LA BONTE

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Dans le temps actuel de lutte générale et de haine parmi les nations du monde, il est bon de réfléchir sé­rieusement sur l’extrait qui parut il y a quelques années dans un périodique : « Il y a tant de fleurs dans un champ, d’oiseaux dans une forêt, de parfums qui s’élèvent de la terre, il y a tant de bourdonnements étranges, de chuchotements entremêlés, de voies rau­ques et imposantes, de formes, de couleurs et de li­gnes, et pourtant, tout cela se côtoie si harmonieuse­ment et se complète dans cette grande plénitude qui se nomme la nature ».

Il en est de même de l’humanité. Chaque personne devrait être fidèle à elle-même, forte dans ses opi­nions, dans ses pensées et ses actions ; elle devrait reconnaître que d’autres personnes autour d’elle, ne pensent pas comme elle, n’agissent pas comme elle, aspirent à un autre but et servent Dieu différemment. Alors la bonté sera une force, qui permettra aux hom­mes de vivre tranquillement l’un près de l’autre, sans heurts, dans le respect et la bienveillance.

La bonté sereine qui abonde du cœur sera une force qui t’élèvera au-delà du devoir et de la vertu, elle apportera la compréhension, la bonne volonté, la courtoisie, l’obéissance et la justice. C’est alors que tu seras indulgent envers autrui et sévère avec toi-même. Tu auras peu d’exigences envers les autres lorsque tu entreprendras des tâches difficiles.

Tu ne seras pas courtois par simple habitude, mais parce que ne pas l’être te fera souffrir. Tu ne seras pas obéissant ou juste par crainte ou par devoir, mais parce que quelque chose en toi te fera frémir et t’irritera face à la souffrance et la tristesse, quelque chose qui chante et qui s’imprègne d’allégresse grâce à la joie et au bonheur. Et ce sera la bonté, rien d’autre qu’elle, sereine et joyeuse, qui deviendra la force de ta vie.

Et là où une telle bonté demeure, la vie peut s’épanouir comme une fleur au soleil. Là où la bonté habite, il n’y a point de difficulté, la laideur disparaît, les souffrances s’apaisent, et la vie rayonne et s’ébat comme un enfant heureux.

Il faut être bon. Ne pas être faible, impuissant et in­différent à la bassesse ; ni indulgent à l’égard des ba­vardages et d’autres actions viles, mais bon sans relâ­che. Car la bonté des hommes est comme le parfum des fleurs, comme le chant des oiseaux, comme un souffle de vent parmi les feuilles, comme un rayon de soleil sur un vaste champ.

La bonté ne critique pas avec malice, elle ne juge ni ne condamne, elle ne méprise ni ne pense au mal, elle ne fait pas cas de la méchanceté des autres, elle ne médit ni ne fait de mal. « Puisse une telle bonté croître sans cesse parmi nous. »

Rare en vérité est une telle bonté parmi les fils de ce monde. Toutefois, ceux qui le désirent et qui se di­sent « fils de la lumière », doivent se distinguer par cette bonté, ne serait-ce que dans une certaine me­sure, car l’apôtre déclare – « Pour ce qui vous concerne, mes frères, je suis moi-même persuadé que vous êtes pleins de bonnes dispositions (de bonté). » – Romains 15 : 14.

Périodique Straz 1942-6-82.