LA MOISSON N’EST PAS TERMINÉE

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[Cet article fut écrit en 1916 — Trad.]

Certains d’entre nous furent très fortement convaincus que la moisson serait terminée à l’heure qu’il est, mais il ne faut pas permettre à nos espérances de prévaloir sur les faits, de quelque façon que ce soit. Le fait est que l’œuvre de la moisson se poursuit magiquement; elle n’est pas terminée, en aucune manière. Pour ce qui est de notre jugement actuel, il apparaitrait qu’il y ait un travail considérable de moisson devant encore être accompli. Cela ne nous décourage pas, mais nous encourage. Nous sommes heureux d’apprendre que la grâce de Dieu atteint d’autres esprits et d’autres cœurs, et les bénit comme elle a béni les nôtres. Nous sommes heureux de savoir que d’autres entrent quotidiennement dans la parenté bénie avec l’Eternel, sous l’alliance de sacrifice, et donnent l’évidence d’avoir été engendrés du saint Esprit. Nous sommes heureux de remarquer leur zèle et nous nous réjouissons avec eux de ce qu’ils ont, comme nous, part à cette glorieuse occasion de rendre sûrs notre appel et notre élection en travaillant au développement du caractère que nous apprenons chaque jour à apprécier comme premier essentiel aux «plus que vainqueurs ». Il faut qu’ils soient tous des copies du cher Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus. Nous aurions été heureux d’entreprendre notre œuvre de l’autre côté du voile; mais nous préférons continuer nos travaux de ce côté-ci du voile, parce que telle est envers nous la volonté de l’Eternel.

Nous fûmes d’abord inclinés à présumer que la moisson proprement dite s’était achevée en Octobre 1914, et que l’œuvre continuant depuis était une œuvre de glanage; mais les faits ne paraissent pas corroborer cela. Le développement de l’œuvre et le nombre de ceux qui sont on train d’être amenés à la connaissance de la Vérité et d’être mis à part pour l’Eternel sont beaucoup trop importants pour être appelés un glanage. Incontestablement, cela est une partie de la moisson régulière. D’autre part, nous sommes de plus en plus pénétrés des particularités finales du type d’Elie et de celui d’Elisée. Nous avons de plus en plus l’impression que le frappement du Jour­dain effectué par Elie, et à la suite duquel les eaux de cette rivière se sont divisées, dépeint une œuvre puissante devant encore s’accomplir, apparemment dans un avenir très proche. Quel sera l’antitype du pliage du manteau d’Elie, symbolisant sa puissance, et combien de temps pourra-t-il falloir pour concentrer ainsi les forces en vue du frappement ? nous ne le savons pas. Il nous faut attendre, veiller et accomplir notre part. Combien de temps faudra-t-il ensuite pour accomplir le frappement des eaux ? cela est aussi une incertitude; et combien rapidement les gens seront divisés par la Vérité, cela est également une incertitude.

Mais en admettant qu’un si grand travail même pût être réalisé, sous la bénédiction et la direction du Seigneur dans très peu de temps, nous ne pourrions encore nous attendre aux résultats dans moins de trois années environ. Nous ne fixons cependant pas de temps, car nous ne connaissons pas de point de temps pouvant être appliqué aux temps qui sont devant nous comme il en fut précisément d’Elie et d’Elisée, qui ne furent envoyés à aucun endroit défini après avoir atteint le Jourdain. Nous avançons simplement ce que nous supposons — qu’un grand travail est devant nous et que nous ne pouvons voir comment il pourrait s’accomplir en beaucoup moins de trois années.

Ce sera après le frappement du Jourdain — après la division des gens qui s’opérera par le message de la Vérité et le manteau de la puissance d’Elie qu’aura lieu la séparation de l’Eglise en deux classes. Après cela, la classe d’Elie, la classe du Petit Troupeau, se manifestera clairement, séparée et distincte de la classe de la Grande Compagnie. La division, rappelons-le, sera causée par le char de feu — des épreuves très sévères et très pénibles que la classe des élus acceptera et dans lesquelles elle entrera promptement, la classe d’Elisée reculant devant la persécution mais n’allant pas jusqu’à pécher ni jusqu’à renier le Seigneur. Ce sera un tout petit peu plus tard que le tourbillon (l’anarchie probablement) occasionnera le « changement » de la classe d’Elie.

Les temps des nations évidemment termines

Il nous parait toujours évident que la période prophétique connue sous l’appellation « Les Temps des Nations », se termina chronologiquement en Octobre 1914. Le fait que le grand jour de colère envers les nations commençât à ce moment-là marque une bonne réalisation de notre attente. Aux nations païennes, possession et autorité furent garanties pour une certaine période de temps. Ce temps ayant expiré, les procédés de dépossession sont maintenant en cours. Les vents de dispute, vents de guerre sont lâchés [écrit en 1916, trad.] causant un grand préjudice au monde entier, affaiblissant les royaumes d’Europe sous le rapport de leur meilleur sang et de leur force financière.

Qui peut dire combien de temps peut durer la guerre ? Toutes les nations belligérantes sont hautaines et présomptueuses. L’humiliation, mentionnée par la Bible, ne s’est pas encore accomplie. Il est possible que la guerre continue pas mal de temps encore, avant que les nations soient suffisamment affaiblies et humiliées pour désirer la paix. Puis viendront d’autres afflictions. Des révolutions menaceront; les gouvernements s’associeront encore plus fermement avec les systèmes d’église nominale, les uns et les autres cherchant force et protection. Ensuite, nous pouvons nous attendre au grand effondrement de La Babylone spirituelle, conduisant au grand tremblement de terre — révolution — de l’Apocalypse, «un tremblement de terre tel, Si grand, qu’il n’y en a jamais eu de semblable depuis que les hommes sont sur la terre» (Apoc. 18 :18, D.). Ceci à son tour conduira, suivant notre compréhension de la Bible, à la terrible anarchie dans laquelle succomberont toutes les institutions actuelles, devant le feu de la passion, du préjugé humain etc… Après, au moment propice, les dominations païennes ayant disparu, le royaume du Messie se manifestera pour bénir le monde entier et se trouvera être le «désir de toutes les nations» (Aggée 2 : 7, D.).

Nous ne voyons par conséquent aucune raison pour douter que les Temps des Nations se soient terminés en Octobre 1914, et que les quelques années suivantes verront leur écroulement total et le plein établissement du royaume de Dieu, entre les mains du Messie. Mais à ce moment-là la classe d’Elie sera passée au-delà du Voile, car « quand Christ.., paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire » (Col. 3 :4 – Seg.).

Notre méprise au sujet de la moisson

Nos lecteurs se souviendront que le fondement de notre attente touchant le temps de la moisson fut le parallélisme entre la clôture de l’âge judaïque et celle de cet âge de l’Evangile. Nous trouvâmes le commencement du temps de la moisson clairement marqué par les 1.335 jours prophétiques et par la réalisation parmi le peuple de Dieu de cette déclaration « Bienheureux celui qui attend et qui parvient à mille trois cent trente cinq jours » (Daniel 12 : 12, D). Ce furent assurément un grand bonheur, un grand éclaircissement des yeux de la compréhension et une grande appréciation de notre Dieu et de Ses glorieux desseins qui parvinrent au peuple de l’Eter­nel à ce moment-là, en plein accord avec cette prophétie. Depuis lors donc, un nouveau cantique s’est trouvé sur les lèvres du peuple de Dieu, à mesure que ses membres ont entendu parler de Sa bonté, par le divin plan des âges. Nous ne voyons aucune raison pour contester la date d’Octobre 1874 comme commencement du temps de la moisson et parallèle au temps où Jésus commença son ministère, lors de la moisson de l’âge judaïque.

Nous nous méprîmes dans l’ordre d’idée même que nous indiquions. Nous rappelâmes maintes fois à nos lecteurs que le parallélisme entre l’âge judaïque et l’âge évangélique ne pouvait rien renfermer qui appartiendrait à la nouvelle dispensation. Les parallèles affectaient simplement la maison juive nominale d’alors et la maison chrétienne nominale d’aujourd’hui. Toutes les deux furent rejetées pour avoir manqué de se trouver dans la condition de cœur convenable afin de recevoir les vérités qui leur revenaient — toutes les deux furent rejetées pour être détruites. Le système juif fut une affaire église-état, ayant son parallèle ici dans les grands systèmes église-état d’Europe, dont la destruction commença en 1914.

Rappelons cependant que les trois années et demie du ministère de Jésus furent plutôt un temps de préparation des apôtres, pour que ceux-ci soient les instruments de l’œuvre de la moisson, et une préparation, à caractère d’affûtage, de la faucille de la Vérité en vue du travail futur qui commença à la Pentecôte. Il n’y avait pas de « grenier » où assembler le blé, antérieurement à la Pentecôte.

Les parallèles juives et chrétiennes

Les parallèles entre 1’Eglise de la Pentecôte et la véritable Eglise de nos jours ne doivent pas être recherchées. Mais la résurrection de Jésus, qui eut lieu avant que l’Eglise ne commençât d’être moissonnée, peut bien être considérée comme ayant son parallèle ici, dans la résurrection des membres dormants de 1’Eglise — en 1878 après J-C.

Nous n’aurions pas dû chercher des parallélismes entre le commencement de 1’Eglise de l’Evangile et ses expériences, et le commencement dans ce temps de moisson de l’Eglise céleste et ses expériences. Ceux-ci ne sont pas des parties à mettre en parallèles. Les parallèles concernent le système juif nominal, qui alla à la destruction, et l’église de l’Evangile nominale, qui va maintenant à la destruction.

Nous nous imaginâmes que le travail de la moisson, le travail de rassemblement de l’Eglise serait accompli avant la fin des Temps des Nations; mais rien dans la Bible ne le dit. Notre pensée était une pure déduction, et nous voyons maintenant qu’elle était injustifiée. Cette œuvre de moisson appartient à la nouvelle dispensation et ne peut être identifiée à l’ancienne. De toute façon, le moissonnage de l’âge judaïque, qui a assemblé les « véritables Israélites» dans l’Eglise de l’Evangile, ne s’acheva pas en l’année 70, mais il progressa après cette date dans différentes parties du monde. Bon nombre de Juifs. Indubitablement, profitant de leur terrible épreuve, furent d’autant mieux préparés pour être assemblés dans le Grenier de l’Evangile, après la destruction de leur constitution politique nationale. Similairement, nous pouvons nous attendre à ce qu’un grand nombre soit encore assemblé dans le Grenier céleste, et nous ne connaissons pas ici de date limite…

..Regrettons-nous que l’œuvre de la moisson continue ? Non, en vérité; nous nous en réjouissons et avons chaque jour le plaisir de proclamer les louanges de Celui qui nous a appelés des ténèbres à Sa très merveilleuse lumière, et nous prenons un grand plaisir à voir que d’autres sont en train de bénéficier de la Vérité et de s’en réjouir. Regrettons-nous les expériences que nous avons eues en arrivant au moment présent ? Ressentons-nous comme un mécontentement que le Seigneur ne nous ait pas forcés à une attention plus soigneuse dans le parallélisme ? Non, en vérité ; les directions du Seigneur ont été bonnes. Peut-être, à vrai dire, avons-nous tiré profit de la pensée que l’œuvre de la moisson serait bientôt terminée. Elle nous a peut-être conduits à une consécration plus profonde et à une activité plus grande dans le service du Seigneur, en nous-mêmes et pour les autres. Nous n’avons donc rien à regretter.

Le brûlage de l’ivraie

Dans la parabole du « Froment et de l’Ivraie », le Maitre met très en relief le rassemblement de l’ivraie et son liement en bottes en vue du brûlage. Nous présumâmes que ce brûlage n’aurait pas lieu avant que tout le froment eût été assemblé dans le Grenier céleste; mais apparemment cette pensée n’était pas correcte. La mise en grenier du froment continue, mais manifestement la destruction de l’ivraie correspondra très étroitement à la division du Jourdain. L’ivraie forme une classe de gens (souvent) nobles qui se sont élevés au-dessus du monde et qui sont remplis d’espoirs et buts à caractère charitable, mais qui se trompent en ce qu’ils pensent qu’ils constituent l’Eglise. D’après le point de vue de l’ivraie, le froment est un produit anormal, un peuple particulier, peu nombreux, non tenu en haute estime. Le frappement des eaux révélera la vérité relative à ceux qui furent la véritable Eglise de Christ et ceux qui en constituent des imitations; et la classe de l’ivraie, honnête d’esprit, sera désabusée et cessera de prétendre plus longtemps qu’elle constitue l’Eglise de Christ — c’est ainsi que ceux qui la forment seront brûlés ou cesseront d’exister comme ivraie, continuant cependant à vivre comme gens du monde à l’esprit noble. Ils participeront aux bénédictions générales de l’« agréable bientôt », dans le Royaume pour lequel nous prions toujours.

Notre attitude présente, chers frères, devrait être une grande gratitude envers Dieu, une appréciation croissante de la merveilleuse Vérité qu’il nous a été donné de voir et à laquelle nous sommes identifiés par privilège divin, un zèle grandissant dans l’aide à porter cette Vérité à la connaissance des autres. En attendant, les yeux de notre entendement devraient discerner clairement la bataille du Grand Jour du Dieu Tout-puissant actuellement en cours; et notre foi, guidant par la Parole les yeux de notre entendement, devrait nous rendre capables d’en voir le glorieux résultat – le royaume du Messie. En outre, nous pouvons être pleinement contents de ne pas savoir combien de temps durera l’œuvre de la moisson — contents que le grand Capitaine, qui par ordonnance divine a la charge de toute l’affaire, soit trop sage pour se tromper et qu’Il nous ait promis que toutes nos expériences concourront à notre bien si nous L’aimons et faisons partie de « ceux qui sont appelés selon son dessein » nous efforçant d’affermir notre appel et notre élection.

Extrait de W.T. 5950 — C.T.R. 1916

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