Actes 2 : 1-11
“ Quand le consolateur, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ”.
(Jean 16:13)
Le mot Pentecôte signifie le cinquantième jour. C’est un mot qu’employaient les Juifs pour désigner une de leurs grandes solennités ou fêtes religieuses. De même que leur “ Jubilé ” ou cinquantième année jubilaire terminant un cycle de sept fois sept ans, ainsi la Pentecôte, ou journée de jubilé, tombait le lendemain d’un sabbat, terminant une période de sept fois sept jours, depuis le jour où l’on apportait la gerbe des prémices que l’on présentait à l’Eternel “en offrande tournoyée”.
Cette gerbe des prémices était évidemment une figure, un type de notre Seigneur à sa résurrection, lui qui avait été immolé le quatorze Nisan comme l’Agneau pascal (Lév. 23:5-6, 10, 11, 15-16).
Chacun sait que ce furent les onze apôtres, “ des hommes de Galilée ”, qui furent témoins de l’ascension de notre Seigneur. Ceux-ci allaient devenir ses représentants spéciaux, par la parole desquels d’autres devaient être amenés à la foi. Ils avaient reçu pour instruction de rester à Jérusalem, jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de puissance d’en-haut. Le texte cité en Act. 2 nous montre les mêmes onze apôtres attendant, dans la chambre haute, suivant les instructions du Seigneur, dans une attitude de prière, prêts à commencer leur mission de paître ses brebis et ses agneaux. Cette assertion est confirmée, un peu plus loin, quand leur prédication eut commencé, par cette constatation des auditeurs disant : “ Voici, tous ceux qui parlent, ne sont-ils pas Galiléens ? ”. Et par ces autres mots : “ Pierre s’étant levé avec les onze… ” (Act. 2 : 7-14) ; il n’est pas dit en propres termes que d’autres fussent avec eux à ce moment, mais comme il est déclaré ailleurs (Act. 1 :15) que le nombre des disciples réunis était d’environ cent vingt, persévérant “d’un commun accord dans la prière”, nous pouvons en déduire avec raison qu’ils étaient présents au moment de l’effusion du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, et que toute l’assemblée fut ainsi baptisée, immergée, dans le Saint-Esprit, qui remplissait le lieu où ils étaient réunis. Il n’y a cependant aucun argument sérieux qui permette de croire que “ les langues divisées comme de feu ” se soient posées sur d’autres que sur les apôtres. Le récit dit : “ Et il se posa — ou elles se posèrent — sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer”. Plus loin, il est rapporté que ceux qui parlaient, à qui l’Esprit donnait de s’exprimer en langues, étaient Galiléens. Mais, que les apôtres étaient ainsi spécialement reconnus comme tels à cette époque [Le mot apôtre vient d’un mot grec qui signifie “ envoyé ”, député de la part d’un tel, en l’occurrence de la part du Seigneur Jésus lui-même. Mais douze seulement furent “ envoyés ” par le Seigneur, dont un, “ le fils de la perdition ”, fut remplacé par “ Paul, envoyé (apôtre) non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père” (Gal. 1:1)]; nous en avons l’assurance, non seulement dans les paroles de notre Seigneur, mais encore par l’Apocalypse révélée plus tard, où il est montré que les apôtres tenaient, par rapport à son royaume et à son Eglise, une place à part, que nul autre n’occupera (Jean 6 : 70 ; Apoc. 21 : 14).
L’effusion du Saint-Esprit
La bénédiction de la Pentecôte signifiait que Dieu avait agréé l’offrande en sacrifice pour le péché, achevée au Calvaire, que notre Seigneur, à ce moment, s’était présenté devant le trône du Père. L’effusion du Saint-Esprit sur les croyants consacrés marquait leur engendrement par l’Esprit à la nouvelle nature, et impliquait que la condamnation pesant sur eux comme enfants d’Adam et placés sous l’alliance de la Loi, était annulée. Ils étaient maintenant acceptés dans le Bien-Aimé, comptés comme enfants de Dieu, par conséquent héritiers de Dieu, cohéritiers avec Jésus-Christ leur Seigneur si, du moins, ils acceptaient de souffrir avec Lui, afin d’être glorifiés avec Lui (Rom. 8 :16-17).
C’était là, comme l’avaient laissé entendre les paroles et la promesse du Seigneur, une chose nouvelle. Jamais jusqu’alors, il n’y avait eu une telle effusion du Saint-Esprit sur les enfants d’Adam. C’était d’ailleurs chose impossible de la part de Dieu que de les accepter et de les engendrer du Saint-Esprit, avant que l’offrande en sacrifice pour le péché eût lieu et eût été agréée. Le seul fait qu’on puisse rapprocher est la descente du Saint-Esprit sur notre Seigneur, à l’époque de sa consécration, au baptême dans le Jourdain. Là, il reçut le Saint-Esprit d’adoption, dans le même sens, mais “ sans mesure ”, parce qu’il était parfait. Ceux qui le reçurent à la Pentecôte le reçurent avec mesure, c’est-à-dire à un degré limité (Jean 3:34). Bien que tous “remplis” du Saint-Esprit, ils ne purent cependant le recevoir qu’en quantité limitée, à cause des faiblesses et imperfections de leur organisme, chacun dans une mesure différente, suivant son tempérament naturel.
Le Saint-Esprit de Dieu, il est vrai, s’est manifesté en des temps antérieurs sous diverses formes, toutes différentes de celle qui nous occupe ici. Ainsi, déjà. à la création du monde, “l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux” (Gen. 1 :2). Et puis, comme le dit l’apôtre Pierre : “ De saints hommes de Dieu, ont parlé, étant poussés par le Saint-Esprit” (II Pierre 1 :21), c’est-à-dire machinalement, car il explique ailleurs qu’ils parlèrent et écrivirent sans comprendre, parce que ce qu’ils proclamaient et écrivaient n’était pas pour leur propre instruction, mais pour nous, qui vivons dans l’âge de l’Evangile. C’est pourquoi il nous faut admettre que la dispensation de l’Esprit a débuté avec Jésus parvenu à l’âge de trente ans ; puis, elle a débuté par ceux qui furent sanctifiés à la Pentecôte, comme ‘l’indique notre récit. Et il ne faut pas croire que ces effusions et ce baptême de la Pentecôte aient besoin d’être répétés, car le Saint-Esprit ainsi répandu sur l’Eglise une fois, loin d’être retiré et d’avoir besoin de descendre à nouveau, devait continuer à demeurer avec l’Eglise. Il y en a qui ont cru pouvoir conclure qu’à certains moments le Saint-Esprit n’était plus dans le monde, mais c’est qu’ils ne regardaient pas où il fallait, ou qu’ils regardaient mal. Il y a eu des périodes où, dans l’Eglise nominale, avec ses docteurs de façade, l’ivraie pullulait à tel point, qu’il devenait difficile d’y discerner le véritable “froment”. Nous avons la certitude que le Seigneur n’a jamais été sans témoin, et que même aux heures ‘les plus sombres de l’âge des ténèbres, il y avait dans le monde de vrais enfants de Dieu, véritablement membres du corps de Christ, qui possédaient par conséquent le Saint-Esprit. Ils constituaient le sel de la terre, ils étaient la lumière dans le monde, même quand l’obscurité autour d’eux était si profonde que l’histoire perd le fil de leur témoignage et qu’on ne retrouve plus que les archives de l’apostasie.
Le Saint-Esprit, comme le Seigneur l’avait promis, ne fut donné qu’à ceux qui étaient consacrés, et ils devaient demeurer les véritables membres de l’Eglise ou Assemblée, “ Corps de Christ ”. Et c’est ainsi que nous et tous ceux qui sont entrés dans la même communion avec le Seigneur, “tête du corps” de l’Assemblée (Col. 1 :18), nous sommes venus en contact avec le Saint-Esprit, et en avons reçu une portion, un privilège qui nous unit à Christ. C’est par le Saint-Esprit que nous sommes engendrés à la nature spirituelle et que nous sommes devenus héritiers de toutes les grandes promesses qui appartiennent au “ corps de Christ ”.
Manifestations extérieures
II convenait que le don du Saint-Esprit fût entouré d’une certaine démonstration extérieure et d’une manifestation visible, non pas tant pour impressionner et convaincre les apôtres et l’Eglise primitive, que pour le bien de ceux qui devaient dans la suite entrer dans la famille de l’Eglise. Il fallait que la foi ait un fondement sur lequel elle pût se reposer, une certitude qu’il y a eu, au début, un signe direct de l’acceptation divine du sacrifice du Sauveur et de l’adoption par Dieu des consacrés qui s’étaient confiés en ce Sauveur. Le vent impétueux représentait à merveille ce Saint-Esprit. En fait, les mots “ souffle ” et “ esprit ” sont des expressions identiques en grec. Le vent est la figure la plus exacte de l’Esprit de Dieu parce qu’il est puissant quoique invisible. Les langues divisées comme de feu ou de lumière étaient également des symboles propres à donner à l’Eglise naissante une idée de la puissance divine descendue sur elle. En tant que langues, elles représentaient l’influence dont Dieu allait se servir durant l’âge de l’Evangile, comme agent de son esprit, pour exécuter l’oeuvre qu’il se propose maintenant d’accomplir, car “il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication (1 Cor. 1:21). Elle n’était pas folie, cette “chose prêchée ”, puisqu’elle était de Dieu, mais elle se présentait sous une forme si étrange, si différente de ce que l’homme naturel aurait choisi, qu’elle lui paraissait être une folie. Il est vrai qu’au début de cet âge, cette “ chose prêchée ” fut accompagnée de “ dons miraculeux ” parmi le peuple de Dieu, mais ces dons devaient cesser, l’apôtre le dit bien (I Cor. 13:8). Et lorsque les apôtres qui, seuls, avaient le pouvoir de conférer ces dons, furent morts, les dons eux-mêmes nécessairement disparurent peu à peu. De sorte que la “ prédication ” est restée finalement le seul instrument que Dieu a employé pour le grand travail consistant à appeler et à sanctifier le peuple particulier destiné à devenir l’épouse, la sacrificature royale, le Corps de Christ.
Le baptême du feu
Certains ont voulu voir dans ces langues à apparence de feu, l’accomplissement de la prophétie de Jean-Baptiste, quand il dit en parlant de Christ : “ II vous baptisera de Saint-Esprit et de feu” (Matt. 3:11-12). Or, Jean ne parlait pas aux disciples, mais à un auditoire hétéroclite, qui comprenait, à côté des quelques Israélites sans fraude, ce qu’il appelait lui-même une génération de “ vipères ”. La bénédiction de la Pentecôte fut évidemment l’accomplissement partiel de la prophétie de Jean, en ce qu’elle comprenait le baptême du Saint-Esprit (Act. 1:5), mais il n’y avait pas là un accomplissement de la deuxième partie de cette prophétie relative au “ baptême du feu”. La chambre où se tenaient les apôtres n’était pas remplie de feu et ils ne se trouvaient pas immergés, plongés dans du feu, ni au sens propre, ni au sens figuré. Les langues divisées comme de feu qui apparurent au-dessus de leurs têtes, plutôt que du feu brûlant, avaient l’apparence d’autant de lumières, symbole parfait du Saint-Esprit et du message de lumière, de vérité et de bénédiction que les apôtres proclamaient. Le baptême du feu prédit par Jean est venu plus tard, non sur l’Israël fidèle, mais sur la classe que Jean appelait “ une génération de vipères ”, — ceux dont l’apôtre dit : “ La colère est venue sur eux au dernier terme” (I Thés. 2 :16). Ce fut un bouleversement destructeur, une détresse épouvantable dans laquelle la nation entière fut plongée comme dans un baptême de feu et engloutie, et qui se termina, en l’an 73 de notre ère, après avoir fait périr des millions d’existences, avoir détruit des millions de propriétés et anéanti complètement l’existence d’Israël comme nation ; ce fut vraiment l’accomplissement du baptême de feu de la prophétie de Jean.
L’Esprit d’amour
Le fait que la communication du Saint-Esprit aux apôtres fut accompagnée de manifestations et dons miraculeux des langues, etc…, n’implique nullement que Dieu ait marqué une plus grande faveur à l’Eglise primitive bénéficiaire de ces dons, qu’aux enfants de Dieu venus plus tard, quand ces dons eurent disparu, car l’apôtre fait bien remarquer qu’il arriverait à certains d’avoir ces dons sans pour cela avoir à un degré plus élevé l’Esprit du Seigneur : “ Si je parle dans les langues des hommes et des anges, dit-il, mais que je n’aie pas l’amour, je suis comme un airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante. Et si je prophétise et que je connaisse tous les mystères et toute la connaissance, et que j’aie toute la foi de manière à transporter les montagnes, mais que je n’aie pas l’amour, je ne suis rien ” (I Cor. 1’3 :1-2).
C’est pourquoi nous devons considérer l’amour pour le Seigneur, pour les frères et pour le prochain, — un amour actif, qui ne se borne pas à faire des souhaits et à dire de bonnes paroles, mais qui agit, — comme la meilleure preuve qu’on se trouve dans l’état requis pour être agréable à Dieu, l’évidence qu’on est rempli de son Esprit, — preuve évidemment beaucoup plus convaincante que la possession des “ dons ”. Et bien plus grands et de beaucoup plus précieux sont, dès lors, ce que le Saint-Esprit développe en nous comme fruits de l’Esprit, savoir : la joie, la paix, la foi, l’amour, etc…
Notre mission est de prêcher l’Evangile aux humbles, non aux entêtés et aux indignes, de consoler les cœurs brisés, non de chercher à briser les cœurs de pierre. Le Seigneur a un plan à Lui pour atteindre les cœurs endurcis, durant le temps de détresse, et durant tout l’âge millénaire au cours duquel la force nécessaire sera employée pour réprimer le mal et ouvrir les yeux et les oreilles de leur entendement. Pour le moment, notre mission est d’aller vers ceux qui ont des oreilles pour entendre, ceux qui ont le cœur préparé pour apprécier la beauté, la grandeur, la puissance, la sagesse de l’oeuvre de Dieu et laissons les sages dormir tranquillement dans leur aveuglement, jusqu’à ce que le Seigneur, au propre temps disperse le voile de l’obscurité, les ténèbres épaisses que Satan a répandues sur le monde. Dieu a toléré jusqu’à maintenant l’ignorance, l’aveuglement, la superstition, mais le jour approche où il se révélera à toute chair et tout œil le “ verra ”. Pour le moment, rappelons-nous que le message de l’Evangile a pour but le rassemblement du peuple particulier de Dieu, le petit troupeau, et pour le monde, l’Evangile n’est aujourd’hui qu’un “témoignage”.
W.T. 2819-1901, Straz 5-1961.