LA PRIERE : CE QUE L‘ON PEUT DEMANDER ET CE QUE L’ON NE DOIT PAS DEMANDER

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Jésus leur adressa une parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne point se relâcher. “ “ Priez sans cesse. »

Luc 18:1;1 Thess. 5:17.

–        Nous voyons dans la première partie de notre texte. une le Seigneur se sert d’une parabole pour faire ressortir les enseignements qu’il donna à cette occasion. Une parabole est, en quelque sorte, un langage imagé servant à démontrer certaines vérités, elle n’est pas un exposé de faits, d’événements précis et déterminés. On voit, au contraire, que les para­boles se servent généralement de figures symboliques; elles ne sont pas un exposé de faits ou d’événements accomplis, nous dirons même que les choses dont parle la parabole ne sont jamais l’enseignement, le sujet que l’on se propose de faire comprendre. Le blé et l’ivraie dont Jésus nous parle ne sont pas du blé et de l’ivraie véritables, mais respectivement les enfants du Royaume et les enfants du malin. Dans la parabole de notre texte également, il s’agit d’un juge inique qui n’éprou­vait aucun sentiment de justice véritable: une pauvre veuve vint néanmoins à maintes reprises auprès de lui pour obtenir son appui: ce juge finit par lui accorder ce qu’elle demandait pour être débarrassé de ses importunités.

Notre Seigneur se servit de cette parabole pour nous montrer comment nous devons venir auprès du Père céleste; non pas que nous puissions assimiler le Père céleste à un juge inique et l’Eglise à une veuve: la para­bole enseigne simplement que l’insistance que nous mettons dans nos prières est finalement récompensée. Jésus voulait faire ressortir la persistance que mettait cette femme à se rendre auprès du juge: le Maître nous dit en définitive que, si un juge inique finit par accorder à cette pauvre veuve ce qu’elle demandait avec une telle insistance, notre Père céleste nous accordera avec une tout autre libéralité nos demandes. Quand ses enfants implorent jour et nuit, il exauce certainement leurs prières, celles tout au moins qui, aux yeux du Seigneur, peuvent être exaucées. Nous croyons, en effet, que tout ce que Dieu fait est juste, bon et convenable au but proposé, nous comprenons alors pourquoi Jésus dit que lorsque nous allons au Père céleste avec nos prières, nous devons nous assurer si ce que nous demandons lui est agréable. Les chrétiens véritables qui vivent prés de Dieu sont évidemment les mieux qualifiés pour lui adresser des prières qui lui soient agréables et qu’il puisse exaucer.

‘Demeurez en moi et je demeurerai en vous »

Jésus connaissait à fond tout ce que nous pouvons raisonnablement demander dans nos prières. Il dit lui-même : « Je sais que tu m’exauces toujours. ‘ Ses prières furent toujours exaucées parce qu’il demanda toujours des choses qui étaient conformes à la volonté de son Père. Pour que nos prières soient exaucées, deux condi­tions doivent être remplies nous devons avoir accepté en Jésus comme notre Sauveur, puis nous devons nous être consacrés à Dieu selon la voie qu’il nous a indiquée. Ces deux étapes doivent avoir été franchies pour que nous soyons véritablement en Christ. Lorsque le Père céleste nous a acceptés en Jésus-Christ, nous sommes devenus de nouvelles créatures en Lui. Toutes les pro­messes de Dieu sont destinées à la nouvelle créature. Ceux qui ne sont pas des nouvelles créatures, c’est à dire qui n’ont pas été engendrés du saint Esprit n’ont point de part à ces promesses: ils ne sont cependant pas sans espérance; car les plans de Dieu tels que nous les voyons renferment une grande espérance pour toute l’humanité. Dans cet « an de grâce » (pendant l’âge évangélique), nul ne peut présenter à Dieu des prières qui lui soient agréables, sinon en suivant le chemin que nous venons d’indiquer.

Il n’y a qu’une bergerie au temps présent: ceux-là seuls qui en font partie jouissent des faveurs de Dieu; seuls ils ont le droit de prier. Lorsqu’une pleine consé­cration a été faite, il reste encore à examiner si les consacrés demeurent en Christ ou bien s’ils s’éloignent de lui et perdent tout contact avec Lui. La parole de Dieu doit demeurer en nous, il ne s’agit pas simplement de lire sa Bible une fois au complet ou d’en lire un certain nombre de versets et de chapitres chaque jour, mais la Parole doit demeurer en nous; nous devons nous assimiler ses enseignements, ses préceptes et les mettre en pratique dans notre vie. C’est ainsi que nous pourrons voir ce que sont les intentions, la volonté de Dieu, ce qui lui est agréable, ce que nous devons lui demander, ce que nous ne devons pas lui demander pour nous conformer aux conditions qu’il nous impose. C’est ainsi que tous ceux qui demeurent en Christ et chez lesquels sa Parole demeure pourront demander ce qu’ils voudront; ils peuvent demander tout ce que la Parole de Dieu promet d’accorder, ce qui veut dire qu’ils peuvent demander tout ce qu’ils veulent, car la Parole demeure en eux dans toute sa richesse et, certes, il ne leur viendrait pas à l’esprit de demander quelque chose que cette Parole ne recommanderait pas.

Les bénédictions facilement obtenues ne sont pas appréciées à leur juste valeur

Notre texte enseigne qu’il faut prier sans cesse et ne pas se borner à le faire une fois et dire ensuite : J’ai prié Dieu à ce sujet, maintenant je n’ai plus à m’en occuper. Pourquoi donc devons-nous continuer à prier pour la même chose; puisque Dieu connaît tous nos besoins, pourquoi n’abandonnerions-nous pas tout entre

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ses mains? Les Ecritures semblent répondre à cette question en faisant voir la nécessité et l’utilité de demander instamment afin que nous sachions apprécier la valeur du don de Dieu lorsque enfin il exauce notre prière. Si nous obtenions certaines choses trop aisément et sans comprendre combien elles nous sont nécessaires, nous ne saurions pas, dans notre condition déchue, les estimer à leur juste valeur.

Il est certain que la plupart des humains reçoivent journellement de nombreuses bénédictions pour lesquelles ils ne témoignent aucune reconnaissance, ne les estimant pas à leur valeur. Dieu envoie le soleil et la pluie pour les méchants et pour les bons, nous dit Jésus, et il nous fait comprendre toute l’importance de ces bénédictions divines. Il y a bien peu de personnes qui apprécient la valeur des bénédictions de Dieu lorsqu’elles contemplent les rayons du soleil. La majorité des humains ne fait aucun cas de ces bénédictions usuelles dont on jouit sans avoir à les demander.

Le chrétien véritable, par contre, apprécie de plus en plus toutes ces bénédictions, il sait qu’elles viennent de Dieu; c’est grâce à sa compréhension spirituelle qu’il saisit toutes ces choses. C’est lorsqu’il comprend ainsi ce qui lui manque et ce que la Parole divine lui promet que le chrétien se rend compte du privilège qu’il possède de prier Dieu afin d’obtenir ce qui lui est nécessaire. Les dispositions spirituelles de son cœur lui permettent alors de recevoir les bénédictions de Dieu avec recon­naissance et de savoir les mettre à profit.

Que doivent donc demander les enfants de Dieu? Que nous disent les Ecritures à cet égard? Elles nous disent tout d’abord d’éviter complètement “les vaines redites » Le Seigneur nous dit en effet de les éviter, car ce sont les païens qui font ainsi; ils croient que leurs prières seront exaucées si elles sont répétées un grand nombre de fois. Les Chinois se servent de moulins à prières leur permettant de dire une centaine de prières à la minute; ils économisent ainsi leur temps, leur voix, etc. De telles prières ne sont naturellement que de vaines redites. Nous pensons que nombre de personnes dites chrétiennes se servent aussi de vaines répétitions dans leurs nombreuses prières qui, nous le craignons bien, ne sortent pas du cœur, mais sont répétées indéfiniment dans la croyance illusoire que cette opération-là est un devoir ou une obligation.

Nous prions pour la nouvelle créature et non pour le vieil homme

Si notre cœur est vraiment dans de bonnes disposi­tions, nous éprouvons la nécessité des bénédictions du Seigneur et de son secours, nous allons à lui avec con­fiance, nous lui adressons nôtre prière et nous attendons qu’il veuille bien l’exaucer au temps où il le jugera bon et de la manière qu’il lui plaira. Le Maître parlant de ce que nous devons demander dit dans un de ses sermons que les païens et les gens du monde, c’est à dire ceux qui ne croient pas, demandent des bénédictions terrestres. Ils disent: “Que mangerons-nous? Que boirons-nous? De quoi serons-nous vêtus? Un enfant peut, en toute innocence du cœur, prier pour obtenir des choses ter­restres, un enfant de Dieu, par contre, ne demandera pas dans ses prières des bénédictions terrestres, sauf ce qui est strictement nécessaire au développement de la nou­velle créature et à son activité au service du Seigneur.

Le chrétien qui croit en grâce et en connaissance comprend de plus en plus qu’il est une nouvelle créature et que la nouvelle créature doit prier pour elle seule et non pour la vieille créature (le vieil homme). La nouvelle créature doit tenir compte des besoins matériels du corps mortel qui est son tabernacle et son serviteur, elle ne deman­dera donc pour ce corps que ce qui lui est nécessaire pour permettre à la nouvelle créature de se développer entièrement et d’accomplir l’œuvre que le Seigneur lui a imposée. Le chrétien ne demandera rien qui soit de nature à satisfaire les aspirations, les désirs de la vieille créature, du vieil homme, car ce dernier est considéré comme mort; le chrétien demandera au Seigneur de lui accorder ce que, dans sa sagesse souveraine, il jugera vraiment nécessaire.

Nous devons demander dans nos prières la force nécessaire pour vaincre la chair, la sagesse qui nous apprendra comment nous devons nous comporter avec nous-mêmes, nous demanderons aussi la force de carac­tère, pour faire croître et fortifier en nous les fruits et les grâces du saint Esprit. Nous devons prier pour obtenir la nourriture spirituelle et la grâce, pour acquérir la sagesse nécessaire pour préserver notre robe de justification des souillures du monde; nous devons demander aussi d’être revêtus de toutes les armes de Dieu. Nous devons demander la sagesse qui nous permettra de comprendre la Parole de Dieu et d’apprécier la valeur de l’esprit de vérité. Nous pourrons légitimement demander toutes ces choses dans nos prières, car elles sont les .éléments nécessaires à la formation de la nouvelle créature.

Lorsque nous prions pour obtenir ces bénédictions d’une nature élevée, nous ne laissons pas de côté ce qui est nécessaire au corps et à ses besoins, mais nous ne recherchons pas ces choses à la manière des gentils (sous ce terme nous comprenons tous ceux qui n’ont pas fait alliance par le sacrifice avec Dieu). Ceux qui n’ont fait un contrat d’alliance avec Dieu ne demanderont donc pas dans leurs prières les choses que sollicitent ceux qui ne sont pas unis à Lui par cette alliance. Dieu n’exauce pas les prières des personnes qui n’ont pas été admises dans sa famille; ces dernières ne savent pas comment prier et les demandes adressées à Dieu par ses enfants sont bien différentes des leurs. Dans aucun de ses enseignements, Jésus ne montra à ses disciples qu’ils devaient demander de meilleures chaussures, de meilleurs vêtements, des demeures plus confortables ou même encore le moyen de s’acquitter de leurs hypothèques; Jésus et les apôtres ne prièrent jamais pour des bénédic­tions de cette nature. Ce qui fit l’objet de leurs prières doit nous enseigner ce que nous devons aussi demander.

Nous devons établir une distinction entre les prières les demandes à Dieu et notre adoration, nos actions de grâces. Tous sans distinction peuvent servir Dieu, ployer le genou et l’adorer. En matière de prière, par contre, il y a des restrictions. Certaines personnes seulement peu­vent prier le Seigneur avec l’assurance d’être exaucées; ces personnes sont celles qui sont devenues ses enfants en vertu d’un contrat nettement défini. Seuls, ceux qui sont entrés en communion avec Dieu par ce contrat d’alliance ont le privilège de Lui adresser leurs prières. Il en était ainsi des Juifs sous le régime de la loi du Sinaï, il en était donc pour eux comme pour nous qui avons fait alliance par le sacrifice avec Dieu par Jésus-Christ. Si nous avons le privilège de pouvoir prier, remarquons cependant que nos prières, pour être exaucées, doivent remplir certaines conditions, elles doivent être en parfait accord avec la volonté divine, elles ne doivent pas chercher à imposer à Dieu notre volonté. Nous devons donc étudier la Parole divine pour y trouver ce que Dieu nous a promis et nous ne devons rien lui demander en dehors de ses promesses.

Soins a apporter au corps qui est devenu la propriété de la nouvelle créature

Nous devons nous rendre compte que, pendant tout l’âge de l’Evangile, Dieu considère ses enfants comme de nouvelles créatures en Christ; toutes ses promesses envers nous sont destinées à la nouvelle créature. La nouvelle créature conserve un certain intérêt pour son corps mortel, parce que ce corps est sa propriété. La nouvelle créature en nous est chargée des intérêts de son corps; elle ne s’occupe de ces intérêts-là que dans la mesure où ils peuvent nous aider à affermir notre

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vocation et notre élection pour avoir part à l’héritage céleste, mais les soins de notre corps ne doivent en aucune manière s’opposer a nos intérêts spirituels; nous ne devons pas aller plus loin dans ce domaine-là avec notre corps; nous ne dirons donc pas au Seigneur nos préférences à l’égard de notre corps, mais nous accep­terons ce qu’il lui plaira de nous donner, car ce sera justement ce qu’il y a de meilleur pour nous. Ceci ne veut pas dire que nous ne devons pas exposer à Dieu nos besoins corporels, mais nous devons le faire comme le Seigneur nous l’a indiqué dans sa prière : Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ‘, notre nourriture de chaque jour, sachant que toutes Ces choses viennent de Lui, les choses recherchées comme les ordinaires, l’abondance comme le strict nécessaire; tout ce qui sera accordé le sera dans l’intérêt véritable de la nouvelle créature.

La prière adressée par celui qui est en harmonie avec la Parole divine sera exaucée avec certitude. De bons parents selon la chair aiment toujours donner de bonnes choses à leurs enfants, des choses qu’ils estiment leur être utiles et profitables. Si ces parents-là, par contre, voient que leurs enfants ne savent pas apprécier ces dons, ils s’abstiendront de leur accorder de telles faveurs jusqu’au moment où ils sauront en estimer la valeur. Notre Père céleste agit de la même manière; lorsqu’il veut nous accorder ses dons les plus précieux, il attend tout d’abord que nous les désirions vraiment du fond du cœur; il procède ainsi afin que ses bénédictions produisent en nous les meilleurs résultats au moment qu’il a choisi pour nous les accorder.

Il n’est pas nécessaire de prier pour obtenir l’engendrement du saint Esprit

Certaines personnes ont de fausses conceptions à l’égard du don du saint Esprit accordé à quelques-uns. Beaucoup de gens non consacrés demandent au Seigneur de leur accorder le saint Esprit: ils ne connaissent pas suffisamment les Ecritures. Le Seigneur accorde le saint Esprit sans qu’on le lui demande spécialement, comme il le fit aux disciples à la Pentecôte; ces derniers se présentè­rent devant le Seigneur et attendirent; ils priaient, mais n’avaient aucune notion véritable sur le saint Esprit et ne pouvaient ainsi en faire l’objet de leurs prières. Le Seigneur accorda cependant ce don nécessaire au temps convenable; il agit de la même manière avec nous sans avoir égard aux prières qui lui sont adressées pour obtenir le saint Esprit, car il s’agit avant tout de satis­faire aux conditions requises pour recevoir ce don. Lorsque nous nous consacrons à Dieu par Christ nous n’avons pas besoin de demander l’engendrement du saint Esprit, pas plus qu’un enfant ne demande sa propre conception charnelle, comment le pourrait-il? Après avoir été engendrés du saint Esprit, nous devons prier afin d’obtenir les sentiments de Dieu, le caractère de Dieu, la volonté de Dieu.

Dieu aime la justice et hait l’iniquité, aussi en cons­tatant que le mal et l’égoïsme nous environnent de toutes parts, nous devons cultiver en nous l’esprit d’amour, afin que nous sachions estimer et aimer la justice. Nous devons apprendre peu à peu à aimer la justice, à haïr l’injustice et l’iniquité dans les petites comme dans les grandes choses. Notre haine de l’injus­tice sera telle que nous éprouverons un profond senti­ment de honte à la pensée de commettre une injustice ou de faire du tort à quelqu’un le sachant et le voulant. Au début, la nouvelle créature ne perçoit toutes ces choses que vaguement, elle ne distingue que faiblement ce qui est juste et ce qui est injuste, ce qui est bien et ce qui est mal. Nous désirons que, en toutes choses, les sentiments du Seigneur soient les nôtres. Si nous étu­dions le caractère de Dieu tel qu’il est révélé dans sa Parole, si nous nous efforçons jour après jour de nous y conformer, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire comme par l’Esprit du Seigneur. De cette manière, son Esprit abonde toujours plus en nous.

Preuves que nous possédons le saint Esprit

Au fur et à mesure de son développement, l’enfant de Dieu manifeste de plus en plus qu’il possède le saint Esprit par sa douceur, par sa patience, par sa longani­mité, par son amour fraternel, par sa charité. Toutes ces vertus font partie du caractère, des dispositions d’esprit que Dieu désire voir en nous. Ces qualités doivent régner dans nos cœurs, dans nos pensées et se mani­fester aussi de plus en plus dans notre vie extérieure. La colère, la méchanceté, la haine, l’esprit de querelle, la médisance, l’envie, la jalousie, tous ces péchés sont des preuves d’un esprit impie, de l’esprit du monde, de l’esprit du malin: les enfants du Roi céleste doivent s’abstenir soigneusement de toutes ces choses, car ce sont les œuvres de la chair et du diable.

Chacun d’entre mous conserve dans sa chair à des degrés divers, quelques parcelles de cet esprit d’impiété, aussi devons-nous prier chaque jour le Seigneur pour qu’il nous donne davantage de son Esprit, une mesure toujours plus grande de l’esprit d’harmonie qui se con­forme à sa volonté parfaite. Nous ne devons pas seule­ment prier, mais nous devons prendre une part active à ce travail, car le Seigneur ne remplira pas arbitrairement les cœurs de son Esprit, même ceux des personnes qui ont déjà été engendrées de l’Esprit. Si nous venons au Seigneur avec nos prières sincères en demandant constamment de telles bénédictions avec un cœur bien disposé, nous pourrons constater les preuves de l’action du saint Esprit dans notre vie. Nous pourrons discerner si nous avons fait des progrès dans la douceur ou si cette qualité nous fait encore défaut; nous devons voir si notre bienveillance et notre patience se sont développées, si notre empire sur nous-mêmes s’est fortifié; nous devons voir en outre quels sont les fruits de l’Esprit que nous avons besoin de faire croître plus spécialement en nous. Il est certain que toutes ces qualités sont plus ou moins imparfaites en nous; c’est pourquoi nous veillons et prions pour apprendre à discerner les réponses qui sont faites à nos prières; si nous croissons en connaissance, en amour, à la ressemblance de Christ, nous croissons aussi à l’image de notre Père qui est dans les cieux.

Fausses conceptions relativement a la prière

Nous avons vu que la prière est un élément essentiel, entièrement indispensable à la croissance du chrétien, à son existence spirituelle même. Nos conceptions sur la prière ne nous ont cependant jamais entraîné à des extravagances comme certaines personnes; nous n’avons jamais eu l’idée de suggérer au Seigneur de quelle manière il doit accomplir ses plans, comment il doit gouverner l’univers, de qu’elle manière il pourrait se conformer à notre volonté au moment où nous le dési­rons. Nous estimons qu’il y a décidément trop de prières adressées à Dieu dans cet esprit-là, et il est temps d’y mettre fin. Lorsque les disciples demandèrent au Maître des instructions à cet égard, il leur enseigna un modèle de prière assurément très différent des prières que la plupart des personnes adressent à Dieu en se souciant peu de se conformer à l’exemple qui leur est donné.

L’essentiel, dans tout cela, est de se conformer à ce que nous dit la Parole divine et de ne pas trop parler en présence de Dieu; nous devons, par contre, écouter avec attention quand Il nous parle, nous souvenant que le serviteur doit être attentif à la voix et aux instructions du Maître; il prête l’oreille avec empressement à cette voix qu’il aime et il cherche à la mettre en pratique « Parle, Eternel, car ton serviteur écoute. »

Nous comprenons que la Bible est un exposé divin

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faisant connaître la volonté de Dieu, ses intentions, ses plans a notre égard lorsque nous sommes devenus ses enfants. Selon les desseins de Dieu c’est la vérité qui doit nous sanctifier. « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité » ; ainsi a dit le Maître. il ne dit pas sanctifie-les par la prière. Le Maître veut que la parole divine soit étudiée et que par elle nous soyons sanctifiés. Qui donc est plus sage que lui? Si nous n’avons pas écrit d’ouvrage sur la prière c’est parce que nous ne trouvons rien dans les Ecritures qui nous y autorise ou nous en donne l’exemple.

Comme nous l’axons dit, la prière est indispensable à tout chrétien, néanmoins c’est la Parole divine seule qui nous enseigne la volonté de Dieu et ses desseins, qui nous montre comment nous devons marcher. Nous croyons que si un grand nombre de personnes qui se disent chrétiennes manquent de foi, c’est parce qu’elles n’ont pas compris ces choses. La prière ne saurait en aucune manière suppléer à un manque des connaissances qui doivent être acquises par l’étude de la Parole de Dieu; elle est la seule lampe qui nous a été donnée pour guider nos pas dans la nuit longue et obscure pendant laquelle le péché a régné dans le monde. ‘Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier. ‘ — Ps. 119 105.

Nous devons prier sans cesse. Cette parole signifie que nous ne devons pas perdre courage lorsque les bonnes choses qui nous ont été promises et que nous avons demandées ne viennent pas immédiatement. Rappelons-nous que la parole de la promesse est cer­taine; nous devons nous appuyer avec certitude sur ces promesses, demander continuellement et attendre patiem­ment, pleins d’espoir, que nos prières soient exaucées. Nous prions aussi sans relâche “que ton règne vienne. »

Ce n’est pas à dire que nous répétions à chaque instant, à chaque heure les termes de cette parole; par contre, nous ne cessons de penser à cette oeuvre grandiose, nous l’attendons, nous la désirons, nous contribuons par notre travail à l’oeuvre de ce Royaume, nous préparons, nous formons nos caractères afin que nous puissions en faire partie. Certaines personnes sont tombées dans des situations critiques parce qu’elles croyaient être entrées en communion avec Dieu pendant qu’elles étaient agenouillées auprès d’une chaise vide sur laquelle leur imagination voyait le Seigneur assis; les manifestations de ce genre ne sont pas rares, Nous croyons que ce mode de faire est entièrement antiscriptural et que les personnes qui le pratiquent risquent beaucoup de tomber dans les pièges du malin.

En ce qui nous concerne, nous estimons que le Seigneur nous a accordé de telles bénédictions que nous serions honteux d’en  demander d’autres, aussi, dans nos prières, nous devons demander le strict nécessaire. Personnellement, lorsque nous allons au trône de la grâce, nous adressons à Dieu des actions de grâces, des louanges, nous lui témoignons notre piété, notre con­fiance, nous lui demandons la sagesse et la grâce néces­saires pour nous guider chaque jour en toutes choses. Nous nous rappelons constamment des promesses divines et non pas seulement lorsque nous sommes agenouillés, nous nous efforçons de rendre notre vie conforme à nos prières, nous recommandons à chacun de faire de même. Les conceptions peuvent différer sur ce sujet, cependant nous avons exposé ce que la Bible nous enseigne à cet égard, nous l’avons déjà développé dans les » Etudes des Ecritures » et dans d’autres numéros de ce journal; nous ne pouvons faire davantage, nous savons que Dieu saura guider ses enfants.

Nous prions tout spécialement pour obtenir une mesure toujours plus abondante du saint Esprit

Si les prières de beaucoup de chrétiens ne sont pas exaucées, c’est parce qu’ils demandent des choses que Dieu ne nous a pas enseigné à demander ou bien ces prières n’étaient pas vraiment sincères. Ces personnes demandaient peut-être des richesses, des bénédictions matérielles, la conversion d’un nombre déterminé d’âmes dans leurs assemblées de réveil ou encore d’autres choses qu’il ne nous est pas permis de demander. Si même des prières demandant des bénédictions spirituelles n’ont pas été exaucées, c’est que le désir exprimé par ces personnes n’était pas vraiment sincère. Il est possible que le Seigneur exauce une prière qui lui est adressée par un petit enfant en Christ au point de vue spirituel tout au moins et relative a des choses matérielles. C’est par suite de leur ignorance et de leur manque d’instruction convenable dans la Parole de Dieu que ces gens-là prient ainsi. C’eût été bien différent si ces personnes avaient été chrétiennes et avaient eu beaucoup de con­naissances. Qui ne saurait blâmer un petit enfant à table lorsqu’il demande quelque chose qui ne lui convient pas et qui est contraire aux règles de la bienséance: une personne d’âge mûr, par contre. possédant une bonne éducation et connaissant les règles de la convenance devra se comporter tout autrement. Ce que les enfants de Dieu doivent demander dans leurs prières est indiqué dans sa Parole; le saint Esprit est ce que Dieu donne de meilleur à ses enfants.

Lorsque nous comprenons que le saint Esprit est l’in­fluence, la disposition du caractère de Dieu, nous savons alors ce que nous demandons dans nos prières: nous demandons une mesure toujours plus grande du saint Esprit de Dieu, afin de devenir meilleurs, plus affables. plus aimants; nous désirons acquérir toujours davantage le caractère de Christ, l’esprit de Christ. Nous compre­nons que nous devons faire tous nos efforts pour former en nous le caractère de Christ; si au contraire, nous cultivons l’esprit du malin, nous ne pourrons jamais avoir en nous l’Esprit de Christ. Si nous développons en nous avec persévérance l’Esprit, le caractère de Christ, l’entrée de nos cœurs sera fermée à l’esprit du malin et notre caractère croîtra constamment en sagesse. Nous appre­nons à connaître toujours mieux la volonté parfaite de Dieu lorsque l’Esprit du Seigneur abonde en nous; nous aurons ainsi achevé nos préparatifs pour qu’une entrée dans le Royaume éternel nous soit pleinement accordée.

Prions avec foi, ne doutons pas

Dans notre texte d’aujourd’hui, le Seigneur nous dit de ne point nous relâcher ‘; le terme relâcher a ici le sens d’être timide, de manquer de courage. “ Considérez (Jésus), afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée »: ‘car nous moissonnerons au temps con­venable si nous ne nous relâchons pas “. Nous deman­derons une plus grande mesure du saint Esprit, si nous remarquons que certaines grâces nous font défaut; si, par exemple, la patience nous fait défaut nous prierons pour l’obtenir, mais nous ne prierons certes pas avec la pensée que nous ne pourrons jamais devenir patients n’étant pas nés avec cette qualité. Nous prierons au contraire avec la conviction d’être exaucés. Nous devons demander, puis attendre que la patience vienne; nous continuerons à prier sachant que la patience viendra, si nous nous efforçons de la pratiquer pour conformer nos actes à nos prières. Un excellent moyen de faire des progrès consiste à s’infliger une punition à chaque mani­festation d’impatience.

Les enfants du Seigneur prient depuis longtemps “Que ton règne vienne; que ta volonté soit faîte sur la terre. » Voilà plus de dix-huit siècles que cette prière est adressée à Dieu et ses enfants n’ont pas encore vu son Royaume établi. Devons-nous donc cesser de prier? Non, certes pas. Nous avons la certitude qu’il viendra, qu’aujourd’hui même il s’établit. Le Royaume de Dieu sera établi dans toute sa plénitude. Un temps viendra où l’infidélité aura disparu de toute la terre comme elle a déjà disparu des cieux. Nos prières n’amèneront pas l’établissement du  Royaume de Dieu un instant avant le moment fixé dans ce but ; nous prions cependant en disant à Dieu que nous attendons ce Royaume que nous le désirons ardemment certains de l’accomplissement de ses promesses. C’est en priant ainsi sans se relâcher que les enfants de Seigneur se fortifieront. Le glorieux Royaume de Dieu sera manifesté et bientôt ! A ce moment-là tous ceux qui auront développé dans leur caractère l’image de notre Seigneur Jésus-Christ seront élevés et régneront avec lui dans le Royaume.

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