Discours de frère Russell à Shanghai, Chine.

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(Le 7 Janvier 1912 — lors de son Tour du Monde.)

Sur les attributs de Dieu, justice, amour, sagesse et puissance.

Les cent millions de travailleurs incessants et patients de la Chine ont eu ma sympathie dès l’enfance. Les phi­losophies de l’enfance sont souvent aussi justes que celles de l’âge mûr, quelquefois plus justes, je me rappelle mes questions d’enfant: Quel sera le sort des païens? et la réponse qu’on me donnait, il n’y a de salut que par la foi en Jésus le Rédempteur. Je demandais alors: Quelle sera la pénalité de leur ignorance du seul nom donné sous le ciel, parmi les hommes, par lequel nous puissions être sauvés? La réponse qu’on me donnait était la réponse ordinaire de tous nos crédo orthodoxes, c’est qu’ils pas­seraient l’éternité en enfer dans une angoisse inexprimable. Comme mon cœur débordait de sympathie pour tous les mouvements missionnaires en faveur des païens!

L’âge mûr vint ensuite avec ses pensées différentes et je dis: Comme les autres, je suis imparfait dans toutes mes voies; ma sympathie et mon amour ne peuvent par conséquent pas être aussi grands que ceux de notre Créa­teur. Comment est-il possible que Dieu, qui a toutes les forces de l’univers sous son commandement, puisse regar­der calmement, voir les opérations de ses propres lois emporter des milliers de millions de créature à la misère éternelle et cependant s’abstenir de leur donner les infor­mations nécessaires? Il y a quelque chose que nous ne comprenons pas dans la Bible, me disais-je, quelque chose de faux dans nos crédo qui sont édifiés sur la Bible.

Je mis de côté ces crédo et commençai à raisonner, mais, grâces à Dieu, pas sur des lignes irrespectueuses envers Dieu. Je raisonnai de cette manière: celui qui a créé l’univers créa aussi l’homme; quelles que soient les qualités que je puisse trouver dans l’humanité, elles ont été l’oeuvre du Créateur; les plus nobles qualités de l’homme sont la justice et l’amour, par conséquent le Créateur doit posséder ces qualités à l’infini. Je pliai le genou dans un sentiment d’adoration devant le Dieu infini en sagesse, en justice, en amour et en puissance.

Celui qui cherche trouve.

Je dis: O Dieu tout-puissant quoique inconnu de moi, je t’adore, je t’adore! Mon être entier t’implore pour que tu me donnes le plaisir de faire connaissance plus intime­ment avec toi, cela afin que je puisse connaître ta volonté à mon égard et tes desseins envers l’humanité. Je pensai, comme Dieu est un Dieu tout sage! il a assurément des desseins tout sages à mon égard et je n’ai rien à craindre. Aussi sûrement qu’Il est juste et plein d’amour, ses plans et ses desseins s’accordent avec ses qualités, ainsi, ayant fait l’homme capable d’apprécier ces qualités, il aura sûre­ment la volonté de m’accorder les informations que je désire, c’est à dire me faire comprendre de quelle manière je pourrai le mieux le servir et lui plaire, quels sont ses intentions et ses desseins pour ce qui concerne l’huma­nité.

Ma prière me convainquit de plus en plus qu’il y avait une révélation divine quelque part dans le monde. Je

187 Mars 1912

pensais avoir sondé les Ecritures avec foi, avoir prouvé qu’elles étaient déraisonnables, contraires à toute concep­tion que je pouvais avoir du divin Créateur et de ses des­seins, alors mes yeux se tournèrent vers ce pays d’orient et vers vos livres sacrés. Je les étudiai pendant un temps, mais ils satisfirent beaucoup moins mon intelligence que la Bible, laquelle j’avais rejetée.

Je retournai à la Bible en me disant que j’avais peut-être des préjugés lorsque je l’examinais auparavant. Je pensais n’en avoir pas eu, je fis de nouvelles recherches, parce que je sentais qu’il devait y avoir quelque part une révélation du vrai Dieu et parce que la Bible, après tout, en donnait le meilleur témoignage. Elle parlait d’un Dieu vraiment plein d’amour comme aucun autre livre ne le faisait, même si ses enseignements supposés, concernant l’avenir des non-élus me faisaient hésiter, étant sûr qu’ils étaient contraires à des commandements que Dieu pouvait avoir faits.

Trouvant la Bible raisonnable.

Dédaignant les écrits de l’Ancien Testament, je commen­çai par le Nouveau, je dis: Jésus n’était-il pas un magni­fique caractère? N’est-il pas vrai qu’aucun homme n’a parlé comme cet homme? Mon cœur et ma tête répon­daient affirmativement. Ses enseignements sont les plus nobles qu’on puisse trouver sur la terre; ses exemples s’accordent parfaitement avec ses enseignements. Je me demandais: Puis-je avoir confiance en ces preuves? Mon esprit répondit, oui. Si des hommes comme ceux-là, au­jourd’hui, me faisaient part de leurs observations, je pour­rais les croire implicitement. Les disciples confessaient qu’ils étaient ignorants, illettrés; ils parlaient de leurs pro­pres faiblesses comme n’auraient pas pu le faire des im­posteurs. Leur message abonde en «bonne nouvelle de grande joie pour tout le peuple», non pas seulement pour leur propre nationalité. Je repris courage, sentant que j’avais trouvé un point d’appui pour ma foi, que la Bible différait des crédo qui se contredisaient les uns les autres et qui proclamaient que la Bible était heur autorité et leur base.

Je me rappelai soudainement qu’une bonne partie du N. Testament se composait de passages de l’Ancien Testament et les expliquait. Hélas ! disais-je en moi-même, je ne puis pas accepter les écrits de l’A. Testament. Plus j’étu­diai la chose, plus je fus convaincu que si Jésus et les apôtres étaient ce qu’ils prétendaient être, l’A. Testament était aussi vrai que le Nouveau. St. Paul dit: « Les saints hommes d’autrefois ont parlé, poussés par le St. Esprit. »

Je commençai une étude plus critique de l’A. Testament; je cherchai, et à ma joie je trouvai; je heurtai à la porte la vérité et elle s’ouvrit pour moi. Je trouvai les en­seignements de la Bible très différents de ce que je les croyais être, tout à fait contraires à ceux des crédo. Chacun de ces crédo et tous contiennent des vérités tirées de la Bible, mais incrustées de différentes crédulités humaines et de fausses conceptions; le message de la Bible comme un tout, divisé entre les credo, se contredit lui-même.

 L’enter de la Bible est la clef.

A mon étonnement, je trouvai la Bible non seulement plus logique que toute chose au monde, mais encore le seul enseignement vraiment logique sur la terre. Inter­prétée par elle-même et non par les théories, les crédo de l’âge des ténèbres, la Bible nous raconte une histoire raisonnable, belle, harmonieuse de la Genèse à l’Apoca­lypse. Elle ne dit rien d’un enfer ardent gouverné par des démons résistant à l’épreuve du feu, d’un enter approvisionné de combustibles pour toute l’éternité et auquel Adam et toute sa race furent condamnés pour jamais à cause de leurs péchés, la Bible, au contraire, enseigne que le salaire du pêché est la mort.

Elle nous dît que l’âme qui pêche c’est celle qui mourra; elle dit qu’Adam pécha et tomba sous la pénalité de la mort, que toute sa race, par les lois de l’hérédité est sujette aux faiblesses mentales, morales et physiques; ces faibles­ses ont triomphé dans un règne de péché et de la mort pendant 6000 ans. Elle nous dit que cette mort, la mort dans laquelle Adam et toute sa race vont, est le shéol, le sépulcre (l’enfer) de la Bible pour toute l’humanité, pour les bons et les mauvais. Elle nous dit qu’il n’y a là: «ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse». — Eccl. 9 :10.

Elle nous dit que tous, bons et mauvais dorment, atten­dant la résurrection des morts. Elle nous dit que la mort de l’homme, aurait été aussi complète que celle de la bête si Dieu n’avait pas arrangé dans sa sagesse et son amour, un plan de rédemption, une résurrection des morts, des justes et des injustes. Elle nous parle du divin arrange­ment fait, par lequel Dieu peut être juste, ne pas rejeter les lois de son propre tribunal et cependant relever l’homme de la sentence de mort. Cet arrangement fut que Jésus goûta la mort pour tous, que, puisque par un homme vint la mort, par un homme aussi vint la résurrection des morts; puisqu’en Adam tous devaient mourir, par Christ aussi tous revivraient, chacun en son propre rang. — Héb. 2:9; 1 Cor. 15:21,22.

Premièrement l’Eglise élue.

Pour Dieu mille ans sont comme un jour (2 Pier. 3 : 8). Il a voulu que six de ces grands jours soient une période de combat pour l’homme contre le péché, la mort et que le septième soit le jour du Messie, le sabbat ou jour de repos du monde dans lequel le Messie, le divin représen­tant relèvera ceux qui sont de bonne volonté et obéissants, ouvrira les yeux des aveugles, débouchera les oreilles des sourds et fera que tous connaîtront l’Eternel depuis le plus petit jusqu’au plus grand.

Les humains qui refuseront d’obéir mourront de la se­conde mort, ce sera la complète destruction. Il ne sera pas accordé plus d’un siècle d’épreuve à chacun, car nous lisons: Le pécheur âgé de 100 ans sera retranché et le pécheur âgé de 100 ans sera maudit (Es. 65 : 20). Tous ceux qui accepteront la divine faveur arriveront à la per­fection humaine, la même que celle dont Adam a joui au commencement; ils auront de plus la connaissance du bien et du mal qui lui manquait.

De ces humains de bonne volonté et obéissants, il est écrit: Tout genou se pliera et toute langue le confessera. Beaucoup d’entre vous, Chinois, courberont les genoux devant le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs que vous connaîtrez tout à fait, car la connaissance de l’Eternel remplira la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer. Vos ancêtres que vous révérez seront là aussi; le prophète Esaïe (ch. 35), dit, que leurs yeux seront ouverts et leurs oreilles seront débouchées. Quelle grande réunion ce sera pour les centaines de millions de Chinois! Oui, et il y a mieux, les Ecritures disent: Toutes les fa­milles de la terre seront bénies par la connaissance de Dieu et par une pleine occasion de rétablissement de tout ce qui fut perdu en Adam, tous ceux qui furent rachetés au Calvaire. — Actes 3 : 19—21.

Ces nouvelles, me direz-vous, sont trop belles pour être vraies; nos missionnaires ne nous ont jamais parlé d’un Dieu si bon ni d’un Sauveur si puissant. Si nous avions entendu un si beau message, nos cœurs auraient été attirés il y a longtemps, car nos dieux ne sont pas sympathiques; ils sont grands, puissants et vicieux, mais nous avons pensé, d’après ce que nous avons entendu par les mission­naires, que le Dieu des chrétiens était beaucoup plus féroce que nos dieux, car l’enfer affreux, brûlant, duquel nous avons entendu parler par les chrétiens, est terrible au delà de tout ce que nous, païens, avions entendu ou supposé pour nous-mêmes.

Bonne nouvelle de grande joie.

L’Evangile de la Bible, le message du grand Dieu, infini en justice, en sagesse, en amour et en puissance est

188 Mars 1912

un message de grâce,  de miséricorde qui ne pouvait pas provenir de quelqu’un d’autre; c’est quelque chose que ne contient aucun autre livre religieux du monde. Le grand Etre suprême ne peut pas être autre chose qu’une fontaine de grâce, de bénédiction pour les créatures qui dépendent de lui. Nous ne devons pas être étonnés donc si le Dieu de toutes grâces a de grandes bénédictions en réserve pour l’humanité, «des temps de rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes.» — Actes 3:19—21.

Un autre message ne doit pas nous étonner, c’est le message qu’apporta l’ange du Seigneur la nuit de la nais­sance de Jésus: «Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie» —y compris les milliers de millions de Chinois. C’est une joie pour moi de pouvoir annoncer ce glorieux message à tous ceux qui ont des oreilles pour l’entendre; c’est aussi une joie pour moi de savoir que, selon le divin arrangement, le temps vient où les oreilles des sourds seront ouvertes et où une claire connaissance de la bonté de Dieu remplira la terre comme les eaux couvrent les profondeurs.

Dieu annonça le message de ses bienveillants desseins envers l’humanité, il y a environ 36 siècles à son ami Abraham et lui dit: Je bénirai toutes les familles de la terre et je le ferai par ta postérité, «en toi et en ta se­mence, toutes les familles de la terre seront bénies.» La semence naturelle d’Abraham fut la première développée, instruite et par conséquent élevée sous la loi de l’alliance. Cet arrangement prépara la semence naturelle d’Abraham, pour recevoir Jésus, plus que tous les autres peuples du monde, ainsi quand il se présenta lui-même et quand en­suite son message fut proclamé par les 12 apôtres, 16,000 Juifs approximativement devinrent ses disciples qui le sui­virent dans l’empreinte de ses pas; ils furent engendrés du St. Esprit à la Pentecôte et pus tard, devenant ainsi les membres de la semence spirituelle d’Abraham.

Le nombre des ressuscités dans la première résurrection.

Le nombre est petit selon l’intention de Dieu, 144,000, Apoc. 14. Au temps marqué le message de la grâce et le privilège de devenir membres de la semence spirituelle d’Abraham fut apporté à toutes les nations l’une après l’autre; aux Juifs premièrement, mais aussi à d’autres, au­tant que le Seigneur notre Dieu en a appelé (Actes 2 :39), de toute nation, de tout peuple, de toute tribu et de toute langue. Ces élus, ces disciples spirituels engendrés de l’Esprit seront bientôt tous changés dans la première résurrection glorieuse, quand ce corps mortel et corruptible aura revêtu l’immortalité. Tous ceux qui seront trouvés fidèles seront faits participants de la nature divine, bien au-dessus des anges, des principautés et des puissances, associés avec le Rédempteur (Eph. 1 : 21). La semence d’Abraham sera com­plétée et qualifiée pour le grand œuvre de bénir la race. St. Paul dit: « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde » (1 Cor. 6 : 2). Le jugement se fera sous la forme d’épreuves, de difficultés, pour prouver combien des humains seront élevés à la perfection humaine, amenés en accord avec Dieu et la vie éternelle, combien aussi sont indignes et seront détruits dans la seconde mort. Dieu qui a élu ces rois, ces prêtres et ces juges, a déterminé un jour dans lequel ils gouverneront, béniront, instruiront et jugeront l’humanité en général. Ce sera les 1000 ans du règne du Messie, un jour aux yeux du Seigneur est 1000 ans —2 Pier. 3:7,8.

C’est un grand plaisir pour moi d’avoir l’occasion de dé­livrer le message de la grâce de Dieu aux pauvres Chinois. Que le Seigneur bénisse ce message non seulement pour les Chinois, mais pour tous ceux qui ont des oreilles pour l’entendre et un cœur pour comprendre le divin caractère. Qu’il puisse aider quelques-uns à affermir leur vocation et leur élection, afin qu’ils soient membres du petit troupeau, auquel le Royaume sera bientôt donné. Puisse-t-il en in­fluencer favorablement d’autres, afin qu’ils marchent noblement, raisonnablement, qu’ils soient préparés pour recevoir les bénédictions du Royaume et avoir part au rétablisse­ment terrestre. (A. B.)