été jetés, délivrés de leurs liens, marchant de côté et d’autre dans les flammes —en apparence sains et saufs. Plus que cela, il y vit une quatrième personne, de la plus remarquable apparence, qui fit que le roi crut et déclara qu’elle était l’un des dieux. Il n’est pas étonnant qu’il fut saisi de stupeur ; il était, manifestement, en train de lutter contre un Dieu possédant des pouvoirs qu’il ignorait.

Nébucadnetsar se montra homme d’idées larges — dans son acceptation, à la société babylonienne, de la jeunesse la plus douée d’entre les peuples emmenés captifs ; dans sa promptitude à confesser le Dieu de Daniel, quand il eut reçu les preuves de la puissance divine c’est pourquoi maintenant, se rendant compte qu’il avait commis une grande erreur en essayant de détruire trois de ses ma­gistrats les plus éminents, et qu’il défiait ainsi le grand Dieu, Nébucadnetsar fut incité à faire une confession, et s’approcha de la fournaise, en appe­lant « Sadrac, Mésac et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez et venez ! » Ceux-ci sortirent en la présence des courtisans du roi, et tous virent que le feu ne leur avait fait aucun mal, et n’avait pas même roussi leurs vêtements et leurs cheveux. C’était vraiment un miracle stupé­fiant, susceptible sans aucun doute d’influencer fortement non seulement les Gentils, mais aussi les Hébreux, résidant partout dans Babylone, qui entendraient ainsi parler de la puissance que Jéhovah manifesta en délivrant ses fidèles. Que cela avait une relation avec le sujet ou non, nous savons bien que, alors que l’idolâtrie avait été l’un des principaux péchés de la nation israélienne avant cette captivité, il y avait comparativement peu d’idolâtrie dans ses formes crues en cette nation par la suite.

La confession par Nébucadnetsar du Dieu des Hébreux, qui envoya son messager délivrer ses serviteurs ayant mis leur confiance en lui, est très simple et très belle. Il se réjouit du noble caractère de ces hommes, et immédiatement décréta « que tout homme. de quelque peuple, nation ou langue qu’il soit, qui parlera mal du Dieu de Sadrac, de Mésac et d’Abed-Négo, sera mis en pièces, et sa maison deviendra un amas de dé­combres, parce qu’il n’y a aucun autre Dieu qui puisse délivrer comme lui ». Et, outre cela, il promut ces hommes fidèles à des positions plus hautes encore, car il eut plus de confiance encore en leur intégrité. Des hommes qui étaient ainsi résolus à risquer leur vie par égard pour la conscience, pouvaient être placés en toute confiance aux positions les plus importantes.

Il n’est pas nécessaire de nous efforcer de prouver que cet événement a été un type, ni de rechercher ce à quoi correspond chacun de ses traits distinctifs. Sans aller jusque-là, le peuple du Seigneur peut trouver aisément dans cet événement beaucoup de leçons et de suggestions de valeur. Ceux qui forment le peuple de Dieu ne se trouvent pas tous dans des situations aussi mar­quantes que celles dans lesquelles se trouvaient ces Hébreux. Peu ont des épreuves du même genre exactement avec, devant eux, une fournaise ardente littérale. Néanmoins, le peuple du Seigneur fait face aujourd’hui à des épreuves tout aussi sévères. Qui ne conviendra pas que la question relative à la confession publique d’une idole et au désaveu public, par là même, du Dieu véritable, serait un point plus rapidement et plus aisément résolu par presque tout le monde, que certaines des subtiles tentations de notre jour ? Nous pouvons citer, par exemple, parmi celles-ci, diverses idoles érigées partout dans la Chrétienté chacune d’elle, pré­tend-on, représente le Dieu véritable, et l’on exige que chacune d’elle soit honorée et vénérée comme un être réel, et adorée.

La Babylone littérale fut en ruines longtemps avant qu’il fut montré à Jean, sur l’île de Patmos, dans une vision prophétique, la Babylone mys­tique ou symbolique « qui règne sur les rois de la terre » aujourd’hui. Les provinces de la Babylone d’aujourd’hui sont les différentes nations civilisées qui forment en réalité « les royaumes de ce monde » et qui sont induites en erreur en se dé­clarant et en s’imaginant être des royaumes de Christ — « la Chrétienté ». Les parallèles au roi et à l’image sont aussi présentés dans l’Apocalypse. —ce sont les systèmes religieux décrits symbolique­ment comme « la bête et son image ». — Apoc.13 :15-18.

Sans examiner à présent les symboles en détail, nous pouvons noter le fait que l’adoration de cette symbolique bête et de son image doit être la grande épreuve qui viendra sur les prétendus Chrétiens à la fin de cet âge dans toutes les pro­vinces de la Babylone symbolique : en vérité, l’épreuve est maintenant même en cours. Et nous avons la même déclaration inspirée qui nous auto­rise à dire que seuls ceux qui refusent de rendre un culte à ces systèmes religieux fortement influents (symbolisés par la bête et son image) seront comptés par le Seigneur comme « vain­queurs » et seront faits ses cohéritiers comme membres de son Eglise élue. — (Voir Apoc. 20 : 4).

Comme nous l’avons déjà indiqué, la « bête »représente, non pas les Catholiques romains (le peuple), mais le système catholique romain, en tant qu’institution et l’image représente, non pas les Protestants (le peuple), mais l’unification des systèmes protestants, en tant qu’institution. Nous avons indiqué autre part que le premier pas, dans la formation de cette symbolique image de la Papauté, fut fait en 1846, par l’organisation de l’Alliance évangélique, que le second pas doit être fait prochainement par une active et vivante coopération des Protestants sous un système unique, et que cette vivification proviendra de l’Eglise épiscopale ou Eglise d’Angleterre qui se joindra et s’affiliera à d’autres Protestants dans un certain arrangement général semblable à celui de l’Alliance évangélique.

Alors que les épreuves les plus sévères suivront lorsque l’image consolidée aura, dans un proche avenir, reçu la vie, l’épreuve a déjà commencé à l’égard de beaucoup, car « l’Eglise nominale »exige de plus en plus d’être vénérée et soutenue, et ceux qui refusent absolument d’adorer ses images sont déjà exposés à des épreuves ardentes: — proscriptions sociales, boycottages financiers. Proéminente parmi ces images est l’Eglise catho­lique romaine cette idole se pose en représentant de Dieu, et exige d’être adorée, d’être obéie et que l’on alimente ses caisses. C’est l’une des plus popu­laires aussi bien que l’une des plus despotiques des idoles. L’Eglise catholique grecque est une autre idole, l’Eglise anglicane une autre également, de même que les Eglises luthérienne, méthodiste, presbytérienne, etc., etc. ; et toutes réclament, d’une manière semblable, la vénération, l’obéis­sance et le soutien pécuniaire. Elles ont, dans une certaine mesure, « mis en commun leurs intérêts », de façon à ne pas se faire la guerre pour gagner les adorateurs l’une de l’autre, mais elles s’unissent pour combattre contre tous ceux qui ne plient pas le genou devant elles ou devant quelque idole de leur genre (qui ne vénèrent et n’adorent que le Dieu Tout-puissant, et qui reconnaissent son unique Fils engendré comme la seule Tête et le seul Seigneur des membres de la véritable Eglise, dont les noms sont écrits dans les cieux unique­ment, — et non dans des registres terrestres de quelque communauté religieuse). — Voir Hébreux 12 : 23.

Ceux qui refusent de se prosterner devant l’une quelconque de ces images sont menacés d’une fournaise ardente de persécution, et la menace est généralement mise à exécution aussi pleinement que les circonstances le permettent. Dans « l’âge des ténèbres », quand la Papauté avait le mono­pole des affaires d’ « église », cette menace entraî­nait la torture et le bûcher, aussi bien que la pros­cription sociale. Aujourd’hui, dans notre siècle de plus grandes lumières, et en particulier à cause de la compétition engagée pour gagner des ado­rateurs, les choses ne sont plus portées à la même extrême. Dieu merci Pourtant, dans bien des cas, il se révèle que le même esprit prédomine, et qu’il est simplement contenu par les circonstances changées et par le manque de pouvoir. Cependant, ainsi que beaucoup en sont témoins, il existe des procédés de torture qui servent â intimider beau­coup de ceux qui dédaigneraient de plier le genou devant une idole littérale et visible. Des milliers, aujourd’hui, qui dans leur coeur brûlent d’être libérés de l’esclavage sectaire de la crainte, et qui volontiers ne serviraient que le Seigneur Dieu, en eussent-ils le courage, rendent un culte à divers autels de la Chrétienté. Mais il en est certains dans le monde qui, avec un courage non moindre que celui de Sadrac, de Mésac et d’Abed-Négo, dé­clarent publiquement qu’ils adoreront seulement le Seigneur Dieu et qu’ils le serviront lui seul dans la mesure de leurs capacités, Personne, peut-être, ne connaît mieux que l’auteur les diverses épreuves ardentes auxquelles ces quelques fidèles sont exposés — boycottés socialement, boycottés en affaires, calomniés de toute manière imaginable, et souvent par ceux auxquels ils s’attendaient le moins, et qui, selon la déclaration du Seigneur, disent « faussement toute sorte de mal contre »eux. — Matthieu 5 :11,12.

Mais pour ceux-là, comme pour les trois Hébreux de notre leçon, la principale épreuve est en rapport avec leur foi ; après avoir pris fermement position pour le Seigneur et sa Vérité, ils peuvent en fait être entravés dans leur liberté de parole et d’action, et ils peuvent même être jetés dans une fournaise ardente, mais on ne peut leur faire rien de plus que cela. Dès qu’ils ont démontré leur fidélité à Dieu sur ce point, leurs épreuves et leurs afflictions se transforment en bénédictions et en joies. De même que la forme d’un des Fils de Dieu fut aperçue avec les Hébreux dans la fournaise ardente, de même le Seigneur, invisible, est présent avec ceux qui se confient en lui, et qui, à cause de leur fidélité envers lui et envers sa Parole, s’exposent à des tribulations.

Et parfois même le mondain peut se rendre compte que ceux du peuple du Seigneur, qui se trouvent dans la fournaise de l’affliction, sont bénis par Dieu, et ainsi parfois le nom de notre Père céleste est glorifié dans le monde, comme il le fut dans le cas de Nébucadnetsar. Quelquefois, ceux du peuple du Seigneur qui sont liés, gênés dans leur liberté de proclamer la Vérité, trouvent, comme ces Hébreux, que le feu brûle leurs liens, les a libèré, et leur donne véritablement de plus grandes occasions de témoigner de la gloire de notre Dieu qu’ils n’auraient pu en avoir de quelque autre manière.

La providence du Seigneur agit d’une manière variée, et ce n’est pas aux siens de décider quand devront venir les délivrances remarquables, ni a quel moment ils seront, en apparence, laissés entiè­rement à la merci de leurs ennemis, sans aucune manifestation de la faveur divine à leur égard. Notez, par exemple, le fait que, alors que l’Eternel intervint pour délivrer ces trois Hébreux de la fournaise ardente, il n’intervint pas pour empêcher la décapitation de Jean-Baptiste.. bien que de ce dernier il fut spécifiquement dit « Il n’a pas été suscité de plus grand prophète que Jean-Baptiste ». Nous nous rappelons que, alors que Pierre fut délivré de la prison par l’ange de l’Eternel, Jacques ne fut pas délivré, mais fut décapité. Nous nous rappelons aussi que la vie de Paul fut miraculeu­sement preservée à plusieurs reprises, et que l’apôtre Jean, selon la tradition, fut une fois jeté dans un chaudron d’huile bouillante, mais en sortit sain et sauf, tandis qu’en d’autres circonstances, de terribles désastres s’abattirent sur les fidèles du Seigneur, et cea rapidement, comme dans le cas d’Etîenne, qui fut lapidé.

Il ne nous appartient donc pas de déterminer d’avance comment agira la providence divine à notre égard. Nous devons observer le point du droit et du devoir, et le suivre sans nous soucier des conséquences, nous confiant implicitement dans le Seigneur. Cette leçon est exposée le plus admi­rablement dans les paroles des trois Hébreux, qui déclarèrent au roi Nébucadnetsar que leur Dieu était entièrement capable de les délivrer de son pouvoir, mais que, même s’Il ne jugeait pas bon de les délivrer, ils ne violeraient pas leur conscience. C’est justement de tels caractères que l’Eternel recherche, et c’est en vue du développe­ment et de la mise à l’épreuve de ces caractères-là qu’il est permis au mal, sous ses formes multiples de dominer maintenant.

Alors que l’âge de l’Evangile tout entier, d’un bout à l’autre, est marqué, dans une mesure consi­dérable, par de telles épreuves, les Ecritures nous indiquent clairement que tous ceux du peuple du Seigneur vivant au temps de la « moisson », ou temps de clôture de cet âge, seront éprouvés dans un sens spécial. C’est ce que dit notre Seigneur quand il compare la foi chrétienne à une maison. Dans cette comparaison, il décrit les épreuves de la fin de cet âge comme étant semblables à une grande tempête qui s’abattra sur toute maison. Toutes celles qui seront fondées sur le roc tien­dront, et toutes celles qui seront fondées sur le sable s’écrouleront. L’apôtre Pierre parle de ce même temps d’épreuve lorsqu’il dit : « Ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraor­dinaire ». (1 Pierre 4 : 12 — Syn.). Nous devons nous attendre, à la fin de cet âge, à une épreuve analogue à celle qui survint sur l’église nominale juive à la fin de l’âge judaïque. De même que dans l’épreuve de la fin de l’âge judaïque il y eut une séparation du « blé » de la « balle », de même actuellement la séparation sera totale entre le « blé » et l’ « ivraie », ainsi que notre Seigneur le déclare. (Matthieu 13 : 24-30). D’un bout à l’autre de l’âge, le « blé » et l’« ivraie » ont été autorisés à croître côte à côte ; mais à la «moisson» la séparation doit se produire, afin que le « blé »puisse être « amassé », — reçu dans le royaume.

L’apôtre Paul également parle de ce temps d’épreuve ardente, et, comparant la foi et les oeuvres d’un Chrétien zélé à une maison construite avec de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, il déclare que le feu de ce jour à la fin de cet âge, éprouvera ce que vaut l’oeuvre de chacun et consu­mera tout. à l’exception des véritables édifices de foi et de caractère (1 Cor. 3 : 11-15). Mais nous devons nous rappeler que des caractères aussi loyaux ne croissent pas subitement, en quelques heures ou en quelques jours — comme un cham­pignon — mais ils se développent progressive­ment ; ils se forment de fibres fines, comparables à celles de l’olivier, et atteignent une résistance qui peut aussi être comparée à celle de cet arbre.

Regardant en arrière, au temps où Daniel et les trois Hébreux ont décidé, par égard pour la conscience, de s’abstenir de manger des mets de la table du roi, nous ne pouvons pas douter que leur décision contribua grandement à développer en eux les caractères fermes décrits dans cette leçon. De même nous, qui sommes devenus de « nouvelles créatures » en Christ, savons que nous devons être éprouvés (si notre épreuve n’a pas déjà commencé), et devrions nous rendre compte que c’est seulement lorsque nous pratiquons des renoncements dans les petites choses de la vie, et mortifions (rendons insensibles) les désirs naturels de notre chair quant à la nourriture, l’habillement, la conduite, etc., que nous devenons forts spirituellement et que nous sommes capables de « vaincre ».

Beaucoup, agissant négligemment avec eux-­mêmes en commettant de petites violations de leur voeu de consécration, se disent «  Quelle est l’uti­lité d’une telle attention et d’une vie si différente de celle du monde en général ? » Oh! l’utilité en est très grande, car les victoires dans les petites choses préparent pour de plus grandes victoires et les rendent possibles, tandis que céder à la chair dans les petites choses, signifie une défaite certaine dans le combat dans son ensemble. Rappelons-nous la règle posée par notre grand Instructeur —celui qui est fidèle dans les plus petites choses est fidèle aussi dans les grandes. C’est là l’action d’une loi, dont les effets peuvent être discernés dans toutes les affaires de la vie.

Notre Seigneur exprime la même pensée en disant : « On donnera (plus) à celui qui a (utilisé), mais à celui qui n’a pas (utilisé), cela même qu’il a lui sera ôté ». Si nous commençons à vivre une vie chrétienne, tout en étant très faibles dans la chair et en esprit, nous trouverons que la fidélité dans les petites choses apporte une force croissante dans le Seigneur et dans la puissance de sa force. Mais il est vain de prier : « Seigneur, Seigneur », et d’espérer remporter de grandes victoires, et obtenir la « couronne de réjouissance » si nous ne faisons pas de notre mieux pour vaincre dans les petites affaires de la vie quotidienne. En d’autres termes, notre épreuve débute à partir du moment de notre consécration, et les petites épreuves ne sont que des préparations pour de plus grandes épreuves. Ces dernières, lorsque nous les aurons fidèlement surmontées, nous serons alors à même de les considérer, avec l’Apôtre, comme de légères afflictions du moment présent qui produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. — 2 Cor. 4 : 17.

La réponse des Hébreux à Nébucadnetsar, —« Notre Dieu que nous servons » est digne de re­marque. Non seulement, ils reconnaissaient Dieu et l’adoraient, mais de plus, ils le servaient, selon qu’ils en avaient l’occasion. Et il en est ainsi au­jourd’hui : ceux qui ont la force de caractère néces­saire pour refuser d’adorer des institutions humaines, et par là de « souffrir la perte de toutes choses » — estimant celles-ci comme une « perte »et un « rebus » (Phil. 3 : 8) — afin de pouvoir gagner Christ et d’être trouvés finalement ac­complis en lui, comme membres de son corps glo­rifié, et cohéritiers dans son royaume, non seule­ment pratiquent des renoncements, mais servent et confessent avec joie le Seigneur dans leur vie quotidienne. Appréciés comme ils devraient l’être, des services rendus par amour pour le Seigneur sont toujours des services rendus à sa cause. Qui­conque ne rend pas quelque service à notre Roi dans le temps présent où les occasions de servir sont multiples, posséde tout au plus l’amour « tiède » qui répugne au Maître. — Apoc. 2 : 4 ; 3 : 16.

Prenons la résolution, chers frères, comme le firent les trois Hébreux dont il est fait allusion dans cette leçon, de n’adorer et de ne servir que l’Eternel, notre Dieu — de n’adorer et de ne servir ni le sectarisme sous aucune de ses nombreuses formes, ni Mammon avec ses séductions et ses ré­compenses, ni la réputation, ni les amis, ni nous-mêmes. « Dieu en cherche de tels qui l’adorent en esprit et en vérité » telle est la déclaration de notre Seigneur et Chef. — Jean 4 : 23, 24.

W. T. 1.899 — 2.494.

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