L ‘Eternel Darle à Cyrus, son Oint 1ère  partie

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1ère  partie: Histoire d’un destin exceptionnel

Verset mémoire: … Ainsi parle L’Eternel à Cyrus, son oint, qu’il tient par la main pour terrasser les nations devant lui, et pour relâcher la ceinture des rois… (Esale 45; 1)

Les paroles du verset mémoire d’Esaïe 45;1 sont surprenantes à plus d’un titre.

En effet, si nous trouvons dans plusieurs endroits de la Bible des paroles de bénédiction et d’éloge de la part de l’Eternel appelant « Oint” de grands personnages bibliques de l’Ancien ou du Nouveau Testament tels qu’Abraham, David, Samuel, le Seigneur Jésus, il faut reconnaître que ce glorieux titre est généralement aux sacrificateurs et aux rois du peuple élu de Dieu.

Or dans ce verset c’est Cyrus, un païen,  le roi des Médo-Perses qui est appelé de ce titre inimaginable de Oint; il s’agit bien là d’une appréciation exceptionnelle, pour ne pas dire unique dans les Ecritures, de la part du Tout-Puissant pour quelqu’un qui n’était pas de son peuple élu.

Qui était donc Cyrus pour mériter pareil honneur?

L’Orient du 6ème siècle avant JC

Pour répondre de façon claire à cette question, il faut faire un grand retour en arrière dans l’histoire, jusqu’aux jours de Sédécias, dernier roi de Juda, avant la captivité à Babylone.

Le monde d’alors était sous l’influence de quelques royaumes en pleine croissance tels les Grecs ou les Mèdes, mais surtout, de la Palestine à l’Euphrate dominait un empire colossal, Babylone.

Dans l’histoire tourmentée de ce 6ème siècle avant JC, retenons que Babylone venait d’écraser la puissance assyrienne, au grand soulagement des peuples que ces tyrans de Ninive écrasaient.

Cependant, l’oppression que firent peser les Babyloniens ne valaient guère mieux. L’histoire nous apprend qu’ils étaient aussi cruels que les Assyriens, et alternaient l’imposition, la destruction, l’extermination ou la déportation dans des conditions affreuses du pays conquis vers un autre. Beaucoup de déportés mourraient de faim et de soif en route.

 

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Le Royaume de  Juda subit ce sort pour avoir refusé de payer l’impôt au roi de Baby­lone. La cruauté de Nabuchodonosor, roi de Babylone, est connue: il fit égorger devant Sédécias, qui était âgé d’environ 30 ans, ses 2 fils; puis il lui fit crever les yeux pour que dans son éternelle nuit, la dernière vision qui le             poursuivrait du monde des voyants soit désormais celle de ses fils égorgés.

Cet exemple est malheureusement classique de la cruauté des Babyloniens, dont on peut dire que s’ils dominaient le monde d’alors, c’était par la force et par la brutalité.

Je t’ai appelé d’un titre glorieux. avant même pue tu ne me connaisses”(Esaie 45;4)

Or, pendant ce temps, un royaume à l’Est de Babylone commençait à prendre de l’importance: la Perse, dont la capitale était Pasar­gade.

Le roi de Perse était alors Cambyse, qui avait épousé Mandane, fille du roi des Mèdes Astyage, dont il était le vassal; il était donc soumis à Astyage et lui payait l’impôt. Quand le premier fils de Cambyse et de Mandane na­quit, Astyage vit dans un songe que ce fils serait un jour une menace pour son trône; il ordonna alors de faire mourir l’enfant, qui fut cependant miraculeusement sauvé par celui qui devait le tuer, puis nourri et élevé en cachette par une paysanne.

Cet enfant, c’était le futur Cyrus.

Les historiens disent que c’est une première étape extraordinaire de la vie de Crus; mais les paroles de la prophétie d’Esaïe 45;4 : “..Je t’ai appelé d’un titre glorieux, avantbmême que tu ne me connaisses…” nous indiquent que la providence divine guidait déjà le futur roi.

Quelques années après il fut rendu à la cour d’Astyage à Ecbatane, lequel entre-temps s’était repenti de son geste criminel; finalement Astyage le rendit à ses parents Cambyse et Mandane à Pasargade, après des aventures dont l’évocation serait trop longue.

Des lors il fut élevé à la cour perse par ses parents.

Ecoutons ce que dit Xénophon, un au­teur grec, —de Cyrus apprenant son futur métier de roi:

Cyrus tenait de la nature une figure d’une remarquable beauté, une âme pleine d’humanité, très zélée pour la science et si passionnée pour l’honneur qu’il endurait tous les travaux et s’exposait à tous les dangers.”

…une âme pleine d’humanité” nous dit Xénophon…

Premier succès de Cyrus

En -559, à la mort de Cambyse, Cyrus est nommé roi des Perses; il est toujours assujetti aux Mèdes mais commence par consolider sa nation et sa capitale, Pasargade. Il rêve d’un immense empire. Il adore le dieu perse Mahu­ra-Mazda. Il ne connaît pas Dieu, mais Dieu l’a déjà choisi, comme nous l’avons vu.

A Babylone, Nabuchodonosor est mort depuis 3 ans.

Cyrus veut tout d’abord se libérer de l’emprise Mède, mais l’entreprise est risquée.

Enfin en -555 il provoque le roi Astyage, qui est, rappelons-le, son grand-père, et la guerre commence. Les forces mèdes sont supérieures en nombre et le combat démarre mal; les forces perses battent en retraite quand tout à coup un des généraux mèdes passe dans le camp de Cyrus, lui assurant la victoire.

Après le combat, la logique de l’époque voudrait que Cyrus mette à mort son ennemi Astyage, même si celui-ci était son grand-

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père. Non seulement il ne le fait pas, il lui fait grâce, mais il l’intègre à sa suite royale, geste exceptionnel pour cette époque marquée par le souvenir des cruautés babyloniennes ou assyriennes.

Bien loin d’asservir les Mèdes, Cyrus leur donne plus de liberté qu’ils n’en avaient sous leurs rois.

La glorieuse prophétie Esaïe 45;1 le concernant commence : Ainsi parle L’Eternel à Cyrus, son oint, qu’il tient par la main pour terras­ser les nations devant lui, et pour relâcher la ceinture des rois…”

 Le voilà à la tête de ce que l’on appellera désormais l’Empire médo-perse.

Il rêve plus que jamais de conquérir le gigantesque empire de Babylone, mais c’est trop tôt, parce que la Médo-Perse comporte encore bien des faiblesses.

L’aventure Lydienne

En fait, c’est vers le nord-ouest que vont se porter ses préoccupations ; le roi de Lydie royaume situé en Asie Mineure, voit avec inquiétude la montée en puissance de Cyrus, Ce royaume est d’une prospérité économique, exceptionnelle pour l’époque, et la capitale, Sar­des, regorge d’or et d’innombrables richesses, le tout acquis par le génie commercial du roi et de ses habitants.

Ce roi au nom évocateur, synonyme de richesse, s’appelle Crésus. En -546, après s’être allié aux Egyptiens, Crésus envahit les territoires mèdo-perses, massacrant les populations. Cyrus marche vers lui et la bataille a lieu, terrible. Cyrus y a l’avantage grâce à deux stratagèmes nouveaux: des chars munis de faux qui sèment la terreur, et une cavalerie montée sur des chameaux qui effraient les chevaux lydiens (qui n’ont jamais vu de chameaux…)

Les Egyptiens, alliés de Crésus, sont les premiers vaincus et se soumettent à Cyrus. Magnanime, celui-ci les intègre parmi ses sujets. La prophétie d’Esaie 45;14: « Les gains de l’Egype.. passeront chez toi et seront à toi. Ces peuples marcheront à ta suite, ils se prosterneront devant toi.. »  se réalise et nous montre que la carrière fulgurante de Cyrus est guidée par la Providence divine.

Mais il faut investir Sardes, la capitale Lydienne, où Crésus s’est réfugoé avec me reste de son armée. Le siège est mis. Une nuit, profitant du relâchement de vigilance des assiégés en un point faible la ville est conquise.

Crésus n’espère aucune pitié de Cyrus; à son grand étonnement, ce der­nier lui fait grâce et dans sa grande sagesse, le prend à sa cour comme conseiller financier; l’histoire nous dit que Crésus restera désormais un ami fidèle de Cyrus.

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Cyrus fait alors main basse sur les extraordinaires trésors de Sardes que les historiens considèrent comme la Banque Mondiale de l’époque.

La prophétie le concernant en Esale 45;3: “Je te donnerai des trésors cachés, des richesses enfouies… continue à s’accomplir à la lettre.

Il s’est pour la deuxième fois allié peuple. Laissant son général faire la guerre aux cités grecques de la côte avec une partie de l’armée, Cyrus part vers l’est de son empire.

Je marcherai devant toi, j’aplanirai tes chemins de montagne (Esaïe 45;2)

De -545 à -540 il fait une conquête rapide d’un énorme espace de plaines, mais surtout de montagnes, situé de la mer d’Aral à l’Inde; partout où il passe il apporte aux vaincus une liberté que ceux-ci n’avaient pas ou n’espéraient même pas. Sa sagesse et son sens de l’état deviennent légendaires, ainsi que son sens de la miséricorde.

Dieu est avec lui, il aplanit les chemins de montagne pour lui, comme il est dit en Esaïe 45;2: “Je marcherai devant toi, j’aplanirai tes chemins de montagne…” mais lui ne le sait toujours pas.

Chef d’un immense empire, il est désormais prêt à affronter le monstre babylonien.

En effet, tout s’y prête: l’armée de Cyrus est organisée, puissante, expérimentée par 5 ans de guerre, alors que Belschatsar, successeur sans envergure de Nabuchodonosor, ne s’intéresse guère à la défense de l’empire, mais passe son temps à adorer son Dieu Mar­duck, qu’il a d’ailleurs imposé à tout le monde.

Ses sujets, tyrannisés, privés de leurs dieux locaux, attendent plutôt une délivrance.

“C’est moi qui appelle de l’orient un oiseau de proie. d’une terre lointaine un homme pour accomplir mes desseins.” (Esaïe 46;1 1)

En -539 Cyrus. à la tête de toute son armée, franchit le Tigre et attaque l’armée baby Ionienne. C’est une victoire, facilitée par le passage aux Perses de nombreux Babyloniens.

Mais prendre la ville de Babylone, capitale de l’Empire, extraordinairement fortifiée en son temps par Nabu­chodonosor, est une autre affaire. Le siège risque d’être très long.

Cyrus décide de creuser un canal pour détourner l’Euphrate qui traverse la ville, mais les travaux lui prendront beaucoup de temps.

A Babylone, dans la ville assiégée, Belschatsar prétend avoir assez de vivres pour supporter un siège de 10 ans. Mais le temps passe et pour montrer à ses sujets ba­byloniens que les assiégeants médo-perses se lasseront avant eux, et aussi pour leur remonter le moral, il organise un gigantesque festin où il commet l’erreur de boire dans les coupes d’or du temple de Jérusalem, ce que même Nabuchodonosor n’avait pas fait.

“Compté. compté. pesé et divisé. ton royaume sera donné aux Mèdes et aux Perses.” (Daniel 5;25-28)

Chacun connait cette sombre prédiction de Daniel qui se réalise la nuit même. Les Mé­do-Perses envahissent la ville par le lit de l’Euphrate détourné et le roi de Babylone est tué.

La chute du plus grand empire du monde a un retentissement considérable et Cyrus est

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fêté comme un libérateur; les Babyloniens heureux, viennent à lui avec des palmes.

Mais à Babylone il y a fort à faire. Des peuples entiers ont été réduits en esclavage ou déportés. Fidèle à lui-même, Cyrus va encore une fois montrer sa générosité.

Ecoutons ce que dit Cyrus: “J’ai accordé à tous les hommes la liberté d’adorer leurs propres dieux, et ordonné que personne n’ait le droit de les maltraiter pour cela”. J’ai ordonné qu’aucune maison ne soit détruite et qu’aucun habitant ne soit dépouillé” . “J’ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes”

Ces quelques déclarations de Cyrus, on les a retrouvées gravées sur des tablettes perses; elles diffèrent des déclarations gravées sur les bas reliefs des rois assyriens et babyloniens qui y relatent surtout leurs massacres…

“C’est moi QUI ai suscité Cyrus dans ma justice. et l’aplanirai toutes ses voies, Il rebâtira ma ville, et libérera mes captifs, sans rançon ni présents. dit L’Eternel des armées.” (Esaïe 45;13)

Nous sommes en -536, et les Hébreux déportés à Babylone qui savent que leur temps de captivité doit durer 70 ans et s’achever, voient avec la venue de Cyrus la réalisation de la fameuse prophétie des 70 ans de Jérémie 25;12-14.

En particulier Daniel dont il nous est dit qu’il a acquis des fonctions importantes dans le gouvernement de Cyrus (Dan 6;28), a l’occasion de le rappeler à son nouveau roi…

Et le célèbre Edit de Cyrus, que rapportent à la fois 2 Chr 36;22-23 et Esdras 1;1-4 est digne d’être lu en entier:

“Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: L’Eternel le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d’entre vous est son peuple? Que son Dieu soit avec lui et qu’il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de L’Eternel, le Dieu d’Israël” (Esd 1;2-4)

Ainsi, les prophéties d’Esaïe le concernant se sont toutes réalisées. La captivité du peuple d’Israël prend fin et avec cet événement capital du plan de Dieu prend fin la mission que Dieu a fait réaliser par le bras de Cyrus.

La fin du grand roi

Après la chute de Babylone, Cyrus rentre dans sa capitale Pasargade, qu’il fait embellir, puis en -530 il part en guerre contre le royaume des Massagètes, vivant à l’est de l’actuelle mer d’Aral. En -529, lors d’un combat qui l’oppose à l’armée de la reine des Massa­gètes Tomyris, il est tué. Son corps est ramené dans sa capitale par son fils.

Il lègue à ses successeurs le plus grand empire  connu.

(à suivre)

R. Liberda