JÉRUSALEM (1998)

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FRÈRE RUSSELL S’ADRESSANT AUX JUIFS EN 1910.

(Du « New-York American », 2 October 1910)

Le pasteur Russell du Brooklyn Tabernacle s’adressera aux Juifs de New-York dimanche 9 octobre. C’est un des plus éloquents prédicateurs protestants. Il s’est acquis la sympathie des Juifs par sa manière de traiter les questions concernant ce peuple. Son sermon sera : Le Sionisme dans les prophéties. C’est la première fois qu’un pasteur protestant est invité à s’adresser à un auditoire juif.

Les citadins Juifs les plus distingués ont usé de leur influence afin que cette assemblée soit une des plus nombreuses qu’on ait vues dans la ville.

Plusieurs des sermons du pasteur Russell ont paru dans des journaux juifs, car ils sont sympathiques à cette nation dans sa présente condition. Les Juifs, pour cette raison, sont impatients d’entendre parler ce pasteur sur leur avenir.

LE PASTEUR RUSSELL APPLAUDI PAR LES JUIFS

(Du « New-York American », 9 Octobre 1910)

Quand le vénérable pasteur de Brooklyn parla de l’établissement d’une nation juive, 4000 Juifs l’ap-plaudirent.

Les Juifs qui prirent la peine de considérer les vues d’un Gentil sur leur religion, trouvèrent qu’elles s’accordent avec leurs plus importantes croyances.

L’Hippodrome offrait hier le spectacle peu habituel de 4000 Juifs applaudissant un pasteur d’entre les Gentils.

Le pasteur Russell, dans sa vie, a agi naturellement sans s’inquiéter plus qu’il ne faut des conventions. La religion du vénérable pasteur n’est liée à aucune dénomination et embrasse, comme il dit, toute l’humanité. Sa manière de l’enseigner lui est tout à fait propre. Il n’a jamais agi plus indépendamment que cette fois-ci et il n’a jamais eu plus de succès.

Parmi la foule, on remarquait des rabbins, des docteurs venus pour répondre, au cas où le chrétien attaquerait leur religion ou tâcherait de les gagner à la sienne. Il fut reçu par un silence de mort. Mais le pasteur ne chercha pas à les convertir, ce qui fit leurs délices. Il fit ressortir les bons côtés de leur religion s’accordant avec eux dans leurs croyances les plus importantes, celles qui se rapportent à leur salut. Finalement, après avoir chaudement défendu les vues juives se rapportant au rétablissement de leur nation, il fut vivement applaudi, conduisant un choeur pris parmi les cantiques sionistes : « Hatikva » (notre espérance).

Jamais peut-être l’Hippodrome n’a vu un auditoire plus intéressant et plus intéressé. De toutes les parties de la ville vinrent des Juifs à l’esprit sérieux pour entendre ce qu’un étranger, un Gentil, pouvait bien avoir à leur dire dans un service tenu durant leur semaine de fête Rosh Hoshana. Parmi les auditeurs, on remarquait plusieurs Juifs éminents du monde littéraire (Entre autres les rédacteurs de « L’American Hebrew », du « Hebrew Standard », du « Maccabean », de « La Vérité », du « Jewish Weekly », du « Jewish Spirit », du « Jewish Big Stick » et de l’ « H’Yom »). Quelques-uns d’entre eux ont escorté le pasteur Russell à l’Hippodrome en automobile. Ces hommes le reconnaissaient comme un écrivain et un investigateur de réputation internationale, sur les sujets judaïques et sionistes.

On ne voyait, dans l’Hippodrome, de symbole d’aucune religion.

Le pasteur Russell, grand, droit et la barbe blanche, s’avança sans être introduit, leva la main et fit chanter l’hymne du Brooklyn Tabernacle « Zion’s Glad Day » (Jour heureux de Sion) par un double quatuor. Les voix s’accordaient et l’hymne sans accompagnement fit une profonde impression.

L’auditoire, un peu froid pour commencer, se sentit petit à petit attiré vers le pasteur Russell. Bientôt tout doute sur sa sincérité et sa fraternité s’évanouit.

Des voix chrétiennes chantant des cantiques juifs … ce fut un événement sans précédent. Les Juifs applaudirent et des centaines de voix se joignirent au 2ème verset.

CE QUE DIT LE PASTEUR RUSSELL

(Du « Weekly Enquirer »)

« Tu te lèveras, tu auras pitié de Sion, car c’est le temps de lui faire grâce, le moment fixé est venu. Car tes serviteurs en chérissent les pierres, sa poussière même attendrit leur coeur. Alors les nations révéreront le nom de Jéhovah et tous les rois de la terre ta majesté ! Quand l’Eternel aura rebâti Sion, il paraîtra dans sa gloire. »” — Psaume 102:14-17.

Le Pasteur Russell dit qu’il fut, pendant un temps, incliné à repousser la Bible comme indigne de confiance, suivant en cela la haute critique ; mais ensuite il l’étudia sérieusement et en dehors de tous les credo et théories des hommes. Cette étude fit la lumière dans son esprit et lui donna une idée tout à fait différente du livre sacré ; il a maintenant une pleine confiance dans les Saintes Ecritures. Il réalise, non seulement qu’il existe un Créateur suprême, mais qu’Il est défini, méthodique dans sa manière d’agir avec l’humanité et de régler les affaires terrestres. Par exemple, le psaume mentionné parle du temps, oui du temps assigné pour le retour, sur Sion, de la faveur de Dieu. Le pasteur Russell trouve des choses semblables d’un bout à l’autre de la Bible. En leur temps, David, Salomon et les autres représentants de Jéhovah dans le royaume d’Israël montèrent sur le trône du royaume de Dieu. Plus tard, le royaume fut pris à Sédécias, le dernier des descendants de David qui occupa le trône du royaume typique de Dieu. Quand la domination lui fut retirée, les gouvernements des nations furent reconnus, mais non pas de la même manière que le fut celui d’Israël. Il n’y en eut aucun qui fut appelé le royaume de Dieu, il n’y en eut aucun qui fut établi à perpétuité. Le pouvoir de gouverner fut donné aux nations pour le temps qu’Israël fut rejeté ; au temps déterminé ce pouvoir terrestre retournera à Israël ; comme Dieu l’avait destiné à représenter son royaume sur la terre, il reprendra sa place. C’est le temps dont parle le psalmiste. La promesse de Dieu à David, « les grâces assurées de David » étaient que, dans sa postérité, il en aurait un qui serait assis sur le trône à toujours. Cette promesse se rapportait au Messie, au roi d’Israël attendu dès longtemps, la racine et le rejeton de la postérité de David et le béni de l’Eternel ; son royaume sera éternel et pleinement capable de remplir toutes les promesses divines faites à Abraham : « En ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. »

Sédécias rejeté, Nebucadnetsar reconnu.

Aussi longtemps que Dieu reconnut la nation israélite comme son royaume, leurs rois furent ses représentants, mais quand Sédécias fut rejeté, il ne fut pas inconséquent de la part de Dieu de laisser aux Gentils le gouvernement comme nous l’avons dit. Il est dit du roi Sédécias : « Et toi, profane, méchant prince d’Israël, dont le jour est venu, maintenant que l’iniquité est à son terme … La tiare va être ôtée et la couronne enlevée ; tout sera bouleversé … J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine ; cela ne sera plus jusqu’à ce que vienne celui à qui appartient le jugement (ou le gouvernement) et à qui je le remettrai [au Messie] » — Ezéchiel 21:30-32.

Ce fut en ce temps-là que Dieu donna le pouvoir à Nebucadnetsar et à ses successeurs comme le disent les prophéties de Daniel. Nebucadnetsar eut un songe, mais ne se souvint pas de ce qu’il avait rêvé. Daniel, le prophète, fait prisonnier quelque temps auparavant, fut par la providence, introduit auprès du roi comme la seule personne au monde capable de dire au roi son songe et d’en donner l’interprétation ; ce pouvoir, nous est-il dit, lui fut donné par l’Eternel.

Vision de Nebucadnetsar concernant la domination des Gentils.

La vision était une statue prodigieuse. Sa tête d’or représentait Nebucadnetsar. Sa poitrine et ses bras d’argent représentaient l’empire médo-perse ; son ventre et ses hanches d’airain représentaient l’empire grec ; ses jambes de fer, c’était l’empire romain de l’est et de l’ouest ; ses pieds de fer et d’argile représentaient le mélange de l’église et de l’Etat, ce mélange est nommé par les Ecritures « Babylone » la confusion. Le fer représente toujours les gouvernements civils et l’argile (ne pouvant se mélanger avec le fer et le faisant paraître, pour cette raison, comme des pierres) représente le gouvernement ecclésiastique tel qu’il est maintenant, mélangé avec toute la politique des 10 royaumes de l’Europe [écrit en 1910, la rédaction]. La période de gouvernement des nations continuera jusqu’au temps du royaume du Messie promis ; cette période est symboliquement représentée comme ayant sept temps ; sept temps sont sept ans non pas réels mais symboliques. A la fin, le pouvoir donné aux nations leur sera repris, il se terminera dans le temps de grande détresse (Daniel 12:1). Alors le Messie se trouvera debout, en ce sens qu’Il prendra les rênes du gouvernement de la terre ; le gouvernement des Gentils cessera, car toutes les nations serviront le Messie et lui obéiront. Alors le peuple choisi de Dieu, Israël, sera le premier dans toutes les affaires du monde ; il sera le représentant, ses membres seront les agents du royaume du Messie parmi les hommes, car ce royaume du Messie sera spirituel et invisible comme l’est celui du « prince de ce monde », le diable. Le prince des ténèbres sera lié ou restreint durant les mille ans du règne de justice ; après cela le Messie l’anéantira quand il remettra le royaume au Père. L’humanité, alors, sera parfaite, parce que tous les pécheurs qui commettaient le mal volontairement auront été détruits dans la seconde mort. Ce règne du Messie, non seulement bénira et relèvera Israël, mais il fera que, par Israël, les bénédictions s’étendent à toutes les nations, à tout peuple, toute tribu et toute langue ; cela en accord avec la promesse de Dieu faite à Abraham il y a plus de 30 siècles.

Toutes ces choses sont brièvement, mais magnifiquement représentées dans le songe de Nebucadnetsar, suivant l’explication de Daniel. Il vit une pierre se détachant de la montagne sans l’aide d’une main humaine ; il attendit et vit la pierre frapper la statue à ses pieds ; pour résultat, les gouvernements des nations furent complètement démolis. Cette atteinte de la statue à ses pieds représente symboliquement les institutions présentes comme devenant de plus en plus mauvaises ; elles prépareront ainsi l’éta-blissement du royaume de Dieu qui viendra à leur place.

Le royaume du Messie dans la vision.

Le royaume du Messie symbolisé par la pierre, non seulement remplira la place où était la statue, mais augmentant graduellement, remplira toute la terre. A ce point de vue, dit l’orateur, ce n’est pas difficile pour nous de croire à la parole du psalmiste : — D’un temps où Dieu rassemblera Sion, d’un temps fixé et inchangeable. L’orateur ne prétend pas savoir le jour auquel ces choses seraient accomplies, où le Messie prendrait le gouvernement ; mais il peut dire ce qu’il pense à ce sujet : autant qu’il peut le discerner, le temps des grands événements est beaucoup plus rapproché que plusieurs d’entre nous ne le supposent. Les sept temps de la domination des nations, reconnus sur la base des Ecritures, peuvent être interprétés un jour pour un an, années lunaires. Ces années représenteraient 2520 jours et ceux-ci, symboliquement interprétés, seraient 2520 ans depuis le temps de Nebucadnetsar, la tête de la statue, jusqu’au temps de l’expiration du pouvoir des Gentils, quand la pierre frappe la statue dans ses pieds. Autant que le pasteur Russell a été capable de le déterminer, le détrônement de Sédécias eut lieu en 606 av. J.-C. ; ainsi les 2520 ans de la domination des gentils expireraient en octobre 1914. Quelques personnes pensent que la date du détrônement de Sédécias est en 588 av. J.-C. ; si cette date était juste, cela ne ferait une différence que de 18 ans et donnerait 1932 au lieu de 1914. Le pasteur Russell est pour cette dernière date.

Avenir assuré pour le Sionisme.

Pendant plus de 30 ans, j’ai fait voir aux chrétiens les vues que je présente aujourd’hui spécialement aux Juifs. Il y a 30 ans, j’ai essayé de parler à Israël des bonnes nouvelles, du temps où Dieu se souviendrait de Sion, mais c’était trop tôt ; le temps marqué par Dieu où Israël écouterait n’était pas encore là. J’ai attendu et j’attends encore le propre temps de Dieu, la voie pour l’accomplissement d’Esaïe 40:1, 2 : « Consolez, consolez mon peuple. Parlez à Jérusalem selon son coeur et criez-lui que son temps marqué est accompli, que son iniquité est acquittée, qu’elle a reçu au double de la main de l’Eternel pour tous ses péchés. »

Il y a à peu près 20 ans, la providence éleva pour votre peuple un grand conducteur, Dr. Herzl dont le nom est maintenant dans toutes vos bouches. Si votre peuple n’était pas prêt pour mon message, il était prêt pour celui que Dieu lui envoyait par Dr. Herzl et qui était aussi un message d’espoir, un message de nationales aspirations, d’espérance pour votre avenir. Les efforts du Dr. Herzl tendirent à persuader les fidèles fils d’Israël d’être une nation parmi les autres nations et de pourvoir à un home pour les persécutés de leur race, ceux de Russie et de l’est de l’Europe. Dr. Herzl poussa son peuple à l’accord ; premièrement ce fut politiquement, car le nom de Sion disait peu de chose en fait de religion, mais graduellement Herzl et tous les conducteurs de votre peuple reconnurent que l’élément religieux du mouvement était le plus fort, le plus puissant.

Dr. Herzl eut pour successeur Dr. Nordau, un homme de grand talent aussi, un grand patriote, mais Sion languissait. Je ne vous révèle pas un secret en vous disant que, parmi les conducteurs comme parmi le peuple, le Sionisme tremblait de n’arriver à rien ; il a dépensé sa force sur les lignes tracées à l’origine, mais il ne tombera pas comme plusieurs le craignent. Sans prétendre être un voyant, je dis que le Sionisme est près de prendre une nouvelle vigueur, que ses jours les plus prospères sont proches. D’après ma compréhension des prophètes hébreux, le temps de détresse de Jacob n’est pas encore terminé ; des persécutions en Russie et ailleurs peuvent encore arriver. Il est triste de penser que les persécutions vous arrivent de la part des chrétiens de profession ; je ne trouve pas de paroles pour exprimer combien je suis honteux que des chrétiens déshonorent le nom et l’enseignement de mon Maître. Ils se trompent eux-mêmes, ils ne comprennent pas le Maître qu’ils professent de servir. Leur croyance est que Dieu tourmentera éternellement ceux qui ne professent pas de suivre Christ ; conduits par leur erreur, ils servent le diable et déshonorent Jésus. Comme les épreuves et les difficultés du patriarche Joseph étaient voulues de Dieu afin de pouvoir le conduire à la gloire et à l’honneur, ainsi ces expériences, ces persécutions concourront au bien de votre race et vous sortiront de votre présente satisfaction, vous feront soupirer après le retour en Palestine. Ces expériences ainsi que la voix des prophètes résonneront de plus en plus fort à vos oreilles, et, par la providence feront plus pour vous sur les lignes du Sionisme, que l’orgueil personnel et le patriotisme national.

Ceux qui retourneront.

Mon idée n’est pas que les 8,000,000 [c’est en 1910 qu’il y avait 8 millions de Juifs dans le monde — la rédaction.] ou plus de Juifs du monde retourneront tous en Palestine, quand même on compte que le pays en nourrirait le double. Ma pensée est que quelques-uns d’entre vous, les plus sérieux et les plus saints, iront en Palestine subitement et que la renaissance de votre peuple sera un étonnement pour le monde. Je pense aussi que les Juifs, même ceux qui n’iront pas en Palestine, seront sympathiques à ce retour, surtout ceux qui se laisseront influencer par les prophéties. Ils encourageront ceux qui, mieux qu’eux-mêmes, peuvent partir et les aideront de leur argent et par l’établissement là-bas de grandes entreprises. Permettez-moi de vous dire que, dans le temps de détresse qui surviendra au transfert du pouvoir des nations aux mains du Messie, les intérêts financiers seront en danger. Plusieurs membres de votre race, devenus riches, prendront sûrement plaisir à avancer l’oeuvre du Sionisme, aussitôt qu’ils réaliseront qu’elle est de Dieu, prédite par les prophètes. Ceux qui n’auront pas assez de foi pour seconder l’oeuvre de Dieu en cet important mouvement, se trouveront en peu de temps dans la condition dépeinte par le prophète Ezéchiel 7:19 et faisant allusion au temps de trouble : « Ils jetteront leur argent dans les rues, et leur or sera pour eux un objet d’horreur ; leur argent et leur or ne pourront les sauver au jour de la fureur de l’Eternel. » Le grand Messager de l’Alliance en qui vous prendrez plaisir (Malachie 1:1-3) vous éprouvera et prouvera que vous êtes un peuple. Ceux qui adoreront des idoles d’or et d’argent, leurs capitaux, recevront de sévères châtiments de Sa main et apprendront une grande leçon avant de pouvoir partager les bénédictions répandues.

T.G. 1/1911

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