JACOB

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L’Ancien Testament raconte l’émouvante histoire du petit peuple que Dieu s’est choisi, parmi toutes les nations, pour réaliser son merveilleux plan de salut. Il sert d’emblème et d’exemple pour toutes les générations à venir. Pour cette raison, Dieu lui avait explicitement ordonné de se séparer des peuples environnants qui adoraient les idoles.

Le but principal de ce choix était de faire de ce petit peuple d’Israël, le symbole ou type d’un autre peuple qui, plusieurs siècles plus tard, serait choisi d’entre toutes les nations, pour devenir la « nation sainte » sur le plan spirituel, en liaison spirituelle avec le Tout-Puissant. Cette « Ecclésia » de l’âge de l’Évangile doit être rassemblée pour former le royaume de Dieu promis, avec Jésus-Christ comme « Tête » et « Conducteur ». Ce royaume rétablira toute la création terrestre dans son état paradisiaque, comme il était avant que le péché n’amène le mal sur la terre : ce sera la réconciliation avec le Dieu d’amour et de vie !

En tant que peuple consacré (ou mis à part), Israël devait éviter tout contact avec les peuples qui n’étaient pas en relation d’alliance avec le Dieu vivant. Il devait se tenir à l’écart de tout ce qui était en opposition à la sainte alliance par laquelle le Créateur de l’univers s’était fait connaître à lui.

Pour le peuple spirituel de Dieu, vivant actuellement, la véritable Église de Christ, cette séparation d’avec le monde est particulièrement importante ; cela signifie renoncer aux ambitions, au pouvoir, aux honneurs, aux louanges, à la richesse, à la « réalisation personnelle » – bref, à tout ce qui n’est pas en accord avec la sainteté et la spiritualité de Dieu. L’apôtre Jean exhorte ainsi « l’Église de Christ » : « N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » – 1 Jean 2 : 15, 16.

Il est très difficile de mener une vie à part, de s’engager à suivre la voie de Dieu – à l’opposé de l’esprit incroyant du monde. C’est pourtant l’expérience de tous ceux qui cherchent l’approbation divine. Il n’y a aucune autre voie pour l’enfant de Dieu permettant de le protéger du péché et de l’orgueil et le conduire vers le « repos de Dieu » promis et tant désiré. L’apôtre Paul l’exprime ainsi : « Il … nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes » (Éphésiens 2 : 6), ou « … nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » – Colossiens 1 : 13.

Le disciple de Christ vit ainsi dans la solitude spirituelle, parce que la société ne peut le comprendre. Il vit, pour ainsi dire, comme un pèlerin, un étranger dans ce monde matérialiste, parce que ses convictions, ses espoirs et ses désirs sont dirigés vers en-haut – vers le monde de la foi, que l’homme lié au terrestre ne peut pas et ne veut même pas voir.

Malgré cela, l’enfant de Dieu est tenu à la mission que le Seigneur lui a confiée : « … et toi, va annoncer le royaume de Dieu » (Luc 9 : 60) – mais de façon à ne provoquer d’offense ni en paroles ni en actions, et à ne pas importuner les auditeurs. Le rôle du croyant, dans toutes ses actions, consiste à faire briller la lumière de la vérité pour la bénédiction d’autrui et pour la gloire de Dieu. Parmi le grand nombre de personnes qui ne sont pas intéressées, il peut toujours y avoir une oreille attentive, et grande est la consolation qu’apportent les promesses divines à celle-ci.

Se maintenir dans la joie de Dieu et dans la vérité grâce aux expériences et difficultés variées qu’il rencontre, est le meilleur témoignage de la vie chrétienne qu’un enfant de Dieu puisse rendre. Remarquons que Dieu nous mène dans les voies des tribulations et des épreuves ardentes, et permet que nous soyons tentés, pour nous faire comprendre que ces expériences nous sont utiles et nous apprennent à nous réjouir en Lui, en toutes circonstances. Cette joie produit la foi dans la grâce illimitée et infaillible de Dieu, suprême objectif de l’appelé, aussi douloureuses et affligeantes que soient ses expériences de la vie.

LA CONDUITE DE JACOB : UNE LECON POUR LES DISCIPLES DU SEIGNEUR

Nous connaissons tous les paroles de l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 10 : 11 : « Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. » Ces paroles peuvent s’appliquer à la vie de Jacob que nous allons étudier. Nous lisons en Genèse 27 : 41, qu’Ésaü voulut tuer son frère Jacob à cause de la bénédiction que son père avait accordée à celui-ci, alors qu’elle lui revenait de droit, lui, le premier-né. « Et Ésaü disait en son cœur : les jours du deuil de mon père vont approcher et je tuerai Jacob, mon frère. » Jacob dut fuir à l’étranger, où il gagna une famille et des biens, puis décida de revenir dans le pays de son père. La crainte de son frère Ésaü le retenant encore malgré le temps passé, il réfléchit au moyen de se réconcilier avec Ésaü.

« Jacob poursuivit son chemin ; et des anges de Dieu le rencontrèrent. En les voyant, Jacob dit : C’est le camp de Dieu ! Et il donna à ce lieu le nom de Mahanaïm. » – Genèse 32 : 1, 2.

Nous voyons, que lors de son retour au pays de Canaan, des anges furent envoyés pour protéger Jacob, le consoler et l’encourager. Mahanaïm signifie « camp double » ou « le camp (des anges) entoure son camp ». Ainsi rassuré, Jacob put poursuivre son chemin, avec foi.

« Jacob envoya devant lui des messagers à Ésaü, son frère, au pays de Séir, dans le territoire d’Édom. Il leur donna cet ordre : Voici ce que vous direz à mon seigneur Ésaü : Ainsi parle ton serviteur Jacob : J’ai séjourné chez Laban et j’y suis resté jusqu’à présent. » – Genèse 32 : 3, 4.

Nous remarquons ici la rapidité avec laquelle on peut oublier la grande valeur de la bénédiction ! La puissance de Dieu révélée par l’apparition des anges aurait dû être une protection et une garantie divines suffisantes pour Jacob, pourtant il a recours à sa propre protection. Il ne se sentait pas totalement libre, ni en règle devant Dieu et les hommes, c’est pourquoi les révélations de puissance et les apparitions des anges ne lui étaient d’aucune aide. Nous ne pouvons avoir totalement confiance en Dieu que lorsqu’une foi ferme en son assistance nous conduit à une communion personnelle avec Lui.

La première action de Jacob, à son arrivée en Canaan, consista à se réconcilier avec Ésaü en lui envoyant un message. Il s’y montre très humble et nomme Ésaü « son Seigneur ». Selon le plan et le choix de Dieu, c’est lui « le Seigneur », mais son manque de franchise, ses péchés et ses doutes l’empêchent de sortir de la servitude. Le message de Jacob, dans lequel il raconte à Ésaü son séjour et ses expériences à l’étranger, est sincère et fraternel.

Mais bientôt, une nouvelle alarmante lui parvint. Les messagers de Jacob l’informèrent qu’Ésaü venait à sa rencontre avec quatre cents hommes. « Jacob fut très effrayé et saisi d’angoisse. Il partagea en deux camps les gens qui étaient avec lui » (verset 7). Pourquoi ne se souvenait-il pas de la révélation de la grande puissance de Dieu dont le camp entourait son camp ?

QUELLE LEÇON PEUT-ON RETIRER POUR NOUS-MÊMES DE LA CONDUITE DE JACOB ?

Pourquoi avons-nous peur et doutons-nous lorsque nous subissons des déceptions et qu’il nous arrive des expériences amères ? Nous sommes éprouvés pour mesurer notre degré de foi et d’obéissance à Dieu. L’amour de Dieu, la liberté dans la filiation, ne peuvent être cristallisés que par de difficiles mises à l’épreuve ; nous devons être comme purifiés par le feu. (voir 1 Pierre 4 : 12).

Il est certainement très difficile de maintenir son engagement pour Dieu et la Vérité. Pourtant, ne devrions-nous pas nous réjouir quand le Père et le Seigneur se révèlent à nous, nous accompagnent avec sollicitude et amour sur notre chemin, et nous apportent la paix après de durs combats et de ferventes prières ? Aussi pénible que soit notre marche, aussi violente que soit la tempête autour de nous, le baume de la consolation divine nous est assuré. Nous sommes dans la main de Dieu. Il est notre Père, nous sommes ses enfants.

Harcelés et contestés de tous côtés, nous ne sommes pas effrayés, bien que déconcertés ; nous ne doutons pas, bien qu’accablés ; nous ne sommes pas anéantis, bien que persécutés. Se « réjouir dans la vérité » et montrer du zèle pour le Seigneur, revient à dire que, en tout temps, nous reconnaissons en Dieu l’aimable source de bonté et de vérité. Le Psalmiste décrit un tel état d’esprit par ces mots : « O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche. Mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. Car ta bonté vaut mieux que la vie : Mes lèvres célèbrent tes louanges. Je te bénirai donc toute ma vie, j’élèverai mes mains en ton nom. Mon âme sera rassasiée comme de mets gras et succulents, et avec des cris de joie sur les lèvres ma bouche te célèbrera. Lorsque je pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant mes veilles de la nuit. Car tu es mon secours, et je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi ; Ta droite me soutient. » – Psaume 63 : 2, 4-9.

Jacob avait de grandes craintes. Que pouvait-il entreprendre contre quatre cents hommes ? Mais, pourquoi cette frayeur ? Que représentaient quatre cents hommes pour Dieu ? Jacob avait vu le camp de l’Éternel et obtenu cette assurance : « Retourne au pays de tes pères et dans ton lieu de naissance et je serai avec toi » (Genèse 31 : 3). Nous lisons en 2 Rois 19 : 35 : « Cette nuit-là, l’ange de l’Éternel sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes ». Si un ange pouvait battre 185 000 hommes en une nuit, que représentaient donc 400 hommes pour une armée d’anges envoyée pour protéger Jacob ? Au lieu d’avoir foi que le camp de Dieu l’entourait, Jacob ne pensait qu’à sa rencontre avec Ésaü, une pensée dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Nous aussi, nous pourrions peut-être trembler, plus à l’idée d’une rencontre avec « Ésaü », que d’un face-à-face avec le Dieu vivant.

Jacob dressa rapidement ses plans. Il divisa ses troupeaux et se mit dans une sorte de position de défense pour sauver ce qui pouvait l’être. C’est ici notre « héritage adamique » qui se manifeste. Au lieu de dire, comme l’apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? », nous essayons de nous tirer d’affaire tout seul.

CE QUI S’OPPOSE À NOUS

Le « moi » de Jacob ne pouvait pas penser autrement : Ésaü ne venait à lui qu’avec des intentions ennemies et il serait obligé de se défendre. Dans sa peur, il se vit aussi contraint de se tourner vers Dieu, malgré les dispositions déjà prises : « Délivre-moi, je te prie, de la main de mon frère, de la main d’Ésaü ! Car je crains qu’il ne vienne, et qu’il ne me frappe, avec la mère et les enfants. » (verset 11). Dans sa prière, il reconnaissait la grande miséricorde et la fidélité du Tout-Puissant, s’inclinait devant Lui, plein d’humilité et de reconnaissance pour tous les bienfaits qu’il n’avait pas mérités, et appelait à l’aide dans sa présente détresse. On pourrait se demander pourquoi faire tous ces préparatifs de guerre, et ensuite adresser cette prière pour la délivrance ?

Nous faisons sans doute parfois, comme Jacob, des plans, allant notre propre chemin ; nous nous mettons en position de défense et essayons de nous protéger, et c’est alors que Dieu nous barre la route. Pourquoi n’allons-nous pas vers le Père avant de nous faire justice nous-mêmes ? Pourquoi la peur nous assaille-t-elle, alors que nous devrions avoir foi que nous sommes sous la main protectrice de notre Créateur, d’où personne ne peut nous retirer ? Nous avons besoin d’épreuves, d’expériences qui nous secouent durement ou même nous abattent, pour enfin ouvrir les yeux !

Tous les mots de la prière de Jacob témoignent d’une grande détresse, et de la conviction profonde de sa propre incapacité. Nous sommes-nous déjà trouvés dans de telles situations qui nous ont révélé cette « nature de Jacob », où nous n’avons appelé à l’aide que lors de grandes afflictions, nous rappelant notre propre incapacité ? Nous ne devrions pas avoir honte de le reconnaître.

« Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté ; Mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les cœurs humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. » – Esaïe 57 : 15.

Jacob avait oublié les anges de Mahanaïm durant le trajet, et dans sa peur d’Ésaü. Il ne devrait pas en être ainsi. Tout au long de leur chemin, sous la sage conduite de l’Éternel, ses enfants devraient être plus clairvoyants que les autres. De même, le serviteur d’Élisée, lorsqu’il vit les innombrables ennemis, fut rassuré par l’homme de Dieu, disant : « Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. Élisée pria et dit : Éternel, ouvre ses yeux, pour qu’il voie. Et l’Éternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée. » – 2 Rois 6 : 16, 17.

Jacob se trouvait au même endroit qu’il y avait vingt ans. A l’époque, il n’avait qu’un bâton à la main, mais aujourd’hui, il avait une nombreuse famille et de grandes richesses. Il reconnaissait l’énorme différence entre hier et aujourd’hui, la fidélité sans faille de Dieu, mais aussi sa propre infidélité. Bien que Jacob implorât l’Éternel avec sincérité et plein de bonne foi, nous voyons qu’il cherchait à se défendre seul et décidait lui-même : « C’est dans ce lieu-là que Jacob passa la nuit. Il prit ce qu’il avait sous la main, pour faire un présent à Ésaü, son frère. » – Genèse 32 : 13.

Jacob voulait se réconcilier avec Ésaü en lui offrant un important cadeau, et nous voyons qu’il ne reculait devant aucun sacrifice. Mais si le plan de Jacob avait réussi, il aurait été privé d’une grande bénédiction.

Certains d’entre nous agissent peut-être pareillement. Jacob voulait se réconcilier avec son frère, mais n’avait pas pensé à se mettre au clair avec Dieu. Un événement peut nous impressionner, nous sommes momentanément ébranlés, mais pleins de bonnes intentions. Le problème est que nous ne pensons pas à un revirement, à une transformation intérieure.

L’idée de porter des offrandes à Ésaü partait d’un bon sentiment, mais elle n’était d’aucune utilité si elle était basée sur des motifs humains. La Nouvelle Création cherche à invoquer le soutien de Dieu dans chaque situation difficile. Chez Jacob, la semence de la promesse, l’appelé et l’élu – la barrière intérieure des « je veux » et « je ferai » devait se briser et le transformer. C’est à ce but que Dieu voulait qu’il parvienne. Comprenons-nous pourquoi le Seigneur détourne nos projets et fait échouer nos plans ?

BÉTHEL – MAHANAÏM – PENIEL

Ce sont trois étapes dans la vie de Jacob. Dieu commença son œuvre transformatrice, à Béthel. Dans ce lieu, Il se révéla spécialement à Jacob et lui donna l’assurance : « Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays. Car je ne t’abandonnerai point, que je n’ai exécuté ce que je te dis » (Genèse 28 : 15). Nous souvenons-nous de notre « Bethel », de notre première rencontre avec le Seigneur ? Comme Jacob, nous vivons toujours de nouvelles expériences, car Il veut achever en temps voulu l’œuvre commencée en nous, à condition que nous soyons prêts à avancer sous sa conduite.

A Mahanaïm, Dieu avait manifesté clairement sa protection à Jacob. Pourtant, ce n’était pas encore suffisant, pour l’amener à prendre la décision ultime, celle de se libérer de son « moi », du monde.

Poursuivant sa marche, Jacob fit passer le gué à ses femmes et à ses enfants. Il envoya une partie de son troupeau à Ésaü pour l’inciter à la réconciliation. C’étaient de belles bêtes en grand nombre, environ 580 têtes de bétail. Oui, il lui en coûtait d’écarter les vieilles rancunes. Cependant, il resta en-deçà du gué de Jabbok pour réfléchir à la situation.

Que de détours nous seraient épargnés si nous cherchions toujours à suivre les voies de Dieu, marchant obéissants avec foi et dans l’amour de la vérité ! Nous faisons souvent, sans le vouloir, des cadeaux à « Ésaü » pour qu’il soit bien disposé envers nous. Étant donné notre consécration à Dieu, c’est à Lui que nous devrions nous offrir en sacrifice, et nous n’aurions plus à craindre « Ésaü » ! Est-ce si difficile de lever nos regards vers le haut ? Oui, il semblerait bien. La foi, c’est croire à ce qu’on ne voit pas, plus qu’à ce que nos cinq sens peuvent capter ; c’est de ne rien planifier qui puisse s’opposer à la volonté de Dieu et aux enseignements du Saint Esprit.

LE CHANGEMENT : PENIEL

« Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. » – verset 24.

Jacob était un homme fort. Dans la pénombre, il ne vit pas qui l’avait attaqué et il se débattit de toutes ses forces. Lorsque cet homme vit qu’il n’arrivait pas à vaincre Jacob, il « le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui. » Aux premières lueurs de l’aurore, Jacob s’aperçut que celui qui voulait l’obliger à mettre genou à terre, n’était pas un être humain. « Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni. Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob. Il dit encore : Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël [il lutte avec Dieu] ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes et tu as été vainqueur. » (versets 26-28). Puis il est dit aux versets 29 à 31 : « … Et il le bénit là. Jacob appela ce lieu du nom de Peniel [face de Dieu] ; car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face et mon âme a été sauvée. Le soleil se levait lorsqu’il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche. »

Cet épisode de l’histoire de Jacob est extraordinaire, montrant un changement intérieur radical. Il y exprime un total désarroi, dans une prière adressée à Dieu – la première relatée dans les Écritures. Il ne se fie plus à son intelligence et n’use plus de malice, comme autrefois. Il ne s’appuie plus sur ses compétences personnelles. Il a besoin de l’aide de Dieu. En allant chez Laban, il avait fait un vœu, disant : « Si Dieu est avec moi et me garde pendant ce voyage que je fais, s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir et si je retourne en paix à la maison de mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu. » – Genèse 28 : 20, 21.

Le ton de la prière directe de Jacob au Tout-Puissant est devenu plus humble : « Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Éternel, … je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont tu as usé envers ton serviteur, … délivre-moi … ! » – Genèse 32 : 9-11.

La lutte dans l’obscurité avec l’inconnu fut une dure épreuve de persévérance pour Jacob. Il se battit avec acharnement, jusqu’au lever du jour, tenant toujours sur ses deux jambes. Mais lorsque l’inconnu le frappa à la hanche, il comprit que ce combat lui était imposé par Dieu. On peut imaginer la violente douleur que Jacob ressentit lorsque sa hanche se déboîta. Même si ce n’est pas écrit, on peut penser qu’il tomba à genoux. Il sut alors qu’il avait affaire à un messager de Dieu. A bout de souffle, il s’agrippa à lui, et cria : « je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni ! » – verset 26.

Nous comprenons que ce n’était pas Jacob qui combattait Dieu, c’est Dieu qui luttait avec Jacob. Quelle grande résistance il opposait à cet inconnu ! Ce combat qui dura « toute la nuit », ne pourrait-il pas nous illustrer toutes les résistances que nous portons en nous, toutes nos faiblesses ? En entrant en conflit avec notre Créateur, nous devons reconnaître, à l’instar de Jacob, que nous ne parviendrons pas au but ; à moins qu’une profonde prise de conscience nous conduise à la Vie. (Cf. Jean 5 : 24).

Que nous inspire tout cela ? Nous rappelons-nous notre lutte personnelle dans les ténèbres du péché et des difficultés ? Nous souvenons-nous de nos propres combats pour obtenir la bénédiction et le pardon, jusqu’à ce que la grâce nous soit accordée, jusqu’à ce que « l’aurore se lève » dans nos cœurs et que nous puissions voir « Dieu face à face » – comme Jacob à Peniel ? Tout cela ne pouvait se réaliser avant que notre « station debout sur de soi-disant solides fondations » soit douloureusement « frappée ». Savoir que rien sur terre n’offre une quelconque assurance ou protection, signifie pour certains caractères matérialistes et prétentieux, un changement très douloureux. Mais c’est le parcours de chaque croyant dans l’âge actuel, et même dans le futur. Le chemin de la délivrance de notre âme humaine, dégradée par le péché, passe par l’humilité et par l’envoyé spécial de l’Éternel.

LA RÉCONCILIATION

Une belle leçon ! Ce n’est pas Bethel, ni Mahanaïm, c’est Peniel qui fait de Jacob, certes croyant, mais dont les intentions sont encore terrestres, le combattant de Dieu, Israël. C’est Dieu qui l’oblige à se battre. Il le laisse lutter toute une nuit – pourquoi ? Pour « voir la face de Dieu », c’est-à-dire pour acquérir la conviction, que quoi qu’il arrive, il est dans la main de Dieu et qu’Il le bénit.

Souvenons-nous des paroles de Jésus en Luc 13 : 24 : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Le coup sur la hanche, la gêne dans sa démarche auparavant fiable et sûre, dut constamment rappeler à Jacob-Israël, que sa propre force fut brisée, qu’il ne pouvait plus suivre sa propre voie. Il reçut une abondante grâce qui le prépara à être un instrument béni de l’Éternel : « toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. » – Genèse 28 : 14.

De nombreux arrangements de Dieu sont illustrés par l’histoire de Jacob. Ne voyons-nous pas, dans la touchante réconciliation entre les frères ennemis, si longtemps séparés, Jacob et Ésaü, l’accolade intérieure de l’homme naturel avec l’homme béni de Dieu, et les barrières tomber entre l’Israël naturel et l’Israël spirituel – son Messie ? Dans le 11ème chapitre de l’Épitre aux Romains, l’apôtre Paul n’explique-t-il pas comment le peuple naturel d’Israël, dont Jacob est le type, sera sauvé par l’Israël spirituel antitypique lorsqu’il sera au complet ?

Mais, avant de devenir « Israël »« Jacob » est une image du peuple d’Israël terrestre. « Ta postérité sera comme la poussière de la terre » (Genèse 28 : 14). Quand l’Israël naturel aura connu son « Peniel » et aura été frappé à la « hanche » par Dieu, ce sera un événement extraordinaire, les peuples se réconcilieront avec leur Créateur et entre eux, que de bénédictions il y aura ! Israël « verra » son Messie et dira : « Béni soit, celui qui vient au nom du Seigneur ». La promesse du prophète Esaïe se réalisera : « Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de l’Éternel »« Dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de son vêtement et diront : Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous. » – Zacharie 8 : 23.

Non seulement, la merveilleuse promesse faite à Abraham se prolonge en « Israël-Jacob », mais la voie des deux promesses concernant sa postérité « comme les étoiles du ciel » et « comme le sable qui est sur le bord de la mer » (Genèse 22 : 17) est illustrée dans leurs expériences.

De sa rencontre avec l’ange de Dieu, Jacob apprit que les promesses du Tout-Puissant et sa parole « Je serai avec toi » sont infaillibles.

Nous qui n’avons pas le privilège de rencontrer un ange aussi palpable et visible, nous avons cependant un « message de Dieu » bien palpable et bien visible sous la main : la Parole écrite du Très-Haut, que « son ange » – son cher Fils – a fait rédiger pour nous. De cette « rencontre » avec le message de Dieu, nous aussi nous pouvons apprendre, étudier et avoir une confiance infinie dans les promesses offertes par notre grand Créateur. Et nous aussi, nous pourrons recevoir une grande bénédiction en disant « Je ne te laisserai pas aller ». Dieu l’a promis à Jacob, et nous pouvons y croire aussi.

TA – Septembre-Octobre 1997