Dans le dernier chapitre de l’Évangile de Marc, nous apprenons que, le premier jour de la semaine, quelques femmes allèrent, le matin de bonne heure au sépulcre où le corps de Jésus avait été déposé. Elles apportaient de quoi L’embaumer. Là, un ange les salua et leur dit : « Ne vous épouvantez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié. Il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre… » – Marc 16 : 6, 7.
Soudain, les larmes nous montent aux yeux, lorsque nous lisons les derniers mots « et à Pierre ».
Pourquoi le Seigneur ne désigne-t-Il pas Jean, le cher disciple, ou Thomas, le sceptique ? Pourquoi justement Pierre qui L’avait renié ?
Pierre avait commis un tel méfait qu’il voyait ses relations avec le Seigneur remises en cause. Le Seigneur n’avait-Il pas Lui-même mis ses disciples sérieusement en garde : « Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. » ? – Matthieu 10 : 33.
Imaginons-nous à la place de Pierre et que nous ayons renié le Seigneur ! N’aurait-on pas eu les mêmes pensées ? J’ai effectivement commis ce terrible péché ! Moi, Pierre, qui suis monté avec le Seigneur sur la montagne de la Transfiguration. Moi, Pierre, qui L’ai accompagné au jardin de Gethsémané. Je L’ai renié ! Pour moi, il n’y aura plus de communion avec le Seigneur – c’en est fait de moi ! D’autant plus qu’Il m’avait prévenu et je n’en ai pas tenu compte. Je ne croyais pas être capable de faire, un jour, quelque chose d’aussi lâche. Moi, Pierre, le compagnon inséparable du Seigneur, je L’ai renié – et en plus devant une domestique. Comment ai-je pu faire une chose pareille ?
Et je L’ai renié, non seulement une fois, mais trois fois, et en parjurant – moi, Pierre, qui Le connaissais et le reconnaissais comme étant le Christ, le fils du Dieu vivant. Moi, Pierre, qui déclarais ne jamais Le quitter, prêt même à donner ma vie pour Lui. Au tribunal, Il s’est tourné vers moi et m’a regardé. Que j’ai pleuré, ensuite ! Mais, à quoi bon des larmes ? Elles ne peuvent effacer ce péché. Moi, Pierre, j’ai renié Jésus.
Les pensées de Pierre se bousculaient certainement dans sa tête, quand il se remémorait les évènements des derniers jours. Dans la morne lumière du passé récent, bien des détails de ces heures doivent avoir pris un sinistre relief. Pourra-t-il jamais les oublier ? Non, jamais. Pierre ne pouvait pas oublier, mais le Seigneur ressuscité, d’un mot, pouvait dissiper toutes ses peurs et ses angoisses. Bien sûr, Pierre avait péché, mais le Seigneur lui a envoyé un message spécial, pour l’assurer qu’Il l’aimait toujours particulièrement : « Mais allez dire à ses disciples et à Pierre, qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. »
Les disciples devaient aller voir le Seigneur et Pierre devait les accompagner. Pierre allait se trouver face à Celui qu’il avait renié, pourtant sans être troublé par l’ombre du passé. Le bref message, tout simple, du Seigneur avait totalement modifié ses perspectives. Maintenant, Pierre savait que le gouffre ouvert entre lui et le Seigneur était franchi.
Un seul des quatre évangélistes rapporte les mots « et à Pierre ». De qui s’agit-il ? De Marc – oui, c’est lui qui les a notés. Marc était un proche collaborateur de Pierre ; il était si proche que certains disaient qu’il aurait été son secrétaire. Marc a appris beaucoup de choses sur le Seigneur grâce à Pierre. Et sans doute a-t-il recueilli ces mots de sa bouche, car ils devaient être inscrits dans le cœur de son compagnon de façon indélébile.
Le souvenir de défaillances passées nous assaille-t-il parfois et nous envahit-il de tristesse et d’angoisse ? Nous avons amèrement pleuré et regretté. Nous avons avoué nos péchés au Seigneur. Mais, il nous reste le sentiment angoissant d’être séparé de Lui, qui risque de nous jeter dans le doute. Est-ce que nous essayons de franchir le gouffre ? Ou, laissons-nous faire Celui dont l’amour toucha Pierre et le sortit de la froide solitude, dans laquelle ses péchés l’avaient mis et le ramena dans la douce confiance de la relation avec Lui ? Si le Seigneur ne lui avait pas envoyé un message d’amour particulier, Pierre serait sans doute resté inconsolable et anéanti, dehors, dans les ténèbres : « Mais allez dire à ses disciples et à Pierre… » Dans toute cette histoire, il y a la médiation du Seigneur : « Mais, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » – Luc 22 : 32.
Ces paroles, concernant Pierre, ont aussi été écrites pour nous, afin que nous prenions conscience de nos tendances à pécher, comme Pierre. Ne nous éloignons pas du Seigneur par manque d’amour pour Lui, mais ouvrons grand notre cœur à son amour illimité. Ne refusons pas sa grâce, en cédant à la tentation de ne voir que nous et notre disposition au péché. Écoutons plutôt son appel plein d’amour et ayons foi en LUI uniquement.
TA – septembre-octobre 1998