1 Corinthiens 13 : 13
« Désirez avec ardeur (Non pour votre propre gloire, mais pour l’édification du corps de Christ (Z. 02.219)) les dons de grâce plus grands (Surtout le don de prophétie, c’est-à-dire le don d’exposer la Vérité en public (E. 180)), et je vous montre encore un chemin bien plus excellent (Pour atteindre à une haute position aux yeux du Seigneur (F. 238)…. Quelque chose de mieux encore que ces dons spirituels (Z. 03.55). » – 1 Corinthiens 12 : 31.
L’apôtre Jacques a déclaré que « toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation » (Jacques 1 : 17). Il s’ensuit que tout don de Dieu est une bénédiction.
Même de ceux que Dieu frappera de la sentence de la seconde mort, on ne saurait dire qu’ils reçoivent rien de réellement préjudiciable à leur intérêt bien compris.
En réfléchissant à ces différents dons de Dieu, l’apôtre Paul en énumère quelques-uns parmi ceux qui furent donnés à l’Eglise, au commencement de l’âge de l’Evangile. On lit dans les psaumes : “ Tu as reçu des dons pour les hommes ; et même pour les rebelles, afin que le Seigneur Dieu puisse demeurer parmi eux ” (PS. 68 :18 Version anglaise) [“ thou hast received gifts for men : yea, for thé rebellious aiso, that thé Lord God might diwell among them ”]. Certains de ces dons furent départis aux hommes qui étaient les disciples du Seigneur Jésus. Après son ascension, tous ses disciples devaient attendre, chacun individuellement, qu’il leur eût envoyé, de la part du Père, la puissance et la bénédiction du Saint-Esprit qui devait venir sur tout croyant sincère et dont la manifestation serait accompagnée de dons, — dons extérieurs et visibles, d’utilité pratique et pour l’usage du service. Dans notre contexte, l’Apôtre cite quelques-uns de ces dons : apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs, pasteurs ; d’autres reçurent le don des langues, le don des guérisons, le pouvoir d’accomplir des miracles, de chasser Satan, d’interpréter les langues, de discerner les esprits. Certains eurent tel don, certains tel autre ; il y en eut qui en reçurent plusieurs ; saint Paul avait des dons variés, et il pariait, dit-il, plus de langues qu’eux tous (1 Cor. 14:18). Il semble que l’église primitive faisait grand cas du don des langues. On y “ désirait ardemment ” obtenir de Dieu ce don particulier.
Mais l’Apôtre leur déclare que Dieu a des bénédictions bien plus précieuses encore que cette bénédiction de parler en langues, qu’ils désiraient tant posséder. Ils avaient à choisir entre les différents dons, et à rechercher, à préférer le meilleur ; à faire, somme toute, un travail cérébral pour discerner lequel de ces dons était supérieur. Il assure qu’il dirait plus volontiers cinq mots dans une langue connue qu’il n’en prononcerait dix mille dans une langue inconnue que personne ne serait capable d’interpréter. Il leur recommande de prier pour avoir le don d’interpréter, en spécifiant qu’ils ne doivent pas borner leur désir à parler en langues inconnues, mais qu’ils doivent désirer aussi pouvoir en donner l’interprétation, le sens propre, afin d’être compris. Dans sa première lettre à l’assemblée de Corinthe (chap. 12 et 14), il fait entendre que ces langues et ces dons divers étaient destinés à être mis au service de l’assemblée, pour le profit de tous.
Dans quelle intention ces dons furent-ils accordés ?
Le don des langues fut accordé à cette époque pour suppléer à ce qui manquait sous d’autres rapports. L’église primitive n’avait pas de Bible. Chassés des synagogues, ses membres n’avaient
plus accès à l’Ancien Testament et le Nouveau Testament n’était pas encore écrit. A défaut de ces dons, le peuple de Dieu aurait donc été dépourvu de moyens d’enseignement. Personne n’était qualifié pour instruire les frères. La puissance de Dieu seul pouvait leur donner le talent d’enseigner. C’est pourquoi l’apôtre Paul les exhortait à ne pas abandonner leurs assemblées. A mesure qu’ils voyaient s’approcher le grand jour de Christ, ils devaient ressentir un plus vif désir de se réunir pour discuter ces choses du plan de Dieu.
Quand ils étaient assemblés, il y avait grand avantage à ce que l’un d’entre eux se levât pour parler. Et ils pouvaient, suivant le cas, désirer ou prier que Dieu leur envoyât une interprétation. C’est par ce procédé que l’église était rassemblée et maintenue dans l’union. On ne savait pas quel était le message qui allait venir par ce procédé du Seigneur.
Il n’est pas à supposer que Dieu ait voulu traiter ainsi des points de doctrine profonds. Nous comprenons plutôt qu’il donna de cette manière à son peuple, un peu du lait de la Parole, en attendant que le Nouveau Testament eût été préparé, écrit et rassemblé sous une forme pratique. L’apôtre Paul était le mieux doué sous le rapport de ces dons faits à l’Eglise.
Le don des langues, cependant, était surpassé par des dons plus excellents, des privilèges supérieurs. D’abord saint Paul aimerait mieux les voir parler en public, ou interpréter une langue inconnue. Ce serait l’indication d’un contact plus personnel avec le Seigneur. Aussi devaient-ils rechercher tel don de préférence à tel autre de moindre importance.
Puis l’Apôtre poursuit : “ Je vais vous montrer encore un chemin bien plus excellent”, quelque chose QUI valait mieux encore que ces dons spéciaux dont il venait de traiter — qui valait mieux que parler en langues ; mieux que faire des miracles ; mieux qu’interpréter. Il montre que ces choses passeront et ne seront pas toujours nécessaires à l’église : mais il va maintenant leur parler de choses qui ne passeront jamais. C’est pourquoi ils doivent discerner et rechercher plus spécialement quel est le meilleur des dons. Il faut non seulement faire un choix parmi ces dons pour adopter le meilleur, mais il leur faut voir, au-delà de ces dons, comment développer l’état de leur cœur, pour être particulièrement agréables au Seigneur, et parvenir à une plus intime communion avec Lui.
Ce don-là, explique-t-il, c’est l’amour. Ils peuvent avoir le don de prophétie, le don des miracles, le don de guérison, de parler en langues, d’interpréter et, néanmoins, d’être privés de la plus haute bénédiction du Seigneur, s’ils ne font pas pénétrer dans leurs vies cette chose par excellence qu’est l’Amour. Si habiles qu’ils fussent à parler en langues ou à les interpréter, ou à faire des miracles, etc… il était beaucoup plus important pour eux de posséder l’amour. Alors, il énumère les diverses qualités de l’amour : la douceur, la patience, la bonté pour les frères, etc… La somme de toutes ces qualités est l’amour. C’est l’amour pour les frères, l’amour pour les amis, l’amour pour les voisins, l’amour pour nos ennemis, qui voudrait leur faire du bien et ne désire nullement les voir souffrir du mal. C’est donc là la chose la plus excellente.
Les éléments constitutifs de l’amour sont des qualités qui, en se développant, peuvent, à bon droit, être considérées comme des fruits de l’amour ; mais on peut les appeler aussi des dons.
On dit bien que le pommier nous donne des pommes ; le pêcher donne des pêches ; le poirier donne des poires. Puisqu’il s’agit ici du développement des qualités de l’Esprit, on les appelle fruits de l’Esprit : — fruits plus excellents et bien plus désirables que les dons purement mécaniques, départis au début de l’âge de l’Evangile à tout le peuple de Dieu, à cause de ses besoins spéciaux, mais qui disparurent en ‘grande partie peu après la mort des Apôtres.
L’Amour sous ses différentes formes
La question qui se pose ici tout naturellement est celle-ci : qu’est-ce que l’amour ?
La Bible répond : “ ‘Dieu est amour ”. De même qu’il est impossible de dépeindre Dieu dans sa grandeur, de même, il paraît impossible de décrire tout ce que devrait contenir le mot amour. L’amour est ce qu’il y a de plus puissant au monde ; c’est pourquoi aussi l’amour représente Dieu de la manière la plus approchée, parce qu’il est l’Etre Suprême, le Tout-Puissant. Dieu, pourrait-on dire, n’est pas ceci, ni cela, ni telle autre chose ; il en est de même de l’amour ; nous pourrions le décrire en disant ce qu’il n’est pas. Rien ne peut être juste de ce qui n’est pas en harmonie avec l’amour, comme rien ne peut être droit, de ce qui n’est pas en harmonie avec Dieu. En parlant de l’amour, l’Apôtre dit : qu’il ne pense pas, n’impute pas le mal, qu’il ne se vante pas, qu’il n’a pas la tendance à s’enfler d’orgueil, qu’il ne s’irrite pas facilement, qu’il ne se réjouit pas de l’injustice, etc. (1 Cor. 13:4-6).
Il est bon de rappeler, bien entendu, que notre mot amour s’emploie pour exprimer des sentiments variés ; par exemple, l’amour d’une poule pour ses poussins, ses soins pour eux ; l’amour d’un père et d’une mère pour leurs enfants et les soins qu’ils en prennent. Dans le mot amour, par conséquent, on comprend cette sollicitude pour tous ceux qui font l’objet de nos soins. Dieu possède cette qualité de sympathie qui fait qu’il veille, dans l’univers entier, sur toutes les créatures sensibles, sur tout ce qui a vie. C’est l’Amour qui le pousse à veiller sur tous.
Dans l’amour humain, l’amour naturel, on rencontre la sympathie, une qualité dont les effets sont quelquefois irrésistibles. Cependant il y a un sentiment plus élevé que l’amour de pure sympathie : il y a l’estime, l’appréciation d’une qualité méritant l’admiration. On dit qu’on aime certains traits de caractère d’une personne.
Enfin, il existe un sentiment supérieur à ceux de simple sympathie et d’estime, c’est l’affection. L’affection est un intérêt réel et profond pour tout ce qui concerne celui que nous aimons ; un sentiment ardent que rien ne peut arrêter, même quand il s’agit d’un amour terrestre. La seule chose qui peut lui être supérieure, c’est notre amour pour le Tout Puissant. Cet amour devrait dominer dans notre cœur comme supérieur à l’affection.
En dernier lieu, vient l’amour spirituel pour le peuple du Seigneur, — amour qui s’efforce d’écarter toutes préférences charnelles, pour vivre simplement en tant que nouvelle créature, et veiller au bien de la nouvelle créature. Ce faisant, nous nous intéressons plus étroitement aux choses de Dieu et nous entrons en plus d’intimité avec tous ceux qui sont associés avec nous dans l’œuvre de cet âge de l’Évangile. C’est la forme la plus élevée de l’amour sur quelque degré de l’existence qu’on l’envisage, – notamment sur celui où nous sommes arrivés. Dieu est amour. Plus nous croissons dans cet amour véritable, spirituel, plus nous sommes en conformité de caractère avec notre Père, dont il est écrit : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » – Matthieu 5 : 48.
Cet amour ne se borne pas à ceux qui en font cas, mais il s’étend aussi à ceux qui n’en ont cure, parce qu’il sait que quelque chose les empêche d’attacher du prix à un tel amour. L’amour ainsi développé est un des traits de notre conformité de caractère avec Dieu, celui dont il faut faire le plus de cas, celui sans lequel tout le reste dans la vie est inutile. Manquer d’amour, c’est manquer de conformité de caractère avec Dieu. Et l’Apôtre poursuit ainsi en énumérant les caractéristiques de cet amour : la douceur, la bienveillance, la patience, l’affection fraternelle, l’amour (qui nous rend conformes à Dieu). Tout cela en fait partie, constitue autant de courants d’amour jaillissant de la Source inépuisable. Ce sont des traits de caractère qui procèdent tous de l’amour, et dont la force est en proportion de la force de notre amour.
La base de l’Amour est la Justice
Voyons maintenant de quelle manière l’amour accomplit la loi divine. Il n’est pas besoin de loi divine pour fixer une limite aux bonnes actions. Point n’est besoin d’une loi pour dire : “ Tu ne feras rien de trop pour ton frère ” ou : “ tu ne lui donneras pas trop d’argent ”. Aucune loi n’est nécessaire. Mais la loi divine intervient pour dire : “ Tu ne descendras pas au-dessous d’une certaine mesure”. Ainsi la loi réclame simplement justice.
L’apôtre Paul fait remarquer que, puisque la loi réclame justice, nous ne serons pas meurtriers de notre prochain ni en action, ni en paroles. Il faut être strictement juste en tout ce qui touche à notre prochain. Toute pensée de notre esprit doit être juste, absolument juste. C’est la règle de la loi divine. Nous violons la loi dès que nous donnons à quiconque moins que son juste droit. C’est pourquoi, la loi donnée aux Juifs, indiquaient ce qu’ils ne devaient pas faire : “ Tu ne porteras pas de faux témoignage”, “Tu ne déroberas pas”, etc… Elle leur parlait simplement des choses qu’ils ne devaient pas faire. Quiconque aime son frère ne peut vouloir lui voler ni ses biens, ni sa réputation. Donc, l’amour accomplit tout ce que la loi peut exiger.
L’amour n’est pas borné dans ses moyens : ainsi, par exemple, l’amour de Dieu put s’exercer envers l’humanité après qu’il eût prononcé la sentence de mort. Cette sentence de mort doit s’exécuter, cependant :
“ C’est l’Amour qui trouva la voie
“ Pour sauver le rebelle humain ;
“ Ce sont les grâces qu’il déploie
“ Qui tracèrent le plan divin ”.
L’Amour a trouvé le moyen de satisfaire la loi en ce qui concernait Adam, en sorte que celui-ci pût être libéré de la sentence de la loi. La Justice ne pouvait pas en faire une obligation au Verbe (Logos) ; aussi Dieu ne pouvait-il commander.
Tout ce qu’il pouvait faire était de mettre Jésus en présence d’un but à atteindre, d’un stimulant digne de son caractère parfait. Dieu plaça devant Lui la joie d’être le Sauveur des hommes (Héb. 12 : 3), outre la joie de l’élévation insigne dont il serait l’objet dans l’amour et la faveur de Dieu, et les glorieux privilèges du royaume. Ainsi l’amour pouvait employer des moyens de persuasion.
Notre amour doit aussi être juste. Nous n’avons pas le droit de prendre ce qui appartient à quelqu’un pour le donner à un autre. La sympathie peut y trouver son compte, mais l’amour ne peut agir en violation de la Justice. On voit dès lors l’avantage qu’ont les chrétiens à étudier la Parole de Dieu. La Bible nous donne la conception exacte de ce qu’est la justice. Elle nous donne l’équilibre d’un esprit pondéré. Le Père céleste a de la sympathie et de l’amour, mais il exerce ces qualités selon les principes de la justice. Il ne nous est pas imposé de limites en ce qui concerne la justice.
Ce n’est pas notre loi qui a condamné notre frère, mais la loi de la justice de Dieu. Ainsi nous sommes libres de faire par amour plus que n’exigerait la stricte justice.
Jésus a cité comme exemple le cas d’un débiteur qui devait une grosse somme d’argent à son maître et à qui il fut fait remise de sa dette, quand il se trouva dans l’impossibilité de payer (Matth. 18:23-35). Cet homme s’en fut alors trouver un autre qui lui devait quelques sous, et comme celui-ci ne pouvait s’acquitter sur l’heure, il le fit jeter en prison.
Nous ne pouvons pas nous faire justice nous-mêmes d’une manière parfaite, et nous ne pouvons pas légitimement l’exiger des autres. Dieu qui est parfait et juste a le droit d’exiger la justice.
“ L’Amour… n’impute pas le mal ” (1 Cor. 13:5)
L’amour, avons-nous vu, est cette ‘grande et magnifique qualité qui, plus parfaitement qu’aucune autre, représente notre Père céleste. L’amour renferme bien des choses — non pas simplement la générosité et l’affection. Il semble synthétiser toutes les bonnes qualités, tout ce qui est susceptible d’être apprécié en dehors de la justice.
De ce que l’Apôtre déclare que l’amour n’impute pas le mal, il ne faut pas conclure que l’amour est aveugle à l’égard du mal, ou que ceux qui ont l’esprit d’amour ne voient pas le mal. Non, l’amour subit des blessures quotidiennes au contact des influences du mal, et l’amour ne peut s’empêcher de constater que c’est le mal qui lui cause ces blessures. Ce n’est donc pas que l’amour doive être aveugle et dire que le mal n’existe pas, qu’il n’y a ni péché, ni égoïsme, ni bassesse. Tout cela existe, et l’amour est continuellement aux prises avec tous ces peu aimables défauts.
Oui, l’amour sait que le mal existe, et les paroles de l’Apôtre ne disent pas le contraire. L’imperfection de certaines traductions a pu causer des difficultés apparentes. Admettons que la pensée de l’Apôtre soit celle-ci : “ L’amour ne suppose pas, ne soupçonne pas le mal. Qu’est-ce que soupçonner le mal ? Nous répondrons qu’il y a divers moyens d’arriver à des conclusions. Nous voyons certaines choses. D’autres viendront à notre connaissance par des voies différentes, soit directement, soit indirectement. Que l’amour ait connaissance du mal ce n’est pas une mauvaise chose, mais soupçonner le mal, le supposer, quand nous n’en avons pas connaissance, voilà ce qui est mauvais. L’amour ne soupçonne pas le mal.
Si nous avons vu commettre une mauvaise action, ou si nous avons appris qu’une mauvaise action a été commise, et que nous ayons à la juger, l’amour ne nous empêcherait pas de punir le coupable. Supposons qu’il s’agisse d’un simple ouï-dire et d’un bruit mal fondé ; dans ce cas l’amour serait prompt à dire : “ Je ne sais pas ce qu’il en est ”. Il faudrait une preuve. L’amour est disposé à voir le bien en toute circonstance, en toute situation. Si nous avons su qu’un meurtre a été commis, nous n’avons pas le droit d’en soupçonner l’auteur. Notre pensée peut aller à des probabilités, pouvant servir de base à une enquête. La pensée ira naturellement à ceux qui avaient moins d’amour, mais nous ne déciderons pas précipitamment que le meurtrier est un tel, ou une telle, simplement parce qu’ils ont un caractère désagréable ou peu aimable. Il faut que le doute soit en leur faveur. Et c’est un devoir de s’informer avec soin.
Des injustices graves ont été commises, semble-t-il, parce qu’on a supposé ou soupçonné le mal. On a soupçonné des gens sans l’ombre d’une preuve. Notre rôle n’est pas de dire que certains sont totalement dépravés. Très peu de gens sont complètement dépravés. Quiconque soupçonne le mal, même légèrement, montre qu’il y a des lâches dans la qualité de son amour. Quiconque soupçonne beaucoup de mal montre qu’il n’a qu’un très faible degré d’amour. Le soupçon du mal a été une cause d’affliction pour des gens sans nombre. Le soupçon du mal chez les autres a fait plus souffrir le monde que toutes les guerres.
Ceux qui appartiennent au Seigneur sont à l’école même de Dieu, ce qui leur apprend à être de plus en’ plus maîtres de leurs pensées, de leurs paroles et de leurs actions. Nos pensées doivent être bonnes, généreuses, justes ! Ne laissons pas notre esprit nourrir de mauvais soupçons contre notre prochain. Le droit naturel défend qu’aucun jugement humain soit prononcé sans preuves à l’appui. Les gens qui ont fait le plus de mal et créé le plus d’embarras sont ceux qui ont soupçonné le mal chez autrui. Il vaut mieux cependant pour nous que nous apprenions cette leçon à l’école de la Parole du Seigneur : heureux serons-nous, si nous comprenons les suites dégradantes de la médisance et des mauvaises pensées, et si nous nous en détournons entièrement.
Aimez vos ennemis (Matthieu. 5 : 44 ; Luc 6 : 27, 35)
Ce précepte : aimez vos ennemis, a évidemment pour base nécessaire, – pour point de départ –, une discipline du caractère. L’idée de représailles est tellement naturelle à l’esprit, – surtout à l’esprit déchu, à l’esprit charnel ! Plus nous sommes personnels, plus nous inclinons à rendre le mal pour le mal, à médire de qui médit, à donner coup pour coup.
Notre Seigneur a enseigné tout le contraire de cette tendance. Nous devons aimer même nos ennemis, leur faire du bien en retour de leur haine, compatir à leur état d’esprit et invoquer les bénédictions du Seigneur sur eux, alors qu’ils nourrissent à notre égard des sentiments tout à fait opposés, comme l’indiquent les persécutions qu’ils nous font subir. Le Seigneur dit que nous devons agir ainsi, “en sorte que nous soyons les fils de notre Père oui est dans les cieux ”. Nous avons été engendrés du Saint-Esprit et en agissant dans ce sens, nous devenons de plus en plus semblables à Lui en caractère.
Il est possible qu’au début de nos expériences nous ne voyions pas la nécessité d’agir ainsi. C’est par la pratique que nous développerons notre caractère dans ce sens. Mais, dira-t-on, Dieu ne punira-t-il pas ses ennemis ? Sûrement : “ Dieu détruira tous les méchants” (PS. 145: 20). Dieu ne punit-il pas les pécheurs ? Oui, tous ceux qui pèchent souffriront. — Alors pourquoi ne suivrions-nous pas la même règle ? — Parce que nous ne sommes pas encore qualifiés pour le faire. — Quand le temps propre sera venu, l’Eglise sera chargée de juger l’humanité, mais ses membres ne seront préparés à cette tâche, que lorsqu’ils auront d’abord appris ce que signifie l’amour. Nous serions trop sévères et ne nous sentirions pas disposés à faire aux hommes tout le bien que Dieu voudrait que nous leur fassions.
Dieu exige-t-il que nous aimions ceux qu’il n’aime pas ? Certes non ! “ Dieu a tant aimé le monde ” quand les hommes étaient encore pécheurs ! Alors Dieu n’a-t-il pas d’amour pour l’humanité ? Si ; il en a pour tous les humains. Il aura soin à ce que toute bonne action ait une juste récompense. Et il fera des concessions raisonnables à tous ceux dont II aura à s’occuper. Son amour est à larges vues et compatit à nos faiblesses et II en tiendra compte selon ce qu’il jugera le mieux pour eux.
Quand nous exerçons cet amour vis-à-vis de nos ennemis, nous développons notre caractère par un de ses côtés les plus faibles. Si nous arrivons à donner à ce côté de notre caractère la pondération nécessaire, il en résultera un meilleur équilibre également pour l’autre côté de notre caractère. Par nature, nous désirons voir toute mauvaise action punie, et toute bonne action récompensée. La justice, pour parler en d’autres termes, nous est moins étrangère dans notre état d’imperfection, que l’amour. C’est pourquoi si nous voulons être employés au service de Dieu, nous devons cultiver cette qualité de l’amour. Nous comprenons pourquoi Dieu compatit aux faiblesses de l’humanité. Pour tous les méchants, il est “ un feu dévorant ”, c’est-à-dire qu’il est si opposé à toute chose impure qu’il la détruira tôt ou tard.
C’est parce que le Seigneur voit dans notre famille ‘humaine — dans la race humaine —, certains traits du caractère divin, qu’il porte tant d’intérêt aux hommes, nous pouvons en être sûrs. Si Dieu, des hauteurs où il voit les choses, s’était aperçu que les hommes n’étaient que mauvais, désespérément mauvais, nous pouvons être assurés qu’il n’aurait pas pris les dispositions qu’il a prises, en vue du rétablissement de toutes choses durant l’âge millénaire. C’est parce que Dieu voit que quelques-uns, dans la famille humaine, aimeraient mieux être bons que méchants, qu’il prend toute cette peine de les racheter, et qu’il montre tant de patience, pour leur donner une vie durable. En attendant, II les fait passer par les expériences de la vie présente, qui leur seront profitables durant toute l’éternité.
Attitude à observer vis-à-vis de nos ennemis
On n’imagine pas Dieu ayant de l’amour pour Satan, et pourtant, à l’origine. II l’aima. Mais comme Satan est maintenant radicalement mauvais et foncièrement méchant de caractère, il serait déplacé de la part de Dieu de l’aimer, et nous-mêmes nous serions dans notre tort de l’aimer.
‘Même les choses du monde ne peuvent mériter notre amour. Nous ne pouvons servir Dieu et Mammon. Nul ne peut servir Dieu et Mammon, parce qu’ils sont opposés.
Quant à Satan, il ne nous appartient pas de médire de lui, ni d’exprimer des sentiments de haine à son égard. Il est ennemi de Dieu, et Dieu saura intervenir en ce qui le concerne bien mieux que nous. Ainsi nous n’avons pas à juger Satan ni à le censurer. Nous lisons que l’archange Michel lui-même ne voulut pas porter contre lui un jugement injurieux, mais se borna à dire: “Que le Seigneur te censure ! ” (Jude 9).
Nous devons faire tout le bien qui est en notre pouvoir et être aussi secourables que possible. Nous n’avons pas la compétence nécessaire pour juger, pour décréter. Notre devoir, par conséquent, est d’être entièrement soumis. Au temps marqué, le Seigneur ne manquera pas de manifester ses principes de justice en contraste avec les principes de l’erreur. Au temps marqué, II rendra son juste verdict par le moyen du canal qu’il a choisi.
Quant à ceux qui, par ignorance, semblent être des adversaires de l’église au temps présent, nous devons avoir pour eux, non pas un amour de frère, mais l’amour compatissant. Dieu refuse d’accepter aucun d’eux comme ses enfants. Il exerce simplement à leur égard un amour de compassion. II ne désire pas leur faire de mal. Au contraire, II se dispose à les secourir. Bientôt II mettra à leur disposition tout ce qui servira à les faire sortir de leur état de péché. Nous inclinons à admettre que si les membres de la famille humaine sont ce qu’ils sont, c’est plutôt par suite de la chute originelle, que par amour volontaire du péché. Prendre une autre position serait nous ériger en juges et nous ne sommes pas autorisés à juger maintenant.
Partant de ce point de vue, nous nous apercevrons que, parmi notre race, les uns sont tombés davantage dans une direction, les autres davantage dans d’autres et que “ tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu”, le glorieux idéal que Dieu a établi. Nous-mêmes, nous avons besoin de la compassion divine, et nous devrions être heureux d’user de compassion envers les autres.
(W.T. V juillet 1913. B.N. 25-9-23).