“Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition”.
2 Thessaloniciens 2 : 3.
Aucune étude des prophéties qui ont rapport à la fin de l’âge et à l’établissement du Royaume de Christ ne pourrait être considérée complète sans un examen des témoignages qui concernent la montée et la chute de l’Antéchrist annoncé. L’Apôtre Jean a écrit que, pendant sa vie, il y avait déjà “plusieurs antéchrists” (1 Jean 2 : 18). Dans le même texte, Jean a écrit : “Vous avez appris que l’Antéchrist vient”. Il se référait alors aux nombreuses prophéties qui annonçaient la montée d’un système rempli d’iniquité qui allait être la contrefaçon de Christ et de son glorieux Royaume de justice.
Quoique, comme l’observe Jean, tout individu qui s’oppose à Christ et à ses enseignements peut, à juste titre, être appelé un antéchrist, notre étude présente s’attachera aux prophéties qui mentionnent l’Antéchrist qui, comme nous le verrons, n’est pas un individu mais un grand système qui a pris la place de Christ, une contrefaçon intelligente qui frauduleusement devait être établie et gouverner au nom de Christ.
Dans les prophéties, de nombreux noms sont attribués à ce système mauvais de l’Antéchrist. Dans notre texte, nous avons les expressions “l’homme du péché” et “le fils de la perdition”. Dans le verset sept du même chapitre, on nous donne une description du “mystère de l’iniquité” ; dans le verset huit, on parle de “l’impie”. Tout comme le Christ est composé de Jésus, la Tête et de l’Église, son corps, qui sera la maison gouvernante du Seigneur dans le Royaume promis il y a longtemps, ainsi l’Antéchrist se compose non pas d’un individu, mais d’un groupe d’individus qui ensemble affirment être le royaume de Christ. Ce royaume prend donc la place du Royaume de Christ dans les esprits et les cœurs de ceux qui ne réfléchissent pas suffisamment.
Dans ses deux lettres aux frères de Thessalonique, l’Apôtre Paul attire l’attention sur l’importance qu’il y a à bien discerner l’homme du péché ainsi que son élévation jusqu’au pouvoir. Dans sa première lettre, cinquième chapitre, il a expliqué que le “jour du Seigneur” (qui commence avec la seconde présence de Christ sur terre) “viendra comme un voleur dans la nuit”. Il a souligné le fait que le monde ne saurait rien de ce jour jusqu’au moment où, comme conséquence, une destruction soudaine et inattendue s’abattrait sur lui. Mais aux disciples de Thessalonique, Paul a dit : “Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur”. — 1 Thess. 5 :1.
Quelques frères parmi ceux à qui l’épître a été envoyée, qui désiraient avec ardeur le retour de Christ et l’établissement de son Royaume, ont mal interprété les paroles de Paul en croyant que Christ était déjà revenu. S’il devait être présent comme un voleur dans la nuit et que les frères auraient eu connaissance de sa présence tandis que le monde serait dans l’ignorance, qu’est-ce que Paul pouvait vouloir dire sinon que le Seigneur et Maître était déjà revenu ? Après tout, ces frères savaient que Jésus avant de retourner dans les cieux, était invisible aux yeux des humains sauf quand H se manifestait miraculeusement. De par ce raisonnement, ils sont parvenus à la question : “Pourquoi ne pourrait-il pas être présent de nouveau ?”.
Lorsqu’il a écrit à ces frères pour la seconde fois, Paul s’est efforcé de corriger cette mauvaise compréhension de la pensée de sa première lettre en ce qui concernait le retour ce Christ et le Jour du Seigneur. Il leur écrivit de ne pas se “laisser ébranler dans leur bon sens” ou ce ne pas “se laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là”. A ceci Paul ajouta : “Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition”. — 2 Thess. 2 :1-3.
Il est bon de noter, en passant, que Paul n’a pas écrit aux frères de Thessalonique que leur compréhension de la manière du retour de Christ et de sa seconde présence était mauvaise. Il n’a pas dit qu’il était absurde de leur part de croire que le jour du Seigneur était arrivé car si cela s’était produit, la terre aurait été détruite et eux, en tant que disciples de Christ, auraient été enlevés avec ravissement pour être avec le Seigneur dans les cieux littéraux. Non ! Paul savait que les frères avaient une compréhension correcte de la manière de la seconde présence de Christ, que Christ serait ici comme un voleur dans la nuit. Il savait, comme Jésus l’expliqua, qu’au début du Jour du Seigneur, les gens continueraient à s’occuper des affaires quotidiennes de la vie – ils mangeraient, boiraient, se marieraient et donneraient en mariage — ne connaissant pas la signification du temps dans lequel ils vivraient.
Sachant donc que les frères de Thessalonique avaient une compréhension correcte de la manière de la présence de Christ, l’argument de Paul contre leur conclusion erronée, selon laquelle II était déjà revenu, était simplement qu’il existait certaines prophéties qui décrivent des événements qui devaient se produire entre la première et la seconde venue de Christ et que ces prophéties ne s’étaient pas encore accomplies. “Il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition”, explique-t-il. — 2 Thess.2 :3.
Dix-neuf siècles se sont écoulés depuis que Paul a écrit ces mots dans lesquels il expliquait qu’il y aurait une chute de la foi chrétienne — une apostasie — et que se développerait, serait révélé l’Homme du Péché, le Fils de la perdition, et que cela se produirait avant que le Seigneur ne revienne. Est-il possible maintenant, en jetant un coup d’œil à travers le corridor des siècles passés, de voir le développement de l’Antéchrist prédit ? La prophétie de Paul a-t-elle été accomplie dans une telle proportion qu’il n’est plus nécessaire d’attendre son développement pour être assuré que nous avons atteint la fin de l’âge et que le Jour du Seigneur est déjà là ? En vérité nous le croyons !
Certains maintiennent et propagent une idée erronée qui prétend que l’Homme du Péché, l’Antéchrist est” un individu qui doit seulement apparaître dans le monde, et qui sera si rusé qu’il trompera presque toute l’humanité en lui faisant croire, qu’il est Dieu ; et plus encore, que ce “maître trompeur” s’assiéra dans un temple littéral, reconstruit à Jérusalem. Nous pouvons immédiatement voir que cette théorie est une erreur, et cela à la lumière des faits expliqués par Paul, suivant lesquels l’esprit ou l’influence de l’Antéchrist était déjà actif de son temps et sa pleine manifestation n’attendait que l’enlèvement de quelques obstacles qui empêchaient son développement.
“Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses lorsque j’étais encore chez vous ?”, Paul écrivit ceci aux frères Thessaloniciens. “Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité agit déjà ; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu. Et alors paraîtra l’impie”. – 2 Thess. 2 : 5-8.
Dans ce deuxième chapitre de l’épître aux Thessaloniciens, Paul se rapporte à l’Antéchrist en tant que “mystère de l’iniquité” et “impie”. Ces appellations montrent clairement que l’Apôtre n’écrit pas à propos d’un individu, mais à propos d’un système mis en contraste avec le vrai mystère de Dieu, dont il est question dans le Nouveau Testament.
En ce qui concerne ce vrai mystère, Paul écrit : “je me réjouis maintenant dans les souffrances pour vous ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps qui est l’Église. C’est d’elle que j’ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m’a donnée auprès de vous, afin que j’annonçasse pleinement la parole de Dieu, le mystère caché de tout temps et dans tous les âges, mais révélé maintenant à ses saints, à qui Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, à savoir : Christ en vous l’espérance de la gloire”. – Col. 1 : 24-27.
L’Apôtre Paul attire l’attention ici sur une des grandes vérités du vrai Évangile : les disciples de Christ sont appelés pour souffrir et mourir avec Lui, pour qu’ils puissent vivre et régner avec Lui. Lorsque Jacques et Jean ont demandé s’ils pourraient s’asseoir l’un à la droite, l’autre à la gauche du Maître dans Son Royaume, II leur a expliqué que la seule condition à remplir pour participer avec Lui, dans Son Royaume, était de boire à Sa coupe de souffrances et d’être baptisés dans Sa mort. En d’autres termes, pour régner avec Christ, ils doivent d’abord souffrir et mourir avec lui.
Ceux qui souffrent et meurent avec Jésus sont représentés comme baptisés dans son corps mystique. De cette façon, ils deviennent une partie de Christ, car, comme Paul l’explique : “Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais il est forme de plusieurs membres” ; et de nouveau : “Vous êtes le corps de Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part” (1 Cor. 12 : 14-17). C’est cette association avec Christ, dans la souffrance et la mort, de ceux qui sont stimulés à la fidélité par l’espérance de régner avec Lui, que Paul décrit comme un mystère – un mystère caché à travers les âges et les générations, et qui a été seulement révélé avec la venue de Jésus et l’établissement de l’église primitive, c’est cela le vrai mystère. Il signifie l’association e Jésus et de ses disciples dans les souffrances et la mort maintenant pour pouvoir régner ensemble dans le futur. Le mystère de l’iniquité doit donc comprendre aussi plus d’un individu. En outre, s’il est une contrefaçon du vrai, il doit renfermer aussi l’idée de régner dans un royaume.
Dans une description ultérieure du mystère de l’iniquité, Paul a écrit que son apparition se ferait “par la puissance de Satan avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers” (2 Thess. 2 : 9). A partir de ceci, nous devrions nous attendre à trouver des preuves des œuvres de Satan. Et ce n’est pas difficile. Au début du ministère de Jésus, Satan lui apparut pour le soumettre à certaines tentations. L’une d’elles était que si Jésus se prosternait devant Satan et l’adorait, il lui serait donné tous les royaumes de la terre. Jésus savait que s’il prouvait sa fidélité, ii serait finalement le souverain du monde ; mais Satan ici lui offrait sa position royale sans avoir à souffrir, ni à mourir. En reconnaissant Satan comme suzerain, Jésus pouvait entrer directement dans sa souveraineté.
Un des agissements de Satan est clairement montré ici. C’est un des moyens par lesquels il essaie d’égarer ceux qui affirment être guidés par l’instruction de la Parole du Seigneur. Jésus n’a pas succombé à cette tentation ; mais plus tard, après que ses fidèles apôtres se furent endormis dans la mort, la grande majorité de ses disciples a été embrouillée et succomba, comme une proie facile, à l’illusion de pouvoir régner maintenant. Paul a réprimandé ceux qui avaient cette disposition (1 Cor. 4 : 8). Ils ont négligé l’invitation à souffrir et à mourir avec Jésus ; et en tant que groupe, ils se sont joints aux gouvernements civils et ont appelé cette union profane “le royaume de Christ”.
Paul a écrit “le mystère de l’iniquité agit déjà” et nous le constatons. En écrivant à l’église de Corinthe, Paul a dit ironiquement “déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner. Et puissiez-vous régner en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous” (1 Cor. 4 : 8). Paul ne voulait pas dire que l’église de Corinthe s’était unie vraiment au gouvernement civil et qu’elle en faisait partie. Il voulait dire que le désir d’échapper au sacrifice et de devenir rois était devenu évident au sein de ses membres. Peut-être supposaient-ils que, d’une manière quelconque, ils régnaient avec Christ !
Le sacrifice et la souffrance sont contraires aux désirs humains. L’homme a été créé pour être roi sur la terre et dans son état déchu, il oublie souvent le fait qu’il n’a pas été créé pour gouverner ses semblables. Ainsi le désir d’échapper aux souffrances et les dispositions à gouverner ont fait beaucoup de disciples de Jésus à travers les âges, des victimes faciles de la tentation de Satan qui leur proposait ce régner en tant que rois. Bien que Paul révèle que cette attitude était répandue dans l’église de Corintne, nous ne devons pas supposer qu’elle était limitée, même si tôt au cours de l’âge, à cette seule congrégation de disciples.
Satan était bien sûr le maître d’œuvre qui a utilisé chaque opportunité pour développer ce point de vue erroné. Nous savons ceci quand nous voyons comment il a essayé de manœuvrer Jésus vers cette même fausse position. Quoi qu’il en soit, peu de progrès pouvaient être faits dans cette optique au sein de l’Eglise primitive car, comme l’explique Paul : “II faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu” (2 Thess. 2 : 7). Le mot grec dans ce texte traduit par “retient” veut dire littéralement “maintenir à terre”. L’explication de Paul est que de son temps il y avait une influence puissante qui retenait les ambitions de ceux de l’Eglise qui auraient voulu devenir des souverains, qui les empêchait d’atteindre cette position, sauf bien sûr, dans leurs désirs.
Il n’est pas difficile de découvrir quelle était cette influence gênante. En ce temps-là, l’empire romain contrôlait le monde soi-disant civilisé. L’empereur de Rome n’était pas seulement le chef civil de l’empire, mais aussi le souverain religieux. “Pontifex Maximus” était l’un de ses titres, ce qui signifie “principal souverain religieux”. Bien que sous cet ordre de choses, une grande part de liberté religieuse fût assurée à des groupes religieux minoritaires, tels les Juifs en Israël, cependant personne ne pouvait partager le souveraineté religieuse de l’empire. Les Juifs par exemple, n’avaient pas la permission d’emprisonner quelqu’un de leur peuple qui, selon leur loi, était un criminel. Seules les autorités civiles romaines pouvaient le faire. C’est pourquoi Jésus fut déféré devant Pilate pour être condamné à mort.
Il est évident que de soi-disant chrétiens d’alors, quelles que puissent avoir été leurs aspirations à la puissance, ne purent faire aucun progrès pour parvenir à cette position d’autorité religieuse. Leurs tentatives furent vouées à l’échec par le fait que ce qu’ils convoitaient était, à l’époque, fermement gardé par un autre. Nous ne pouvons supposer, naturellement, qu’un individu, ou même un groupe dans l’église primitive, aurait eu l’ambition de devenir le leader religieux de l’empire romain. Mais les dispositions à gouverner étaient présentes. C’est ce que Paul nous dit.
Le fait que l’esprit qui devait se manifester dans le mystère de l’iniquité accomplissait déjà son œuvre, prouve que cette chose pleine d’iniquité que Paul décrit n’est pas quelque chose qui devait apparaître soudainement à la fin de l’âge. C’est plutôt un système, une contrefaçon qui devait gouverner. Son développement devait débuter peu après la mort des apôtres, et se réaliser pleinement aussitôt que ce qui le gênait serait écarté. Jetons un bref coup d’œil sur les pages de l’histoire de l’église et voyons ce que nous pouvons y trouver.
UNE APOSTASIE
Le livre des Actes et les épîtres de Paul, Pierre, Jacques, Jude et Jean constituent les documents historiques les plus fiables en ce qui concerne les conditions dans l’Église Apostolique, mais également en ce qui concerne les espérances et les buts des croyants. Parmi la communauté des saints de cette époque, il n’y avait pas beaucoup de sages ou de nobles selon les normes de ce monde. Certains se seraient sans doute fait connaître s’ils avaient continué dans le monde et s’ils avaient poursuivi leurs occupations mondaines. Il y avait, par exemple, Luc le médecin et Paul le juriste et le logicien.
Dans l’ensemble, les membres de l’Église primitive étaient des gens ordinaires dont les événements de la vie avaient préparé les cœurs pour apprécier le message d’espoir contenu dans l’Évangile de Christ, la Bonne Nouvelle de la Rédemption du péché et de la résurrection des morts. Ils se réjouissaient dans l’assurance que cette espérance de vie dans la résurrection deviendrait réalité quand Christ reviendrait pour instaurer son Royaume, son Gouvernement. Les chrétiens, venant des Juifs et ceux venant des nations, étaient heureux dans la conviction qu’il y aurait un meilleur gouvernement que l’empire romain pour gouverner le monde.
L’Église primitive ne cherchait pas l’influence dans le monde, mais a appris à être soumise à l’autorité et à la puissance existante. Alors que les chefs religieux juifs étaient souvent violents dans leur persécution des chrétiens, et plus particulièrement à l’égard des apôtres, les chefs païens n’étaient pas disposés à gêner les activités simples de l’Église, à l’exception de certaines occasions où ils pensèrent que cela pourrait aider à pacifier ceux qui leur étaient amèrement opposés.
A l’exception des individus qui, comme nous l’avons signalé, avaient ça et là l’ambition de “régner”, les croyants de l’Église primitive comprenaient que leur privilège alors était de servir, de souffrir et de mourir comme ambassadeurs pour Christ dans un monde hostile. Ils comprirent que Satan, le diable, était le chef spirituel du monde présent et qu’ils ne devaient pas s’attendre à prendre part aux affaires du monde à moins d’accepter une transaction avec le diable, et cela ils ne le feraient pas.
La situation commença à changer à la mort des apôtres. Beaucoup d’années s’étaient écoulées depuis que les anges avaient dit aux apôtres au moment de l’ascension de Jésus : “Ce Jésus qui a été élevé au ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel” (Actes 1:11). Au fur et à mesure de l’augmentation du nombre des années qui les séparaient de cette promesse, l’espérance d’un retour de Christ perdait de sa vitalité dans les cœurs de beaucoup. En outre, la génération primitive de croyants s’était éteinte dans la mort et chaque génération qui suivit était de plus en plus éloignée de ceux qui avaient eu le contact direct avec Jésus et dont les perspectives étaient complètement centrées sur son retour et sur l’établissement de son Royaume. Comme l’espérance du retour du Roi pour rétablir son Royaume s’estompait, il était naturel que la grande majorité des croyants se permît d’être de plus en plus associée avec le monde et les gouvernements terrestres.
L’abandon complet de la foi qui avait été transmise aux saints ne s’est pas produit en un seul jour. Ce fut une dégradation progressive de la foi, de l’espérance et de la mise en pratique de la Parole de Dieu. Les chefs civils prirent conscience que le nombre des croyants et leur influence augmentaient, et d’amères persécutions en résultèrent. Mais celles-ci ne stoppèrent pas la croissance de l’église.
Comme il est dit dans l’ouvrage de Lord : “Le vieux monde romain” : “le troisième siècle a vu l’église plus puissante en tant qu’institution. Ce ne fut pas avant le quatrième siècle — alors que la persécution impériale avait cessé ; quand Constantin (l’empereur romain) fut converti …. (que) l’église s’allia avec l’état ; … la foi primitive était corrompue ; … (et) la superstition et la vaine philosophie entrèrent parmi les rangs des fidèles”.
Plus loin, le même historien dit : “Quand le christianisme devint la religion de la cour et des classes en vue, il fut utilisé pour soutenir les maux contre lesquels il avait protesté à l’origine. L’église s’était maintenant imprégnée des erreurs de la philosophie païenne, mais elle avait aussi adopté beaucoup de cérémonies du culte oriental. . . Les églises devinrent, au quatrième siècle, aussi imposantes que les anciens temples des idoles”.
Il est clair que l’historien utilise le mot “christianisme” dans un sens complaisant, quand il dit que la religion chrétienne est devenue celle de la cour, car à cette époque la chute du vrai christianisme était si complète que l’institution qui portait ce nom n’était, en réalité, plus chrétienne du tout.
Exprimées brièvement, les doctrines chrétiennes sont les suivantes : L’homme a été créé à l’image de Dieu pour profiter de la vie éternelle sur terre, à condition d’obéir à la loi divine. Il a désobéi et a été condamné à mort. Dieu, dans son amour, a pourvu à sa rédemption de la mort par Son Fils, Jésus, qui revient sur terre pour rétablir un royaume par lequel l’homme racheté sera rendu à sa demeure sur terre. Les disciples de Jésus, pendant l’âge intermédiaire, ont l’occasion de souffrir et de mourir avec Lui pour être dignes de vivre et de régner avec Lui dans la phase spirituelle de son Royaume.
Aux environs du quatrième siècle, quand l’église s’est unie avec l’état, pas un vestige de cette vérité de la doctrine chrétienne n’a été conservé par les leaders responsables. Dans leur théologie corrompue, l’homme n’était pas créé pour vivre éternellement sur la terre, mais il devait rester ici temporairement et, ensuite, par la “porte” de la mort, entrer au paradis, en enfer ou au purgatoire. Ils croyaient que l’homme n’était pas condamné à mort. Pour eux, il était immortel et ne pouvait pas mourir. Jésus n’est pas mort comme Rédempteur de l’homme, mais Dieu, réincarné dans un corps humain, a accompli une simulation de souffrance et de mort. Christ ne revient pas pour établir un royaume, mais le royaume a déjà été établi par l’union illicite de l’église et de l’état. L’espérance des croyants n’est pas de vivre et de régner avec Christ, mais de vivre du mieux qu’ils peuvent maintenant, pour échapper à autant d’années que possible en enfer ou dans le purgatoire, et finalement être transférés au paradis. Voilà jusqu’à quel point des croyances erronées se sont développées.
Ceci ne signifie pas qu’il n’y avait pas l’un ou l’autre qui tenait à l’un ou à plusieurs enseignements originels de Christ et des Apôtres. Il y en avait sans aucun doute, quoique impuissants à faire quelque chose, sinon supporter ce qu’ils ne pouvaient pas changer. C’étaient des grains de “blé” isolés dans le champ qui, au quatrième siècle, a été presque totalement couvert d’“ivraie”. – Mat. 13 : 24-30 ; 36-43.
L’HOMME DU PÉCHÉ
Nous n’attirons pas l’attention sur cet abandon de la foi originelle comme étant une preuve en elle-même que l’église apostate soit devenue l’Antéchrist, bien que cette apostasie fût l’un des éléments essentiels du mystère de l’iniquité. Il est certain que ce qui était chrétien ne pouvait pas être anti-chrétien ou anti-Christ. Cela semble couler de source. Néanmoins, ce n’était pas l’église apostate seule qui constituait l’Antéchrist ou l’homme du péché, mais l’union de cette église avec l’état, les gouvernements civils pour constituer une organisation gouvernante ou une institution.
La fausse église, considérée indépendamment de son alliance avec les gouvernements civils, est représentée dans le livre de l’Apocalypse comme une “grande prostituée”. La vraie église, tout au long des Écritures, par contraste, est symbolisée par une femme chaste qui attend la venue de son époux. Christ, pour être unie à Lui par le mariage et pour partager la gloire de son royaume. — 2 Cor. 11 :2 ; Apoc. 12 :1 ;19:7 ; 21:2,10 ; 17:1-6, 15, 18 ; 18:2, 3, 9,10;19 :2.
Dans le livre de l’Apocalypse, Jean décrit la fausse église, la prostituée, qui enivre les nations avec le “vin de l’impudicité”, que constitue la doctrine. Cette union illicite se rapportant à l’union de l’église et de l’état est proprement appelée “fornication”, car l’église, par profession de foi, était promise à Christ et devait attendre son retour pour être unie à Lui par le mariage. Au lieu de cela, l’église déchue ou apostate a décidé de ne pas attendre Christ, mais de s’unir avec les puissances civiles de la terre et de régner ensemble avec elles.
LA HIERARCHIE ROMAINE
L’union avec l’état devint une réalité sous Constantin et depuis ce temps-là, une rapide concentration de pouvoir s’est développée entre les mains de l’évêque de Rome ; il est devenu au moment convenable l’évêque en chef eu le pape. Bien vite, le pape eut la possibilité de couronner et de rejeter les dirigeants de l’Europe.
L’église n’a pas seulement accepté et utilisé le pouvoir de l’état pour mener à bien ses plans ambitieux, mais elle a aussi dicté la politique aux dirigeants civils. Le pape est donc devenu détenteur d’un mélange d’autorité civile et religieuse encore plus arbitraire et totalitaire que ce que le monde avait connu jusqu’alors. Tout cela fut accompli au nom de Christ.
Combien véridique est la description que donne Paul de ce système taché d’iniquité. Il a écrit : “l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce que l’on appelle Dieu ou ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamer lui-même Dieu”. — 2 Thess. 2 :4.
Comme nous l’avons noté, les empereurs de l’empire romain païen portaient le titre “Pontifex Maximus” qui signifiait “gouverneur religieux en chef”. Leurs sujets trompés les prenaient pour des dieux. Quand la Rome papale a supplanté la Rome paienne, les papes s’approprièrent ce titre. Ils se sont ainsi élevés au-dessus des dieux païens qui les avaient précédés, en prenant la place de celui qui était le représentant principal de ces dieux païens, l’empereur romain.
Et bien plus que cela, en s’élevant ainsi, ils ont supplanté les cœurs de la plupart des croyants et substitue l’alliance église-état au vrai Royaume ce Dieu et au vrai Temple, le lieu de rencontre entre Dieu et l’homme. En d’autres termes, tous les dieux, le vrai Dieu vivant et les faux dieux païens furent mis de côté, leurs places furent prises par ce système qui fut appelé “royaume de Christ”. Un extrait d’un auteur catholique romain suffira pour souligner l’exactitude de la prédiction de Paul au sujet de l’Homme du Péché. Il est tiré du “Dictionnaire Ecclésiastique”, livre qui est une autorité pour les catholiques romains, et se lit comme suit :
“Le pape est d’une telle dignité et d’une telle majesté qu’il n’est pas simplement un homme, mais en quelque sorte Dieu ou le vicaire de Dieu… Une fois que le pape est couronné d’une triple couronne, il est le roi de la terre, du ciel et de l’enfer. L’excellence et la puissance du pape ne sont pas seulement au-dessus des choses célestes, terrestres et de l’enfer, mais le pape se trouve au-dessus des anges et est leur supérieur ; ainsi s’il était possible aux anges de s’égarer de la foi ou d’entretenir des sentiments contraires à celle-ci, ils pourraient être jugés et excommuniés par le pape. . . Il est d’une telle dignité et d’une telle puissance qu’il partage le même tribunal avec Christ ; de sorte que tout ce que le pape fait semble venir de bouche de Dieu. . .
Le pape est, en quelque sorte. Dieu sur terre, le seul prince des fidèles de Christ, le plus grand roi de tous les rois ; il possède la plénitude de la puissance ; il est celui a qui est confié le gouvernement du royaume terrestre et céleste”. Cet écrivain catholique ajoute plus loin que “le pape peut parfois neutraliser la loi divine en la limitant et en l’expliquant”. Reconnaissons que ces droits sont revendiqués pour la tête d’un système et non pas pour un pape en particulier. Le fait que ce système a à sa tête un seul homme est sans doute la raison pour laquelle il est appelé l’Homme du Péché ; c’est le système lui-même qui est nommé l’Antéchrist, dont Paul a dit qu’il devait se développer avant le retour de Christ et être détruit par l’éclat de sa venue, ou présence.
Nous avons donc vu, d’une manière sommaire, qu’il s’est produit une grande apostasie de la foi qui avait été donnée aux saints ; oui, un abandon complet de la foi en ce qui concerne les chefs conducteurs de l’église nominale. Nous avons vu comment ce désir de puissance qui commença à se manifester même dans l’église apostolique a trouvé son accomplissement dans l’union de l’église et de l’état. Nous avons retracé, bien que seulement brièvement, la persécution des vrais saints de Dieu perpétrée par la fausse église qui illicitement s’est unie avec les rois de la terre. Nous avons remarque la précision avec laquelle Paul a prédit les revendications de ce faux système – l’Homme du Péché – qui voulait être l’autorité suprême sur la terre, capable même, selon ses dires, de modifier les lois de Dieu.
Avec tous ces faits devant les yeux, il ne peut y avoir de doute, dans l’esprit raisonnable, que l’Antéchrist prédit est déjà apparu, et que son règne impie, contrefaçon du Royaume de Christ, est maintenant une réalité historique.
Mous avons présenté en résumé les preuves historiques de l’accomplissement des prophéties concernant l’Antéchrist ; tous les historiens de l’église, dignes de confiance, confirment les faits que nous avons présentés, même si nous doutons que beaucoup aient reconnu la signification prophétique de ces faits.
Cette reconnaissance de l’accomplissement de !a prophétie ne serait d’aucun intérêt spécial pour nous sinon ce satisfaire notre curiosité, mais puisque le règne de l’Antéchrist devait prendre place avant le retour de Christ et l’établissement de son Royaume et que l’Antéchrist est déjà apparu, nous avons encore une raison de plus de croire que le Royaume de Christ avec toutes ses bénédictions de paix, joie et vie est proche.
THE DAWN Janvier 1987