« Tout est pur pour ceux qui sont purs ; mais rien n’est pur pour ceux qui sont souillés et incrédules (infidèles), leur intelligence et leur conscience sont souillées. Ils font profession de servir Dieu, mais ils le renient par leurs œuvres étant abominables, rebelles et incapables d’aucune bonne œuvre ». « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie ». Tite 1 : 15, 16 ; Prov. 4 : 23.
La première partie de notre texte est un réquisitoire sévère. Le contexte semble indiquer que Paul s’adresse à des personnes qui ont connu la Parole de Dieu, l’ont dans une certaine mesure mise en pratique, mais leurs doctrines et leur genre de vie sont en opposition avec le message de l’Evangile. S’agit-il de Juifs incrédules ou d’individus qui avaient affecté d’être des disciples de Christ, nous ne le savons pas. De toute manière, Paul faisait allusion à des personnes qui prétendaient avoir connu Dieu, par la loi mosaïque peut-être, ou par l’Evangile. Le texte semble nous dire que ces individus critiquaient toutes choses ; ils voyaient des fautes partout ; personne, à leurs yeux, ne faisait quelque chose de bien ; aucune doctrine n’était correcte selon eux. Nous avons tous rencontré des caractères semblables pour lesquels rien n’est pur, rien n’est bon nulle part; ils passent leur temps à critiquer autrui.
L’affirmation de l’apôtre est énergique, puissante. « Tout est pur pour ceux qui sont purs mais rien n’est pur pour ceux qui sont souillés et incrédules (infidèles) ». Nous ne pensons pas que ces paroles veuillent dire littéralement que ceux qui sont purs ne puissent jamais entrer en contact avec l’impureté ou également que les impurs, ne puissent jamais accepter des choses pures ; ce passage a un sens très large et très général. Ceux qui sont purs peuvent discerner la justice et la droiture de la loi de Dieu et des dispositions divines, ils peuvent reconnaître les cœurs véritables et purs des « petits », des enfants sincères de Dieu, malgré les faiblesses de leur nature déchue. Les infidèles, par contre, finissent par devenir souillés, leur conscience se pervertit, ils sont incapables de voir qui que ce soit ou quoi que ce soit sous son véritable jour ; ils ont laissé les mauvaises pensées, les soupçons, les suppositions malveillantes pénétrer dans leur cœur ; ils admettent par exemple que tout homme est à vendre, qu’il suffit d’y mettre le prix, qu’il n’y en a pas un seul d’honnête et toute sorte d’autres choses analogues ; ces personnes jugent plus ou moins leur prochain d’après elles-mêmes.
Ces individus, ne voyant chez leur prochain rien de pur, rien de bon, rien de juste, souillent complètement leur mentalité et même leur conscience. Au début leur conscience les accuse, puis graduellement, lorsqu’ils cèdent aux mauvais penchants de leur cœur, elle se pervertit et s’endurcit ; ils en arrivent ainsi à ne plus voir qu’ils trompent, qu’ils jugent avec malveillance ; ils ne voient plus combien ils sont devenus injustes, impurs et aveugles ; ils prétendent « connaître Dieu », nous dit l’apôtre ; ils connaissent, intellectuellement parlant, quelques rudiments des plans et de la Parole de Dieu, « mais ils renient Dieu par leurs œuvres » qui sont en opposition avec la Parole, cette dernière nous dit en effet, que tous doivent s’efforcer de faire tout le bien possible, de voir le bien en toutes choses et de juger le prochain avec générosité.
Ceux qui critiquent et accusent les frères
De tels individus sont souillés, ils renient Dieu, il n’y a rien de Lui dans leurs œuvres; ils sont, selon l’expression de Paul, « abominables, rebelles » à Dieu, marchant en opposition avec ses enseignements. Si l’on a connu le Seigneur, c’est certainement une chose abominable d’aller dans une direction opposée et de mépriser sa Parole ; s’il en est ainsi pour quelques-uns, ils sont « incapables d’aucune bonne œuvre ». Ils ne font rien de bon, ils font ce qui est mal et plus encore, ils trouvent chacun fautif.
L’apôtre ne dit pas ici que ces personnes sont forcément devenues immorales et dépravées, participant à toutes sortes de péchés et de vices. Nous ne devons pas lire dans ce texte ce qui n’y est pas contenu. Paul ne dit pas que ces individus souilleraient toute bonne œuvre et y porteraient préjudice. Il serait préférable pour eux de s’abstenir complètement de l’œuvre du Seigneur. Ces gens-là ont laissé un esprit amer s’infiltrer en eux et s’y développer à tel point que toute chose leur apparaît à l’image de leur propre caractère ; ils ne s’aperçoivent plus combien ils sont injustes, et sans droiture en pensées, en paroles et en actes. Ils font du mal à toute bonne œuvre.
Ce texte renferme des avertissements pour nous tous, il nous met en garde, de peur que nous ne nous laissions égarer par l’esprit du malin, que nous ne devenions des critiques malveillants, des accusateurs de nos frères ; nous devons au contraire faire ce qui est bien, apporter des bénédictions à nos frères, leur aider à s’édifier en y consacrant notre temps, nos mains, nos pieds, notre langue et ne pas leur faire du tort, les déchirer. Plus un individu se laisse aller à ces mauvaises actions, plus il perd toute valeur morale et mentale ; non seulement il est inutile, mais il porte un grave préjudice au Seigneur et à sa cause.
Il est de toute nécessité de garder son cœur
« Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie », nous dit le roi sage. Ce conseil a une importance fondamentale, c’est une véritable parole de sagesse. Si d’une part le cœur, littéralement parlant, est l’organe principal du corps humain, d’autre part, le centre des affections du caractère humain désigné sous le nom de cœur est aussi l’élément fondamental du caractère. Ce texte nous montre que le cœur a besoin d’être gardé; beaucoup de choses sont susceptibles de le distraire, de le détourner, de l’égarer. Ce ne sont pas seulement les affaires, mais aussi les tendances du monde en général, les penchants de notre chair déchue, qui tendent à détourner notre cœur de la justice, de la pureté, de l’amour et de la bienveillance envers notre prochain, à l’éloigner du service de Dieu.
L’adversaire Satan vient en aide de toutes ses forces à ces mauvaises dispositions. Le cœur, la volonté, les affections de tout être humain doivent être fidèles à Dieu et à la justice. L’homme fut créé avec de telles dispositions. Comme l’aiguille aimantée se dirige vers le pôle, le cœur humain doit aussi se tourner vers le Seigneur ; tout ce qui tendrait à diriger l’homme dans une direction opposée fait partie d’un état de choses, de dispositions mauvaises, perverties et faussées. Un fait est certain, c’est que le péché s’est implanté solidement dans la nature humaine déchue. Au cours des longs siècles du règne du péché, beaucoup d’individus se sont efforcés de garder leur cœur en harmonie avec la volonté de Dieu; néanmoins, quand cette condition est réalisée, la plupart de ceux qui l’ont atteinte ne parviennent pas à demeurer dans de telles dispositions, à conserver leur cœur dans l’amour de Dieu, à l’empêcher de s’égarer et de retourner à de mauvaises dispositions.
Nous avons souvent de la peine à maîtriser nos corps. Beaucoup des appétits de la chair doivent être surveillés avec une vigilance continuelle nous devons constamment prendre garde à notre langue. Nous devons donc veiller soigneusement à toutes choses, cependant, rappelons-nous que l’élément fondamental que nous devons surveiller est le cœur, car c’est de lui que proviennent tous nos mauvais penchants. « L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et l’homme méchant tire du méchant trésor des choses méchantes ». Soyons donc toujours sur nos gardes pour maintenir notre cœur pur; si nous y constatons des impuretés, combattons-les par nos prières et faisons-les disparaître. Conservons nos cœurs remplis de ce qui est pur, de ce qui a une valeur véritable, de ce qui est semblable à Dieu.
Les enfants de Dieu savent que le seul chemin qui nous permettra de conserver nos cœurs en harmonie avec notre Père céleste passe par notre Seigneur Jésus-Christ; c’est par lui que nous sommes venus à Dieu, que nous sommes devenus ses enfants en recevant son saint Esprit. C’est à partir de ce moment que de nouvelles influences, de nouvelles sources ont pris naissance dans le cœur, en ont changé la direction, le courant et ont rendu plus doux, plus agréable ce qui s’en écoulait ; nous avons appris à aimer la justice et à haïr l’iniquité. Si, à un moment donné, nous nous écartons de cette voie nous remarquons que nous sommes promptement ramenés à la réalité pour nous mettre en harmonie avec l’Esprit du Seigneur. Nous devons constamment sonder nos cœurs afin que nous puissions demeurer en communion intime avec le Père et avec notre Seigneur Jésus.
Salomon a dit en effet « De lui (du coeur) viennent les sources de la vie ». C’est du cœur, organe du corps, que le sang est envoyé dans toutes les parties du corps; celui-ci dépend donc du cœur pour sa santé, sa vitalité, pour sa vie en un mot. Le corps serait mort si le cœur cessait de faire circuler le sang dans tout l’organisme humain. Ainsi donc, les sources de notre vie physique proviennent constamment du cœur, elles jaillissent avec plus ou moins d’abondance chaque jour suivant les cas. Il en est de même du cœur qui est le siège de nos affections et aussi de notre volonté. Tous ceux qui viennent journellement en contact avec nous sont influencés en bien ou en mal suivant l’esprit qui nous anime. Il est donc très important que toute notre conduite soit dirigée par un cœur pur, par un cœur qui se garde et s’examine soigneusement afin que chaque jour les sources qui en jaillissent déversent de bonnes choses sur notre prochain. En agissant ainsi nous ferons ce qui est agréable au Seigneur qui nous considérera comme ses enfants bien-aimés. Nous préserverons ainsi nos cœurs et nos consciences de toute souillure.
Le résultat, la destinée finale est la vie ou la mort
Dans un sens plus profond, dans un sens vital, les sources de la vie proviennent du cœur. Dieu nous a appris qu’après avoir condamné à mort notre race, il a néanmoins pris ses dispositions pour que tous les humains puissent avoir une vie future et éternelle ; les Ecritures nous indiquent quelles sont les conditions à remplir pour obtenir cette vie éternelle, la Bible nous dit ce qu’il faut faire. En ce qui concerne ceux qui ont été appelés et acceptés par Dieu actuellement, il est de la plus haute importance qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir, car par nature le péché est rivé dans leur chair. Comme tous les descendants d’Adam, nous sommes d’une nature imparfaite par suite de sa chute. Le Seigneur nous dit cependant que, si nous devenons ses enfants il nous jugera d’après les dispositions de notre cœur, d’après notre bonne volonté, nos intentions, nos désirs, nos efforts. Souvenons-nous donc, en contemplant la glorieuse récompense promise, qu’elle ne nous appartiendra que si nous avons rempli toutes les conditions requises pour l’obtenir. Nous pouvons comparer la chose à une cause portée devant un tribunal où fonctionne un jury assermenté qui décide si le verdict sera en faveur d’une partie ou de l’autre. En ce qui nous concerne la décision rendue sera définitive, sans appel.
Le monde sera mis à l’épreuve dans l’âge prochain, l’Eglise de Christ, par contre, est à l’épreuve maintenant, dès le moment où ses membres ont été engendrés du saint Esprit. C’est la nouvelle vie, la nouvelle créature qui est mise à l’épreuve; c’est notre nouveau cœur qui comparaît à la barre du tribunal divin; nous devons donc garder très soigneusement ce nouveau cœur, car c’est de lui que viendront les sources de la vie éternelle ou de la mort éternelle. Nos espérances ne dépendent pas d’un corps physique parfait; certaines personnes ont un corps maladif, d’autres ont des dispositions naturelles à la bienveillance, d’autres en manquent complètement, etc. Par contre notre vieux corps est considéré comme mort dès le moment où nous sommes devenus une nouvelle créature, car cette dernière est responsable de ce corps qu’elle doit diriger de son mieux. Notre nouveau cœur doit rester fidèle à Dieu, aux principes de justice, de vérité et d’équité, fidèle en un mot à notre contrat d’alliance. Si nous ne cultivons pas en nous avec soin un caractère à l’image de celui de Christ, si nous ne nous mettons pas en harmonie avec le Seigneur, la nouvelle créature en Christ ne se développera pas et, lorsque les épreuves décisives surviendront, nos lacunes nous empêcheront de les surmonter.
Le Seigneur a promis la gloire, l’honneur, l’immortalité et une part d’héritage avec Jésus à tous ceux qui, pendant l’âge évangélique, forment leur caractère à l’image de celui du Sauveur. C’est ce caractère à l’image divine qui sera la preuve de notre fidélité aux principes de justice et à la volonté divine. Notre Seigneur Jésus fut toujours disposé à tout sacrifier avec joie pour faire la volonté du Père. Il en doit être de même pour nous qui voulons être réunis à Christ. Les destinées et le but final de notre vie, tout dépend de notre sacrifice. Dieu fait voir à ceux qui suivent Christ et déclarent être ses disciples qu’ils ont devant eux la vie et la mort, la bénédiction ou la malédiction; Il leur dit de choisir la vie afin de vivre. La vie est la bénédiction et la mort la malédiction. Toute la Bible nous dit que le don de Dieu est une bénédiction qui donne la vie éternelle, elle dit aussi que le « salaire du péché » est la malédiction de la mort et non les tourments éternels.
Pour le chrétien, sa vie actuelle sur la terre doit lui procurer la vie éternelle s’il est fidèle celui qui n’obtiendra pas la vie éternelle ira à la mort, à la seconde mort ; en effet, si nous sommes infidèles aux principes de justice, si nous ne montrons pas notre fidélité dans toutes les occasions qui nous sont accordées pendant notre mise à l’épreuve pour la vie éternelle, au cours de l’âge évangélique, il n’y aura pas de nouvelle occasion future pour nous. Ce que nous disons là s’applique uniquement aux véritables enfants de Dieu qui ont goûté le « don céleste ». Combien n’est-il donc pas important de garder nos cœurs fidèles, loyaux et sans souillures.
Parmi ceux qui obtiendront la vie, il y aura des degrés divers dans leur élévation
Il y aura divers degrés d’honneurs et de bénédictions pour ceux qui obtiendront la vie éternelle. L’apôtre le dit « Une étoile diffère en éclat d’une autre étoile; ainsi en est-il de la résurrection des morts »; il en sera donc ainsi pour ceux qui auront part à la première résurrection ; certaines personnalités auront une gloire plus éclatante que d’autres dans le Royaume ; il y aura donc des places plus honorifiques et d’autres moins. Comme les Ecritures nous le montrent ailleurs, il y a deux classes de personnes qui obtiendront la vie éternelle à la nature spirituelle. Le grand nombre formera la « grande multitude » ; quelques-uns feront partie du petit troupeau, de l’Epouse de Christ, ils parviendront à la nature la plus élevée, l’immortalité ; le grand nombre par contre obtiendra la vie à la nature spirituelle d’un degré inférieur à la précédente et semblable à celle des anges.
Nous comprenons donc la sagesse de l’exhortation des Ecritures qui nous fait voir que le cœur doit être gardé constamment parce que de lui dépendent les sources de notre vie future ; nous voyons aussi la sagesse contenue dans l’avertissement nous disant qu’il y a un danger à permettre à notre esprit et à notre conscience de se souiller et de devenir impurs. C’est très bien de prendre la résolution de faire très attention à chaque parole prononcée ; mais il ne suffit pas de savoir tenir sa langue pour avoir la vie éternelle, car l’attitude de notre cœur peut être parfois très différente de celle de la langue. Une personne peut avoir une conversation très agréable et cependant avoir un cœur impur et trompeur. On peut également surveiller son corps pour ne pas pécher par lui ; mais cela encore ne suffit pas ; il nous faut aller à la source même de toutes choses, à notre cœur. Le Seigneur regarde en effet aux désirs, aux intentions du cœur de ses enfants. Gardons avec le plus grand soin notre cœur qui est un champ de bataille car l’issue finale du combat est la vie ou la mort. Si nous voulons avoir la vie, nous pouvons obtenir la plus haute place que Dieu tient en réserve pour nous. Il dépend entièrement de nous de remplir les conditions imposées.
T.G. 11/1915