La Bible par opposition à la théorie de l’Evolution.

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Récit d’une discussion amicale dans un train rapide (Expres.éclair), rendant témoignage à l’accomplissement de Daniel XII, 4.

 A.    — Votre théorie comme vous la présentez s’har­monise avec l’histoire et la Bible et si nos opinions théo­logiques en différent il serait temps d’en changer.

B.     — L’auteur en question a soin de proclamer que ce qu’il offre dans ses livres, n’est point le résultat de sa propre sagesse, ni de son intelligence, mais que ‘de temps convenable “ pour la révélation des vérités de Dieu à son peuple est arrivé. Nous sommes maintenant au “temps de la fin:” dans lequel plusieurs courent çà et là et auquel la connaissance est augmentée (Dan. 12 : 4—10). Puis:  “les sages comprendront:”. Cet au­teur distingue entre la sagesse du monde (dont une grande dose va maintenant être démontrée comme de la folie) et celle qui vient d’eu haut; et maintient que les vrais sages sont ces humbles gens désireux d’être “in­struits de Dieu ” par les Ecritures.

A.     — C’est certainement une théorie conséquente, dans tous ses détails. Je suis heureux d’apprendre cela de l’Aurore du Millénium et de savoir son auteur si humble en attribuant toute vraie sagesse à Jéhovah, lui-même, qui en est la source; mais veuillez continuer, je vous prie, nous approchons de ma destination.

B.     — L’auteur montre encore que l’élection de l’Eglise durant l’âge de l’Evangile se fait par le Père céleste, Jéhovah, mais au moyen de son Fils, notre Seigneur, Jésus, ainsi qu’il est écrit: Nul ne peut venir à moi, A moins que le Père qui m’a envoyé ne l’attire.:” Il limite cela et l’applique à l’âge présent et à l’élection de l’Eglise qui se fait actuellement; dénommée diverse­ment par l’Epouse, le corps de Christ, la sacrificature royale, etc. Enfin il interprète ces paroles du Seigneur:

Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, je tirerai tous [les hommes] à moi:” (Jean 12 : 32), pour le siècle à venir, le Millénium, lorsque Christ et l’Eglise glorifiée (dans la gloire des conditions et du pouvoir célestes) tout à la fois régneront et béniront l’humanité, — ramenant à la communion avec Dieu et à la perfection humaine tous ceux qui accepteront la grâce de Dieu sous les conditions de la nouvelle Alliance. Bien loin de signi­fier la condamnation et les tourments éternels pour la classe non élue, l’élection de l’Eglise renferme des bénédictions futures pour l’humanité en général en ce qu’une occasion favorable sera offerte à chacun pour obtenir la vie éternelle.

A.     — J’aurais plusieurs objections à vous faire. A quoi bon faire premièrement une élection d’entre les hommes pour agir ensuite de la même manière avec le reste de l’humanité’?

B.     — Vous avez peine à comprendre ce qui s’explique, car je viens de vous résumer le contenu de quatre vo­lumes. Notre auteur montre clairement, en appuyant ses arguments de textes et de citations de l’Ecriture, que l’Eglise évangélique élue a “une vocation céleste:”; quelle est appelée à un changement de nature, — de la nature humaine “un peu moindre que les anges” à la nature divine, bien au-dessus des anges, des principautés et des puissances. La bénédiction réservée par Dieu à l’hu­manité en général est bien différente de ceci, c’est une offre de restitution au moyen de l’Eglise élue pendant l’âge du Millénium. L’un des textes à l’appui est Actes 3 : 19—23. L’apôtre Pierre inspiré, au jour de la Pente­côte, fait allusion au second avènement de Christ et aux bénédictions qui seront répandues sur tout le monde. Il fait allusion au Christ complet (Jésus le chef et l’Eglise son corps) dont Moïse le législateur est le type déclarant qu’alors le Grand Législateur, exalté en puissance et en autorité, gouvernera tout le monde, bénissant ceux qui écoutent et lui obéissent, mais détruira par la seconde mort ceux qui n’obéissent pas. L’apôtre parle de cette période du règne du Christ glorifié (chef et corps) comme des “temps du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes dès le commencement du monde.”

Le rétablissement est la bénédiction que Dieu réserve à l’humanité en général, à tous ceux qui accepteront joyeusement ces bénédictions des mains du Rédempteur quand le temps convenable de les leur offrir sera venu. Pour les accepter, il faudra se soumettre aux conditions d’obéissance qui accompagneront l’offre. Le mot rétablissement est assez simple pour être compris, il veut dire ni plus ni moins: retour aux conditions primitives. Ceux qui recevront définitivement, au plus haut sens du mot

18 Mars 1904

les bénédictions de la main du Seigneur seront entièrement rétablis dans la faveur divine et tout à fait libérés des défauts et des imperfections de l’humanité. qui ont corrompu toute la race. C’est à dire, non seulement la santé et la force physique dans leur perfection, mais les calamités mentales et morales seront restituées. En un mot, cela signifie un retour à l’image morale, à la ressemblance de Dieu, à laquelle Adam fut créé et dont il déchut et nous par lui, par la loi de l’hérédité.

L’auteur affirme que, connue Dieu avait déja créé différents ordres d’êtres spirituels avant la création de l’homme, Il décida encore d’user de son pouvoir créateur pour faire une créature terrestre à sa propre image et la mettre en possession de la terre pour son habitation, la douant d’une constitution adaptée pour  y vivre. Il peupla la terre de différentes espèces d’animaux et établit l’homme pour régner sur la création tout en restant le sujet de Jéhovah, son Seigneur suprême. L’entrée maligne du péché ne fut point imprévue par la divine sagesse, s’il fut permis pendant six mille ans cela n’a changé en aucune manière le plan originel de Dieu ; et le temps vient ou il n’y a tira plus ni mort, ni deuil, ni cri, car ce qui était auparavant aura passé (Apoc. 21: 4). Les seules choses qui resteront pour l’éternité. seront : la terre rétablie en état paradisiaque et l’homme qui la peuplera, et qui par   la connaissance et l’expérience aura appris à connaître son Seigneur et Créateur. Les hommes posséderont une confiance absolue dans la sagesse, l’amour la justice et la puissance de Dieu, ils auront appris que ses voies sont agréables et ses sentiers la paix : ils auront passé par des expériences et des épreuves qui détruiront du milieu d’eux tous ceux qui aiment l’injustice pour ne conserver que ceux qui auront librement de  faire avec joie la volonté de leur Père qui est aux cieux.  L’auteur montre encore que dans son  plan, Dieu a prévu et non prévenu la désobéissance d’Adam et par elle l’entrée dans le monde de la mort et du péché, qu’il a utilisé le mal pour l’épreuve spéciale des membres de l’Eglise élue: qui en changeant de nature passeront de celle d’êtres humains un peu inférieurs aux anges à la nature divine, bien au-dessus des anges en gloire et en puissance. Appelés à une si haute élévation même à participer de la nature divine à “la gloire, l’honneur et l’immortalité”. Il n’est que juste qu’ils soient d’abord un vivant témoignage de la croix, de l’obéissance au Père et qu’ils soient amenés à la perfection par les souffrances et les épreuves, autrement dit, qu’ils présentent leur corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu par les mérites et le sacrifice de Christ. C’est pourquoi l’Eglise évangélique est appelée dans ce siècle présent, ou le péché abonde et où le prince de ce monde, Satan exerce sa puissance par ceux qui possèdent son esprit. Ceux qui veulent affermir leur vocation et leur élection en s’assurant une place dans le Royaume de Dieu (comme héritiers de Dieu et co-héritiers avec Jésus-Christ, notre Seigneur), doivent, dans ce temps présent, où le péché domine, montrer leur fidélité et leur amour pour Dieu et la justice, par un zèle tel qu’il leur coûtera assurément le sacrifice d’eux-mêmes, et celui de leurs intérêts humains. C’est cette classe appelée mainte­nant qui doit marcher dans la ,.voie étroite”. Le chemin est étroit parce que le péché règne dans le monde, ceci est permis par Dieu afin d’éprouver l’Eglise élue, ceux “ dont les noms sont écrits dans les cieux”, quelle que sort heur dénomination terrestre.

L’âge du Millénium, pendant lequel le monde sera béni par le Christ, est, au contraire, une période de bonheur, de rafraîchissement et de rétablissement, comme les Ecritures le démontrent partout. Là, ,,le Soleil de la Justice se lèvera avec la santé dans ses rayons”, “ la connaissance de l’Eternel remplira toute la terre comme les eaux qui couvrent le fond de la mer” et “ tous le connaîtront depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux.”

Nous trouvons dans les paroles du Psalmiste le grand contraste, entre l’âge présent où le mal règne et l’âge à venir, où le Seigneur notre justice gouvernera le monde et établira son Eglise en gloire pour être avec lui, le Royaume de Dieu. L’âge de l’Evangile est comparé à une nuit suivie d’un matin de lumière et de bénédiction. “ Les pleurs logent le soir, mais le chant de triomphe survient au matin” (Ps. 30: 6). L’Ecriture nous dit encore que le Millénium com­mencera lorsque Satan sera lié; alors disparaîtront toutes les mauvaises influences, afin que le monde ne soit plus séduit, trompé et égaré par Satan et ses serviteurs, le sachant ou l’ignorant (Apoc. 20, 1—3).

A. — Votre exposé m’a donné beaucoup à penser cher frère et a répondu à plusieurs de mes objections. Cette pensée que le rétablissement est la promesse du Seigneur pour l’humanité obéissante, et que Pierre déclare être plus ou moins la thèse de tous les saints prophètes depuis le commencement du monde, est certainement le coup de mort de ma théorie évolution­niste. Rien n’est plus clair que la logique du rétablis­sement lors de la seconde venue du Christ, comme étant une grande bénédiction pour l’humanité, tandis que si la théorie évolutive était vraie, un rétablisse­ment serait la pire des choses qui pourrait lui arriver. Si notre race a reçu la vie d’un protoplasme ou même descend d’une espèce d’un degré supérieur aux singes, un rétablissement serait la perte de tout ce que l’évolution prétend avoir été gagné par le dévelop­pement de l’humanité. Ce serait la plus grande malédiction pour la race, un retour à la condition bestiale.

Je vois mieux que jamais qu’il nous faut choisir entre cette théorie humaine évolutive et les enseigne­ments de la Bible. Je sens, comme résultat de notre conversation, revivre mon amour pour la parole de Dieu et le respect qu’elle m’inspirait autrefois, j’y entrevois de nouvelles beautés et une grandeur que je n’aurais jamais rêvées; je commence maintenant par apprécier l’expression de l’apôtre en parlant de la lon­gueur et de la largeur, de la hauteur et de la profondeur de l’amour de Dieu qui surpasse toute connais­sance humaine.

B.     — Je suis heureux de vous entendre parler ainsi car je partage vos sentiments, lisez et étudiez de suite les livres que vous dites avoir dans votre bibliothèque et avant de vous quitter parlons encore d’un de ses enseignements. La postérité d’Abraham comprend le Christ au sens large du mot, c. à d., non seulement, Jésus, notre Seigneur bien que tous les mérites de  

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salut soient pleinement attribués à lui seul, à son sacrifice), mais aussi ses fidèles disciples, qui sont rachetés, appelés et choisis pendant l’ère évangélique. Jésus est le chef de cette semence d’Abraham (Gal. 3 :16, 29) et nous en sommes les membres. “ Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc [la] semence d’Abraham (comme l’épouse appartient à l’époux), hé­ritiers selon la promesse” faite à cette semence.

Vous vous souvenez de cette promesse: “ Toutes les familles de la terre, seront bénies en ta postérité.” Il est évident qu’elle n’est pas accomplie et ne le sera que par la résurrection et le rétablissement promis. Toutes les familles de la terre ne sont pas seulement celles qui vivent maintenant, mais celles qui ont vécu depuis Abraham jusqu’à nos jours, la grande majorité s’en est allée dans la grande prison de la mort sans la moindre bénédiction et sans autre espérance que celle contenue dans la promesse abrahamique. Au temps convenable l’humanité entière libérée du tom­beau et de la mort sera bénie avec la faculté de ren­trer dans la faveur divine et d’obtenir la vie éternelle par la grâce de Dieu, opérant par l’Eglise élue (la ‘Tête et le Corps). — Rom. 11 : 31.

A.     — Quelle glorieuse espérance pour le monde et l’Eglise élue! Comment se fait-il que ces glorieuses promesses, ces joyaux, n’aient pas été compris par ceux qui étudient la Bible?

B.     — “Au propre temps”, c’est là le secret qui explique toute la chose. Souvenons-nous aussi, frère, que six mille ans nous semblent un long espace de temps pour l’expérience du mal sur la terre à cause de la brièveté de notre vie et des défavorables con­ditions actuelles, mais pour Dieu, mille ans sont comme le jour d’hier . . ., et comme une veille dans la nuit (Ps. 90: 4; 2 Pierre 3 : 8). D’après cette me­sure la nuit du péché n’a eu que six veilles et le crépuscule du matin des bénédictions et de l’éternelle justice rougit déjà l’horizon.

A.     — Une autre question: Qu’en est-il du jour du jugement? Quand et que sera-t-il?

B.     — L’auteur démontre clairement par les Ecritures que ce n’est point un jour de 24 heures, mais “ un jour devant le Seigneur”, un jour de 1000 ans; ce sera le règne des mille ans de Christ, le Millénium. Pendant le jour du jugement, le monde sera mis à l’épreuve, sera en jugement, pour la vie éternelle, comme nous les élus de l’âge de l’Evangile sommes maintenant à l’épreuve; avec cette exception que notre épreuve est plus sévère, par le fait que nous nous trouvons sur le ,,chemin étroit”. L’apôtre nous informe distinctement que nous ne viendrons pas en (Le mot grec krisis (Jean 5 : 29) rendu par condamnation signifie jugement (épreuve), voyez les trad. vers. de Lausanne, Darby, Segond et Stapfer.) jugement avec le monde dans l’âge prochain, mais que nous passons maintenant de la mort à la vie, avant que le jour de jugement du monde commence (Jean 5 : 24 ; 1 Cor. 11 : 32). Il dit aussi (Actes 17: 31):   que , “ Dieu a fixé un jour [futur] où ‘il jugera éprouvera] le monde selon la justice”, par Christ; et qu’alors l’Eglise triomphante, en puissance et gloire divine, sera, avec Jésus, les juges (Esaïe 32 : 1) du monde. ,,Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde?” — 1 Cor. 6:2.

A.     Et les incorrigibles ou impénitents à la clô­ture du Millénium? Et quelle sera la condamnation de ceux qui dans cet âge-ci pèchent contre le saint Esprit?

B.     — La loi de Dieu ne change point. Ce qui a été dit à Adam et exécuté contre lui, reste toujours en vigueur: ,.Le salaire du péché, c’est la mort” (Rom. 6: 23). Le prophète parlant du Millénium déclare que personne ne mourra pour des péchés hérités comme maintenant, mais chacun sera individuellement mis à l’épreuve et ceux qui pécheront alors volon­tairement seront punis: ,,L’âme qui péchera, c’est celle qui mourra.” Souvenons-nous du proverbe qu’on dit généralement. ,,Les pères ont mangé des raisins verts [ont péché] et les dents des enfants en sont agacées [tous les descendants d’Adam sont en déca­dence, déchus et meurent comme conséquence de sa transgression].” Ce même prophète (Ezéch. 18 :2-4 nous assure que dans la vie à venir ce ne sera plus ainsi. Celui qui mourra, subira cette peine pour ses propres péchés. “ Dieu ne désire pas la mort de celui qui meurent”. — Ez. 1.8: 23, 32; 2 Pierre 3: 9.

En parlant des pécheurs endurcis, l’apôtre dit “ qu’ils auront pour châtiment une destruction éternelle loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force”. Quiconque ne veut point recevoir le don de Dieu de la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Seigneur, ne peut point du tout avoir la vie car “ Dieu détruit tous les méchants”. — Ps. 145 : 20.

A.     — Que dites-vous de l’enfer et du purgatoire; croyances généralement répandues parmi la chrétienté?

B.     — Ce point de vue est une grande et sérieuse erreur qui a empêché des personnes les mieux douées de lire avec attention la parole de Dieu; pour la seule raison d’avoir cru que la Bible enseignait la doctrine si déshonorant pour Dieu de prédestiner la majorité de ses créatures à d’éternels tourments. Les enseignements purs et simples des Ecritures sont assez terribles sans qu’on y ajoute une agonie in­descriptible et de flammes inventées par la dépra­vation humaine. Le grand enfer ou cachot dans lequel l’humanité entière est consignée à cause du péché, est la grande prison de la mort, la tombe. .,Le salaire du péché c’est la mort”; il n’y aurait pas de résurrection, ni de vie à venir, sans le grand sacri­fice de notre Seigneur en notre faveur. Christ nous a rachetés avec sa propre vie il est mort pour nos péchés, assurant ainsi aux hommes le privilège légal de la résurrection et du rétablissement, comme il est écrit: ,.Je les délivrerai du sépulcre, je les rachèterai de la mort.”—Osée 13 : 14.

Vous savez probablement que le mot traduit; ,, en­fer” dans l’A. Testament est en hébreu shéol. qui signifie l’état de la mort et ne peut être employé dans le sens d’une place ou d’un état de torture. Vous aurez aussi remarqué que le même mot hébreu a été traduit plus fréquemment par “ sépulcre” et ,.gouffre”, qui est plus rapproché de sa signification exacte dans notre langue. Vous aurez encore remarqué que le

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mot hadès du N. Testament grec est exactement l’équivalent du mot hébreu shéol il est toujours em­ployé dans ce sens, dès qu’on cite un passage de l’A. Testament. “ Hadés” signifie donc comme shéol la tombe ou l’état de mort. Le mot tartarus se rencontre une seule fois dans le N. Testament pour décrire la place ou condition réservée aux anges déchus, en attendant leur épreuve dans l’âge du Millénium (car l’Eglise glorifiée leur accordera aussi une épreuve pour la vie). — 1 Cor. 6:3.

Le mot grec “ géhenne” est, ainsi que le reconnais­sent les théologiens, appliqué dans les paraboles du Seigneur pour désigner la vallée de Hinnon, en de­hors de la ville de Jérusalem, où les rebuts de la ville étaient détruits. C’est un symbole de “ la seconde mort”, dans lequel tous ceux qui seront indignes de vivre seront détruits comme les rebuts. Permettez-moi, de vous envoyer gratis un petit journal qui traite de ce sujet, intitulé: Le salaire du péché, c’est la mort.’ On y fait remarquer différentes fausses conceptions et interprétations des paraboles de notre Seigneur et de l’Apocalypse, seuls et uniques endroits où l’on trouve quelque chose ressemblant à l’enseignement des tourments éternels. Le châtiment du péché, c’est la mort et ce sera une punition éternelle, en ce qu’il n’y aura pas de résurrection de la mort seconde.

A.     — Mais n’y aura-t-il aucune rétribution pour les mauvaises actions de cette vie présente?

B.     — Oh, certainement! Les Ecritures parlent dis­tinctement d’une rétribution à venir, mais non d’un châtiment sans espoir excepté celui de la seconde mort pour le péché volontaire, de propos délibéré. Toutes les autres punitions auront une tendance et un caractère réformateurs.

La doctrine catholique romaine du purgatoire est évidemment une corruption ou perversion de l’en­seignement de l’Ecriture au sujet de la future rétri­bution pendant le Millénium qui sera non seulement un temps de bénédictions, mais aussi de rétribution. Tous les péchés volontaires contre la lumière et beau­coup de connaissances, seront châtiés en proportion de leur entêtement, relativement â la lumière et à la connaissance contre lesquelles ils auront été commis. Chaque transgression pareille nuit et avilit le caractère et ravale l’individu, qui au Milléninun, sortira du sépulcre dans le même état moral qu’il y était entré. Il lui faudra donc d’autant plus de jours pour gravir le grand chemin de la sainteté et rentrer dans la par­faite communion avec Dieu. Ses corrections de la justice, ses châtiments et ses coups seront proportion­nellement plus nombreux que ceux réservés au pécheur, ignorant la volonté de Dieu, qui ne l’a pas transgressée avec connaissance et partant n’a pas endommagé sa conscience et son caractère.

A.     —. Que c’est grand! sublime, juste, raisonnable, bon est charitable! C’est précisément ce que nous devions attendre de Celui qui dit: ,,Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies. Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus do vos pensées.” Dieu soit béni que je vous aie rencontré, cher frère, vous m’avez montré si aimablement et clairement que j’étais sur une fausse route, que j’étais an danger de perdre tout ce que j’avais, et si peu fût -, ce de l’Evangile de la croix de Christ, pour m’attacher à un évan­gile erronée de l’évolution, qui n’est pas même un autre évangile, mais une théorie de pure spéculation humaine en opposition absolue avec la révélation di­vine. Me voici arrivé, adieu! il faut que je prêche ce plein Evangile.

B.     — Adieu! je suis heureux de vous entendre dire que vous voulez prêcher le vrai Evangile, dont l’apôtre Paul disait qu’il n’en avait point honte (Rom. 1 : 16). Soyez assuré, mon frère, que si vous mettez en pra­tique cette résolution, cela signifie évidemment que vous affermissez ainsi votre appel et votre élection, ce qui vous assure une place dans l’Eglise choisie.

A.     — Que voulez-vous dire? Le Royaume est-il la récompense de la prédication?

B.     — Pas précisément, le Royaume est la récom­pense de la fidélité au Seigneur “ au milieu de la bonne et de la mauvaise réputation” la récompense de mourir au monde avec Lui, de souffrir pour la justice, ,,de donner notre vie pour les frères” (1 Jean 3 : 16) Tous les frères sont prédicateurs, dispensateurs de tout le conseil de Dieu pour autant qu’ils l’ont étudié et qu’ils ont la capacité et l’occasion de le présenter aux autres. Ceci est aussi bien leur devoir que leur doux privilège actuel et le sera dans l’âge à venir, où, dans des conditions plus favorables, ils annonceront au monde le privilège de la réconciliation avec Dieu par le sang de la croix.

Voici, ce que je pense dans votre cas; armez-vous et fortifiez-vous pour l’épreuve qui viendra. Taudis que votre coeur brûle en dedans de vous, de l’amour du Seigneur et de sou plan de salut, vous espérez que vos frères du ministère et les chrétiens en tout lien recevront le message de l’amour divin qui est la clé de la parole de Dieu et qui est maintenant ..la nourriture au temps qu’il faut”, vous espérez qu’ils le recevront avec joie et réjouissance. Mais vous vous trompez, cher frère: Le petit nombre seulement a des oreilles pour entendre la vérité et des yeux pour discerner les réelles beautés des grandes et précieuses promesses des Ecritures.

Vous serez surpris de les voir non seulement rejeter cette ,,bonne nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande Joie”, ainsi que cela tut an­noncé à la naissance du Sauveur, mais vous les verrez préférer les horribles inconséquences reçues par la tradition des pères, un antagonisme absolu avec toute idée de justice d’amour et de bonté. Ils sont si aveuglés par leurs préjugés que vous les verrez vous haïr comme les Juifs, à la fin de leur âge, ont haï notre Seigneur et les apôtres, parce qu’ils annon­çaient les vérités de l’Evangile alors au temps con­venable. Rappelez-vous les déclarations scripturaires: “ Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous haït”, “ sachez qu’il m’a haï avant vous.” ,,Tous ceux qui [dans ce temps-ci] veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés.” —. 1 .Jean 3 :13; .Jean 15 18; 2 Tim. :3:12.

21 Mars 1904

 Le maître de notre maison a été appelé Béelzébul, nous ne pouvons espérer d’être mieux traités. C’étaient les professants de 1’Eglise juive nominale qui s’opposèrent à l’Evangile; c’est tout naturel que ce sont maintenant les soi- disant professants de l’Eglise évangélique qui s’opposent le plus à l’Evangile du Royaume millénaire. Mais, cher frère, soyez fidèle au Seigneur et à sa vérité, il sera fidèle envers vous et vous dira bientôt: 5Bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître.”

Si vous désirez des lectures à ce sujet et des traités à distribuer, adressez-vous à. la Société de Bibles et de traités du Phare de Sion, Yverdon (Vaud), Suisse. Adieu!

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Dernières déclarations d’évolutionnistes,

Le professeur Japp, un biologiste distingué, est arrivé à la conclusion que la différence bien décidée entre molécules organiques et inorganiques exclut la possibilité de l’évolution spontanée de la vie.

Herbert Spencer discuta la même question dans la revue La Nature. (20 Oct. 1898) et déclara comme dernière opinion que “ la Vie est incompréhensible”.

Beaucoup de discours vains et profanes.

Eccl. 7 : 29 et 1 Tim. 6 : 20.)

Voici deux articles parus récemment dans le ,,Chrétien Français”. L’un montre bien les tendances et la croyance de certains de nos plus zélés et de nos plus instruits pasteurs et orateurs français, représentant en même temps le christianisme social [Mr. Wilfred Monod par ex, croit fermement au Sauveur, il l’a prouvé dans son excellent article: “un procès à réviser]. L’autre dit assez com­bien légèrement on peut passer sur des présomptions et déductions déraisonnables, tel que le darwinisme, tout en s’efforça et de démontrer l’existence d’un Dieu et Cré­ateur tout-puissant.

Une Bible expurgée.

Sous ce titre on lit dans l’Evangéliste:

Dans un article intitulé: “La superstition protestante ” M.  Wilfred Monod demande qu’on publie une édition de la Bible. d’ou l’on aura fait disparaître toutes les pages et tous les passages qu’il juge propres à scandaliser les faibles et les petits. en faisant naître chez eux des curio­sités malsaines.

,J’aime beaucoup M. W. Monod, et j’admire autant que per­sonne ses belles campagnes en faveur de grandes causes. Mais pourquoi donc, depuis quelque temps, surtout, semble-t-il prendre à tâche de compromettre les meilleures causes par sa façon outrancière et violente de les défendre? Voici, par exem­ple quelques-uns des termes qu’il emploie, à l’égard de cer­taines pages de l’Ancien Testament ,.Récits infàmes’, ,,ignoble histoire”, ,,impures descriptions”. Je me permets de donner à M. W. Monod 16 conseil que donnait Félix Bovet à M. F. Buisson à propos d’expressions du même genre. “ De grâce, monsieur, baissons d’un ton. Dire trop serait ne rien dire”.

Expurger la Bible! Cela est vite dis; mais ce serait difficile à faire, et au nom de quel principe ferait-on jouet les ciseaux dans ces pages vénérables? Ce ne sont pas seulement quelques récits et quelques prescriptions du Pentateuque qu’il faudrait supprimer; ce sont des pages entières des Prophètes; il faudrait émonder même le Nouveau Testament, où tel verset de l’Epître aux Romains choque une certaine délicatesse.

On veut sauvegarder l’innocence de l’âme enfantine en écar­tant d’elle la vue des textes qui lui présenteraient des formes particulièrement horribles du mal. Mais, pour citer encore Félix Boves, ,,à quoi sert de nous faire illusion? Il faudra bien qu’un jour ou l’autre nos enfants apprennent à connaître la corruption qui a existée et existe dans le monde. Si c’est un mal, c’est un mal inévitable. Sur ce point, ce qui importe, c’est qu’à ces premiers coups d’œil jetés sur les souillures de l’humanité s’associe dans leur esprit une impression de ré­probation et d’horreur, c’est que le mal leur soit présenté comme mal et non coloré, embelli, poétisé, comme il l’a été par les auteurs anciens et si souvent par les romanciers mo­dernes. J’aime mieux que les enfants fassent connaissance du vice dans le Lévitique et, à défaut du Lévitique, dans le Code pénal, que dans les chansons, les contes, les feuilletons et les petits journaux.”

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Savant et Croyant.

M.    Armand Sabatier, le savant doyen de la Faculté des Sciences de Montpellier a fait à Cavairac une con­férence dont nous reproduisons le compte rendu d’après la Vie Nouvelle:

,,M Sabatier déclare à ses auditeurs qu’il n’est pas un pas­teur, mais un laïque qui tient à dire ce qu’il croit au nom de la vraie science dont on s’est servi ces derniers temps pour oser affirmer que par elle, on pouvait nier l’existence de Dieu et parler des crimes de Dieu.

L’orateur veut parler uniquement de l’existence de Dieu que proclament le coeur, la conscience et la science. Proclamée par le coeur lorsque, éprouvé, il regarde au ciel pour y trouver une force, un protecteur. Proclamée par la conscience et le remords qui troublent l’homme dans sa recherche du bonheur: l’homme n’aurait pas créé en lui un ennemi, cette conscience qui est la voix divine la plus éloquente. Tous les peuples à travers tous les siècles par leurs consciences plus ou moins délicates ont proclamé l’existence d’un Etre supérieur; la con­science est une expérience Intérieure qui est aussi une mé­thode expérimentale.

Le Coeur et la Conscience sont deux chemins conduisant A la vérité, chemins plus rafraîchissants que le désert du doute.

Proclamée par la science qui, malgré toutes ses merveilleuses découvertes, ne peut pas arriver jusqu’à Dieu, ni rien nier. Les savants sincères doivent s’écrir: “ Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ”, car après avoir étudié un petit coin de l’infini ils découvrent bientôt l’immensité des régions inexplorées.

D’anciennes doctrines, se basant sur une fausse interpréta­tion de la Genèse, ont prétendu que Dieu aurait créé tous les êtres distincts les uns des autres, et nécessitent son interven­tion pour créer à nouveau.

Une opinion contraire et qui à fait du chemin, se basant sur le darwinisme, a affirmé que tout s’est produit succes­sivement provenant d’une seule cellule, et qu’un Dieu qui dirigeait tout et présiderait à tout serait inutile. C’est l’argumentation la plus faible!

L’orateur se déclare pour l’Evolution à l’excès, sans porter at­teinte pour cela à sa croyance en Dieu: au contraire, le dar­winisme confirme sa croyance. Idée grandiose que d’admettre que tous les êtres proviennent d’une cellule. C’est la preuve de l’existence d’un Dieu créateur et ordonnateur. Rien n’est créé par hasard, tout se combine sagement. Quelle magnifique oeuvre divine, plus belle que d’avoir créé chaque être indépendant! Les pseudo-savants et quelques savants aux yeux obstinément fermés devant les merveilles de la création, ont mal interprété l’évolutionnisme. Que l’homme descende eu non du singe, c’est un homme, chef-d’oeuvre du Créateur qui d’un rien a fuit une grande chose!

Les vrais savants ont cru à l’existence de Dieu, ils sont légion. Darwin ne niait pas l’existence de Dieu, bien au con­traire. Chaque dimanche le voyait se rendre au culte adorer le Créateur!  Gaudry, le célèbre professeur au Muséum d’histoire de Paris, membre de l’Institut, étais un transformiste et un homme pieux, qui osait écrira le nom de Dieu dans ses écrits.

  22 Mars 1904

 La science a bien des raisons de croire à l’existence de Dieu, par la transformation, l’adaptation, l’ordre parfait de la nature qui exigent un législateur et un transformateur. Que dire des astres avec leur course bien réglée, et la chimie, la géologie, la lumiére, l’électricité, etc.?

L’éminent physicien anglais lord William Homson présidant un jour une réunion d’évangélisation déclara que la science conduit à croire à un créateur directeur, la nature n’étant pas livrée aux caprices du hasard.

On objectera ceci. Pourquoi Dieu alors n’a-t-il pas créé un monde meilleur, et sans la souffrance? Parce que l’univers n’est pas comme une machine ou une montre réglée; c’est un être moral, libre et responsable qui doit progresser. L’homme non libre serait une machine incapable d’une bonne action.

S’il y a en des écarts, c’est par suite d’un mauvais usage de la liberté.

Enfin le cerveau, qui ne crée pas l’esprit, mais le reçoit de Dieu, est encore une preuve de l’existence de cet être supé­rieur dont la sagesse, la puissance et l’amour sont proclamés par toutes les œuvres de la création!….”

Il faut convenir que Mr. Sabatier dit bien des bonnes choses en faveur de l’existence de Dieu et jusqu’à ce point nous ne saurions assez le féliciter et nous réjouir. Mais dans ce discours nous cherchons en vain la chute du premier homme Adam et, par lui ou en lui, de toute la race, ainsi que le besoin d’un substitut, d’un Ré­dempteur. Si l’homme a pu descendre d’un singe et qu’il devient toujours meilleur jusqu’à atteindre finale­ment, par lui-même, la perfection, la rançon donnée par Jésus est superflue ou inutile.

Combien plus sainement et plus logiquement raisonne l’auteur de la lettre ci-après. laïque, lui aussi, dans le vrai sens du mot [la Rédaction].

XX., le 21 Mars 1904.

Monsieur . –

,,Je vous remercie de ce que vous avez pensé à m’envoyer le journal ”Le Phare de la Tour de Sion”. Ce journal me plaît, surtout le No 2 qui refute par l’Ecriture Mrs. les pas­teurs évolutionnistes comme il y en a un à X. Je désirerais s’il vous est possible en avoir 5 à 6 N°s traitant de ce sujet ”l’évolution”, poux les répandre, car à X. nous sommes plu­sieurs qui ne veulent pas dire bonjour Père à un singe, quand ce serait un gorille.

Je joins à ma lettre 1 fr. 25 pour mon abonnement au Phare pendant l’année 1904, de même 1 fr. 50 pour le 2me Vol. broché:

,,Le Temps est proche”.

Recevez mes fraternelles salutations.”

A.D.

Haute Critique.

[Puisque nous venons d’effleurer plus ou moins cette malsaine doctrine — soeur de lait de l’évolutionnisme — l’article suivant, paru dans le Chrétien Français, du 6 février dernier, cadre encore avec ce qui précède; il montre jusqu’à quel extrême vont ceux qui en sont imbus et qui se laissent entraînés par cette “ puissance d’égarement” 2 Thess. 2 : 11). Et, malheureusement, le nombre n’est pas petit de ceux qui s’y donnent.]

UNE LETTRE.

De M. Hyacinthe Loyson au directeur de la SEMAINE RELIGIEUSE, de Genève.

Genéve, 11 Janvier 1904.

Cher et honoré frère.

.,Vous venez de m’adresser une lettre qui m’a d’abord quelque peu surpris, parce qu’elle me semblait prendre contre M. l’abbé Loisy et contre moi la défense des théologiens jésuites et de l’Inquisition romaine. Elle est d’ailleurs conçue termes si courtois et animée d’un esprit si fraternel que je ne peux que vous en remercier.

En ce qui concerne les faits historiques, nous ne sommes pas aussi éloignés qu’il pourrait le paraître. Vous admettez comme certain que le Pentateuque renferme un grand nombre de lois et de discours qui ne sont pas de Moïse, mais qui, bien des siècles plus tard, ont été rédigés, dans son esprit, par les héritiers de sa mission politique et religieuse. Vous reconnaissez que le livre de Daniel n’est pas du prophète dont il porte le nom, mais d’un Israélite zélé qui, à une époque beaucoup plus récente, en a rédigé le ,,récit fictif”, dans le but, très louable d’ailleurs, d’encourager ses contemporains à lutter contre les persécutions d’Antiochus Epiphane. Enfin, en ce qui concerne le quatrième Evangile, sur l’authenticité duquel j’ai eu le tort, j’en conviens, de m’exprimer avec M. l’abbé Loisy d’une manière trop absolue, puisque la discus­sion est encore ouverte, vous vous défendez de ,,trancher ab­solument la question d’auteur”, mais vous convenez que, du consentement assez général des critiques modernes, même de l’école conservatrice, les discours que l’évangéliste met dans la bouche de Jésus sont moins dans le style de Jésus que dans celui de l’évangéliste lui-même.

Vous maintenez d’ailleurs la christologie de ce sublime écrit, que les Pères de l’Eglise ont nommé avec raison ,, l’Evangile spirituel”, et que j’admire autant que qui que ce soit. Je conteste seulement l’usage que l’on en fait quelquefois contre le grande principe du monothéisme chrétien.

Je le répète donc, cher Monsieur: en ce qui concerne les faits, nous ne sommes pas très éloignés l’un de l’autre.

Ce qui vous a blessé, c’est le mot de faux, que j’ai employé à l’égard de certains livres ou de certains passages qui se trouvent dans le canon biblique, et surtout — remarquez—le ceux des théologiens contemporains bien — à l’égard de ceux qui s’obstinent, malgré l’évidence, à en maintenir l’authenticité. Je conviens que le mot est dur, et qu’il m’a été arraché, presque malgré moi, par l’indignation qui me saisissait aux entrailles, comme je le disais dans ma lettre, au spectacle des plus hautes autorités de l’Eglise romain frappant à coups re­doublés l’un des prêtres les plus savants et les plus pieux, parce que, sur des questions de science qui ne touchent d’ail­leurs en aucun sens à la véritable foi chrétienne, il avait osé dire simplement la vérité.

Le mot est dur, mais il est juste et je n’en trouve pas un autre pour désigner exactement le procédé, qui consiste à at­tribuer un livre à un auteur qui ne l’a pas écrit ou un dis­cours à un personnage qui ne l’a pas prononcé. Sans doute, ce n’est pas là un faux juridique, tel que le définît le dic­tionnaire que vous me citez : c’est un faux littéraire, et vous le nommez vous-même d’un mot équivalent, dérivé du grec, pseudépigraphie. Je reconnais volontiers que l’intention de nuire n’a pas inspiré de tels procédés à leurs pieux auteurs, mais que tout au contraire ils entendaient servir la cause de la vérité et de la justice. Ils étaient d’ailleurs excusés à leurs propres yeux par les moeurs du temps, beaucoup moins sévères que les nôtres en ce qui concerne la probité littéraire, et

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leurs compositions sont souvent d’une haute valeur non seule­ment poétique, mais religieuse. L’Esprit de Dieu, qui a présidé à l’Ancien Testament comme au Nouveau, mais qui agit par des instruments toujours très imparfaits, a pu se servir de ces procédés défectueux de pseudépigraphie, comme il s’est servi de la polygamie des patriarches et même de l’adultère de David, duquel est né le Christ, et comme il s’est servi des massacre religieux (!) ordonnés par le Pentateuque et accomplis par Josué, Samuel et les rois. Tirer le bien du mal accompli par d’autres n’est pas approuver le mal.

Tout cela, vous avez bien raison de le dire, cher Monsieur et ami, tout cela ne prouve rien contre la Bible, pourvu qu’on ne la regarde pas selon les définitions des Conciles de Trente et du Vatican, comme inspirée dans toutes ses parties et ne renfermant aucune erreur. Tout cela ne prouve rien contre le christianisme, pourvu qu’on ne le fasse pas reposer, comme on le faisait de mon temps au séminaire de Saint-Sulpice, sur l’authenticité, l’intégrité et la vérité absolues des Saintes Ecritures.

Pour ma part, j’entends rester chrétien, avec l’aide de Dieu, dans la vie comme dans la mort, et je lis la Bible avec un profond respect. Je m’en sers même pour ma prière quoti­dienne. Je préfère toutefois la belle version de M. Segond, qui reproduit savamment et loyalement le texte primitif, et qui n’a pas craint de retrancher au scandale des ignorants la célèbre prophétie attribuée à Isaïe: ,,Voici que la Vierge enfantera ”  et la prophétie non moins célèbre attribuée au psalmiste “  Ils ont percé mes mains et mes pieds”. Je sais que le miserère n’est point de David, malgré le titre qu’on lui conserve, mais je ne le redis pas avec un moindre esprit de pénîtence, et que l’Ecclésiaste n’est pas de Salomon, mais je n’en répète pas avec une conviction moins profonde ces paroles qui résument toute la vie par son côté purement terrestre : ,,Vanité des vanités, et tout est vanité.’’

Le 19e siècle aura été par excellence le siècle de la Bible, parce que, en rétablissant le texte authentique [mais si on ajoute les autres livres que d’autres grands docteurs attaquent, il n’en resterait plus beaucoup] et en en produisant les traductions exactes, il en aura préparé une intelligence nouvelle, telle que les âges précédents n’ont pu l’avoir.

Et ce sera l’accomplissement de l’une des plus belles prophéties du pseudo—Daniel, dont nous parlions tout à l’heure: le livre aura été scellé jusqu’au temps de la fin, mais alors il         sera lu par plusieurs, et, loin de diminuer, sa connaissance augmentera. (Daniel 12, 4.)”

O le bonheur [la félicité] de celui qui attend [pa­tiemment, retenant la foi] lorsque les 1335 jours ar­rivent à leur terme! — Dan. 12, 12.

Où nous dérivons des versions communes d’Ostervald et de Ls. Segond. nous nous servons de la traduction de Darby et de la version de Lausanne qui en général se rapproche le plus du texte original, comme aussi du N. T. de Stapfer (Paris et Bâle 1894) qui signale le plus scrupuleusement les omissions par les manuscrits grecs de certains mots et pas­sages non inspirés qui se sont glissés dans la Bible. Nous citons pour exemple: Les mots — (,,les autres morts ne vé­curent point, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis,”) dans Apoc. XX, 5, ne se trouvent pas dans les man. grecs les plus anciens et les plus authentiques du Sinaï et du Vatican N°. 1209 et 1160, ni dans le man. syrisque: ils ont probable­ment été annotés dans le texte au 5ème siécle par un lecteur, et un transcripteur quelconque omit de les signaler comme note marginale: ces mots sont donc apocryphes et n’appartiennent pas à la. Bible..

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