FRAPPÉ DE DIEU ET HUMILIÉ

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Marc 15 : 22-37 ; Matthieu 28 : 11-15

 

« Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a por­tées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et hu­milié. » – Esaïe 53 : 4.

Il n’y a pas de divergence concernant les faits as­sociés à la crucifixion de Jésus. Le seul sujet, sur le­quel il est possible de débattre, concerne la limitation, fixée par Dieu, au choix et à la raison de cette cruci­fixion. Le Prophète Esaïe nous en donne l’explication.

UN CHEMIN DE DOULEUR ET D’AFFLICTION

Le Seigneur fut très affaibli par ses trois ans de mi­nistère, durant lequel Il transmit, délibérément, sa vita­lité aux hommes, en les guérissant de leurs maladies. De plus, Il subissait une tension constante, sans som­meil, depuis le moment où Il envoya ses disciples pré­parer la Pâque. Durant cette veille, il y eut les épreu­ves pénibles, liées à la Pâque, et l’institution du Souper Commémoratif, le chemin jusqu’à Gethsémané, les heures d’agonies et d’épuisement, ainsi que les évé­nements qui suivirent, le jugement du Sanhédrin par les souverains sacrificateurs, le jugement devant Hé­rode, puis devant Pilate et les coups de fouets qui Lui furent infligés. Il n’eut pas de répit. Condamné à la cru­cifixion, par ceux pour lesquels Il abandonna la gloire de sa demeure céleste, Il fut en plus obligé de porter sa propre croix. Il le fit jusqu’au moment où, finalement, son poids accablant L’empêcha de continuer sa mar­che, et un fermier de passage fut contraint de l’assister, en la portant lui-même ou en aidant Jésus en portant derrière Lui une partie du poids. Les textes ori­ginaux ne sont pas bien clairs sur ce point.

Où étaient Pierre, Jean, Jacques, Thomas et les autres Apôtres, qu’ils n’accoururent pas volontairement pour Lui porter assistance ? La peur les en empêchait, certainement. Oh, mais quelle bénédiction ils perdi­rent ! La tradition raconte que ce fermier Cyrénéen, contraint à porter la croix, devint ensuite disciple du Nazaréen, du fait de la Vérité du Message du Seigneur que son cœur acceptait en raison des événements qui se produisirent au cours de cette heure-là.

Des femmes en pleurs s’assemblèrent, et nous nous demandons pourquoi aucune d’elles ne vint à son aide. Se tournant vers elles, Jésus déclara : « Ne pleu­rez pas sur moi ; mais pleurez sur vous et sur vos en­fants. » Certains étudiants de la Bible supposent que les paroles du Maître concernant les montagnes et les collines qu’elles désireraient avoir pour couverture et protection (Luc 23 : 30) se rapportent à la grande dé­tresse qui s’abattit sur les Juifs trente-sept ans plus tard, lors de la destruction de Jérusalem. Et il est ad­mis que la destruction de Jérusalem, et cette détresse, étaient des types qui présageaient la détresse plus grande qui se produira dans les derniers moments qui clôtureront cet Age.

Il est certain que les mêmes expressions, en ce qui concerne les montagnes et les collines, sont utilisées en rapport avec la fin de cet Age de l’Evangile. Quand, lors de son second avènement, Christ sera révélé par le feu dévorant des jugements, le présent ordre de choses sera consumé et la voie préparée pour le nou­veau Roi. Nous ne devons pas supposer que quelqu’un priera pour que les montagnes s’affaissent sur lui, alors qu’il existe des moyens pour s’ôter la vie d’une manière plus facile. L’idée semble plutôt être qu’un grand nombre de personnes rechercheront, désireront et prieront pour être cachées, protégées de la détresse qui fera rage. Les rochers de la société, ce sont ses organisations sociales, chacune d’elles s’efforçant de protéger ses propres membres.

Jésus dit : « Car, si l’on fait ces choses au bois vert, qu’arrivera-t-il au bois sec ? » Il semble ici comparer la nation Juive au figuier qui se dessécha rapidement sous sa malédiction, ou sentence. Ainsi, cinq jours avant sa crucifixion, Jésus, monté sur un âne, se ren­dant à Jérusalem, pleura sur la ville, déclarant: « Votre maison vous est laissée déserte ». A ce moment, sur une période très courte, tandis que le figuier (Israël selon la chair, trad.) était vert, son gouvernement, ses dirigeants avaient atteint une position désespérée, au point d’être prêts à violer toute loi et faire taire toute conscience en crucifiant le Seigneur.

Si le mal agit si rapidement pour produire un ou­trage à la justice aussi horrible, à quoi pouvait-on s’attendre plus tard, quand ce figuier juif devint com­plètement sec et que toute la sève (la spiritualité) eut disparu de lui ? Pareillement, à la fin de cet Age, nous pouvons nous attendre à ce que l’Eglise, le Corps de Christ, les saints souffrent violemment, que de cette manière le sel de la terre soit enlevé et que, rapide­ment après, une putréfaction générale survienne, l’anarchie.

LE FILS DE L’HOMME ÉLEVÉ

Jésus avait annoncé sa crucifixion disant : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé » – qu’Il soit crucifié. Le serpent d’airain était ainsi utilisé comme un type de Jésus, qui était en réalité saint, innocent et sans tache. Mais Il prit la place du pécheur, Il fut traité comme pécheur. La punition la plus sévère selon la Loi était la crucifixion : « Maudit est quiconque est pendu au bois ». Ainsi, l’Apôtre explique qu’Il devint malédiction pour nous (Galates 3 : 13). Bien qu’Il ne connût pas le péché, Il prit la place du pécheur. Les Ecritures indiquent que Jésus mourut pour nos péchés.

Les paroles figurant en Luc 23 : 34 : « Père par­donne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » ne doivent pas être prises en considération, parce qu’elles ne fi­gurent pas dans les plus anciens manuscrits Grecs. D’autre part, Jésus devait savoir que les Juifs seraient punis à cause de leur péché. Il avait prédit dans sa parabole que Dieu les punirait et que leur ville serait brûlée (Luc 20 : 14-16). Selon le contexte, la déclara­tion : « Pleurez sur vous-mêmes » (Luc 23 : 28) impli­quait une punition sur les Juifs pour leurs péchés, et que ce péché-ci ne leur serait pas entièrement par­donné. En fait, nous savons que les Juifs ont été re­tranchés de la faveur divine depuis maintenant dix-huit siècles (article écrit en 1914, trad.). Il est approprié que nous admettions que Jésus était en pleine harmonie avec le Père, en ce qui concerne cet arrangement divin complet, et qu’Il ne demanda rien de contraire à la vo­lonté divine.

Paul se réfère également à cette question, lorsqu’il mentionne les malheurs qui s’abattirent sur les Juifs au temps où ils rejetèrent le Seigneur : « La colère a fini par les atteindre au plus haut point, afin que toutes les choses écrites à leur sujet trouvent leur accomplisse­ment. » – 1 Thessaloniciens 2 : 14-16.

D’autre part, nous pouvons être assurés que Jésus, qui donnait sa vie pour les Juifs, n’était pas opposé à la juste punition qui leur était due, pour leur grand pé­ché d’avoir mis à mort Celui que l’Eternel leur avait en­voyé, tout particulièrement, comme son représentant, son Fils. Une juste rétribution pour un tel péché volon­taire serait sans aucun doute une pleine destruction, mais l’Apôtre indique que le sang de Jésus exprime de meilleures choses (Hébreux 12 : 24) – non la Justice. Son sang parle de pardon des péchés, non seulement pour le reste du monde, mais également pour les Juifs. Il signifie une opportunité complète de réconciliation avec Dieu, durant le Royaume Messianique.

L’Apôtre Pierre corrobore la pensée, selon laquelle, les Juifs n’étaient pas pleinement responsables de leur conduite en raison, tout au moins, d’une ignorance partielle. Il s’adressa à certains, par la suite, au moyen de ces paroles : « Je sais que vous avez agi par igno­rance, ainsi que vos chefs », car s’ils avaient su, ils n’auraient pas crucifié « le Prince de vie » (Actes 3 : 15-17). Le prophète Zacharie nous montre que, pour le monde, au temps voulu par Dieu, les yeux de l’entendement des hommes seront ouverts. Tous ver­ront les choses sous un nouveau jour et les Juifs, en particulier, verront « Celui qu’ils ont percé ». Le Sei­gneur alors déversera sur eux un esprit de grâce et de supplication et ils tourneront leur regard vers Celui qu’ils ont percé, et ils pleureront sur Lui (Zacharie 12 : 10), comprenant enfin qu’ils ont maltraité leur meilleur Ami, leur Rédempteur.

ILS SE SONT PARTAGÉ MES VÊTEMENTS

La dureté de cœur des soldats Romains est mon­trée dans le fait que, lorsque Jésus était en train d’agoniser, ils tiraient au sort sa tunique et se parta­geaient ses vêtements. Dieu promet que le Royaume Millénaire aboutira à ôter, de leur corps, le cœur de pierre, afin de leur donner à la place un cœur tendre. Oh comme le monde a grand besoin d’un rétablisse­ment complet à l’image et à la ressemblance de Dieu, représentées, à l’origine, en Adam et, par la suite, dans l’homme Jésus !

La disposition du monde est encore représentée dans l’attitude des deux malfaiteurs, crucifiés en même temps et qui furent placés, l’un et l’autre, de chaque côté de Jésus Lequel, du fait de l’inscription portée au-dessus de sa croix, fut appelé Roi des Juifs. L’un de ses deux compagnons de tribulation se moquait de Lui, en Le traitant d’imposteur, et il Le raillait en Lui disant de manifester son pouvoir pour se sauver Lui-même et pour les sauver également. Il ne comprenait pas que si Jésus s’était sauvé Lui-même, Il n’aurait pas pu deve­nir le Sauveur du monde !

L’autre malfaiteur défendait Jésus, déclarant qu’Il n’avait rien fait de mal et qu’Il avait été accusé injuste­ment. Se tournant ensuite vers Jésus, Il exprima sa foi en Lui, demandant une rétribution pour ses bonnes paroles. Il dit : « Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu seras entré dans Ton Royaume. » Le pauvre mal­faiteur savait que Jésus se disait Roi. Il se tenait près de Lui quand la question Lui fut posée : « Es-tu Roi ? », et il entendit la réponse : « Mon Royaume n’est pas de cet âge (selon le texte anglais)mais ‘de ce monde’, selon le grec kosmos, trad..» (Jean 18 : 36). Le malfaiteur reconnut que Jésus était digne d’être Roi, étant si noble de caractère et d’apparence. Et s’Il était, véritablement, ce qu’Il affirmait être ? Et si, fina­lement, dans le grand avenir, Il prouvait qu’Il était le Messie ? Il aurait au moins, lui, malfaiteur (trad.) dit la vérité sur son compte et pris sa défense, et il aurait au moins demandé qu’Il se souvienne de lui, s’Il parvient un jour à son pouvoir royal.

Il semble que, dans le passé, nous ayons tous gé­néralement mal compris la réponse de Jésus. Nous pensions qu’Il promettait au malfaiteur d’être avec Lui ce même jour, dans le Royaume. Cependant, nous savions, selon d’autres passages bibliques, que Jésus Lui-même n’entra pas dans son Royaume ce jour-là, mais dans la tombe neuve de Joseph (d’Arimathée, trad.) ; nous savions qu’Il ne ressuscita pas des morts, du Shéol ou Hadès, ou de la tombe, avant le troisième jour et que, même alors, après sa résurrection, Il dit à Marie : « Je ne suis pas encore monté vers mon Père… et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » De toute évidence donc, Jésus ne pouvait alors avoir dit que Lui et le malfaiteur seraient ensemble au para­dis ce même jour.

La véritable explication est toute proche. Le Para­dis, perdu par la chute de l’homme il y a six mille ans, est sur le point d’être restauré par le Messie, dans son glorieux Royaume. Le malfaiteur demanda que le Sei­gneur se souvienne de lui à ce moment-là, « lorsque tu viendras dans ton Royaume ». Le malfaiteur dort, de­puis, du sommeil de la mort, attendant que le temps du Royaume Messianique soit venu. La réponse de Jésus fut en plein accord avec cette demande : Amen ! Qu’il en soit ainsi ! « Je te le dis en vérité, ce jour [tandis qu’il semble que je n’aie aucun ami, et qu’il semble im­possible que mon Royaume vienne un jour, je te le dis aujourd’hui], tu seras avec moi dans le Paradis. »

Le Royaume de Jésus commencera rapidement l’œuvre de transformation du monde en Paradis et, à la résurrection des multitudes qui se sont endormies dans la mort, ce malfaiteur ne sera pas oublié par le Maître. Indubitablement, il sera grandement béni dans le paradis, à cause de ses paroles de réconfort dites sur la croix et, en particulier, parce que ces paroles indiquaient qu’il avait un cœur tendre et contrit. Un tel cœur sera le premier à obtenir les bénédictions du Royaume.

Jésus recommanda sa mère à son disciple Jean, ce qui semble indiquer que son mari, Joseph, n’était plus en vie. Cela nous démontre également l’intérêt du Maître pour ses bien-aimés, même en cette heure de souffrance extrême.

Le Maître, en mourant, s’écria : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ces paroles nous attestent le fait qu’Il ne prétendait pas être le Père Céleste, mais le Fils de Dieu. Elles nous montrent, également, que le Maître endura, jusqu’à la limite ex­trême, la condamnation encourue par le pécheur. La punition résultant du péché n’était pas uniquement le fait de mourir, mais également d’être retranché de la communion avec Dieu. Il fallait que Jésus, prenant la place du pécheur, expérimentât complètement, ne se­rait-ce que pendant un moment, les conséquences de l’égarement du pécheur.

Le cri du Maître : « Tout est accompli », nous rap­pelle les paroles qu’Il avait dites un jour plus tôt : « Il est un baptême [dans la mort] dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli » – et que tout soit fini. – Luc 12 : 50.

« Père, je remets mon esprit entre tes mains. » Ces paroles nous rappellent le fait que Jésus déposait sa vie, que l’esprit de vie qu’Il possédait était celui qui avait été transféré d’une condition antérieure. Il n’avait pas perdu son droit à la vie, comme Adam perdit le sien. Il pouvait ainsi en parler toujours comme de son propre esprit, de son propre droit à la vie – simplement livré pour le moment, simplement déposé avec la pro­messe divine qu’il Lui serait rendu à sa résurrection.

WT1914 p.5577