DIRE DU MAL ET SE LIVRER DES CONJECTURES

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Nombreux sont les subterfuges particuliers dont se sert la nature déchue pour tenter d’étouffer la voix de la conscience. Nous avons connu des personnes au courant des injonctions scripturales contre la diffamation, les mauvaises paroles et les mauvaises conjectures, et qui cependant se trouvant embarrassées par manque de connaissance sur le sujet et si inaccoutumées à examiner leur propre comportement, qu’elles en arrivent à exprimer des paroles calomnieuses dans le même souffle qu’elles expriment leur désapprobation contre des paroles méchantes. Afin d’éviter un tel état de confusion, il est bon d’avoir à l’esprit une définition claire de ces termes.

La diffamation, élément d’anarchie

Une diffamation est toute parole dite avec l’intention de nuire à quelqu’un d’autre ; que la parole dite soit vraie ou fausse. La loi de Dieu et celles des hommes sont d’accord pour déclarer que pareille offense est injustifiée. Il est vrai que nombreux sont les offenseurs qui ne sont jamais poursuivis, mais il est également vrai que les journaux échappent aussi maintes fois aux lourdes conséquences pour diffamation, sous prétexte qu’ils publient cette information diffamatoire en tant que nouvelle appartenant naturellement au public. Les hommes publics considèrent que c’est une bonne politique de laisser passer dans la presse une diffamation « ordinaire », réalisant que les nombreuses déclarations, faites par la presse opposée, seront à bon droit taxées comme fausses.

Les effets de la diffamation publique sont très nuisibles et amènent un accroissement des insultes parmi le peuple. Pareille condition lui cause, ainsi qu’à ses institutions, un tort grave. Les membres officiels du gouvernement et d’autres hommes, ainsi insultés, perdent leur bonne influence sur les classes inférieures qui ainsi, jour après jour, sont poussées vers l’illégalité, et de là, en peu de temps, vers l’anarchie que les Écritures nous annonce être proche.

La médisance, indication d’impiété

Les mauvaises paroles comprennent toutes les remarques diffamatoires ou injurieuses contre les autres – termes de haine, de malice, d’envie ou de jalousie – tout ce qui peut blesser un autre à quelque degré que ce soit. Même une remarque désobligeante sur un autre, affectant sa réputation, est une mauvaise parole, même si la déclaration est vraie.

Toutes nos paroles sont prises en compte par le Seigneur pour indiquer l’état de notre cœur. Si nos paroles sont insensées, frivoles, inamicales, ingrates, belliqueuses, déloyales, Il juge le cœur en conséquence sur le principe qui dit : « C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. » (Matthieu 12 : 34). Ainsi dans toutes les circonstances diverses de la vie quotidienne, nos paroles portent continuellement témoignage devant Dieu sur la condition de nos cœurs.

La piété ne peut certainement inclure le bavardage nocif, les conversations malpropres ou profanes, les paroles déloyales ou agressives. Éloignons toutes ces choses loin de ceux qui citent le nom de Christ en sincérité et en vérité.

La langue est le membre le plus puissant du corps humain. Ainsi que l’attestent les Écritures, par elle nous bénissons le Seigneur, notre Père, et par elle nous maudissons les hommes. Non seulement nous pouvons blesser ceux qui sont à la portée de notre langue, mais nos paroles peuvent étendre leur influence au travers du monde et de génération en génération. Nos langues sont la plus merveilleuse puissance dont Dieu nous a gratifiés. Il a été dit que toutes les expériences de la vie s’impriment plus profondément en nous lorsqu’elles sont présentées verbalement. Lorsqu’elles sont exprimées, les pensées s’impriment profondément dans l’esprit. Nous devrions certainement prêter attention à notre langue. – Jacques 3 : 9, 10.

Les mauvaises conjectures indiquent un cœur impur

Les mauvaises conjectures consistent à imaginer des mauvais motifs derrière les mots et les actions des autres (opinion fondée sur de simples apparences). Procédant d’un cœur incomplètement consacré, la mauvaise conjecture attribuera des motifs égoïstes ou mauvais à chaque bonne action. Cette forme de péché est classée par l’apôtre Paul comme contraire à la Parole de notre Seigneur Jésus, opposée à la piété, et au même rang que l’envie et la querelle. – œuvres de la chair et du diable. – 1 Timothée 6 : 3-5 ; Galates 5 : 19-21.

Ceux qui ont cultivé cet esprit d’amour qui ne « soupçonne pas le mal » ont développé leur caractère et se sont habitués à « prendre plaisir dans la crainte de l’Eternel. » (Esaïe 11 : 3). Ils seront prudents là où il y a, même un soupçon de méchanceté, alors qu’en même temps ils éviteront d’imputer à quiconque une mauvaise intention, jusqu’à ce qu’ils soient forcés de le faire par une indiscutable évidence. Il est de loin préférable de subir des pertes insignifiantes plutôt que d’accuser une personne innocente. Le Seigneur qui a dirigé notre voie dans des cas de ce genre est largement à même de compenser toute perte subie en suivant son conseil.

Attribuer de bons motifs, est charitable

Le véritable chrétien cultivera sa disposition à penser charitablement au sujet des paroles et des actions des autres et à supposer que leurs intentions étaient bonnes jusqu’à ce qu’il ait des preuves incontestables du contraire. Là encore il ira seul vers l’offenseur, selon Matthieu 18 : 15 et s’il y a nécessité il prendra les mesures nécessaires, comme le commande le Seigneur en Matthieu 18 : 15-17.

Par leur haut niveau d’appréciation de la loi divine, les Chrétiens avancés reconnaissent, qu’aux yeux du Seigneur, la haine est un meurtre, le faux témoignage est un assassinat et la destruction de la bonne renommée d’un prochain est un vol. Une quelconque de ces choses, faite au sein de l’Église parmi le peuple déclaré de Dieu est doublement néfaste – c’est le vol ou le meurtre d’un frère – 1 Jean 3 : 15.

En vérité et avec force les Écritures déclarent que « le cœur est tortueux par-dessus tout et il est méchant. » (Jérémie 17 : 9). Ceux qui s’adonnent aux mauvaises paroles et à la vile conjecture et qui tentent de justifier leur conduite, ne sont, soit jamais entrés dans l’école de Christ, ou ne sont encore que dans la classe infantile, car ils semblent ignorer que l’esprit d’amour fraternel n’est pas le leur.

Différentes façons de représenter faussement les autres

Le faux témoignage ne s’applique pas uniquement à de fausses déclarations, mais également à toutes formes de fausses représentations, soit par des déclarations directes ou des déclarations indirectes (allusions) susceptibles de créer de fausses conclusions. On peut exprimer un faux témoignage par un mouvement de tête, un soulèvement des épaules ou même par le silence alors que nous devrions parler.

Apparemment, une des plus dures leçons à apprendre pour les chrétiens, c’est le commandement du Maître qui dit que s’ils ont quelque chose de désagréable à déclarer concernant un frère ou une sœur, une critique à formuler concernant la vie privée d’un autre, ils devraient se rendre seul vers le membre concerné (Matthieu 18 : 15 – 17). Il n’existe peut-être pas d’autre moyen à l’adversaire pour réussir à implanter aussi aisément des racines d’amertume produisant la mésentente, la colère, la malice, la haine, la discorde et d’autres mauvaises œuvres de la chair et du diable que de détourner le peuple de Dieu de l’obéissance à ce commandement. Permettons donc à l’amour de faire son œuvre parfaite et bienfaisante dans nos relations avec les autres.

L’amour, élément préventif contre les mauvaises pensées

La loi d’amour interdit au peuple de Dieu de suivre l’exemple pernicieux du monde. Cette loi commande le silence à tous ceux qui reconnaissent le Grand Législateur disant de « ne médire sur personne. » (Tite 3 : 2). De plus elle se déclare contre les mauvaises pensées, les mauvais soupçons et les mauvaises conjectures. « L’amour (la charité) ne soupçonne point le mal. » 1 Corinthiens 13 : 5. L’amour, qui remplit nos cœurs, non seulement empêchera la mauvaise conduite et les paroles blessantes, mais préviendra les mauvaises pensées.

En vérité, pour bien marquer l’importance de ce sujet, le Grand Enseignant déclare aux élèves de son école : « Car on vous jugera du jugement dont vous jugez. » (Matthieu 7 : 2). De même Il les instruisit sur la manière de prier : « Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » (Matthieu 6 : 12, 14, 15). Puis Il déclare : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. » (Matthieu 18 : 35). Si l’on conserve dans le cœur un ressentiment contre d’autres, le Père céleste ne nous pardonnera pas.

La pureté de cœur, un état avancé de la condition de disciple

Ces chrétiens qui sont des anciens dans l’école de Christ, et qui, de ce fait, sont qualifiés pour enseigner aux autres, sont non seulement extérieurement propres, mais également intérieurement. Ils sont lavés, par l’eau de la Parole, de la vulgarité, de l’impureté de la chair. N’étant plus esclaves du péché, ils ne sont plus dominés par les désirs et les faiblesses de la chair déchue et l’esprit du monde. Ils ne portent pas les fruits de l’injustice – la colère, la malice, la haine, la discorde, les mauvaises paroles et les mauvaises conjectures. – 2 Corinthiens 7 : 1.

Un cœur pur signifie pureté de volonté, d’intention ou de but qui, comme l’aiguille, montrant le pôle, est toujours tourné vers la vérité. Bien qu’une forte tentation soudaine puisse un instant, par faiblesse de la chair, l’attirer vers la droite ou la gauche, il reprend pourtant aussitôt sa position normale qui est la loyauté envers la vérité et la justice. Un cœur pur aime la justice et hait l’iniquité. Il aime la pureté et méprise l’impureté et l’injustice. Il aime la propreté de la personne, de l’habillement, du langage et des habitudes. Il se plaît dans la compagnie de ceux qui sont purs et rejette toutes les autres, sachant que « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. » – 1 Corinthiens 15 : 33.

Nous devrions faire une nette distinction entre la pureté de cœur, de volonté, d’intention, et la pureté absolue de chaque acte, parole et pensée ; car, alors que la première est possible, la seconde est impossible aussi longtemps que nous serons encore dans nos corps mortels, et que nous serons entourés des conditions défavorables présentes. Le critère placé devant nous est : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5 : 48). C’est par ce critère que nous devons nous mesurer continuellement et non par l’un – l’autre ; et selon ce critère nous devons chercher à conduire notre vie ainsi que les méditations de nos cœurs. – 2 Corinthiens 10 : 12 ; Psaumes 19 : 14.

Or, ce sont uniquement nos volontés (cœurs) qui jusque-là ont été transformées et renouvelées. Notre corps terrestre imparfait dans lequel demeure ce trésor, ne sera pas changé avant notre résurrection. Pas avant le moment où nous serons rendus parfaits dans la ressemblance divine. Mais maintenant, rien de moins que la pureté de cœur, de la volonté, de l’intention ne peut être acceptable par Dieu et nous apporter la bénédiction. – 2 Corinthiens 4 : 7 ; 1 Corinthiens 15 : 52.

Comment maintenir la pureté de cœur

Ceux qui ont fait une entière consécration de cœur au Seigneur constituent (ceux qui sont appelés) les « cœurs purs » sous la loi de l’amour. Mais nonobstant la pureté de leurs cœurs, de leurs intentions, de leur volonté, pour observer la loi royale d’amour, ils ont à mener une bataille. La loi de leurs membres, dépravés par suite du péché, est la puissante loi de l’égoïsme, par opposition à la nouvelle Loi à laquelle ils se sont donnés – la loi de l’amour. – Romains 13 : 10 ; Jacques 2 : 8.

Cependant leur incapacité de vivre en accord avec les exigences de cette nouvelle loi, ne doit pas être due à un manque de volonté ou d’intention de leur cœur pur et loyal. Quels que soient leurs manquements, leurs insuffisances temporaires pour gagner la victoire, ce doit être uniquement à cause de la faiblesse de la chair et des assauts de l’adversaire auxquels leurs cœurs purs ne réussissent pas à résister.

Ici, les promesses du Seigneur sont un secours, leur assurant qu’Il connaît leurs faiblesses et fragilités ainsi que les méfaits du diable et l’influence de l’esprit du monde, contraire à l’esprit d’amour. Il les assure qu’ils peuvent aller librement au trône de la grâce céleste et y obtenir la miséricorde, pour leurs manquements dans leurs efforts à vivre à la hauteur de l’idéal que reconnaissent leurs cœurs et auquel ils s’efforcent de se conformer. Il les assure également qu’ils peuvent trouver grâce et assistance en tout temps de besoin. – Hébreux 4 : 6 ; Éphésiens 6 : 12.

Profitant de ces grâces et privilèges offerts par notre grand Souverain Sacrificateur, ils sont ainsi à même de combattre le bon combat contre le péché, de refouler ses attaques contre leurs cœurs, et le chasser s’il a réussi à envahir leur chair.

Ainsi, et ainsi seulement, le chrétien peut se garder pur de cœur, et maintenir sa condition de combattant du bon combat, en vainqueur du monde et de son esprit.

Illusion d’un cœur impur

L’esprit de la chair cherchera à s’associer au nouvel esprit et sera toujours prêt à accepter l’amour comme règle de vie sous certaines conditions. L’esprit de la chair préférerait reconnaître l’amour en paroles, en déclarations, en manières seulement – une apparence de piété sans force. (2 Timothée 3 : 5).

Des manières aimables, telles que l’amour les manifesterait, peuvent être parfaitement démontrées par un cœur égoïste, se trompant lui-même et trompant les autres. Sur les lèvres peut se lire un sourire, d’elles peut venir un mot de louange, de gentillesse, alors que dans le cœur peuvent se loger des sentiments d’égoïsme, d’envie, d’amertume, d’animosité. Sous des conditions favorables, ces éléments de péché cachés dans la chair peuvent se manifester par des paroles plus ou moins injurieuses, amères ou de reproche. Ou alors ceux-ci, continuant à rester dans le cœur, pourraient, lorsque l’opportunité se présenterait, s’exprimer par la colère, la haine, la malice, la discorde, ou tout autre œuvre de la chair et du diable, d’une manière totalement contraire à la voie d’un cœur pur, et en désaccord avec les commandements de la loi de la nouvelle création – l’amour. – 2 Timothée 3 : 13 ; Romains 7 : 5 ; Galates 5 : 19-21.

Nous devons avoir clairement à l’esprit, le fait que l’ultime objectif de toutes les actions divines avec nous et envers nous, et l’ultime signification de toutes les promesses divines qui nous sont faites, c’est le développement de l’amour, qui est la ressemblance à Dieu, car Dieu est amour. Pour que cet amour puisse être développé en nous dans le sens et au degré dont l’entend le Seigneur, il doit provenir d’un cœur pur, en plein accord avec le Seigneur et sa loi d’amour, mais entièrement en opposition à l’adversaire et à sa loi d’orgueil impie, de jalousie et d’égoïsme. – 1 Timothée 1 : 5.

L’amour développé par les principes de justice

Pour que cette sorte d’amour se développe convenablement, il faut avoir une bonne conscience, très bien réglée par les Écritures ; c’est pourquoi l’étude de la Parole de Dieu est très importante. La méditation sur la loi de Dieu est également nécessaire. Nous devons admettre le fait qu’il existe des commandements divins, ayant en arrière-plan des principes, et que ceux-ci doivent être ancrés dans nos caractères. En d’autres termes, nous devons posséder la pensée de Christ (1 Corinthiens 2 : 16). Ainsi que le dit l’Apôtre : « Marchez selon l’esprit et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. » – (Galates 5 : 16.

Cet avertissement signifie que nous devons surveiller toutes nos actions dans la vie, ainsi que toutes nos paroles ; car celles-ci sont la source, soit de bénédictions soit de malheurs pour d’autres et pour nous-mêmes. « Tel un homme pense dans son cœur, tel il est. » (Proverbes 23 : 7). Certains peuvent tromper d’autres pendant un certain temps mais le Seigneur sait si nous cherchons à Lui plaire.

Nous devons nous efforcer à plaire au Seigneur en toutes choses et surveiller notre conduite extérieure de sorte que notre comportement dans la vie puisse être prudent. Bien que nous sachions que le monde considèrera nos meilleures pensées et nos efforts comme étant de l’hypocrisie, néanmoins notre chemin est clairement marqué – c’est la voie du Seigneur – la voie de la sagesse.

« Que tout ce qui est vertueux et digne de louange soit l’objet de vos pensées. » – Philippiens 4 : 8.

WT1912 p.5122