DU FOND DE L’ABÎME

Listen to this article

« Il m’a retiré de la fosse de destruction, du fond de la boue ;

Et il a dressé mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas. »

– Psaume 40 : 2 –

(Étude verset par verset du Psaume 130)

Le psaume 130 est le onzième des quinze « Cantiques des degrés ». Alors que beaucoup les attribuent à Ézéchias, d’autres, pour des raisons que nous estimons plus justifiées, croient que ces cantiques étaient chantés par les pèlerins se rendant à l’une des fêtes à Jérusalem.

Parmi ces psaumes, il y en a beaucoup qui corres­pondent à la géographie, l’un venant des tribus de Nephtali et Zabulon, et traversant la région accidentée et la montagne infestée de voleurs en Samarie. Les deux derniers évoquent la vue qu’ils avaient en s’approchant de la ville sainte et quand ils voyaient d’autres pèlerins, guidés par le même esprit, venant de toutes les directions pour rendre hommage à Dieu.

Dans un autre sens, il est approprié d’appeler ces psaumes « cantiques des degrés », ou d’ascension, car cela monte régulièrement, de l’abîme de pénitence vers les sommets de l’espoir. Pour ce qui est de ce psaume 130, il s’inscrit dans deux parties de quatre versets chacun. La première exhale d’abord la prière d’une âme pénétrée par la conscience du péché ; la deuxième exprime l’attente paisible de quelqu’un qui a goûté à la miséricorde de Dieu qui pardonne. Les deux parties sont divisées en deux groupes de deux versets, ce qui constitue quatre étapes dans la progression du psalmiste, des profondeurs vers les sommets enso­leillés.

Du fond de l’abîme – Versets 1 et 2.

« Du fond de l’abîme je t’invoque, ô ETERNEL ! Seigneur, écoute ma voix ! Que tes oreilles soient at­tentives à la voix de mes supplications ! »

« La vie de chaque être humain a ses lumières et ses ombres, ses moments de joie et ses profondeurs de douleur. Ils forment ce qui constitue la trame de l’expérience ; et le tissu de caractère que crée ou que façonne le métier actif de la vie sera soit bon et beau, soit grossier et simple, en fonction de l’habileté et de la minutie avec lesquelles l’individu s’approprie et tisse en lui les fils de l’expérience. Dans toute vie, sous le rè­gne actuel du péché et du mal domine la sombre obs­curité ; et à un tel point que les Écritures décrivent avec justesse l’humanité dans son état actuel comme une « création gémissante ». Le chrétien n’est pas non plus exempté de ces conditions qu’expérimente le monde entier, car « nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant … la rédemption. » – Ro­mains 8 : 22, 23. – Reprints p. 1759.

Les premiers mots de ce psaume sont particulière­ment appropriés, si la fête attendue était le jour de Ré­conciliation ainsi que celle des Tabernacles (tentes) qui y est associée. C’était un jour national de repen­tance, ainsi que la commémoration de la délivrance de la nation de l’esclavage d’Égypte avec l’Exode.

La profondeur de l’expérience de l’esclavage des Israélites a été comparée à leur connaissance qu’ils demeuraient dans un esclavage différent, c’est-à-dire l’asservissement au péché et à la mort. De même qu’ils avaient crié pour être délivrés de l’oppression en Égypte, à présent leurs âmes criaient pour être libérés de la loi qui les avait condamnés pour leurs propres péchés et leurs imperfections. Comme le pasteur Rus­sell l’observa dans l’article déjà cité, « L’âme qui n’a jamais connu la discipline de la douleur et des diffi­cultés n’a jamais réussi à apprendre la grande valeur de l’amour et de la prévenance du Seigneur. » Un au­tre commentateur a écrit : « Le début de la véritable religion personnelle est le sens du péché personnel. »

Dans certains anciens manuscrits il est écrit : « Du fond de mon cœur, c’est-à-dire avec toute modestie et humilité… » Celui qui est dans la plus basse fosse voit mieux les étoiles au-dessus de lui. C’est une tentation toujours présente de se sentir abandonné quand on est durement secoué par des épreuves. Par contraste, c’est dans les profondeurs du malheur que le Psal­miste appelle son Dieu à l’aide.

Prenons le cas de Job, qui dit dans son désespoir : « Voici, je vais en avant, mais il n’y est pas ; et en ar­rière, mais je ne l’aperçois pas ; A gauche, quand il y opère, mais je ne le discerne pas ; il se cache à droite, et je ne le vois pas. » (Job 23 : 8, 9 – version Darby). Job avait recherché Dieu partout alors qu’il suffisait d’une chose : lever la tête. Trop souvent nous nous trompons de la même manière.

Ce qui préoccupe le plus ceux qui appartiennent au Seigneur, c’est que leurs prières soient entendues. Qu’une réponse soit donnée est moins important. Nous voulons tous être sûrs que le Seigneur nous a bien entendus. Nous nous en remettons à sa sagesse su­périeure de décider quand et comment une réponse sera donnée.

L’Assurance du Pardon – Versets 3 et 4.

« Si tu gardais le souvenir des iniquités, Eternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. »

L’apôtre Paul écrit : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » (Romains 3 : 23). Ainsi nul ne peut faire face à la barre de la stricte justice pour son propre compte. Quelle chance nous avons que le Seigneur tempère sa justice avec miséricorde. Le chrétien a l’assurance que, « si la promptitude à donner existe, elle est agréable selon ce qu’on a, non selon ce qu’on n’a pas. » – 2 Corinthiens 8 : 12 – ver­sion Darby.

Le mot hébreu shamar (réf. Strong # 8104) com­prend non seulement la pensée de « prendre note de », mais aussi de « garder en mémoire » comme dans Genèse 37 : 11 où Jacob note ou se rappelle les rêves de Joseph. Telle est la pensée dans ce verset du psaume. Jéhovah enregistre bien nos faiblesses et nos manquements, mais ne les garde pas en mémoire pour les utiliser contre nous à notre jugement final. En vérité, le Seigneur « sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière. » – Psaume 103 : 14.

Cela ne signifie pas que nous ne portons pas de responsabilité pour nos péchés, ou qu’ils sont pardon­nés sans discipline. Ayons à l’esprit le jugement final de la vie de David : « Parce que David avait fait ce qui est droit aux yeux de l’Eternel, et ne s’était détourné de rien de ce qu’il lui avait commandé, tous les jours de sa vie, excepté dans l’affaire d’Urie, le Héthien. » (1 Rois 15 : 5). David eut un prix élevé à payer pour ce péché, y compris la vie de son premier-né de Bath-Schéba. Pourtant, Dieu le conserva dans la royauté et l’accorda à sa postérité par une alliance éternelle. – Esaïe 55 : 3.

C’est ce caractère miséricordieux de Dieu qui nous attire si étroitement vers Lui. Bien que nous Le louions pour sa sainteté et sa puissance, c’est sa miséricorde qui produit notre respect et notre amour pour Lui. Comme le pasteur Russell le fait bien remarquer, « Si Dieu ne pardonnait pas et n’était pas miséricordieux, nous pourrions sûrement être dans la terreur devant lui ; mais alors nous ne pourrions pas L’aimer, et nous n’aurions pas les mêmes incitations à la justice, parce que s’Il n’était pas prêt à pardonner, où serait l’avan­tage ou la sagesse de la repentance. » (Reprints p. 3599).

En attendant l’Eternel – Versets 5 et 6.

« J’espère en l’Eternel, mon âme espère, et j’at­tends sa promesse. Mon âme compte sur le Seigneur, plus que les gardes ne comptent sur le matin, que les gardes ne comptent sur le matin. »

Le troisième aspect de ce psaume se trouve dans l’attente patiente de la manifestation du pardon de no­tre Père céleste : « Voici, comme les yeux des servi­teurs sont fixés sur la main de leurs maîtres, et les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux se tournent vers l’Eternel, notre Dieu, Jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous. » – Psaume 123 : 2.

La patience est une vertu qu’on acquiert. Nous ne naissons pas avec elle, et elle ne s’empare pas de nous soudainement. Elle doit s’établir, pas à pas et cela prend un certain temps. Elle se construit sur la confiance qui résulte de la vision de l’accomplissement des promesses et de la satisfaction que celles qui ne sont pas accomplies le seront en temps voulu.

Dieu aime bien trop ses enfants pour leur causer une quelconque douleur ou souffrance inutile. Bien que les réponses à nos prières semblent tarder, elles arri­vent sûrement. Voici comment l’apôtre Paul l’exprime : « Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous deman­dons ou pensons,… [soit la gloire] » – Éphésiens 3 : 20.

On dit que « L’avenir est aussi brillant que les pro­messes de Dieu. » C’est dans les assurances de la Parole de Dieu que nous pouvons attendre avec conviction et confiance. Huit fois dans le Psaume 119, l’auteur invoque la bonté miséricordieuse de Dieu en se basant sur ses promesses : « Je t’implore de tout mon cœur : Aie pitié de moi, selon ta promesse ! » – Psaume 119 : 58 ; voir aussi les versets 9, 25, 41, 76, 154, 169 et 170.

Selon Adam Clarke, « Le mot kavah, que nous tra­duisons par attendre, signifie proprement l’extension d’une corde d’un point à un autre. Il s’agit d’une belle métaphore : Dieu est un point, le cœur humain est l’autre, et la corde qui s’étend entre les deux est pour l’âme le plus profond désir de croire. »

David utilise une métaphore qui sied parfaitement à cette attente patiente : « Plus que les gardes ne comptent sur le matin. » La traduction Expositors Bible fait ressortir la force de cette figure : « Comme ceux qui pendant la longue nuit ont veillé avec empresse­ment dans l’attente de l’éclat qui avance furtivement en venant de l’Est, disant que leur veille est passée, et annonçant l’agitation et la vie d’un jour nouveau avec ses oiseaux qui s’éveillent dans la fraîcheur de l’air matinal, de telle sorte que les yeux de ces chanteurs se sont tournés vers Dieu et vers Lui seul. … La cons­cience du péché était comme une nuit obscure ; Le pardon apparut comme un éclat dans le ciel d’orient avec un crépuscule prophétique. Ainsi le psalmiste at­tend la lumière, et son âme aspire à Dieu. »

Demandez à quiconque a été dans la douleur sur un lit de malade ou a souffert d’insomnie et il vous dira avec quelle lenteur les heures semblent passer avant que la nouvelle lueur de l’aube ne commence à éclairer leurs fenêtres. Mais ce n’était probablement pas l’image qu’avait à l’esprit le psalmiste. David pensait peut-être aux nuits innombrables qu’il avait passées sur les collines désertes à garder les moutons tout en luttant contre l’endormissement, tentant de rester éveillé pour protéger le troupeau.

La traduction chaldéenne présente une pensée dif­férente. On y lit : « Plus que ceux qui observent les veilles du matin, qu’ils puissent offrir l’offrande du ma­tin. » Une autre idée est véhiculée dans la Septante : « Mon âme a espéré en l’Eternel ; de la veille du matin au soir. » Cependant, d’autres ont traduit : « Mon âme est dans l’attente de l’Eternel depuis les veilles du ma­tin jusqu’aux veilles du matin » (c’est-à-dire J’attends jour et nuit).

La longue attente d’Israël − Versets 7 et 8.

« Israël, mets ton espoir en l’Eternel ! Car la miséri­corde est auprès de l’Eternel, et la rédemption est au­près de lui en abondance. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités. »

L’espoir et la promesse du pardon sont maintenant élargis du pécheur repentant à la nation entière. En fait, le jour de réconciliation était un jour national de rédemption. Ses sacrifices devaient purifier le taberna­cle, et plus tard, le temple et son autel pour une nou­velle année d’offrandes personnelles.

Le message est maintenant évangélique. Le pardon offert est à la disposition de tous, à la fois individuelle­ment et collectivement. Cette espérance n’est pas mé­ritée, mais c’est un signe de miséricorde. Le mot tra­duit par « miséricorde » (hachesed) commence par ha qui est un article défini, comme un préfixe pour souli­gner ce pardon miséricordieux du verset quatre.

Il s’agit d’une miséricorde qui promet non seulement le pardon, mais la rédemption en abondance. Quand Dieu parla à Moïse sur la montagne sainte, cette pro­messe de pardon le remplit de confusion : « Et l’Eternel passa devant lui, et s’écria : L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité. » – Exode 34 : 6.

Le prophète Esaïe répète cette généreuse assu­rance : « Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; Qu’il retourne à l’Eternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner. » – Esaïe 55 : 7.

Le mot traduit par iniquités (avon, réf. Strong’s # 5771) dans le dernier verset de ce psaume rassurant, ne doit pas être associé avec le mot plus courant de péché (chattah, réf. Strong’s # 2398). Le dernier signi­fie « manquer la marque » et exprime le péché invo­lontaire qui a été hérité, le premier signifie littéralement « l’absence de loi » et est particulièrement approprié pour décrire l’incapacité d’Israël à observer la loi de Dieu.

Le message de ce psaume est plus facile à com­prendre qu’à appliquer. Pour ceux qui sont dans les profondeurs du désespoir et du malheur, l’assurance du psalmiste est que si l’on veut attendre l’Eternel pa­tiemment et dans la prière, il n’y a pas seulement le pardon pour nos péchés repentis, mais un retour dans la sérénité qui comprend la « paix de Dieu qui sur­passe toute intelligence. » – Philippiens 4 : 7.

The Herald of Christ’s Kingdom – Juillet-Août 2007

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *