Marc 8 : 21-26.
Dans l’évangile de Marc il est fait mention d’une guérison que notre Seigneur a effectuée dans les environs de Bethsaïda, près du lac de Génésareth. Ce récit, décrit dans le chapitre 8, est plein de signification profonde. Cependant un lecteur superficiel ne saurait déceler la profondeur de la vérité qui y est contenue. Le fait lui semblerait inexplicable et même contradictoire. Nous voulons, quant à nous, étudier ce récit en profondeur et voir quelle figure harmonieuse, quel profond enseignement il renferme.
Lisons donc le texte de Marc 8 : 22-25 : « Ils se rendirent à Bethsaïda ; et on amena vers Jésus un aveugle, qu’on le pria de toucher. Il prit l’aveugle par la main et l’emmena hors du village ; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains et lui demanda s’il voyait quelque chose. Il regarda et dit : j’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux ; et quand l’aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement. »
Pour qui s’est intéressé aux déroulements des miracles décrits dans le Nouveau Testament, il apparaît que celui-ci s’est effectué de façon tout à fait inhabituelle.
Tout d’abord, il est curieux que le Seigneur, après la première imposition des mains, demande à l’aveugle s’il voit quelque chose. On pourrait se demander avec un certain étonnement : le Seigneur n’était-Il pas sûr de réussir cette guérison ? Et la réponse de l’aveugle n’est-elle pas une preuve que la première phase de la guérison a échoué ? Le fait que le Seigneur ait dû imposer une seconde fois les mains à l’aveugle semble d’ailleurs confirmer que la première tentative de guérison n’avait pas atteint son but. La puissance de notre Seigneur n’aurait-elle pas suffit, au point qu’il ait fallu une suite, une correction pour réussir enfin cette guérison ?
S’il s’agissait d’un compte-rendu d’une guérison médicale effectuée de nos jours, nous pourrions nous en contenter, en en parlant comme d’une guérison qui n’a pas parfaitement réussi. Mais ici, il s’agit de notre bien-aimé Seigneur. C’est le même Seigneur dont Luc dit au chapitre 6 et au verset 19 : « Et toute la foule cherchait à le toucher parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. » Matthieu dit à peu près la même chose au chapitre 14 : 35, 36 : « Les gens de ce lieu, ayant reconnu Jésus, envoyèrent des messagers dans tous les environs, et on lui amena tous les malades. Ils Le prièrent de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui Le touchèrent furent guéris. »
Nous trouvons dans les quatre évangiles d’autres exposés de guérisons miraculeuses. Dans tous ces miracles, il s’agit d’une guérison complète et directe après une seule imposition des mains de notre Seigneur. La confiance dans le Seigneur, dans son pouvoir merveilleux de guérir tous les malades, était si irrésistible que le centenier qui sollicitait la guérison de son serviteur malade, put dire : « Dis simplement une parole et mon serviteur sera guéri. » En d’autres termes : Il n’est pas nécessaire que Tu imposes les mains à mon serviteur, non, rien qu’un mot venant de Toi suffira pour le rétablir complètement. Les récits concordants qui nous parlent de guérisons réussies sont tout à fait convaincants. Le doute n’est pas permis, non, la seule conclusion logique qu’on puisse en tirer est que le Seigneur avait un but bien précis en accomplissant la guérison de cet aveugle en deux phases. Si cette proposition retient notre attention, il reste cependant la question de la signification fondamentale de ce récit. A qui enseigne-t-il quelque chose, et quoi ?
Nous devons nous poser la question fondamentale : De quel aveugle parle-t-on, et dans quel sens est-il aveugle ?
Comme nous le savons, l’aveuglement, selon beaucoup de passages bibliques, signifie dans un sens figuré, un grand manque de connaissance. L’incrédulité est une sorte d’aveuglement spirituel. Dans l’Ancien Testament, le peuple d’Israël s’est souvent vu reprocher son aveuglement spirituel. « Qui est aveugle, sinon mon serviteur ? » dit Esaïe au chapitre 42, verset 19. Notre Seigneur Jésus, quant à Lui, décrit les pharisiens comme des conducteurs aveugles, qui auraient dû enseigner au peuple la connaissance exacte et qui étaient eux-mêmes sans connaissance exacte des desseins de Dieu, et donc aveugles.
Au sujet de la guérison de l’aveugle-né, en Jean au chapitre 9, notre Seigneur s’exprime par ces paroles, pleines de signification : « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient soient aveugles. » (Jean 9 : 39). Esaïe parle de notre Seigneur comme de la lumière des nations : « Moi, l’Eternel, je t’ai appelé pour le salut, et je te prendrai par la main, je te garderai, et je t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, pour être la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles. » (Esaïe 42 : 6, 7). Nous reconnaissons à ces paroles que ce n’était pas seulement le peuple d’Israël qui était aveugle, mais également les nations, les peuples païens. Nous pouvons toutefois noter une différence subtile à cet égard, c’est qu’Israël est devenu aveugle en son temps, tandis que les nations sont à considérer comme des aveugles-nés qui n’avaient jamais été conduits ni reconnus par Dieu auparavant.
Si nous jetons un regard sur le temps de rétablissement de toutes choses, un regard sur ce temps de bénédictions à venir, nous voyons que sous la Nouvelle Alliance l’aveuglement sera ôté de tous les hommes, premièrement du peuple d’Israël, et ensuite des nations. Le prophète Joël en parle, disant qu’au temps fixé, au temps millénaire du rétablissement, l’Esprit de Dieu, le Saint Esprit, sera déversé sur tous les hommes et qu’ainsi leur aveuglement sera guéri. Esaïe nous transporte en pensée dans cette époque par les paroles prophétiques suivantes : « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » – Esaïe 35 : 5, 6.
Revenons maintenant à notre question : Qui est représenté par l’aveugle, avant qu’il ne vienne au Seigneur pour que Celui-ci lui ouvre les yeux ? Etait-ce le peuple d’Israël, seul reconnu par Dieu en ce temps-là ? Quand dans son histoire le peuple d’Israël avait-il eu les mains imposées par le Seigneur sur les yeux de son entendement ? Est-ce que l’Alliance de la loi et la Nouvelle Alliance pouvaient illustrer cette guérison en deux étapes ? D’après les dires des prophètes, les yeux de tous les hommes doivent être pleinement ouverts sous la Nouvelle Alliance et ceci devrait concerner en premier lieu le peuple d’Israël. Nous nous demandons aussi : « Comment agissait la loi en ce qui concernait l’aveuglement du peuple d’Israël ? Est-ce qu’elle avait ouvert les yeux de l’entendement au peuple en ce qui concernait le Messie et les dispositions, riches en bénédictions, liées à sa personne ? Non, Israël ne connut pas le temps de sa visitation. L’Apôtre Paul écrit aux Romains : « Quoi donc ? Ce qu’Israël cherche, il ne l’a pas obtenu, mais l’élection l’a obtenu tandis que les autres ont été endurcis selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d’assoupissement, des yeux pour ne rien voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu’à ce jour. » (Romains 11 : 7, 8). Rien n’a changé à cet égard pour le peuple d’Israël ; il est encore toujours aveugle et refuse de se rapprocher du Seigneur pour se laisser guérir par Lui.
Ce qu’Israël cherche, il ne l’a pas obtenu, mais les élus l’ont obtenu. Ici l’apôtre Paul parle des quelques disciples du Seigneur Jésus sortis du peuple d’Israël, les élus. Ils se sont laissés guider par la voix du Maître hors des lieux représentant les traditions humaines pour qu’Il les guérisse. Tandis que notre Seigneur réprimandait les premiers parce que leurs yeux étaient fermés pour ne pas voir, pour ne pas se convertir et pour ne pas se laisser guérir, il disait aux élus : « Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient. » (Matthieu 13 : 15, 16). Ceux-ci aussi étaient un jour aveugles, mais avaient accepté de se laisser conduire par le Seigneur pour être guéris.
Faut-il chercher ici le sens profond du récit de Marc chapitre 8 ? Le Maître voulait-Il montrer la voie de la pleine guérison et de la joie éternelle pour les élus, les plus que vainqueurs ? Voulait-Il montrer à ces hommes les différentes étapes de son imposition des mains , c’est-à-dire du chemin de la vie ? A qui voulait-Il donner cette connaissance ? Nous tâcherons d’y répondre dans la suite de cet exposé.
Le récit de la guérison de l’aveugle-né commence par les paroles suivantes : « …et on amena vers Jésus un aveugle, qu’on Le pria de toucher. » La particularité commence ensuite par les versets suivants : « Il prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village ;… » Le désir des amis de l’aveugle de le voir guéri immédiatement ne se réalisa donc pas. Nous aussi, nous nous serions attendus à ce que le Seigneur impose les mains à l’aveugle et le guérisse immédiatement. Au lieu de cela, Il le prit par la main et le conduisit hors du village. Pourquoi le Maître n’a-t-Il pas profité de la circonstance qui se présentait pour montrer à une plus grande foule, grâce à ce miracle, la puissance que le Père Lui avait donnée ? Voulait-Il parler de cette imposition des mains uniquement à ses disciples ? Y avait-il quelque chose que le Seigneur voulait leur démontrer ? Etait-ce en rapport avec l’endroit, Bethsaïda, où le Seigneur ne voulait plus faire de miracles ? Car souvenons-nous que Bethsaïda avait été sévèrement jugée par le Seigneur : « Malheur à toi, Chorazin, malheur à toi, Bethsaïda, car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr ou dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties en prenant le sac et la cendre. » (Matthieu 11 : 21). C’était d’une part un signe que le Seigneur avait rejeté Bethsaïda et qu’Il n’entendait plus y œuvrer et d’autre part une preuve visible montrant à quiconque voulait être guéri, qu’il devait au préalable quitter Bethsaïda. Et si quelqu’un désirait sincèrement être guéri par Lui et, sans réserve, se confier en Lui, le Maître devait le prendre par la main, le conduire premièrement hors de Bethsaïda, et seulement ensuite, hors de la ville, le guérir. Comme d’autres guérisons miraculeuses du Seigneur en Israël, qui cachaient un merveilleux symbolisme, le fait de sortir de Bethsaïda revêt une signification antitypique plus profonde. Que pouvait représenter Bethsaïda ?
Si nous repensons à notre vie passée, il y eut aussi pour nous un temps où le Seigneur nous a pris par la main et nous a fait sortir d’un endroit que nous appelons communément : Babylone. Nous avons dû aussi être conduits hors de cette ville de l’incrédulité, où l’appel de l’Epoux n’était plus entendu. Babylone avait été, comme autrefois Bethsaïda, un endroit choisi lorsqu’elle représentait encore aux jours des apôtres la véritable Eglise. Mais les traditions, la superstition et la recherche des honneurs l’avaient conduite à ce qu’elle est maintenant, Babylone – la confusion.
Notre Seigneur nous a pris par la main alors que nous ne Le connaissions pas, étant aveugles. Quelle merveilleuse image apparaît ici ! D’une façon non perçue par le monde, Il nous a conduits hors des traditions reçues, de la superstition et de l’ignorance, non que nous ayons acquis ce privilège d’une quelconque façon, non, mais par pur amour et par charité. Nous n’avons rien fait pour cela, exactement comme l’aveugle qui n’avait rien à offrir au Seigneur Jésus. Quelle vérité trouvons-nous dans une des déclarations de notre Seigneur : « Vous ne m’avez pas choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, je vous ai pris par la main ! »
C’est le premier pas sur la voie de la connaissance, la prise en compte de sa propre imperfection et de son aveuglement, et la recherche de la purification et de la guérison que nous pouvons trouver seulement auprès du Seigneur. Mais d’autres pas sont encore nécessaires au bras du Seigneur jusqu’à la pleine guérison. Comme nous l’avons vu, le pas suivant, représenté par la première imposition des mains, n’avait pas apporté la pleine guérison.
Suivant l’aveugle jusqu’à la pleine guérison, servons-nous des Figures du Tabernacle. Le camp d’Israël représentait l’état d’incrédulité. Si le récit de Marc, chapitre 8, représente le chemin d’un élu depuis son état d’aveuglement jusqu’à la pleine guérison, celui-ci doit suivre ce chemin hors du camp jusqu’à la première chambre du Tabernacle, appelée le Saint.
Nous nous souvenons que l’humanité incrédule qui a besoin de se réconcilier avec Dieu, était représentée par le camp d’Israël. Il était situé à l’extérieur du parvis, et il était impossible, depuis le camp, de voir ce qui se passait dans le parvis. Une barrière faite de tissu de lin blanc le dissimulait aux regards. C’était une séparation figurative pour la foi. Il n’y avait qu’une seule possibilité d’atteindre le parvis, c’était de passer par la porte. Nous connaissons très bien la signification de cette porte par la réponse du Seigneur en Jean 10 : 9 « Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. » Nous lisons en un autre endroit : « Je suis le chemin, nul ne peut venir au Père autrement que par moi. »
Au début, avant d’entrer sur ce chemin, nous prenons conscience de nos faiblesses et imperfections. Nous nous rendons compte que nous sommes pécheurs, éloignés de Dieu, aveugles et nus. La recherche de la purification et de la guérison sur la voie prévue par Dieu, par le sang rédempteur de Jésus-Christ, nous place sur le chemin et nous conduit par la porte jusqu’au parvis. Nous avons pénétré sur le chemin qui, à la fin, doit nous amener à la justification, autrement dit à l’entière guérison. Le Seigneur nous a imposé une première fois les mains et nous avons ressenti une justification partielle, nous nous comptons à présent parmi ceux de la maison de la foi. Bien que nous ne soyons plus aveugles, nous ne sommes cependant pas entièrement guéris, nous n’avons pas encore reçu pleine justification. Dieu ne peut pas encore nous justifier complètement ou nous considérer comme pleinement guéris, parce que dans cet état nous ne pouvons encore comprendre la profondeur de son vaste amour et de sa justice. Pour comprendre ceci pleinement, il est nécessaire de progresser davantage sur ce chemin, ce qui doit nous conduire à la consécration en la mort de Christ.
Pour tous ceux qui restent dans le parvis, la vraie lumière du chandelier d’or reste cachée et ils n’ont pas non plus accès à la vraie nourriture représentée par les pains de proposition du Saint. La vraie lumière, la vraie nourriture de la Vérité, l’accès à la connaissance profonde de Dieu concernant son bienveillant plan d’amour leur reste interdit. Leur connaissance, leur regard ne scrutent pas suffisamment vers le lointain, vers la profondeur.
Que vois-tu ? La question que notre Seigneur pose à l’aveugle après la première imposition des mains, lui demandant s’il voit quelque chose, semble indiquer que le Seigneur, à ce stade de la guérison, ne s’attendait pas à ce qu’il vît parfaitement. La question posée montre bien que la guérison entière n’était pas attendue.
Lisons maintenant le texte correspondant au verset 23 : « … puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains et lui demanda s’il voyait quelque chose. Il regarda et dit : J’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent. » Schachter traduit : « Je vois les gens comme je vois des arbres qui marchent. » Et la Bible de Zürich dit : « Il regarda et dit : Je vois les hommes, mais je vois des êtres marcher comme des arbres. »
N’est-ce pas une singulière réponse que l’aveugle exprime après la première phase de la guérison ? Il voit les hommes comme des arbres qui marchent. Qui d’entre-nous a déjà vu un arbre marcher ? N’est-il pas normal pour un arbre de ne pas pouvoir se déplacer par sa propre force de l’endroit où il se trouve ?
Si nous examinons cette réponse avec notre compréhension rationnelle, nous ne pouvons conclure qu’avec un hochement de tête dubitatif, et pour cause ! Et justement, cela semble nous dire que dans ce qui suit il n’y a pas d’image réelle ; non, il s’agit plutôt d’une représentation symbolique, imagée. Comme autrefois le prophète Daniel exprimait des prophéties qu’il ne comprenait pas et qu’il ne pouvait pas comprendre, parce qu’elles devaient s’accomplir à une époque toute différente de la sienne, dans le futur, ainsi en est-il de la réponse de l’aveugle. Nous savons que notre Père céleste s’est servi dans le passé de différents instruments humains pour faire connaître ses desseins à son peuple. Cela arriva souvent de façon cachée pour n’être compris que par ceux auxquels cela était destiné.
Quand nous considérons la réponse de l’aveugle il nous apparaît plus clairement que celle-ci soit symbolique. Au verset 24 nous lisons : « Il regarda et dit : J’aperçois les hommes … » Si nous nous représentons exactement la scène, l’aveugle est debout ou à genoux devant le Seigneur qui lui impose les mains et lui demande ce qu’il voit. Si l’aveugle « regarde », son regard est certainement dirigé vers le haut, en direction du ciel. On peut aussi se demander avec raison comment l’aveugle pouvait-il voir les hommes marcher, à une certaine distance ? Si ce « regard » vers le haut est, en fait, une vision, notre sentiment qu’il s’agit là d’un symbole s’en trouvera renforcé par la suite.
« Je vois les hommes ». C’est la première partie de l’obscure réponse. Je vois les hommes, pas trois hommes, pas dix hommes ni quinze, mais les hommes, les hommes dans leur ensemble, l’humanité, tout simplement. Et que font ces hommes ? Ils marchent, ou plutôt « marchent en se promenant » (selon le terme allemand). Cette expression ne se rencontre plus guère dans notre langage actuel. Que veut dire « marcher en se promenant » ? Que comprenons-nous sous ce terme et comment l’interpréter ? Sous le terme « marcher en se promenant », nous comprenons un déplacement calme et paisible, les uns avec les autres, amicalement. Les hommes marchent en se promenant les uns avec les autres et non en luttant les uns contre les autres. Les hommes, comme les nations d’ailleurs, peuvent effectivement s’affronter les uns les autres. Le fait de courir çà et là de nos jours est l’expression même de la fièvre et de l’absence de but, caractéristiques de notre époque. C’est absolument l’opposé de « marcher en se promenant ». Des hommes qui marchent en se promenant les uns avec les autres, ce n’est certes pas l’image de notre temps actuel. Ce que l’aveugle voit après la première phase de la guérison, c’est l’image d’un nouvel ordre de choses, du Royaume de Dieu, pour lequel nous prions depuis deux mille ans : Que ton Règne vienne ! Deux guerres mondiales, ainsi que des guerres dans différents pays du monde, aujourd’hui encore, constituent des preuves évidentes que les hommes et les nations ne se promènent pas encore les uns avec les autres. Le fait que l’aveugle, guéri partiellement, voit les hommes comme des arbres, montre qu’il n’a pas compris cette image des nations qui se promènent.
Qu’il ait cependant vu des arbres, revêt une signification spéciale. L’aveugle ne pouvait comprendre pourquoi les hommes lui apparaissaient comme des arbres, mais cela nous fait comprendre que les arbres, sous une forme symbolique, représentent les nations. Il y a dans la Bible plusieurs exemples d’arbres représentant les nations. Le figuier, par exemple, représente la nation d’Israël. Le royaume de Nabuchodonosor est comparé à un arbre au milieu de la terre. Esaïe, au chapitre 55, verset 12, nous dit : « Les arbres battront des mains » et exprime là de manière symbolique, la joie qui régnera parmi les nations dans le Royaume. Oui, toutes les nations se réjouiront des bénédictions que Christ et son Eglise leur apporteront durant l’Age millénaire.
Le Psaume 96 évoque ce temps-là : « L’Eternel règne ! Aussi le monde est ferme, il ne chancelle pas. Il jugera le monde avec justice. Que la campagne s’égaie avec tout ce qu’elle contient ! Que tous les arbres des forêts poussent des cris de joie ! »
Il est clair que l’aveugle avait eu une vision du futur. La vision qu’il avait vue de ses propres yeux et cependant d’une manière trouble était indistincte, et sa véritable signification lui était cachée. Il ne pouvait la comprendre ou plutôt, pas encore la comprendre, car le Seigneur ne lui avait pas encore imposé une deuxième fois les mains ; il se trouvait encore figurativement dans le parvis, encore incapable de comprendre la profondeur de la vérité, ni de voir clair.
« Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux ; et, quand l’aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement ».
Cette deuxième imposition des mains entraîne cette fois la guérison complète, et celui qui voyait de manière trouble voit alors parfaitement. Le Seigneur ne lui demande plus cette fois s’il voit, après cette deuxième imposition des mains. Nous en déduisons que le Seigneur, dès le début, voulait démontrer que l’aveugle ne verrait parfaitement qu’après cette deuxième imposition des mains. Que représente cette deuxième imposition des mains ? A nouveau, les Figures du Tabernacle nous apporteront un éclaircissement.
La première imposition des mains de notre Seigneur sur nos yeux a eu lieu quand nous sommes passés par la porte donnant accès au parvis. Au fond de ce parvis clôturé se trouvait le Tabernacle. Il se composait de deux chambres, le Saint et le Très Saint. On ne pouvait pénétrer dans la première chambre du Tabernacle que par une seule porte, comme dans le cas du parvis. La porte donnant sur le parvis, et celle du Tabernacle, étaient de la même présentation et de la même couleur. Cela nous montre que figurativement toutes les deux représentent la même chose. Le Frère Russell décrit dans la brochure « Figures du Tabernacle » à la page 21, le changement de l’état du parvis à celui du Saint, comme suit : « Cependant, dans cette condition, c’est toujours par Christ Jésus notre Seigneur, qui, non seulement nous ouvre la « Porte » de la justification par la foi en son sang, mais nous ouvre aussi la « Porte » (le premier voile) dans le Tabernacle, un « nouveau chemin de vie », pour entrer dans le Tabernacle, comme êtres spirituels, à travers et au-delà du second voile, par le sacrifice de notre chair justifiée. » Et, à la page 20, le Frère Russell nous dit aussi : « Aucun être humain, quelle que soit sa foi, serait-il purifié de tout péché, justifié pleinement de tout aux yeux de Dieu et reconnu parfait, ne peut avoir une place ou quelque privilège dans les choses spirituelles représentées dans les intérieurs du Tabernacle et du Temple. Il ne peut même pas regarder dans les choses spirituelles, dans le sens de les apprécier. »
C’est la consécration de notre vie justifiée, comme participants en la mort de Christ, qui nous ouvre la porte du Saint. Nous sacrifions notre droit à la résurrection terrestre dans le Royaume de Christ, pour devenir cohéritiers de sa gloire en participant à ses souffrances, en vertu de la justice, pour bénir l’humanité en tant que sacrificateurs sous la conduite de notre Tête et Souverain Sacrificateur Jésus. Paul dit que si nous souffrons avec Christ, nous règnerons aussi avec Lui. A notre consécration suit l’engendrement à une nouvelle nature par le Saint Esprit. C’est la confirmation que notre Dieu miséricordieux nous reconnaît comme participants au sacrifice de Christ et qu’Il nous conduit par le Saint Esprit. Les disciples de notre Seigneur ont compris à la Pentecôte ce que signifie : « être conduit par le Saint Esprit ». C’est à ce moment que la sainte huile d’onction, versée sur la tête du Souverain Sacrificateur Jésus lors de son baptême, atteignit son corps, l’Eglise. Depuis, cette huile a atteint les pieds, c’est-à-dire les membres-pieds de l’élection. Ainsi, de peureux qu’il était, allant jusqu’à renier le Seigneur, Pierre s’est révélé être ensuite un apôtre courageux jusqu’à la mort. Tant que les disciples étaient avec le Seigneur jusqu’à sa crucifixion, ils étaient les témoins de la façon dont le Saint Esprit agissait visiblement dans la vie et la mission de notre Seigneur. Cependant, beaucoup de choses étaient restées cachées aux disciples et souvent ils ne comprenaient pas les desseins de l’œuvre de notre Seigneur, surtout lorsqu’il s’agissait de profondes leçons spirituelles. Le fait est que leurs connaissances et leurs vues spirituelles étaient encore troubles et n’atteignaient pas les choses profondes et lointaines. Ils demandaient toujours au Maître ce qu’Il voulait dire par ses paroles. Notre Maître fit aussi comprendre aux disciples que le temps de la pleine compréhension spirituelle n’était pas encore venu pour eux, lorsqu’Il était encore avec eux en Israël. Non, cette compréhension ne pouvait leur être donnée qu’après la mort et la résurrection de leur bien-aimé Seigneur. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire », dit le Seigneur Jésus à ses disciples peu avant son arrestation, « mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. » – Jean 16 : 12, 13.
La vérité profonde du plan divin de rédemption fut également cachée aux disciples jusqu’à ce qu’ils reçussent le Saint Esprit à la Pentecôte. En revenant à Marc, chapitre 8, nous reconnaissons dans la deuxième imposition des mains de notre Seigneur, l’effusion du Saint Esprit. Par ce beau geste symbolique d’imposition des mains, les apôtres ont pu transmettre le Saint Esprit à d’autres pèlerins consacrés. En Actes 8 : 17 nous lisons : « Puis ils leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint Esprit ».
De tels consacrés qui ont sacrifié le droit à la résurrection humaine par leur consécration jusqu’à la mort, ont figurativement quitté le parvis et sont entrés dans le Saint. Là ils sont éclairés par la lumière du chandelier d’or et se nourrissent du pain spirituel de la vérité, symbolisé par les pains de proposition. Les profondeurs de la vérité ne leur sont plus voilées, ils voient parfaitement clair. Le Maître a posé ses mains sur leurs yeux et a ouvert leur compréhension des choses spirituelles.
« Ce que l’œil n’a point vu (c’est-à-dire aucun œil humain) et que l’oreille n’a point entendu (ce qu’aucun œil dans la condition du parvis n’a vu) et ce qui n’est point monté au cœur de l’homme, cela Dieu l’a préparé pour ceux qui L’aiment. Mais à nous (qui, étant dans le Saint, sommes devenus nouvelles créatures appelées à participer à la Nature divine), Dieu l’a révélé par son Esprit (par la lumière du chandelier d’or) car l’Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. » – 1 Corinthiens 2 : 9, 10.
Le secret caché depuis des siècles s’ouvrait ainsi par le Saint Esprit aux consacrés participants au sacrifice du Seigneur. On pourrait supposer qu’une pareille nature engendrée de l’Esprit puisse trouver facilement le chemin du Très Saint, mais ce n’est pas le cas. L’Ecriture nous montre très clairement que bien qu’il y ait beaucoup d’appelés, il y aura peu d’élus. Elle nous dit que peu d’élus seulement affermissent leur élection et se laissent guider par le Saint Esprit jusqu’à la fin. Paul parle d’une course vers le but élevé. Nous aussi courons cette course. Cela implique pour nous de prendre, jour après jour, la croix de Christ et de la porter jusqu’à la fin. Ce chemin de sacrifice peut durer plusieurs dizaines d’années et ceci, quotidiennement. Nous savons trop bien que quelques-uns de nos chers frères et sœurs ne sont restés fidèles que sur une petite partie du chemin étroit. Au bout d’un certain temps, la persévérance leur devint une épreuve trop pénible, leur confiance dans le Seigneur n’étant pas assez forte, alors qu’ils auraient dû attendre patiemment leur délivrance. Nous sommes tous ici dans les mêmes épreuves, dans le même danger de sortir du chemin étroit, de ne pas faire suffisamment d’efforts pour être vainqueurs. Seul sera couronné celui qui montrera jusqu’à la mort son amour pour le Seigneur et pour la Vérité. C’est à tous que s’adresse l’avertissement contenu en Apocalypse 3 : 11 : « Je viens bientôt ; retiens ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. »
Certains ont ralenti dans leur course et sont devenus paresseux. Il y en a malheureusement qui sont retournés à leur premier état. L’Ecriture parle d’eux en des termes très durs : « Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie lavée s’est vautrée dans le bourbier. » (2 Pierre 2 : 22). Pour ceux qui se conduisent ainsi, il n’y a pas d’issue possible. « Si le juste se détourne de sa justice et commet l’iniquité, s’il imite toutes les abominations du méchant, vivra-t-il ? » (Ezéchiel 18 : 24). Pour ceux-là, il aurait mieux valu qu’ils n’aient jamais connu le chemin de la Vérité. Pierre dit : « Car mieux valait pour eux de n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné. » (2 Pierre 2 : 21). Ces paroles claires d’avertissement s’adressent à ceux qui se trouvent sur le chemin étroit du sacrifice. L’aveugle guéri par Jésus après la seconde imposition des mains, dont nous avons vu qu’il avait reçu l’esprit d’adoption, fut invité de la même manière à ne plus quitter le chemin qu’il avait choisi. Nous lisons au verset 26 : « Alors Jésus le renvoya dans sa maison, en disant : N’entre pas au village. » (c’est-à-dire, ne le dis à personne au village.)
« Et il le renvoya dans sa maison. » Il n’est pas difficile de savoir de quelle maison il est ici question. Notre maison est le temple de Dieu, la communion de la classe de l’Epouse avec le Seigneur, la communion des frères et sœurs qui, pèlerins comme nous, marchent vers la sacrificature royale. Voilà notre maison et notre famille.
Ceci termine le cadre de nos réflexions sur la guérison de l’aveugle. Nous avons pu suivre, étape par étape, le chemin de la guérison, depuis l’appel hors du village jusqu’à l’invitation à ne plus y retourner, après complète guérison. Nous avons vu que le Seigneur ne reconnaît comme complètement guéri que celui qui, engendré par le Saint Esprit, vient au Père. Ceci n’est possible maintenant que pour ceux qui ont fait alliance avec Lui par le sacrifice. Il ne fait cependant aucun doute que tous les humains qui voudront atteindre une pleine harmonie avec Dieu le Père et le Christ crucifié, Tête et Corps, devront se consacrer sous la Nouvelle Alliance dans le Royaume. Ce n’est qu’à cette condition que l’Esprit de Dieu sera déversé sur eux, comme nous le décrit le prophète Joël.
Quelle merveilleuse harmonie de l’Esprit se révèle ici !
« Heureuse la nation dont l’Eternel est le Dieu, heureux est le peuple qu’il choisit pour son héritage. » – Psaume 33 : 12.
« Mon âme, bénis l’Eternel, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint Nom ! Mon âme, bénis l’Eternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits ! » – Psaume 103 : 1, 2.
Fr. L. R.
« La mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu ? »
Apocalypse 20 : 4