« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Matthieu 11 : 3.
Jean-Baptiste était un brave, zélé et fidèle serviteur de Dieu. Il ne considérait aucune privation ou souffrance comme trop grande si par cela il pouvait servir et honorer Dieu. Et les expériences de Jean furent fortement semblables à celles de beaucoup d’enfants de Dieu.
Quand, au début, plein de zèle et d’enthousiasme il commença sa mission, il espérait fortement sans doute obtenir un grand succès — non pas un succès tel qu’on le mesure aujourd’hui par la popularité et la célébrité qui s’acquièrent grâce à l’art oratoire ou à un grand salaire, car Jean se contentait de vivre de sauterelles et de miel sauvage, et il ne portait pas de vêtements soyeux. Non, son grand désir était d’amener les hommes à la repentance du péché afin qu’ils fussent prêts à reconnaître et à recevoir le Messie promis duquel il était l’avant-coureur. Savoir qu’il était choisi par Dieu peur présenter maintenant au monde le Messie, le grand Libérateur promis dès la transgression en Eden et attendu pendant quatre milliers d’années, dut le remplir de l’enthousiasme et du zèle les plus profonds.
Pendant un certain temps Jean rencontra un grand succès, et une grande multitude de gens se repentirent du péché et furent baptisés. Après six mois d’un tel déploiement d’activité, il fut permis à Jean d’attirer l’attention de ses disciples sur l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Mais cet Agneau n’était autre que Jésus de Nazareth, le cousin de Jean. Alors beaucoup se mirent à dire :« N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph le charpentier, dont nous connaissons le père et la mère?» D’autres disaient : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » L’attente des Juifs fut vraiment grandement trompée.
Jean ne fut plus si populaire après cela; son influence commença à décroître et sa conduite courageuse et fidèle occasionna bientôt son emprisonnement. Ce fut une sévère épreuve de foi. Très probablement Jean, comme d’autres Juifs, n’arriva pas à comprendre le but de la première venue de Christ et commença à considérer combien il paraissait étrange que son propre cousin, de naissance humble et dépourvu d’honneur mondain, devait être annoncé comme le Messie sur lequel l’espérance du monde devait se concentrer.
Dans son découragement et dans sa solitude, Jean vit sa foi commencer à chanceler — n’avait-il pas en fait été trompé dans cette affaire ? Plutôt que d’être dans cette prison et de subir cet opprobre parmi les hommes, n’aurait-il pas pu jouir des commodités de la vie et des honneurs du monde ? Dans son enthousiasme, aurait-il commis une grande erreur ?
Ainsi tenaillé de doutes. Jean envoya deux de ses disciples vers Jésus et les chargea de dire :«Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
A ce moment-là Jésus était en train de prêcher publiquement et d’appeler l’attention sur le fait que d’après les prophètes le temps était accompli et le Royaume de Dieu était proche. (Marc 1 :14. 15). Mais en réponse à la question de Jean, Jésus ne dit pas : « Allez dire à Jean que nous vivons maintenant dans le commencement de la 70ème semaine de la prophétie de Daniel» (Daniel 9 : 24-27), quoique cela fût vrai : il ne lui fournit pas non plus toutes les autres preuves prophétiques qui indiquaient que ce serait Lui qui accomplirait cette prophétie. Mais Jésus dit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’Evangi1e est annoncé aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » (Matthieu 11:4-6).
Notez que les choses que l’on pouvait clairement voir et entendre étaient une preuve suffisante que Jésus était vraiment le Christ. Quand Dieu veut nous faire connaître quelque grande vérité. Il ne se limite pas à une méthode quelconque pour la prouver, mais Il donne des preuves de différentes façons.
C’est justement ainsi que le grand fait de la seconde présence de notre Seigneur est maintenant révélé. A ces saints qui comme Jean jadis demandent actuellement : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? », notre Seigneur répond en disant : « Allez leur rapporter ce que vous voyez et entendez. Et heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute. »
A la première venue du Seigneur, non seulement le peuple entendit la proclamation « le temps est accompli », mais il put voir l’accomplissement effectif de ces prophéties concernant Christ. Lesquelles en ce temps-là étaient échues. Faisant allusion à Christ, le Prophète avait dît : « L’esprit du Seigneur, de l’Eternel, est sur moi : car l’Eternel m’a oint pour porter la bonne nouvelle aux humbles. Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux captifs la liberté, et aux prisonniers l’ouverture de leurs prisons; pour proclamer, de la part de l’Eternel, une année de grâce» (Esaïe 61 : 1,2).
C’était sur l’accomplissement de cette prophétie concernant sa mission que Jésus appela l’attention de Jean. Il ne pouvait pas dire en ce temps-là : « Aujourd’hui toute prophétie me concernant est accomplie » ; mais Il pouvait appeler l’attention — c’est d’ailleurs ce qu’Il fit — sur certains traits marqués de prophétie accomplis en ce temps-là et qui fournissaient la preuve suffisante qu’Il était vraiment le Messie. Sa prédication, par exemple, était faite en particulier aux humbles et aux pauvres. Contrairement aux prétendus instructeurs de ce jour-là. Il ne rechercha pas la faveur et les compliments des riches et ne témoigna pas de l’indifférence pour les pauvres; mais Il fit l’inverse. Aux pauvres étaient prêchées les bonnes nouvelles, et si les riches désiraient les écouter ils avaient le privilège de venir les entendre dans les mêmes conditions et sur un pied d’égalité, ce qui leur aurait valu certainement la réprobation de leurs amis également riches et du sentiment religieux populaire.
Jésus commença également à annoncer la liberté aux captifs de la mort, à enseigner qu’un temps viendrait où la mort n’existerait plus et à illustrer sa capacité de libérer tous les humains en en délivrant quelques-uns des liens de la mort « Jésus fit ce commencement de miracles.., et il manifesta [déjà] sa gloire. » (Jean 2 : 11). Allez rapporter de nouveau ces choses à Jean, dit Jésus. Jean les connaissait, mais il avait besoin qu’elles lui fussent rappelées de nouveau. Cela n’était qu’une petite partie de la longue suite de signes prophétiques évidents manifestés à l’Eglise depuis lors, mais c’était un signe évident suffisant pour fortifier la foi et pour empêcher qu’elle ne vacille.
Il en est de même aujourd’hui. Tandis que les choses qui ont été prophétisées concernant la seconde venue de Christ ne doivent pas toutes transpirer maintenant, cependant, nous voyons que se produit actuellement sous nos yeux ce qui devait avoir lieu au commencement de son jour. Aujourd’hui, comme au temps du premier avènement, La Sion nominale est orgueilleuse, populaire et corrompue, et c’est seulement ceux qui sont arrivés à s’en rendre compte — ceux qui pleurent dans Sion — qui sont réconfortés par les bonnes nouvelles apportées maintenant par le grand Chef de l’Eglise, dont la présence promise devait apporter une nouvelle lumière. Maintenant, comme alors, ce sont les pauvres — les débonnaires, qui Le reçoivent avec joie et auxquels est dirigée Son attention particulière; ceux-ci reçoivent la beauté et la gloire extrêmes du plan de Dieu en voie de développement, à la place des cendres des vieilles traditions humaines, l’huile de joie au lieu du deuil et le vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu.
La prophétie d’Esaïe 61 : 1-3 ne devait avoir qu’un accomplissement partiel au premier avènement de notre Seigneur; son complet accomplissement doit avoir lieu à cette époque-ci, dans le jour du Seigneur. Mais nous ne devrions pas nous attendre à un accomplissement total à la première lueur de ce jour. Le temps de l’ouverture des portes de la prison de la mort à ceux qui s’y trouvent n’est pas encore arrivé, mais il suivra selon l’ordre établi. Le « jour de vengeance » prédit est maintenant parvenu à son temps d’accomplissement, et tout étudiant des signes des temps est capable de reconnaître les nuages – orageux qui s’accumulent. Jésus a dit en effet : « Vous savez bien discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps ! » (Matthieu 16 : 3).
Très probablement, le motif principal des doutes de Jean fut le désappointement qu’il éprouva en tant que Juif dans son attente quant à la manière de la venue de Christ, et cela, nous le voyons, est une cause d’achoppement pour beaucoup aujourd’hui. N’oublions jamais les paroles de Jésus « Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l’attention; et on ne dira pas : voici, il est ici; où, voilà, il est là. Car voici, le Royaume de Dieu est au milieu de vous. » — invisible à l’œil naturel, et au commencement caché au monde. (Luc 17 : 20, 21 Darby.)
«Alors, si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas… Si donc on vous dit : Voici, il est au désert, ne sortez pas; voici, il est dans les chambres intérieures, ne le croyez pas. Car comme l’éclair sort de l’orient et apparaît jusqu’à l’occident, ainsi sera la présence du Fils de l’homme. » (Matt. 24 : 23, 26, 27.) La preuve que le Royaume est venu est l’accomplissement de la dernière partie de cette prophétie d’Esaïe dont la précédente partie avait été donnée par Jésus comme preuve de la première présence (Luc 3 :18-20.) Le Jour de vengeance sur toute forme de mal, d’oppression et de péché est arrivé, et les preuves en sont de plus en plus nombreuses. Nous reconnaissons Sa présence par ces preuves mêmes — les éclairs de vérité. Et où se trouve la vérité — la nourriture — là les saints affamés, au regard d’aigle, qui voient loin se rassemblent, se nourrissent et sont éclairés. (Matt. 24: 28.) Oui, nous voyons les éclairs de lumière qui accompagnent et attestent la présence de notre Maître, et nous sommes richement nourris à Sa table (Luc 12 : 3’?) mais si Christ a été vu et connu dans la chair, nous ne comptons plus Le voir de cette manière, (2 Cor 5: 16), mais nous Le verrons tel qu’Il est quand nous serons faits semblables à Lui.
W.T. 629 — 1884.